LE POINT SUR Thorax
Les formes histologiques des cancers des sinus SpÊcificitÊs cliniques et thÊrapeutiques Q La symptomatologie des cancers des sinus et des fosses nasales peut rester longtemps aspÊcifique. Leur faible frÊquence et leur grande diversitÊ histologique rendent complexe la rÊalisation de rÊfÊrentiels thÊrapeutiques. Une exposition professionnelle est à rechercher de manière systÊmatique afin de permettre leur reconnaissance en maladie professionnelle.
GÉNÉRALITÉS ÉPIDÉMIOLOGIE Les cancers des sinus et des fosses nasales reprÊsentent 2 à 3 % des cancers des voies aÊro-digestives supÊrieures (1). En France, leur taux d’incidence varie suivant les rÊgions entre 0,8 et 1,2 nouveau cas pour 100 000 habitants et par an (2). La diversitÊ des types histologiques associÊe à leur faible incidence rend difficile l’inclusion de ces tumeurs dans des Êtudes prospectives. La rÊalisation de rÊfÊrentiels thÊrapeutiques consensuels est donc complexe. Une exposition professionnelle est à rechercher systÊmatiquement quel que soit le type histologique. Ainsi, l’ensemble des cancers du massif facial peut être reconnu comme maladie professionnelle en cas d’exposition professionnelle prolongÊe aux tanins (bois et cuir) et au nickel, selon les critères du tableau 37-ter des maladies professionnelles (3).
PRÉSENTATION CLINIQUE D’UNE TUMEUR SINUSIENNE Ces tumeurs sont classiquement de dÊcouverte tardive en raison du caractère aspÊcifique des symptômes qu’elles occasionnent. * ORL et chirurgie cervico-faciale, Institut Gustave-Roussy, Paris
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Les manifestations rhinologiques sont les plus frÊquentes, avec au premier plan l’obstruction nasale et l’Êpistaxis. Le caractère unilatÊral d’une symptomatologie rhinologique doit toujours faire Êvoquer une pathologie tumorale jusqu’à preuve du contraire. La prÊsence d’adÊnopathies cervicales au diagnostic est rare. Certains signes cliniques objectivent une lÊsion localement avancÊe telle qu’une atteinte ophtalmologique (exophtalmie, paralysie oculomotrice, œdème palpÊbral), neurologique (atteinte du V) ou un trismus (envahissement de la fosse infratemporale).
BILAN D’EXTENSION On rÊalise systÊmatiquement un scanner du massif facial et cervico-thoracique avec injection pour prÊciser l’atteinte osseuse et la prÊsence d’Êventuelles mÊtastases ganglionnaires ou pulmonaires. Une IRM avec injection complète le scanner en prÊcisant l’extension aux tissus mous, au contenu orbitaire et à l’encÊphale. L’IRM permet Êgalement de distinguer le caractère tissulaire ou liquidien d’un comblement sinusien afin de mieux apprÊcier le volume tumoral. C’est cependant la biopsie endonasale, rÊalisÊe sous contrôle endoscopique (sous anesthÊsie locale
Dr Antoine Moya-Plana*
ou gÊnÊrale en fonction de l’accessibilitÊ de la lÊsion) qui permet de poser le diagnostic (Tab. 1). L’Êchantillon doit être adressÊ à l’Êtat frais au service d’anatomopathologie.
FORMES HISTOLOGIQUES CARCINOME ÉPIDERMO�DE Tumeur maligne la plus frÊquente au niveau nasosinusien, le carcinome Êpidermoïde se dÊveloppe à partir de la muqueuse cylindrique respiratoire ayant subi une mÊtaplasie malpighienne. L’âge moyen de survenue est de 60 ans et le sex ratio est de deux hommes pour une femme. L’association forte avec l’exposition au nickel et aux tanins (bois et cuir) en fait une maladie professionnelle reconnue. Il n’y a pas de rôle dÊmontrÊ des facteurs de risque classiques que sont le tabac et l’alcool. On notera par ailleurs, que le papillome inversÊ, tumeur bÊnigne (0,5 à 4 % des tumeurs nasosinusiennes), dÊgÊnère en carcinome Êpidermoïde dans 10 % des cas. La localisation la plus frÊquente est maxillaire, suivie par les fosses nasales, l’ethmoïde et le sphÊnoïde. Les signes cliniques sont aspÊcifiques, avec des manifestations rhinologiques au premier plan. Un envahissement ganglionnaire est onKo + t 0DUPCSF t WPM t OVNšSP