les aphasies
3 Exploration des troubles
du langage
Evaluer les dimensions linguistique, neuropsychologique et pragmatique n Afin de pointer les troubles phasiques, une évaluation approfondie est nécessaire. Les outils sont nombreux et concernent plusieurs dimensions (linguistique, neuropsychologique et pragmatique). Une distinction peut être réalisée entre l’évaluation du langage, qui met en exergue les déficits linguistiques, et l’évaluation de la communication, qui cherche à mettre en évidence un éventuel handicap pour communiquer.
Quelques règles générales
L’évaluation du langage du sujet aphasique doit être rigoureuse. Suite à la passation, il convient d’établir une cotation quantitative, avec des scores, mais aussi qualitative, en analysant le type d’erreurs, en mettant en évidence les modes de facilitation… L’examinateur, face à ces données recueillies, doit être prudent quant à leur interprétation. Celui-ci ne peut se contenter de dire que le patient échoue à une épreuve de désignation par exemple, sans se préoccuper de déterminer si cet échec est en lien avec le déficit de la fonction linguistique testée ou du canal sensoriel utilisé pour évaluer cette fonction. Ainsi, l’examinateur doit s’interroger face à un échec et mettre en évidence un éventuel déficit de perception visuelle, auditive, d’un trouble de compréhension. *Unité de Neuropsychologie-CM2R, Service de Neurologie, CHU Nord, Saint-Etienne
Neurologies • Septembre 2013 • vol. 16 • numéro 160
La plupart des épreuves sont normalisées et se réfèrent à un modèle théorique. En effet, la description symptomatologique est mise en relation avec un modèle psycholinguistique afin d’identifier la nature du déficit sous-jacent. Plusieurs modèles théoriques existent, comme le modèle de Hillis et Caramazza, ou encore des modèles plus spécifiques de production du langage oral comme le modèle connexionniste de Dell ou le modèle sériel de Levelt. L’examinateur se doit de les connaître afin de réaliser une interprétation cognitive des résultats obtenus la plus rigoureuse possible. Enfin, il est primordial de garder à l’esprit que les résultats aux différentes épreuves seront mis en relation à partir d’une analyse transversale, dans un but de recherche du niveau de fonctionnement altéré. Il ne s’agit donc pas de considérer les déficits de compréhension, de répétition… de façon isolée mais de faire des liens entre les résultats aux différentes épreuves.
Sandrine Basaglia-Pappas*
Avant tout, une anamnèse est indispensable. En effet, l’examinateur doit recueillir un grand nombre d’informations concernant le patient. Elles concernent : les données générales (l’âge de survenue des troubles, la latéralisation manuelle, le niveau de scolarisation, le niveau de pratique de la langue écrite), les troubles associés à l’aphasie, le terrain psychoaffectif… Il s’agit en quelque sorte d’un entretien dirigé. Il existe divers outils d’évaluation (Tab. 1). Certains vont permettre une approche globale, qui a pour but de réaliser un bilan général, global des troubles phasiques, et d’autres auront une approche spécifique. D’autres outils permettent d’évaluer les déficits de manière analytique ou de manière fonctionnelle en évaluant le handicap. Il est important de ne pas changer d’outil d’évaluation tout au long du suivi du patient pour valider longitudinalement les progrès et stagnations. Ainsi après un entretien dirigé et un examen clinique approfondi, 257