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reportage
Axat, 600 habitants, 14 professionnels de santé Offrir, sur un même lieu d’exercice, un ensemble de services de santé et d’activités médicales, tel est le pari d’Axat, une commune de l’Aude. De quoi réinventer l’offre de soins dans des territoires sous-dotés.
C
’est un site prisé des amateurs de canoë, de rafting et autres sports d’eau vive. Au pied des Pyrénées, en plein pays cathare, Axat doit sa réputation à l’Aude, qui traverse le village. Dès le printemps, ils sont nombreux à venir se faire chahuter par le cours impétueux du fleuve naissant. Mais depuis quelques mois, l’effervescence n’est plus seulement sur les berges de la rivière. En plein cœur du village, la maison pluriprofessionnelle de santé de la Haute-Vallée et du Donezan est l’objet de toutes les attentions. Inaugurée en janvier, cette structure – un ancien local EDF – propose, sur un même lieu, une palette de soins médicaux et quatorze professionnels de santé, parmi lesquels un pharmacien, deux médecins généralistes, un podologue et quatre infirmiers. « Pour un village
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qui compte 600 âmes, cette structure est inespérée, observe Valérie Bourrel, la pharmacienne des lieux. Réunir sur un seul site un aussi grand nombre de professionnels, cela relève de l’exploit. »
Face à la désertification médicale, il n’y a qu’une solution : la mutualisation des moyens et des compétences.
Christian Valéro, médecin et initiateur du projet
Pérenniser l’acte médical en zone rurale
À l’origine de cet exploit, Christian Valéro, généraliste et médecin du sport à Axat. Pour ce passionné de rugby – il a été médecin de l’équipe de France de rugby à XIII et président de la Commission fédérale de prévention et de lutte contre le dopage –, réunir ses confrères au sein d’une maison de santé est une mesure de bon sens. « Après trente années d’exercice en solitaire, je me suis demandé comment garantir une offre de soins de proximité dans une région en voie de désertification médicale avec une population vieillissante et isolée. Pour moi, il n’y avait qu’une
solution : la mutualisation des moyens et des compétences. » Associé à une consœur de l’Ariège, le médecin présente, courant 2005, son projet pluridisciplinaire à l’ARS Languedoc-Roussillon… et essuie un refus. « Le projet ne correspondait pas à notre bassin de population, explique Christian Valéro. L’ARS avait prévu de construire la maison de santé à Quillan, à une dizaine de kilomètres au nord d’Axat. Heureusement pour nous, les médecins de Quillan n’étaient pas intéressés. » C’est donc Axat qui a récupéré le dossier. Mais, là encore, le projet suscite quelques tensions. « La haute vallée de l’Aude et du Donezan compte vingtquatre villages répartis sur trois départements : l’Aude, les Pyrénées-Orientales et l’Ariège. Il a fallu convaincre les élus locaux que notre projet n’allait pas les déposséder de leur médecin. Nous avons également dû le modifier pour davantage