Ge128 flip partiel

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Repères en l a

R e v u e

d i d a c t i q u e

e n

m é d e c i n e

g é r i a t r i q u e

LA PEAU DU SUJET ÂGÉ

MISE AU POINT

L’allongement de l’espérance de vie s’accompagne d’un nombre croissant de problèmes liés au vieillissement cutané. La peau sèche en est un exemple. Fréquemment rencontré dans la population âgée, ce signe doit être pris en considération. Pr Philippe Humbert

ENTRETIEN

FICHE THÉRAPEUTIQUE

Comment prendre en charge l’ostéoporose après 80 ans ?

Les médicaments contre le diabète

page 140

page 149

DOSSIER (2e partie)

Fiche thérapeutique

Plaintes cognitives : comment conduire l’entretien neurologique et l’examen de débrouillage ? Plainte de langage

Les médicaments contre l’insuffisance cardiaque en dehors de la phase aiguë

page 154

page 151

Septembre 2013 2012 • Volume 15 14 • n° 120 128 • 8 9E


cardinale.fr

diabeteetobesite.org

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Repères en la

R e v u e

didac t i q u e

e n

m é d e cin e

g é ria t ri q u e

Directeur de la publication : Dr Antoine Lolivier • Chef du Service Rédaction : Odile Mathieu • Rédactrice : Cécile Pinault • Secrétaire de rédaction : Fanny Lentz • Chef de Fabrication et de Production : Gracia Bejjani • Assistante de Production : Cécile Jeannin • Maquette et illustrations : Antoine Orry, Erica Denzler • Chefs de publicité : Emmanuelle Annasse, Catherine Colsenet, Philippe Fuzellier • Service Abonnements : Claire Lesaint • Impression : Imprimerie de Compiègne 60205 Compiègne Rédacteur en chef : Pr Benoît de Wazières (Nîmes)

sommaire Septembre 2013 • Vol. 15 • N° 128

www.geriatries.org

n ActualitÉs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

p. 138

n ENTRETIEN Comment prendre en charge l’ostéoporose après 80 ans ? Entretien avec le Pr Patrice Fardellone. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 140

Dr Michel Bodin (Griselles)

Comité de Lecture

n MISE AU POINT

LA PEAU DU SUJET AGÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 142

Comité de rédaction Dr Marie-Agnes Artaz (Paris), Dr Boris Bienvenu (Paris), Dr Jean-François Coudreuse (La Rochelle), Dr Olivier Crémieux (Paris), Dr Olivier Dalco (Marseille), Dr Matthieu Debray (Grenoble), Dr Nicolas Duret-Robert (Paris), Dr Nathalie Faucher (Paris), Dr Ariane Floriot (Poissy), Dr Adeline Gouronnec (Ivry S/Seine), Dr Sandrine Greffard (Paris), Dr Sylvie Haulon (Paris), Dr Elodie Heriche (Créteil), Frédérique Lacour (Paris), Dr Olivier Lambotte (Le Kremlin-Bicêtre), Dr Gilles Lavernhe (Gap), JeanPierre Le Guen (Brest), Dr Armelle Marcilhacy (Lyon), Dr Yann Martin (Lyon), Dr Sophie Moulias (Paris), Dr Marc Paccalin (Poitiers), Dr Eric Pautas (Ivry S/Seine), Dr Clément Pinquier (Ivry S/Seine), Dr Hélène Pitti-Ferrandi (Versailles), Véronique Popovici (Bois-Colombe), Dr Florence Rollot (Paris), Dr Nathalie Salles (Pessac), Dr Catherine Schott-Geisert (Versailles), Dr Patricia Senet (Ivry S/Seine), Dr Caroline Thomas (Paris), Dr Christiane Verny (Le Kremlin-Bicêtre), Dr Anne Wyss-Gondé (Charleville-Mézières) Comité scientifique Pr Gilles Berrut (Nantes), Dr Jacques Boddaert (Paris), Pr Jean-Pierre Bouchon (Paris), Dr Nathalie Charasz (Paris), Pr Jean-Paul Emériau (Pessac), Bernard Hervy (Paris), Dr Pierre Lutzler (Embrun), Pr François Puisieux (Lille), Dr Agathe Raynaud-Simon (Ivry-sur-Seine), Pr Anne-Sophie Rigaud (Paris), Pr Olivier SaintJean (Paris), Dr Pierre Thomas (Limoges), Dr Christophe Trivalle (Villejuif), Pr Bruno Vellas (Toulouse) Repères en Gériatrie est une publication Expressions Santé S.A.S, 2, rue de la Roquette Passage du Cheval Blanc, Cour de Mai - 75011 Paris Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax : 01 49 29 29 19 E-mail : geriatrie@expressiongroupe.fr R.C.S. Paris B 394 829 543 ISSN n° 1767-803X N° de commission paritaire : 0217T78116 Prix au numéro : 9 e. Mensuel. Les articles de “Repères en Gériatrie” sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs. Toute reproduction, même partielle, sans le consentement de l’auteur et de la revue, est illicite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.

Pr Philippe Humbert (Besançon) © weekender120/fotolia

Pr Marc Bonnefoy (Lyon), Pr Philippe Chassagne (Rouen), Pr Thierry Constans (Tours), Dr Patrick Friocourt (Blois), Dr Gaétan Gavazzi (Grenoble), Dr Yves Kagan (Paris)

Les processus de vieillissement de la peau sont de deux types : l’un est programmé génétiquement, l’autre est dépendant des facteurs de l’environnement, dont le principal est l’exposition aux radiations ultraviolettes.

1 n Les spécificités de la peau âgée : les raisons du vieillissement cutané . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 142 2 n La peau sèche du sujet âgé : quel traitement choisir ? . . . . . . . . . p. 144

n Thérapeutique

Guide du bon usage pharmaceutique en gériatrie . . . . . . . . . . . . . . . . p. 148 • Fiche « Diabète ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 149 • Fiche « Insuffisance cardiaque en dehors de la phase aiguë » . . . . . p. 151

n ÉVALUER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

p. 154

Plaintes cognitives

.Comment conduire l’entretien neurologique . et l’examen de débrouillage ?

(2e partie) 2 n Plainte de langage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 155 Dr Catherine Thomas-Antérion (Saint-Etienne, Lyon), Dr Aurélie Richard-Mornas (Saint-Etienne),

Sandrine Basaglia-Pappas (Saint-Etienne) et Dr Michèle Puel (Toulouse)

n Rendez-vous de l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n Bulletin d’abonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n Petites annonces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Assemblés à cette publication : 2 bulletins d’abonnement (2 pages et 4 pages). Photo de couverture : © bramgino / Fotolia

p. 139 p. 148 p. 160


actualités de la profession

Médicament

EN BREF Mise en garde contre le mésusage A LIRE : UN GUIDE DU BIEN VIEILLIR Ancien spécialiste des maladies cardiovasculaires et de l’addiction au tabac, le Pr Gilbert Lagrue, 91 ans, fait partie des 550 000 nonagénaires que compte la France. Il a tiré de son expérience médicale et personnelle des conseils, applicables par chacun pour vieillir le mieux possible : arrêter de fumer, ne pas consommer trop de sel ni trop d’alcool, aller régulièrement chez son généraliste, en particulier pour prévenir les dépressions. Bien vieillir, c’est possible, je l’ai fait ! Pr Gilbert Lagrue, Editions Odile Jacob, 2013, 272 pages. CATARACTE ET Rispéridone : risque de SIHP Des cas de syndrome de l’iris hypotonique peropératoire (SIHP) ont été observés chez des patients traités par rispéridone (ou palipéridone) et ayant subi une chirurgie de la cataracte. L’EMA et l’ANSM recommandent aux ophtalmologistes de questionner leurs patients et d’opérer avec prudence pour éviter cette complication. APPEL À PROJETS : DOULEUR La Fondation CNP Assurances lance un appel à projets pour des initiatives sur les bonnes pratiques de prise en charge de la douleur physique et les stratégies de soins centrées sur le patient, et la prise en charge adaptée de la douleur physique en santé mentale pour les populations vulnérables ou dyscommunicantes. Informations : www.cnp.fr ou fondation@cnp.fr Date limite : 31 octobre 2013 138

des nouveaux anticoagulants oraux

L

e 19 septembre dernier, le Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) écrivait une lettre au ministère de la Santé pour attirer l’attention sur les dangers d’une prescription inappropriée des nouveaux anticoagulants oraux (NACO). Bien que n’apportant pas d’amélioration du service médical rendu par rapport aux AVK, ces nouvelles molécules sont très souvent prescrites aux patients, car elles ne nécessitent pas les contrôles biologiques de routine contraignants qu’impliquent les AVK. Ainsi, selon un rapport au ministre chargé de la Sécurité Sociale sur l’évolution des charges et des produits de l’Assurance Maladie au titre de 2014, ces molécules ont été prescrites à 57 % des patients débutant un traitement anticoagulant, lors du dernier trimestre de l’année 2012, et 35 000 patients sont passés des AVK aux NACO durant la même période, dont 35 % de patients âgés de 80 ans et plus. Or, le rapport précise que les personnes très

âgées sont particulièrement à risque, en raison d’une fonction rénale souvent altérée. De plus, il n’existe pas d’antidote en cas de surdosage, d’accident hémorragique ou d’opération à réaliser en urgence. L’ANSM a publié une lettre aux professionnels de santé rappelant le cadre d’utilisation des NACO. Elle précise qu’avant de recourir à ces nouvelles molécules, les médecins doivent prendre en considération le risque de saignement majeur de leurs patients (lésions, maladies, prise concomittante d’AINS ou d’un autre agent anticoagulant ou antiplaquettaire) et d’évaluer la fonction rénale. Ces médicaments sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale sévère. En cas d’insuffisance rénale modérée ou légère, les doses doivent être adaptées. L’ANSM ajoute que les NACO font l’objet d’une surveillance renforcée en France et en Europe par l’EMA. ß

Démence

Alzheimer et maladies apparentées : toujours en augmentation

U

n travail de l’InVS publié dans le dernier Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire indique qu’en 2010, 316 115 personnes étaient en ALD15, 228 190 ont été hospitalisées avec une MA ou une démence apparentée (MAAD) et 54 291 sont décédées avec une MAAD. Ces chiffres mettent en évidence une augmentation “considérable” de la population française atteinte en seulement 3 ans : entre 2007 et 2010, le nombre de patients

en ALD a augmenté de 14,6 %, le nombre de personnes hospitalisées avec une démence de 23,6 % et le nombre de décès avec une MAAD de 13,9 %, une grande partie pouvant s’expliquer par le vieillissement de la population. Mais les auteurs soulignent que ces chiffres sont probablement sous-estimés. ß Pour en savoir plus : Duport N. BEH n° 30, 10 septembre 2013.

Pharmacovigilance

Trivastal® : réservé au Parkinson

L’

ANSM a restreint les indications de Trivastal® 20 mg et Trivastal® 50 mg LP (piribédil, agoniste dopaminergique non ergoté, laboratoire Servier) à la maladie de Parkinson en monothérapie ou en association à la dopathérapie. L’ANSM indique que le bénéfice thérapeutique ne permet plus de contrebalancer les risques d’emploi de ce médicament dans ses indications vasculaires

(déficit pathologique cognitif et neurosensoriel, artériopathie des membres inférieurs et manifestations ischémiques en ophtalmologie), et rappelle qu’il existe des effets indésirables sévères sur le plan neuropsychiatrique (accès de sommeil, syndromes confusionnels) et vasculaires (hypotension orthostatique) pouvant entraîner des chutes dont la gravité est avérée chez les sujets âgés. ß

Repères en Gériatrie • Septembre 2013 • vol. 15 • numéro 128


actualités

Dentiste à domicile L’association Dent’Adom lance un service payant de soins dentaires à domicile pour les personnes âgées et/ou handicapées ayant des difficultés à se rendre dans un cabinet dentaire. Un chirurgien dentiste ou un stomatologue et un assistant se déplacent chez les patients avec le matériel nécessaire pour pratiquer l’ensemble des soins bucco-dentaires. Ce service n’est pour l’instant disponible qu’en région parisienne. Pour plus d’informations : www.dentistes-a-domicile.fr

Campagne de sensibilisation

Opération « + de Vie » pour améliorer les conditions de vie à l’hôpital

L

e 2 octobre débute la 17e opération “+ de Vie”, lancée par la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France. L’objectif est d’améliorer la prise en charge et les conditions de vie dans les services de gériatrie. Tout au long du mois, des événements, réunissant personnels des hôpitaux, bénévoles et personnalités, sont organisés pour sensibiliser le grand public aux problèmes rencontrés par les personnes âgées hôspitalisées, cas qui concerne actuellement un Français sur 100. Le thème choisi pour cette édition est le rapprochement des familles.

Le premier événement de cette année est la visite du centre hospitalier Sainte-Perine dans le 16e arrondissement de Paris, avec Bernadette Chirac, la présidente de la Fondation. A noter également, une émission spéciale sera diffusée sur France 3 avec notamment Mireille Darc et Alain Delon. Une collecte de dons sera mise en place. L’année dernière, 1,6 million d’euros a été récolté. Cette somme a servi à financer 274 projets (construction de maisons d’accueil pour les proches et les familles, acquisition de minibus pour organiser des sorties, création d’ateliers, etc.). ß

rendez-vous de l’industrie orthopédie

Du nouveau chez Alvita®

A

lvita® complète sa gamme Orthopédie avec trois nouveautés : une orthèse immobilisatrice de pouce ambidextre, une genouillère articulée polycentrique ainsi qu’un nouveau taillage pour ses ceintures de soutien lombaire. La rizarthrose est aujourd’hui la deuxième forme d’arthrose la plus courante. Elle s’observe essentiellement chez la femme de plus de 50 ans. En réponse à ce constat, Alvita® complète sa gamme en lançant une orthèse de pouce ambidextre. Disponible en trois tailles, cette orthèse a été mise au point pour répondre aux inflammations articulaires ou ligamentaires du pouce, ainsi qu’aux entorses de l’articulation métacarpophalangienne. La nouvelle orthèse Alvita® offre un confort optimal y compris lors du port nocturne. La marque lance également une genouillère articulée polycentrique. Indiquée notamment en cas de gonarthrose, cette dernière est également adaptée aux personnes en phase de rééducation ou en convalescence suite à une opération chirurgicale. Composée d’un tissu 3D aéré et élastique, cette genouillère permet le maintien du genou en position légèrement fléchie et garantit un excellent confort grâce à sa large ouverture au creux poplité. Enfin, toujours à l’écoute des besoins du marché, Alvita® propose un nouveau taillage pour ses ceintures de soutien lombaire. Disponibles en 4 tailles, ces ceintures couvrent désormais un tour de taille compris entre 70 cm et 135 cm, offrant ainsi une référence couvrant l’essentiel des morphologies. n

Repères en Gériatrie • Septembre 2013 • vol. 15 • numéro 128

AUDITION

Un pack pour faciliter l’appareillage

I

l existe huit millions de malentendants en France, et seulement 15 % d’entre eux sont appareillés. Pour faciliter l’accès à tous aux prothèses auditives, AUDIO 2000 a lancé un Pack Simplicité. Ce pack comprend une ou deux aides auditives de dernière génération, une garantie de 4 ans contre la casse, la perte ou le vol, un an de piles et de produits d’entretien ainsi que des services illimités réalisés par un audioprothésiste Diplômé d’Etat (contrôles périodiques de suivi, réglages, entretien, etc.). Ainsi, les dépenses liées à l’appareillage sont maîtrisées dès l’achat. Pour en profiter, il faut se rendre dans un centre AUDIO 2000 avant le 31 décembre 2013. n

Démences

Campagne pour sensibiliser contre les effets de la maladie d’Alzheimer

L

e 21 septembre a eu lieu la Journée mondiale contre la maladie d’Alzheimer. A cette occasion, Harmonie Mutuelle a lancé une campagne de sensibilisation « Sans mémoire, le silence ». Depuis le 18 septembre, trois spots vidéos sont visibles. Tournés par Eric Guirado, ils mettent en scène trois personnalités (Bernard Pivot, Liliane Rovère et Rémy Julienne), racontant quelques-uns de leurs souvenirs. Le but de cette campagne est de rappeler l’effet de la maladie sur la mémoire, afin de sensibiliser les Français. Les vidéos contiennent un lien vers le site stop-alzheimer.org où les spectateurs peuvent faire un don pour la recherche et découvrir de nouvelles images. n

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Entretien

Comment prendre en charge l’ostéoporose après 80 ans ? Entretien avec le Pr Patrice Fardellone n Le point sur la prise en charge de l’ostéoporose après 80 ans, avec le Pr Patrice Fardellone (Chef du service de Rhumatologie au CHU d’Amiens), de la prévention des chutes ou de l’administration préventive de calcium et de vitamine D, aux médicaments anti-ostéoporotiques les plus adaptés dans cette population gériatrique.

Dr Michel Bodin : Professeur Fardellone, nous souhaiterions évoquer avec vous les modalités du traitement de l’ostéoporose chez la personne âgée de plus de 80 ans, et de l’intérêt dans ce cas de la supplémentation en calcium et vitamine D. Pr Patrice Fardellone : Après 80 ans, l’ostéoporose peut être considérée comme grave en raison de ses conséquences, au premier rang desquelles se situe probablement la fracture du col fémoral. Elle est certainement la plus coûteuse en termes de santé publique. D’après les dernières recommandations du GRIO, elle mérite d’être classée parmi les fractures sévères, dans la mesure où elle induit une diminution de l’espérance de vie : après une fracture de hanche surviennent dans l’année qui suit 20 à 25 % de décès, dont 15 à 17 % sont directement attribuables à l’accident. On sait depuis peu que ce risque de surmortalité persiste jusqu’à 10 ans après l’accident, en raison de très importantes séquelles, aussi bien motrices que psychologiques ; la survenue de la fracture chez des sujets fragilisés augmente encore ce risque. Eviter dans toute la mesure du possible la fracture chez le sujet âgé est donc impératif, et, dans ce contexte, la gestion du risque de chute est très difficile, mais essentielle. Plusieurs tests permettent de dépister les sujets chuteurs, le plus simple consistant à mettre le sujet en appui monopodal. La survenue d’une chute durant la dernière année nécessite, selon le GRIO, la pratique d’une densitométrie et la mise en route immédiate d’un traitement. Rééducateurs et gériatres doivent être mobilisés pour enseigner aux malades les conduites d’évitement des chutes. Les causes de chute peuvent être multiples, d’origine iatrogène par exemple, ou liées à une patholo140

Propos recueillis par le Dr Michel Bodin, rhumatologue

gie intercurrente. Plus le sujet chute, plus il risque de se fracturer ; or une immobilisation prolongée est un facteur d’entretien, voire d’aggravation de l’ostéoporose…

M.B. : Et donc, on tombe dans le piège d’un véritable cercle vicieux… P.F. : Certainement. Dans ces circonstances, le rôle de la nutrition n’est pas à négliger : l’apport de calories et de protéines doit intervenir immédiatement après la chute, ou rapidement dans la phase postopératoire : plusieurs études ont montré clairement que la renutrition précoce d’un sujet réduit de manière significative le risque de mortalité, la durée du séjour en milieu hospitalier, le nombre de complications, la survenue des escarres. L’idéal serait que les malades puissent conserver une bonne autonomie, ce qui est loin d’être le cas en raison des séquelles de la fracture, et du « syndrome postchute » : le sujet déjà tombé garde le souvenir de son accident et cherche à réduire considérablement son activité. Sa masse musculaire se détruit progressivement en raison de l’immobilité, la moindre tentative de reprise de quelques pas pouvant alors se solder par une nouvelle fracture.

M.B. : Comment peut-on aider le patient à sortir de cette spirale infernale ? P.F. : La vitamine D est connue pour avoir une incidence favorable sur la réduction du risque de chute et du risque de fracture périphérique, et c’est le seul domaine où ont été réalisés des essais thérapeutiques contrôlés. Repères en Gériatrie • Septembre 2013 • vol. 15 • numéro 128


mise au point

La peau du sujet âgé

Pr Philippe Humbert *

Le vieillissement de la peau est un phénomène causé par des facteurs intrinsèques et extrinsèques. Ces derniers, liés au mode de vie et à l’environnement, peuvent avoir une forte influence sur le processus de vieillissement cutané. L’un des problèmes récurrents observés chez les personnes âgées est celui de la peau sèche. Ce trouble peut être un symptôme pouvant révéler une affection grave, à prendre en compte et à traiter.

1 Les spécificités de la peau âgée Les raisons du vieillissement cutané n Le vieillissement exponentiel de la population est un phénomène mondial. Selon l’Organisation des Nations unies, les personnes de plus de 60 ans seront plus nombreuses que les personnes plus jeunes dès 2050, ce qui sera un fait historique de premier ordre. Cette tendance vers un monde de personnes âgées est véritablement irréversible. Le vieillissement de la peau est certainement l’élément le plus visible du phénomène et c’est pourquoi autant d’attention se trouve portée aux signes du vieillissement, à ses mécanismes et à ses moyens de correction.

L

e vieillissement cutané est un processus physiologique génétiquement programmé mais qui peut s’accélérer par la combinaison d’événements biologiques qui interviennent au cours de la vie. Il est ainsi influencé par le comportement, l’environnement. On décrit classiquement deux processus biologiques du vieillissement de la peau : le vieillissement intrinsèque, chronologique, génétiquement déterminé, et le vieillissement extrinsèque influencé par des facteurs d’environnement, les plus connus étant l’exposition aux ultraviolets, mais

aussi à la pollution atmosphérique, au tabagisme, à la malnutrition, à l’addiction à l’alcool…

Principaux facteurs du vieillissement intrinsèque Le vieillissement intrinsèque est un processus lent qui résulte des modifications structurelles et fonctionnelles de la peau. Les principales causes du vieillissement intrinsèque sont le stress oxydatif, le raccourcissement des télomères, les modifications de l’activité hormonale.

Le stress oxydatif * Service de dermatologie, CHU de Besançon

142

L’oxygène est au centre d’un pa-

radoxe puisque d’une part, c’est un élément nécessaire à la vie et d’autre part, il génère des composés appelés espèces réactives de l’oxygène qui sont impliqués dans des réactions d’oxydation physiologique, mais qui peuvent, sous certaines conditions, contribuer à la sénescence et à des maladies cardio-vasculaires, neurologiques, rhumatismales. Pour se protéger des effets délétères de ces composés, les organismes vivants ont développé un système de défense anti-oxydant très sophistiqué (enzymes et molécules anti-oxydantes, enzymes de réparation de l’ADN, protéases et anti-protéases, phospholipases, acyltransférases…).

Repères en Gériatrie • Septembre 2013 • vol. 15 • numéro 128


mise au point

métalloprotéases matricielles qui sont les enzymes de dégradation de la matrice extracellulaire dermique.

Le tabagisme et l’alimentation Ils représentent aujourd’hui un facteur environnemental bien connu du vieillissement, notamment du visage, avec des aspects caractéristiques. Les déficiences nutritionnelles

sont responsables de certaines formes de vieillissement cutané. Il semblerait qu’une nourriture basée sur des légumes et de l’huile d’olive limite l’importance des rides. En revanche, la consommation de viande rouge, de sucres d’absorption rapide, de graisses saturées, est associée à des rides plus importantes. Les déficiences vitaminiques doivent être considérées du fait de leur forte prévalence. Elles in-

fluencent le vieillissement et plus particulièrement dans les zones photo-exposées. n

Mots-clés : Mots-clés : Vieillissement cutané, Peau âgée, Stress oxydatif, Télomère, Activité hormonale, Pollution atmosphérique, Ultraviolet, Tabagisme, Malnutrition, Alcool

2 La peau sèche du sujet âgé Quel traitement choisir ? n La peau sèche est un problème habituel observé chez les personnes âgées. Ce phénomène résulte de modifications physiologiques liées au processus de vieillissement, mais aussi aux maladies intercurrentes. Pour rester simple, nous pourrions définir la sécheresse de la peau comme une perturbation de la surface cutanée due à une inadéquation entre le contenu en eau et le contenu lipidique de la peau.

L

e terme de xérose est le terme médical utilisé pour qualifier la peau sèche chronique. La principale caractéristique clinique de la peau sèche est la sensation de rugosité : la peau sèche est dite rêche. Elle apparaît relâchée et les lignes cutanées sont accentuées. Certaines zones peuvent subir des processus inflammatoires et apparaître rouges, des symptômes de prurit ou des sensations de brûlure peuvent être présents.

144

La peau sèche affecte un tiers à deux tiers des adultes, ce qui n’est pas sans relation avec la diminution de l’activité des glandes sébacées et des glandes sudorales et avec l’amincissement de l’épiderme.

La peau sèche : un symptôme La peau sèche n’est pas en ellemême un trouble isolé. Elle peut être le symptôme d’une maladie

intercurrente comme l’hypothyroïdie, le diabète sucré, les maladies rénales, les maladies hépatiques, le SIDA… Certains médicaments, et tout particulièrement les diurétiques, les agents anticholestérolémiques, les anti-androgènes, la cimétidine, contribuent à la xérose. Ainsi la prise en charge d’un patient consultant pour peau sèche passe par l’interrogatoire, l’examen clinique, la prise de connaissance des examens biologiques pour établir

Repères en Gériatrie • Septembre 2013 • vol. 15 • numéro 128


Fiches thérapeutiques

Guide du bon usage pharmaceutique en Gériatrie

DIABETE L’objectif glycémique est un dextro ≥ 2 g/l et une HbA1c entre 7,5 % et 8 %. Il faut éviter les hypoglycémies, le régime diabétique ou hypoglucidique. La surveillance des prises alimentaires est indispensable.

Molécules de référence • Insuline d’action rapide : insuline ordinaire (Umuline® rapide, Actrapid®) • Insuline d’action intermédiaire : insuline isophane = NPH (Umuline® NPH, Insulatard®)

Molécules alternatives • Insulines d’action prolongée : insuline détémir (Levemir®), insuline glargine (Lantus®)

Modalités d’emploi • Insuline rapide (type Umuline® rapide) : - Protocole IV (seringue électrique) : diluer 40 UI de NPH dans 40 cc de NaCl 0,9 %, vitesse 1 UI/cc puis surveiller le dextro 1 x/h et adapter la vitesse (Tab. 1). -P rotocole SC : réaliser un dextro 4 fois/j et adapter la dose d’insuline selon le dextro (Tab. 2). Tableau 1 – Protocole IV.

Dextro (g/l) < 1,5 1,5 à 2 2 à 2,5 2,5 à 3 3 à 3,5 3,5 à 4 ≥4

Vitesse Stop V=1 V=2 V = 2,5 V=3 V = 3,5 V=4

Tableau 2 – Protocole SC.

Dextro (g/l) <2 2 < D < 2,5 2,5 < D < 3 3 < D < 3,5 3,5 < D < 4 >4

UI Rien 4 UI 6 UI 8 UI 10 UI 14 UI

• Insuline intermédiaire NPH (Umuline® NPH, Insulatard®): 1 à 2 injections/24h • Insulines d’action prolongée: - Levemir® : 1 à 2 injections/24h le matin - Lantus® : 1 injection/24h le matin Repères en Gériatrie • Septembre 2013 • vol. 15 • numéro 128

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15es RENCONTRES DE NEUROLOGIES 16-17-18 Décembre 2013 Palais des congrès de paris, porte maillot

Venez participer aux ateliers pratiques et interactifs, animés par plus de 100 orateurs, sur de très nombreux sujets d’actualité en neurologie.

n Céphalées-Migraine n Démences n Douleurs neuropathiques n ENMG n Epilepsies n Imagerie fonctionnelle n Les top 5 de la neurologie n Maladie de Parkinson n Mouvements anormaux n Neurochirurgie n Neuro-oncologie n Neuro-ophtalmologie n Neuropédiatrie n Neuropharmacologie n Neuropsychologie et syndromes démentiels n Neurovasculaire n Pathologies neuromusculaires n Rééducation n Sclérose en plaques n Sommeil n Symptômes somatomorphes n Toxine botulinique

15es RENCONTRES DE NEUROLOGIES

Pour plus de renseignements

www.rencontresdeneurologies.org

15 Rencontres de Neurologies es

Merci de retourner ce bulletin accompagné de votre règlement à : Expressions Santé 2, rue de la Roquette Passage du Cheval Blanc, Cour de Mai 75011 Paris

d Tarifs entrée au congrès (3 jours) / sans abonnement à la revue Neurologies : q Tarif : 50 E TTC q Tarif étudiants, assistants, internes, paramédicaux : 25 E TTC

! (joindre photocopie de la carte)

d Tarifs entrée au congrès (3 jours) / incluant l’abonnement de 1 an (10 n°) à la revue Neurologies : q Tarif : 70 E TTC q Tarif étudiants, assistants, internes, paramédicaux : 40 E TTC (joindre photocopie de la carte) Règlement : q Chèque à l’ordre d’Expressions Santé Signature obligatoire d q Carte bancaire no : Expire le : Cryptogramme : Coordonnées : q Pr q Dr q Mme q Mlle q M. Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : ����������������������������������������������������� Adresse : ������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� Code postal : Tél : Fax : Ville :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail : ����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� Votre profession :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Votre mode d’exercice : ������������������������������������������������������������������������� ger

Bulletin d’inscription

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15es RENCONTRES DE NEUROLOGIES


évaluer

Plaintes cognitives

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Comment conduire l’entretien neurologique et l’examen de débrouillage ?

Voici le deuxième article de la série sur la conduite à tenir devant une plainte cognitive, rédigée par le Dr Catherine Thomas-Antérion (Lyon), le Dr Aurélie Richard-Mornas (Saint-Etienne), Sandrine Basaglia-Pappas (Saint-Etienne) et le Dr Michèle Puel (Toulouse). Dans ce numéro de Repères en Gériatrie, 2e PARTIE : •P lainte de langage : comment conduire l’entretien neurologique et le bilan de débrouillage ? Déjà parus : • I ntroduction – L’évaluation de la cognition peut rendre de grands services… •P lainte de mémoire A paraître prochainement : •P lainte gestuelle ou visuelle, témoignant de difficultés d’intégration visuo-spatiale •P lainte exécutive et d’attention


évaluer

2 Plainte de langage Comment conduire l’entretien neurologique et le bilan de débrouillage ? Dr Catherine Thomas-Antérion*, Dr Aurélie Richard-Mornas**, Sandrine Basaglia-Pappas** et Dr Michèle Puel***

I

l existe deux situations : • les consultants se plaignent de leur mémoire et l’entretien fait apparaître qu’ils se plaignent aussi (ou seulement) du langage ; • les personnes consultent d’emblée pour une plainte de langage (il conviendra alors de vérifier qu’il n’y a pas d’autres difficultés).

COMMENT ? Il convient d’écouter comment est formulée la plainte et les circonstances ou occasions où celle-ci se manifeste : • je cherche mes mots ; • j’oublie les noms (faire préciser des gens - célèbres, proches - ou des choses), • je bafouille, j’accroche les mots ; • j’ai les idées dans la tête mais je n’arrive pas à le dire (« ça se bouscule au portillon, cela ne veut pas sortir », etc.) ; • j’évite de parler (et j’ai arrêté telle ou telle activité), etc. ; • je dis un mot pour un autre (demander si c’est plutôt une déformation : tapeau pour chapeau ou un mot qui n’a rien à voir - ou est de la même catégorie : casquette pour chapeau) ; • quand je ne trouve pas, je dis « machin, truc » ; • maintenant quand j’écris (j’écrivais très bien), je fais des fautes (demander si d’attention - ne plus * Neurologue, Lyon ; et EA3082, Laboratoire EMC, Université Lyon 2 **CM2R-Neurologie, CHU Nord, Saint-Etienne ***CM2R-Neurologie Midi-Pyrénées, CHU Purpan, Toulouse

Plainte du langage : récente, insidieuse et progressive

Plainte isolée

Autres difficultés notamment : - troubles sensorimoteurs - oubli d’évènements récents - apraxie - agnosie et sphère visuospatiale - apathie/désinhibition

APP POSSIBLE

INCOMPATIBLE AVEC APP

Figure 1 - Evaluation d’un trouble du langage récent, insidieux et progressif.

Difficultés “anciennes” dans le domaine du langage

Séquelles d’une pathologie neurologique : - TC - AVC - rupture d’anévrysme - etc.

Développement - Dys - langue maternelle (étrangère, bilinguisme)

Psychique - anxiété-vérification - phobie sociale etc.

Figure 2 - Evaluation d’un trouble du langage ancien.

savoir si on double des lettres et écrire les mots pour avoir un retour visuel - ou d’orthographe).

QUOI ? Il faut demander très sommairement quels secteurs du langage semblent affectés : • pour parler ; • pour comprendre (on peut préciser : y-a-t-il des mots dont vous avez perdu le sens ?) ; • pour écrire ; • pour lire, etc.

Repères en Gériatrie • Septembre 2013 • vol. 15 • numéro 128

DEPUIS QUAND ? Il faut isoler trois situations 1. la plainte est aiguë (elle évoque plutôt un problème vasculaire et n’est pas évoquée dans ce dossier) ; 2. la plainte est récente (et insidieuse) (Fig. 1) ; 3. la plainte est ancienne « mais ne s’arrange pas » ou « se modifie ».

Les difficultés anciennes Les difficultés anciennes dans le domaine du langage doivent être systématiquement recherchées (Fig. 2).

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