La prise en charge globale du patient diabétique
d www.diabeteetobesite.org
dossier 1
Diabète chez le patient âgé : quelle prise en charge ? Pr Thierry Constans, Dr Marc Mennecart
Chirurgie de l’obésité de la personne de plus de 65 ans : le point de vue du gériatre
2
Dr Anne Ghisolfi Un patient diabétique sur quatre est un patient âgé de 75 ans ou plus.
À SAVOIR
MISE AU POINT
Métabolisme et horloge circadienne Karima Begriche
L’obésité constitue-t-elle un handicap après un AVC ? Dr Marc Labrunée, Pr Philippe Marque
ÉDUCATION Thérapeutique
L’éducation thérapeutique chez l’enfant et l’adolescent diabétiques de type 1 Dr Claire Le Tallec
Décembre 2013 • Volume 8 • n° 74 • 9 E
La pris e e n c h ar g e g l o ba l e d u pa t i e n t diab é t i q u e
• Directeur de la publication : Dr Antoine Lolivier • Directrice du développement : Valérie Belbenoît • Directrice du Service Rédaction : Odile Mathieu • Rédactrice : Caroline Sandrez • Secrétaire de rédaction : Fanny Lentz • Directrice de Fabrication et de Production : Gracia Bejjani • Assistante de Production : Cécile Jeannin • Maquette et illustrations : Erica Denzler, Antoine Orry • Directrice de clientèle/projets : Catherine Patary-Colsenet • Service abonnements : Claire Lesaint • Impression : Imprimerie de Compiègne 60205 Compiègne
Comité de lecture
sommaire Toute l’équipe de Diabète & Obésité vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année ! n ActualitÉs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n ERRATUM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Métabolisme et horloge circadienne Quand tout se met à l’heure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 331
Karima Begriche (Rennes)
n Dossier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Comité Scientifique
Diabète & Obésité est une publication © Expressions Santé SAS 2, rue de la Roquette Passage du Cheval Blanc, Cour de Mai • 75011 Paris Tél. : 01 49 29 29 29 Fax : 01 49 29 29 19 E-mail : diabete@expressiongroupe.fr RCS Paris B 394 829 543 ISSN : 1957-5238 N° de Commission paritaire : 1018T88454 Prix au numéro : 9 F. Mensuel : 10 numéros par an. Les articles de “Diabète & Obésité” sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs. Toute reproduction, même partielle, sans le consentement de l’auteur et de la revue, est illicite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.
p. 339
Sujet âgé Quelle prise en charge du diabète ? La chirurgie de l’obésité est-elle envisageable ?
Rédacteur en chef “Diabète” : Dr Saïd Bekka (Chartres)
Pr Bernard Bauduceau (Paris) Pr Rémy Burcelin (Toulouse) Pr Bertrand Cariou (Nantes) Pr François Carré (Rennes) Pr Bernard Charbonnel (Nantes) Dr Xavier Debussche (Saint-Denis, Réunion) Pr Jean Girard (Paris) Pr Alain Golay (Genève) Pr Hélène Hanaire (Toulouse) Dr Michel Krempf (Nantes) Pr Michel Pinget (Strasbourg) Pr Paul Valensi (Bondy)
p. 330 p. 330
n Mise au point
Rédacteur en chef “Obésité” : Pr Patrick Ritz (Toulouse)
Pr Yves Boirie (Clermont-Ferrand) Pr Régis Coutant (Angers) Pr Jean Doucet (Rouen) Pr Pierre Gourdy (Toulouse) Pr Véronique Kerlan (Brest) Dr Sylvie Picard (Dijon) Dr Helen Mosnier Pudar (Paris) Dr Caroline Sanz (Toulouse) Dr Anne Vambergue (Lille)
Décembre 2013 • Vol. 8 • N° 74
www.diabeteetobesite.org
Dossier coordonné par le Dr Saïd Bekka (Chartres) et le Pr Patrick Ritz (Toulouse)
1 n Diabète chez le patient âgé Quelle prise en charge ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 340 Pr Thierry Constans, Dr Marc Mennecart (Tours)
2 n Chirurgie de l’obésité de la personne de plus de 65 ans Le point de vue du gériatre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 346 Dr Anne Ghisolfi (Toulouse)
n ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
Diabète de type 1 L’éducation thérapeutique chez l’enfant et l’adolescent . . . . . . . . p. 352
Dr Claire Le Tallec (Toulouse)
n à savoir
L’obésité constitue-t-elle un handicap après un AVC ? Éléments de réponse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 357
Dr Marc Labrunée, Pr Philippe Marque (Toulouse)
n index diabète & obésité 2013 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
p. 360
n Bulletin d’abonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 336 n Agenda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 344 n Rendez-vous de l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 350, 356
Assemblés à cette publication : 2 bulletins d’abonnement (2 pages et 4 pages). Cette publication comporte une surcouverture Abbott (½ page). Photo de couverture : © Meddy Popcorn - fotolia
actualités de la profession
Recherche
La 1re fondation pour la recherche sur le diabète
À
l’occasion de son lancement, la Fondation Francophone pour la Recherche sur le Diabète (FFRD), première fondation entièrement dédiée à la recherche sur le diabète et les maladies métaboliques, a annoncé les lauréats de ses deux allocations de recherche de 300 000 € : • Dr Blandine Comte, du Centre de Recherche de ClermontFerrand, pour son projet de Recherche Clinique “Apport des signatures métaboliques dans la prédiction du syndrome métabolique : étude de cas-témoins nichée dans la cohorte Haguenau” ; • Pr Romano Regazzi, du Département des Neurosciences Fondamentales, Université de Lausanne (Suisse), pour son projet de Recherche Fondamentale “Rôle des longs ARN non-codants et
des ARN circulaires dans la détermination du phénotype de la cellule bêta et le développement du diabète”. Les deux allocations de recherche permettront de soutenir des projets d’envergure internationale s’inscrivant sur le long terme. Ces projets visent en effet à mieux comprendre l’épidémiologie et la physiopathologie du diabète et de ses complications, évaluer l’apport du traitement, développer la recherche fondamentale sur la maladie pour aboutir à une meilleure prise en charge des patients diabétiques. La FFRD est soutenue par la SFD, l’AFD et par les laboratoires Lilly, MSD, Novo Nordisk et Sanofi. ß
Avis scientifique
L’EFSA confirme sans réserve l’innocuité de l’aspartame pour tous les consommateurs
L’
Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), dans un avis scientifique rendu public et faisant suite à un processus de réévaluation de l’aspartame entamé en 2011, confirme une nouvelle fois l’innocuité de l’aspartame pour tous, enfants, adultes, femmes enceintes… L’Association internationale pour les édulcorants (ISA) salue une décision qui vient corroborer les conclusions de plus de 600 travaux scientifiques sur 40 ans, conformément au consensus scientifique sur cet édulcorant. L’aspartame est un ingrédient sûr Les experts de l’EFSA ont conduit une évaluation scrupuleuse de toutes les données scientifiques disponibles sur l’aspartame et ont conclu que la consommation de l’aspartame ne présente aucun danger. L’EFSA précise dans son communiqué de presse : « Les experts du Panel ANS ont pris en compte toutes les informations disponibles et après une analyse rigoureuse ont conclu que la Dose Journalière Admissible de 40 mg/kgpc/jour est protectrice pour la population générale ».
Un processus exemplaire conduit par l’EFSA pour la réévaluation de l’aspartame Conformément à la règlementation européenne, la Commission Européenne a demandé à l’EFSA d’entreprendre une réévaluation de tous les additifs alimentaires d’ici 2020, celle de l’aspartame fait partie de ce processus. L’avis définitif rendu public par l’agence européenne est le fruit d’un travail considérable mené depuis 2 ans et demi, auquel toutes les parties intéressées (ONG, scientifiques, politiques, associations…) ont pu contribuer. En mai 2011, l’Agence a lancé un appel public qui a permis de recueillir plus de 600 données scientifiques sur cet édulcorant. En février 2013, l’EFSA a lancé une consultation publique qui a suscité plus de 200 commentaires et qu’elle a pris en considération. De nombreux bénéfices pour le consommateur Les édulcorants, dont l’aspartame, jouent un rôle important pour les personnes soucieuses de leur poids, dans le contrôle des apports caloriques. Ils sont aussi un atout pour les personnes diabétiques en leur permettant de conserver le goût sucré dans leur alimentation, sans risque pour leur santé. Enfin, ils aident à maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire. ß
ERRATUM Une erreur s’est glissée dans l’article Neuropathie diabétique : quoi de neuf ? publié dans Diabète & Obésité n°73 (novembre 2013, page 302). Dans le paragraphe commentaire, il fallait lire : « Si la physiopathologie permet de mieux comprendre ces lésions, à ce jour, il ne semble pas y avoir de retombées pratiques, thérapeutiques notamment. En revanche, la discussion sur la réversibilité de la neuropathie périphérique du diabète de type 2 était
330
intéressante. En effet, jusqu’aux travaux de P. Fioretto de Padoue, l’accord était quasi unanime sur l’irréversibilité de la néphropathie diabétique ! Depuis, on sait que cette lésion peut régresser. Il n’est donc pas exclu que cela sera bientôt le cas dans cette autre forme de microangiopathie diabétique. Après les nombreuses déconvenues dans ce domaine, l’avenir pourrait enfin être un peu plus radieux ! »
Diabète & Obésité • Décembre 2013 • vol. 8 • numéro 74
Mise au point
Métabolisme et horloge circadienne Quand tout se met à l’heure Karima Begriche*
Chez les mammifères, l’horloge circadienne influence de nombreux processus physiologiques et comportementaux tels que le cycle veille-sommeil, la température corporelle, la sécrétion hormonale, le métabolisme hépatique et l’activité cardiovasculaire. L’horloge circadienne est constituée d’une horloge centrale localisée dans le noyau suprachiasmatique de l’hypothalamus et de nombreuses horloges périphériques localisées au niveau de différents tissus. Des dysfonctions au niveau de l’intégrité et/ou de la coordination temporelle du système circadien peuvent favoriser la survenue de troubles du sommeil, d’anomalies hormonales et métaboliques pouvant conduire à l’apparition d’une obésité et d’un diabète de type 2. La présente revue résumera les travaux récents sur le rôle clé de l’horloge circadienne endogène dans la régulation des processus métaboliques et nutritionnels.
Introduction La plupart des mammifères contrôlent leur physiologie et leur comportement selon un rythme de vingt-quatre heures grâce à la présence d’une horloge biologique interne : l’horloge circadienne. Cette horloge circadienne, chez l’Homme comme chez tous
*INSERM, U991, Université de Rennes 1 karima.begriche@univ-rennes1.fr
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Introduction
les mammifères, est constituée d’oscillateurs moléculaires localisés dans le cerveau et dans de nombreux organes périphériques comme le foie, le tissu adipeux, le pancréas, les muscles squelettique et cardiaque (1). Ces oscillateurs moléculaires gouvernés par des gènes spécifiques appelés “gènes de l’horloge’’ régulent notre physiologie en imposant une rythmicité circadienne à de nombreuses fonctions telles que la digestion, les sécrétions hormonales, l’activité cardiovasculaire, le métabolisme hépatique. Des études expérimentales essentiellement menées sur des rongeurs de laboratoire ont montré que des dysfonctions de l’horloge circadienne pouvaient favoriser l’apparition de perturbations
Diabète & Obésité • Décembre 2013 • vol. 8 • numéro 74
physiologiques et métaboliques à l’origine de troubles du sommeil, d’un syndrome métabolique, d’une augmentation des risques de maladies cardiovasculaires et de certains cancers (2). Chez l’Homme, des études d’associations génétiques et des données épidémiologiques ont également montré que des perturbations de l’horloge circadienne pouvaient avoir un impact sur la santé. Il a été rapporté par exemple que l’existence de certains polymorphismes sur des gènes de l’horloge ainsi que des altérations des rythmes du système circadien liées au mode de vie (travail de nuit, travail en horaires décalés) augmentaient le risque de survenue d’obésité et de certaines manifestations pathologiques du 331
DOSSIER
sujet âgé quelle prise en charge du diabète ? la chirurgie bariatrique est-elle envisageable ?
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Dossier coordonné par le Dr Saïd Bekka (Chartres) et le Pr Patrick Ritz (Toulouse)
1 Diabète chez le patient âgé Quelle prise en charge ? ������������������������������������������������������������������������� p. 340 Pr Thierry Constans, Dr Marc Mennecart
2 Chirurgie de l’obésité de la personne de plus de 65 ans Le point de vue du gériatre ������������������������������������������������������������������� p. 346 Dr Anne Ghisolfi
Quelle prise en charge ?
n Un patient diabétique sur quatre est un patient âgé de 75 ans ou plus. Les objectifs glycémiques, le traitement et la prise en charge globale doivent être individualisés. La diététique, l’activité physique et l’éducation thérapeutique font toujours partie du traitement du diabète de type 2, en les adaptant aux possibilités et à la comorbidité du patient. L’insuffisance rénale (généralement calculée) est fréquente et limite l’usage des antidiabétiques oraux (ADO), obligeant la mise en route d’une insulinothérapie parfois encore associée à certains ADO. Le risque hypoglycémique est réel mais ne doit pas être un alibi pour tolérer des glycémies élevées, sources d’inconfort et de risque de décompensation. La réduction du risque cardiovasculaire doit être l’objectif principal du traitement. Toutes les décisions thérapeutiques sont prises en concertation avec le patient.
U
n quart des patients diabétiques en France a plus de 75 ans (1). La quasitotalité de ces patients a un diabète de type 2 mais 26 % d’entre eux sont traités par insuline. Sept pour cent seulement de ces patients consultent un diabétologue en complément des soins apportés par leur médecin généraliste. En revanche, un tiers des patients de cette tranche d’âge a déjà été hospitalisé une fois et on peut supposer que les complications de la maladie représentent une bonne part des motifs d’hospitalisation. Enfin, parmi la population âgée vivant en EHPAD, 20 % des résidents sont diabétiques et 70 % présentent des troubles cognitifs. Le but de cette mise au point est de décrire les principes de la prise en charge des patients diabétiques
Pr Thierry Constans*, Dr Marc Mennecart**
âgés en fonction de leur profil gériatrique et des recommandations thérapeutiques actuelles émises par les sociétés savantes.
PARTICULARITÉS DU PATIENT DIABÉTIQUE ÂGÉ La première difficulté rencontrée dans la prise en charge est due à l’existence de nombreuses comorbidités toujours présentes avec l’avancée en âge. Certaines comorbidités sont la conséquence directe du diabète, d’autres sont simplement plus fréquentes chez les patients diabétiques, d’autres enfin sont simplement liées à l’âge. La conséquence est le déficit d’une fonction, dont il faut tenir compte pour le traitement médicamenteux.
INSUFFISANCE RÉNALE *Université François-Rabelais, Faculté de Médecine de Tours ; Service de Médecine interne gériatrique, Hôpital Bretonneau, CHU de Tours **Service de Médecine interne gériatrique, Hôpital Bretonneau, CHU de Tours
340
L’insuffisance rénale est la plus préoccupante, conséquence de la réduction néphronique liée au vieillissement, de l’hyperten-
©vm – iStockphoto
DOSSIER
1 Diabète chez le patient âgé
sion artérielle, de la néphroangiosclérose diabétique, voire des obstacles sur la voie urinaire, des infections urinaires ascendantes ou de la succession d’épisodes d’insuffisance rénale fonctionnelle. Il n’est jamais possible de faire la part des différentes étiologies. Sa surveillance est étroite afin de choisir le traitement antidiabétique et d’en adapter la
Diabète & Obésité • Décembre 2013 • vol. 8 • numéro 74
DOSSIER
2 Chirurgie de l’obésité de
la personne de plus de 65 ans Le point de vue du gériatre
n Rechercher une perte de poids peut être, chez le sujet âgé obèse, un moyen de prévenir l’entrée dans la dépendance. L’évaluation gérontologique va permettre de repérer les sujets qui vont bénéficier de cet amaigrissement. Les résultats de la chirurgie de l’obésité après 60 ans sont très supérieurs à ceux obtenus après restriction calorique, à la fois sur la perte de poids et la régression des comorbidités. Le risque apparaît acceptable au regard des bénéfices attendus. Toutefois, il est indispensable de préciser les bénéfices de la chirurgie de l’obésité chez le sujet de plus de 65 ans en se basant sur des indicateurs spécifiquement gériatriques (autonomie, performances fonctionnelles). Il est également souhaitable de disposer de données relatives au devenir à long terme des sujets opérés, devenir fonctionnel mais également cognitif.
*Gérontopôle, Centre hospitalier universitaire de Toulouse
346
Hétérogénéité de la population âgée La population âgée constitue un groupe très hétérogène d’un point de vue chronologique mais également physiologique. L’âge chronologique définit la personne âgée mais avec des seuils variables selon les points de vue : • plus de 60 ans pour l’OMS et pour les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) relatives à la chirurgie de l’obésité ; • plus de 65 ans pour la plupart des études scientifiques ; • au-delà de 75 ans pour les sociétés gériatriques. Une personne âgée peut donc avoir 60 ans, ou être centenaire… Pour le gériatre, un patient âgé est naturellement très âgé, très dépendant et polypathologique,
© Meddy Popcorn - fotolia
L’
obésité est une pathologie fréquente chez le sujet âgé : elle concerne plus de 18 % des sujets de plus de 65 ans (15 % chez l’adulte). Les comorbidités associées à l’excès de poids (diabète, hypertension artérielle, troubles respiratoires, arthrose, incontinence…) sont également plus fréquentes après 65 ans (1). L’obésité constitue par ailleurs, chez le sujet âgé, un facteur de risque majeur de dépendance, de perte d’autonomie et ce d’autant plus que l’excès de masse grasse s’associe à une sarcopénie (perte de masse et de fonction musculaires) (2). Dans l’absolu, le sujet âgé obèse devrait donc être pris en charge et une perte de poids recherchée.
Dr Anne Ghisolfi*
son risque nutritionnel majeur est la dénutrition. Ce constat est en accord avec les recommandations de la HAS relatives à la prise en charge de l’obésité de la personne âgée (3).
Diabète & Obésité • Décembre 2013 • vol. 8 • numéro 74
cardinale.fr
diabeteetobesite.org
ophtalmologies.org
geriatries.org
rhumatos.fr
neurologies.fr
onko.fr
Éducation thérapeutique
Diabète de type 1 L’éducation thérapeutique chez l’enfant et l’adolescent n Le diabète de type 1 est diagnostiqué chez les enfants à tout âge. Cette maladie et son traitement envahissent tous les champs de la vie quotidienne. Tout patient qui vit avec un diabète a la possibilité, par son comportement, d’adapter ou d’aménager son traitement. Il est donc important d’établir avec lui une relation de confiance et de partenariat. L’éducation thérapeutique va permettre de négocier les aménagements. Trois situations sont étroitement liées pour expliquer un comportement : le “savoir” qui s’acquiert par un partage de connaissances entre le soignant et le patient, le “pouvoir” qui est la capacité acquise par le patient à utiliser les connaissances, le “vouloir” qui est la motivation nécessaire pour mettre en place ses capacités à utiliser les connaissances. Ces trois axes de l’éducation thérapeutique doivent permettre d’aboutir à un changement de comportement.
Dr Claire Le Tallec*
La démarche en éducation thérapeutique En pédiatrie comme chez l’adulte, la démarche en éducation thérapeutique est une démarche structurée et planifiée (1).
Le contexte peut être différent d’un enfant à l’autre : de l’urgence avec réanimation au diagnostic fortuit. Dans tous les cas, le moment de l’annonce, le lieu et les mots restent ancrés, comme dans tout traumatisme psychique. Les parents peuvent alors exprimer des pleurs contenus ou non, un mutisme, une violence verbale ou une exigence démesurée, ou un activisme marqué dans les soins.
*Diabétologie pédiatrique, Enfance Adolescence Diabète MidiPyrénées, Hôpital des Enfants, CHU de Toulouse
352
© Aiden-Franklin – iStock.
L’éducation thérapeutique débute dès l’annonce du diagnostic
Tous ces comportements sont la manifestation des sentiments éprouvés : la colère, la culpabilité, la tristesse, l’incompréhension. Chez l’enfant, les comportements et les attitudes sont fonction de son âge. Quel que soit son âge,
l’enfant perçoit les sentiments de ses parents. Son vécu dépendra en partie de celui de ses parents. Les soignants qui vont instaurer une relation dans la durée ont à revenir sur le moment de l’annonce du diagnostic. Ils
Diabète & Obésité • Décembre 2013 • vol. 8 • numéro 74
à savoir
L’obésité constitue-t-elle un handicap après un AVC ? Éléments de réponse Dr Marc Labrunée*, Pr Philippe Marque**
Somnolence subjective (score ESS)
Introduction Après un AVC, la récupération neurologique motrice se passe dans les premiers mois, rarement au-delà de l’année qui suit la lésion cérébrale (1). Celle-ci est favorisée par la prise en charge rééducative initiée après la phase aiguë et aboutit à une reprise de la marche dans 80 % des cas. L’obésité parfois rencontrée dans cette situation constituet-elle alors une limite vis-à-vis de cette évolution ? Y a-t-il des spécificités dans la prise en charge rééducative ?
p = 0,001
12
p = 0,002
10
p = 0,043
8 6
p < 0,001
p < 0,001 p = 0,050
4 2 0 AHI < 5
AHI ≥ 5 à < 15
AHI ≥ 5
Échantillon de la population AVC Figure 1 - Score d’Epworth selon le degré de sévérité du syndrome d’apnées du som-
L’obésité est un facteur de risque d’AVC Selon des données récentes, la présence d’un IMC > 30 est associée à une augmentation modérée du risque relatif d’AVC avec un risque relatif ajusté estimé de 1,24 pour les AVC hémorragiques à 1,64 pour les AVC ischémiques (2). Le risque induit est ainsi bien moindre que celui engendré par la présence d’une hypertension ou d’un diabète qui lui est très souvent associée. Par ailleurs, on estime la présence de l’obésité dans les cohortes françaises entre 14,5 et 16,9 % (3) ce qui théoriquement devrait constituer un nombre annuel relativement limité de *Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires, UMR1048 Équipe 8, Toulouse ; Médecine physique et réadaptation, CHU de Toulouse ; labrunee.m@chu-toulouse.fr **INSERM UMR825 équipe 3, CHU PURPAN – Pavillon BAUDOT, Toulouse ; Médecine physique et réadaptation, CHU de Toulouse
meil après AVC (6).
patients obèses présentant un AVC. En France, ce nombre est cependant inconnu n’ayant pas de données épidémiologiques. Un rapide calcul à partir d’une cohorte suédoise publiée en 2006 (4) permet d’estimer entre 2 000 et 4 000 patients nouveaux par an dans cette situation en France. Rapidement après la survenue de la lésion cérébrale, la fonction motrice constitue un enjeu fonctionnel important vis-à-vis de l’autonomie et la présence d’une obésité va déterminer un bilan diagnostique souvent plus complexe. En effet, la situation d’obésité expose souvent à la présence de plusieurs facteurs de risque cardiovasculaire et à des antécédents qui vont jouer sur la qualité de la récupération motrice. Par exemple, la présence d’un syndrome d’apnées du sommeil, fréquente en
Diabète & Obésité • Décembre 2013 • vol. 8 • numéro 74
cas d’obésité, est un des facteurs de moindre récupération motrice si non pris en charge (5). Or, on sait que l’AVC en atténue les symptômes (6) et qu’il sera ainsi nécessaire de dépister ce facteur de risque de manière systématique (Fig. 1). Par ailleurs, l’existence d’une arthrose de hanche ou de genou, plus fréquente en cas d’obésité, peut être à l’origine d’une limitation à la reprise des transferts et de la marche. La dépression, fréquemment retrouvée en cas d’obésité, peut constituer un frein motivationnel vis-à-vis de la récupération. Enfin, au-delà des problèmes physiques et psychologiques, la recherche d’une précarité sociale et économique constituera un des éléments du pronostic fonctionnel de ces patients car il est bien établi qu’en cas de difficulté 357
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Tous les dossiers et Mises au point N°65 – De la chirurgie bariatrique à la chirurgie métabolique : le diabète peut-il se traiter chirurgicalement ? N°66 – Il était une fois... le foie ! N°67 – Microbiote intestinal : une nouvelle cible thérapeutique ? N°68 – Patient ou usager expert : un accompagnement au-delà des soins. N°69 – Diabète, obésité et grossesse (1re partie) : les clés pour améliorer le pronostic maternel et fœtal. N°70 – Grossesse (2e partie) : comment améliorer le pronostic maternel et fœtal en cas d’obésité, de précarité et/ou de diabète ? N°71 – Éducation thérapeutique du patient : un outil fondamental dans les stratégies thérapeutiques. N°72 – Immunologie en diabétologie : une greffe réussie... N°73 – EASD 2013 : la sélection. N°74 – Sujet âgé : quelle prise en charge du diabète ? La chirurgie bariatrique est-elle envisageable ?
Articles par rubrique dÀ SAVOIR N°65 – Le “Dead in bed” syndrome ou la “mort subite dans son lit” du jeune diabétique de type 1. N°69 – Les réseaux diabète en France : où en sommes-nous ? N°70 – La boucle fermée en 2013 : où en sommes-nous ? N°71 – Œstrogènes, métabolisme et perturbation endocrinienne : un nouveau concept ? N°72 – Activité physique et chirurgie bariatrique : synthèse des études. N°73 – Chirurgie prothétique du genou : est-il nécessaire de perdre du poids ? N°74 – L’obésité constitue-t-elle un handicap après un AVC ? Éléments de réponse.
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dChirurgie N°66 – La transplantation rénale et pancréatique : le traitement de référence du patient diabétique de type 1 insuffisant rénal. N°68 – Les échecs tardifs de la chirurgie bariatrique et métabolique : faut-il se limiter au poids ? dClinique N°67 – Sensibilité à l’insuline : comment peut-on la mesurer ? dComprendre N°65 – Dysfonction mitochondriale et diabète de type 2 : y a-t-il un lien de causalité ? dÉducation thérapeutique N°74 – Diabète de type 1 : l’éducation thérapeutique chez l’enfant et l’adolescent. dEn pratique N°65 – Métabolisme phospho-calcique et chirurgie de l’obésité : prévenir la survenue des maladies métaboliques osseuses. N°66 – Relation entre poids, graisse viscérale, insulinorésistance et SOPK : qu’en tire-t-on pour la pratique ? N°67 – Comment gérer la consommation de sel chez un hypertendu ? Quelques recommandations de bonnes pratiques. N°68 – Bilan phospho-calcique après chirurgie bariatrique : recommandations en pratique clinique. dÉpidémiologie N°72 – Afrique et diabète : la fin d’un paradoxe. dInterspécialités N°66 – Ostéoarthropathie nerveuse diabétique : le pied de Charcot. N°68 – Diabète et accidents ischémiques cérébraux : nécessité d’une prise en charge spécifique.
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N°70 – Le syndrome métabolique : passé et présent. N°71 – Le pancréas du diabète de type 2 : y a-t-il un lien entre artériosclérose et diabète ? N°72 – Asthme et obésité : une association loin d’être fortuite. N°73 – Philosophie et éthique de la maladie chronique : réflexion. dMise au point N°68 – Parodontite et désordres métaboliques : quels liens ? N°71 – Obésité et fonction ventilatoire : quels liens ? N°73 – Le tabagisme chez le sujet obèse : avant et après chirurgie. N°74 – Métabolisme et horloge circadienne : quand tout se met à l’heure. dopinion N°67 – Risque cardiovasculaire, cholestérol et statines. Académie nationale de Médecine. Communiqué adopté le 19 février 2013. dPharmacologie N°72 – L’industrie pharmaceutique face à sa mutation : qu’en est-il aujourd’hui ? dPrévention N°69 – Néphropathie diabétique et apports protidiques : quels liens ?
no 72
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dProfession N°70 – Profession : endocrino-diabétologue. État des lieux. dPsychologie N°67 – Trouble du comportement alimentaire : le symptôme d’un traumatisme psychique. dRecherche N°65 – Tissu adipeux brun : renaissance et nouvelles perspectives thérapeutiques dans l’obésité et le diabète. N°68 – Exercice et métabolisme énergétique : rôle des myokines. dTechnologie N°69 – Petits et grands progrès technologiques appliqués au diabète : panorama. N°70 – Diabète et nouvelles technologies : autonomie réelle ou illusoire ? dThérapeutique N°66 – Les sulfonylurées : quels sont leurs effets extra-pancréatiques ? N°70 – Prise en charge d’un diabète insulinotraité : intérêt des IDPP4. N°72 – L’enzyme 11bHSD1 : une nouvelle cible potentielle pour le traitement du diabète de type 2 et des maladies métaboliques liées à l’obésité.
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