Ne159 p230a231

Page 1

spécial AAN - 2e partie

sommeil

Syndrome des jambes sans repos idiopathique, ou maladie d’Ekbom Nouveautés sur la prise en charge n Le score IRLS peut être un bon indice de l’amélioration des symptômes du SJSR. Une étude pilote suggère que le traitement par stimulation transcutanée anodale serait efficace sur les symptômes sensitivomoteurs. Un traitement dopaminergique pourrait améliorer le bruxisme des patients ; à confirmer...

Comment évaluer l’effet des traitements sur la sévérité des symptômes ?

Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est une maladie difficile à évaluer du fait de l’hétérogénéité des symptômes, de leur sévérité et de leurs conséquences. L’échelle IRLS est une échelle permettant d’en évaluer la sévérité. Les auteurs de cette étude ont essayé d’utiliser le score IRLS pour déterminer des critères plus objectifs d’amélioration significative des symptômes. Pour cela, ils ont réanalysé une étude européenne ayant évalué l’efficacité de la rotigotine en comparaison à un traitement placebo. Dans cette étude, le score IRLS était de -13,2 ± 10 chez les patients ayant reçu 1 mg de rotigotine, -15,6 ± 9,6 chez les patients ayant reçu 2 mg et -16,1 ± 10,9 chez les patients ayant reçu 3 mg. Chez les patients ayant reçu du placebo, l’évolution du score IRLS était de -8 ± 9,7. * Service de Neurophysiologie Clinique, CHRU de Lille

230

Philippe Derambure*

Trois cent sept patients avaient participé à cette étude et les résultats du score IRLS ont été analysés en fonction de l’effet ressenti par le patient sur l’importance de ses symptômes (score CGI : amélioration minime, importante ou très importante). Cela a montré qu’une diminution du score IRLS de plus de 6 points apparaissait significative, les patients ressentant une amélioration importante ou très importante. Ces résultats confirment que le score IRLS peut être un bon indice de l’amélioration des symptômes du SJSR [1, 2].

Efficacité d’un traitement par stimulation transcutanée spinale

Le SJSR est souvent associé à une augmentation de l’excitabilité médullaire. La stimulation par courant continu transcutané (tsDCS, transcutaneous direct) est une nouvelle méthode non invasive et sans douleur de modulation de l’excitabilité médullaire.

Une étude pilote [3] a été réalisée chez 20 patients présentant un SJSR et 14 sujets contrôles. Tous les participants ont reçu une session de stimulation cathodale, anodale ou SHAM (placebo) au niveau médullaire thoracique pendant 15 minutes (2,5 mA ; 0,056 mA/cm2). Pour évaluer l’excitabilité médullaire, l’analyse du reflexe H a été utilisée. Le ration Hmax/Mmax, et le rapport H2/H1 de 2 stimulations à 7 différents intervalles de temps ont été déterminés. Ces paramètres ont été mesurés avant l’application du courant transcutané médullaire et 30 minutes après. Les patients présentant un SJSR avaient un rapport H2/H1 significativement augmenté pendant les périodes où les symptômes étaient les plus ressentis (surtout la période vespérale), par rapport aux sujets contrôles. L’application d’un courant par stimulation anodale entraînait une diminution du rapport H2/H1 pour les intervalles 0,2 et 0,3 seconde, corrélée avec une amélioration des symptômes du SJSR, rapportée par les patients sur une échelle analogique. L’application d’un courant par stimulation cathodale entraîNeurologies • Juin 2013 • vol. 16 • numéro 159


sommeil nait aussi une diminution des symptômes, mais moins nette, et le rapport H2/H1 n’était pas significativement modifié. La stimulation SHAM n’entraînait pas d’amélioration et ne modifiait pas le rapport H2/H1. Cette étude suggère que le traitement par stimulation transcutanée anodale pourrait s’avérer efficace sur les symptômes sensitivomoteurs dans la maladie d’Ekbom. Les données neurophysiologiques apportent des informations très objectives sur la physiopathologie des troubles sensorimoteurs.

Bruxisme et syndrome des jambes sans repos : efficacité du traitement dopaminergique

Le bruxisme est un mouvement

involontaire fréquent de cause inconnue, affectant environ 10 % de la population. Le bruxisme est responsable d’insomnie et de troubles orthodontiques. Il n’y a pas actuellent de traitement médicamenteux. Seul les traitements par “gouttière” permettent de diminuer le risque de complications dentaires. Une étude [4] s’est intéressée à l’association fréquente du bruxisme au SJSR. Sur les 312 patients présentant un SJSR suivis, 127 (41 %) reconnaissaient avoir eu à un moment un bruxisme. Parmi ces patients, 54 ont vu leurs symptômes de SJSR améliorés par un traitement par agoniste dopaminergique. Sur les 54, 48 (85 %) ont vu leur bruxisme être également amélioré par ce traitement dopaminergique.

spécial AAN - 2e partie Les résultats de cette étude suggèrent une association forte entre SJSR et bruxisme. L’efficacité des traitements dopaminergiques sur le bruxisme des patients présentant un SJSR doit être confirmée par une étude en n double aveugle. Correspondance Pr Philippe Derambure CHRU de Lille E-mail : philippe-derambure@chru-lille.fr

Mots-clés : Sommeil, Syndrome des jambes sans repos, Score IRLS, Stimulation transcutanée anodale, Bruxisme, Médicaments dopaminergiques

Bibliographie 1. Kohnen R et al. Determination of the minimal clinically important improvement in IRLS total score in patients with moderate to severe restless legs syndrome treated with rotigotine transdermal system: a post hoc analysis from a 6-month placebo-controlled European study. 66th AAN Meeting, San Diego, March 16-23, 2013 : P02.056. 2. Ondo W et al. Minimal clinically important improvement in IRLS total score in patients with restless legs syndrome: a post-hoc analysis from a 6-month placebo-controlled US-based study with rotigotine transdermal

system. 66th AAN Meeting, San Diego, March 16-23, 2013 : P02.059. 3. Heide AC et al. Is transcutaneous spinal direct current stimulation efficient in symptomatic treatment of patients with idiopathic restless legs syndrome? 66th AAN Meeting, San Diego, March 16-23, 2013 : P02.060. 4. Dickoff D et al. Bruxism associated with restless limbs syndrome (RLS): a dopamine responsive movement disorder. 66th AAN Meeting, San Diego, March 16-23, 2013 : P02.063

• En bref Sommeil : utilisation d’un traitement par mélatonine chez des patients hospitalisés en unité de soins intensifs Le sommeil est perturbé chez les patients hospitalisés en unité de soins intensifs. Il a été montré que ces patients ont un déficit en production de mélatonine qui peut induire une diminution du temps de sommeil. Le niveau de lumière et de bruit est aussi une cause de sommeil fragmenté chez les patients hospitalisés dans les unités de soins intensifs. Une étude s’est intéressée à l’utilisation d’un traitement par mélatonine chez ce type de patients, associé à des mesures prises pour limiter l’effet de la lumière et du bruit. Elle a consisté à étudier le sommeil chez

des patients suivis par monitoring EEG continu. Douze patients ont été évalués : chez 6 patients, un traitement par mélatonine était introduit, associé à la pause d’un casque limitant le bruit environnant et un masque oculaire limitant la lumière ; les 6 autres patients n’ont pas reçu de mélatonine ni bénéficié d’un casque anti-bruit ou d’un masque limitant la lumière. Aucune différence significative ne fut observée entre les deux groupes. Philippe Derambure (CHRU de LIlle)

Référence : Foreman B et al. Light & noise reduction to improve sleep in the neurological intensive care unit. 66th AAN Meeting, San Diego, March 16-23, 2013 : P01.025.

Neurologies • Juin 2013 • vol. 16 • numéro 159

231


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.