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N°100 RETOUR SUR 8 ANS D’ÉVOLUTIONS

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Actualité

22 C’est, en millions, le nombre de Français touchés par l’insuffisance veineuse. Selon l’étude Vein Consult, une personne sur deux n’oserait pourtant pas aborder le sujet lors d’une consultation médicale, et l’âge de la première consultation spécifique n’aurait lieu qu’à 47 ans en moyenne.

A

Concurrence. Le circuit du médicament dans le viseur

fin d’identifier les ententes et les pratiques anticoncurrentielles dans le secteur pharmaceutique, l’Autorité de la concurrence (ADLC) a lancé le 26 février une enquête sectorielle sur la chaîne du médicament. S’agissant des laboratoires pharmaceutiques, l’ADLC s’intéressera en tout premier lieu à la concurrence des génériques pour les médicaments dont les brevets arrivent bientôt à expiration, mais également à l’application des quotas aux exportations et à la marge sur la vente des médicaments remboursables aux officines, aux ventes directes et aux relations commerciales avec les grossistes-répartiteurs. À l’issue de cette étude, l’ADLC pourrait formuler des recommandations, notamment sur les mécanismes à mettre en œuvre pour prévenir les pratiques visant à retarder ou entraver l’arrivée des génériques sur le marché. •

5 raisons

1 2 3 4 5

de lire ce numéro

Dans notre grande rétrospective, vous retrouverez les faits qui ont marqué la profession depuis la naissance de Pharma. Souvenirs, souvenirs… pour huit années qui ont vu éclore un nouvel modèle officinal. (p. 27) « Frémissements chez les pharmaciens avec le projet de loi HPST adopté le 18 mars 2009. En octobre, Roselyne Bachelot annonce que “l’article 38 est le socle sur lequel nous allons pouvoir construire”. » Que faites-vous face aux prescriptions hors AMM ? Voilà la question que nous vous avons posée… résultats dans notre observatoire des pharmaciens (p. 14) et mise au point (p. 41) « Le hors AMM n’est pas sans riques, l’affaire du Mediator utilisé comme coupe-faim nous le rappelle. » Des pharmaciens proactifs, motivés, créatifs, impliqués… et surtout innovants ! Vous en découvrirez huit dans notre dossier spécial innovations à l’officine. Avec autant de pistes que vous pourrez explorer dans votre exercice quotidien. (p. 20) « Soit nous vendions pour rebondir ailleurs, soit nous restions auprès de notre clientèle, à laquelle nous sommes très attachés. C’est la solution que nous avons choisie. » Votre équipe est-elle au point sur la dispensation des lecteurs de glycémie ? Toute l’équipe ? Avec notre procédure, vous serez sûr que tous vos clients recevront la même information et des conseils optimisés. Un indispensable du comptoir ! (p. 57) « Expliquer au patient la fonction mémoire de son appareil, ainsi que les fonctions de transfert vers un ordinateur ou un smartphone si elles existent. » Pour être au top de vos connaissances sans avoir à quitter l’officine, pourquoi ne pas opter (en plus de la lecture de votre revue Pharma !) pour une formation en e-learning ? (p. 36) « Internet permet un accès permanent et convivial à la formation. Et contrairement aux idées reçues, le e-learning n’exclut pas le formateur ! »

télex Du cannabis bientôt dans votre pharmacie ? À en croire Le Monde, un médicament à base de dérivés du cannabis utilisé pour soulager les patients atteints de sclérose en plaques pourrait se retrouver dans les officines françaises. À la demande de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, l’Agence du médicament va prochainement étudier le dossier de ce produit, déjà disponible dans la plupart des pays européens. « Cependant, note le quotidien, la modification d’un décret qui interdit l’utilisation des dérivés de cannabis à visée thérapeutique est nécessaire. » Pollens, le retour Avec la montée des températures, les pollens refont leur apparition. Cyprès et noisetiers ont ouvert le bal, avec un risque maximal sur le pourtour méditerranéen pour le cyprès, et sur tout le territoire métropolitain pour le noisetier. Il est temps pour vos patients allergiques de ressortir leurs antihistaminiques ! Plus d’infos sur www.pollens.fr Le secret du champion ? Les champions de foot aussi prennent soin de leurs jambes : à Manchester, l’attaquant du Real Madrid Christiano Ronaldo arborait une belle paire de bas jarrets blancs. Preuve que la compression médicale entre dans les mœurs et ose s’afficher au grand jour. Un conseil toutefois, Christiano : aujourd’hui on trouve des modèles bien plus élégants et un grand choix de couleurs… passez donc à la pharmacie ! Un diplôme « Management de l’officine » à l’EM Strasbourg L’École de management (EM) de Strasbourg lance, à la rentrée 2013, un nouveau diplôme « Management de l’officine » en partenariat avec la faculté de pharmacie de la ville et le conseil régional de l’Ordre. Ce diplôme s’adresse aux jeunes diplômés en pharmacie ou ayant moins de trois ans d’expérience professionnelle qui souhaitent valoriser une double compétence. La formation à temps partiel est dispensée au rythme de trois jours tous les quinze jours sur trois mois, soit 144 heures théoriques.

mars 2013 - Pharma N°100• 3


Actualité

6es Rencontres de l’Officine. Ils l’ont dit aux Rencontres

« On représente 15 % de la dépense, et on contribue à l’économie à hauteur de 50 %. Estce bien normal ? » Françoise Daligault, présidente de l’UNPF « Comment changer de modèle économique, quand on est sur une économie dégradée ? Doucement, sans urgence ! » Gilles Bonnefond, président de l’USPO, « Il est tout à fait possible pour la majorité des pharmacies de recevoir 20 personnes, deux fois par an, pour des entretiens pharmaceutiques de 20 minutes. Je ne suis pas pessimiste » Philippe Gaertner, président de la FSPF

« Si on supprime la coopération commerciale, ce sont 2, 3, 4 fois plus de pharmacies qui vont au tapis » Philippe Becker, expert-comptable « Quand une maison de santé pluridisciplinaire s’installe dans un canton, les médecins y sont attirés. Et ils ont raison de vouloir travailler comme ça. Mais la pharmacie d’à côté prospère et la plus éloignée périclite » Jean-Jacques Zambrowski, directeur d’enseignement, service de droit, économie de la santé Université Paris Descartes

« On n’attend pas du pharmacien qu’il soit un discounter, mais qu’il joue son rôle de professionnel de santé qui s’inscrit dans le soin de premier recours » Thierry Barthelmé, président de l’Utip

« Quand vous managez une équipe, vous êtes dépendant de celle-ci. Comme un entraineur sur son banc, vous l’avez entrainée mais c’est elle qui joue. Vous perdez le pouvoir, vous récupérez les responsabilités ». Stephan Laclare, consultant senior et chef de projet performance, motivation et management au CRECI

68

39 183

C’est, en pourcentage, la réduction du risque de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DM LA) obtenue grâce à la prise d’acide docosahéxaéonique (DHA), lors de l’étude NAT 2 (centre hospitalier intercommunal Créteil)

4 • Pharma N°100 - mars 2013

C’est le nombre de personnes dialysées en France. Le pays compte 31 139 porteurs d’un greffon rénal et 9 030 patients en attente d’une greffe de rein. Au total, 3 millions d’individus souffrent d’une maladie rénale.

télex La lutte continue Face aux attaques répétées de Leclerc contre le monopole pharmaceutique, les pharmaciens ne désarment pas. Des vidéos parodiant la dernière publicité télévisée (visibles par exemple sur youtube) circulent sur internet, et le groupe PHR organise de son côté une campagne intitulée « Mensonges ! » dont le kit de communication inclut des affiches, des tracts à distribuer aux clients et un courrier destiné aux élus que les pharmaciens peuvent envoyer. Coup dur pour les médecines douces ? L’Académie de médecine s’est penchée sur les médecines « complémentaires », afin d’établir objectivement leurs bénéfices. Elle a choisi de se concentrer sur quatre méthodes introduites à l’hôpital par l’AP-HP : l’acupuncture, la médecin manuelle (ostéopathie et chiropraxie), l’hypnose et le tai-chi. Si l’Académie précise que ces méthodes ne peuvent être considérées comme une alternative à la médecine traditionnelle, elle leur reconnaît toutefois une certaine efficacité, documentée, dans des indications précises. Saines lectures Envie de vous changer les idées ? Voici quelques ouvrages sélectionnés par la rédaction. Aux éditions de La Martinière, dans la magnifique collection de l’Université Paris Descartes, Une histoire des médecins populaires fait suite à Une histoire de la pharmacie. La nutritionniste et endocrinologue Paule Nathan, avec qui nous avons eu le plaisir de collaborer, propose son Guide de sagesse alimentaire (L’œuvre éditions). Laurent Schwartz et Jean-Paul Brighelli livrent une intéressante réflexion sur la maladie et sa prise en charge dans Cancer, guérir tous les malades ? (Hugo&Cie). Et parce que la santé est tellement liée à ce qu’on mange, pourquoi ne pas fondre pour les 70 recettes végétaliennes d’Eva Theytaz (Editions Favre SA) ? Un beau livre et des recettes garanties 100 % « éthique et chic » !


Actualité

C

Formation. Biogaran et l’Essec lancent un cursus « Management de l’officine »

4,5

es deux là n’en sont pas à leur coup d’essai. Forts de leur partenariat initié en 2008 dans le domaine de la santé, le laboratoire Biogaran et l’Essec renforcent leurs liens en élaborant une nouvelle formation à destination des officinaux : les cursus Essec – Management de l’officine. Depuis mars dernier, les pharmaciens inscrits peuvent choisir à la carte un cursus parmi trois thématiques : optimisation des comptes

officinaux, politique marketing de l’officine et management de l’équipe. Chaque cursus, de trois journées par an, aura lieu sur le site de l’Essec au Cnit / La Défense. Chaque session se limite à 30 participants, afin de privilégier l’interactivité et les échanges transversaux. Au final, ce sont plus de 300 pharmaciens qui pourront suivre à la carte la formation de leur choix. •

43

886 000

C’est le nombre de nouveaux médicaments ou associations de médicaments ayant été autorisés ou ayant reçu une opinion favorable du Comité européen des médicaments à usage humain en 2012, soit deux de plus qu’en 2011.

C’est le nombre de téléspectateurs qui ont suivi le magazine Les infiltrés sur France 2 le 22 février dernier. Celui-ci était consacré aux laboratoires pharmaceutiques. L’émission, diffusée à 22 h 30, n’a séduit que 6,4 % du public.

« La décision du Conseil d’État d’élargir la vente en ligne à l’ensemble des médicaments en libre accès donne malheureusement une piètre image de la pharmacie d’officine. L’effet déjà constaté est d’inciter la grande distribution à revendiquer à nouveau le commerce des médicaments, ce que certains n’ont pas hésité à faire dès le lendemain de la décision du Conseil d’État. » Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral FO Pharmacie télex Le Baromètre qualité de la Cerp Rouen La Cerp Rouen vient de lancer un nouveau dispositif d’accompagnement afin d’optimiser la gestion du back-office. Son nom ? Le Baromètre qualité organisation (BQO). Composé d’une boîte à outils et d’un audit, il permet au pharmacien de mesurer les performances organisationnelles de sa pharmacie et d’identifier les différentes marges de progression possibles.

Le sondage pharma/Celtipharm La profession évolue-t-elle ? • La mise en place des entretiens

pharmaceutiques est la première réalisation concrète de la Convention pharmaceutique. Est-ce… ?

• Insuffisant • Encourageant • Affligeant

34 % 58 % 8 %

• Les négociations avec l’Assurance maladie sont toujours en cours. Selon vous, vont-elles aboutir à l’instauration de nouveaux modes de rémunération ? • Oui • Non

Étude réalisée par le département gestion de call center de Celtipharm sur un échantillon représentatif stratifié de 400 officines françaises sélectionnées dans sa base de données (du 7 au 20 février 2013).

6 • Pharma N°100 - mars 2013

61 % 39 %

C’est, en pourcentage, la croissance des remboursements des soins de ville pour les douze derniers mois. Cette progression résulte des phénomènes épidémiques particulièrement présents en ce début d’année Source : RSI (Régime social des indépendants)

ça se prépare ˕˕ Du 23 au 30 mars Semaine nationale du rein Elle sera l’occasion de sensibiliser le grand public à l’insuffisance rénale chronique, et de mener des campagnes de dépistage (protéinurie et hématurie au moyen de bandelettes urinaires) dans de nombreux établissements de santé. www.semainedurein.fr ˕˕ 30 et 31 mai 3es journées de l’Agence de biomédecine Elles se tiendront à l’université Paris-Descartes et aborderont l’actualité du prélèvement et de la greffe d’organes, de cellules et de tissus, mais aussi l’assistance médicale à la procréation ou l’embryologie humaine. Inscriptions sur : http://journees-agencebiomedecine.fr/

« J’ai conscience qu’il existe un soupçon de conflit entre l’activité promotionnelle qui est celle des visiteurs médicaux, et leurs responsabilités en termes d’information et de pharmacovigilance. » Hervé Gisserot, président du Leem


Actualité

télex Suspicion sur les statines Avec la sortie de son livre La vérité sur le cholestérol, le Pr Even lance un nouveau pavé dans la mare. Remettant en cause la différence entre bon et mauvais cholestérol, son rôle dans les maladies cardiovasculaires ou l’intérêt des statines, Philippe Even signe un nouvel ouvrage polémique. Les réactions n’ont pas tardé et l’Académie de médecine a tenu à diffuser un avertissement rappelant que « la mise en évidence dans toutes les populations de l’association des maladies cardiovasculaires à la concentration dans le sang des lipoprotéines qui transportent le cholestérol est l’une des plus grandes découvertes unanimement reconnues de l’épidémiologie contemporaine mondiale ». L’Académie recommande ainsi « d’éviter tout arrêt d’une prescription de statine surveillée régulièrement par le médecin traitant et le pharmacien ».

8 • Pharma N°97 - décembre 2012

L

Pansements. Changement des conditions de prise en charge

’arrêté du 16 juillet 2010 relatif à la modification de la procédure d’inscription et des conditions de prise en charge des articles pour pansements inscrits à la LPP introduit plusieurs changements. Ainsi, à compter du 1er avril 2013, l’inscription sous description générique (par exemple « hydrocellulaire », « alginate », « hydrofibre »…) est réservée aux pansements exempts de composants ou substances ajoutés possédant

P

une propriété, revendiquée ou connue, de type pharmacologique ou biologique. Tout pansement incorporant ce type de composant (tels le charbon actif ou l’argent) devra être inscrit sous nom de marque ou nom commercial. En pratique, à la fin de ce mois de mars, plusieurs références ne seront plus remboursées, à moins que le laboratoire concerné n’ait demandé – et obtenu – le remboursement spécifiquement. •

Autorégulation. Le Codeem fait le bilan

remier bilan en demi-teinte pour le Comité de déonto­vigilance de l’industrie pharmaceutique (Codeem). Créé en septembre 2011 par le Leem (Les entreprises du médicament), le Codeem n’a été saisi que pour deux demandes de sanction au cours de l’année écoulée. Visiblement, l’autorégulation des pratiques professionnelles de l’industrie a encore du chemin à parcourir. « Le pari de l’autorégulation est un pari ambitieux, donc nécessairement difficile », observe Yves Medina, président du comité. Parmi les

bons points, le Codeem a engagé en 2012 un programme de formation aux règles déontologiques. Celui-ci s’adresse tout particulièrement aux petites et moyennes entreprises, qui ne peuvent pas toujours assurer un suivi des dispositions déontologiques professionnelles. La modernisation de la visite médicale, le renforcement des relations entreprises / associations de patients ou l’actualisation de la charte régissant les rapports entre le Leem et la presse médicale seront certains des chantiers qui mobiliseront le Codeem en 2013. •


Actualité

Techno Vu sur Android Ne vous étonnez pas si vous voyez des client scanner les codes barres de vos produits de para, ils ont sans doute téléchargé Noteo. Cette appli gratuite (également disponible sur App Store), qui « note » 45 000 produits, dont des produits d’hygiène et de beauté, donne accès à une évaluation établie selon quatre critères : santé, environnement, social et budget. Vu sur App Store Univers Pharmacie vient de lancer l’application Votre Suivi Santé, qui permet au patient d’archiver toutes ses données médicales. Imaginée par des pharmaciens pour faciliter la gestion des parcours médicaux de la famille, Votre Suivi Santé propose également au patient d’envoyer directement ses ordonnances aux pharmacies participantes. Tarif : 0,89 e

@

Vu sur le Net Plus ergonomique, plus accessible, plus riche en contenus, le portail d’Alphega (www.alphegapharmacie.fr) fait peau neuve et comprend pour la première fois un espace dédié aux patients. L’internaute y trouvera des informations pratiques, un relais des opérations du réseau ou encore un outil de géolocalisation pour repérer les pharmacies Alphega les plus proches de son domicile.

à l’étranger Portugal

Après Toulon, Béziers ? L’université Fernando Pessoa, établissement portugais installé dans le Var et délivrant des diplômes reconnus en Europe (dont celui de pharmacien, permettant d’exercer en France), songerait à ouvrir une deuxième école sur le sol français. Si le maire de Béziers se réjouit de la perspective, l’annonce déclenche une nouvelle levée de boucliers, notamment parce que le passage par cette école portugaise permet de s’affranchir du numerus clausus. États-Unis

Vu sur Twitter Les 6es Rencontres de l’officine, c’était aussi sur Twitter ! Depuis les salles, entre congressistes ou avec la rédaction, ça a bien gazouillé… Un follower résumait pour nous : « @RevuePharma très belles rencontres ! Ateliers intéressants ! Orateurs passionnés et passionnants ! » On approuve !

télex DPC : les orientations 2013 sont parues (JO du 2 mars) Elles concernent notamment l’amélioration de la prise en charge ou l’implication des professionnels de santé dans la qualité et la sécurité des soins.

Un adolescent américain de 16 ans a mis au point un test sanguin qui permet de dépister le cancer du pancréas. Le test coûte trois centimes de dollar, prend quelques minutes et serait fiable à 100 % selon le jeune homme, qui poursuit désormais ses recherches à l’université Johns-Hopkins, à Baltimore. Sa découverte lui a valu le Grand Prix 2012 de l’Intel International Science and Engineering Fair.

20 à 25

C’est, en pourcentage, la baisse des prix décidée par les pouvoirs publics pour les médicaments génériques les plus vendus en 2012.

décembre 2012 - Pharma N°97 • 9


N° 100 - mars 2013 - Cahier 1 socio-pro

rétrospective

20 Dossier Maison de santé, réseaux, numérique… tour d’horizon des pratiques innovantes en officine 26 Génération manager La mise en place d’un plan de formation annuel 27 Rétrospective Pharma fête son 100e numéro. Que s’est-il passé durant les huit ans d’existence de votre revue ? 36 Qualité Le e-learning en sept illustrations concrètes 39 Back-office Les données informatiques de santé sont-elles à l’abri ? 58 Cabinet de curiosité Charles II d’Espagne, victime du syndrome de Klinefelter

thérapeutique

retour sur 100 numéros de pharma

41 Formation Zoom sur les prescriptions hors AMM 45 Conseil associé « Je n’arrête pas de tousser » 46 Au comptoir Les formes galéniques particulières

Directeur de la publication : Antoine Lolivier Directrice du développement et de la publicité : Valérie Belbenoit Directeur de la rédaction : Antoine Lolivier Rédactrice en chef : Amélie Baumann-Thiriez Rédacteur en chef adjoint : Olivier Valcke Chef de studio et mise en page : Laurent Flin Secrétaires de rédaction : Vincent Béclin, Rachel Laskar Rédacteurs pour ce numéro : Guénolé Aubert, Julien Boyer, Géraldine Dupuis, Anne Fellmann, Marie-Hélène Gauthey, Laetitia Leclercq, Rose Perrier, Richard Trèves Directrice de production et de fabrication : Gracia Bejjani Assistante de production : Cécile Jeannin Publicité : Emmanuelle Annasse, Aurélie Barnier, Valérie Belbenoit, Catherine Colsenet, Philippe Fuzellier, élodie Leblond Service abonnements : Claire Lesaint Photogravure et impression : Imprimerie de Compiègne, 60205 Compiègne Pharma est une publication © Expressions Pharma 2, rue de la Roquette - Passage du Cheval-Blanc Cour de Mai - 75011 Paris Pour nous joindre : courrierpharma@expressiongroupe.fr Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax : 01 49 29 29 19 RCS Paris B481 690 105 Commission paritaire : 0317 T 86202 ISSN : 2101-4752 - Mensuel Comité de rédaction et de lecture : Claude Arnoldi : pharmacien ; Irène Bakal : pharmacienne ; Anne Baron : pharmacienne ; Françoise Beaunier-Daligault : pharmacienne ; Catherine Boyer : pharmacienne ; Patricia Daligault : pharmacienne ; Damien Galtier : diététicien ; Emilie Lecorps : pharmacienne ; Aude Lepoutre : gastro-entérologue ; Philippe Lesieur : psychiatre ; Mme Maury : pharmacienne ; Marguerite Mouilleseaux : pharmacienne ; Elizabeth Muller : pharmacienne ; Pascal Poncelet : cardiologue ; Sylvie Rosenzweig : pharmacienne (réseau douleur-soins palliatifs) ; Gilles Traisnel : cardiologue ; Mr Vanpoulle : pharmacien.

10 • Pharma N°100 - mars 2013

49 Molécule au microscope Le vemurafenib (Zelboraf ) sort de la réserve hospitalière

actualité 12 Entretien Thierry Barthelmé, président de l’Utip : « Le DPC ne doit pas être une obligation, mais un choix » 14 L’observatoire des pharmaciens Comment réagissez-vous face au hors AMM ? 16 Lu pour vous Sélection d’articles parus dans la presse scientifique internationale 18 Reportage 6es Rencontres de l’officine : un succès qui s’affirme

57 Doc pratique La délivrance d’un lecteur de glycémie en pratique

Gammes 50 Dermo-cosmétique Gros plan sur l’hygiène du tout-petit 52 Matériel et soins Pansements : quelle technologie pour quelle plaie ? 54 Nouveaux produits Médicaments, conseil et parapharmacie, zoom sur les dernières innovations des laboratoires

Retrouvez le bulletin d’abonnement en page 56 Cette publication comporte deux cahiers : cahier 1 (60 pages) et cahier 2 « Spécial transactions » (6 pages). Assemblés à cette publication : deux bulletins d’abonnement (2 et 4 pages). En couverture : illustrations © Antoine Orry


édito Il n’existe rien de constant, si ce n’est Par Amélie Baumann-Thiriez, rédactrice en chef le changement*

I

l était une fois une pharmacienne lilloise qui eut l’idée un peu folle de proposer une revue nouvelle pour ses confrères. Parce qu’elle avait envie d’un ton différent, d’articles proches de son exercice au comptoir, de formations et d’informations pratiques. Il était une fois un médecin parisien, patron de presse scientifique, qui releva le défi… Ainsi naquit la revue Pharma, portée sur les fonts baptismaux et officinaux en mars 2005. Du thérapeutique, du socio-pro, une touche d’humour et pas mal d’audace : telle était la recette initiale de cette petite nouvelle de la presse officinale. Et puis très vite, le vent s’est levé, des mutations se sont amorcées et l’évidence s’est imposée : la pharmacie était en train de changer. Chez Pharma, nous avons toujours considéré que notre rôle n’était pas

de vous donner notre avis sur ces changements. Ni leaders d’opinion, ni politiques, nous avons toujours eu a cœur de vous informer objectivement,

Être pour ou contre n’a plus de sens quand la transformation est inéluctable, seule compte la capacité à évoluer. en donnant la parole à tous les camps et à un maximum d’interlocuteurs. Mais au-delà de ce devoir d’information, nous avons voulu vous donner les clés

pour vous adapter. Parce qu’il ne sert pas à grand-chose de comprendre les changements si on n’est pas capable de les embrasser. Être pour ou contre n’a plus de sens quand la transformation est inéluctable, seule compte la capacité à évoluer. Il était cent fois Pharma, une revue qui en cent numéros a décrypté la pharmacie d’hier, d’aujourd’hui et, nous l’espérons, préparé l’officine de demain. Ce numéro anniversaire reste fidèle à nos engagements initiaux : pratique, à l’affût des innovations, proche du comptoir, proche de vous. Il est aussi l’occasion de remercier nos auteurs, nos partenaires, nos équipes, et vous, nos lecteurs. Longue vie à Pharma, puissions-nous fêter ensemble le numéro 1000 ! * Bouddha.


Entretien

Rencontre avec… Thierry Barthelmé

« Le DPC ne doit pas être une obligation, mais un choix » Pharma. Le développement professionnel continu (DPC) est entré en vigueur le 1er janvier. Comment jugez-vous cette obligation de formation ? Thierry Barthelmé. Je suis un président heureux. L’Utip (Union technique inter­ pharmaceutique) a beaucoup travaillé en amont pour que la mise en œuvre du DPC ne soit plus qu’une formalité le jour J. Anticiper, agir pour progres­ ser, c’est d’ailleurs notre devise. Nous ne pouvons que nous féliciter d’un dé­ ploiement du DPC en toute sérénité. Les organismes de formation n’ont pas été les seuls à anticiper cette obliga­ tion : les pharmaciens ont également pris les devants. Notre mission n’était pas seulement de travailler sur l’obliga­ tion de mise en place au 1er janvier, mais aussi de la traduire en actes pratiques. Aujourd’hui, il y a une réelle maîtrise des enjeux du DPC, une véritable prise de conscience de la profession. Les pharmaciens sont prêts. Mieux, ils sont demandeurs de ce nouveau mode de formation. La forte mobilisation depuis le 2 janvier autour des actions de for­ mation montre bien qu’ils s’impliquent dans le DPC, et l’Utip s’investit avec et pour eux. Donc, mission accomplie pour cette mise en place, qui n’est que le début d’un bouleversement de nos pra­ tiques. Tout reste à construire ! La mise en place des entretiens pharmaceutiques a-t-elle été un facteur de cette mobilisation ? Il est indéniable qu’avec la mise en place des entretiens pharmaceutiques

12 • Pharma N°100 - mars 2013

©© d.r.

Contrainte annuelle pour les pharmaciens et préparateurs depuis le 1er janvier, le DPC représente un défi pour la profession. Pour le président de l’Utip, l’adhésion à cette obligation de formation ne fait aucun doute.

du patient sous AVK, les pharmaciens sont demandeurs d’informations scien­ tifiques ciblées. Ces entretiens com­ mencent avec une classe thérapeutique relativement complexe, qui nécessite une formation adaptée. Cela néces­ site également une approche compor­ tementale différente avec le patient. L’entretien pharmaceutique renforce en effet le rôle de conseil, d’éducation et de prévention auprès des patients. Il

faut donc s’assurer que le pharmacien acquiert une dimension pédagogique indispensable. Comment l’Utip compte-t-il accompagner les pharmaciens dans la mise en œuvre du DPC ? Association d’intérêt général, l’Utip possède deux filiales pour accompa­ gner les pharmaciens dans leur forma­ tion : Utip Innovations et Form’Utip.


Mission accomplie pour cette mise en place, qui n’est que le début d’un bouleversement de nos pratiques. La première s’adresse aux titulaires et adjoints, tandis que la seconde est davantage axée vers l’ensemble de l’équipe. Les deux entités ont une ap­ proche complémentaire, collabora­ tive et coopérative, sont d’ancienneté différente mais remplissent un même objectif : accompagner les pharmaciens et les membres de l’équipe dans leur dé­ marche de formation. Les pharmaciens semblent davantage enclins à se former. Le traditionnel « pas le temps » serait-il en voie d’extinction ? Avez-vous perçu un changement de comportement ? Je m’inscris en faux par rapport à cette rumeur qui veut que le pharmacien n’ait pas le temps… Le pharmacien est prêt, il est même demandeur de for­ mations. Depuis l’instauration de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), son métier n’a cessé d’évoluer, de s’enrichir… Le pharmacien et ses col­ laborateurs n’ont pas attendu le DPC pour se former. Ils suivaient des forma­ tions avant le DPC et poursuivront avec lui. Un exemple : lors de notre congrès, en octobre dernier à Lille, Utip Inno­ vations a formé, en une journée, près de 320 pharmaciens sur le suivi des patients sous anticoagulants oraux et leur a donné la possibilité de valider leur obligation de DPC. Entre janvier et février 2013, 1 300 pharmaciens ont été formés sur les entretiens pharma­ ceutiques. Un dernier chiffre : plus de 5 000 pharmaciens et préparateurs ont

Cahier transactions

été formés en 2012 par Form’Utip. La demande est donc bien réelle ! Vous évoquez la formation continue conventionnelle. Qu’est-ce qui change avec le DPC ? La problématique est différente. La transition de la formation continue conventionnelle (FCC) vers le DPC a, au début, suscité quelques inquiétudes du fait de son caractère obligatoire. Il n’en demeure pas moins que le DPC s’inscrit, comme la FCC, dans une dé­ marche permanente. Et je tiens ici à rassurer l’ensemble de la profession : face à cette « obligation imposée » du DPC, nous mettons tout en œuvre pour transformer cette contrainte en libre choix. Notre objectif ? Faire oublier au pharmacien que le DPC est une obli­ gation ! La nouveauté se situe au ni­ veau des standards de formation. On demande désormais aux pharmaciens d’intégrer des règles, des normes de for­ mation standard par rapport à l’attente des patients. La valeur ajoutée du DPC réside dans l’évaluation des pratiques en amont, pour mesurer l’écart par rap­ port aux standards attendus. Après la formation, une deuxième évaluation porte sur les acquis de compétence. En résumé, le DPC comporte l’analyse, par les professionnels, de leurs pratiques professionnelles ainsi que l’acquisition ou l’approfondissement de connais­ sances ou compétences. L’obligation de formation impose aux pharmaciens d’évaluer leurs pratiques. Nombre

en chiffres

Form’Utip • Organisme de formation créé en 2000 • Plus de 500 actions de formation en 2012 • Plus de 5 000 pharmaciens et préparateurs formés • Plus de 9 000 journées stagiaires • 40 thèmes • 60 villes Utip Innovations • Organisme de formation créé en 2010 • 2011 : 9 thèmes, 135 stages et 1 655 pharmaciens formés • 2012 : 15 thèmes, 234 stages et 3 100 pharmaciens formés • Objectif 2013 : 6 000 pharmaciens à former

d’entre eux ne s’étaient jamais posé la question de savoir s’ils exerçaient bien leur métier, si leurs pratiques pou­ vaient être améliorées. Or, avec cette obligation, les pharmaciens vont dé­ buter une démarche d’introspection, d’auto-­évaluation de leurs pratiques. N’y a-t-il pas un clivage entre le titulaire et le reste de l’équipe officinale au niveau des formations ? Je ne crois pas que le titulaire soit plus enclin que ses adjoints et préparateurs à la formation. Nous constatons une véritable appétence pour les forma­ tions, une mobilisation sans précédent de toute la profession. La formation continue ne date pas d’hier. Déjà, à la faculté, les pharmaciens sont sensibi­ lisés à cette démarche d’amélioration continue et de mise à jour des connais­ sances. Le titulaire est responsable de la formation de ses collaborateurs et, loin d’entraver leur désir de formation, il l’encourage, bien conscient que la for­ mation de l’équipe est une chance pour la pharmacie. Elle concourt au dévelop­ pement et à la diversification des ser­ vices. Elle encourage l’autonomie des uns, la valorisation des autres. De plus, l’apprentissage de compétences génère une complémentarité au niveau de l’or­ ganisation de la pharmacie. Quels sont vos objectifs de formation pour 2013 ? Concernant le suivi des patients sous anticoagulants oraux, nous espérons former 3 000 pharmaciens d’ici mai. De manière plus générale, avec nos entités Form’Utip et Utip Innovations, nous espérons doubler notre objectif de for­ mation en 2013. Utip Innovations se fixe d’ailleurs l’objectif d’accompagner 6 000 pharmaciens dans leur démarche DPC, de l’inscription à la validation. Propos recueillis par Olivier Valcke

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L’observatoire des pharmaciens

>> Que faites-vous du hors AMM ? Les prescriptions hors AMM représenteraient 20 à 25 % de la totalité des prescriptions. Cette question de santé publique, au carrefour de nombreuses problématiques juridiques, est récurrente au comptoir. Par Olivier Valcke

• Voyez-vous passer beaucoup de prescriptions hors AMM ? 60 50

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• Quelle est votre attitude face à une telle prescription ?

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Une vigilance accrue mais pas de refus La prescription hors AMM est autorisée en France, comme dans les autres pays de l’Union européenne. Le pharmacien a, de son côté, la liberté d’en refuser la délivrance. Mais cela ne semble pas être le scénario que vous privilégiez : face à une telle prescription, vous préférez redoubler de vigilance ou appeler le prescripteur. Seule une minorité refuse la délivrance du médicament.


• Pour vous, les prescriptions hors AMM, c’est… 59% 60

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Les médecins montrés du doigt C’est la faute aux toubibs ! Pour une majorité de titulaires, les prescriptions hors AMM sont une liberté que prennent les médecins, voire, pour 21 %, une ordonnance de complaisance envers le patient. Rappelons tout de même que la prescription hors AMM peut être un recours en l’absence d’autres options thérapeutiques, en particulier dans le cadre de spécialités pédiatriques (voir aussi notre dossier p. 41).

• Selon vous, un encadrement plus rigoureux de ces ordonnances est-il nécessaire ? 16%

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oui non ne se prononcent pas

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Les pharmaciens pour plus de sévérité Encadrer les prescriptions hors AMM, tel est le souhait de la profession. C’est également la voie suivie par la loi du 29 décembre 2011, relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé. Le texte indique que le praticien a désormais obligation de préciser sur l’ordonnance la mention « Prescription hors autorisation de mise sur le marché » et doit motiver sa prescription par écrit dans le dossier médical du patient.

Témoignages « Il serait bon que la Sécurité sociale surveille réellement les prescriptions de certains médecins. Au risque de se retrouver avec une nouvelle affaire Diane ou Mediator si ce n’est pas fait correctement… » Titulaire dans le Puy-de-Dôme (63)

« Pour pouvoir évaluer si les médicaments prescrits sont hors AMM, il faudrait connaître la pathologie du patient avec certitude. Aujourd’hui, on interprète l’ordonnance pour en déduire le problème du malade. » Titulaire dans les Deux-Sèvres (79)

« Le pharmacien est un professionnel du médicament. Il peut conseiller et informer, mais ce n’est pas lui qui peut empêcher les médecins de prescrire des traitements chers, hors AMM ! » Titulaire dans la Somme (80)

« La prescription hors AMM correspond souvent à des pratiques hospitalières validées par des staffs pluridisciplinaires. Il ne faut pas tout mélanger. » Titulaire dans la Vienne (86)

Méthodologie : 101 titulaires, 99 adjoints et 82 préparateurs interrogés entre le 8 et le 19 février 2013.

En partenariat avec


Lu pour vous

Revue de presse scientifique

Chaque mois, nous vous proposons une synthèse des articles marquants parus Par Julien Boyer, pharmacien hospitalier dans la presse spécialisée du monde entier.

En 2013, le cancer du poumon sera plus meurtrier que celui du sein European Cancer Mortality Predictions for the Year 2013

P

lus de 1,3 million de personnes vont mourir d’un cancer en 2013 dans les 27 pays de l’Union européenne. Parmi elles, 737 747 seront des hommes et 576 489 des femmes. Malgré des chiffres bruts en hausse par rapport à 2007, liés à l’augmentation de la population, les auteurs de cette étude italo-suisse indiquent que la mortalité par

tranche de 100 000 habitants décline. Toutefois, le cancer du poumon fait exception dans la population féminine : en 2013, il tuera 82 640 femmes (14 pour 100 000), soit une progression de 7 % par rapport à 2009. À l’inverse, dans la même période, l’incidence des décès par cancer du sein aura baissé de 7 % (14,6 pour 100 000). Dans deux ans, si ces tendances se confirment, le cancer du poumon représentera la première cause de décès par cancer chez les femmes en Europe. Cette réalité est déjà d’actualité au Royaume-Uni et en Pologne, où 21,2 et 17,5 femmes pour 100 000 décèdent d’un cancer du poumon chaque année. Les avancées thérapeutiques et un dépistage de plus en plus précoce expliquent la baisse de la mortalité par cancer du sein. Concernant l’augmentation du nombre de décès par cancer du poumon, l’explication est comportementale : en Europe, les jeunes femmes ont commencé à fumer à la fin des années 1960 et développent un cancer aujourd’hui. Néanmoins, les auteurs indiquent que de moins en moins de jeunes femmes commencent à fumer au Royaume-Uni et ailleurs en Europe. Le taux de mortalité par cancer du poumon pourrait donc s’équilibrer vers 2020 autour de 15 pour 100 000 femmes. • • Annals of Oncology, publication en ligne du 12 février 2013

La migraine accroît le risque d’hémorragie cérébrale Increased Risk of Hemorrhagic Stroke in Patients with Migraine: a Population-Based Cohort Study

L

es scientifiques ont déjà démontré que la migraine, en particulier avec aura, est associée à une augmentation du risque ischémique cérébral. En revanche, les études disponibles jusque-là évaluant le lien entre migraine et risque d’AVC hémorragique sont contradictoires. L’objectif de cette étude taïwanaise est donc d’apporter une réponse claire à cette hypothèse. Les auteurs ont réalisé une étude cas-témoins prospective sur deux ans, à partir des registres d’assurances de santé de Taïwan, couvrant quasiment toute la population. Ils ont inclus 20 925 migraineux, diagnostiqués par au moins deux visites médicales, et 104 625 témoins, appariés sur l’âge et le sexe. Lors de ces deux années, 113 migraineux (0,54 %) ont souffert d’une hémorragie cérébrale versus 255 témoins (0,24 %). Après ajustement sur les facteurs de risque vasculaires, notamment l’HTA et l’utilisation de traitements anticoagulants, le risque relatif de faire une hémorragie cérébrale est de 2,13 chez les migraineux (sans ou avec aura), avec une plus grande proportion d’hémorragie sous-arachnoïdienne. Cette vaste étude épidémiologique démontre donc un risque d’hémorragie cérébrale multiplié par deux quand on est migraineux. Notons toutefois l’absence de données sur le niveau

16 • Pharma N°100 - mars 2013

de consommation d’AINS, connus pour impacter le risque hémorragique gastro-intestinal et cérébral. • • PLoS One, vol. 8(1):e55253


S

i la cœlioscopie a montré depuis vingt ans de multiples avantages par rapport à la laparotomie (chirurgie ouverte), elle reste difficile pour certaines tumeurs du bas rectum. Un robot pourrait permettre une meilleure accessibilité au pelvis et obtenir de meilleurs résultats pour certains patients. Cette étude a analysé la littérature sur 18 études concernant la résection de cancers du rectum intra ou extrapéritonéal, soit 1 549 patients (âge moyen : 63 ans, IMC moyen : 25 kg/m²). Il y a eu au t­ otal 401 résections par cœlioscopie standard et 1 148 chirurgies assistées par le robot (473 résections par robot et 675 procédures associées avec cœlioscopie). Parmi ces 1 148 chirurgies, le taux de conversion vers une chirurgie ouverte est compris entre 1 et 7,3 %, essentiellement en cas de résection antérieure. Une étude a montré un taux de conversion de 19 % dans le groupe cœlioscopie versus 0 % dans le groupe robot avec une majorité de patients du groupe robot ayant un antécédent de chirurgie abdominale

ou une lésion basse. La durée opératoire est en moyenne de 228 min. en cœlioscopie et 290,5 min. dans le groupe robot, mais ce dernier temps diminue avec des équipes expérimentées. Les résultats d’exérèse carcinologique et la préservation de l’innervation autonome (analysée par le biais de l’étude des dysfonctions sexuelles) sont équivalents entre les deux techniques. En revanche, le coût de la chirurgie assistée par robot méthode est de 1,5 à 3 fois celui de la cœlioscopie. Dans leur discussion, les auteurs suggèrent que la chirurgie robotique rectale pourrait offrir de meilleurs résultats à court terme, en particulier lorsqu’elle est appliquée chez des patients sélectionnés. L’obésité, le sexe masculin, la radiothérapie pré-opératoire et des tumeurs dans les deux tiers inférieurs du rectum peuvent représenter des critères de sélection pour la chirurgie robotique permettant de justifier son coût plus élevé. • • Diseases of the Colon & Rectum, vol. 56(2):253-62

La stimulation cérébrale profonde bénéfique contre Parkinson Neurostimulation for Parkinson’s Disease with Early Motor Complications

C

ette maladie neurodégénérative frappe plus de 6 millions de personnes dans le monde, dont 150 000 en France. Depuis quelques années, la stimulation cérébrale profonde (SCP) peut être proposée. Entre 400 et 500 personnes sont opérées tous les ans dans l’Hexagone. Cette intervention neurochirurgicale consiste à implanter de fines électrodes permettant de stimuler une zone du cerveau profond.

L’étude Earlystim est la première grande étude multicentrique évaluant l’impact de la SCP chez des patients atteints de Parkinson avec des complications motrices précoces. Elle a suivi pendant deux ans 251 personnes de moins de 60 ans, atteintes de la maladie depuis sept ans en moyenne, dans dix-sept centres situés en Allemagne et en France. Toutes étaient sous traitement médicamenteux et divisées en deux groupes : stimulation + médicaments versus médicaments seuls. Les résultats démontrent une amélioration de 26 % de la qualité de vie et de 53 % des capacités motrices chez les patients traités par stimulation, contre une absence d’évolution chez ceux recevant uniquement le traitement. Ils prouvent que la stimulation cérébrale accroît la qualité de vie, même aux stades précoces de la maladie. Actuellement, ce protocole est principalement utilisé chez les patients atteints à un stade avancé, avec des complications motrices invalidantes induites par la lévodopa et ne pouvant plus être traitées avec succès par les seuls médicaments. • • New England Journal of Medecine, vol. 368(7):610-22

On savait que plus un homme marié participe aux tâches ménagères, plus il risque le divorce. Cette étude révèle qu’il a également moins de chances d’avoir des relations sexuelles. Ces résultats s’appuient sur une enquête menée auprès de 7 002 personnes. Les couples où l’homme participe davantage à des tâches « considérées comme masculines » font aussi état de rapports sexuels plus fréquents. Toutefois, refuser de participer aux tâches ménagères provoque des conflits dans le couple et l’insatisfaction des épouses. À bon entendeur… ȫȫ Am. Sociol Rev., vol. 78(1):26-50

ȵȵLa vitamine B9 réduit le risque d’autisme Une étude menée en Norvège a suivi 85 000 enfants, nés entre 2002 et 2008, dont la mère a pris ou non de la vitamine B9, ou acide folique. Elle démontre que prendre des compléments de vitamine B9 avant et au début de la grossesse réduit de près de 40 % le risque d’autisme du nouveau-né, confirmant ses vertus protectrices sur le cerveau des bébés à naître. ȫȫ JAMA, vol. 309(6): 570-7

ȵȵLe light favoriserait le diabète de type 2 Selon cette étude de l’Inserm portant sur 66 118 Françaises suivies pendant quatorze ans, la consommation de boissons « light » augmenterait le risque de diabète de type 2, et ce plus fortement encore que les boissons sucrées « classiques » : + 15 % pour 0,5 L bu par semaine et + 59 % pour 1,5 L. Les femmes qui boivent « light » sont généralement plus attirées par le sucre. Également en cause : l’aspartame, souvent utilisé dans ces boissons. Il engendrerait une hausse de la glycémie, et donc du taux d’insuline. ȫȫ American Society for Nutrition, publication en ligne du 30 janvier 2013

mars 2013 - Pharma N°100 • 17

©© RA2 studio – Fotolia, monkey business – fotolia, palto – istockphoto, PHOTOTAKE – PDSN – BSIP

Does Robotic Rectal Cancer Surgery Offer Improved Early Postoperative Outcomes

ȵȵFaire l’amour ou le ménage, il faut choisir

en bref

Le robot est-il intéressant pour la chirurgie du cancer rectal ?


Spécial Rencontres de l’officine

6es Rencontres de l’officine

Un succès qui s’affirme

Lors de cette 6e édition des Rencontres de l’officine, ce sont près de 1 800 pharmaciens qui ont assisté aux sessions et ateliers, arpenté la zone d’exposition ou pris part aux débats d’actualité en agora. Preuve s’il en était besoin que la formule des Rencontres, riche d’échanges, de dialogues, de formation et d’informations, a trouvé son public. • Assistance concentrée pour la session de Laurent Renucci, expert-comptable, consacrée à l’installation avec 50 k€ en poche.

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• Serge Carrier, Emmanuel Leroy, Christine Caminade, Didier Ammar, Isabelle Vasseur, Thierry Barthelmé et Joffrey Blondel.

• Décryptage des SPFPL lors de ce débat d’actualité.

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• Stand Planète Officine.

• Franck Vanneste, président de Giropharm.

• Françoise Daligault, présidente de l’UNPF.

• Philippe Becker, expert-comptable, directeur du département Pharmacie Fiducial.

• Auditoire attentif en agora.

• Philippe Gaertner, président de la FSPF et Martial Fraysse, Ordre national des pharmaciens

• Déjeuner-débat Astera.

Les présentations pointues, les orateurs passionnés, les professionnels et partenaires étaient légion pendant ce congrès à taille humaine, qui fait la part belle à l’interaction et aux rencontres. Toutes les sessions du parcours « Entretien pharmaceutique » ont fait salle comble, mais les parcours « Booster mon équipe » « Nouvelles technologies », « Rentabilité » ou « Étudiants » ont aussi su vous séduire. Nous vous remercions chaleureusement pour votre participation à ce beau succès, et vous donnons rendezvous en 2014 pour de nouvelles Rencontres !

• Stand LifeScan.

• Stand Biogaran.

• Stand de l’Anepf.

• Stand Orkyn’.

• Stand GTF.

• Sabine Safi et Cédric O’neil, 1001Pharmacies.com.

Stand Pierre Fabre. •

• Stand Groupe Charles Bastien Santé / SMA.

• Stand Nutribén.

• Débat d’actualité sur les nouveaux modes de rémunération.

Rendez-vous l’année prochaine pour les 7es Rencontres ! mars 2013 - Pharma N°100 • 19


Dossier « J’innove donc je suis »

« J’innove donc je suis » Si la convention propose de nouvelles missions aux pharmaciens, certains n’ont pas attendu le texte pour lancer des projets innovants. Petit tour d’horizon de pratiques originales qui préfigurent l’officine de demain. Dossier réalisé par Anne Fellmann

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« J’ai créé une maison de santé pluridisciplinaire »

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• Avec un client architecte, Olivier a conçu un bâtiment écologique hébergeant une dizaine de professionnels de santé.

n n’est jamais mieux servi que par soi-même. Pour pérenniser l’offre médicale d’Athée-surCher, village d’Indreet-Loire où il est installé depuis 1997, et accessoirement assurer la survie de son officine, Olivier Delaveau a pris une décision ingénieuse : construire, sur un terrain qu’il a acheté en face de sa pharmacie, une maison

de santé pluridisciplinaire. Y officient, depuis juillet 2011, trois jeunes médecins, un ostéopathe, une orthophoniste, une psychologue clinicienne, une sagefemme et deux infirmières. En attendant, il l’espère, la venue de spécialistes, absents du canton. L’idée lui est venue en 2006. « À cette époque, la population du village a commencé à connaître une croissance exponentielle, raconte-t-il. De plus en plus de familles faisaient le choix de venir vivre ici tout en travaillant à Tours, distante d’une petite vingtaine de kilomètres. Nous sommes passés de 1 800 habitants à près de 3 000. Dans le même temps, notre médecin généraliste, installée

L’exercice pluridisciplinaire et collégial est passionnant. Olivier Delaveau,

titulaire à Athée-sur-Cher (37)

depuis une trentaine d’années, se vouait corps et âme à son métier et je savais qu’il serait difficile de lui trouver un successeur prêt à reprendre une activité qui ne pouvait que s’intensifier. » Soutenu « logistiquement et intellectuellement » dans son projet par le maire, Olivier Delaveau, épaulé par l’un de ses clients architectes, conçoit un bâtiment écologique qu’il destine initialement à deux médecins. Petit à petit, d’autres professionnels de santé font connaître leur volonté de rejoindre le pôle, puis certains se désistent. « Comme la gestation a été assez longue, il y a eu pas mal d’échanges d’occupants », sourit le pharmacien. Ses efforts auront en tout cas été récompensés : « L’exercice pluridisciplinaire et collégial est passionnant. Nous partageons les mêmes aspirations : travailler ensemble et non pas les uns à côté des autres, casser les hiérarchies traditionnelles. » Séduite – et convaincue –, l’Agence régionale de santé (ARS) a récemment affecté à la maison de santé une secrétaire, présente tous les matins. •

« Nous avons construit notre pharmacie idéale »

D

ans un contexte qui évolue en permanence, il ne faut pas rester frileux ! » C’est ce credo qui a conduit Charles et Isabelle Thibous, installés depuis onze ans à Bacqueville-en-Caux, commune de 1 800 habitants de SeineMaritime, à troquer leur petite officine contre une surface plus vaste, avec un équipement moderne et fonctionnel. « Nous travaillions dans de mauvaises conditions, expliquent-ils. Notre structure était inadaptée au flux ; nous étions régulièrement obligés de recevoir des clients dans le back-office… L’alternative était simple : soit nous vendions pour rebondir ailleurs, soit nous restions auprès de notre clientèle, à laquelle nous

sommes très attachés. C’est la solution que nous avons choisie. » Le projet a mis trois ans à aboutir. Car il a fallu trouver un terrain, et surtout le maître d’œuvre qui saurait concrétiser leurs envies de locaux contemporains, respectueux de l’environnement, offrant confort et qualité de vie et d’usage.

Conçu par Atelier 970, le bâtiment est en ossature bois, un choix tout autant esthétique qu’écologique et économique. Au rez-de-chaussée, l’espace réservé à la clientèle a permis à l’architecte d’intérieur – en l’occurrence l’agence Mayelle – de travailler sans contrainte spatiale. À l’étage se trouvent un logement pour le pharmacien de garde, un bureau, une salle de réunion avec terrasse et une zone de stockage. Depuis novembre dernier, les époux Thibous et leurs huit collaborateurs revivent : « Tout a été travaillé pour éviter les pas inutiles et optimiser la qualité de notre exercice. La fluidité est optimale et, surtout, nous avons désormais les moyens et les outils pour remplir nos nouvelles missions. » •

mars 2013 - Pharma N°100 • 21


Dossier « J’innove donc je suis »

« Je travaille en réseau dans le sevrage tabagique »

L

es professionnels de santé et le sevrage tabagique : c’est en suivant cette formation Giropharm lancée en 2005 que Vincent Loubrieu, titulaire à Avrillé, dans le Maine-et-Loire, a, dit-il, « mordu à l’hameçon » et aussitôt mis en place des suivis personnalisés en recrutant, au comptoir, les candidats déterminés à

l’arrêt et les fumeurs hésitants. À l’issue de cinq ans de pratique, il décide d’aller plus loin et passe un DU de tabacologie pluridisciplinaire à la faculté d’Angers. « Seuls dans notre coin, notre action est un peu réduite », justifie-t-il. Très vite, il se rapproche de Fractal (France réseau des addictologues comportementalistes et tabacologues), un organisme présidé par l’un de ses anciens professeurs, le Dr Claude Guillaumin. La collaboration porte ses fruits : un programme pluridisciplinaire, réunissant des professionnels de santé, mais aussi des associations de consommateurs,

L’objectif est de renforcer le rôle du pharmacien en matière de sevrage tabagique. Vincent Loubrieu,

titulaire à Avrillé (49)

devrait bientôt voir le jour. « L’idée est de renforcer le rôle du pharmacien en matière de sevrage tabagique, expliquet-il. Lors de mon mémoire, j’ai pu établir des profils de patients très différents. Les tabacologues et l’hôpital reçoivent des fumeurs généralement très dépendants et relativement âgés. Ceux qui se présentent dans nos officines sont plus jeunes, donc moins dépendants : la première prise de contact est capitale. Nous agissons davantage en amont, nous investissons pleinement le terrain de la prévention. De ce point de vue, nos prises en charge sont parfaitement complémentaires. Mettre en valeur nos complémentarités, c’est précisément l’objectif du programme en cours de montage. Nous, pharmaciens, avons en outre la chance de revoir ces patients, d’une façon ou d’une autre. Or tout le monde sait que chaque tentative à l’arrêt du tabac est, en soi, un succès. D’où l’importance de suivis réguliers après, pour les moins volontaires, des entretiens de motivation afin d’essayer de lever les freins. » •

« Nous organisons des formations pour nos clients »

L

ors de l’édition 2011 de Pharmagora, il a reçu le prix Démarche innovante pour ses ateliers patients d’aromathérapie. Une formalité  : l’innovation est une seconde nature chez Maxime Mendelsohn, titulaire à Mallemort, un village de 6 000 habitants des Bouches-du-Rhône. En 2006 déjà, son officine avait été parmi les premières à être certifiée, ce qui témoignait d’une démarche centrée sur la satisfaction client. Deux ans plus tard, le jeune pharmacien créait le réseau HPI, affichant ainsi sa vision fortement médicalisée du métier. Testés en 2010, ses premiers ateliers d’aromathérapie renvoyaient – et renvoient toujours – à une mission

22 • Pharma N°100 - mars 2013

qui lui tient à cœur : l’éducation thérapeutique. « Nous les avons conçus selon le même principe : nous positionner en référents et en experts, et transmettre l’information pour améliorer l’autonomie des patients », expliquet-il. Le succès a été immédiat. Près de 500 personnes ont déjà participé et été sensibilisées pour un bassin de 12 000 habitants. La démarche a ensuite été déclinée. D’abord l’homéopathie,

L’éducation thérapeutique est une dimension fondamentale de notre métier. Maxine Mendelsohn,

titulaire à Mallemort (13)

puis le maquillage et la cosmétologie – sous la houlette d’une préparatrice formée au centre Botticelli – et la nutrition, là encore avec une préparatrice titulaire d’un DU éponyme. « Quel que soit le thème, la démarche est identique, indique le pharmacien. Nous ne nous substituons à personne, nous n’improvisons pas, nous sommes dans l’initiation, l’explication. Notre personnel est rompu aux entretiens au sens propre du terme, à l’accompagnement, au relationnel, à la gestion des rendez-vous. L’éducation thérapeutique est une dimension fondamentale de notre métier. » Pour preuve : l’officine s’est également rapprochée du milieu hospitalier pour un suivi personnalisé de tous les candidats à l’arrêt du tabac. •


L’essor du numérique

Internet, numérique, nouvelles technologies… C’est déjà demain pour certains, qui ont résolument choisi la carte de l’e-santé, dans le respect de l’éthique professionnelle et pour le bien-être de leurs patients. d’expérimentation grandeur nature est actuellement en cours dans une trentaine d’officines qui se sont portées candidates. « Cela prouve que ce dispositif, qui vise à renforcer l’observance, l’éducation thérapeutique et la pharmacovigilance, intéresse, se félicite François Lescure, qui démontre au passage que la télémédecine peut favoriser une restructuration des soins en privilégiant la promotion de l’exercice groupé. Une fois le mécanisme rodé, notre objectif est d’équiper environ 400 pharmacies qui pourront utiliser et tester les fonctionnalités du système pendant plusieurs mois. » Le recrutement a d’ailleurs commencé : avis aux amateurs…

©© teekid – istockphoto

Le dossier patient se virtualise

Sympad arrive à l’officine

François Lescure est l’exemple vivant qu’un pharmacien – ce qu’il est – peut travailler en bonne intelligence avec le corps médical. Il est le président de MédecinDirect, une plate-forme e-santé au sein de laquelle médecins généralistes et spécialistes se relaient pour assurer des permanences et répondre aux patients. Depuis son lancement en 2008, le service a pris de l’ampleur, notamment avec la signature de contrats avec plusieurs assureurs. Récemment, cette offre a été complétée par un système de monitoring médicalisé en pharmacie ou à domicile (Sympad) destiné à l’accompagnement personnalisé des patients chroniques. « Sympad a

été conçu pour offrir un confort de travail au pharmacien qui, grâce à des outils de suivi protocolisés, peut mesurer certains paramètres vitaux chez des catégories de patients comme les diabétiques, les insuffisants cardiaques ou respiratoires, explique François Lescure. Parallèlement, le système fournit une surveillance par une plate-forme médicale. Dans ce schéma, le pharmacien ne se substitue donc pas au praticien traitant, partie prenante du processus ; en revanche, son conseil est valorisé. » Sympad, qui a reçu le grand prix du jury e-santé et celui de l’innovation, est soutenu et accompagné par certaines ARS et URPS (unions régionales des professionnels de santé). Sa phase

En 2002, Hélène Prêcheur créait un organisme de formation indépendant destiné à mettre en place l’accompagnement du patient au sein de l’officine. Une initiative qui visait à faciliter l’organisation, en ville, de l’information et du suivi du parcours de soins. Disponibles dans toute la France, sur site, hors site ou en ligne, les programmes proposés s’inscrivent aujourd’hui, et très naturellement, dans le cadre de la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires) : ils préconisent notamment une prise en charge en coordination avec les autres professionnels de santé et la participation des pharmacies au dépistage et à l’éducation thérapeutique. Dix ans plus tard, la jeune femme franchissait une étape supplémentaire en concevant le dossier de suivi de patient électronique, ou l’e-DSP, dont elle a réservé la primeur aux dernières Rencontres de l’officine de février. « L’e-DSP est un service qui va permettre au pharmacien de gérer ses rendez-vous patients, de réaliser ses entretiens pharmaceutiques, de promouvoir des dispositifs médicaux, de remettre de la documentation et des fiches conseils, ce qui est toujours difficile au comptoir », explique-t-elle. L’outil va plus loin puisqu’il permettra aussi de mettre en place une communication avec ceux qui entourent le patient. « Grâce à un système sécurisé,

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Dossier « J’innove donc je suis »

validé et conforme aux recommandations de la Cnil, le pharmacien pourra, après consentement préalable du patient, envoyer un compte-rendu au médecin traitant, dialoguer avec l’infirmière, la structure d’aide à domicile, le kiné et l’entourage familial », décrit-elle. Cette offre globale, qui a nécessité deux ans de préparation, a passé avec succès la phase d’expérimentation. Elle devrait être instaurée dans les premières officines dans le courant de ce mois de mars. « Nous installons le serveur, nous formons le personnel et, si besoin, nous l’accompagnons », indique Hélène Prêcheur. Petite précision pratique, et non des moindres : l’e-DSP peut être utilisé sur tous les postes de l’officine et sur tablettes.

La télémédecine se concrétise

La Vendée est officiellement devenue un démonstrateur national de la télémédecine interopérable. Projet lauréat – et subventionné comme tel – à l’appel à projet National santé et numérique e-santé n° 2, Telemedinov est un outil de co­ opération interprofessionnelle destiné à faire vivre la loi HPST et, plus globalement, le décloisonnement entre la ville, l’hôpital et le médico-social. Déployé depuis octobre 2012 sur le territoire de Challans, le projet réunit aujourd’hui une vingtaine de sites dont deux hospitaliers, une quarantaine de médecins généralistes, spécialistes et hospitaliers, deux plates-formes de télé­ médecine, une douzaine d’Ehpad et deux pharmacies d’officine. « Compte tenu de son rôle dans le parcours de soins coordonné et de sa proximité, le pharmacien d’officine y a toute sa place, commente Michel Rioli, président du consortium Rio-e-santé, porteur du projet. Dans

24 • Pharma N°100 - mars 2013

cette optique, nous avons créé un réseau de médecins téléconsultants. Cela dit, nous ne sommes pas dans le transfert de tâches : le médecin exerce pleinement sa responsabilité, il ne la délègue pas. » Telemedinov n’a pas élu le territoire de Challans par hasard. « Il répond aux besoins exprimés par les professionnels de santé locaux, explique Michel Rioli. La région est en effet notoirement déficitaire en offre de soins. Notre objectif est de proposer un service clés en main permettant la mise en œuvre de processus de télé­ médecine et de répondre ainsi aux enjeux de la médecine moderne. » Pendant une durée expérimentale de deux ans, la CPAM pourrait prendre en charge les actes de téléconsultation dans le droit commun du financement de la Sécurité sociale, au tarif d’une consultation normale, dès lors qu’il y aura une traçabilité parfaite de l’acte. Une belle reconnaissance pour cette démarche inédite… mais encore fragile car, comme le relève avec justesse Michel Rioli, « le développement national de la télé­ médecine passera obligatoirement par une appropriation des médecins libéraux de cette nouvelle technologie ».

Les médicaments se mettent en ligne

C’est une idée qui n’a pas quitté Cyril Tétart depuis qu’il s’est installé à Villeneuve-d’Ascq, dans le Nord, en février 2007. Une idée qui a mûri, jusqu’à ce jour de juin 2011 où, avec son associé, il se rend à Bruxelles pour rencontrer un avocat spécialisé dans l’e-commerce, qui leur dit en substance qu’ils ont tout à fait le droit de vendre sur Internet des médicaments non soumis à prescription et non remboursés. « À l’époque, se

Entretiens pharmaceutiques, gestion des rendezvous patients, dialogue avec d’autres professionnels de santé… les fonctionnalités de l’e-DSP vont révolutionner la pratique officinale. Hélène Prêcheur et Philippe Comte,

concepteurs de l’e-DSP

souvient-il, tous les pays avaient statué sur le sujet, mais il n’existait aucun texte en France autorisant ou interdisant ce type de vente ». Après une période de gestation, Cyril Tétart ouvre lasante.net en novembre 2012. Le site, qui propose 450 médicaments et 1 000 produits de parapharmacie, se veut aussi professionnel, sûr et pédagogique que possible, avec une multitude d’informations pour éviter au consommateur de se perdre et la possibilité pour ce dernier de dialoguer avec l’équipe officinale. « C’est un boulot énorme, mais nous avons délibérément joué la même carte de proximité que dans la vie réelle, explique le pharmacien. Ce site est aussi une réponse à la désertification médicale, aux difficultés de déplacement des personnes âgées, et à tous ceux qui n’osent pas faire part en direct de leurs pathologies. » Aujourd’hui deuxième site de vente de médicaments en ligne en France, lasante. net a bénéficié, comme son concurrent, pharma-gdd.com, de la décision du Conseil d’État d’élargir la vente en ligne à tous les médicaments délivrés sans ordonnance. « Malgré le changement de législation, nous avons gardé notre liste initiale de 500 médicaments, confie Cyril Tétart. Je veux rester dans les clous et être un site de référence. » Le site s’est pourtant offert un joli coup de pub : le 15 février, la restriction de la vente sur Internet à une partie des médicaments sans prescription est suspendue par le Conseil d’État. Le soir même, un reportage sur lasante.net est diffusé dans le JT de TF1. « Les commandes ont doublé le week-end qui a suivi la diffusion. Les équipes ont été submergées par les demandes. C’est l’effet Claire Chazal », conclut avec malice le pharmacien. •



Génération Manager Chaque mois, Marie-Hélène Gauthey vous accompagne dans la mise en place de vos bonnes pratiques managériales à l’officine.

©© il lust ratio n an toine Orry

Charlotte établit le plan de formation de l’équipe

Description Comme chaque année, Charlotte met en place un plan de formation pour son équipe. Elle sait que le développement des compétences a un impact fort sur la performance de son officine. Elle considère donc la formation comme un investissement, et non comme une dépense. Son plan de formation suit les orientations nationales du développement professionnel continu (DPC) pour l’année 2013, publiées au Journal officiel du 2 mars. Résultats attendus Charlotte a segmenté les compétences en termes de savoir, savoirfaire et savoir-être. Elle attend que ses collaborateurs disposent des connaissances nécessaires et acquièrent de la méthode pour uniformiser les pratiques au comptoir. Elle souhaite qu’ils sécurisent la délivrance et apportent des conseils pertinents aux patients/clients. Elle cherche aussi à développer le panier moyen hors ordonnance. Zoom méthodologique Pour construire son plan de formation, Charlotte a fixé trois étapes. 1°) Définir les compétences à renforcer À partir des objectifs fixés, il faut que Charlotte définisse les pathologies pour lesquelles elle souhaite renforcer les connaissances de l’équipe. Côté savoir-faire, elle a besoin de renforcer ses aptitudes commerciales afin d’améliorer la prise en charge des patients/clients lors des demandes spontanées et en conseil associé à l’ordonnance.

26 • Pharma N°100 - MARS 2013

2°) Bâtir un planning annuel et chercher les formations Les thèmes étant définis, Charlotte pourra opter pour des formations en e-learning lui permettant de traiter une pathologie chaque mois. Elle pourra également choisir un programme sur les techniques de vente qu’elle réalisera lors du deuxième trimestre à l’officine. Restera à trouver les organismes pouvant répondre à ses besoins. Le planning des formations sera affiché dans le back-office. 3°) Accompagner les collaborateurs et mesurer les résultats Il ne faut pas perdre de vue que les actions managériales avant et après chaque formation sont indispensables pour accompagner le développement des compétences. Charlotte doit donner du sens et expliquer les objectifs de chaque formation. Ensuite, elle devra faire un point avec chacun sur les acquis et les actions à mettre en place. Charlotte se positionnera en tant que manager qui fait grandir les compétences de l’équipe. Des indicateurs pertinents devront lui permettre de mesurer l’efficacité des formations effectuées. L’avis de l’équipe Thomas : « Charlotte a un haut niveau d’exigence, mais elle nous donne les moyens de réussir. » Diane : « La formation m’aide à progresser dans mon quotidien. » Ketty : « J’aime la dynamique collective résultant du plan de formation. » Jeannette : « Toute l’équipe suit les mêmes formations, ce qui permet de nous entraider. » Clémentine : « Le plan de formation me permet de renforcer mon apprentissage. »


rétrospective

Q

ue de changements en huit ans ! Les anniversaires sont souvent l’occasion de se replonger dans les souvenirs, et quels souvenirs nous avons, dans nos archives de Pharma ! La loi HPST, les premières offensives de Leclerc, le libre accès, les attaques au monopole, la grippe A, le dossier pharmaceutique… autant de faits marquants, petits ou grands, que nous avons voulu compiler pour vous et agrémenter de touches d’humour façon Pharma. Bonne lecture !

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rétrospective

2005

Pharma n°1

U

n rapport de l’Igas de février rend ses conclusions dans « l’affaire Cyclamed ». Suite au détournement par des pharmaciens peu scrupuleux de médicaments non utilisés, Cyclamed doit se concentrer sur le traitement des MNU comme déchets, et arrêter ses activités humanitaires, le dispositif n’étant pas assez performant (n° 1, mars). • Arrivée des premiers conditionnements trimestriels en septembre (n° 6, octobre). • Le dessinateur Chéreau fait ses ­ harma, pour débuts dans le numéro 4 de P illustrer le dossier « Médicaments, la fin de l’omerta ? »

2006 V

agues de déremboursement de spécialités au SMR insuffisant, sursis pour les veinotoniques jusqu’au 1er janvier 2008. • La formation pharmaceutique continue devient obligatoire par décret le 3 juin. Chaque pharmacien doit déposer tous les cinq ans les justificatifs des formations suivies, mais aucune sanction n’est prévue en cas de non-respect.

2007 J

acques Séguéla, « gourou de la pub et pharmacien », accueillait notre équipe pour un entretien à bâtons rompus (n° 22, mars) et militait pour que les pharmaciens s’impliquent dans la prévention. Lutte contre le tabagisme L’interdiction de fumer dans les lieux publics, selon vous, ça remonte à quand ? Février 2007, et janvier 2008 pour les cafés, restaurants ou discothèques (n° 19)…

28 • Pharma N°100 - mars 2013

Le jour où… j’ai été agressé (n° 2, avril). Avec cette rubrique, Pharma affiche dès le départ sa volonté d’être au plus près du comptoir.

• La carte Vitale 2, avec la photo de l’assuré, arrivait chez vous et dans nos pages en octobre (n° 17). La rémunération des gardes était officialisée au même moment, avec notamment 75 € d’indemnité d’astreinte par officine la nuit de 21 h à 7 h.

O

n évoque au Sénat le statut de « pharmacien prescripteur », permettant de renouveler ou ajuster les dosages, sans ordonnance, de médicaments pour l’asthme ou le diabète, ou encore de petites pathologies digestives ou ORL. Six généralistes sur dix se disent opposés à ce que le pharmacien prescrive pour le petit risque (n° 12, avril).

E

n juin, un accord entre les syndicats de pharmaciens et deux mutuelles, prévoyant le remboursement d’un bilan de prévention réalisé par le pharmacien, soulevait la grogne chez les médecins (n° 25). Deux ans plus tard (n° 45), AGF (Allianz maintenant) annoncera une rémunération du conseil à l’officine : 5 € par acte pour celles ayant signé la charte d’AGF.

• Roselyne Bachelot, alors députée, nous recevait dans les bureaux du Parlement européen. Et soulignait que les pharmaciens, « des gens accessibles et qui savent », devaient trouver leur place dans la société (n° 18, novembre). Elle devenait ministre de la Santé en mai 2007.

Souvenirs, souvenirs… La fin du carnet à souches a déjà sept ans ! On vous en parlait dans notre n° 22 (mars). Dans le même numéro, la phase pilote du DP démarrait dans six départements…

Campagne présidentielle La santé, grande oubliée du débat ! Un billet d’humeur invitait les candidats à se concentrer un peu plus sur ce sujet primordial (n° 23, avril).

Monopole Xavier Bertrand, en avril (Pharma supplément expert), revenait sur ses deux ans au ministère de la Santé et promettait qu’il n’y aurait « pas de remise en cause du monopole pharmaceutique ».

Substitution Les génériques atteignent 19 % du marché total en valeur et le taux de substitution dépasse les 73 %, permettant 1,2 milliard d’économies en 2007 (n° 30, janvier 2008).


rétrospective

2008

L

’OTC en libre accès, une évolution, une révolution, une évidence ? À ce jour, la possibilité de placer certains médicaments devant le comptoir n’est pas exploitée par bon nombre d’officines. En avril (n° 33), 84 % d’entre vous jugeaient la mesure « mauvaise » ou « très mauvaise ». Avez-vous changé d’avis ?

0,50 e Arrivée de la franchise de 0,50 € par boîte de médicaments au 1er janvier. • Attribution du numéro RPPS (répertoire partagé des professionnels de santé) en avril (n° 34).

L

es pharmaciens investis dans l’éducation thérapeutique du patient ? Une évidence pour Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, interrogée lors de la remise du rapport « Pour une politique nationale d’éducation thérapeutique du patient ». Elle invitait les officinaux à se montrer « imaginatifs sur le plan des rémunérations » (n° 36, septembre).

M

ichel-Édouard Leclerc s’attaquait pour la première fois à la pharmacie… en mai (n° 34). Le début d’un très long duel entre les pharmaciens et l’entrepreneur. Jamais satisfait, toujours pas autorisé à vendre des médicaments « à prix Leclerc » (mais ça veut dire quoi, au fait ?), il persiste et vise à présent la vente en ligne.

E

n juin, première campagne de communication valorisant les pharmaciens : initiés et lancés par le groupe PHR, l’UNPF, l’USPO et l’Anepf, à la suite de la campagne de Leclerc, les spots télévisés « Mon pharmacien, ma pharmacie… au cœur de ma vie » mettaient en avant la proximité, la disponibilité et le conseil. Site Internet et affiche complétaient le dispositif (n° 35, juin). Plus tard, PHR lancera une campagne d’affichage grand public et des spots radio, et Pharmodel s’affichera dans 500 gares (n° 45, juin 2009). En septembre 2009, l’Ordre déposera plainte contre PHR, lui reprochant une campagne créant une concurrence déloyale entre pharmaciens. Pharma s’infiltrait « dans les murs de l’Ordre » (n° 36, septembre) pour un reportage au cœur de l’organisation ordinale, du pavillon mauresque abritant les collections d’histoire de la pharmacie à la salle du conseil où siègent les chambres disciplinaires.

L

e seuil du million de dossiers pharmaceutiques est franchi le 28 août (n° 36, septembre), avec 3 192 pharmacies raccordées dans 99 départements. Avec un taux d’acceptation de 90 %, les Français semblaient prêts à la généralisation du dispositif.

A

utomne sombre avec un rapport de la Cour des comptes pointant 5 172 pharmacies en surnombre. En octobre (n° 37), Jean Parrot, alors président du Conseil de l’ordre, Philippe Gaertner, président de la FSPF, et Yves Trouillet, président de l’APR, livraient leur sentiment sur ce rapport « à charge », au but purement économique. Et Philippe Gaertner de dénoncer la baisse du pouvoir d’achat des pharmaciens.

E

n décembre, Pharma explorait des pistes pour jouer la différenciation : se regrouper, réinventer le métier, miser sur les marques émergentes ou le bio, offrir un mieux-être ou tisser sa toile. Autant de solutions pour se démarquer et inventer son exercice officinal (n° 39).

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rétrospective

2009

L

e pharmacien correspondant remplace le pharmacien de coordination lors de l’examen de la loi HPST au Sénat. Les nouvelles missions attachées au pharmacien de coordination, disparues un temps, refont surface au grand soulagement de la profession (renouvellement, ajustement posologique, bilans de médication ; n° 45, juin). La loi HPST est votée en juillet. Suspense en matière d’ouverture du capital : l’avocat général à la Cour de justice des Communautés européennes estimait en décembre 2008 (n° 40, janvier) que le monopole pharmaceutique représente une restriction à la liberté d’établissement justifiée, et conforme au droit européen. Le « ouf » de soulagement ne sera toutefois poussé qu’en 2009 avec le jugement définitif de la Cour de justice : l’ouverture du capital n’est pas indispensable, chaque état étant libre d’en décider sur son territoire. À ce jour, elle n’est toujours pas d’actualité.

L

e 1er janvier (n° 40), les MNU ne peuvent plus faire l’objet de collecte et de distribution. La seule alternative reste l’incinération. Depuis, Cyclamed a fait de la récupération en officine et de la destruction des MNU son cheval de bataille : l’incinération permet en effet la production d’énergie, mais elle évite surtout l’enfouissement de médicaments, sort encore réservé à de nombreux déchets domestiques et véritable danger sanitaire. • Groupements, enseignes, franchises, chaînes… une petite mise au point s’imposait pour faire la lumière sur ces nouveaux modèles économiques. Dans notre n° 40 (janvier), les pharmaciens découvraient les différentes structures. Une nécessité quand on sait qu’aujourd’hui, une proportion non négligeable de pharmaciens travaille sous enseigne ou en groupement.

La faluche, institution des étudiants en pharmacie, faisait l’objet d’un décryptage dans le Cursus de notre n° 40 (janvier). Que veulent dirent les rubans, pin’s et autres emblèmes ? Le point sur ce drôle de couvre-chef. • 905 millions d’euros d’économies grâce au générique en 2008, avec un taux record de substitution sur la simvastatine de 92,5 % (n° 44, mai).

F

rémissements chez les pharmaciens avec le projet de loi HPST adopté le 18 mars. L’article L.5125-1-1A affirme dans le code de la santé publique que les pharmaciens « contribuent aux soins de premier recours, participent à la coopération entre professionnels de santé, au service public de permanence des soins, concourent aux actions de veille et de protection sanitaire,

• Au fil de notre rubrique cursus, les fichesmétier ont exploré toutes les pistes pouvant être suivies par les jeunes pharmaciens, de la police scientifique au journaliste médical… Dans notre n° 50 (octobre), un article récapitulait toutes les options possibles.

Grippe H1n1 Notre poster, créé en pleine épidémie de grippe A(H1N1), a su vous séduire et a fleuri sur les vitrines pour indiquer les bons gestes à vos clients (n° 47, septembre).

30 • Pharma N°100 - mars 2013

peuvent participer à l’éducation thérapeutique de patients, peuvent assurer la fonction de pharmacien référent pour un Ehpad, assurer le rôle de pharmacien de coordination, proposer des prestations destinées à l’amélioration ou au maintien de l’état de santé des personnes. » Une perspective d’évolution, et la possibilité de changer de mode de rémunération (n° 43, avril)…

• En octobre, Catherine Lemorton nous faisait part de son travail de députée (PS), prête à se battre pour la politique du médicament. En février 2013 (n° 99), nous la retrouvions dans le costume de présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale.

L

• Au 62e congrès des pharmaciens (n° 51, novembre), Roselyne Bachelot annonce que « l’article 38 de la loi HPST est le socle sur lequel nous allons pouvoir construire ». Pour la ministre de la Santé, les pharmaciens doivent saisir cette « véritable chance pour la profession ».

a grippe A touchait 21 pays en mai (n° 44). Quatre cas avérés étaient alors recensés en France, le pays se préparant à une pandémie de grande envergure. Découvert en avril au Mexique, le virus d’origine porcine avait rapidement déclenché l’alerte pandémie de l’OMS. Le 15 juillet, la France commandait 94 millions de doses de vaccin. L’épidémie était déclarée le 17 septembre et les vaccinations débutaient en octobre… même si 65 % des Français annonçaient ne pas vouloir le faire. 1,1 milliard d’euros ont été dépensés pour la prévention de l’épidémie (n° 48, septembre). Dix millions de Français ont été touchés ; depuis, la souche A(H1N1) est incluse dans les vaccins saisonniers.


rétrospective

2010

R

etrait des spécialités à base de kétoprofène gel le 12 janvier (n° 54, janvier) en raison de phénomènes photoallergiques persistants malgré les mises en garde de l’Afssaps… et retour sur le marché après l’annulation de cette décision par le Conseil d’État (n° 60, avril). • La simplification administrative est en marche ! Plus besoin d’aller à la Ddass ou à la CPAM pour effectuer les démarches : grâce au numéro RPPS, l’Ordre devient le guichet unique des pharmaciens le 18 janvier (n° 55, février).

F

in 2009, 80 % des traitements du diabète, cholestérol, hypertension et ostéoporose étaient disponibles en grands conditionnements. L’Assurance maladie estimait alors à 390 millions l’économie possible sur 60 % des traitements de longue durée délivrés en grands conditionnements. Mais les pharmaciens constatent déjà les effets délétères sur leur économie (n° 57, mars).

+ 3 centimes par boîte vendue « Encourageant, mais pas suffisant », titrions-nous en novembre. Ces 3 centimes, obtenus au terme de négociations avec le ministère de la Santé, étaient bien loin de satisfaire les syndicats de pharmaciens…

• Les chiffres de la démographie pharmaceutique publiés à l’été (n° 65, juillet) mettent en avant une baisse du nombre d’officines (22 386 au 1er janvier) et une fuite des nouveaux diplômés, inquiétante au regard des 5 000 départs à la retraite prévus d’ici à 2015.

• Il aura fallu attendre le 4 août pour que soient publiés au Journal officiel les décrets d’application de la loi HPST concernant l’éducation thérapeutique du patient (n° 66, septembre). Les pharmaciens peuvent désormais participer à ces démarches, au sein d’équipes pluridisciplinaires comprenant au moins un médecin. • Le e-learning, nouvelle tendance de la formation, on vous en parlait dans notre n° 67 (septembre). Cette formule d’enseignement a su depuis conquérir les officinaux, séduits par la possibilité de se former sans quitter le comptoir. • La première année commune des études de santé (Paces), après maintes tergiversations, voit le jour.

• Le dossier pharmaceutique permet, dès le 6 mai, de diffuser des alertes sanitaires, et on prévoit même qu’il contribue à la coordination ville-hôpital. Un beau succès pour cette initiative propre aux pharmaciens, qui décolle quand leDMP, lui, peine à prendre son essor (n° 63, juin). • Les préparations officinales tiennent bon. Un rapport met en avant leur utilité, et le fait qu’elles font « pleinement partie de l’exercice officinal » (n° 63, juin).

Small is beautiful Pour contrer la morosité ambiante, Pharma partait en janvier (n° 54) à la rencontre de petites officines qui tiraient leur épingle du jeu. Délivrance unique de médicaments, e-commerce, réseaux, les interviewés le démontraient : la taille n’a pas d’importance !

• C’est dans son officine d’Alsace que Pharma a rencontré l président de la FSPF, Philippe Gaertner (n° 68, octobre), pour des échanges sans langue de bois, au plus près du terrain. • La téléconsultation est autorisée en France par décret le 19 octobre (n° 70, novembre). La télé-expertise, la télésurveillance et la téléassistance médicale apparaissent également dans la loi.

D

es pharmaciens en grève, c’est plutôt inhabituel, et ça s’est passé en juillet. Face aux difficultés rencontrées par la profession, et à l’absence de réponses concrètes du ministère, la FSPF, l’USPO et l’UNPF appellent à la grève des services de garde. Le mouvement sera stoppé le 27 juillet, dans l’attente d’une rencontre avec Roselyne Bachelot, pour débattre de la revalorisation de la marge officinale (n° 66, septembre). Hélas, le rendez-vous du 15 septembre n’aura débouché sur rien et les syndicats ne cachaient pas leur colère (n° 68, octobre). Nouveau mouvement et appel à la manifestation étaient alors lancés. Au final, la manifestation de l’USPO ne mobilisera pas les foules, une centaine de pharmaciens seulement s’étant regroupés devant le siège de la Cnam à Paris (n° 69, octobre).

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rétrospective

2011 L

es élections aux URPS (unions régionales des professionnels de santé) mobilisent, contre toute attente, les pharmaciens, avec un taux de participation de 61,5 %, bien au-dessus des autres professionnels de santé. La FSPF arrivait en tête, suivie de l’USPO et de l’UNPF, tous trois au-dessus des 10 % nécessaires à la représentativité (n° 73, janvier). • Suite à l’affaire du Mediator, un rapport de l’Igas remis à Xavier Bertrand en janvier fait l’effet d’une bombe en pointant du doigt la responsabilité de l’Afssaps, « inexplicablement tolérante à l’égard d’un médicament sans efficacité thérapeutique réelle ». Au-delà de l’autorité sanitaire, c’est tout le système de santé qui pourrait être réformé suite à ce rapport.

Nouvelle bataille Leclerc remet le couvert avec une campagne « Se soigner moins cher » appelant à une libéralisation de la vente des médicaments (n° 75, février). Cette fois, les pharmaciens ripostent avec une campagne d’affichage et une pétition, relayées sur le site semoquerdumonde.com.

Communiquer… Une nécessité ? Mais comment faire ? En quinze questionsréponses, un dossier répondait à toutes vos interrogations sur le sujet (n° 77, mars).

Fukushima Suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima, au Japon, en mars, un point s’imposait sur la distribution d’iode pour éviter les effets délétères de la radioactivité (n° 78, avril).

L

e panorama démographique de l’Ordre montre, pour 2010, que la croissance globale des effectifs recule pour la première fois (n° 83, juillet). En parallèle, une étude de l’APR et de Celtipharm confirme l’impact de la désertification médicale sur le réseau français. La fermeture de 930 pharmacies est annoncée, conséquence de la disparition des prescripteurs.

• Le pharmacien correspondant prend vie le 5 avril ! Titulaire, adjoint ou gérant, ce pharmacien peut renouveler un traitement, en ajuster la posologie et effectuer des bilans de médication dans le cadre d’un protocole, à la demande d’un médecin et avec son accord (n° 79, avril).

32 • Pharma N°100 - mars 2013

L

e rapport de l’Igas sur l’avenir de l’officine souffle un air nouveau sur la profession (n° 84, septembre). Demandé par Xavier Bertrand pour évaluer les possibles modes de rémunération, il aborde finalement toutes les dimensions de la pharmacie, de la formation à la répartition géo-démographique, en passant par les nouvelles missions et la rémunération.

• Au fil des ans, nous avons suivi des potards à l’autre bout du monde, que ce soit lors de missions humanitaires, comme le 4L Trophy (n° 79, avril), d’années Erasmus en Italie (n° 59, avril 2010) ou de stages et remplacements ensoleillés (n° 56, février 2010).

• La grande nouveauté du PLFSS 2012, c’est l’arrivée de la rémunération à l’acte. L’article 39 introduit progressivement une part d’honoraire dans la rémunération des officinaux, pour la dispensation, des actes de prévention ou de dépistage, l’accompagnement de patients chroniques (n° 86, novembre)… Quelques semaines plus tard, cet article deviendra l’article 74.

• Le retrait du dextropropoxyphène est effectif à compter du 1er mars. • Le remboursement des vignettes bleues passe de 35 à 30 % le 2 mai (n° 79, avril), faisant grimper la part de l’assuré sur des médicaments comme l’Advil, les spécialités à base de cétirizine ou encore la plupart des laxatifs.

L

es pharmaciens se réjouissent, mais pendant ce temps les grossistes-répartiteurs s’inquiètent : « Nous avons perdu 10 % de nos ressources en cinq ans », alertait Claude Castells, président de la CSRP. Demandant une revalorisation de sa marge, la chambre syndicale s’élevait contre la contribution de 40 millions que leur demandait par ailleurs la LFSS 2012 (n° 86, novembre). Après modification de leur marge, la chambre syndicale craignait une baisse de leurs revenus de 40 à 60 millions en 2012 (n° 87, décembre). • Septembre, c’est l’occasion de faire peau neuve à tous les niveaux : maquette, couverture, rubriques.

A

vec l’automne tombent les feuilles et reviennent les PLFSS… La moisson 2012 ambitionne 2 milliards d’économie, et l’industrie pharmaceutique sera mise à contribution pour financer la formation des médecins hospitaliers et libéraux. Les marges des grossistesrépartiteurs et le générique sont d’autres cibles, tout comme l’ensemble des médicaments, jugés trop chers par le ministre de la Santé (n° 85, octobre).

• Les syndicats signent un protocole d’accord avec l’Assurance maladie pour la scannérisation et la dématérialisation des ordonnances, à généraliser avant 2012 (n° 80, mai).

• Pour rassurer les Français, rien de tel qu’une liste de médicaments sous surveillance ! La publication de la « liste des 77 » a déclenché beaucoup d’inquiétudes et de questions au comptoir. Pharma faisait le point dans le n° 76 (mars). Xavier Bertrand lançait au même moment les Assises du médicament, afin de remédier aux défaillances des organismes de contrôle existants.


rétrospective

2012 • Le décret sur le développement professionnel continu (DPC), paru le 1er janvier, rend enfin obligatoire la formation continue pour les pharmaciens et préparateurs. Ils devront participer au minimum à un programme de formation continue par an (n° 88, janvier).

Elections La santé, éternelle oubliée des campagnes présidentielles ? Pharma l’avait déjà constaté en 2007, et en 2012, nous avons voulu aller plus loin et interpeller les partis sur leur programme sanitaire (n° 88, janvier).

L

e 7 février, c’est un marathon de négociations qui débutait pour la signature de la nouvelle convention pharmaceutique entre les syndicats et l’Assurance maladie. S’appuyant sur le rapport de l’Igas et la LFSS 2012, et les pistes favorables qu’ils semblaient dessiner, la profession était prête à s’engager sur la voie de la rémunération mixte et des nouvelles missions (n° 89, février).

Génériques Sortie d’un rapport de l’Académie de médecine, indiquant que le médicament générique « n’est pas la copie conforme d’un médicament original ». Un rapport qui tombe mal, la substitution marquant déjà le pas (n° 90, mars).

Ordonnances « NS » Coup d’arrêt pour le marché des génériques (614 millions d’unités vendues en 2011 contre 630 en 2010 ; n° 89, février). Le Gemme imputait la baisse de la substitution en partie à l’augmentation des mentions « NS ».

Études de santé L’Anepf demande le retrait de la filière officine de la première année commune des études de santé (Paces), dénonçant un « gâchis humain » (n° 90, mars).

Dossier pharmaceutique Cap des 20 millions de DP franchi en mai et déploiement à l’hôpital, « un grand pas pour la coordination des soins ville-hôpital » selon Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre (n° 91, avril).

• « Un tournant historique », titrions-nous lors de la signature très attendue de la nouvelle convention pharmaceutique fin mars. Après 20 heures de négociations avec l’Uncam, les trois syndicats représentatifs de la profession mettaient la dernière main à un texte qui prévoyait, au 1er janvier 2013, la mise en place d’un honoraire de dispensation à hauteur de 12,5 %. Les nouvelles missions telles que l’accompagnement des patients sous ACO et l’introduction d’une rémunération à la performance (substitution de génériques notamment) se voyaient ainsi actées, tout comme la modification du calcul de la marge sur les grands conditionnements et une revalorisation des astreintes à hauteur de 150 € (n° 91, avril).

L

es pharmaciens se préparent aux entretiens pharmaceutiques ! Même si les syndicats regimbent, l’UNPF dénonçant un rôle subalterne pour le pharmacien dans le suivi des patients sous ACO, la profession n’attend pas le 1er janvier pour se former et s’informer. Notre dossier de novembre était consacré à cette nouvelle mission, la façon de la mettre en place et les changements profonds qu’elle implique (n° 96, novembre).

• Alors que les compétences et la place du pharmacien dans le parcours de soins se voyaient réellement reconnues, l’UFCQue choisir demandait aux pouvoirs publics d’autoriser grandes surfaces et parapharmacies à distribuer des médicaments d’automédication (n° 91, avril), en raison de conseils insuffisants au comptoir et pour « instaurer une vraie concurrence ». • Adieu l’Afssaps, bonjour l’ANSM ! L’Agence nationale de sécurité du médicament voit le jour en avril (n° 92, mai). • Sans cesse il revient à la charge, sans cesse il est sanctionné… Le groupe Leclerc est condamné pour une publicité comparative trompeuse parue fin 2011. « Une victoire éclatante de la justice » pour Daniel Buchinger, président de l’UDGPO, l’un des plaignants (n° 93, juin).

L

a e-santé, tendance incontournable, fait l’objet d’un dossier dans notre numéro d’octobre (n° 95). Dématérialisation des données, DP, DMP, e-consultations… la déferlante numérique doit être intégrée par les officinaux.

F

rançoise Daligault est présidente de l’UNPF depuis juin 2012 et une chose est sûre : elle ne pratique pas la langue de bois ! Pragmatique et entière, elle se livrait dans le n° 95 d’octobre.

L

’été apporte son lot de rapports à charge contre l’officine, dont celui de l’Igas-IGF qui préconise de réduire le nombre de pharmacies de 10 % d’ici à 2017 (n° 94, septembre). L’été aura aussi apporté la mesure tiers payant contre générique.

mars 2013 - Pharma N°100 • 33


rétrospective

2013 L

Pharma n°100

a vente en ligne de médicaments devient légale en France, avec un décret publié au Journal officiel du 31 décembre 2012. Réservé aux pharmaciens ayant une licence pour une officine physique, ce e-commerce entraîne de vives réactions… et critiques (n° 98, janvier).

• Un rapport de l’Igas propose plusieurs leviers pour relancer le marché des génériques, dont une campagne de communication grand public. De ce côté-là, toujours rien à l’horizon (n° 98, janvier). Pharma en profitait pour décrypter la bioéquivalence entre princeps et génériques, afin de faire le jour sur les fameux 20 % de différence. Les pharmaciens pouvaient en tout cas s’enorgueillir d’avoir atteint l’objectif de substitution pour 2012, fixé à 85 %. • Le 1er janvier, le DPC est devenu obligatoire. Les organismes de formation seront agréés à partir de juin, et dans cinq ans, les premières sanctions pour refus caractérisé de formation pourront être prises (n° 98, janvier).

• L’avenant à la convention sur le suivi des patients sous AVK à l’officine est signé en janvier, précisant les modalités de mise en œuvre de l’accompagnement. La rémunération sera de 40 € par patient suivi et par an. Le protocole définitif et les documents sont attendus avant mars 2013 (n° 99, février). Par ailleurs, on attend toujours l’avenant sur la rémunération mixte. • Fin 2012, les pilules contraceptives de 3e et 4e générations étaient au cœur d’une polémique, suite au dépôt de plainte de plusieurs jeunes femmes. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, gère tant bien que mal la crise, annonçant le déremboursement de ces pilules, et demandant une révision de leurs AMM dans un sens restrictif, limitant leur prescription à la seconde intention (n° 98, janvier 2013). L’AMM de Diane 35 sera suspendue au 30 avril 2013, suite à la réévaluation du rapport bénéfice/risque de cette spécialité largement utilisée hors AMM comme pilule contraceptive.

EN BREF /// EN BREF /// EN BREF /// EN BREF /// EN BREF

Le tour du monde en 100 numéros Chine

Angleterre

Togo

En huit ans, Pharma a fait le tour du globe ! De la République démocratique du Congo (n° 19, déc. 2006) à la Chine, avec la rencontre de Li Ming à Beijing (n° 20, janv. 2007), en passant par la Pologne et Varsovie (n° 23, avril 2007), Londres (n° 29, déc. 2007), la Guadeloupe (n° 39, déc. 2008), Tokyo, à la rencontre de Tomoko Sakurai, titulaire depuis dix ans (n° 50, oct. 2009), Saint-Barthélemy (n° 87, déc. 2011), la Réunion (n° 90, mars 2012), Nottingham (n° 91, avril 2012) ou le Togo (n° 96, nov. 2012)… Les pharmacies européennes ont même eu leur rubrique de 2007 à 2008. Enfin, un reportage spécial était dédié aux pharmacies du monde dans le Pharma estival de juillet 2009 (n° 46), photos à l’appui.

34 • Pharma N°100 - mars 2013

Des fiches à l’affiche

Avec ses fiches conseil, Pharma vous propose des documents pratiques, à reproduire et à remettre à vos clients lors de la délivrance ou du conseil. Du traitement contre les oxyures (n° 48, sept. 2009) à la dispensation de substituts nicotiniques (n° 51, nov. 2009)… ce sont des dizaines de fiches que vous avez pu utiliser comme supports au comptoir. En parallèle, les procédures et fiches pratiques pour l’équipe n’ont pas été oubliées : le lavage des mains (n° 49, oct. 2009), la gestion des promis (n° 55, fév. 2010), les durées de conservation des médicaments (n° 61, mai 2010), le choix du bon antimoustique selon le patient (n° 81, mai 2011) ou encore l’arbre décisionnel « je perds mes cheveux » (n° 95, oct. 2012).


Qualité

e-learning : tous connectés ?

Teva Sur les bancs de la TEVAcadémie

La formation à distance connaît un succès grandissant auprès des pharmaciens. Sept illustrations concrètes

L

a sempiternelle excuse « pas le temps » serait en voie d’extinction, selon Thierry Barthelmé, président de l’Utip (voir interview p. 12). Il faut dire qu’avec la mise en place du développement professionnel continu (DPC), les pharmaciens sont de plus en plus demandeurs de formation. Alors que les formules présentielles restent une valeur sûre pour de nombreux officinaux, certains, attirés par l’absence de contraintes temporelles et organisationnelles, s’orientent vers les formations à distance. En l’espace d’un an, l’utilisation d’Internet comme outil de formation a fait un bond de 36 % dans les officines. Les avantages ? Ils sont nombreux. Internet permet d’abord un accès permanent et convivial à la formation. Ensuite – et contrairement aux idées reçues –, le e-learning n’exclut pas le formateur, qui a une place prépondérante tant dans la conception et la scénarisation du dispositif que dans l’accompagnement de la transmission des connaissances. E-learning classique, blended learning (mélange de formations en ligne et présentielles), serious game (pédagogie par le jeu), visioformation ou visioconférence (connexion à une salle de formation distante)… c’est tout un arsenal d’outils innovants qui est déployé. Olivier Valcke

Acteur incontournable de l’e-learning, Teva Laboratoires a révolutionné la formation à distance avec son espace interactif TEVAcadémie. Ouverte à tous les pharmaciens, cette plate-forme se présente comme un espace d’échanges et d’apprentissages à distance. Elle a lancé en septembre dernier trois outils permettant de développer les objectifs principaux de 2013 : • développer le taux de substitution avec « Génériq’info » : formation en ligne, outils pratiques et services d’accompagnement ; • aider à la mise en place des entretiens pharmaceutiques avec « Dialog’santé », un pack d’outils pratiques à utiliser pendant les entretiens et une formation sur la conduite de ces entretiens ; • décrypter les enjeux économiques liés aux évolutions de la profession lors des réunions « Avenir Officine ». Jouant sur la carte de l’interactivité, TEVAcadémie offre également aux pharmaciens la possibilité de dialoguer avec leurs confrères, via des forums de discussion, sur l’actualité officinale, les formations suivies… Des experts sont également à leur écoute et répondent à toutes les questions posées. • www.tevacademie.fr

PHR Learn

Winpharma

La formation sur mesure

L’entraînement à volonté

Animations en 2D ou 3D, présence d’un agent d’apprentissage pour accompagner l’internaute, double encodage verbal et visuel, un déroulé de formation et un chapitrage clairs, de nombreux quiz pour tester vos connaissances, présence de « popup », alternance d’exposés vidéos et de mises en situation… les parcours de formation PHR permettent un apprentissage ludique et performant. Chaque parcours est composé de différents modules qui traitent d’un thème particulier. Ainsi, le parcours « Urgences à l’officine » est décliné en quatre modules pouvant être traités dans l’ordre souhaité et à votre rythme. Les contenus de ces e-formations sont rédigés par des pharmaciens et médecins experts indépendants. Une partie de ces modules e-learning a d’ailleurs été agréée par le Haut Comité de la formation professionnelle continu de l’Ordre des pharmaciens. Après les urgences à l’officine, la vaccination ou la prise en charge des patients sous ACO, d’autres formations viendront, comme « Cas de comptoir diabète » avec Orkyn’. Accessibles à tous les pharmaciens, ces formations sont disponibles sur inscription sur le site PHR.learn’. Petit plus pour le titulaire : un suivi mensuel de formation envoyé pour chaque collaborateur inscrit. • www.phrlearn.fr

36 • Pharma N°100 - mars 2013

Flexibilité d’utilisation et assistance personnalisée, telle est la combinaison gagnante mise en œuvre par Winpharma. Avec son offre WinElearning, l’éditeur de logiciels propose des formations ludiques et interactives, à consommer sans modération. Différents modes de formation sont proposés : • l’auto-eformation, à suivre à partir des forma-

tions présentes dans le catalogue ; • la eformation assistée, avec intervention d’un formateur Winpharma qui, à distance, guide le titulaire et son équipe. L’espace WinElearning va plus loin en proposant aux apprenants un véritable centre de compétences. La plate-forme analyse les points faibles et propose des vidéos, supports de cours et exercices pour les corriger. Enfin, l’espace WinElearning fait le lien avec toutes les formations Winpharma : formations à l’officine, formations groupées, séminaires… • www.winpharma.com


Alphega

OCP

La formation dont vous êtes le héros

Directement inspiré de l’univers des jeux vidéo, le serious game a été inventé par l’armée américaine pour recruter ses futurs Marines. Distribué gratuitement sur Internet, le premier serious game faisait la part belle aux tirs, entraînements militaires, missions de combat. Des militaires professionnels conseillaient les joueurs en ligne. Les plus passionnés étaient ensuite sollicités par mail pour rejoindre l’armée. Aujourd’hui, le concept s’est étoffé. Utilisé par de nombreuses entreprises, sa vocation première est de transmettre un contenu, de servir un apprentissage ou de développer une compétence. Il est même utilisé par les institutions gouvernementales pour communiquer ou éduquer. En 2010, 20 millions d’euros ont été débloqués par le gouvernement pour aider quarante-huit projets de ce type. Dispositif innovant et ludique, le serious game AlphegaGame permet à toute l’équipe officinale de s’entraîner virtuellement à dialoguer avec son patient. Le concept ? Il est simple. Comme dans un jeu de rôles, l’apprenant se glisse dans la peau d’un pharmacien chargé de renseigner un patient au comptoir. Trois modules sont distribués en ligne à travers une plate-forme permettant le suivi de l’apprenant. • www.alphega-pharmacie.fr

Giropharm

La loi des séries

Très actif sur les formations présentielles depuis de nombreuses années, le répartiteur OCP a pris le virage du e-learning début 2012. L’OCP propose aux pharmaciens de se former autour de deux séries : • la série des e-learning « Cœur de métier » permet au pharmacien et à son équipe d’optimiser la qualité de la dispensation. Chaque module associe l’étude d’une pathologie (15 minutes) et trois cas d’ordonnance (15 minutes chacune) avec des QCM ; • la série des e-learning « Entreprise – officine » regroupe des formations de 45 minutes illustrées par des séquences filmées, chacune mettant en scène les deux versions d’une même situation de comptoir en fonction de l’attitude adoptée par le pharmacien. La première est intitulée « les travers à éviter » et la seconde, « les reflexes à acquérir » Au total, trente thématiques sont disponibles, dont une sur les ACO et une sur l’asthme pour se préparer aux entretiens pharmaceutiques. Deux nouveaux modules sont proposés chaque mois.. • www.nouveau.ocp.fr, rubrique gestion/tous les services

OSPharm Formation La pédagogie active et participative

Le webcasting ou le partage d’expériences

Lancée en novembre 2011, la formule « Web Casting » a rapidement trouvé son public. Après l’accompagnement des patients cancéreux, le sevrage tabagique, le diabète et les premiers secours, ce dispositif s’est attelé aux nouvelles missions comme le suivi des patients sous AVK ou l’asthme. Le concept est simple et s’inscrit dans la complémentarité des formations présentielles. Le Web Casting, c’est une solution de visio­conférence permettant de réunir toute l’équipe officinale à distance sur des formats de formation courts et interactifs. Une invitation est envoyée aux pharmaciens qui souhaiteraient suivre la formation. La veille de la session, ils reçoivent par mail un lien vers la webconférence. La solution est agrémentée d’un chat qui permet aux pharmaciens de poser leurs questions en direct. Misant sur l’interactivité, la session « Premiers secours » proposait aux pharmaciens de suivre en direct un pompier effectuant les gestes qui sauvent. Pour les pharmaciens, c’est également un outil permettant de partager leurs expériences. Giropharm programme un Web Casting sur les AVK pour septembre 2013. • www.giropharm.fr

Courts, simples et concis, les modules de formation en ligne de la coopérative de pharmaciens Ospharea ont pour vocation d’accompagner le pharmacien dans l’évolution de son métier. Les thèmes traités sont multiples : développement commercial, management, gestion de l’officine ou encore prise en charge du patient cancéreux au comptoir. Une équipe officinale virtuelle accueille et accompagne l’apprenant. Mots fléchés, textes à trous… toutes les techniques sont mises en œuvre pour structurer l’acquisition des connaissances. Chaque séance théorique est complétée par un entraînement, et une synthèse du module suivi est imprimable à la fin de la formation. Simple dans sa navigation, ­OSPharm Formation s’est attaché à travailler l’aspect pédagogique pour une meilleure mémorisation. OSPharm Formation fait le pari d’une pédagogie active et participative pour trouver des solutions concrètes aux problématiques à l’officine. Pour un gain d’efficacité, la coopérative Ospharea propose de combiner des modules de e-learning et un stage présentiel. • www.ospharm-formation.com

mars 2013 - Pharma N°100 • 37


Les données de santé à l’abri ?

Alors que les frontières numériques de la vente de médicaments s’élargissent, de nombreux patients s’interrogent sur l’utilisation qui est faite de leurs données de santé. Des craintes légitimes ?

D

epuis l’ouverture d’une première cyberpharmacie en France, les patients manifestent une inquiétude de plus en plus grande en ce qui concerne leurs données de santé sur Internet. S’il est toujours impossible de vendre des médicaments sur ordonnance online, la rapide évolution des pratiques et l’existence des dossiers médicaux en ligne posent nécessairement le problème de l’appropriation de ces services par les usagers. Le respect du secret médical est-il garanti ? Comme l’a indiqué

Sophie Vulliet-Tavernier, directrice des études, de l’innovation et de la prospective à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), au cours de la conférence parlementaire sur l’e-santé, le vol de dossiers de patients est toujours d’actualité aux États-Unis. La sécurité des données peut être mise en cause, souvent à cause d’une erreur humaine (ordinateur non éteint, sauvegarde égarée, malveillance…). Des effractions résultent fréquemment de l’imprudence des internautes, qui n’hésitent parfois pas à dévoiler des informations personnelles sur les réseaux sociaux. En 2008,

71 % des interviewés par l’Ipsos pour la Conférence mondiale informatique et libertés jugeaient ainsi le niveau de protection des données insuffisantes sur Internet. En pharmacie, les inquiétudes se portent d’abord sur les logiciels de gestion.

Hébergement et sécurité des données

Les sociétés de service en ingénierie informatique (SSII) éditrices des logiciels de gestion de l’officine proposent diverses solutions techniques et procédurales pour garantir la sécurité des données des patients. Le pharmacien

mars 2013 - Pharma N°100 • 39

©© Zmeel Photography – istockphoto

Back-office


Back-office

©© Ivan Gusev – istockphoto

Vol de dossiers médicaux : une spécialité américaine L’affaire a fait grand bruit. En avril 2009, un pirate s’est infiltré dans le réseau informatique du système médical de Virginie, aux États-Unis, et a réalisé une copie des 8 millions de dossiers, soit 36 millions de prescriptions. Menaçant de divulguer les données confidentielles, il a réclamé une rançon de 10 millions de dollars au département de la santé de cet État. L’affaire est toujours en cours. En octobre 2008, Express Scripts, un acteur majeur

engage ainsi sa responsabilité pénale s’il ne prend aucune disposition pour sécuriser ces informations. La loi impose en outre la rédaction de protocoles explicitant les précautions prises pour garantir la sécurité des données. Celles-ci ne doivent être ni déformées, ni endommagées, ni consultables par tous. Enfin, dernier gage de sécurité, les données de santé sont hébergées par des organismes agréés. S’ils le souhaitent, les patients peuvent aussi ouvrir un dossier de santé dématérialisé et sécurisé, le DP, en s’adressant à un pharmacien d’officine. Les données de santé à caractère personnel sont alors portées dans le dossier pharmaceutique via la carte Vitale.

DP : de nombreux avantages

Le DP permet aux pharmaciens de connaître l’ensemble des traitements délivrés durant les quatre derniers mois, quelle que soit l’officine dispensatrice, et donc de déceler des interactions médicamenteuses ou des redondances de traitement. Le DP permet aussi de favoriser la coordination, la qualité, la continuité des soins et la sécurité de la dispensation. Une fois le dossier ouvert (après acceptation explicite par le patient), le pharmacien est tenu de l’alimenter, sauf désir contraire du patient. La garantie du respect de la confidentialité et du secret professionnel est encadrée à la fois par la loi informatique et liberté et par les dispositions du code de la santé publique. Les données ne peuvent être mises à disposition que des seuls professionnels de santé mentionnés dans le contrat qui lie l’hébergeur au déposant de ces données. La conservation des données pose néanmoins des problèmes en termes de sécurisation, de contrôle des droits d’accès et surtout d’identification des professionnels pouvant consulter le site, tant au niveau de la pharmacie qu’au niveau des lieux de stockage. Les

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de la santé outre-Atlantique, était victime d’un vol identique. En avril 2009, au tour de la célèbre université de Berkeley, en Californie, de subir le même sort. Les hackers ont violé les serveurs stockant les informations personnelles de près de 160 000 étudiants, telles que le numéro de Sécurité sociale, le numéro médical UHS (University Health Services), mais aussi les dates de vaccination ou les coordonnées des médecins consultés.

procédures et les audits des pratiques peuvent seuls confirmer la protection de ces informations.

Des patients sceptiques

Malgré toutes ces précautions, les patients mettent en doute l’éthique des pharmaciens. Lors de la conférence parlementaire sur la e-santé du 14 novembre 2012, Isabelle Adenot a salué le succès du DP en se référant à son taux d’ouverture (au 7 janvier 2013, on compte près de 22 070 officines, soit 96,8 %, raccordées, selon l’Ordre). Un auditeur s’est alors offusqué, affirmant que la majorité des patients dont le DP avait été activé n’en avait pas été informée. Cette prise à partie cible particulièrement la corporation pharmaceutique, la mise en œuvre du DP étant assurée par le Conseil de l’ordre. Le principal écueil pour le respect de la vie privée et du secret médical réside dans le fait que les logiciels de gestion des pharmacies gèrent à la fois le dossier pharmaceutique, la liquidation du tiers payant à partir de la carte Vitale et les données issues des délivrances effectuées sur le site de l’officine. Ils regroupent notamment la gestion de l’historique des délivrances, les identifiants aux caisses primaires et complémentaires, les scans des ordonnances, les adresses, numéros de téléphone et autres informations confidentielles.

Le e-commerce sur la sellette

Outre les problèmes évoqués pour la sécurisation de l’hébergement du DP, la démocratisation du e-commerce de médicaments crée un risque supplémentaire. On l’a évoqué : les données personnelles de santé relèvent de l’intime et doivent, à ce titre, rester confidentielles. Les traces laissées sur les logiciels CRM (Customer Relationship Management, gestion de la relation client) constituent un danger pour le respect de la vie privée et du

Les données personnelles de santé relèvent de l’intime et doivent, à ce titre, rester confidentielles.

secret médical. Outils privilégiés des entreprises, les CRM permettent de connaître précisément les clients. La constitution de bases de données est intéressante en termes relationnels, mais c’est aussi et surtout un facteur de risque. La séparation doit ainsi être absolue entre le CMS (Content Management System, outil de gestion du contenu) du portail web et les logiciels de gestion des pharmacies. La Cnil est particulièrement vigilante quant à la possible intrusion dans un système qui gère des données sensibles en coordination avec la carte Vitale du patient, à savoir le DP et la liquidation du tiers payant. D’après la loi informatique et liberté, les e-pharmaciens sont susceptibles d’être autorisés à traiter les données de santé. Le risque associé impose cependant une vigilance qui dépasse le simple respect de la loi. Une pharmacie ayant respecté l’ensemble des démarches préalables peut encore être contrôlée par la Cnil.

L’Ordre en première ligne

Garant de l’éthique de la profession et anticipant la méfiance des usagers à l’égard de la libre circulation de leurs données sur le web, l’Ordre a entamé une réflexion sur le respect de la confidentialité des données informatiques des patients. Outre la publication de guides méthodologiques, à l’image de celui de la Direction générale de l’offre de soins relatif à la circulation des données de santé au sein des centres et des maisons de santé, Isabelle Adenot propose d’orienter une communication renforcée en direction des patients en insistant sur l’existence d’audits et de contrôles sévères. La présidente du Conseil national suggère également d’ajouter aux cartes Vitale des stickers précisant la présence d’un dossier pharmaceutique activé. De quoi sans doute lever quelques inquiétudes. Dans le même esprit, l’Ordre va publier prochainement un guide des bonnes pratiques sur la vente de médicaments sur Internet à destination des pharmaciens, toutes sections confondues. Ce n’est sans doute qu’un premier pas, mais force est de constater qu’un travail de réflexion lié à la protection de la vie privée des patients et des responsabilités professionnelles est engagé. Charge désormais à l’ensemble des professionnels de santé d’identifier un système capable de répondre à une triple problématique : respect déontologique, attente des patients et exigence de santé publique. Guénolé Aubert, pharmacien


Formation

Les prescriptions hors AMM, dans l’ombre ?

Pour une application thérapeutique différente ou le bien-être des patients, le pharmacien peut être confronté à des prescriptions hors AMM. Les RTU font leur chemin et pourraient servir de modèle dans d’autres pays…

une nouvelle indication thérapeutique déclenche une autre demande d’AMM. En fin d’année dernière, le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) a ainsi été sollicité pour une extension d’indication du rivaroxaban (Xarelto) dans le traitement des embolies pulmonaires chez l’adulte.

©© idspopd - fotolia

Le système des ATU, un accès précoce aux nouvelles molécules

Indications et AMM indissociables ?

Pour une grande majorité de médicaments fabriqués industriellement, une autorisation de mise sur le marché est obligatoire. Cette AMM s’accompagne du résumé des caractéristiques du produit (RCP), précisant notamment les indications du médicament. Le dossier de demande d’AMM, élaboré par les industriels, s’établit à partir des études et essais réalisés pour le

20

C’est le pourcentage de médicaments concernés en officine.

médicament concerné. Il est déposé auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour les demandes limitées à la France, ou auprès de l’Agence européenne. Trois critères sont évalués : la qualité, la sécurité et l’efficacité. Lorsque les informations déposées sont suffisantes, la commercialisation du médicament est autorisée, mais uniquement dans les indications cliniques approuvées. Et pour un traitement déjà en vente,

En l’absence de traitement approprié, en particulier dans les cas de maladies graves ou rares, et pour un médicament donné, une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) peut être délivrée. Deux types sont rencontrés : les ATU nominatives et les ATU de cohorte. La première, délivrée à la demande et sous la responsabilité du prescripteur, concerne un seul patient nommément désigné. La seconde, délivrée à la demande du titulaire des droits d’exploitation, concerne un groupe de patients traités et surveillés selon des critères définis dans un protocole. Dans ce cas, le titulaire exploitant s’engage à déposer une demande d’AMM dans un délai fixé. Généralement, les médicaments faisant l’objet d’une ATU de cohorte sont dans la dernière phase de développement et sur le point d’obtenir une AMM. Objectif : rendre possible un traitement plusieurs mois avant l’obtention d’une éventuelle AMM. Ce système concerne plusieurs centaines de molécules. Il a permis de traiter des milliers de patients en situation d’échec thérapeutique. Pour l’année 2010, l’ANSM rapporte plus de 240 médicaments utilisés dans ce contexte et près de 15 000 patients traités dans le cadre d’ATU nominatives.

Que sont les RTU ?

À distinguer des ATU, les RTU (recommandations temporaires d’utilisation)

mars 2013 - Pharma N°100 • 41


Formation Les prescriptions hors AMM, dans l’ombre ?

ont été instaurées en 2012 au regard des prescriptions hors AMM. Elles se positionnent pour un médicament existant, par ailleurs employé dans une indication autre que celle(s) approuvée(s). Mais dans quel contexte ? Seulement s’il existe un besoin thérapeutique non couvert, c’est-à-dire en l’absence d’une alternative appropriée disposant d’une AMM ou d’une ATU de cohorte dans l’indication concernée, et seulement si le rapport bénéfice/risque du médicament reste présumé favorable. Les RTU peuvent porter sur une indication ou sur des conditions d’utilisation différentes de celles de l’AMM. Objectif : sécuriser les médicaments employés en dehors du cadre de leur AMM, grâce à la mise en place d’un suivi des patients, avec notamment une collecte des données d’efficacité, de sécurité et des conditions réelles d’utilisation du médicament. Seule l’ANSM a la possibilité d’engager la procédure d’élaboration d’une RTU. Cette mesure temporaire ne peut excéder trois ans. Après avis de la haute autorité de santé (HAS), les prescriptions dans le cadre des RTU peuvent, dans certains cas, donner lieu à un remboursement.

« Le pharmacien a une fonction de contrôle de la prescription »

Diane Bandon-Tourret, avocate à la cour, département droit de la santé, cabinet LexCase (Paris)

Il existe de rares cas de jurisprudence concernant la responsabilité du pharmacien attachée à la prescription hors AMM. Une espèce a été plus particulièrement commentée, relative à une officine qui avait délivré des associations atypiques d’antibiotiques, des médicaments contre-indiqués, des traitements pendant des durées excessives et hors AMM, et ce pendant des périodes prolongées. Cette affaire avait été révélée dans le cadre de l’étude par l’Assurance maladie des prescriptions d’un médecin, s’inscrivant dans un contexte plus général de trafic de médicaments à destination du sud-est asiatique. La section des assurances sociales du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens avait jugé que cette faute, qui consistait selon elle essentiellement à « avoir accordé une trop grande confiance à l’auteur des prescriptions litigieuses », ne pouvait être regardée comme contraire à l’honneur et à la probité et se trouvait donc amnistiée (décision du 21 octobre 2005). Saisi du recours formé par l’Assurance maladie, le Conseil d’État a annulé cette décision et retenu la responsabilité des pharmaciens

par l’arrêt du 11 mai 2007. Se fondant sur l’article R5015-60 du code de la santé publique qui dispose : « Lorsque l’intérêt de la santé du patient lui paraît l’exiger, le pharmacien doit refuser de dispenser un médicament. Si ce médicament est prescrit sur une ordonnance, le pharmacien doit informer immédiatement le prescripteur de son refus et le mentionner sur l’ordonnance », le Conseil d’État a considéré qu’il appartient au pharmacien de ne pas exécuter l’ordonnance toutes les fois où l’intérêt du malade l’exige, notamment s’il apparaît que la prescription hors AMM présente un danger pour lui. Cette décision s’inscrit dans un courant jurisprudentiel plus large, qui impose au pharmacien une fonction de contrôle de la prescription. Et en cas d’anomalie dans l’ordonnance, le pharmacien doit attirer l’attention du prescripteur en lui demandant confirmation. Une confirmation vague et impersonnelle du bien-fondé de prescription hors AMM par le médecin ne peut suffire à justifier la délivrance (sur l’attitude des pharmaciens face au hors AMM, voir aussi notre observatoire, p. 14).

La liberté de prescription

D’après l’article 8 du code de déontologie médicale, « le médecin est libre de ses prescriptions, qui seront celles qu’il estime les plus appropriées en la circonstance ». Prescrire en dehors du cadre de l’AMM n’a donc rien d’illégal. Et délivrer hors AMM n’est pas interdit par le code de la Sécurité sociale, ni par le code de la santé publique. En revanche, le prescripteur doit apposer la mention « hors AMM » sur l’ordonnance, informer le patient des risques encourus et des conditions de remboursement, le hors AMM valant non remboursement. En présence d’une prescription en dehors des indications approuvées et sans la mention « hors AMM », le pharmacien doit contacter le prescripteur et peut refuser la dispensation du médicament. Mais si certaines prescriptions hors AMM, parmi les plus fréquentes, sont faciles à repérer, d’autres le sont beaucoup moins lorsque la mention n’apparaît pas.

En officine, près de 20 % des médicaments concernés

La prescription hors AMM la plus fréquente est peut-être celle des antisécrétoires gastriques en association à un traitement AINS. Le traitement préventif antisécrétoire est indiqué durant

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le traitement anti-inflammatoire dans trois situations à risque : chez le sujet âgé de plus de 65 ans, lors d’antécédents d’ulcère gastrique ou duodénal ou lors d’une association nécessaire avec un antiagrégant plaquettaire et/ ou un corticoïde et/ou un anticoagulant. Un individu de 40 ans, sans antécédents, avec pour seul traitement un anti-inflammatoire sur quelques jours, ne présente pas de risque. Mais certains IPP sont en vente libre et c’est souvent à la demande du patient que l’antisécrétoire gastrique est prescrit en préventif. Parmi les prescriptions hors AMM fréquentes, on repère aussi le cas de l’antiagrégant plaquettaire Kardégic, dont les seules indications existent en prévention secondaire, après un premier accident ischémique myocardique ou cérébral lié à l’athérosclérose. Concernant le topiramate, l’ANSM a émis une Prescrire mise en garde courant 2011, quant à en dehors son utilisation à visée amaigrissante. Et du cadre de effectivement, le hors AMM n’est pas l’AMM n’a rien sans risque. L’affaire du Mediator utilid’illégal. Et sé comme coupe-faim nous le rappelle. délivrer hors Il y a aussi le cas actuel du médicament AMM n’est Diane 35, dont la seule indication était le traitement de l’acné chez la femme. pas interdit.

Carence de formes pédiatriques

Chez l’enfant, l’usage de spécialités réservées à l’adulte n’est pas si rare. Sont ainsi employés certains antibiotiques et topiques en dermatologie. Le hors AMM peut aussi concerner le dosage ou la forme galénique. C’est le cas du Primpéran en suppositoire dosé à 10 mg, indiqué chez l’adulte dans toutes les causes de nausées et vomissements, et chez l’enfant de plus de 20 kg dans la seule cause de nausées et vomissements retardés induits par les antimitotiques. Le dosage à 20 mg est, lui, réservé à l’adulte et à l’enfant de plus de 40 kg uniquement dans un contexte de chimiothérapie. Par nécessité, les suppositoires sont parfois prescrits en dehors de ce contexte. La pratique du hors AMM est encore plus importante à l’hôpital. En pédiatrie, le manque de médicaments destinés aux nourrissons et aux enfants est souvent en cause. La réticence des laboratoires à mettre sur le marché des spécialités pour enfants, dont les essais cliniques sont coûteux et plus compliqués, explique en partie cette défaillance. Laetitia Leclercq, pharmacienne


4H2072386054890 - Me

Hors AMM Liorésal 10 mg pendant 7 jours 1 cp matin, midi et soir t 7 jours di et 1 cp le soir pendan mi le cp 1 , tin ma le Puis 2 cp soir pendant 7 jours Puis 2 cp matin, midi et le 22 mars 2013 Prochaine consultation

Deux essais cliniques lancés

• le Cas

Après un sevrage alcoolique en milieu médicalisé, il a été prescrit un traitement d’Aotal chez Alain pour le maintien de l’abstinence. Sans résultat après plusieurs semaines, son médecin alcoologue lui prescrit un autre médicament réducteur d’appétence, la naltrexone. Mais là aussi, Alain ne perçoit pas d’amélioration et avoue céder à l’envie de boire un verre de temps à autre. Aujourd’hui, il se présente avec une prescription de baclofène.

Les indications du baclofène

En tant qu’analogue structural du gaba, le baclofène agit comme myorelaxant d’action centrale et possède une action antispastique. D’où ses indications approuvées lors de l’AMM dans la prise en charge des contractures spastiques de la sclérose en plaques, des affections médullaires ou d’origine cérébrale. En activant les récepteurs gabaergiques au niveau du système nerveux central, le baclofène intervient dans le circuit de la « récompense ». Et des études expérimentales ont suggéré un effet sur l’appétence à l’alcool. Mais si la

Devant les bénéfices observés chez certains patients alcoolodépendants, l’ANSM a autorisé un premier essai clinique en ville.

ent par chèque accept

Alain R. 1 mars 2013 er

thérapeutique, ainsi que la survenue d’effets indésirables. Il peut s’agir d’un addictologue, d’un alcoologue, d’un psychiatre ou d’un généraliste formé et impliqué dans la prise en charge de l’alcoolodépendance. Attention, la Commission nationale de pharmacovigilance insiste sur la probable importante sous-notification des effets indésirables dans ce contexte d’utilisation. Dans ce cas d’ordonnance, le pharmacien peut être rassuré quant à la spécialité du prescripteur et la durée de prescription, une consultation de suivi étant prévue. Mais la décision de la délivrance lui appartient. Le respect de la posologie progressive est primordial et il est important d’encourager le patient à contacter rapidement le médecin en cas de survenue d’effets secondaires. Enfin, il n’y a pas de remboursement pour cette prescription hors AMM.

mbre d’une AGA. Règlem

Dr Lefort D. Médecin alcoologue mpagnement Centre de soins d’acco dictologie et de prévention en ad 13400 Aubagne

é

Un sevrage alcoolique sous baclofène

dose quotidienne dans les indications de l’AMM se situe entre 30 et 75 mg, les posologies mentionnées dans les études relatives à l’alcoolodépendance varient de 30 à 120 mg par jour, avec des doses parfois plus élevées chez certains patients.

En pratique

Dans la prise en charge de l’alcoolo­ dépendance, la prescription hors AMM du baclofène doit de préférence émaner d’un praticien expérimenté, qui pourra adapter la posologie et surveiller de façon rapprochée la réponse

On relève quelques données d’efficacité du baclofène sur le plan de l’abstinence ou de la réduction de la consommation compulsive d’alcool, mais pas d’informations sur la fourchette thérapeutique optimale, ni sur le schéma d’augmentation et de réduction éventuelle des doses. Quant à la sécurité d’emploi du baclofène, il manque encore des données. Devant les bénéfices cliniques observés récemment chez certains patients alcoolo-dépendants, l’ANSM a donc autorisé le lancement d’un premier essai clinique en ville en avril 2012 sur une durée minimale d’un an. Il s’agit de l’étude Bacloville, qui va suivre 320 consommateurs d’alcool à haut risque, et dont le but est de montrer l’efficacité du baclofène sur la consommation après un an de traitement en milieu ambulatoire. La posologie sera au maximum de 300 mg par jour. En octobre 2012, un deuxième essai a été autorisé chez des patients dont le traitement est initié en milieu hospitalier. Cette seconde étude, nommée Alpadir, prévoit de suivre 316 patients. La posologie cible maximum du baclofène sera là de 180 mg par jour.

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Conseil associé

« Je n’arrête pas de tousser »

les antitussifs n’ont pas leur place ici. On conseillera des mucolytiques, qui diminuent la viscosité des sécrétions et favorisent leur expectoration. Les deux principaux sont l’acétylcystéine et la carbocistéine, à prendre lors des repas et avant 16 heures pour éviter les toux nocturnes. L’ambroxol, molécule alternative, stimule la sécrétion bronchique et augmente l’activité ­ciliaire.

˭˭ Indispensables huiles essentielles

Certaines huiles ont des propriétés expectorantes, bien utiles en cas de toux grasse. Celles-ci s’ajoutent aux propriétés antibactériennes communes aux huiles essentielles pour en faire des alliées de choix en hiver. Parmi les huiles à conseiller, citons l’eucalyptus, le thym, le serpolet ou l’origan. Elles peuvent être diluées dans une huile neutre pour être ensuite appliquées sur la peau (friction sur la poitrine et le dos), préparées en suppositoires ou encore inhalées. L’inhalation peut se faire sous forme sèche ou humide. Dans le premier cas, on dépose quelques gouttes d’huile essentielle dans un mouchoir, et on inhale directement dans le mouchoir. Dans le second cas, c’est la vapeur d’eau qui servira de vecteur aux huiles ­essentielles.

©© dalaprod - fotolia

˭˭ L’homéopathie ad hoc

La toux est un réflexe de défense de l’organisme, et un motif récurrent de demande de conseils au comptoir. Voici de quoi soulager vos clients et doper vos ventes ! ˭˭ Un antitussif en cas de toux sèche

La toux sèche, sans expectoration, parfois douloureuse et toujours gênante, est due à l’irritation des voies respiratoires. Si elle est chronique, s’accompagne de fièvre ou de douleurs thoraciques, la consultation s’impose ! Sinon, vous pouvez conseiller à votre client adulte un antitussif, en respectant bien les contreindications et interactions. Le choix s’effectuera entre les dérivés opiacés

(pholcodine, codéine, dextrométorphane…) et l’hélicidine, qui présente l’avantage de ne pas avoir d’effet dépresseur respiratoire et peut être conseillé dès 24 mois. Le traitement est à réévaluer au bout de deux ou trois jours.

˭˭ Un fluidifiant pour la toux grasse

La toux grasse permet de faire remonter les sécrétions bronchiques. Elle est donc utile et ne doit pas être arrêtée :

Trois formules composées sont inévitables en cas de toux sèche : Drosera composé, Ipeca composé et Arum Triphyllum composé, à raison de cinq granules trois fois par jour. En cas de toux grasse, on pourra recourir à Antimonium tartaricum ou Hydrastis, de préférence en 5 CH pour une action localisée. Si la toux est coqueluchoïde, on pourra conseiller Coccus cacti également en 5 CH. Hyoscyamus est adapté si la personne tousse dès qu’elle est allongée.

˭˭ Les plantes de la toux

Au-delà des huiles essentielles, il est possible de proposer des plantes sous forme de tisanes. Les espèces pectorales (tussilage, mauve, guimauve, pied-dechat, coquelicot, bouillon blanc, violette odorante) sont indiquées pour les toux sèches. Sans atteindre l’efficacité des spécialités antitussives de type dérivé opiacé, elles présentent d’autres avantages comme une activité plus globale sur la sphère ORL. Parmi les plantes de la toux grasse, on compte la réglisse et le grindelia, le lierre terrestre, le marrube blanc ou encore l’erysimum. Amélie Baumann-Thiriez, pharmacienne

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Au comptoir

« Ce n’est pas un comprimé ? » ©© Jason Lugo - istock

Pour une meilleure biodisponibilité ou pour une action locale, les patients peuvent être confrontés à des formes galéniques particulières. Des explications simples sont essentielles pour un traitement bien suivi. « Des gélules à respirer, mais comment ? »

Dans le traitement chronique de l’asthme ou de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), les bronchodilatateurs ou les corticoïdes s’administrent très fréquemment par voie inhalée à l’aide d’un dispositif adéquat. La poudre à inhaler est parfois contenue dans des gélules. C’est le cas avec les spécialités Foradil, Miflasone, Miflonil, Onbrez, Oslif et Spiriva. La gélule, sortie de son emballage juste avant utilisation, doit être placée dans le logement de l’inhalateur. Une fois ce dernier refermé et en position verticale, la gélule sera perforée via des boutons poussoirs. Après avoir bien expiré, le patient

46 • Pharma N°100 - mars 2013

doit placer l’embout de l’appareil dans sa bouche, serrer les lèvres et inspirer profondément par la bouche. L’inhalation doit être renouvelée s’il subsiste de la poudre dans l’inhalateur, sinon la gélule vide peut être jetée. Ce système d’inhalation est particulièrement adapté aux sujets chez qui une mauvaise synchronisation mains/ poumons a été mise en évidence. Par ailleurs, la vérification visuelle permet de savoir si toute la dose a été prise. Selon les spécialités, le patient peut entendre la gélule tourner ou vibrer dans son emplacement lors de l’inhalation et percevoir un léger goût sucré lié au lactose (c’est le cas avec Onbrez ou Oslif ). Un rinçage de la bouche doit être préconisé après

chaque inhalation de corticoïdes, quel que soit le dispositif employé.

« Le vaccin contre la gastro-entérite va aussi au réfrigérateur ? »

8 C’est, en degrés, la température maximale de conservation des vaccins.

Le stockage à température ambiante d’un médicament devant être conservé au réfrigérateur accélère sa vitesse de dégradation et les délais de stabilité et d’utilisation des vaccins dont la chaîne du froid a été rompue varient d’un médicament à l’autre. En pratique, mieux vaut se référer au laboratoire commercialisant le produit concerné. Pas d’exception pour les deux vaccins buvables indiqués dans l’immunisation active des nourrissons pour la prévention des gastro-entérites dues à une infection à


rotavirus. Rotateq, en tube unidose, et Rotarix, en applicateur prérempli, se conservent entre + 2 et + 8 °C, dans leur emballage et à l’abri de la lumière, car ce sont des médicaments photosensibles. L’immunisation peut se faire par Rotarix en deux doses, ou par Rotateq en trois doses, dès l’âge de 6 semaines et en respectant un intervalle d’au moins quatre semaines entre chaque. La vaccination devra se terminer avant l’âge de 24 semaines pour Rotarix et 26 semaines pour Rotateq. Ces vaccins, à administrer par voie orale, ne doivent pas être mélangés à d’autres vaccins ou solutions. Leur administration se fait lors d’une consultation médicale. Après avoir inspecté visuellement l’aspect physique de la solution, le médecin peut donner la totalité de la dose sur la face interne de la joue de l’enfant en position assise et inclinée. Il veillera à ce qu’elle soit bien absorbée.

« Ce stylo, c’est de l’adrénaline ? »

Le patient diagnostiqué allergique peut avoir à utiliser de l’adrénaline par voie injectable. Face à l’urgence, l’emploi du stylo auto-injecteur ne doit pas inquiéter. Pour cela, il faut que le mode d’emploi soit bien connu. Anapen, à conserver à température ambiante, s’emploie dans le traitement d’urgence des symptômes du choc anaphylactique provoqué par des aliments, des médicaments, des morsures ou piqûres d’insectes et par d’autres allergènes. À noter qu’Anapen peut aussi s’utiliser lors d’un choc anaphylactique idiopathique ou induit par un exercice physique. Le stylo contient une seringue préremplie à usage unique. En pratique, l’injection d’Anapen se fait en intramusculaire

dès l’appa­ rition des signes précurseurs du choc anaphylactique pouvant survenir dans les minutes suivant l’exposition à l’allergène. L’injection se fait dans la face antéro-latérale de la cuisse, et non dans le muscle fessier. Chez l’enfant, la dose appropriée est de 150 µg ou de 300 µg d’adrénaline selon le poids et l’avis du médecin. En cas de réponse insuffisante, une nouvelle dose peut être injectée après un délai de dix à quinze minutes. Le stylo 0,15 mg/0,3 mL délivre une dose unique de 150 µg d’adrénaline, et Anapen 0,30 mg/0,3 mL, une dose unique de 300 µg. Avant emploi, la solution doit être inspectée par les fenêtres prévues, en tournant la bague pivotante : elle doit être limpide et incolore. Il faut ensuite regarder la couleur de l’indicateur d’injection. S’il est rouge, cela signifie que l’auto-injecteur a déjà été déclenché. La couleur blanche du piston peut faire procéder à l’injection. Retourner la bague pivotante, retirer le bouchon noir de l’aiguille puis le bouchon gris de sécurité du bouton déclencheur situé à l’autre extrémité. Positionner l’injecteur contre la cuisse puis appuyer sur le bouton déclencheur de façon à entendre un clic et maintenir pendant 10 secondes (l’injection peut aussi se faire à travers un tissu peu épais). Après emploi, il est normal qu’un volume de 0,75 mL reste inutilisé dans la seringue. • À noter : la commercialisation récente de Jext, stylo auto-injecteur d’épinéphrine (adrénaline) aux dosages de 150 et 300 µg. Une seule manipulation est nécessaire pour activer le dispositif et l’aiguille est recouverte après usage par une extrémité protectrice. La conservation se fait à température ambiante pour une durée maximale de 24 mois.

« Le spécialiste m’a prescrit une mousse rectale, comment l’utiliser ?  »

24 C’est la durée maximale de conservation, en mois, du stylo Jext.

Les suppositoires, une histoire de sens Lorsqu’il est asymétrique, le suppositoire doit être introduit par son extrémité basale plate afin que la partie pointue puisse provoquer une fermeture réflexe du sphincter anal. Il est ainsi propulsé au fond de l’ampoule rectale sans que le patient n’ait besoin de le pousser. Les suppositoires antihémorroïdaires peuvent être enduits d’un filet de pommade de même indication pour faciliter l’introduction parfois douloureuse. Le suppositoire Pentasa, allongé et arrondi à ses deux extrémités, peut être légèrement humidifié avec de l’eau tiède. Enfin, à préciser au patient :

l’effervescence des suppositoires Eductyl, indiqués dans le traitement symptomatique de la constipation, essentiellement distale, et dans la préparation aux examens endoscopiques ou radiographiques. Le gaz carbonique libéré au contact de l’humidité rectale déclenche le réflexe exonérateur en quelques minutes. Cette forme galénique ne permet pas de couper en deux les suppositoires. Aussi existe-t-il un demi-dosage pour les enfants. Attention, les suppositoires Eductyl sont contre-indiqués en cas d’allergie à l’arachide ou au soja.

Indiquée en cas de rectocolite hémorragique, maladie de Crohn colique, rectite post-radique ou rectite après colectomie, la spécialité Colofoam est une mousse rectale d’hydrocortisone. Elle assure une action anti-inflammatoire ciblée au niveau de la muqueuse rectocolique. Son flacon pressurisé, doté d’un applicateur-doseur, contient au minimum quatorze doses. Après avoir agité vigoureusement le flacon et l’avoir inséré dans l’embout de l’applicateur-doseur, il faut remplir ce dernier en deux ou trois pressions (ne pas presser en continu le flacon pour remplir du premier coup l’applicateur). Il convient de répéter brièvement la pression jusqu’au remplissage, en attendant à chaque fois l’arrêt de l’expansion de la mousse. Il est conseillé au patient de s’allonger sur le côté et d’introduire l’embout de l’applicateur dans le rectum. La dose est administrée en poussant le piston. Après chaque usage, les deux parties de l’applicateur doivent être séparées et nettoyées à l’eau chaude. En aucun cas, le flacon pressurisé ne doit être inséré directement dans le rectum. La posologie recommandée est d’une administration par jour pendant deux à trois semaines, suivie éventuellement d’une administration un jour sur deux. D’autres spécialités, sous forme de poche unitaire, peuvent être prescrites dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (Pentasa, Betnesol). Leur administration se fait de préférence le soir, au coucher, pour conserver la suspension le plus longtemps possible (au moins quinze à vingt minutes), le patient étant allongé sur le côté gauche les jambes légèrement repliées.

« L’anneau, est-ce le gynécologue qui le pose ? »

L’anneau contraceptif Nuvaring doit être mis en place et retiré par la patiente. Des explications sont très souvent données par le prescripteur généraliste ou gynécologue. Reste à savoir si la patiente a bien compris. Mieux vaut répéter les explications quant au mode d’emploi, au moins lors d’une première délivrance. L’anneau doit être pincé entre deux doigts et inséré dans le vagin, la femme étant debout avec une jambe relevée, accroupie ou couchée. Après introduction de l’anneau, aucune gêne ne doit

mars 2013 - Pharma N°100 • 47


Au comptoir

Quelle différence entre les présentations de ceftriaxone injectable ? pour chacune des deux présentations (IV, IM, SC et IM, SC) : 500 mg et 1 g. Ce dernier dosage est généralement destiné aux adultes. La présentation pour voie IV, IM et SC, sans lidocaïne, peut être administrée par voie intramusculaire ou sous-cutanée chez les patients présentant une hypersensibilité aux anesthésiques.

©© B. Boissonnet – bsip

Attention lors d’une prescription de Rocéphine ou de ceftriaxone injectable. Ces présentations réservées uniquement aux voies intramusculaire et sous-cutanée renferment dans leur composition un anesthésique local. Injectée par voie intraveineuse, la lidocaïne risquerait de causer une toxicité cardiaque. Deux dosages existent

Nuvaring. Mieux vaut réexpliquer le mode d’emploi à la patiente, au moins lors d’une première délivrance.

être perçue et, quelle que soit sa place dans le vagin, l’effet contraceptif est assuré. L’anneau doit être laissé en place sans interruption pendant trois semaines, puis retiré le même jour de la semaine que celui où il a été introduit. En général, l’hémorragie de privation apparaît deux à trois jours après son retrait. Après une période d’une semaine sans anneau, un nouvel anneau est inséré en respectant toujours le même jour de la semaine (l’hémorragie pouvant ne pas être complètement terminée). L’expulsion accidentelle de l’anneau est rare, sauf s’il n’a pas été correctement mis en place. S’il est resté en dehors du vagin pendant moins de trois heures, la femme doit, dès que possible, le rincer à l’eau froide ou tiède et le réinsérer, au plus tard dans les

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trois heures. En revanche, s’il est demeuré en dehors plus de trois heures ou en cas de doute, lors de la première ou de la deuxième semaine du cycle, l’efficacité contraceptive peut être compromise. L’anneau doit être remis en place et le recours à une méthode contraceptive locale supplémentaire, comme le préservatif, est de règle pendant sept jours. Si cet événement a lieu durant la troisième semaine, l’anneau doit être jeté. Deux possibilités pour la patiente : l’insertion immédiate d’un autre anneau pour trois semaines ou l’attente de la survenue des règles et l’introduction d’un nouvel anneau, au plus tard dans les sept jours. • À noter : Nuvaring est un contraceptif de troisième génération et, à ce titre, il est indiqué en seconde intention. Si votre cliente s’interroge sur la

3 L’anneau vaginal doit être laissé en place pendant trois semaines.

conduite à tenir, vous pouvez, comme pour les contraceptifs oraux de troisième et quatrième générations, l’inviter à prendre rendez-vous avec son médecin pour réévaluer son traitement, tout en veillant à ne pas l’arrêter brutalement, et risquer une grossesse non désirée.

« Les ovules, c’est tous les soirs ? »

La posologie des ovules, des gélules et des comprimés vaginaux varie selon les spécialités employées et leur galénique. Les ovules à action prolongée agissant sur plusieurs jours ne doivent pas être utilisés quotidiennement. Après introduction d’un ovule de Monazol ou de Gyno-Trosyd, les glycérides fondent au contact de la muqueuse vaginale, puis se répartissent sur la paroi du vagin, où le principe actif va agir pendant deux jours pour Gyno-Trosyd, sept jours pour Monazol. Quant à l’ovule de Gyno-Pevaryl LP, il est constitué d’un polygel qui, au contact de la muqueuse, forme un gel bioadhésif maintenant une concentration efficace d’éconazole pendant trois jours. Par ailleurs, la capsule molle de Lomexin libère en fondant la suspension de fenticonazole qui va adhérer aux parois vaginales durant trois jours. Dans la plupart des cas, ce n’est qu’au bout de ces délais d’action qu’une ré­ administration éventuelle peut se faire. Les trois ovules de Gyno-Pevaryl s’administrent en revanche trois soirs de suite. Les comprimés vaginaux de Colposeptine se prennent, eux, quotidiennement, sur une durée recommandée de dix-huit jours. Avant leur introduction, ils doivent être rapidement passés sous l’eau (la faible humidité du vagin pouvant être réduite dans certaines pathologies). Les capsules vaginales Polygynax s’emploient aussi quotidiennement, pendant douze jours. À préciser que Polygynax Virgo s’administre chez les jeunes filles par instillation grâce à l’extrémité allongée de la capsule, sur une durée de six jours. Les capsules de progestérone ont la particularité de pouvoir s’utiliser par voie orale ou vaginale. Attention enfin aux capsules Trophigil, uniquement destinées à la voie vaginale. En général, elles s’emploient matin et soir durant vingt jours, puis une fois par jour. Pour améliorer leur administration et leur vitesse de désagrégation, elles doivent être légèrement humectées avant introduction. Laetitia Leclercq, pharmacienne


Une molécule au microscope

Le vemurafenib (Zelboraf ) sort de la réserve hospitalière O

Princeps

Zelboraf (laboratoire Roche) Dosage

240 mg de vemurafenib

F

Présentation en officine

Boîte de 56 comprimés pelliculés sous plaquettes de 8 SMR important

ASMR modérée (III) Liste I, remboursement 100 % Sécurité sociale Médicament soumis à prescription hospitalière, réservé aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie. Médicament nécessitant une surveillance particulière pendant le traitement.

HN

O S

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Cl

F N

N h

Prix

2 288,98 e 1 Indications

Le vemurafenib est indiqué en monothérapie dans le traitement des adultes atteints d’un mélanome non résécable ou métastatique porteur d’une mutation BRAFV600. La présence de cette mutation doit être confirmée par un test validé avant de démarrer le traitement. 2

À l’occasion de l’arrivée en ville de Zelboraf, Pharma fait le point sur cet antinéoplasique utilisé dans le traitement du mélanome non résécable ou métastatique. 4

Mode d’action

Le vemurafenib est un antinéoplasique inhibiteur de protéine kinase, et plus précisément de la sérinethréonine kinase BRAF. Les protéines BRAF, résultant de mutations dans le gène BRAF, sont capables d’entraîner une prolifération cellulaire en l’absence des facteurs de croissance normalement requis. Le vemurafenib inhibe la forme activée des protéines kinases BRAF. Ceci explique la nécessité de confirmer au préalable la présence de la mutation. 3 Posologie

La dose recommandée est de 960 mg deux fois par jour, soit quatre comprimés deux fois par jour pour une dose totale de 1 920 mg. Le traitement sera poursuivi jusqu’à progression de la maladie ou survenue d’une toxicité inacceptable. Selon le grade des effets indésirables, le traitement sera suspendu puis repris avec une posologie diminuée, ou arrêté définitivement.

Les pharmaciens accompagnés

Pour cette sortie de réserve hospitalière, le laboratoire a prévu un dispositif d’accompagnement pour les pharmaciens, incluant une ligne directe, des modules d’information et de sensibilisation, une formation en ligne sur le médicament…

Effets indésirables

Les plus fréquemment rapportés sont : arthralgie, fatigue, éruption cutanée, réaction de photosensibilité, nausées, alopécie et prurit. Parmi les effets indésirables très fréquents, on trouve aussi des cas de carcinomes épidermoïdes cutanés, des céphalées, une toux, des diarrhées, vomissements, constipations, des myalgies, dorsalgies, arthralgies, douleurs musculosquelettiques ou dans les extrémités, une élévation du taux de gamma GT. 5 Interactions

médicamenteuses

Le vemurafenib inhibe le cytochrome CYP1A2 et peut donc augmenter la concentration plasmatique des substances métabolisées par ce cytochrome (dont la caféine). À l’inverse, il est inducteur du CYP3A4 et peut diminuer l’efficacité du midazolam, de certaines pilules contraceptives… Inducteur du CYP2B6, inhibiteur du CYP2C8, inhibiteur de la pompe d’efflux (P-gp), le vemurafenib pourrait également avoir des effets non encore connus sur d’autres transporteurs.

6

Grossesse et allaitement

Une contraception efficace doit être prise durant le traitement et les six mois qui suivent au minimum. Le vemurafenib traverse le placenta et ne doit pas être administré à une femme enceinte, sauf si le bénéfice pour la mère l’emporte sur le risque éventuel pour le fœtus. Ne sachant pas si le vemurafenib est excrété dans le lait maternel, la décision d’interrompre l’allaitement sera prise en comparant le bénéfice de l’allaitement pour l’enfant à celui du traitement pour la mère. 7

Conseils

Les comprimés doivent être ingérés entiers (non écrasés ou croqués) avec de l’eau, pendant ou en dehors des repas ; on évitera d’absorber les deux doses à jeun tous les jours. En cas d’oubli d’une dose, celle-ci peut être prise jusqu’à quatre heures avant la dose suivante, pour maintenir le rythme de deux prises quotidiennes (qui ne doivent pas être avalées simultanément). Si vomissement, ne pas reprendre une dose et poursuivre normalement. Rose Perrier, pharmacienne

mars 2013 - Pharma N°100 • 49


Dermo-cosmétique

Gros plan sur l’hygiène du tout-petit Après que les polémiques autour du bisphénol et des lingettes ont agité les comptoirs, le pharmacien est aux premières loges pour orienter les jeunes parents. Conseils avisés et bons gestes sont ici compilés pour vous. Par Rose Perrier, pharmacienne Bain

Ongles

C’est souvent un moment apprécié par petits et grands, mais le choix du produit lavant doit être effectué avec sérieux. Exit les savons, trop agressifs et au pH inadéquat, ou les solutions lavantes antiseptiques, même lorsque le cordon est encore présent. Un syndet ou un lavant surgras adapté à la peau fragile du tout-petit doit être préféré, en misant sur des formules simples, sûres et sans parfum en cas de terrain atopique.

Croûtes de lait Si le cuir chevelu a chez le bébé le même pH que la peau du corps, il a une production de sébum bien plus importante. Celle-ci est à l’origine des croûtes de lait, qui résultent de l’agglomération de cellules épithéliales mortes. Ces croûtes blanches ou jaunâtres apparaissent sur le crâne ou derrière les oreilles, sont en général bénignes et ne doivent surtout pas être grattées ou frottées, sous peine de léser la peau qui est dessous. Gels, crèmes et shampoings traitants existent chez Klorane, Mustela ou Aderma. Attention à respecter le mode d’emploi et le temps de pose. En prévention, conseillez un shampoing doux quotidien et un brossage avec une brosse adaptée.

Il est impératif de couper les ongles des tout-petits, pour éviter qu’ils ne se griffent ou griffent leurs petits camarades (ainsi que leurs parents). Cette mission assez peu aisée sera remplie avec des ciseaux à bouts ronds, recourbés, ou un coupe-ongle adapté aux petites mains. L’astuce consiste à tirer sur la pulpe du doigt par en dessous pour bien dégager l’ongle et couper sans risquer d’accident. Si bébé s’agite trop ou proteste énergiquement, mieux vaut attendre un moment plus propice… voire la sieste.

Oreilles Le message commence à passer, mais mieux vaut répéter les fondamentaux : les cotons-tiges classiques ne sont déjà pas recommandés chez les adultes, mais ils sont à proscrire chez les bébés et les enfants. Pour éviter la formation de bouchons et tout risque de lésion du tympan, proposez des modèles spécifiques pour tout-petits, à utiliser uniquement pour nettoyer le pavillon.

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Joues Le froid ou le vent peuvent causer des rougeurs et des irritations sur les parties découvertes de bébé. Et comme on ne peut les emmitoufler intégralement, ce sont souvent les joues qui souffrent. Conseillez un cold cream, nourrissant et protecteur, pour prévenir et soigner ces désagréments.


Décalottage Après des années, voire des décennies où l’on conseillait aux jeunes parents de pratiquer le décalottage de leur petit garçon (notamment lors du bain), la tendance est maintenant tout autre : puéricultrices et pédiatres recommandent de ne pas toucher au prépuce. Le décalottage, pratiqué pour des raisons hygiéniques (qui se sont avérées erronées), peut en effet être source de douleur pour l’enfant, mais il est également responsable de lésions et peut causer des adhérences supplémentaires ou un phimosis cicatriciel. C’est également un geste qui met mal à l’aise certains jeunes parents ; vous pouvez donc les rassurer et leur épargner cette pratique. À la naissance, pour 99 % des petits garçons, le prépuce est adhérent au gland. Puis il va peu à peu se désolidariser, sans intervention extérieure, sous

Soin du cordon l’effet des premières érections (celles-ci peuvent survenir dès la vie intra-utérine). Le pédiatre pourra vérifier, lors des consultations, que l’orifice s’élargit avec le temps, et une intervention pourra être recommandée en cas de phimosis véritable, aux alentours de 3 ou 4 ans. Mais, de manière générale, il est normal qu’un pénis ne décalotte pas complètement les premières années, et on conseille donc aux parents de ne plus pratiquer de manœuvres visant à accélérer le processus. Tant que l’urine coule en jets réguliers, c’est que tout va bien ! À noter : des sécrétions blanchâtres peuvent apparaître à l’orifice, elles n’ont rien de pathologique. Il s’agit du smegma, amas de tissus mous formés de cellules mortes. Ce processus naturel peut contribuer à détacher le prépuce du gland.

Après la naissance, le vestige du cordon ombilical va mettre plusieurs jours à se détacher et tomber. Durant cet intervalle, il faut pratiquer des soins quotidiens, idéalement après chaque change, à l’aide de compresses et d’un antiseptique non alcoolique (type Biseptine). Le bon geste ? Replier la compresse pour former un bec, l’imbiber de solution puis nettoyer doucement le pourtour du cordon, et recommencer jusqu’à ce que la compresse soit propre. Que les jeunes parents n’hésitent pas à pousser légèrement le cordon pour bien nettoyer autour, cela n’est pas douloureux pour l’enfant. Il faut ensuite veiller à ce que le cordon reste au sec. Attention donc aux urines ; il peut être conseillé de replier la couche devant pour qu’elle reste sous le nombril. Si le cordon est dur et irrite la peau de bébé, nouer autour une petite compresse bien sèche qui protégera la peau du ventre.

Érythème fessier Cette irritation du siège est due au contact de la peau avec les selles et les urines. Pour neutraliser leur acidité, le classique et incontournable liniment oléocalcaire est tout indiqué. Les pâtes à l’eau et pommades permettent d’isoler et de réparer l’épiderme agressé. Certains soins préviennent les surinfections, comme Cicalfate ou Serozinc. Quant à Cytelium, on le réservera aux lésions suintantes. Votre conseil supplémentaire : changer souvent les couches, laisser les fesses de bébé à l’air si cela est possible, et utiliser des cotocouches en cas de diarrhée.

Paru en juin dernier, un rapport de l’ANSM (Évaluation du risque lié à l’utilisation du phénoxyéthanol dans les produits cosmétiques) soulève une interrogation sur la présence de phénoxyéthanol dans les topiques pour bébé, et notamment les lingettes. En effet, les données actuelles ne permettent pas de conclure à l’innocuité du phénoxyéthanol chez les enfants de moins de 3 ans, car on ignore son degré d’absorption par la peau des

tout-petits. Or, cet éther de glycol, employé comme conservateur, est potentiellement hépato- et hématotoxique. La prudence est donc de mise pour l’instant, et mieux vaut éviter d’employer des lingettes contenant du phénoxyéthanol (également identifié sous le code EGPhE dans les listes d’ingrédients). Un certain nombre de labels bio garantissent une formulation sans phénoxyéthanol, mais c’est aussi le cas de plusieurs laboratoires spécialisés

dans les produits cosmétiques pédiatriques. L’ANSM a, de son côté, lancé une évaluation de cet ingrédient dans les produits cosmétiques, et recommande par ailleurs de ne pas l’utiliser dans les cosmétiques destinés au siège des nourrissons. Elle préconise également de réduire la concentration maximale en phénoxyéthanol dans les autres cosmétiques destinés aux enfants (la concentration maximale autorisée passerait alors de 1 à 0,4 %).

mars 2013 - Pharma N°100 • 51

©© thomas vogel – istockphoto

Les lingettes sous surveillance


Matériel et soins

Plaies et pansements : saurez-vous les reconnaître ? 1

2

3

4

5

Que ce soit pour des plaies chroniques (escarres, ulcères) ou aiguës (brûlures, suites opératoires), les pansements ont pour fonction de favoriser une cicatrisation optimale. À chaque plaie son pansement… Les plaies et leurs caractéristiques  L’escarre Il s’agit d’une plaie chronique (plus de quatre semaines) consécutive à une hypoxie cellulaire provoquée par une pression excessive et prolongée. Il existe plusieurs stades d’escarres selon la profondeur et la gravité de la plaie. Le choix du pansement différera selon le stade (de la simple rougeur à la nécrose), les caractéristiques (quantité d’exsudat, infection ou pas), la localisation et la taille de l’escarre. On utilise souvent les hydrocellulaires (pour tous les stades de la cicatrisation des plaies plutôt exsudatives), les hydrocolloïdes étant plutôt employés en fin de cicatrisation (à partir du bourgeonnement) ou pour une escarre récente (simple rougeur) car l’escarre devient alors moins exsudative. Pour une plaie très exsudative, on choisira un pansement hydrofibre recouvert d’une plaque d’hydrocolloïde. Les pansements pour escarre ont la particularité d’avoir une partie centrale

52 • Pharma N°100 - mars 2013

à l’épaisseur accrue pour soulager les zones d’appui. De plus, la largeur de l’adhésif en périphérie assure une bonne tenue. Exemples : Biatain escarre, Duoderm E. 2 L’ulcère variqueux Il s’agit d’une plaie située sous le genou, chronique (plus de quatre semaines), qui est liée à une pathologie de la circulation veineuse (hyperpression). Pour favoriser la cicatrisation, il faut également d’abord caractériser la plaie (stade, profondeur, taille, quantité d’exsudat, présence ou non d’infection). Parmi les pansements, le choix se portera sur les hydrocolloïdes (utilisables à tous les stades de la cicatrisation si la plaie est peu exsudative) ou sur les hydrocellulaires si la plaie est exsudative. On peut aussi recourir aux hydrogels recouverts d’un pansement secondaire pour la phase de détersion et si l’ulcère est sec. Si celui-ci est très exsudatif, un pansement hydrofibre ou alginate sera utilisé avec un pansement secondaire. Exemple : Biatain ulcère.

3 La brûlure Il s’agit d’une plaie aiguë consécutive à une augmentation thermique, à une action chimique, électrique ou liée à une gelure, qui entraîne une destruction plus ou moins profonde de la peau. Il existe plusieurs stades de brûlure. Bien caractériser la plaie (origine, stade, profondeur, taille) permet d’optimiser sa prise en charge. Les pansements les plus adaptés pour une bonne cicatrisation sont les tulles, les lipidocolloïdes ou les hydrocolloïdes. Ce sont des interfaces pour les plaies en phase de bourgeonnement. Exemples : Urgotul, Jelonet. 4 La plaie chirurgicale Il s’agit d’une plaie aiguë de type cicatrice, refermée par des points de suture. Selon les dimensions et la quantité d’exsudat, le choix du pansement se fera entre un pansement stérile avec compresse absorbante (pansement américain type Zetuvit) ou une compresse simple (Cicaplaie, Médipore).


Quel pansement pour une cicatrisation optimale ? Type de pansement

Phase de cicatrisation

Propriétés

Hydrocellulaires

Toute plaie exsudative

Allevyn life, Biatain, Urgostart, et aux liquides • Permet les échanges gazeux Combiderm, • Maintien d’un milieu humide Hydrosorb, Tielle, Mepilex border

Hydrocolloïdes

Toute plaie peu exsudative

• Absorption et contrôle des exsudats • Adhésion à la peau saine • Permet les échanges gazeux • Maintien d’un milieu humide

Algoplaque, Askina hydro, Comfeel plus, Duoderm E, Hydrocoll

Hydrofibres

Toute plaie très exsudative

• Absorption des exsudats • Milieu humide favorable

Aquacel, Aquatulle

aux plaies très exsudatives • Absorption des exsudats • Hydratation des plaies

Détersion

Askina gel, Duoderm nécrotiques hydrogel, • Absence d’adhésivité Intrasite gel, aux plaies Urgo gel, • Maintien d’un milieu humide Purilon, Hydroclean

Alginates

Détersion

• Hémostatique • Haut pouvoir absorbant • Maintien de l’humidité

Interfaces et pansements gras

Bourgeonnement, épidermisation

• Drainage des exsudats vers Urgotul, Jelonet, le pansement secondaire Vaselitulle • Maintien d’un milieu humide

Acide hyaluronique

Plaie à cicatrisation difficile

• Intervient à tous les stades Hyalogran, de la cicatrisation Ialuset • Maintien d’un milieu humide

Films adhésifs ­ semi-perméables

Protection de la plaie Pansement secondaire

• Permet le maintien d’un pansement primaire • Protège une plaie sans problème de cicatrisation

Charbon

Plaie malodorante • Contrôle des odeurs • Adsorption des microorganismes • Absorption modérée des exsudats

Argent

Plaie infectée et malodorante

Des propriétés variées

Délivrer une ordonnance comprenant des pansements implique d’avoir connaissance de leurs rôles et propriétés. Malgré les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS)*, le pharmacien est souvent confronté à des prescriptions incomplètes ou à des ruptures d’approvisionnement. Le tableau ci-contre présente certains des pansements disponibles, leurs propriétés et les phases de cicatrisation durant lesquelles ils sont employés. Certains conseils sont valables quel que soit le type de pansement. Ceux-ci s’appliquent ainsi sur une plaie rincée avec du sérum physiologique. À la mise en place d’un pansement, pour un meilleur maintien, sécher le pourtour de la plaie avec une compresse. Bien appuyer autour pour le fixer, mais ne pas en toucher le centre car les zones

• Haut pouvoir absorbant • Imperméable aux bactéries

Hydrogels

Le choix du pansement

Il passe d’abord par une bonne analyse de la plaie et de son état de cicatrisation. Depuis quand la plaie est-elle présente ? Quelle est sa localisation ? Quelles sont ses dimensions (largeur, longueur, profondeur) ? Peut-on la nommer (escarre, ulcère, brûlure, plaie postopératoire…) ? Quelle est la quantité d’exsudat ? À quel stade de la cicatrisation se trouve la plaie (nécrose, détersion, bourgeonnement, épithélisation) ? Dans quel état est la peau périlésionnelle (saine, irritée, rouge, inflammatoire…) ? La plaie est-elle odorante, infectée, douloureuse ?

Exemples

de bourgeonnement sont fragiles. Certains pansements nécessitent un pansement secondaire : les hydrofibres, les alginates, les pansements gras, au charbon, à l’argent non associés à un hydrocolloïde, et ceux à l’acide hyaluronique. Parmi ceux qui peuvent servir de pansements secondaires, on trouve les formes non adhésives d’hydrocellulaire ou d’hydrocolloïde (si plaie très exsudative), les pansements simples stériles. Quelques précautions d’emploi sont à retenir. Les hydrocolloïdes sont contreindiqués avec les plaies infectées. Il

• Adsorption des microorganismes

Algostéril, Askina sorb, Urgosorb

Opsite, Optiskin, Tegaderm, Hydrofilm Actisorb

Cellosorb Ag, Urgotul Ag

faut faire dépasser de 2 à 3 cm les hydrocolloïdes sur la peau saine et d’au moins 1 cm les hydrofibres. Pour les modèles au charbon, penser à les mouiller pour les décoller. Pour ceux à l’acide hyaluronique, la compresse (pansement secondaire) se change tous les jours. Enfin, les hydrocolloïdes sont malodorants lors de leur renouvellement. Géraldine Dupuis, pharmacienne (*) www.has-sante.fr/portail/upload/ docs/application/pdf/2009-01/ pansements_synthese_rapport.pdf

mars 2013 - Pharma N°100 • 53

©© laurent – bsip, bsip, grobborg – fotolia, Lukasz Kulicki – istock, DR P. MARAZZI – Spl

5 La plaie infectée Il s’agit d’une plaie aiguë ou chronique qui présente des signes d’infection. Ces signes peuvent être un ralentissement du processus de cicatrisation, une modification de la quantité et de la qualité des exsudats (verts, abondants, purulents, malodorants), une inflammation de la peau périlésionnelle (rougeur, œdème, chaleur, douleur). Selon ces caractéristiques, la profondeur, le stade et le type de plaie (suture, ulcère, escarre…), on choisira un pansement au charbon (± argent) pour les plaies très exsudatives et malodorantes ou un pansement à l’argent. Pour les plaies superficielles, de simples interfaces à l’argent suffiront. Les pansements hydrocolloïdes simples sont contre-indiqués. Attention, au 1er avril, certains pansements à l’argent ou au charbon actif ne seront plus remboursés. Pensez à faire vos mises à jour (voir Actualités, p. 8) ! Exemple : Urgotul Ag.


Nouveaux produits

>> Zoom sur… Elancyl

• Repositionnement de la gamme minceur en une marque globale de la beauté du corps • 3 nouveaux produits • Baume nourrissant, pot de 200 ml, ppc : 19,90 € • Lait hydratant énergisant, tube de 200 ml, ppc : 13,50 € • Eau d’éclat, flacon de 150 ml, ppc : 24,50 € • Pierre Fabre

Nouvelle orientation, nouvel élan Elancyl prend en 2013 une nouvelle orientation

se déclinent dans un vert plus tendre ; les soins

et développe un savoir-faire plus global dans la

vergeture (prévention et correction) affichent le

beauté du corps. La marque propose une nouvelle

même vert, mais agrémenté d’un pictogramme

segmentation de ses produits accompagnée

spécifique. Les trois nouveaux produits de ce début

de packagings revus. On trouve désormais trois

d’année appartiennent au segment corps, avec

grands axes reconnaissables à leur couleur :

un lait hydratant énergisant et une eau d’éclat

les soins silhouette (minceur, fermeté), l’offre la

parfumante et dynamisante, tous deux à l’extrait de

plus technique, affichent un vert foncé ; les soins

guarana, et un baume nourrissant aux huiles

bénéfiques corps (hygiène, hydratation, nutrition)

de carthame et de coco.

En bref… Dulcogas, siméticone sous forme de sachets-sticks contenant des granulés à dissolution immédiate, goût menthe, pour lutter contre les ballonnements dès 6 ans – Citrage propose deux produits à base de citrulline, ProteoCIT (complément nutritionnel oral) et MyoCIT (complément alimentaire), spécialement destinés aux seniors – Plus de sucre dans Hélicidine 10 %. La nouvelle formulation est édulcorée à la saccharine et au maltitol et propose un goût framboise – Phyto7 souffle 45 bougies et propose pour l’occasion une édition collector durant tout le printemps – Zambon lance Panaurette, un spray 2 en 1 pour traiter et prévenir les bouchons de cérumen

54 • Pharma N°100 - mars 2013

L’info des génériques

////////////////////////

˕˕Actavis Doxazosine LP 8 mg Boîtes de 28 comprimés pelliculés à libération prolongée Princeps : Zoxan LP Montelukast 10 mg Boîtes de 28 comprimés à croquer Princeps : Singulair ˕˕Evolugen Lévofloxacine 500 mg Boîtes de 5 comprimés pelliculés sécables Princeps : Tavanic Montelukast 10 mg Boîtes de 28 comprimés pelliculés Princeps : Singulair ˕˕Mylan Lamivudine 150 mg Boîtes de 60 comprimés pelliculés sécables Lamivudine 300 mg Boîtes de 30 comprimés pelliculés Princeps : Epivir Montelukast 5 mg Boîtes de 28 comprimés à croquer Montelukast 10 mg Boîtes de 28 comprimés pelliculés Princeps : Singulair ˕˕Sandoz Montelukast 5 mg Boîtes de 28 comprimés à croquer Montelukast 10 mg Boîtes de 28 comprimés pelliculés Princeps : Singulair ˕˕Nouvel acteur sur le secteur des génériques KRKA, laboratoire slovène, commercialise depuis septembre 2012 ses produits en nom propre. Déjà producteur pour le marché français, c’est donc une nouvelle étape de développement axée entre autres sur la cardiologie, le SNC, la gastroentérologie ou le métabolisme.


Nouveaux produits

Fleur de figuier

PhytoStandard

UrgoStart

Voyage olfactif à l’Esterel

Extraits standardisés de plantes fraîches

Pansement inhibiteur de protéases

Cette nouvelle ligne parfumée évoque la Méditerranée, les calanques… En notes de tête, la mandarine, le pamplemousse et le carvi tout en fraîcheur ; en notes de cœur, la figue, charnue et sensuelle se marie à la feuille de figuier ; les notes de fond sont boisées et musquées, appuyées par le lait de figue. Le résultat, gourmand, suave, invente une fleur de figuier charnelle et envoûtante. Le jus se décline en eau de parfum, crème douche, lait corporel et savons parfumés.

Avec PhytoStandard, PhytoPrevent (groupe PiLeJe) lance dix-huit références d’extraits standardisés de plantes certifiées biologiques (mélilot, passiflore, ginseng…). Le procédé d’extraction employé permet de restituer un maximum de composés, pour mettre à disposition les totums des plantes. S’appuyant sur le concept de phytothérapie clinique individualisée, la marque propose d’associer des plantes complémentaires pour des actions synergiques.

Spécifiquement développé pour les cas de risque de retard de cicatrisation, UrgoStart neutralise l’activité des protéases au niveau de la plaie, afin d’en éviter la chronicisation. La nouveauté de ce début d’année repose sur des formes micro-adhérentes repositionnables. Le retrait est atraumatique et leur souplesse permet de se conformer aux contours anatomiques. Une forme talon est de plus spécialement dédiée aux escarres talonnières et plaies du pied.

Allevyn Life

Ahava crème raffermissante

Voile illuminateur de teint

Anti-âge corps

Secret dévoilé

Comme dans toute la gamme Ahava, les minéraux de la mer Morte ont ici une place de choix. L’extrait concentré d’eau de la mer Morte breveté par Ahava (l’Osmoter) est ici associé à des extraits de datte, de thé vert, de Centella asiatica, à de la caféine ou de la vitamine E. Ce soin s’adresse aux peaux fatiguées, en manque de fermeté. Un extrait d’artichaut vise à préserver l’élasticité de la peau. Le jus de feuilles de menthe a été choisi pour ses effets rafraîchissant et tonifiant.

Cette BB Cream appartient à la gamme « Secret de maquilleurs » d’Embryolisse. Soin et éclat de la peau sont les objectifs annoncés, avec l’association d’un acide de fruit pour éliminer les cellules mortes, de perles de poudres minérales pour matifier en diffusant la lumière, et de pigments « caméléons » pour colorer le teint en s’adaptant à toutes les carnations. L’hydratation n’a pas été oubliée, ni la protection antiradicalaire, puisque ce gel-crème contient également des filtres et écrans minéraux contre les UV.

Eau fraîche parfumée, vaporisateur de 100 ml ppc : 38,70 €. Roger & Gallet

Nouvel hydrocellulaire Le pansement Allevyn Life vise un meilleur confort du patient porteur de plaies chroniques. Sa forme épouse les contours anatomiques et la bande adhésive siliconée est repositionnable pour une meilleure tenue. Le système Lock-away permet d’éviter les fuites des plaies exsudatives, une couche de masquage rend par ailleurs les exsudats plus discrets. Enfin, la couche antichoc renforce la protection de la plaie.

Boîtes de 16 pansements de 10,7 ou 15,4 cm de côté, tarif LPP : 42,30 et 83,43 € Boîtes de 10 pansements de 21 cm de côté, tarif LPP : 78,08 €. Smith & Nephew

Boîtes de 20 ou 60 gélules, ppc allant de 7,90 à 12,90 € les 20 gélules PhytoPrevent

Tube de 200 ml. Ppc : 41 € Ahava

Boîtes de 16 pansements de 12 x 13 cm, 15 x 20 cm Pansements talon : 12 x 19 cm Urgo Médical

Tube de 30 ml. Ppc : 17 € Embryolisse

mars 2013 - Pharma N°100 • 55


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Doc pratique

L’autosurveillance glycémique est un élément important de la prise en charge du diabète. Pour dispenser le matériel de mesure de glycémie dans les meilleures conditions, suivez notre procédure. ˕˕Quand ? Lors de la dispensation du matériel de mesure ou d’une demande spontanée du client. ˕˕Quoi ? Lors de la dispensation d’un lecteur de glycémie, la personne chargée de la délivrance explique le bon emploi du matériel et de ses accessoires, l’importance de l’automesure glycémique, la nécessité du suivi biologique et s’assure que les informations données sont comprises par le patient ou son entourage. ˕˕Comment ? Le client et le dispensateur se rendent dans l’endroit choisi, munis du lecteur, d’un autopiqueur, de bandelettes, lancettes, coton et d’un collecteur pour les déchets médicaux. • Mettre en route l’appareil : réglage de la langue, de l’heure, de la date, de l’unité de mesure de glycémie. Procéder à la calibration si nécessaire et indiquer la procédure si elle est requise pour chaque nouvelle boîte de bandelettes. ©© JPC-PROD - fotolia

Cette fiche vous est offerte par la revue pharma • à photocopier et à afficher dans le back-office

La délivrance d’un lecteur de glycémie en pratique

˕˕Objectif Cette procédure décrit la dispensation d’un lecteur de glycémie et les informations devant être données au patient ou à son entourage. ˕˕Qui ? Est concernée l’équipe officinale au contact de la patientèle : pharmaciens, étudiants en sixième année de pharmacie, préparateurs. ˕˕Où ? Idéalement, la délivrance a lieu dans l’espace de confidentialité (muni d’un point d’eau) ou dans un espace permettant un dialogue et la manipulation du matériel.

• Effectuer l’étalonnage au besoin et expliquer la procédure et la fréquence à laquelle il doit être effectué. Insérer la cassette-test si le modèle ne fonctionne pas avec des bandelettes. • Faire la démonstration de la mesure de glycémie. Le patient se lave les mains à l’eau chaude et au savon et les sèche soigneusement. Il prend une bandelette neuve et l’introduit dans le lecteur, puis referme le flacon, ou il fait défiler la bandelette continue de la cassette-test. Il règle le stylo autopiqueur (profondeur de piqûre minimale pour commencer) et masse l’extrémité de l’un de ses doigts. La piqûre doit être faite sur le côté du doigt, hors pouce et index. Si la profondeur est insuffisante pour faire perler une goutte de sang, régler l’autopiqueur pour l’augmenter. La goutte est déposée sur la bandelette, l’appareil affiche le résultat. Le patient peut

alors essuyer son doigt, jeter la lancette et la bandelette dans le conteneur. • Expliquer au patient la fonction mémoire de son appareil, ainsi que les fonctions de transfert vers un ordinateur ou un smartphone si elles existent. Lui préciser les différents sigles d’erreur et leur signification. • Remettre au patient ou à son entourage un carnet de suivi pour y noter les mesures, s’il ne souhaite pas les exporter ou les enregistrer dans l’appareil. Lui indiquer les normes glycémiques, les seuils de l’hypoet de l’hyperglycémie, leurs symptômes et la conduite à tenir. C’est également l’occasion de le sensibiliser à l’importance de l’auto­ mesure et à la nécessité du suivi biologique : la mesure de l’hémoglobine glyquée, qui reflète l’équilibre moyen des glycémies, doit être faite en laboratoire tous les trois mois. • Lors de la facturation, remplir la garantie de l’appareil. Indiquer au patient la procédure pour obtenir de nouvelles piles ou un autre carnet de suivi. Lui remettre un collecteur de déchets « coupants piquants et tranchants » pour ses bandelettes et lancettes. • Proposer au patient ou à son entourage de refaire un point sur l’utilisation du matériel après quelques semaines, et de contacter l’officine en cas de question ou de problème.

Remarque Pour un gain de temps et d’efficience, il est utile que l’équipe soit formée à cette dispensation, et prenne le temps de manipuler les appareils en amont des entretiens, afin de se familiariser avec les différents modèles.

novembre 2012 - Pharma N°96 • 57


Le cabinet de curiosité

Charles II d’Espagne,

victime du syndrome de Klinefelter

L

e pauvre Charles II resta toute sa vie petit, malade, débile, et surtout stérile. Il n’eut aucun héritier et sa mort en 1700 entraîna un grave conflit de succession : la couronne d’Espagne passa au petit-fils de Louis XIV, Philippe d’Anjou. Sur la peinture de Juan de Miranda Carreno ci-dessus, chacun reconnaîtra le visage des Habsbourg, avec ce prognathisme si caractéristique.

Douleurs et hallucinations

Non seulement Charles II avait un prognathisme, mais également une langue disproportionnée ; il bavait et ne comprenait pas grand-chose à ce qu’on lui disait. Il semblerait qu’au cours de ses dernières années, il tenait très mal debout, souffrait de ­ violentes hallucinations et de crises d’épilepsie. Il aurait été victime d’une

58 • Pharma N°100 - mars 2013

hérédosyphilis, ce qui expliquerait les troubles neurologiques, le déficit moteur, les crises comitiales. On dit de lui qu’il mourut avec de violents maux de tête à 39 ans. Pour compléter ce charmant tableau, il était impuissant, imberbe, victime d’une absence de puberté qui serait due à un syndrome de Klinefelter. Ce syndrome fut décrit pour la première fois par Harry Fitch Klinefelter en 1942. Description était faite de neuf sujets masculins âgés de 17 à 38 ans. Ceux-ci étaient longilignes avec de longs membres inférieurs, affublés d’une gynécomastie, d’une atrophie testiculaire, d’une azoospermie complète. L’augmentation de sécrétion des stimulines sexuelles hypophysaires, approchant le niveau élevé, observée chez des sujets castrés, prouve que l’atteinte sexuelle est bien d’origine testiculaire. Malgré ces anomalies biologiques, le développement de la verge,

des bourses ou du scrotum est, semble-t-il, normal. Pourtant, les testicules au microscope chez ces sujets sont pathologiques : atrophie avec sclérohyalinose des tubes séminifères qui sont vides de spermatozoïdes, ce qui semble contraster avec la conservation ou même l’hyperplasie des cellules interstitielles de Leydig dont on sait qu’elles sécrètent la testostérone. L’origine est génétique : ce n’est qu’ultérieurement, après la description de ce syndrome, que le caryotype en cause a été décrit comme étant 47 XXY.

Chamboulement du cours de l’histoire

Le syndrome de Klinefelter résulte d’une aberration chromosomique. Les sujets atteints sont donc programmés dès la naissance, l’anomalie restant au départ presque insoupçonnable. Les cellules qui possèdent le chromosome Y ne sont génétiquement pas femelles ;

il semble donc qu’être doté d’un chromosome supplémentaire n’est pas nécessairement avantageux. En raison d’un syndrome de Klinefelter, l’histoire de l’Espagne fut chamboulée. Charles II n’ayant pas de descendance, la couronne passa à Philippe, duc d’Anjou, son petit-neveu. Philippe d’Anjou était le petit-fils de Louis XIV, qui avait épousé Marie-Thérèse d’Autriche et revendiquait naturel­ lement pour son descendant la couronne d’Espagne. À cause d’un syndrome de Klinefelter débuta une longue guerre de succession (1701-1714), qui vit s’affronter les partisans de la maison des Habsbourg d’Autriche, soutenus par l’Angleterre, le Portugal, les Provinces-Unies, la Prusse, la Savoie et Hanovre, contre ceux de Philippe d’Anjou, appuyés par la France, qui finiront par s’imposer. Pr Richard Trèves, chef de service de rhumatologie, CHU de Limoges

©© rudi wambach – istockphoto / kunsthistorichs museum, vienne

Charles II d’Espagne, « l’ensorcelé », aurait-il été la malheureuse victime des mariages consanguins successifs de ses ascendants royaux ?


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