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UNE Étude d’intérêt

Médecins généralistes Et personnes âgées dépendantes n

Peu d’études et d’enquêtes se sont penchées sur la place du médecin généraliste dans

la prise en charge des personnes âgées et des Personnes âgées dépendantes (PAD). Une enquête réalisée auprès de quatre échantillons de médecins généralistes par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), publiée en février (1), apporte un éclairage chiffré sur le rôle de ces praticiens.

Les généralistes, prépondérant dans la prise en charge des PAD L’enquête Handicap-Santé avait révélé que les PAD, dans leur grande majorité (98 %) font appel à un Médecin généraliste (MG) au moins une fois dans l’année. Et 95 % des généralistes déclarent avoir dans leur patientèle au moins une PAD. Pour 40 % d’entre eux, ils en suivent au moins 20, la moyenne étant de 21 PAD suivies.

breux à posséder des diplômes en gériatrie (13 % des hommes contre 8 % des femmes), ainsi qu’à suivre des FMC portant sur les patients âgés, bien que ce soit assez largement répandu parmi l’ensemble des MG : 3 sur 4 en ont suivi une, principalement sur la maladie d’Alzheimer et sur la polymédication. Seuls 25 % ont assité à une session sur la maltraitance des sujets âgés.

Des consultations particulières

Les médecins exerçant en zone rurale sont davantage au contact des PAD : la probabilité qu’ils suivent au moins 20 personnes âgées dépendantes est 2,2 fois supérieure à celle des praticiens exerçant en zone urbaine. Cela s’explique en partie par une moins grande présence médicale dans les zones rurales.

Alors que pour la population générale, les visites à domicile ne représentent que 12 % des consultations, l’enquête de la DREES révèle que ce chiffre est de 35 % pour les plus de 70 ans et passe à 84 % pour les PAD. Cette proportion augmente en fonction de la sévérité de la dépendance.

Ce sont davantage de médecins hommes que femmes qui s’occupent de cette population. Ils sont d’ailleurs plus nom-

Autre aspect de ces consultations, les MG doivent s’adresser principalement à l’accompagnant plutôt qu’au patient

Repères en Gériatrie • Mars 2014 • vol. 16 • numéro 132

lui-même dans 15 % des visites à domicile et dans 25 % des consultations en cabinet, souvent en raison de déficiences cognitives et/ou comportementales des patients. La durée de consultation est plus importante pour les PAD que pour la population générale (25 min à domicile et 23 min en cabinet vs une moyenne nationale de 18 min). L’enquête note une plus grande durée de consultations des MG femmes (29 min vs 24 min). Les types de consultations des PAD concernent, dans une large majorité des cas (73 %), des pathologies chroniques stabilisées, le reste étant des poussées aiguës de maladies chroniques (14 % des cas) ou des infections aiguës (12 %).

Quels outils utilisent les généralistes ? Le questionnaire demandait aux médecins d’indiquer leur 49


UNE ÉTUDE d’intérêt

utilisation des différents outils mis à leur disposition pour mesurer la dépendance des patients âgés qu’ils voient en consultation. Leurs réponses montrent que près d’un praticien sur trois ne les utilise pas. Un quart dit les utiliser « toujours » ou « souvent ». Le recours à ces outils est deux fois plus fréquent chez les médecins ayant un diplôme en gériatrie ainsi que chez ceux qui sont membres d’un réseau gérontologique ou coordinateurs d’EHPAD. L’évaluation du risque de chute n’est pratiquée que par un MG sur deux, plus souvent lorsque les patients âgés vivent seuls ou sont en situation précaire. Lorsque les PAD ont un risque de chute, 75 % des médecins leur apportent des conseils nutritionnels pour y pallier, et 69 % des MG recherchent des facteurs iatrogènes. Seuls 5 % des médecins proposent à leurs patients de participer à un atelier de prévention des chutes. Ils sont néanmoins deux tiers à les orienter vers un kinésithérapeute.

Prescripteurs de soins à domicile Soins infirmiers Parmi les patients âgés et dépendants vus par les médecins, 43 % bénéficient de soins infirmiers à domicile au moins une fois par semaine. Les généralistes sont, pour la moitié des cas, à l’origine de la mise en place d’un cahier de liaison permettant de coordonner les soins à domicile chez la PAD, en particulier lorsque les situations sont les plus complexes (précarité…). Trois MG sur cinq déclarent appeler les 50

proches et les aidants pour s’assurer de la continuité des soins.

auquel appartient la dernière PAD vivant à domicile vue.

Aide domestique

Ceci souligne que les praticiens n’ont pas uniquement une mission médicale, mais aussi sociale et environnementale, en particulier auprès de cette population fragile.

Parmi les dernières PAD vivant à domicile vues par les praticiens interrogés, ils estiment que 85 % d’entre elles ont besoin d’une aide pour la réalisation des tâches domestiques. Dans 8 cas sur 10, une aide à domicile a été engagée, et dans un cas sur deux, l’entourage se charge d’aider la PAD. Ce sont bien souvent les généralistes qui sont à l’origine de la mise en place du service d’aide en conseillant à l’entourage de les contacter (50 % des cas) ou en les contactant directement (16 % des cas).

Soins d’hygiène Ces patients ont souvent besoin d’aide pour l’hygiène et la toilette, soins réalisés principalement par les infirmiers libéraux et par les aides à domicile, et assurés parfois par plusieurs professionnels se relayant. Le MG est à l’origine de la mise en place de ces aides dans 92 % des cas, une fois sur deux à la demande des proches de la personne âgée.

Financement Les généralistes ont un rôle également dans la demande de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) : 9 médecins sur 10 ont dû rédiger un certificat médical au cours du dernier trimestre pour une demande d’APA, mais seulement 15 % d’entre eux sont allés réaliser une évaluation au domicile de la PAD à la demande du Conseil général. Un praticien sur deux dit ne pas avoir été formé à l’utilisation de la grille AGGIR et 30 % d’entre eux ne connaissent pas le Groupe iso-ressources (GIR)

Conclusion Les résultats de l’enquête montrent l’importance du rôle des généralistes auprès des personnes âgées dépendantes vivant à domicile. Huit médecins sur dix pensent que l’une de leurs missions est de s’impliquer dans la concertation entre les professionnels de l’aide et du soin et de repérer les problèmes d’accessibilité au sein du logement. Une grande majorité (90 %) estiment qu’une meilleure coordination entre eux, les services hospitaliers et les intervenants à domicile serait bénéfique pour une bonne prise en charge des PAD. Ils sont 82 % à être prêts à réaliser la coordination des interventions de soins et d’aide aux PAD, sous réserve (pour la moitié d’entre eux) de recevoir une rémunération en échange. n Cécile Pinault

Mots-clés : Personnes âgées dépendantes, Médecin généraliste, DREES, Prise en charge, Maintien à domicile, Aide

Bibliographie 1. Buyck JF, Casteran-Sacreste B, Cavillon M et al. La prise en charge en médecine générale des personnes âgées dépendantes vivant à domicile. DREES, Études et résultats n° 869, Février 2014.

Repères en Gériatrie • Mars 2014 • vol. 16 • numéro 132


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