Psychiatrie
Les passages à l’acte de la vie quotidienne chez l’adolescent Trouver d’autres voies possibles ? Les médecins généralistes, pédiatres et médecins scolaires sont souvent les premiers confrontés aux manifestations symptomatiques impulsives chez les adolescents. Parmi ces conduites symptomatiques, nous pouvons citer les scarifica-
Dr Jean-Baptiste Cossoul Psychiatre, Centre hospitalier Jean-Martin Charcot, Plaisir
tions, brûlures, fugues, usage de toxiques, conduites agressives… La liste n’étant bien évidemment pas exhaustive. Le but de cet article est avant tout de proposer une expérience clinique qui, j’espère, pourra aider dans la prise en charge des adolescents. Il ne sera pas fait ici de distinction entre toutes ces conduites, elles seront évoquées ensemble ; elles manifestent toutes d’une façon ou d’une autre une souffrance psychique.
bbLe repérage symptomatique Tout d’abord, le fait d’être dans une consultation psychiatrique participe énormément à simplifier l’abord de ces manifestations symptomatiques. L’essentiel du travail est accompli lorsque je reçois les patients. Les adolescents me sont adressés par les médecins de famille, pédiatres, médecins scolaires et bien évidemment les familles. Le travail de repérage symptomatique est généralement fait avant l’entretien psychiatrique. Les mani-
festations symptomatiques dont nous parlons apparaissent bruyantes, néanmoins elles nécessitent une recherche active.
bbFranchir le pas de la consultation spécialisée Une des difficultés principales réside, me semble-t-il, en la capacité qu’aura le médecin somaticien à faire venir l’adolescent en consultation spécialisée. Si l’adolescent accepte au minimum un entretien psychiatrique, une grande partie du travail thérapeutique est fait. Cette alliance thérapeutique
peut nécessiter un certain nombre de consultations. Sans vouloir ni psychiatriser, ni dramatiser la situation,
il apparaît important que l’adolescent puisse s’adresser à une consultation de psychiatrie. En cas d’impossibilité, le praticien peut avoir recours à un conseil sur la conduite à tenir. Les CMPE, les maisons des adolescents sont des dispositifs qui peuvent être utilisés par les professionnels comme centre de recours. © fotolia - Anton Vasilkovsky
Le recours à un centre spécialisé
L’exploration clinique bbDétecter les troubles graves Une exploration clinique rigoureuse permet de détecter des troubles psychiatriques potentiellement graves. Il faut poser le plus explicitement possible les questions aux adolescents, ne pas hésiter à rechercher des éléments de gravité. On ne trouve souvent que ce que l’on recherche. Si des éléments font suspecter des conduites à risques, la question doit être clairement posée à l’adolescent. Ces symptômes sont à analyser dans un contexte global. Il apparaît important de considérer les scarifications, fugues, usage de toxiques ou conduites agressives comme des symptômes d’appel. Ceux-ci ne sont pas à traiter seulement pour eux-mêmes, même si cette étape est importante, mais aussi pour ce qu’ils disent.
Adolescence & Médecine • Décembre 2011 • numéro 3
Une vigilance particulière doit être portée au tissu relationnel de l’adolescent.
Un entretien clinique à valence psychiatrique avec un adolescent doit être organisé. Les éléments classiques de l’entretien tels que les a décrits le Dr Vachey dans son article « Quand orienter un adolescent vers un psy ? » dans le N°1 d’Adolescence & Médecine sont à rechercher. Il existe quelques spécificités que nous allons évoquer.
bbInformer des dangers et comprendre le contexte Il faut informer les adolescents du danger inhérent à ces conduites. Par 79