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Entretien

Comment prendre en charge l’ostéoporose après 80 ans ? Entretien avec le Pr Patrice Fardellone n Le point sur la prise en charge de l’ostéoporose après 80 ans, avec le Pr Patrice Fardellone (Chef du service de Rhumatologie au CHU d’Amiens), de la prévention des chutes ou de l’administration préventive de calcium et de vitamine D, aux médicaments anti-ostéoporotiques les plus adaptés dans cette population gériatrique.

Dr Michel Bodin : Professeur Fardellone, nous souhaiterions évoquer avec vous les modalités du traitement de l’ostéoporose chez la personne âgée de plus de 80 ans, et de l’intérêt dans ce cas de la supplémentation en calcium et vitamine D. Pr Patrice Fardellone : Après 80 ans, l’ostéoporose peut être considérée comme grave en raison de ses conséquences, au premier rang desquelles se situe probablement la fracture du col fémoral. Elle est certainement la plus coûteuse en termes de santé publique. D’après les dernières recommandations du GRIO, elle mérite d’être classée parmi les fractures sévères, dans la mesure où elle induit une diminution de l’espérance de vie : après une fracture de hanche surviennent dans l’année qui suit 20 à 25 % de décès, dont 15 à 17 % sont directement attribuables à l’accident. On sait depuis peu que ce risque de surmortalité persiste jusqu’à 10 ans après l’accident, en raison de très importantes séquelles, aussi bien motrices que psychologiques ; la survenue de la fracture chez des sujets fragilisés augmente encore ce risque. Eviter dans toute la mesure du possible la fracture chez le sujet âgé est donc impératif, et, dans ce contexte, la gestion du risque de chute est très difficile, mais essentielle. Plusieurs tests permettent de dépister les sujets chuteurs, le plus simple consistant à mettre le sujet en appui monopodal. La survenue d’une chute durant la dernière année nécessite, selon le GRIO, la pratique d’une densitométrie et la mise en route immédiate d’un traitement. Rééducateurs et gériatres doivent être mobilisés pour enseigner aux malades les conduites d’évitement des chutes. Les causes de chute peuvent être multiples, d’origine iatrogène par exemple, ou liées à une patholo140

Propos recueillis par le Dr Michel Bodin, rhumatologue

gie intercurrente. Plus le sujet chute, plus il risque de se fracturer ; or une immobilisation prolongée est un facteur d’entretien, voire d’aggravation de l’ostéoporose…

M.B. : Et donc, on tombe dans le piège d’un véritable cercle vicieux… P.F. : Certainement. Dans ces circonstances, le rôle de la nutrition n’est pas à négliger : l’apport de calories et de protéines doit intervenir immédiatement après la chute, ou rapidement dans la phase postopératoire : plusieurs études ont montré clairement que la renutrition précoce d’un sujet réduit de manière significative le risque de mortalité, la durée du séjour en milieu hospitalier, le nombre de complications, la survenue des escarres. L’idéal serait que les malades puissent conserver une bonne autonomie, ce qui est loin d’être le cas en raison des séquelles de la fracture, et du « syndrome postchute » : le sujet déjà tombé garde le souvenir de son accident et cherche à réduire considérablement son activité. Sa masse musculaire se détruit progressivement en raison de l’immobilité, la moindre tentative de reprise de quelques pas pouvant alors se solder par une nouvelle fracture.

M.B. : Comment peut-on aider le patient à sortir de cette spirale infernale ? P.F. : La vitamine D est connue pour avoir une incidence favorable sur la réduction du risque de chute et du risque de fracture périphérique, et c’est le seul domaine où ont été réalisés des essais thérapeutiques contrôlés. Repères en Gériatrie • Septembre 2013 • vol. 15 • numéro 128


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