Les pirates à l’abordage des e-pharmacies Trois mois après son lancement officiel, la vente en ligne de médicaments subit ses premiers revers. Des sites illicites ont été repérés et la présence de produits contrefaits plonge pharmaciens et patients dans la confusion.
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n pleine trêve estivale, l’affaire a fait la une des médias : onze sites de pharmacies en ligne ont été piratés par des réseaux mafieux russes. Alerté par l’ordre national des pharmaciens, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) identifie une trentaine puis une centaine d’URL de sites détournées (voir interview par ailleurs). Plus qu’un simple bug, le commerce électronique de médicaments montre ses limites techniques et des défaillances de sécurité pour le moins inquiétantes pour la santé des patients. « Il faut être très précautionneux avec les termes employés, insiste Cédric O’Neill, co-fondateur du site 1001Pharmacies. com. Ce ne sont pas des sites de pharmacies qui ont été piratés mais des noms tombés dans le domaine public. »
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C’est le nombre de sites autorisés pour la vente en ligne de médicaments référencés à l’heure actuelle sur le site de l’Ordre. Liste complète sur www.ordre. pharmacien.fr/ ecommerce/ search
En France, c’est l’Association française pour le nommage Internet en coopération (Afnic) qui gère cet aspect. Pour environ 10 € par an, vous pouvez déposer et exploiter un nom de domaine. « Le problème c’est qu’un certain nombre de pharmaciens décident, pour des raisons diverses, au bout de quelques années, de ne plus payer. Or, une fois libres, des noms comme lapharmacieducentre.fr ou lapharmaciedeleglise.fr sont la proie de pirates qui utilisent la notoriété du site pour vendre des produits contrefaits », précise Cédric O’Neill. Si le phénomène est nouveau pour la pharmacie, il ne date pas d’hier. Chaque jour, des dizaines de milliers de noms redeviennent ainsi libres. Un site (www.domaines-expires.com) en propose plus de deux millions expirés, dont 740 concernent la pharmacie. On y apprend que le nom pharmacie-village est disponible en .fr, .net, .com, .org ou .info
depuis le 12 juillet, tout comme la pharmacie-plateau-des-goyaves-saint-louis libre depuis le 27 juin dernier !
Des regroupements de pharmacies bientôt sur le Net ?
« La reprise des noms d’e-pharmacies par des organisations criminelles le prouve : le pharmacien n’a pas le temps ni les moyens de s’occuper de la maintenance et de la bonne tenue d’un site en ligne, constate Cédric O’Neill. Or le commerce électronique impose des compétences techniques et juridiques. Et je ne vous parle pas de la vente en ligne de médicaments sur des espaces sécurisés. » C’est pour renforcer la sécurité des sites et éviter une concurrence déloyale entre petites et grosses officines que 1001Pharmacies a déposé un recours devant le Conseil d’État pour lever la principale restriction de l’arrêté du 20 juin 2013 relatif aux bonnes
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