Société
A la rencontre de la brigade des mineurs de Paris L’essentiel pour mieux comprendre cette institution Je me suis rendu au 12, Quai de Gesvres dans les locaux de la Brigade des Mineurs de Paris (BPM) pour interroger (une fois n’est pas coutume) les fonctionnaires de Police qui dirigent ce service si particulier, le Commissaire Céline Plumail et le Commissaire divisionnaire Thierry Boulouque. L’idée était de comprendre comment fonctionne cette institution si souvent évoquée ou sollicitée par les médecins d’enfant et d’adolescent.
Thierry Boulouque Commissaire divisionnaire, Chef de service de la Brigade des mineurs de Paris
Céline Plumail Commissaire, Chef de service adjoint de la Brigade des mineurs de Paris
Dr Hervé Lefèvre Pédiatre, Paris
Adolescence & Médecine : Quelle est l’origine de la BPM de Paris ? Elle date de 1934. Au départ, 2 postes d’assistantes de police sont créés sur délibération du Conseil de Paris, pour identifier par des maraudes les orphelins, les jeunes errants dans Paris et les prendre en charge. A cette époque, leur mission de protection des mineurs était dévolue aux mineurs isolés, errants, vagabonds. L’esprit de la brigade était là, à savoir la protection de l’enfance en danger. La BPM de Paris est singulière car elle dépend de la Police Judiciaire alors que partout ailleurs en France, les brigades spécialisées pour mineurs dépendent des Sûretés départementales ou territoriales et donc de la Sécurité Publique. La BPM ne s’occupe que des mineurs victimes. Partout ailleurs, les brigades des mineurs s’occupent des mineurs victimes mais aussi des mineurs auteurs. Elle a une compétence exclusive dans certains domaines sur Paris intra-muros et la petite couronne. A&M : Quelles sont ses missions ? C. P. et T. B. : L’organisation de notre service est calquée sur ses principales missions et se compose de 2 sections : l’une traite des affaires relatives à l’intra-familial, l’autre à l’extra-familial. Ces 2 sections sont composées chacune de
© Balanqueux Olivier/Préfecture de Police
Céline Plumail et Thierry Boulouque :
3 groupes, sectorisés Nord, Ouest et Sud, ayant en charge 6 à 7 arrondissements parisiens. La sectorisation permet une meilleure connaissance du terrain et des familles facilitant ainsi notre travail. Chaque groupe est composé de 8 à 9 enquêteurs. • La section intra-familiale traite 3 grands types d’affaires. - La maltraitance, au sens très large, de la petite réprimande, la fessée appuyée, aux coups de ceinture, aux bras cassés, aux bébés secoués, à l’infanticide, dès lors que la famille habite à Paris ou que les faits sont commis à Paris, au domicile ou à l’extérieur. Deux tiers de
l’activité de cette section concerne les maltraitances, soit environ 200 dossiers par an. D’autres maltraitances graves peuvent être prises en charge telles que l’excision, ou celles infligées dans le cadre de syndrome de Munchhausen par procuration. - L’inceste est au cœur du métier de la BPM et concerne les agressions sexuelles au sens large (de l’attouchement léger, la corruption de mineur jusqu’au viol caractérisé). Il représente 1/3 des dossiers de la section. - Les dossiers liés à l’autorité parentale tels que les enlèvements parentaux, les soustractions de mineurs à l’autorité parentale, les mariages forcés…
Adolescence & Médecine • Avril 2013 • numéro 5 19