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En pratique Soins de support

Place du fer injectable en cancérologie Intérêt des différentes formulations Dr Thierry Landré*, Dr Claire Peloso**

Introduction L’anémie liée au cancer est fréquente et souvent multifactorielle. Elle participe de façon importante à la fatigue des patients et à l’altération de leur qualité de vie. Pour corriger l’anémie chimio-induite, il existe deux grandes options thérapeutiques : le recours aux transfusions sanguines et/ou l’utilisation d’agents stimulant l’érythropoïèse (ASE ou Epo). Les Epo permettent d’augmenter durablement le taux d’hémoglobine, d’améliorer la qualité de vie des patients et de diminuer le recours aux transfusions sanguines. Il semble que cette prise en charge puisse encore être améliorée en y ajoutant la prévention et le traitement de la carence martiale. La mise sur le marché de préparations de fer injectable permet d’y contribuer.

Anémie et cancer

L’anémie est très fréquente chez les patients qui souffrent d’un cancer. Pour certaines tumeurs, on retrouve jusqu’à 75 % de malades ayant un taux d’hémoglobine inférieur à 12 g/dl. Les causes d’anémie sont multiples, liées à la fois à la maladie en elle-même et à son traitement (Fig. 1). La cause la plus fréquente des anémies est la carence en fer. Le métabolisme du fer est régulé par une hormone synthétisée par le foie, l’hepcidine, qui contrôle l’absorption intestinale et la réutilisation du fer par le système réticuloendothélial. Le fer de l’organisme (environ 3 à 5 g au total chez l’adulte) est échangé entre différents com*Unité de coordination en onco-gériatrie (UCOG 93), Hôpitaux universitaires de Paris-Seine-St-Denis (APHP) **Service de pharmacie, Hôpital René-Muret, Hôpitaux universitaires de Paris-Seine-St-Denis (APHP)

onko + • Mai 2013 • vol. 5 • numéro 39

partiments : le fer associé à l’hème (70 %) qui est contenu dans les érythrocytes (globules rouges), la ferritine (20 %) qui est une protéine permettant le stockage du fer, et la transferrine (10 %) qui assure le transport du fer au niveau plasmatique. • Le dosage de la ferritine plasmatique est le reflet des réserves tissulaires mobilisables. • Le dosage de la transferrine permet de calculer le coefficient de saturation CsTRF (normalement de 30 %). On parle de carence martiale lorsque le fer sérique, la ferritine et le coefficient de saturation de la transferrine sont abaissés. à noter que dans les anémies inflammatoires associées à une carence martiale, la ferritine peut être augmentée.

Les conséquences immédiates de l’anémie pour le patient sont une asthénie importante, une altération de la qualité de vie et une moindre efficacité des traitements anticancéreux. C’est pourquoi la place des soins de support est primordiale.

Traitement de l’anémie et supplémentation en fer

Selon les situations, la transfusion sanguine et/ou l’utilisation d’agents stimulant l’érythropoïèse (Epo) sont des traitements de l’anémie. En cas d’anémie associée à une carence martiale, la supplémentation en fer est la première option thérapeutique. Une supplémentation en fer a pour objectif de limiter le recours aux Epo, de majorer l’amélioration symptomatique des patients et d’éviter des non-réponses au traitement par Epo. La prise en charge de l’anémie par carence martiale repose idéalement sur un traitement substitutif de fer par voie orale. Mais la toxicité gastro-intestinale du fer par voie orale concerne près de 50 % des patients. L’absorption digestive est limitée (10 à 20 % de la dose) et la durée de traitement doit être longue pour restaurer les réserves en fer de l’organisme. Ces inconvénients associés à la supplémentation en fer par voie orale conduisent à considérer l’utilisation du fer par voie injectable. 81


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