Mise au point
Obésité et fonction ventilatoire Quels liens ? Marion Dupuis*, Dr Sandrine Pontier-Marchandise*
Introduction L’obésité est un problème de santé publique en constante progression dans les pays occidentaux. En 2012, 15 % de la population française est obèse contre 8,5 % de la population en 1997. Le surpoids concerne 32,3 % de la population (1). Outre les nombreux problèmes métaboliques et cardiovasculaires qu’elle peut entraîner, la prise de poids peut parfois provoquer une modification de la physiologie respiratoire.
Figure 1 – Réduction des volumes pulmonaires chez le sujet obèse prédominant sur les volumes expiratoires d’après Beuther DA et al. (15).
Impact de l’obésité sur la fonction respiratoire
Sur le plan fonctionnel, il existe une diminution des volumes respiratoires, essentiellement expiratoires, responsable d’une insuffisance ventilatoire restrictive. La présence d’une graisse abdominale importante diminue la capacité résiduelle fonctionnelle (CRF) et donc augmente la composante résistive du travail respiratoire. L’infiltration graisseuse des muscles de la cage thoracique entraîne quant à elle une diminution de la capacité pulmonaire totale (CPT). Pour un index de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 kg/m², la CRF et le volume de réserve expiratoire (VRE) sont
*Service de Pneumologie, Hôpital Larrey, Toulouse
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respectivement de 75 % et 47 % des valeurs d’un patient ayant un IMC de 20 kg/m² (2). De même, par augmentation des résistances bronchiques, on constate fréquemment une obstruction bronchique pouvant mimer de l’asthme. Il existe une relation exponentielle entre l’augmentation de l’IMC et la diminution du VEMS (volume expiratoire maximal seconde). La CPT est elle aussi influencée par l’IMC mais de façon moindre (3) (Fig. 1). Du fait de ces modifications physiologiques, le patient obèse est donc plus sujet à certaines pathologies respiratoires. Inversement, des maladies respiratoires préexistantes peuvent être influencées par l’obésité.
Obésité et pathologies respiratoires Asthme
La prévalence de l’obésité et celle de l’asthme ont augmenté de façon parallèle ces dernières années. Dans une étude canadienne de 2002 portant sur 9 149 hommes et femmes, les femmes ayant un IMC supérieur à 30 kg/m² ont un risque relatif de développer un asthme dans les deux ans de 1,92 (IC 95 % [1,09-3,41]) (4). De même, dans une étude américaine de 2004 (5), le risque relatif de développer un asthme sur une période de 13 ans est de 1,87 (IC 95 % [1,123,13]) chez les patients ayant un IMC supérieur à 35 kg/m². Ce risque relatif devient non-significatif quand on étudie la population masculine. Il est donc possible que
Diabète & Obésité • Septembre 2013 • vol. 8 • numéro 71