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relation médecin-patient

La consultation d’annonce en unité d’oncologie médicale Le gage d’une bonne prise en charge Dr Zoher Merad-Boudia*

Introduction

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ous nous devons de développer très tôt une réflexion multidisciplinaire autour du traitement du cancer avec le souci permanent d’améliorer la prise en charge de nos patients et d’évaluer nos pratiques professionnelles. D’ailleurs, c’est la Haute autorité de santé (HAS) qui est garante de cette excellence. Cette dernière valide ou non les démarches d’amélioration en termes de prise en charge du cancer et les démarches obligatoires permettant de gratifier les établissements d’un label au tra-

* Chef de Service Cancérologie, Clinique mutualiste Eugène-André, Lyon.

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© nyul / Fotolia

Nos pratiques en termes de prise en charge du cancer depuis la création de L’INCa (Institut national du cancer) ont été bouleversées. Plus aucun établissement, ni aucun praticien, ne peut d’une façon isolée prétendre pouvoir s’occuper de cette pathologie lourde sans discuter du dossier du patient avec l’ensemble des professionnels de santé afin de dégager la prise en charge la plus adéquate et surtout collégiale, quitte à demander un second avis ou le recours à d’autres compétences dans d’autres institutions de santé.

vers d’une certification. Comme recommandé par l’INCa et le Plan Cancer, une consultation d’annonce spécialement dédiée au cancer doit être organisée dans chaque établissement de santé prenant en charge des pathologies cancéreuses. C’est d’ailleurs la mesure phare et emblématique du Plan Cancer (mesure 40) depuis sa création (1-4).

Le dispositif Le dispositif d’annonce du cancer doit permettre à chaque malade d’avoir de meilleures conditions d’annonce de sa maladie en lui faisant bénéficier :

• d’un temps médical dédié à l’annonce de la maladie et des propositions de traitement ; • d’un temps d’accompagnement soignant (par une infirmière coordonnatrice), permettant d’identifier et de remédier aux différentes problématiques médico-sociales qui peuvent venir se greffer et compliquer la prise en charge médicale ; • d’un accès à des compétences en soins de support faisant appel aux différents corps de métier hospitalier (psychologue, kinésithérapeute, diététicienne...) ; • d’un temps d’information du médecin traitant en facilitant les échanges, le dialogue et la conceronko + • Septembre 2013 • vol. 5 • numéro 40


La consultation d’annonce en unité d’oncologie médicale

tation afin d’éviter la coupure “ville-hôpital” dont souffre avant tout le patient.

L’annonce en deux temps La première consultation Cette consultation longue et spécifique, dédiée à l’annonce du diagnostic, est réalisée par un médecin acteur du traitement oncologique. Notre organisation de soins s’est vue complètement transformée avec la création de plages horaires spéciales. Une “consultation infirmière” est déjà mise en place. Elle permet la reformulation des éléments diagnostiques et du plan de traitement. C’est un moment fort de la relation de confiance entre soignants et patients car elle permet de renforcer la prise en charge globale des patients. • Quels sont les buts de cette consultation ? La première consultation d’annonce permet d’informer le patient sur sa maladie et les alternatives thérapeutiques. Elle favorise aussi un dialogue autour de cette information tout en respectant le poids de celle-ci et les émotions qu’elle peut susciter. De plus, les conditions psychologiques et sociales qui constituent le quotidien du patient seront identifiées. Le patient est également prévenu que son dossier va être présenté en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). à la fin de cette première consultation, un rendez-vous rapide est fixé pour la seconde consultation.

L’importante seconde consultation Le patient est revu après la RCP pour lui proposer une stratégie onko + • Septembre 2013 • vol. 5 • numéro 40

thérapeutique et lui remettre un Programme personnalisé de soins (PPS). Cela lui garantit que la stratégie proposée s’appuie sur des protocoles validés, choisis en concertation entre plusieurs professionnels de spécialités différentes impliqués dans le diagnostic et le traitement de son cancer. L’information de cette stratégie doit porter sur les alternatives thérapeutiques, leurs risques immédiats ou à distance et leur pronostic. • Quel est donc l’intérêt pour le patient ? Compte tenu de l’information donnée et de l’accès à son dossier, le patient peut prendre les décisions concernant sa santé y compris après un délai de réflexion et/ ou la prise d’un second avis s’il le souhaite. De plus, cette consultation doit expliciter les différentes phases du traitement établi et proposer en sus de la prise en charge cancérologique, une prise en charge spécifique sociale ou de support si le patient le désire. Ces éléments sont formalisés et remis au patient, c’est ce qui constitue son PPS, le médecin traitant devant également être informé dans les plus brefs délais.

Dans la pratique Il s’agit là d’un schéma idéal qui devra être adapté à chaque situation, en particulier au cas où le patient est déjà informé de sa maladie (volontairement ou non) à la suite d’un acte diagnostique. Il faut alors réaliser une “ré-annonce” ou un complément d’annonce après s’être enquis de ce que sait le patient et de ce qu’il veut avoir comme éclaircissement.

• Dans quels autres cas envisager cette consultation d’annonce ? Elle doit être envisagée dans les cas de récidives ou de reprises évolutives après guérison ou rémission, mais aussi lorsqu’il est proposé au patient de participer à un essai thérapeutique, ou dans le cas où le patient veut prendre un second avis. Dans ce dernier cas, il est essentiel de s’informer sur la totalité du dossier et des recommandations déjà faites pour éviter de mettre le patient dans une situation de doute non justifiée.

Conclusion Globalement, ce nouveau dispositif, qu’est la consultation d’annonce en cancérologie, engendre une implication plus forte de toute l’équipe soignante ainsi qu’une plus grande mobilisation et sensibilisation des médecins. Indéniablement cette consultation a amélioré la prise en charge des patients cancéreux dans leur globalité. n

Mots-clés : Consultation d’annonce, Programme personnalisé de soins, Réunion de concertation pluridisciplinaire

Bibliographie 1. Circulaire N°DHOS/SDO/2005/101 du 22 février 2005 relative à l’organisation des soins en cancérologie. 2. Décret N°2007-388 du 21 mars 2007 relatif aux conditions d’implantation applicables à l’activité de soins de traitement du cancer et modifiant le code de la santé publique (dispositions réglementaires). 3. INCa, Ligue contre le cancer. Recommandations nationales pour la mise en œuvre du dispositif d’annonce du cancer dans les établissements de santé. Novembre 2005. 4. Ministère du travail, de l’emploi et de la santé. Plan cancer 2009-2013 annoncé par le président de la République le 9 novembre 2009.

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