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à savoir

Œstrogènes, métabolisme et perturbation endocrinienne Un nouveau concept ? Dr Nicolas Chevalier*

Introduction Les œstrogènes constituent l’archétype des hormones féminines et jouent un rôle fondamental dans la mise en place et le maintien des fonctions reproductives chez la femme. Néanmoins, leur rôle est bien plus vaste et il est maintenant admis que ces hormones stéroïdes exercent en fait des effets pléiotropes, sur le système cardiovasculaire, le système nerveux central mais également dans la régulation du métabolisme énergétique et certaines fonctions métaboliques, avec des interconnexions parfois mal comprises ou non encore élucidées. Cela est d’autant plus important que les œstrogènes ne sont pas l’apanage de la population féminine. Si l’observation de Bernhard Zondek en 1934 chez l’étalon fut considérée comme une curiosité scientifique (1), nous savons maintenant depuis près de trente ans que les œstrogènes présents au niveau du testicule sont produits par l’aromatisation in situ des androgènes synthétisés par la cellule de Leydig et sont mesurés à des concentrations parfois très supérieures à celles observées au niveau plasmatique chez la femme (2).

*Service d’endocrinologie-diabétologie & médecine de la reproduction, hôpital de l’Archet 2, CHU de Nice ; UMR INSERM U1065/UNS, C3M – Bâtiment Archimed, Nice chevalier.n@chu-nice.fr

Figure 1 – Différents tissus cibles des œstrogènes chez l’homme et la femme.

Les œstrogènes et leurs récepteurs Nature des récepteurs

Le 17β-œstradiol (E2) est la forme majoritairement produite par l’organisme et la forme la plus active, ses deux métabolites (l’estrone E1 et l’estriol E3) n’exerçant qu’une action tissu-spécifique minoritaire (3). Comme pour les autres hormones stéroïdiennes, les œstrogènes exercent leurs actions au niveau cellulaire en interagissant avec des récepteurs nucléaires. Ces récepteurs agissent comme des facteurs de transcription en modulant l’expression de gènes cibles et appartiennent à la superfamille NR3A des récepteurs nucléaires, dont ils partagent la structure protéique commune, hautement conservée, composée de trois domaines fonctionnels

Diabète & Obésité • Septembre 2013 • vol. 8 • numéro 71

indépendants mais interagissant entre eux : - le domaine NH2-terminal (ou domaine A/B), variable ; - le domaine de liaison à l’ADN (ou domaine C), très conservé ; - le domaine COOH-terminal de liaison du ligand (ou domaine E/F), extrêmement complexe, composé d’un enchaînement de douze hélices α et deux brins β antiparallèles (3, 4). On distingue actuellement deux récepteurs nucléaires aux œstrogènes : ERα, décrit à la fin des années 1950 par Elwood Jensen (3, 5), et ERβ, cloné en 1996 par l’équipe de Jan-Åke Gustafsson (6). Ces deux récepteurs sont codés par deux gènes distincts, respectivement ESR1 et ESR2, localisés sur les chromosomes 6 (6q25.1 ; 8 exons ; 140 kb) et 14 (14q23.2-q23.3 ; 8 exons, 40 kb), mais gardent une structure relati245


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