PRÉINCLUS ME M PROGRA TRES ON 7es RENC ICINE DE L’OFF
2014
CE QUI VOUS ATTEND…
édito
Troisième âge, deuxième vie M a grand-mère est formidable. Après avoir dédié sa vie à ses
enfants, puis à ses petits-enfants, elle consacre désormais son temps à ses congénères, ses « petits vieux » comme elle dit. À
84 ans, elle est membre de l’association Old’Up qui réunit des seniors « plus
si jeunes mais pas si vieux ». Sous la devise « Mobiliser les forces vives que les années n’ont pas éteintes », ce collectif propose à ses adhérents des formations,
Par Olivier Valcke, rédacteur en chef adjoint
des séminaires, des sorties culturelles… Objectifs ? Rompre avec l’isolement et affirmer la capacité d’autonomie de cette génération. Grâce à Old’Up, ma grand-mère a pris des cours d’informatique et sait utiliser un téléphone portable. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai reçu son premier texto. Avec de longues phrases. Sans fautes. Mais ma grand-mère a une autre particularité : comme 70 % des 75 ans et plus, elle est polymédiquée. Elle a un joli pilulier rose qu’elle sort discrètement à la fin du repas. Son autonomie fait l’admiration de la famille. Il n’empêche, un jour ses forces déclineront. Pour respecter l’observance de son traitement, elle aura besoin d’une personne qualifiée, d’un expert capable de repérer les interactions, d’un référent au quotidien pour toutes les questions médicales qu’elle sera amenée à se poser. Qui mieux que le pharmacien pour assurer cette mission ? Faut-il y voir un signe ? Alors que Teva vient de lancer un groupe de réflexion incluant des pharmaciens pour analyser les facteurs de non observance chez les patients âgés (voir page 7), l’Académie de pharmacie, dans un rapport, demande la parution des textes encadrant la PDA. Autre signe encourageant : le rapport Verger sur la prise en charge médicamenteuse des résidents en Ehpad est en voie d’être rendu public. Avec le vieillissement de la population, le patient âgé devient une préoccupation des pouvoirs publics. Que ce soit à l’hôpital, en ville ou à domicile, la coordination des soins est en marche avec un seul enjeu : permettre à nos « aînés » de mieux vivre leur deuxième vie. Sûr que ma grand-mère appréciera. décembre 2013 • Pharma N°107 • 3
N° 107 • DÉCEMBRE 2013 • CAHIER 1 SOCIO-PRO
10 QUESTIONS SUR...
18 Dossier Quelles perspectives pour l’économie officinale en 2014 ? Les experts livrent leur vision 24 Génération manager Charlotte prépare et réalise les entretiens annuels d’évaluation 26 Back-office Zoom sur la prime génériques, un dispositif qui a fait ses preuves mais peine à convaincre 29 Rétrospective Retour sur l’année 2013, ses événements marquants et les nouveautés à retenir 50 Le jour où… … j’ai quitté l’officine pour devenir hypnothérapeute
THÉRAPEUTIQUE
©© MARIDAV – FOTOLIA
34 Lu pour vous Sélection d’articles parus dans la presse scientifique internationale
LES TROUBLES SEXUELS DE L’HOMME
36 10 questions sur… Les troubles sexuels de l’homme, de l’hypertrophie bénigne de la prostate à l’éjaculation précoce 38 Mémo conseil Marche à suivre en cas de gastro-entérite virale et spécialités à conseiller
Directeur de la publication : Antoine Lolivier Directrice du développement et de la publicité : Valérie Belbenoit Directeur de la rédaction : Antoine Lolivier Rédactrice en chef : Amélie Baumann-Thiriez Rédacteur en chef adjoint : Olivier Valcke Conception graphique : Laurent Flin Secrétaire de rédaction : Vincent Béclin Rédacteurs pour ce numéro : Julien Boyer, Clémence Clerc, Anne Fellmann, Marie-Hélène Gauthey, Rose Perrier, Pauline Schaepelynck, Marie Simonot Directrice de production et de fabrication : Gracia Bejjani Assistante de production : Cécile Jeannin Publicité : Emmanuelle Annasse, Aurélie Barnier, Valérie Belbenoit, Catherine Colsenet, Philippe Fuzellier Service abonnements : Claire Lesaint Photogravure et impression : Imprimerie de Compiègne, 60205 Compiègne Pharma est une publication © Expressions Pharma 2, rue de la Roquette - Passage du Cheval-Blanc Cour de Mai - 75011 Paris Pour nous joindre : courrierpharma@expressiongroupe.fr Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax : 01 49 29 29 19 RCS Paris B481 690 105 Commission paritaire : 0317 T 86202 ISSN : 2101-4752 - Mensuel Comité de rédaction et de lecture : Claude Arnoldi : pharmacien ; Irène Bakal : pharmacienne ; Anne Baron : pharmacienne ; Françoise Beaunier-Daligault : pharmacienne ; Catherine Boyer : pharmacienne ; Patricia Daligault : pharmacienne ; Damien Galtier : diététicien ; Emilie Lecorps : pharmacienne ; Aude Lepoutre : gastro-entérologue ; Philippe Lesieur : psychiatre ; Mme Maury : pharmacienne ; Marguerite Mouilleseaux : pharmacienne ; Elizabeth Muller : pharmacienne ; Pascal Poncelet : cardiologue ; Sylvie Rosenzweig : pharmacienne (réseau douleur-soins palliatifs) ; Gilles Traisnel : cardiologue ; Mr Vanpoulle : pharmacien.
4 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
ACTUALITÉ 6 Actus Les faits marquants du monde officinal 12 Entretien Christian Babusiaux, président de l’IDS : « L’ouverture raisonnée des données de santé est une chance » 14 L’observatoire des pharmaciens Où en êtes-vous des entretiens pharmaceutiques ? 16 Reportage Entrez dans l’ère de la polysensorialité avec la pharmacie de l’Aquarius à Paris
40 Cas de comptoir Urgences à l’officine : êtes-vous au point sur les techniques de réanimation ? 43 Molécule au microscope Montelukast, nouvel arrivé parmi les molécules génériquées
GAMMES 45 Matériel et soins Petits et grands progrès technologiques appliqués à la diabétologie 48 Nouveaux produits Médicaments, conseil et parapharmacie, zoom sur les dernières innovations des laboratoires
RETROUVEZ LE BULLETIN D’ABONNEMENT EN PAGE 10 Cette publication comporte deux cahiers : cahier 1 (52 pages) et cahier 2 « Spécial transactions » (4 pages). Piqué en cahier central de la revue : préprogramme des 7es Rencontres de l’officine (8 pages). Assemblés à cette publication : une invitation aux 7es Rencontres de l’officine (2 pages) et deux bulletins d’abonnement (2 et 4 pages). En couverture : © D.R.
ACTUALITÉ PROFESSION
télex
26e JOURNÉE DE L’ORDRE
« La coupe d’Hygie est pleine » pour Isabelle Adenot « Une profession en pleine dépression générale », « des pharmaciens stigmatisés, méprisés », « un climat difficile ». Isabelle Adenot, présidente de Conseil national de l’ordre des pharmaciens (Cnop), n’a pas mâché ses mots lors de son intervention à la 26e Journée de l’Ordre. « Chaque pharmacien, jeune ou vieux, a le sentiment que le sol se dérobe sous ses pieds. L’un parce qu’il ne trouve pas de travail. L’autre car il se bat pour défendre la pérennité de son entreprise. Celui-ci
539
C’est le nombre de médicaments en rupture de stock selon les derniers relevés du logiciel DP-rupture de l’ordre des pharmaciens. L’ANSM n’avait pour sa part recensé que 45 spécialités manquantes.
parce qu’il est en proie au doute identitaire. Celuilà enfin parce qu’il se sent stigmatisé. » La présidente s’est également inquiétée de l’évaporation des diplômes et du manque d’attrait des étudiants pour le métier. « Aujourd’hui, près de 10 000 pharmaciens ont plus de 63 ans. Dans quelques années, cette génération passera le relais. Or, que constatet-on ? Un quart des jeunes diplômés n’exerceront pas. C’est dramatique pour l’avenir de la profession. » L’Ordre va s’atteler à cette question en diffusant prochainement à l’ensemble des jeunes pharmaciens (30-40 ans) un questionnaire. Les réponses recueillies serviront de feuille de route pour les prochaines années. Malgré l’absence de Marisol Touraine, Isabelle Adenot a tenu à mentionner les efforts réalisés pour se préparer aux « nécessaires évolutions structurelles et économiques du métier. » Ces derniers s’inscrivent dans la stratégie nationale de santé présentée en septembre par la ministre de la Santé pour combattre les inégalités de santé et d’accès au système de soins, et adapter notre système de santé aux besoins des patients (vieillissement de la population, développement des maladies chroniques, diversification des risques sanitaires…). •
26 000
C’est le nombre de brochures et fiches d’information sur les missions de santé publique, dépistage, prévention et soins de premier recours qui ont été commandées sur le site du Cespharm ces six derniers mois.
ENQUÊTE DE L’ANEPF
Manque d’encadrement, choix par défaut… la Paces au crible Lancée cet été par l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf ) à destination des étudiants de deuxième et troisième années, l’enquête nationale livre ses premiers résultats. Réalisée auprès d’un panel de 2 600 personnes, elle révèle que la filière pharmacie est souvent considérée comme un choix par défaut au sein de la première année commune aux études de santé (Paces). Ainsi, en 2012, un tiers des étudiants n’avaient pas pour premier choix pharmacie. Pour l’Anepf, « la Paces a encouragé les stratégies de choix
6 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
au détriment de la motivation et de l’intérêt pour la filière ». Un phénomène également lié à un manque d’information sur la filière pharmacie. En effet, 90 % des sondés considèrent que les informations relatives aux études et au métier de la pharmacie ne sont pas suffisantes. Enfin, l’enquête a pris le pouls des stages officinaux et souligne par exemple qu’encore un quart des étudiants ne se sentent pas encadrés lors du stage d’initiation. Pire, à l’issue de leur stage, 60 % des personnes interrogées souhaitent se réorienter. •
DPC : plus de visibilité pour les formations Les professionnels de soins primaires (médecins, pharmaciens, infirmiers, kinés, dentistes…) manquent de visibilité sur les formations pluriprofessionnelles proposées dans le cadre du DPC… et le font savoir. « Aujourd’hui, le DPC, par sa lourdeur, ses contraintes administratives et juridiques et son absence de lisibilité, ne permet pas d’accompagner le développement de ces équipes de proximité », constatent sept syndicats, dont l’USPO. L’État a généré un dispositif qu’il ne maîtrise plus, ni dans sa finalité, ni dans ses objectifs, ni dans son pilotage. Ces formations doivent devenir une priorité et bénéficier de financements adéquats ». Art 50 toujours commercialisé L’agence européenne du médicament a publié la recommandation du Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (Prac) de suspendre les AMM de médicaments à base de diacéréine dans l’Union européenne. Les laboratoires Negma font savoir qu’ils vont former un recours auprès du Prac et qu’en attendant la commercialisation d’Art 50 continue. Les 25 ans de Népenthès 500 congressistes, 1 000 participants et 50 laboratoires partenaires réunis à Monaco. Pour ses 25 ans, Népenthès a vu grand. Le groupement entend poursuivre son développement, avec le renforcement de l’activité grossiste interne (ouverture de deux platesformes), la mise en place d’un nouveau site Internet, et le doublement du nombre d’enseignes d’ici à 2017 pour atteindre le nombre de 700. Faux médicaments : l’Iracm s’engage en Afrique Les 22 et 23 novembre, l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments et la Fondation TattaliIyali, présidée par le Dr Lalla Malika Issoufou Mahamadou, Première dame du Niger, ont organisé à Niamey une réunion des Premières dames africaines pour lutter contre les faux médicaments. Objectif : développer un programme régional de formation des policiers et douaniers, travailler sur une meilleure utilisation des lois et traités et initier un programme de prévention à destination des populations.
ACTUALITÉ PROFESSION
TEVA
Améliorer l’observance chez les personnes âgées, une priorité C’est l’un des principaux enseignements de la crise du furosémide. Comment améliorer l’observance des personnes âgées sous polymédication ? Selon un panel de 250 études internationales, 10 % des hospitalisations chez les plus de 70 ans sont dues à des erreurs d’observance. La plupart des études démontrent également qu’un bon niveau d’observance (80 %) est rarement atteint. Illustration avec les traitements antidiabétiques ou cardio-vasculaires, où seuls 59 % des patients atteignent le seuil de 80 % de jours de traitement sur douze mois. Ce constat a incité les laboratoires Teva à réunir un groupe d’experts constitué de médecins, pharmaciens, Il a dit…
psychologues, chercheurs et représentants d’association de patients. Ceux-ci ont déjà identifié trois thématiques : la perception du médicament chez la personne âgée polymédiquée, l’acquisition d’informations par le patient tout au long de son parcours thérapeutique et l’amélioration du médicament (forme, couleur, notice, packaging…). Parallèlement, Teva lancera début 2014 une enquête sur ce sujet auprès de 1 000 pharmacies ainsi qu’une liste de quinze conseils pratiques pour bien prendre ses médicaments destinés aux patients. Enfin, Teva milite pour la création d’un module « Observance » au sein du programme d’entretien pharmaceutique. •
Spécial VIes Rencontres de l’USPO
Nous demandons simplement de remettre au même niveau le parcours de médication officinale avec le parcours “classique” – médecin, prescription, remboursement. S’il choisit le parcours de médication officinale, le patient ne doit pas être pénalisé financièrement.
50
C’est le pourcentage de Français qui estiment que la surconsommation de médicaments n’est pas liée à notre système de remboursement généreux (42 % ont répondu « non » et 10 % « ne sait pas ») selon l’Observatoire de la santé Le FigaroWeber Shandwick.
43
C’est le pourcentage d’étudiants en Paces qui ne connaissent pas la diversité des métiers de pharmacien avant de faire leur choix, selon l’étude menée par l’Anepf auprès de 2 600 étudiants en deuxième et troisième années de pharmacie.
Gilles Bonnefond, président de l’USPO
télex
CONGRÈS PHR
Le coup de gueule de Lucien Bennatan Au lendemain du congrès PHR de Marseille, Lucien Bennatan, président du groupement, nous livre son analyse de la situation. Tribune. « Les enjeux et conséquences d’une LFSS 2014, nous les connaissons mais ils méritent d’être rappelés : menaces sur les contrats de coopération, taxation du direct, dispensation à l’unité, substitution élargie aux biosimilaires, baisses des prix, donc répercussions sur les remises et les marges… Les préconisations de la Stratégie nationale de santé sont encore plus inquiétantes. Pas une fois, Madame Touraine ne parle du pharmacien, sauf en page 27 pour évoquer le tiers payant ! Par contre, l’organisation du parcours de soins, c’est le médecin généraliste, la prévention, c’est encore le médecin le pivot… Et pendant ce temps, le monopole s’étiole, les négociations sur le nouveau mode de rémunération sont retardées et les menaces de la vente directe pèsent sur de trop nombreux confrères. Pour clore le chapitre des évolutions inquiétantes, le patient, est un ‘‘je sais tout’’ de plus en plus informé, modifiant son parcours d’achat et cible de nouvelles technologies marketing.
8 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
Bref des changements s’imposent : adaptation des officines, du point de vente et du métier. L’État providence ne peut plus pourvoir à la croissance de l’entreprise officinale, le pharmacien ne peut pas être prisonnier du modèle conventionnel, il ne peut bâtir son business model uniquement sur le réglementé et sur le garanti par l’État. Il faut très vite aboutir à la mise en place d’une nouvelle rémunération : les pharmacies étouffent, crèvent de ce retard, et il faut stopper cette lutte fratricide syndicale. Les solutions existent. Le chemin menant à la sortie de crise nécessite un nouvel élan, avec une offre adaptée aux mutations du marché et des contraintes économiques, aux exigences des usagers, aux nouveaux codes de consommation. Il faut par exemple très vite faire évoluer nos entreprises, conclure pour que le mode de rémunération soit majoritairement lié à des honoraires, lutter pour que l’enveloppe globale destinée à l’officine soit en progression et imposer notre point de vue sur le parcours de soins. Au-delà de l’amélioration du présent, nous devons organiser une pratique nouvelle. » •
Baisse des prix des préservatifs Pour inciter les jeunes à mieux se protéger et favoriser la contraception, Marisol Touraine a annoncé, lors de la Journée mondiale contre le sida, une baisse de la TVA de 7 à 5,5 % sur les préservatifs au 1er janvier 2014. « Je souhaite que les fabricants jouent le jeu en répercutant cette diminution. L’économie se chiffrera à dix ou vingt centimes d’euro par boîte », a indiqué la ministre de la Santé.
nomination Un Français à la tête de Takeda Christophe Weber, 47 ans et président de la division « vaccins » du groupe britannique GlaxoSmithKline (GSK), prend les rênes de Takeda, premier laboratoire japonais. Docteur en pharmacie et titulaire d’un master en finance de l’université de Lyon, il a occupé diverses fonctions au sein de GSK en Europe, aux États-Unis et dans la région Asie-Pacifique. Il a été P-DG de GSK France de 2003 à 2008.
CONVENTION ALPHEGA
Ils ont dit…
Le patient au cœur des débats La Principauté de Monaco accueillait les 28 et 29 novembre la 6e convention européenne Alphega Pharmacie. Intitulée « Passion for Patients », elle s’est focalisée sur la compréhension du patient à l’officine. Approche psychologique du patient/consommateur, marchés émergents et nouvelles opportunités, importance de la marque, communication… durant deux jours, tables rondes et ateliers ont permis d’identifier les leviers pour améliorer la qualité des soins. Le réseau des pharmacies indépendantes d’Alliance Boots a célébré ses nombreux et récents succès à l’occasion de cette manifestation biennale. Parmi eux, la signature du millième adhérent Alphega Pharmacie au Royaume-Uni et le changement d’identité visuelle des pharmacies de l’enseigne Kring-apotheek aux Pays-Bas, qui devient Alphega Pharmacie. Caitlin Sorrell, directrice d’Alphega Pharmacy Europe, a également tenu à saluer la mise en place des entretiens pharmaceutiques dans les officines françaises. 80 % des pharmacies Alphega ont réalisé un entretien
pharmaceutique AVK. Plus de 1 000 adhérents au réseau venus de huit pays européens y ont pris part. Le rapprochement de Walgreens avec Alliance Boots fut l’autre objet de toutes les attentions. Kermit Crawford, président de la division Pharmacie, santé et bien-être de Walgreens, est venu partager ses observations sur l’évolution du métier de pharmacien en Europe et aux États-Unis. •
LE SONDAGE PHARMA/CELTIPHARM La lutte contre l’antibiorésistance C’est une priorité aussi bien au niveau national qu’européen. Que pensez-vous des mesures envisagées ? • Êtes-vous favorable à l’expérimentation de la délivrance à l’unité
dans les pharmacies sur certains antibiotiques dits « critiques » ? OUI ................................................. 30 % NON ...................................................70 % • Jugez-vous nécessaire la création d’un référent sur les antibiotiques
dans tous les établissements, y compris les maisons de retraite ? OUI ................................................. 56 % NON .................................................. 44 % tes-vous favorable à la limitation de la durée de prescription et de •Ê
délivrance de certains antibiotiques les plus générateurs de résistance ? OUI ................................................. 84 % NON ................................................... 16 % Êtes-vous pour l’utilisation des tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) par les professionnels de santé, pour parvenir à une réduction importante des prescriptions inappropriées d’antibiotiques ? OUI ................................................. 89 % NON ....................................................11 % Jugez-vous utile le lancement d’une campagne à destination du grand public et des professionnels par l’Assurance maladie sur Internet ? OUI ................................................. 58 % NON ...................................................42 % Étude réalisée par le département gestion de call center de Celtipharm, sur un échantillon représentatif stratifié de 400 officines françaises sélectionnées dans sa base de données (du 21 au 27 novembre 2013).
Spécial
VIes Rencontres de l’USPO
Nous sommes 66 millions à vivre avec des aléas de santé qui nous conduisent chez le pharmacien. C’est souvent aux pharmaciens que nous exprimons une première demande et auprès d’eux que nous cherchons une orientation. C’est la santé de premier contact. Christian Saout, ex-président du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss)
Le taux de substitution des génériques est proche de 86 % en France. Il est comparable aux meilleurs taux dans le monde. Il n’y a plus de marges d’économies dans ce domaine. Vincent Bildstein, président
d’IMS Health France
Environ 72 % des Ehpad sont approvisionnés par des officines de ville. La réalité du terrain se situe là : comment améliorer le rôle du pharmacien dispensateur ou référent ? Philippe Verger, directeur adjoint du CHU de Limoges
100 968 C’est le nombre de salariés des entreprises du médicament en 2012. Selon les prévisions du LEEM, il devrait tomber à 98 844 à la fin 2013.
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 9
ACTUALITÉ PROFESSION
BUDGET
télex
Le PLFSS 2014 adopté Sans surprise, l’Assemblée nationale a définitivement adopté le 3 décembre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2014 par une majorité de 316 voix contre 233. Repoussé deux fois par le Sénat, mais voté en dernière lecture par l’Assemblée nationale, le projet de loi comprend l’article 12bis (devenu article 13) sur la taxation des ventes directes auprès des officines et l’article 37 (renommé
article 46) sur l’expérimentation de la dispensation à l’unité. Dans un communiqué, l’Uspo regrette que l’article 12bis ait été « maintenu malgré les appels à sa suppression de plusieurs acteurs de la chaîne du médicament et la signature par plus de 8 000 pharmaciens de la pétition lancée par l’USPO et l’UNPF. » Le syndicat renouvelle également son opposition à la dispensation à l’unité prévue par l’article 46.•
DPC aux Rencontres Lors des 7es Rencontres de l’officine, vous pourrez assister à une session validante pour votre développement professionnel continu (DPC) organisée par l’Utip : rendez-vous le lundi 10 février au Palais des Congrès de Paris. Inscriptions sur le site www.rencontresdel’officine.org
L’UNPF défend un honoraire lié à la prescription
Prévention du diabète Alors que 65 % des Français déclarent avoir déjà cherché à savoir s’ils étaient atteints de diabète, 40 % estiment être mal informés sur cette maladie. L’étude Ifop initiée par Novo Nordisk a mis à jour une réelle soif de connaissance dans le domaine, notamment autour de la prévention et de l’alimentation. Pour y répondre, Novo Nordisk propose un service en ligne, dédié à la nutrition : « Comment bien manger ? ». http://diabete.fr/commentbienmanger
Après les propositions de la FSPF et de l’USPO, voici le projet d’évolution de la rémunération de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). Le syndicat propose la mise en place d’un honoraire couplé à une lettre clé, revalorisé tous les trois ans, qui ne serait lié « qu’à la prescription et rien qu’à la prescription ». Soit un honoraire qui porterait sur 550 millions d’ordonnances. D’un montant d’un euro par ordonnance, il
Sacs plastiques taxés La LFSS 2010 prévoyait une taxe sur les sacs plastique à partir du 1er janvier 2014. Cette taxe ne s’applique pas aux sacs plastiques biodégradables, constitués d’un minimum de 40 % de matières végétales en masse. Son taux est fixé à 10 € par kg, soit à titre indicatif environ 6 centimes par sac. À noter toutefois, avant de faire des achats de gros volumes et en urgence : le décret d’application n’est toujours pas paru.
RÉMUNÉRATION
permettrait, selon l’UNPF, d’introduire 12,5 % d’honoraires dans la marge totale de l’officine, tout en la déconnectant de la marge dégressive lissée. Le financement (550 millions d’euros) serait assuré par les génériqueurs, qui verseraient cette somme à l’Assurance maladie, qui la réaffecterait aux pharmaciens au prorata des ordonnances traitées. Autre proposition : la création d’un honoraire supplémentaire sur les produits dont le PFHT est supérieur à 2 000 €. Il serait versé aux pharmaciens en échange d’informations relatives à la bonne observance et à la tolérance des traitements. •
!
Offre d’abonnement à q M. q Mme Nom : ��������������������������������������������������������������������������������������������������������������� Prénom : ��������������������������������������������������������������������������������������������������������� Adresse d’expédition : ������������������������������������������������������������������������������������ �������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������
À nous retourner accompagné de votre règlement à : Expressions Pharma • 2, rue de la Roquette • Passage du Cheval-Blanc • Cour de mai • 75 011 Paris • Tél. : 01 49 29 29 29 • Fax : 01 49 29 29 19 • E-mail : courrierpharma@expressiongroupe.fr
E-mail : ������������������������������������������������������������������������������������������������������������
Règlement q Chèque à l’ordre d’Expressions Pharma q Carte bancaire n° : Expire le : Cryptogramme : Signature obligatoire
FEUILLETEZ LES REVUES SUR W W W.PHARMASITE.FR
Pharma 107
4 JE M’ABONNE À PHARMA (10 N OS) q Abonnement ...................................................75 e TTC q Étudiant (joindre photocopie de la carte d’étudiant)...........50 e TTC q Abonnement à l’étranger (10 nOS) q DOM TOM & Union européenne............................................ 88 e TTC q Étranger hors UE................................................................... 98 e TTC
Code postal : Ville : ��������������������������������������������������������������������������������������������������������������� Tél. : _ _/_ _/_ _/_ _/_ _ Fax : _ _/_ _/_ _/_ _/_ _
ENTRETIEN
Rencontre avec Christian Babusiaux
« L’ouverture raisonnée des données de santé est une chance » Invité d’honneur de la 26e Journée de l’Ordre, le président de l’Institut des données de santé (IDS) soutient une ouverture des données de santé à certains professionnels. Un gisement convoité.
Dans ce domaine, votre premier fait d’armes date de juin 2003, quand vous avez remis au ministre de la Santé un rapport sur la transmission des données aux assureurs complémentaires. Quel en était l’objet ? Ce rapport examinait les conditions d’un accès des assureurs complémentaires aux données figurant sur les feuilles de soins électroniques transmises à l’aide de la carte Vitale. Ceux-ci souhaitaient y avoir accès pour proposer à leurs clients une meilleure information et une offre mieux adaptée à leurs besoins. Des travaux menés avec les caisses d’assurance maladie obligatoires, les instances représentatives des organismes complémentaires, ainsi qu’avec les professionnels de santé et la Cnil, s’étaient dégagées deux voies
12 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
les informations qui permettraient de retrouver indirectement l’identité de la personne (code postal, date de naissance…) ou de transmettre des informations qui permettraient une identification (par exemple, l’unité médicale dans laquelle le patient a été hospitalisé). En outre, il existe des procédés techniques qui permettent d’anonymiser de façon irréversible les identifiants des personnes, comme le numéro d’inscription au répertoire (NIR). L’IDS est particulièrement vigilant sur le respect de ces règles.
©© D. R.
Pharma. Les pharmaciens ont toujours été des précurseurs dans la collecte, la gestion et la diffusion des données de santé de leurs patients. Ce rôle a-t-il vocation à se développer davantage ? Christian Babusiaux. Les pharmaciens ont un rôle central dans le système de soins. Pour la plupart des patients, c’est le contact le plus fréquent avec un professionnel de santé. Ils ont ouvert la voie dans l’informatisation de ces professions, sans même que les pouvoirs publics aient à les y inciter. De plus, avec la mise en place du dossier pharmaceutique (DP), ils ont pris une nouvelle dimension dans la collecte des données. Avec la montée en puissance du DP, y compris à l’hôpital, et la coordination entre les professionnels de santé, les données qui proviennent des pharmaciens vont être, dans les années qui viennent, un élément clé dans la connaissance et l’analyse du système de santé et celles des pathologies.
possibles : la transmission anonyme des données et la transmission nominative avec l’accord de l’assuré, des voies entourées de garanties appropriées. Les pharmacies ont d’ailleurs été les premières à entrer dans leur expérimentation courant 2007. Concernant les bases de données publiques, comment est réglé le problème de l’anonymisation ? Les règles d’anonymisation sont essentielles dans la diffusion et le partage des données de santé, bien plus qu’ailleurs. Il ne s’agit pas seulement de supprimer le nom et le prénom de la personne. Plusieurs restrictions ont été émises par la Cnil pour empêcher toute identification de la personne. Par exemple, il est interdit de croiser
La tendance actuelle est-elle plus en faveur de l’open data ou du big data ? Avant d’analyser les tendances actuelles, il faut identifier et distinguer ces deux notions. L’open data est un courant qui prône l’ouverture des données numériques privées et publiques mais qui s’inscrit dans une démarche organisée. Les données sont recueillies et publiées par des entreprises ou des organismes publics selon une méthodologie qui garantit leur libre accès et leur réutilisation par tous, sans restrictions technique, juridique ou financière. A contrario, le « big data » est une situation où un opérateur capte, à l’insu des personnes, des données qui ne sont pas anonymisées, essaie de les rapprocher et les traite, cherche à dégager des corrélations et revend ces profils, par exemple à d’autres opérateurs. On assiste à un développement exponentiel du « big data », qui traite un très grand nombre de données sans véritables garde-fous. Celles-ci ont des origines variées : médias sociaux, messages sur les forums de sites Internet, images numériques, vidéos publiées, achats en ligne, GPS, téléphones mobiles… C’est une démarche qui peut être intrusive
Les règles d’anonymisation sont, plus qu’ailleurs, essentielles dans la diffusion et le partage des données de santé. dans la vie de l’internaute. « Big data » est parfois utilisé comme un épouvantail et introduit de la confusion dans le débat sur l’ouverture des bases anonymisées alors que les sujets n’ont rien à voir. C’est pour une ouverture maîtrisée des bases de données de santé anonymisées qu’œuvre l’IDS, et dans ce seul domaine. Vous évoquez une ouverture maîtrisée des données. Depuis juillet 2013, la HAS et l’ANSM ont accès au Système national d’informations inter-régimes de l’Assurance maladie (Sniiram). Est-ce qu’un jour les professionnels de santé pourront aussi en bénéficier ? Créé en 1998, le Sniiram traite 1,2 milliard de feuilles de soins chaque année et constitue l’une des plus grosses bases de données mondiales. Le Sniiram contient des milliards d’informations sur les prescriptions de médicaments, les actes médicaux, les tarifs… Il abrite les données de consommation inter-régimes (DCIR), c’est-à-dire des données individuelles anonymisées. Jusqu’à 2012, seule l’Assurance maladie pouvait y accéder. En 2012, l’Institut de veille sanitaire (INVS) et les médecins des ARS ont obtenu le droit de les consulter. Depuis l’arrêté du 19 juillet 2013, l’accès a été élargi à la HAS et l’ANSM. Cette demande avait d’ailleurs été formulée par l’IDS bien avant l’affaire du Mediator pour permettre aux deux agences sanitaires de conduire par elles-mêmes des études de santé publique et postAMM. C’est un enjeu de santé publique. Il me semble en effet légitime que les autorités sanitaires, qui ont été créées pour veiller à la sécurité des produits, connaissent les évolutions concernant la consommation de médicaments, les pathologies… et puissent rapprocher les données pour détecter les problèmes éventuels. Notre deuxième proposition mentionnée dans un rapport remis aux parlementaires en juillet porte sur l’ouverture du DCIR aux organismes de recherches publics (Inserm, CNRS, CHU…). Jusque-là, nous n’avions obtenu que des extractions temporaires d’échantillons de données pour ces organismes. De même, les professionnels
de santé, les associations de patients et les autres membres de l’IDS ne peuvent accéder qu’à un échantillon de 650 000 personnes : l’EGB (échantillon généraliste des bénéficiaires). C’est bien mais cela n’est pas adapté pour des études suffisamment précises. Il faut passer à la vitesse supérieure. Les pharmaciens ont donc accès à cet échantillon… Parmi les treize membres qui composent l’Institut des données de santé, se trouve l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS), une organisation regroupant vingt-six organismes syndicaux. Du fait de son appartenance à l’IDS, l’UNPS a accès et peut utiliser les données de l’échantillon du Sniiram. Rien n’empêche les syndicats de pharmaciens de consulter cet échantillon via l’UNPS. Dans son rapport de 2013 remis au Parlement, l’IDS a proposé que l’UNPS puisse consulter la base intégrale du Sniiram, le DCIR, dès lors qu’elle contribue à une meilleure connaissance du système de santé. Cela serait un juste retour des choses. Les professionnels de santé, par exemple les pharmaciens, alimentent quotidiennement la base du Sniiram avec les données de leurs patients. Distilbène, Mediator, bisphénol A, Vioxx mais aussi prothèses PIP… un meilleur partage des données de santé aurait-il permis d’éviter ces scandales ? Pour les plus anciennes affaires que vous citez, il n’existait pas encore de bases de données. La plus ancienne base concerne l’hôpital. Il s’agit du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), lancé en France dans les années 1980 par Jean de Kervasdoué, alors responsable de la direction des hôpitaux. C’est seulement depuis les années 2010 qu’il existe une base équivalente pour les soins de ville. Et il a fallu attendre 2011 pour qu’il y ait un chaînage entre les données de ville et d’hôpital. Elle donne aujourd’hui le moyen, par exemple, de prévenir en cas de surconsommation ou de mésusage.
BIO EXPRESS
• Énarque • 1982-83 Directeur adjoint du cabinet du ministre de la Recherche et de l’Industrie • 1984-97 Directeur général de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. • 2003 Rapport au ministre de la Santé sur la transmission des données de santé aux assureurs complémentaires. • 2005 Président de chambre à la Cour des comptes. • Depuis 2007 Président de l’Institut des données de santé (IDS)
Chez nos voisins européens – pays scandinaves et Royaume-Uni –, les autorités ont depuis longtemps pris des mesures de transparence et de partage des données de santé. Pourquoi un tel retard chez nous ? En France, il reste une profonde césure entre l’hôpital et la ville. En ce qui concerne les données hospitalières, le PMSI, géré par l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (Atih), est ouvert à tous. Lorsqu’elle a mené ses recherches sur les patients traités par le benfluorex, la pneumologue Irène Frachon a utilisé cette base. En revanche, elle n’a pu obtenir qu’une extraction partielle des données de soins de ville. Les pays nordiques font souvent référence dans le domaine de la collecte et de la diffusion des données de santé. Vous mentionnez les pays scandinaves. À l’instar du Canada ou du Royaume-Uni, ces pays ont su mettre leurs systèmes d’information médico-sociaux au service de la santé publique et de la recherche en créant de véritables « Population Data Centers », largement ouverts à la communauté scientifique. La base nordique a une ambition vaste : suivre l’ensemble de la population tout au long de la vie. Un accès élargi au dossier pharmaceutique est-il envisageable ? Le DP possède un avantage certain sur le Sniiram. Il comprend l’ensemble des consommations de médicaments remboursables et non remboursables, alors que le Sniiram ne contient que le remboursable. Autre atout : greffé sur les ventes de l’officine, le DP permet de suivre en temps réel les médicaments délivrés. Dans le cas du Sniiram, il y a un délai de plusieurs mois car ce sont des données issues du remboursement. Le DP n’est toutefois pas exhaustif. Le patient a le droit de ne pas en ouvrir un, ou de le faire mais de ne pas y faire saisir certains achats. De manière plus générale, aucune base ne peut être exhaustive. Pour que le système soit efficace, il faut utiliser plusieurs bases. Nous avons évoqué le Sniiram, le PMSI, le DP, mais je pense également aux données de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), à la base Erasme (Extraction, recherche et analyse pour un suivi médico-économique)… Il ne faut pas oublier non plus les bases dont disposent des organismes privés type IMS, Cegedim ou Celtipharm. Propos recueillis par Olivier Valcke
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 13
L’OBSERVATOIRE DES PHARMACIENS
>> E ntretiens pharmaceutiques, où en êtes-vous ? Après de longs mois d’attente, la parution, le 27 juin, de l’avenant n° 1 de la convention nationale a marqué le coup d’envoi des entretiens pharmaceutiques. Premier bilan six mois après… Par Olivier Valcke
TITULAIRES
ADJOINTS
• Depuis la parution du décret autorisant l’accompagnement des patients sous AVK, avez-vous mis en place des entretiens pharmaceutiques ?
La profession répond présent ! Enfin une nouvelle positive : les pharmaciens ont bien intégré ce nouveau service. 79 % des titulaires ont ainsi mis en place de tels entretiens dans leur officine. Mieux, plus de 20 % des pharmaciens, tous postes confondus, ont déjà reçu plus de dix patients. L’organisation de ces entretiens constitue un véritable enjeu de santé publique. Comme le rappelait le texte conventionnel, « plus d’un million de patients sont traités par des AVK. On estime que chaque année les accidents iatrogéniques liés à la consommation d’AVK sont responsables de 17 300 hospitalisations et de 4 000 décès, soit la première cause d’iatrogénie en France. »
1% 20%
79%
TITULAIRES
Oui
Non
PRÉPARATEURS
Sans réponse
• Si oui, combien de patients avez-vous déjà suivis ?
20%
20% 37%
35%
11% 12%
ADJOINTS
TITULAIRES 9%
10% 21% Entre 1 et 5
Entre 5 et 10
14 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
25% Entre 10 et 15
Plus de 15
Sans réponse
• Pour l’heure, proposez-vous uniquement des entretiens pour les patients traités par AVK ? 6%
Les AVK, une priorité En attendant les patients asthmatiques, les pharmaciens se concentrent à 86 % sur le suivi des patients sous AVK. Dans les rares cas où ils diversifient leurs entretiens, c’est vers les diabétiques qu’ils s’orientent en priorité. 16 % déclarent ainsi suivre des personnes diabétiques et seulement 12 % prendre en charge les asthmatiques.
8%
86%
TITULAIRES
Oui
Non
Sans réponse
• Globalement, vous diriez que les patients suivis… 6%
TÉMOIGNAGES
7% 12%
20%
48%
4%
2% 6%
56%
2%
ADJOINTS
TITULAIRES 19% 18%
Adhèrent au projet
Sont intrigués
Demandent en priorité si c’est payant
Sont méfiants
Sans réponse
N’en voient pas vraiment l’intérêt
50 % des patients adhèrent au projet Ce n’est pas encore la mobilisation générale, mais six mois après le lancement des entretiens pharmaceutiques, une petite majorité de patients sous AVK adhère au projet. C’est au niveau de l’information que le bât semble blesser. Dans un sondage Ifop réalisé pour le groupe PHR, à la question « Quels services en officine répondraient le plus à vos besoins ? », seuls 19 % des Français citaient les entretiens pharmaceutiques en tête à tête dans un espace de confidentialité. A contrario, 48 % répondaient des conseils d’hygiène et de mode de vie.
Méthodologie : 126 titulaires, 57 adjoints et 10 préparateurs interrogés entre le 21 octobre et le 8 novembre 2013.
« Ces entretiens ne peuvent trouver un intérêt que pour les nouveaux patients. Une personne qui, depuis vingt ans, fait ses prises de sang et gère avec son médecin un dosage stable ne voit pas l’utilité de ces rendez-vous. » Titulaire en Vendée (85) « C’est vraiment de la connerie ! Il n’y a pas d’argent pour rembourser correctement les médicaments et il y a des gens assez idiots pour croire qu’il y en aura pour nous payer des entretiens pharmaceutiques ! » Titulaire dans les Côtes-d’Armor (22) « Démarche très bien reçue par les patients. Tous ont plus ou moins à apprendre sur leur maladie, leur traitement. Sur plus d’une vingtaine de personnes contactées, un seul avait déjà son carnet de suivi de l’INR... » Titulaire dans les Deux-Sèvres (79) « J’étais très réticente à mettre en place ces entretiens... A-t-on vraiment le choix ? Et j’ai complètement changé d’avis : j’y trouve un réel intérêt pour moi et mes patients car je suis surprise de leur faible degré d’information. » Titulaire dans le Cantal (15) « La mission de conseil a toujours fait partie de notre métier... et elle était gratuite ! Plutôt que de ‘‘valoriser’’ le conseil du pharmacien de façon aberrante, nos élus auraient mieux fait de remonter un peu nos marges ! » Titulaire dans le Var (83)
EN PARTENARIAT AVEC
REPORTAGE
Chiffres clés
©© XXXX
• 90 m2 de surface de vente • 4 comptoirs • Une dizaine de collaborateurs • 1 robot Rowa • 1 espace conseil • 1 500 euros le m2 réagencé
Pharmacie de l’Aquarius, l’empire des sens Deux ans. C’est le temps qu’il a fallu aux équipes du cabinet Alfonso Maligno pour concevoir la première pharmacie 3.0. Une officine “affective et attractive”, sonorisée et parfumée.
L’
expérience est unique. À peine la porte de la pharmacie de l’Aquarius, située au cœur du XIXe arrondissement de Paris, franchie, des diffuseurs d’arômes distillent des fragrances qui évoluent au gré des saisons : pin sylvestre en cette fin d’année, mangue-citron l’été prochain… Quelques pas plus loin, c’est une ambiance musicale qui enveloppe le visiteur. Et à chaque atmosphère sonore, ses jeux de lumière. Au centre, un îlot de plantes aromatiques et médicinales procure un sentiment d’apaisement. La photosynthèse est stimulée par un lustre reconstituant la lumière du jour. Enfin, l’arrivée vers les comptoirs est marquée par des lustres porteurs d’un message : « La pharmacie est un lieu
16 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
Il s’agit de fournir au consommateur des zones où interagir, communiquer et se faire dorloter.
Alfonso Maligno, architecte
d’échanges, un lieu de relations, un lieu de bien-être ». Tout est dit. Sortir des sentiers battus. Telle pourrait être la devise d’Alfonso Maligno, fondateur du cabinet d’architecture et de design éponyme qui a inauguré en 2013 le mouvement Pharmacie 3.0. Un nouveau modèle d’officine répondant aux exigences croissantes des consommateurs. « La pharmacie 3.0 entend redonner une image naturelle et accueillante de l’officine, explique Alfonso Maligno. Il s’agit de fournir au consommateur des zones où interagir, communiquer et se faire dorloter, et mettre à disposition du pharmacien des instruments valorisant ses compétences en développant des services et des parcours d’accompagnement. » L’idée fondatrice ? « Dans un univers citadin et frénétique où nous avons perdu la perception du temps qui passe,
l’objectif est de renouer avec les saisons, les cycles de la nature. La Pharmacie 3.0 est un milieu pur, débarrassé des excès architecturaux qui nuisent à la consommation plaisir et à la confidentialité », résume Salvatore Maligno, principal initiateur du projet.
Stimulations polysensorielles
Écologique et émotionnelle, la pharmacie de l’Aquarius privilégie le bois et l’acier brut et renoue, grâce à son îlot central, avec la tradition des plantes officinales. La circulation s’organise d’ailleurs autour de cet « herbarium ». La visite a été pensée sur la base d’un parcours circulaire libre, ponctué de simulations polysensorielles. La pharmacie de l’Aquarius est ainsi sonorisée grâce à un choix de 165 atmosphères relaxantes ou dynamisantes et parfumée
• Design épuré, signalétique spécifique... l’arrivée aux comptoirs est marquée par de larges lustres agrémentés de messages.
des soins corporels, des tests sur une nouvelle gamme de cosmétiques ? » Lumière tamisée, ambiances sonores, fauteuil de massage et mobilier épuré, pour l’instant la cabine a davantage des allures de spa que d’espace pour effectuer des diagnostics. « Ce lieu va devenir l’épicentre de la pharmacie dans les années à venir, prédit Alfonso Maligno. Il va permettre de générer un plus grand chiffre d’affaires, de fidéliser la patientèle et d’en conquérir une nouvelle. Il ne faut donc pas lésiner sur son importance et sa dimension pluridisciplinaire. »
Une petite douche émotionnelle ?
• Le réagencement a permis l’installation d’un robot et une optimisation du back-office.
• À l’abri des comptoirs, l’espace de confidentialité se veut une zone de bien-être.
• Les comptoirs savamment éclairés ont un accès direct au robot Rowa conçu par le groupe ARX.
par des fragrances saisonnières. Le concept 3.0 propose aussi aux clients de tester les produits pour la beauté et le bien-être. Il leur est même possible de s’arrêter dans les petits jardins et de profiter, bercés par les suggestions olfactives, des herbes qui y sont cultivées. « La pharmacie 3.0 est un parcours de santé et de bien-être à 360° qui se distingue par l’alternance de structures d’exposition, d’îlots d’interaction multifonctionnels et d’espaces de consultation utilisés par le pharmacien pour accompagner le patient lors d’entretiens dédiés », souligne Alfonso Maligno.
L’officine n’est plus un lieu exclusivement dédié à la dispensation de médicaments, Elle est devenue un point de rencontre et d’écoute. Alessia Castelli, cabinet Maligno
Ne prononcez pas le terme « espace de confidentialité » en présence d’Alfonso Maligno. Pour l’architecte, ce lieu doit d’abord être une zone de confort, à l’écart des comptoirs, dans laquelle le patient peut se détendre, s’abandonner, se relaxer. « C’est une cabine de bien-être où le pharmacien et le patient se retrouvent pour échanger. J’ai voulu rendre ce lieu le plus confortable possible en dépassant sa fonction médicale initiale. Il faut élargir le champ des possibilités. Certes, cet espace doit servir aux entretiens pharmaceutiques mais pourquoi ne pas l’utiliser pour des massages,
« La pharmacie 3.0 est née d’un constat : l’officine n’est plus un lieu exclusivement dédié à la dispensation de médicaments, observe Alessia Castelli, marketing manager. Elle est devenue un point de rencontre et d’écoute régi par de nouvelles règles distributives et relationnelles. C’est également un espace commercial où les exigences du patient/consommateur sont élevées, notamment en termes d’accueil, d’information et de confort. La Pharmacie 3.0 tend vers un double objectif : un espace rassurant dans lequel le client va trouver un conseil et une parenthèse lui permettant de vivre une expérience de bien-être. » Démarche éco-durable, nouvelle relation commerciale, design épuré, signalétique spécifique… le projet 3.0 résulte d’une subtile alchimie et inclut la possibilité d’un accompagnement marketingcommunication-formation sur cinq ans pour pérenniser l’impulsion marchande initiée par le réagencement. Si la pharmacie parisienne de l’Aquarius est la première à adopter ce concept sensoriel et environnemental, l’architecte italien n’en est pas à son coup d’essai. Ainsi, à Saint-Dié, dans les Vosges, il a installé au cœur de la pharmacie Michel une douche émotionnelle à jets latéraux et un système de chromothérapie qui vaporise un brouillard aromatisé. Dans la Loire, c’est une place de village miniature qui a été reconstituée au sein de la pharmacie du Soleil avec un banc, une fontaine, un réverbère et un sol pavé. En attendant d’être servi, le patient peut y lire les journaux du matin. « La pharmacie ne doit plus être un lieu statique mais un concept vivant, évolutif, insiste Alfonso Maligno. C’est un espace de rencontre, un lieu de sociabilité, d’échange qui permet aujourd’hui les expérimentations les plus intéressantes. » Et les plus audacieuses… Olivier Valcke
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 17
DOSSIER
Économie officinale Quelles perspectives pour 2014 ? Les fins d’année étant propices aux bilans, syndicats, répartiteurs et économistes nous confient ce qu’ils retiennent de 2013, mais aussi ce qu’ils attendent de 2014. Avec, en toile de fond, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les négociations avec l’Assurance maladie… et quelques messages d’espoir. Dossier réalisé par Anne Fellmann
Suite en page 20
18 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
DOSSIER
QUELLES PERSPECTIVES POUR 2014 ?
Que nous réserve l’année à venir ?
es trois syndicats représentatifs de la profession n’avancent pas toujours main dans la main, mais ils s’accordent au moins sur un constat : l’année 2013 aura été, pour l’officine, « mitigée » comme la qualifie Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Parmi les points positifs, le lancement des entretiens autour des anticoagulants oraux figure en bonne place. Les chiffres en attestent : la mobilisation de plus de 9 000 pharmaciens a permis de prendre en charge plus de 50 000 patients. « L’adhésion à cette nouvelle pratique est très encourageante », se félicite Philippe Gaertner. « C’est un beau succès », confirme Gilles Bonnefond, son homologue de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Autre point positif : le générique. « Le mouvement s’essouffle un peu à cause du répertoire, mais les officines continuent de jouer le jeu », relève Françoise Daligault, la présidente de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). Là encore, les résultats en témoignent : la fameuse rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp), plus communément appelée « prime génériques » (lire aussi en page 26), devrait pratiquement être doublée en 2014, passant de 3 500 € en moyenne à 7 000 €.
PLFS FSSS PLF LFSS SS
PLFSS LFSS LFS SSSS
Des priorités divergentes
Le troisième motif de satisfaction est la parution du décret, tant attendu, sur les sociétés de participations financières de profession libérale (SPFPL). « On a enfin choisi un modèle d’avenir pour les pharmacies d’officine », commente Philippe Gaertner. Jean-Christophe Hurel, le président du directoire d’Interfimo, considère lui aussi les SPFPL comme de véritables opportunités : « Elles favorisent les transactions de SEL et
20 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
PPLF LFSS L PLF PPLFSS PL SS PLFSS
PLFS FSSS
PL LFSS PLFSS PLFS LFSSS
PL PLFSS
PLFSS P LFS S
©© ÉRIC SCHERRER – FOTOLIA
L
Entre les discussions autour du futur honoraire de dispensation et les efforts demandés par le gouvernement, l’année 2014 est pour le moins incertaine.
Dossier Vive les femmes
augmentent les capacités d’emprunt des titulaires qui, dans les prochaines années, seront plus de la moitié à exercer sous cette forme juridique. Le banquier, en revanche, ne pourra appréhender le fonds de commerce, qui est le principal actif des pharmacies, que de façon indirecte. Mais c’est incontestablement un outil de dynamisation du marché pour les années à venir ». Ces trois bonnes surprises ne sont cependant pas suffisantes pour cacher ce que Philippe Gaertner appelle « le gros nuage au-dessus de nos têtes », c’est-àdire l’environnement économique de l’officine, plombé par deux éléments majeurs : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2014 (PFLSS) – définitivement adopté le 3 décembre par l’Assemblée nationale – et les discussions toujours inabouties sur l’honoraire de dispensation. Sur ce dernier sujet, c’est en ordre dispersé que les syndicats avancent. Pour la FSPF, la signature de l’avenant sur l’honoraire est un objectif absolu. « Il est grand temps de changer de paradigme et de déconnecter pour partie notre rémunération des prix et des volumes : c’est l’intérêt de toute la profession, estime Philippe Gaertner. Il reste quelques ajustements à apporter, notamment pour diminuer l’impact lié aux volumes. Il n’en demeure pas moins que lorsque l’Assurance maladie vous propose de convertir la moitié de la marge officinale sur le médicament remboursable en honoraires pharmaceutiques, cela ne se refuse pas ». Gilles Bonnefond, lui, continue de réclamer un contrat d’objectifs et de moyens avec l’État qui maintienne la marge, préalable indispensable à toute nouvelle rémunération. Surtout, s’il promet que « l’ensemble des pistes de travail et leurs conséquences sur les pharmacies seront examinés », sa priorité reste le PLFSS 2014, « qui est destructeur pour l’économie de l’officine et la politique du générique ».
Une mobilisation gagnante
Dans la ligne de mire de l’USPO et de l’UNPF, l’article 40 relatif aux remises génériques, dont la version initiale, sans aucune révision du plafond et donc sans concurrence entre laboratoires, risquait de faire supporter les baisses de prix des génériques uniquement au réseau officinal. « Les efforts demandés ne doivent pas être concentrés sur un seul acteur mais partagés », justifie Gilles Bonnefond.
Grâce à la mobilisation de leurs troupes, les deux syndicats ont réussi à faire bouger les lignes : le plafond légal des remises sera au maximum de 50 % du prix fabricant hors taxes ou du tarif forfaitaire de responsabilité (TFR). Une victoire ? « Cela va dans le bons sens, mais encore faut-il que l’arrêté ministériel soit pris avant la fin de cette année », tempère le président de l’USPO. Cela n’a pas été le cas pour l’article 12 bis, devenu article 13 dans le texte définitif, lui aussi sévèrement critiqué. Il prévoit une taxe de 20 % sur le chiffre d’affaires hors taxes des laboratoires, correspondant au montant de la marge rétrocédée lors de la vente directe de médicaments aux officines. « Ce montant, très dissuasif, va tout simplement conduire les laboratoires à ne plus réaliser de ventes directes, dénonce Gilles Bonnefond. Or la vente directe permet aussi aux pharmacies de faire face aux ruptures d’approvisionnement et cette mesure, prise sans concertation, risque de mettre en difficulté non seulement les officines, mais également les patients ». « Notre capacité d’acheteur va être sérieusement ébréchée, acquiesce Philippe Gaertner, inquiet, lui aussi, des retombées
POINT DE VUE
du PLFSS 2014 sur l’économie de l’officine. Une fois encore, c’est le dernier maillon de la chaîne qui souffre le plus, notamment les petites et moyennes structures ». Pris dans sa globalité, le PLFSS 2014 a aussi d’autres effets, comme le relève in fine le président du directoire d’InterIl est grand fimo. « Plus on demande d’efforts à la fitemps de lière du médicament, plus il est difficile, changer de pour le financeur, d’anticiper la strucparadigme et ture du compte de résultat du pharmade déconnecter cien, et ce, d’autant que le contexte des pour partie notre mutations d’officines est déprimé, ce rémunération qui, au passage, est paradoxal compte des prix et des tenu des départs à la retraite attendus, volumes : c’est fait observer Jean-Christophe Hurel. l’intérêt de toute Toutes les mesures prises pèsent sur la la profession. perception des revenus futurs des tituPhilippe Gaertner, laires. L’instabilité et la pression fiscale FSPF ne les encouragent pas non plus à s’engager sur des opérations importantes. La taxation des plus-values sur les cessions de parts de SEL et la suppression du prélèvement libératoire sur les dividendes par exemple rendent l’environnement peu favorable. Le seul point positif, c’est que l’on revient à des prix de cession beaucoup plus raisonnables, même si l’on constate toujours des disparités régionales, et plus encore par tailles de pharmacies ».
2014 vue par… Stéphane Billon,
directeur associé de Kamedis Conseils
« Une baisse de la couverture de l’offre de soins » Pour l’économiste, une dépense de santé qui n’augmente pas n’est pas un phénomène naturel, compte tenu du vieillissement de la population et des innovations thérapeutiques. « Or, cette dépense diminue, ce qui signifie que l’on consomme moins ou moins cher, constate Stéphane Billon. La croissance de 2,4 % “autorisée’’ par l’État correspond donc, de facto, à une baisse de la couverture de l’offre de soins. C’est un vrai changement de paradigme ». Le PLFSS 2014, rappelle-t-il, est un plan d’économies basé prioritairement sur une baisse du prix des médicaments associée à une augmentation de la maîtrise médicalisée, ce qui aura à l’évidence un double effet sur le chiffre d’affaires des officines. « Ceci alors que la désolidarisation de la rémunération du pharmacien du prix du médicament – en
d’autres termes, la conversion d’une partie de la marge en honoraires de dispensation – ne sera appliquée au mieux que fin 2014 ». Fervent défenseur des contrats de coopération commerciale, Stéphane Billon s’interroge aussi sur le fameux article 13 du PLFSS 2014 visant la taxation, à hauteur de 20 %, des ventes directes des laboratoires. « Il est fort possible que les génériqueurs y soient à leur tour soumis », prédit-il. En tout état de cause, prévient-il, « l’Ondam ne sera pas tenu, et il faudra s’attendre à un avis rendu dans ce sens par le comité d’alerte sur l’évolution des dépenses de l’assurance maladie ». Stéphane Billon conclut toutefois sur un message d’espoir : les 20 millions d’euros débloqués par Marisol Touraine, la ministre de la Santé, pour développer les sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (Sisa) : « On va ainsi impliquer de plus en plus le pharmacien d’officine dans le champ de la médecine ambulatoire, et c’est une bonne nouvelle ».
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 21
DOSSIER
QUELLES PERSPECTIVES POUR 2014 ?
réseau officinal qui est mis en cause, confie Hubert Olivier, le président de la CSRP. En juillet dernier, nous avons donc avancé deux propositions allant dans ce sens : la révision de notre système de rémunération sur la base d’un forfait à la boîte et d’une marge ; et la mise en place d’un contrat pluriannuel ouvrant la voie à la revalorisation de notre rémunération globale à un niveau de 1 milliard d’euros. Mais rien dans le PLFSS ne correspond à ces attentes. Nous espérions une réponse structurelle, nous en sommes loin ».
©© MOPIC – FOTOLIA
Un contrat de plan demandé
Une demande de révision à la hausse
La Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) s’inquiète elle aussi. Selon ses calculs, l’impact des mesures de baisse des prix des médicaments envisagées par le gouvernement dans le cadre du PLFSS 2014 sur les ressources des répartiteurs devrait être d’au moins 50 M€, qui s’ajoutent aux 83 M€ de baisse subie en 2012 et aux 40 M€ de baisse supplémentaire en 2013. La Chambre en appelle donc à une révision à la hausse de sa marge pour assurer la pérennité du système d’approvisionnement. Et demande aux pouvoirs publics « de lui garantir un niveau de ressources nettes de 1 milliard d’euros (à comparer aux 900 millions nets estimés en 2013, NDLR) pour
pouvoir continuer à assumer ses missions de service public et maintenir un niveau d’investissement compatible avec les exigences de qualité et de sécurité de la chaîne du médicament ». Ce n’est pas la première fois que la CSRP essaie de se faire entendre. « Voilà trois ans que nous tirons la sonnette d’alarme, rapporte Laurent Cuiry, le président de Phoenix Pharma France. Trois ans au cours desquels mon entreprise a perdu deux mois de marge brute, et va encore en perdre un demi-mois ». Depuis plus d’un an maintenant, les répartiteurs tentent donc d’expliquer leur situation aux pouvoirs publics. « Ces derniers ont, semble-t-il, compris qu’il fallait mettre un terme à cette dégradation et que, sans nous, c’est tout l’approvisionnement quotidien du
Nous avons beaucoup de charges fixes et peu de charges variables, d’où la nécessité de disposer d’une vision stratégique Laurent Cuiry Phoenix Pharma
Pour les répartiteurs, la situation devient pourtant urgente : leurs prestations, disent-ils, ont un coût. « Or nous ne sommes plus payés au niveau des risques que nous prenons et des avantages que nous offrons, constate avec amertume Laurent Cuiry. Aujourd’hui, tous les répartiteurs perdent de l’argent sur leur activité grossiste. C’est pourtant un outil irremplaçable ». Il appuie donc la proposition de la CSRP et plaide pour un contrat de plan avec l’État sur les cinq années à venir. « Même si l’objectif reste exigeant, cela nous laissera le temps de nous adapter, au bénéfice des pharmaciens d’officine, des patients et des pouvoirs publics, défend-il. C’est une question de visibilité et de lisibilité, à la fois sur le plan de la santé publique et au niveau des coûts. Ce type de plan existe dans bien d’autres secteurs, comme à La Poste par exemple ». À l’appui de sa démonstration, le président de Phoenix Pharma France pointe un manque de marge de manœuvre : « Nous avons beaucoup de charges fixes et peu de charges variables, d’où la nécessité de disposer d’une vision stratégique, seul moyen d’assurer la pérennité de notre système d’approvisionnement. Ce métier est une bijouterie en France. Décider de le maintenir relève avant tout d’un choix de l’État. S’il le décide, il doit s’engager ». •
Pour prolonger notre dossier, rendez-vous à la porte Maillot de Paris pour les 7es Rencontres de l’officine. Dimanche 9 février 2014 14h45-15h30
Quoi de nouveau pour développer son activité en 2014 ?
Avec Stéphane BILLON, directeur associé chez Kamedis Conseils
Comment restaurer mon activité en tenant compte de la réorganisation de la prise en charge des soins de ville ? Comment monter une Sisa ? Que veut dire coopération entre professionnels de santé ?
22 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
Dossier Vive les femmes
Le bonheur (officinal) sera-t-il dans le pré ? En dépit – ou peut-être à cause – de la désertification médicale, l’officine rurale reste plus que jamais un lien social irremplaçable et parie sur de nouveaux services.
Une compression non mesurée
La trajectoire de Guy Christelle est emblématique de la crise dont souffre la pharmacie rurale. Installé depuis près de trente-cinq ans à Pure, un village des Ardennes proche de la Belgique, ce titulaire, qui est aussi membre de l’APR, a « perdu » son prescripteur au mois de janvier. Un départ qui, en moins d’un an, a eu des effets dévastateurs : 1 600 passages en moins, soit 7 passages par jour, et une perte de 53 000 € de chiffre d’affaires. « Je n’ai pas touché à l’organisation de mon officine, confie-t-il. Simplement, je suis présent plus souvent. Et j’ai une chance : je récupère une clientèle belge attirée par les prix beaucoup plus bas de nos médicaments… »
©© JACKIN– FOTOLIA
A
priori, Albin Dumas, le président de l’Association de pharmacie rurale (APR), n’est guère optimiste : « Nous sommes les plus cruellement touchés par la crise économique. Nous souffrons de la densité médicale la plus basse qui soit et de l’absence de médecins spécialistes. Les seuls praticiens encore en activité sont proches de la retraite et ne seront sans doute pas remplacés. Le soutien des pouvoirs publics n’en est pas un. Ce qui se passe est irréversible ». Très vite, le président de l’APR livre néanmoins trois éléments de nature à raviver l’espoir. Le premier est indiscutable : l’officine rurale, qui condense désormais tous les services de proximité, rythme la vie des campagnes. Le second renvoie à la loi HPST : « C’est clairement une possibilité d’exercer notre métier sans le conditionner totalement à une consultation médicale », se félicite-t-il. Le troisième enfin est la perspective, très attendue, d’une nouvelle rémunération.
La région Champagne-Ardenne est la deuxième qui compte le plus de départs en retraite de médecins non remplacés. « C’est un phénomène qui s’intensifie sur toute la France et qui ne trouve pas de solution : les médecins veulent dorénavant exercer en groupe », commente le pharmacien. Il sait de quoi il parle : Entre la censé lutter contre la désertification diminution des médicale, le projet de maison médicale prescriptions pluridisciplinaire à Carignan, dans le et la baisse bourg voisin, est au contraire devenu un des prix des aspirateur à médecins. « Ce faisant, ces médicaments, structures isolent les pharmacies et les c’est encore amputent d’une partie de leur clientèle », et toujours la dit-il. « Promouvoir ces pôles, que je prépharmacie rurale fère qualifier de pluriprofessionnels, c’est qui paie le plus tout de même admettre une compression lourd tribut. qui n’est pas mesurée, acquiesce Albin Guy Christelle, Dumas. C’est la raison pour laquelle je titulaire dans réclame à l’État une planification basée les Ardennes sur des critères lisibles ».
Une pratique qui s’appuie sur le conseil
En attendant, pour Guy Christelle, l’année 2013 a été, selon ses termes, « catastrophique ». « Entre la diminution des prescriptions et la baisse des
prix des médicaments, c’est encore et toujours la pharmacie rurale qui paie le plus lourd tribut », relève-t-il. Mais notre homme est aguerri : spécialiste reconnu en mycologie, diplômé en orthopédie et en pharmacie vétérinaire, il a récemment redéveloppé certaines activités comme les huiles essentielles et le matériel médical, et aménagé un coin bébé. Son officine, spacieuse et confortable, dispose aussi d’un parking. Et bon an mal an, il réussit à maintenir un certain chiffre d’affaires. Et continue d’exercer avec bonheur : « À la campagne, nous sommes un lien social irremplaçable. C’est chez nous que les gens peuvent se rencontrer et discuter, chercher des services que nous leur rendons gratuitement. Notre pratique s’appuie essentiellement sur le conseil, c’est très valorisant. Nous restons surtout les premiers recours en termes de soins. La mise en place des entretiens pharmaceutiques sur les anticoagulants oraux ne fait finalement qu’officialiser ce que nous faisons déjà. Si on lui laisse encore un peu de marge et que l’on respecte ses spécificités, la pharmacie rurale a de l’avenir ». •
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 23
GÉNÉRATION MANAGER Chaque mois, Marie-Hélène Gauthey vous accompagne dans la mise en place de vos bonnes pratiques managériales à l’officine.
Charlotte réalise des entretiens d’évaluation
L’entretien annuel d’évaluation ou d’appréciation des compétences est un outil de management qui permet à chaque collaborateur de savoir comment le manager perçoit ses résultats et son niveau de performance. C’est un moment où chacun prend le temps d’échanger. Il sert également à mesurer la motivation et l’intérêt que le salarié porte à ses missions. Résultats attendus Pour Charlotte, ces entretiens contribuent au développement des compétences de chacun. Ils servent à fixer un cadre précis sur le niveau attendu en matière de connaissances, de savoir-faire et de savoir-être (qualités personnelles). Le plan de progrès défini à l’issue de chaque entretien est concret et les actions mises en place doivent aboutir à une amélioration de la performance de chaque membre de l’équipe. Zoom méthodologique L’évaluation se déroule en trois étapes. 1°) La préparation de l’entretien Charlotte informe ses collaborateurs de la date de l’entretien au moins quinze jours auparavant. Il faut prévoir au moins une heure dans un endroit isolé – sans interruption si possible –, l’entretien étant préparé à l’aide du guide d’appréciation de l’officine. Charlotte se sert des exemples qu’elle a notés tout au long de l’année pour définir son appréciation sur les compétences de chacun. Elle liste également les objectifs et les résultats obtenus.
24 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
2°) L’entretien À partir du guide d’entretien d’appréciation, Charlotte procède à l’évaluation commune des compétences. Elle fait exprimer son collaborateur sur l’appréciation qu’il porte sur chaque domaine évalué. Elle partage son avis ou argumente sa position à partir d’éléments factuels. Elle inscrit sur le document son jugement. Puis elle note et commente en synthèse les points forts et les points d’amélioration, en définissant les moyens nécessaires à la progression (formations, temps pour acquérir des connaissances, binôme pour s’entraîner…). Charlotte adopte une attitude constructive et objective et l’écoute doit être mutuelle. Elle fait en sorte d’emporter l’adhésion du collaborateur sur chaque point de progrès identifié. 3°) L’après-entretien Charlotte n’attend pas un an pour faire un point sur les axes d’amélioration décidés. Elle établit un planning afin de mesurer l’efficacité des actions instaurées et s’inscrit dans une démarche d’accompagnement pour aider chaque collaborateur à progresser. Bien sûr, elle n’oublie pas de reconnaître les efforts fournis et de féliciter l’équipe. L’avis de l’équipe Thomas : « L’entretien annuel est important pour moi. Il me permet de prendre le temps de dialoguer avec Charlotte sur mes compétences. » Diane : « C’est nécessaire de savoir comment Charlotte perçoit mon travail. » Ketty : « J’apprécie que cet entretien soit un réel échange et les critères d’évaluation sont clairs. Je sais ainsi quels sont mes axes d’amélioration pour les mois à venir. » Clémentine : « Au moins, je sais quels sont mes points forts et les progrès que je dois réaliser. »
©© ILLUSTRATION ANTOINE ORRY
Description
©© GINA SANDERS – FOTOLIA
BACK-OFFICE
Tout savoir sur la prime génériques Petite bouffée d’oxygène pour les trésoreries, la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) s’avère toutefois complexe. Zoom sur un dispositif qui a déjà fait ses preuves… sans réellement convaincre.
E
nfin un motif de satisfaction pour Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui ne boude pas son plaisir : « Le montant moyen de la prime par officine est conforme aux prévisions. Il n’y a pas eu de mauvaises surprise. C’est la reconnaissance du travail des pharmaciens. Elle leur permet de résister aux
26 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
assauts des anti-génériques. Au comptoir, c’est parfois difficile… » Entrée en vigueur depuis le 6 mai 2012, la rémunération sur objectifs de santé publique (ou Rosp, le nom officiel de la prime génériques) est destinée à encourager la profession à substituer. Elle est calculée sur le volume de boîtes dispensées par le pharmacien et sur la performance de ce dernier, que traduit le taux de substitution. Un mode de calcul complexe, que les officinaux ont
parfois du mal à comprendre (voir plus loin). Et ce, d’autant que le taux de substitution à atteindre n’est pas unique : l’un cible les molécules récentes à fort potentiel d’économies (une trentaine), l’autre le reste du répertoire.
La qualité et la quantité récompensées
À ceci s’ajoute la stabilité des médicaments génériques délivrés aux patients de plus de 75 ans : les pharmaciens
s’engagent à ce que 90 % de ces patients n’aient qu’une seule marque de génériques délivrée – pour chacune des onze molécules identifiées – afin d’éviter tout risque de confusion entre les médicaments. S’ils ne respectent pas cet engagement, leur prime est amputée de 25 %, sauf situation exceptionnelle de rupture d’approvisionnement. Enfin, un article a été introduit, demandant aux pharmaciens de transmettre à l’Assurance maladie les prescriptions comportant la mention « Non substituable ». Bref, un dispositif qui, selon Gilles Bonnefond, a été conçu pour ne « primer » que les économies supplémentaires dégagées sans pénaliser les forts substitueurs. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) salue également ce mécanisme « qui récompense tout autant la qualité que la quantité » et qui, comme le rappelle Philippe Besset, le président de la commission Économie de l’officine, « fait partie des éléments compensatoires qui doivent accompagner l’officine confrontée à une perte de sa marge ». Aux plus récalcitrants, l’élu syndical répond transparence et performance : « D’une part, chaque pharmacien peut suivre son taux de substitution, l’atteinte de ses objectifs et son suivi de stabilité via son compte Ameli personnel. D’autre part, parmi la trentaine de molécules à fort potentiel d’économies, trois – le
lezoméprazole, le clopidogrel et l’atorvastatine – permettent d’atteindre pratiquement la moitié de la prime ». Les résultats en tout cas sont là : « La mise en place des deux outils que sont cette prime et le tiers payant contre générique a permis une augmentation du marché de 15 % en 2012 et en 2013, souligne Philippe Besset. Une réussite audelà de toutes nos espérances ».
Une évolution significative du mode de rémunération
Le 21 mai 2013, l’USPO et l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) ont signé avec l’Assurance maladie un nouvel avenant générique. Cet accord, qui inclut les molécules les plus récentes, ramène le taux de substitution national de 82,4 % à 81,1 %, pour un objectif de 85 % à la fin de l’année. « L’atteinte de cet objectif, calculé sur douze mois, permettra d’obtenir une prime supérieure à 6 000 € par pharmacie, soit le double de celle de 2012, avec un versement prévu en avril 2014 », indique le président de l’USPO. Et d’ajouter : « Cette prime représentera en moyenne 2,8 % de notre rémunération globale et marque une évolution significative de notre mode de rémunération. Le rebond du taux de substitution national début juin, suite à la signature de cet avenant générique, a d’ailleurs montré la mobilisation des pharmaciens et leur responsabilité de chefs d’entreprise ».
3 307 € C’est la prime moyenne que les pharmaciens ont perçue au titre de l’année 2012. Elle sera doublée en 2013 pour atteindre 6 500 €.
Les deux syndicats signataires ont également obtenu la prise en compte effective par les caisses primaires d’assurance maladie des mentions « Non substituable », et ce, pour éviter des blocages de paiement injustifiés, ainsi que l’exclusion des molécules suivantes du calcul des objectifs individuels : L-thyroxine, buprenorphine, mycophénolate mofetil et les antiépileptiques lamotrigine, levetiracetam, topiramate et valproate de sodium. La FSPF, elle, n’a pas signé cet avenant. Pour une première raison d’ordre politique, que défend Philippe Besset : « Nous avions fixé un calendrier précis lors de la négociation conventionnelle : l’avenant sur le nouveau mode de rémunération devait être signé avant le 31 décembre 2012, et l’avenant générique au plus tard le 30 mars 2013. L’Assurance maladie nous a convoqués pour négocier sur ces deux textes mais n’a retenu que le ROSP, ce qui ne nous convenait pas ». La Fédération regrette aussi que cet avenant demande des efforts plus importants, avec des objectifs plus élevés, « ce que nous aurions pu entendre dans le cadre d’un accord global, pas isolé » explique Philippe Besset, tout en précisant : « Sur le principe, nous restons évidemment favorables à cette prime, même si elle a été mise en place avec retard et n’a donc été versée qu’en juin au lieu de mars ». Anne Fellmann
D’accord… Jean-Pierre Antoine
Pas d’accord… Denis Trouillé
C’est une prime génériques de 7 000 €, soit le double du montant moyen versé aux officines, qu’a reçue récemment Jean-Pierre Antoine, également président de la commission d’achats du groupement de pharmaciens Giropharm. « On ne s’y retrouve pas vraiment, la méthode de calcul est complexe, mais ce n’est pas très grave », confie-t-il en expliquant qu’il obtient des informations au fil de l’eau et des visites de « la dame de l’Ondam ». « Nous recevons également un tableau avec les valeurs cibles pour chaque produit et les évolutions auxquelles nous devons parvenir. On peut donc discuter et essayer de comprendre ce qui fonctionne ou pas ». Au vu de leur taux de substitution de 87 %, ce titulaire et son équipe font figure d’excellents élèves. « Cette prime, ajoutée au dispositif “tiers payant contre générique”, renforce notre légitimité auprès des médecins et des patients. Elle fait partie d’un cercle vertueux : on reconnaît notre travail, on nous rémunère comme partenaire économique du système ».
Pour ce titulaire adhérent du groupement Pharmactiv et membre de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), « le pharmacien n’a aucune possibilité de contrôler ni de contester le montant de la prime, sauf à s’engager dans un contentieux dont il ne verra jamais le bout ». Il en dénonce le mode de calcul « incompréhensible », liste les « incohérences » de l’Assurance maladie qui, selon lui, ne tient pas l’engagement sur le « Non substituable », ne tient pas compte des ruptures et, en ne faisant aucune différence entre les factures payées et les factures tiers payant, diminue de facto les taux de substitution. Pour Denis Trouillé, 2014 marquera le début d’une nouvelle ère pour la pharmacie d’officine, encore empreinte d’incertitudes, mais porteuse aussi de nouvelles opportunités de croissance, grâce à l’élargissement des services proposés aux patients. La prime génériques est en réalité à sens unique, commente-t-il. Il faudrait davantage se concentrer sur les rémunérations liées aux nouveaux services à l’officine ».
Titulaire à Saint-Pair-sur-Mer (Manche)
“CELA RENFORCE NOTRE LÉGITIMITÉ”
Titulaire à Camphin-en-Carembault (Nord)
“C’EST UNE PRIME À SENS UNIQUE”
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 27
RÉTROSPECTIVE
2013,
année chahutée Retour sur douze mois bien remplis, où la profession a eu le sentiment d’être enfin entendue, et pourtant pas encore assez valorisée. JANVIER • Dans notre édito de janvier, nous dénoncions un PLFSS « particulièrement violent pour le secteur du médicament » et déplorions que les négociations avec l’Assurance maladie soient au point mort… Des termes que nous pourrions, hélas, quasiment reprendre onze mois plus tard. Heureusement, notre dossier consacré à des confrères heureux dans leur officine montrait que la profession reste solide. • Côté vente en ligne, c’est l’incompréhension. Une ordonnance du 31 décembre 2012 a en effet autorisé la vente par correspondance des médicaments OTC… mais
seulement ceux disponibles en libre accès. Cette transposition du droit européen laisse les pharmaciens français inquiets et suspicieux. L’Ordre met en garde contre les risques du commerce électronique des médicaments, la FSPF demande un arbitrage européen et l’Anepf affirme son opposition à la vente en ligne. • L’imbroglio sur les pilules de troisième génération continue avec un déremboursement des 3 G avancé de septembre à mars 2013. Les clientes s’inquiètent et les pharmaciens ont fort à faire au comptoir. Les ventes de pilules de deuxième génération grimpent en flèche.
©© JPC-PROD – FOTOLIA
FÉVRIER
MARS
• L’AMM de Diane 35 est suspendue. Une décision prise par l’ANSM s’inscrivant dans un contexte d’utilisation hors AMM majoritaire. • L’Utip et le CVAO se rapprochent pour produire et diffuser des recommandations de bonne pratique à l’usage des pharmaciens, pour le suivi des patients chroniques. • L’Ordre édite deux publications, la première sur la protection des données confiées par les patients, la seconde sur l’aménagement des locaux. • Les 6es Rencontres de l’officine font le plein au Palais des congrès de Paris. Coopération commerciale, génériques, entretiens pharmaceutiques, formation… des étudiants aux titulaires, chacun a pu s’informer et se former. On vous attend tout aussi nombreux pour la 7e édition, qui aura lieu les 8, 9 et 10 février 2014. • Les cafouillages sur la vente en ligne se poursuivent avec un site de pharmacie piraté pour vendre… du Cialis bien sûr. Attention donc aux sites Internet dont les noms tombent dans le domaine public, ils sont les cibles privilégiées des malfrats du Web. La confusion se renforce avec la suspension de la restriction au libre accès. Pour faire simple : quand on vend en ligne, il n’y a aucune raison de se limiter aux spécialités en libre accès. Tout l’OTC doit être disponible.
• Marisol Touraine demande à l’ANSM d’étudier les demandes d’AMM pour les médicaments à base de cannabis. Sativex, une spécialité indiquée dans les douleurs dans la SEP, pourrait arriver sur le marché dès 2015 si sa demande d’AMM est acceptée. Ce traitement est déjà disponible chez la plupart de nos voisins européens. • Nouvel ouvrage polémique qui ne fait pas de bien aux médicaments avec La vérité sur le cholestérol, de Philippe Even. Les génériques sont aussi sous les feux de la rampe avec Médicaments génériques, la grande arnaque, le livre à charge de Sauveur Boukris. • Les négociations avec l’Assurance maladie concernant la rémunération des pharmaciens laissent les syndicats insatisfaits et le rythme de conversion de la marge en honoraire reste inconnu… • Dans notre numéro 100, nous retraçons huit ans d’histoire de l’officine, et vous présentons huit projets innovants développés par des confrères. Thierry Barthelmé (Utip) revient également sur le DPC, devenu obligatoire par décret au 1er janvier.
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 29
RÉTROSPECTIVE
AVRIL
• Les négociations avec l’Assurance maladie sèment la discorde entre les syndicats. USPO et UNPF sont prêts à s’engager sur les objectifs de substitution des génériques, mais la FSPF souhaite attendre que la partie sur les honoraires soit décidée. Or ce sont les génériques qui centralisent les efforts lors des séances d’avril. • Marisol Touraine évoque la possibilité de se faire vacciner dans les officines afin d’améliorer la couverture vaccinale, alors que paraît un calendrier vaccinal simplifié. Les injections seraient toutefois réalisées par des infirmières au sein des pharmacies. Un carnet de vaccination électronique inclus dans le DP est également évoqué. • Leclerc ayant relancé une campagne pour vendre des médicaments (« On marche sur la tête »), les réactions de la profession ne se font pas attendre. L’Ordre communique sur le thème « Gardons les pieds sur terre ». L’USPO affiche « Votre pharmacien, c’est beaucoup plus qu’un diplôme en blouse blanche » et PHR dénonce les « Mensonges ».
30 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
MAI
JUIN
JUILLET-AOUT
• La FSPF refuse de signer l’avenant générique proposé par l’Assurance maladie mais celui-ci est ratifié par l’UNPF et l’USPO. L’objectif national et individuel de substitution reste à 85 %, alors que le seuil évitant les sanctions passe de 60 à 65 %. La prime 2012 n’est quant à elle toujours pas payée. Les négociations sur les honoraires stagnent. • L’agence européenne du médicament conclut à un rapport bénéfice/risque positif pour Diane 35 et ses génériques. En parallèle, le ministère de la Santé lance une campagne sur les modes de contraception, afin d’inviter chaque femme et couple à choisir la méthode la plus adaptée. Les ventes de contraceptifs hormonaux de troisième et quatrième générations reculent de 44 % entre avril 2012 et avril 2013, quand celles des première et seconde générations grimpent en parallèle de 28 %. • Pharma fait la part belle aux femmes, avec des portraits, des interviews et des entretiens de pharmaciennes, préparatrices et expertes… Une façon de mettre à l’honneur le beau sexe, qui représente 66 % des personnes travaillant en pharmacie… et 82 % des adjoints !
• La prime génériques double entre 2012 et 2013, passant à 6 000 €. Une bonne nouvelle qui s’accompagne (enfin) du versement de la prime 2010. La ROSP ou rémunération sur objectifs de santé publique s’élève à 3 307 € en moyenne mais affiche de fortes disparités : de 5 000 € environ par pharmacie en Loire-Atlantique par exemple, à moins de 2 000 € à Paris. • Lui non plus, on n’osait plus l’espérer : le décret instaurant les entretiens pharmaceutiques des patients sous AVK arrive avec six mois de retard… • Le décret sur les SPFPL et SEL paraît enfin (Journal officiel du 6 juin) ! Régime juridique, détention du capital, modalités de contrôle… le décret met fin à des années d’attente. La profession salue ce texte, à l’exception du CNGPO, qui évoque « un frein à l’installation des jeunes confrères ». • Terreur sur le fusorémide, avec une affaire inquiétante qui finit toutefois sans dommage : après avoir retrouvé un comprimé de zopiclone dans un blister de furosémide, ce qui déclenche une alerte ANSM, le rappel et la vérification de tous les lots, l’ANSM conclut à une erreur commise par le patient. • Albin Dumas, président de l’APR, revient dans Pharma sur les négociations conventionnelles, mais aussi sur les médicaments vétérinaires et le découplage entre prescription et dispensation. Nous faisons aussi un point nécessaire sur les ruptures d’approvisionnement et les mesures que peut prendre l’Europe pour les endiguer. • Un arrêté paru au Journal officiel du 15 juin autorise les pharmaciens à réaliser trois tests de dépistage : test capillaire d’évaluation de la glycémie, test oro-pharyngé d’orientation diagnostique des angines à streptocoque du groupe A, test naso-pharyngé d’orientation diagnostique de la grippe.
• Les bonnes pratiques de dispensation de vente en ligne de médicaments OTC entrent en vigueur le 12 juillet. • L’été voit la naissance de l’intersyndicale liant USPO, FSPF et UNPF et ayant pour but de « peser plus lourd » dans les négociations avec l’Assurance maladie. La trêve estivale est active avec des actions contre le TFR du Glucor ou la collecte des Dasri avec l’éco-organisme Dastri. Les négociations sur les honoraires doivent reprendre en septembre. • La FSPF envisage de proposer la transformation de tout ou partie de la rémunération sur les génériques en honoraire de dispensation. • Baptême de feu pour le Croie ou Cercle des réseaux officinaux indépendants sous enseigne, initié par Évolupharm, Giropharm, Népenthès et Pharmodel Group. Objectif : représenter et promouvoir le schéma d’indépendance capitalistique des enseignes de pharmacies et leurs affiliés. • La vignette fait de la résistance : sa disparition est de nouveau repoussée, avec une suppression cette fois prévue au 1er janvier 2014. • Alors que l’Autorité de la concurrence propose de lever le monopole officinal pour certains médicaments à prescription facultative, la ministre de la Santé réaffirme que cette piste n’est pas envisagée par le gouvernement. • L’Ordre travaille sur un nouveau volet du DP : DP rupture. La version bêta est lancée pour test dans 200 officines, mais aussi dans des pharmacies hospitalières et des laboratoires. • La rupture de Lévothyrox alimente les médias grand public, contribuant à une panique qui n’a pas vraiment lieu d’être. Une spécialité italienne est appelée à la rescousse, mais le recours à l’Eutirox transalpin sera finalement faible.
RÉTROSPECTIVE
SEPTEMBRE
• Le rapport de la Cour des comptes sur la Sécurité Sociale est accablant : la « Sécu » est en danger car la permanence de ses déficits sape sa solidité. L’hôpital, les analyses médicales et l’optique sont particulièrement visés, avec des bilans peu reluisants (augmentation des coûts sans amélioration de la qualité des soins à l’hôpital par exemple). • Les feuilles tombent et avec elles le PLFSS nouvelle mouture… L’industrie pharmaceutique n’a pas tardé à réagir à un projet de loi vu comme une entrave à l’innovation par le Leem. La Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) s’inquiète des nouvelles baisses de prix impactant les ressources des répartiteurs. La FSPF chiffre à 10 000 € la perte de marge par officine
due aux nouvelles mesures d’économie. L’UDGPO appelle au boycott de l’expérimentation de dispensation à l’unité. L’APR, enfin, lance un cri d’alarme et craint la fermeture de 150 officines suite aux mesures d’économies envisagées. • Il est prévu que les laboratoires génériques déclarent l’ensemble des remises accordées aux pharmaciens. La substitution, en parallèle, s’ouvrirait aux biosimilaires. • Les tests de grossesse en vente dans les grandes surfaces… C’est la mesure envisagée par le gouvernement pour faciliter le recours des femmes au diagnostic de leur grossesse. Hors du circuit également, les cigarettes électroniques, dont le statut ne sera pas celui de médicament.
OCTOBRE
NOVEMBRE
• L’intersyndicale essuie des revers, quand la FSPF refuse de participer au comité de suivi des génériques début octobre. • Discorde aussi suite aux négociations avec l’Assurance maladie au sujet des honoraires. La FSPF se dit satisfaite de la proposition de convertir une partie de marge en honoraires en comptant 1 € par boîte plus 50 centimes par ordonnance de plus de cinq lignes, pour aboutir à 46 % de la rémunération en honoraires d’ici à juillet 2014. USPO et UNPF ne sont en revanche pas d’accord. Pour l’USPO, la priorité reste le PLFSS 2014 et la politique du générique. • Le « point d’apport volontaire » disparaît de la collecte des Dasri. Exit donc le principe selon lequel les pharmaciens doivent apporter eux-mêmes les déchets au centre de tri. • Les vétérinaires gardent le droit de prescrire et de vendre, le découplage étant retoqué. Le ministre de l’Agriculture souligne que si le découplage était une mesure efficace contre l’antibiorésistance, il aurait été appliqué… mais que ce qui semble faire ses preuves en Europe est davantage de jouer sur le prix des antibiotiques. • Le tiers payant chez les médecins d’ici à 2017 ? C’est en tout cas ce que souhaite Marisol Touraine. Quatre ans, c’est aussi la durée de l’expérimentation – sur la base du volontariat et dans une nombre limité de régions – de la dispensation à l’unité des antibiotiques à l’officine. • Les remises sur les génériques pourraient passer de 17 à 50 % du prix fabricant hors taxes, selon un amendement au PLFSS déposé en octobre par un député socialiste. Cet amendement à l’article 40 fait parler de lui lors du congrès des pharmaciens à Lyon. PDA et vente en ligne y font également l’objet de débats animés.
• La ministre aura-t-elle été submergée par les clés ? C’est en tout cas ce que prévoyait l’action flash « Madame la ministre, voici nos clés pour ouvrir les négociations ou fermer les pharmacies » organisée par l’USPO. • Finalement, le plafond des remises génériques reste à 17 % car la commission des Affaires sociales du Sénat fait annuler l’amendement… mais un autre article inquiète la profession : l’article 13, qui prévoit de taxer les ventes directes des laboratoires aux pharmacies. USPO et UNPF lancent une pétition pour faire abroger cet article qui détériore les conditions d’achat et pourrait, à terme, contraindre à des fermetures ou des licenciements. • Mise en cause du vaccin anti-HPV Gardasil suite au dépôt de plainte d’une jeune femme. L’ANSM rappelle que ce vaccin fait l’objet d’un suivi renforcé et que sa balance bénéfice/ risque reste favorable. • Marisol Touraine s’adresse aux pharmaciens réunis lors de la Journée de l’Ordre par écran interposé. Ce qui n’est pas pour rassurer sa présidente, Isabelle Adenot, inquiète de « l’évaporation » des jeunes diplômés et d’un désamour pour la profession. • Deux arrêtés approuvant les avenants génériques 2 et 7 à la convention sont publiés au Journal officiel, signés par l’USPO, l’UNPF, mais pas par la FSPF. L’objectif national est donc de 85 % et la mesure « tiers payant contre génériques », jugée efficace, sera reconduite.
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 31
RÉTROSPECTIVE
ET CÔTÉ THÉRAPEUTIQUE… Si l’année 2013 a été très chargée au niveau socio-professionnel, elle l’a été un peu moins au niveau thérapeutique. Quelques nouveautés sont tout de même à noter. • En oncologie, on a vu l’arrivée en ville de Zelboraf (vémurafenib), agent antinéoplasique indiqué en monothérapie dans le traitement des patients adultes atteints d’un mélanome non résécable ou métastatique porteur d’une mutation BRAF V600. À l’hôpital, on note le lancement de Yervoy, une solution à diluer pour perfusion IV contenant de l’ipilimumab, un principe actif indiqué dans le traitement du mélanome avancé non résécable ou métastatique chez les adultes ayant déjà reçu un traitement. Toujours à l’hôpital, Jevtana (cabazitaxel) dans le cancer de la prostate. Caprelsa, dans le cancer de la thyroïde, arrive en ville accompagné d’un plan de gestion des risques comportant plusieurs documents pour les professionnels de santé et les patients. • Priligy est le premier médicament indiqué dans le traitement de l’éjaculation précoce. Son principe actif, la dapoxétine, est un ISRS qui permet de retarder l’éjaculation chez les hommes présentant un temps de latence d’éjaculation
intravaginale inférieur à deux minutes, avec un mauvais contrôle et une souffrance personnelle importante. • L’arrivée d’un nouvel antibiotique est suffisamment rare pour être notée : Zinforo (ceftaroline) est une céphalosporine à large spectre indiquée par voie IV dans le traitement chez l’adulte des infections compliquées de la peau et des tissus mous et des pneumonies communautaires. Cette spécialité est disponible uniquement à l’hôpital. • Du côté de la sclérose en plaques, Fampyra (fampridine) est indiqué pour améliorer la capacité de marche des adultes atteints de SEP et présentant un handicap à la marche. Ce nouveau principe actif est un inhibiteur des canaux potassiques, ce qui prolonge la repolarisation et améliore le potentiel d’action dans les axones démyélinisés, ce qui améliorerait la conduction dans le système nerveux central. • Buccolam (solution buccale en seringue préremplie pour administration orale) contient du midazolam et est indiqué dans le traitement des crises convulsives aiguës prolongées
chez les nourrissons, jeunes enfants, enfants et adolescents. Il existe en quatre dosages. Sa mise à disposition s’accompagne d’un plan national de gestion des risques comprenant un carnet individuel de suivi des crises et un document destiné au patient et à son entourage intitulé « Comment administrer Buccolam ». • La mise sur le marché de Pylera (association de souscitrate de bismuth potassique, de métronidazole et de chlorhydrate de tétracycline), indiqué en association à l’oméprazole pour l’éradication d’Helicobacter pylori et la prévention des récidives d’ulcères gastro-duodénaux, s’accompagne d’un plan de gestion des risques comprenant un programme national de surveillance renforcée. Ceci en raison de risques potentiels d’effets indésirables neurologiques connus avec les sels de bismuth. • La nouveauté vient sous forme de mousse avec Clarelux (clobétasol), dermocorticoïde d’activité très forte pour certaines dermatoses du cuir chevelu.
AVIS DE MÉDECINS Éric Marsaudon, diabétologue « Les molécules sorties cette année sont utiles mais pas révolutionnaires. Je retiendrai surtout la position de la HAS au sujet du diabète, qui insiste sur une écoute thérapeutique plus adaptée aux besoins du patient, permettant de fait une plus large approche de leur prise en charge. On va vers un traitement personnalisé, enfin intégré dans un projet de vie. C’est là un vrai progrès ‘‘officialisé’’ même si tous les thérapeutes faisaient déjà de ‘‘la prose sans le savoir’’. » Dr Martine Lemesle, neurologue « D’autres molécules thérapeutiques arrivent sur le marché dans le domaine de l’épilepsie. Elles
32 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
ont pour la plupart des nouveaux modes d’action, ce qui laisse des espoirs pour nos patients pharmacorésistants. Néanmoins, nous n’avons pas le recul suffisant pour exclure des effets secondaires très rares. C’est le cas avec Trobalt (retigabine) et les recommandations récentes liées à des modifications pigmentaires des tissus oculaires, de la peau, des lèvres et/ou des ongles, nécessitant une surveillance particulière. » Dr Nicolas Bouvier, médecin généraliste « Ce qui m’a marqué en 2013, c’est l’absence de concertation avec les médecins de terrain pour le retrait brutal de nombreuses spécialités utiles : diantalvic et ergot de seigle entre autres… »
SUSPENSION D’AMM DES DÉRIVÉS ERGOTÉS Vingt-sept spécialités contenant de la dihydroergotamine (Seglor, Tamik, Ikaran…), de la dihydroergocristine (Iskedyl), de la dihydroergocryptine-caféine (Vasobral) et de la nicergoline (Sermion et nicergoline générique) affichent désormais une balance bénéfice/risque défavorable, suite à leur évaluation européenne par l’EMA. Les données d’efficacité limitées n’ont pas fait le poids face à des cas graves de fibrose et d’ergotisme. La suspension d’AMM a eu lieu début novembre avec retrait de tous les lots. À noter : la dihydroergotoxine (Hydergine) n’est pas concernée.
• Ou sous forme de film orodispersible avec Breakyl, antalgique à base de fentanyl, indiqué dans les accès douloureux paroxystiques chez les patients adultes ayant un cancer. • Autre antalgique, quoique moins puissant : Dolstic, qui permet une administration de paracétamol en flacon compte-gouttes. • Jext, ce stylo auto-injecteur d’adrénaline a l’avantage de ne nécessiter qu’une manipulation avant l’injection, et de se conserver à température ambiante durant deux ans. Cette nouveauté a toutefois connu des ruptures de stock cette année. • On citera également Signifor (pasiréotide), indiqué dans le traitement de la maladie de Cushing, et Bosulif (bosutinib), dans le traitement de la leucémie myéloïde chronique à chromosome Philadelphie positif.
LU POUR VOUS
REVUE DE PRESSE SCIENTIFIQUE
Chaque mois, nous vous proposons une synthèse des articles marquants parus Par Julien Boyer, pharmacien hospitalier dans la presse spécialisée du monde entier.
L’asthme perturbe la fertilité des femmes Asthma affects time to pregnancy and fertility : a register-based twin study
L
©© JO UNRUH – ISTOCKPHOTO
es femmes souffrant d’asthme chronique mettent plus de temps à concevoir des enfants. Un constat établi par une équipe de chercheurs danois qui a analysé les questionnaires remplis jusqu’à l’âge de 41 ans par une cohorte de plus de 15 000 sœurs
jumelles vivant au Danemark et incluant des données sur l’asthme et la fertilité. Trois groupes ont été différenciés : les femmes souffrant d’asthme et traitées, les femmes souffrant d’asthme sans traitement et enfin les femmes sans asthme. 955 des participantes ont déclaré des antécédents d’asthme. 27 % d’entre elles ont affirmé avoir essayé de tomber enceintes pendant plus d’une année sans succès, contre seulement 21,6 % des non asthmatiques. Chez les asthmatiques qui ne se soignent pas, ce chiffre monte à 30,5 %, contre 23,8 % pour les asthmatiques qui se soignent. Pour le Dr Elisabeth Juul, ces résultats mettent en lumière les interactions complexes entre la fécondité et l’asthme. Même si les femmes asthmatiques mettent plus de temps à enfanter, elles peuvent réduire ce délai si elles prennent leurs médicaments. L’étude souligne par ailleurs qu’en dépit de cette baisse de fécondité, les asthmatiques ont au final autant d’enfants que les autres, ce qui s’explique par le fait que, en moyenne, elles cherchent à tomber enceintes à un âge plus précoce. • • European Respiratory Journal, publication en ligne du 14 novembre 2013
La pré-éclampsie accentue l’impact du sel
L
es maladies cardio-vasculaires restent au premier rang des causes de décès chez la femme dans les pays développés. L’hypertension joue un rôle important dans cette surmortalité. Cette étude a mesuré la sensibilité au sel vis-à-vis de l’impact sur la pression artérielle (PA) en comparant des patientes ayant un antécédent de pré-éclampsie à celles sans antécédent de complication liée à l’hypertension lors de la grossesse. L’étude a inclus 40 femmes pré-ménopausées qui ont accouché dix ans auparavant. La sensibilité au sel était définie par une augmentation de plus de 4 mm Hg de la PA ambulatoire de 24 heures sous un régime riche en sodium. La PA moyenne a augmenté de 115 (109-118)/79 (76-82) mm Hg à 123 (116-130)/80 (76-84) sous l’effet du régime riche en sodium chez les patientes ayant un antécédent de pré-éclampsie
34 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
en comparaison aux femmes du groupe contrôle chez lesquelles la pression artérielle n’a pas changé significativement, passant de 111 [104-119]/77 [72-82] à 111 [106-116]/75 [72-79]. La sensibilité au sel était donc significativement augmentée chez les femmes ayant un antécédent de pré-éclampsie en comparaison aux contrôles. L’index de sensibilité au sel (ΔPA moyenne/Δexcrétion urinaire de sodium × 1 000) était de 51,2 chez les femmes avec pré-éclampsie versus 6,6 mm Hg/mol par jour chez les contrôles. En conclusion, cette étude montre que la pré-éclampsie n’est pas un événement isolé chez une femme. Sa survenue est associée à une plus grande sensibilité au sel et pourrait, à ce titre, favoriser une future hypertension artérielle. • • Hypertension, vol. 62(4), pp. 802-8
©© STARMAN963 – ISTOCKPHOTO
Increased salt sensitivity of ambulatory blood pressure in women with a history of severe preeclampsia
©© RICHARDLYONS – FOTOLIA
L
e but de cette étude était de déterminer le risque fracturaire des sujets ayant présenté un accident vasculaire cérébral (AVC) et si la prescription de clopidogrel augmentait ce risque. Il s’agit d’une étude observationnelle dont les données sont issues d’une cohorte nationale danoise (environ 5,3 millions d’habitants) avec 77 503 patients sous clopidogrel et 232 510 contrôles, de moyenne d’âge de 65,7 ± 12,7 ans, avec une durée moyenne de suivi d’environ neuf ans. Dans le groupe clopidogrel, 1,2 % des patients avaient un antécédent d’AVC hémorragique, 9,3 % un antécédent d’AVC ischémique et 7,2 % un antécédent d’accident ischémique transitoire (AIT). Dans le groupe contrôle, 0,9 %
ȵȵMort subite du nourrisson : anomalies au niveau du tronc cérébral
avaient un antécédent d’AVC hémorragique, 2,6 % d’AVC ischémique et 2,3 % d’AIT. Le critère principal était la survenue d’une fracture (toutes fractures confondues). Les patients aux antécédents d’AVC affichaient une augmentation significative du risque fracturaire, à la fois pour les AVC hémorragiques et ischémiques (Hazard Ratio de 1,34 ; p = 0,001 et de 1,54 ; p = 0,001). Le risque fracturaire était également accru en cas d’antécédent d’AIT, avec un HR de 1,28 (p = 0,001). Ce risque supérieur était retrouvé chez les utilisateurs de clopidogrel (HR : 1,05 ; p = 0,001). D’après cette étude observationnelle, il existe bien une hausse du risque de fracture chez les patients ayant fait un AVC ou un AIT. De nombreux facteurs sont impliqués et c’est notamment le cas pour la prescription du clopidogrel. L’étape suivante serait d’évaluer si la prescription d’aspirine entraîne également une augmentation de ce risque. • • The American Society for Bone and Mineral
En procédant à l’autopsie de nourrissons victimes de mort subite, des scientifiques américains ont découvert des anomalies au niveau du tronc cérébral. Ces dernières, impliquant la sérotonine et les récepteurs Gaba, pourraient empêcher les bébés de réagir de manière adéquate à l’anoxie et de se réveiller. Il est maintenant essentiel de trouver le moyen de diagnostiquer et de traiter cette prédisposition. ȫȫ Pediatrics, publication en ligne, 11 novembre 2013
ȵȵCoagulation sanguine et origine ethnique Les antiplaquettaires, prescrits en prévention des AVC et des crises cardiaques, ont des résultats différents selon les patients. Des chercheurs ont découvert que cette disparité repose en partie sur les différences ethniques au niveau de la biologie plaquettaire. Des disparités ont été décelées au niveau de la thrombine et des récepteurs activateurs de plaquettes, ce qui expliquerait au moins partiellement pourquoi les Afro-Américains présentent un taux de survie après une crise cardiaque inférieur de 2,5 par rapport à celui des Blancs.
Research (ASBMR) 2013 meeting, Baltimore (États-Unis), 4-7 octobre 2013
L’e-mal de dos, un fléau qui n’est pas virtuel Technology is ‘a back injury time bomb’ for children
ne étude britannique souligne les effets néfastes des jeux vidéo, tablettes et autres smartphones, responsables de plus en plus de maux de dos chez la jeune génération. Chaque foyer français comptait en moyenne 6,3 écrans au quatrième trimestre 2012. Les chercheurs ne mâchent pas leurs mots à propos de ce nouveau fléau : les jeunes seraient face à une « bombe à retardement sanitaire ». Leur style de vie de plus en plus sédentaire entraîne davantage de maux de cou et de dos du fait de longues heures passées assises. Cette étude a été commandée par un centre hospitalier du Pays de Galles après avoir remarqué que le nombre de traitements destinés aux enfants souffrant de douleurs à la nuque et au dos y avait doublé en à peine six mois. L’équipe a étudié plus de 200 enfants, entre 7 et 18 ans, et il s’avère que 64 % des 11-18 ans disent souffrir du dos, et que 90 % d’entre eux reconnaissent ne jamais en avoir parlé. Chez les plus jeunes (les 7-10 ans), 72 % ont confié ressentir ce type de douleur. Les modes de vie actuels et la recrudescence de technologie ont des effets néfastes sur la santé musculo-squelettique
et, si on n’évoque pas ce problème à l’école ou à la maison dès aujourd’hui, il y aura de fortes répercussions sur nos enfants, la prochaine génération de travailleurs. Selon les auteurs, il est indispensable d’instiller de bonnes habitudes, que les enfants soient confortablement installés, afin qu’ils puissent se concentrer, atteindre leur potentiel optimal, qu’ils travaillent et fassent du sport quand ils le désirent, et qu’ils ne se retrouvent pas limités dans la vie par la douleur et une incapacité tout à fait évitable. • •The Telegraph, publication en ligne
ȫȫ Nature Medicine, publication en ligne, 10 novembre 2013
ȵȵLa cannelle efficace en cas de stérilité
du 12 novembre 2013
©© GOODLUZ – FOTOLIA
U
en bref
Plus de fractures après un AVC
Des chercheurs de l’université de Columbia (États-Unis) ont mené une étude impliquant 45 femmes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques. Une partie a reçu de la cannelle sous la forme d’un complément alimentaire durant six mois, les autres prenant un placebo. Le nombre moyen de cycles menstruels du groupe « cannelle » était de 3,82 à la fin de l’essai contre 2,2 dans le groupe témoin. De plus, deux femmes du groupe « cannelle » ont vécu une grossesse au cours de l’essai. ȫȫ International Federation of Fertility Societies (IFFS) World Congress Boston, États-Unis, 12-17 octobre 2013
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 35
10 QUESTIONS SUR…
Les troubles sexuels de l’homme Les hommes seraient à peine 20 % à consulter pour ces troubles. Pourtant, avec Internet et ses nombreuses contrefaçons, les pièges de l’automédication sont faciles. Votre comptoir peut être l’amorce d’une première discussion… Quel lien peut-on faire entre l’hypertrophie bénigne de la prostate et les troubles sexuels ? 1
2
Quelle est la fréquence des troubles de l’érection ?
D’une manière générale, près d’un homme sur trois a ou a déjà eu des troubles de l’érection après 40 ans. Plus l’âge est avancé et plus cette prévalence s’accroît. Ainsi, ils ne seraient que de 1 à 9 % entre 18 et 39 ans, 2 à 30 % entre 40 et 59 ans, pour grimper à 20 à 40 % de 60 à 69 ans et jusqu’à 75 % au-delà de 70 ans. Après 40 ans, le risque augmente en rapport avec l’incidence des pathologies vasculaires et métaboliques. On estime par ailleurs que la prévalence mondiale aura doublé entre 1995 et 2025.
3
Quelle dispensation pour les IPDE5 ?
En cas de troubles de l’érection, la prescription d’IPDE5 est réalisée en première intention selon les recommandations internationales. Apparus à la fin des années 1990, ces médicaments ont prouvé leur efficacité. Ils agissent
36 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
©© MARIDAV – FOTOLIA
L’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) est liée à l’hypertrophie progressive de la glande, particulièrement dans la partie entourant l’urètre. Elle entraîne des troubles urinaires (symptômes du bas de l’appareil urinaire ou SBAU) chez environ 10 à 30 % des patients, avec environ 30 % de dysfonction érectile associée. Cette relation s’explique par le fait que la prostate est un organe localisé au carrefour du système urinaire et du système génital. Ainsi, l’HBP peut être considérée comme un facteur de risque de dysfonction érectile. La prévalence des SBAU et de la dysfonction érectile augmente de façon parallèle avec l’âge.
Information « Plus que tout autre médicament, les IPDE5 requièrent une réelle collaboration du pharmacien. »
en relâchant les cellules musculaires lisses des artères péniennes et du tissu intracaverneux, ce qui permet un afflux de sang suffisant à provoquer l’érection. Leur dispensation nécessite une prescription médicale car les effets secondaires ne sont pas anodins. Ces médicaments sont des substrats du CYP3A4 ; ils peuvent donc être source de nombreuses interactions médicamenteuses. L’innocuité de ces IPDE5 en cas d’hypotension, d’affection hépatique grave, d’accident cardio-vasculaire récent n’a pas été prouvée. Pour le sildénafil et le vardénafil, la prise doit avoir lieu environ une heure avant le rapport sexuel, et l’effet persiste plusieurs heures. Le tadalafil agit, lui, plus de 24 heures en raison de sa demi-vie plus longue.
4
Qu’entend-on par éjaculation précoce ?
De tous les troubles sexuels, l’éjaculation précoce est l’affection la plus
fréquente : plus de 28 % de tous les troubles confondus. Elle peut être définie comme une éjaculation survenue précocement durant le rapport sexuel et implique à la fois une notion de durée – en général une durée inférieure à une minute entre le début de la pénétration et l’éjaculation – et une notion d’insatisfaction pour l’un des partenaires. Elle correspond à un manque de contrôle durant le rapport sexuel.
5
Quels traitements pour la prévenir ?
L’éjaculation précoce n’étant pas une pathologie en soi, il faut rarement la médicaliser. Souvent, elle intervient chez des sujets jeunes, dont la vie sexuelle est débutante et dont les partenaires changent. Des rapports réguliers, fréquents, avec une personne unique suffisent souvent à rétablir une vie sexuelle normale. Les produits anesthésiants à appliquer au bout du gland se révèlent de faible efficacité.
10 QUESTIONS SUR…
C’est la rééducation comportementale qui donne les meilleurs résultats. Certains antidépresseurs ont aussi montré une efficacité car ils atténuent les facteurs émotionnels. Une spécialité a par ailleurs fait son apparition cette année, Priligy, dont le principe actif est un ISRS (dapoxétine). Sans effet sur l’humeur, elle permet d’allonger la durée avant éjaculation (effet d’autant plus marqué que la durée initiale est courte).
Quels sont les médicaments entraînant une baisse de la libido ? 6
On retrouve essentiellement des antihypertenseurs mais aussi des médicaments jouant sur le système nerveux central tels que les neuroleptiques (Solian, Largactil), les régulateurs de l’humeur (Teralithe), les anxiolytiques (Valium, Temesta, Lexomil, Xanax) ou les antidépresseurs (Prozac, Effexor, Laroxyl). Dans tous les cas, l’effet serait réversible à l’arrêt du traitement.
7
Les injections intracaverneuses, c’est quoi ?
Selon les recommandations internationales, ces injections ne sont prescrites qu’en cas d’échec des traitements par IPDE5. Elles consistent à injecter, directement dans la verge, de la prostaglandine E1 ou alprostadil, qui provoque un afflux de sang artériel et donc l’érection. En France, elles sont commercialisées sous le nom d’Edex ou de Caverject. La dose est déterminée par le médecin et l’utilisation de ces médicaments est limitée à deux injections par semaine, selon l’AMM. Elles seraient plus efficaces que les IPDE5 car moins sensibles aux éléments extérieurs, mais peuvent être douloureuses. La délivrance pourra d’ailleurs être réalisée à l’aide d’un dispositif à usage unique. Une spécialité topique pourrait être commercialisée prochainement, permettant une administration moins douloureuse et plus aisée (crème à appliquer sur l’extrémité du pénis).
Quelles sont les maladies chroniques responsables de troubles de l’érection ? 8
Les causes des dysfonctions érectiles sont nombreuses. Parmi les plus courantes, on retrouve les maladies cardio-vasculaires (cardiopathie, artérite des membres inférieurs) ainsi que le diabète. Rappelons que ces pathologies peuvent être prévenues en diminuant les facteurs de risque (HTA,
Innovation « La dapoxétine est une réelle amélioration dans la prise en charge de l’éjaculation précoce. »
tabac, obésité, sédentarité…). En cause parfois aussi de nombreuses pathologies neuropsychiatriques telles que les maladies neurodégénératives, l’anxiété, la dépression, les psychoses. Enfin, des maladies chroniques peuvent en être responsables à l’image de l’insuffisance cardiaque, rénale ou même des cancers.
9
Ginseng, bois bandé… quel niveau de preuve ?
Les études portant sur ces « aphrodisiaques » montrent des résultats assez contradictoires. Actuellement, en France, ces alternatives ne sont pas retenues pour la prise en charge des patients. Pour ceux qui souffrent de dysfonction érectile psychogène, c’està-dire sans cause organique identifiée, la yohimbine (extrait d’écorce d’arbre africain bloquant des récepteurs alpha 2-adrénergiques) peut être introduite en continu pendant un à deux mois, avec une efficacité chez 34 à 73 % des patients.
INTERVIEW
10
Qu’est-ce que le priapisme ?
Il peut être défini comme un état d’érection prolongé, dépassant trois heures en dehors de toute stimulation sexuelle et qui peut être douloureux. Il est assez rare – son incidence serait de 1,5 sur 100 000 hommes – mais ce chiffre tendrait à augmenter depuis que les injections intracaverneuses ont fait leur apparition. On en distingue deux types : de haut ou de bas débit, ce dernier étant à traiter le plus rapidement car responsable d’un état d’anoxie qui peut conduire à des lésions des fibres musculaires lisses des corps caverneux, exposant à une dysfonction érectile définitive. Dans ce cas, la prise en charge est une urgence et, outre des petits moyens (effort physique, rapport sexuel, réfrigération pénienne), le traitement sera à base d’alphastimulants simulant l’effet du sympathique, par voie orale, ou en injections intracaverneuses en cas d’échec. Marie Simonot, pharmacienne
Cyrille Blion, interne en urologie
à Montpellier (34)
« Ne pas laisser cette plainte sans réponse » Pharma. Que penser de la dapoxetine ? A-t-elle un réel intérêt ? Cyrille Blion. C’est le premier médicament qui a l’AMM pour la prise en charge de l’éjaculation prématurée, avec des résultats montrant un temps de latence avant éjaculation intravaginale multiplié par deux à trois. C’est une réelle amélioration qui permet, en plus d’une prise en charge sexologique, d’apporter un support pharmacologique. Du fait des interactions médicamenteuses existantes et des contre-indications, la prescription initiale doit être réalisée par un médecin averti avec un examen clinique orienté. Ainsi, ce traitement ne doit pas être prescrit comme réponse seule à l’éjaculation prématurée mais entrer dans la prise en charge globale sexologique comme un outil supplémentaire pour aider le patient et son couple. Quels sont les conseils à délivrer lors de la dispensation d’un IPDE5 ? Plus que tout autre médicament, les IPDE5 requièrent une réelle collaboration du pharmacien, du fait même qu’il puisse exister une gêne du patient à obtenir ces médicaments
en exposant son intimité. Tout d’abord, il faut rappeler que ces traitements sont des « facilitateurs d’érection » et qu’en aucun cas ils ne permettent de l’obtenir en dehors d’une stimulation sexuelle. Ensuite, leur effet peut nécessiter deux à trois essais avant de constater son efficacité. Quel pourrait être le rôle du pharmacien face à un homme se plaignant de troubles de l’érection ? Il est impératif de ne pas laisser cette plainte sans réponse. Tout d’abord car l’apparition d’une dysfonction érectile peut être le reflet de la survenue de troubles cardio-vasculaires sousjacents nécessitant une prise en charge. Ensuite car l’arsenal pharmacologique actuel permet de répondre efficacement à cette plainte trop souvent laissée de côté par des praticiens et qui peut être à l’origine d’une réelle souffrance du patient dans sa vie et son couple. Le pharmacien doit ainsi inciter la personne à consulter un spécialiste. Il convient par ailleurs d’être vigilant face au risque d’interactions médicamenteuses en relation avec la prescription d’un autre spécialiste (dérivés nitrés, inhibiteurs du CYP3A) et de rappeler les principaux effets secondaires potentiels (diarrhées, céphalées, flush cutané, congestion nasale, bouffées de chaleur, risque de cécité imposant l’arrêt du traitement…).
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 37
MÉMO CONSEIL
Au secours, gastro ! Associant signes digestifs et généraux sur un mode aigu, la gastro-entérite virale évolue spontanément vers la guérison. Ce qui ne veut pas dire que toute médication est inutile… ˭˭Contexte
La survenue de signes digestifs tels que douleurs abdominales, nausées, vomissements et diarrhée, lorsqu’ils apparaissent de façon aiguë et a fortiori en contexte épidémique, est fortement évocatrice de gastro-entérite virale. Des signes généraux comme fièvre, fatigue, maux de tête, courbatures peuvent
être présents, ce qui donne lieu à l’appellation inappropriée mais très fréquente chez les patients de « grippe intestinale ».
˭˭Évaluation
La gastro-entérite virale se résout généralement spontanément en quelques jours, et la prise en charge à l’officine est parfaitement
SPÉCIALITÉS DISPONIBLES À L’OFFICINE Traitements
Spécialités
Recommandations
Antispasmodiques Phloroglucinol (Spasfon)
Adultes et enfants, à éviter pendant grossesse et allaitement
Solutions de réhydratation
Adiaril, Picolite, Nutriben SRO
Chez le nourrisson, à débuter immédiatement, avant même la consultation médicale. À proposer fréquemment, en petite quantité
Antisécrétoires
Racécadotril (Tiorfan)
Dès 1 an, sur ordonnance. Déconseillé chez la femme enceinte, contre-indiqué durant l’allaitement
Ralentisseurs du transit
Lopéramide (Imodium) Adultes et enfants à partir de 2 ans, à éviter chez la femme enceinte, possible pendant l’allaitement si traitement ponctuel. Bien respecter posologie, attention à la constipation si surdosage. Certaines formes pour adultes sans ordonnance
Adsorbants
Diosmectite (Smecta), attapulgite (Actapulgite)
Nourrissons, enfants et adultes (à partir de 10 kg pour Actapulgite). Améliore la quantité et la consistance des selles. Chez le nourrisson et l’enfant, à mélanger à un aliment tel que compote ou yaourt
Antiseptiques intestinaux
Nifuroxazide (Diafuryl)
Adultes, déconseillé pendant la grossesse, allaitement possible si traitement bref
Antinauséeux
Métopimazine (Vogalène), dompéridone (Motilium)
Nourrissons, enfants et adultes, forme à adapter au patient, déconseillé pendant la grossesse et l’allaitement. Certaines formes pour adultes sans ordonnance, toutes formes pour enfants listées
Autres
Probiotiques (Bacilor, Ultra-levure, Lactéol), charbon et levure (Carbolevure), ferments lactiques et acide tannique (Immunostim diarrhée)
En complément des autres thérapeutiques et des mesures diététiques
38 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
légitime. Il faut cependant savoir distinguer les situations qui sortent du conseil. Ainsi, en cas de risque de déshydratation, chez les nourrissons ou les personnes âgées par exemple, une consultation médicale s’impose. L’interrogatoire devra également rechercher une prise d’antibiotiques dans les jours ou dans les semaines précédents, un voyage en zone tropicale, la survenue simultanée des symptômes chez plusieurs personnes ayant partagé un repas, ou la présence de sang dans les selles.
˭˭Solutions
L’objectif de la prise en charge à l’officine est de soulager les symptômes et d’éviter la déshydratation. Antinauséeux, antidiarrhéiques, solutions de réhydratation, antiseptiques intestinaux et traitements associés sont repris dans le tableau ci-contre (liste non exhaustive).
˭˭Mesures associées
L’alimentation joue un rôle clé en cas de gastro-entérite. L’apport hydrique devra être important tout au long de la journée pour compenser les pertes : eau plate, infusion ou thé léger, bouillon… Éviter les jus de fruits. Le régime alimentaire reposera sur des féculents tels que riz, pâtes, pommes de terre bouillies, ainsi que bananes, pommes, carottes, coings. Les plats en sauce, les fritures et les aliments gras sont à proscrire. Le lait est aussi à bannir mais les yaourts sont autorisés. Enfin, et pour éviter la contagion, l’hygiène des mains doit être irréprochable : lavage à l’eau et au savon impératif. À défaut, le patient peut recourir à une solution hydro-alcoolique. Rose Perrier, pharmacienne
Urgence à l’officine ! Du fait de sa proximité et de sa formation, le pharmacien est souvent sollicité pour des soins ou des secours d’urgence. Pour agir vite et bien, une formation adaptée et une remise à niveau régulière sont essentielles.
S
i la plupart des interventions à l’officine concernent des urgences « ressenties » ou potentielles (plaies, brûlures, malaises…), l’équipe doit également pouvoir intervenir face à des urgences vitales (hémorragies importantes, étouffement, inconscience, arrêt cardio-respiratoire), via l’appel des secours publics et la pratique des gestes qui sauvent.
> Évaluer la situation : le bilan secouriste
« Le bilan doit être réalisé sans a priori mais sur la base des circonstances et de ce que l’on observe et mesure, indique Jean Occulti, pharmacien, moniteur premiers secours et formateur relais. Le pharmacien doit être capable de faire du tri et d’aller à l’essentiel ». Ce qui signifie :
40 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
– Recueillir les éléments de base qui vont permettre d’analyser la situation : circonstances (type d’accident et localisation du traumatisme ou toxique avalé ou respiré…) ; trouble principal (douleur, difficulté respiratoire, paralysie, plaie, traumatisme, nature du toxique…) avec recherche préalable des urgences vitales qui imposent des gestes immédiats ; état des fonctions vitales : conscience/inconscience (la victime répond aux questions ou exécute des ordres simples comme serrer la main), présence ou absence de la ventilation, du pouls. – Repérer la présence de critères de gravité : somnolence, suées, pâleur intense, cyanose. – Faire une évaluation chiffrée des fonctions vitales lorsqu’elles sont présentes, pour apprécier leur fonctionnement avant ou après les gestes
d’urgence selon les circonstances. « Dès que possible, on mesure le pouls, la tension artérielle, la saturation du sang en oxygène si on a un appareil à la pharmacie, la glycémie capillaire si la victime est diabétique », précise Jean Occulti. – Rechercher les antécédents et le traitement que suit habituellement la victime. L’âge ou la pathologie (diabète…) peut être un indicateur, en cas de malaise par exemple. – L’état des fonctions vitales doit être vérifié très vite (en 20 secondes) afin de pouvoir prendre sans délai les premières mesures qui s’imposent si la vie est menacée à court terme (dysfonctionnement d’au moins une des fonctions vitales, urgence vitale). – Derrière une demande de conseil classique – fièvre chez l’enfant par exemple –, il faut savoir aussi repérer une situation d’urgence.
©© MUTLU KURTBAS – ISTOCKPHOTO, KAARSTEN – FOTOLIA
CAS DE COMPTOIR
> Alerter : qui et quand ?
– Le médecin traitant pour tout avis médical simple : malaise simple, plaie sans signes de gravité, nécessitant quelques points de suture s’il est en mesure de les effectuer, etc. – Le Samu centre 15 est le seul service de secours qui permet de dialoguer avec un médecin. Il est en liaison directe avec les pompiers (18), qui pourront toujours être envoyés en relais en attendant la médicalisation. – Quand appeler ? Quand la victime est inconsciente, a des difficultés pour respirer ou ne respire plus, saigne beaucoup ou est brûlée, se plaint d’une douleur dans la poitrine. Également en cas de besoin urgent d’un avis médical. « Si l’on a des doutes sur l’état de la victime, sur une plaie ou une brûlure, il faut toujours les soumettre aux médecins, et donc appeler le 15 », signale Jean Occulti. « La personne qui prévient doit avoir tous les éléments du bilan pour pouvoir les transmettre et répondre aux questions du médecin régulateur », rapporte Nicolas Maupetit, préparateur, orthopédiste, sapeur pompier volontaire et moniteur secouriste. À signaler également : les premières mesures prises, les gestes effectués pour améliorer ou stabiliser l’état de la victime. « Le dialogue
TÉMOIGNAGE
Quand un médicament est en cause L’intoxication médicamenteuse peut être involontaire (enfant qui avale un médicament trouvé dans la maison…) ou non (les médicaments, surtout les benzodiazépines, sont responsables de 75 % des intoxications volontaires). Elle peut provoquer un malaise, des troubles de la conscience, une gêne respiratoire. Renseignements à recueillir : dosage, quantité ingérée, heure de prise, apparition des premiers signes, vomissements. Numéro à composer : le 15 ; le centre antipoison n’est pas un centre d’urgence mais une banque de données sur les produits toxiques ou non en ingestion aiguë, les
antidotes (il est interconnecté avec le 15). En attendant les secours : mettre la victime sur le côté ou demi-assise, ne rien donner à boire, ne pas faire vomir, appliquer les conseils préconisés.
entre professionnels de santé est très important car il va permettre au médecin régulateur, sans perdre de temps, de prendre une décision pour une prise en charge appropriée : apport de conseils, envoi d’un médecin, d’une ambulance, du service mobile d’urgence et réanimation, orientation vers un service hospitalier », ajoute Jean Occulti. « Le pharmacien a de plus l’extrême avantage d’avoir la plupart du temps l’ordonnance du patient ou un dossier informatisé avec les médicaments prescrits. C’est un atout
Jean Occulti, pharmacien, moniteur
premiers secours, formateur relais à l’AFGSU*
« Des remises à niveau trop espacées » « La croix verte lumineuse est un repère pour être aidé, chercher du secours ou recevoir des premiers soins. Le pharmacien a depuis longtemps conscience de sa position de premier recours en cas d’urgence. Il est donc essentiel pour lui d’apprendre à faire un bilan secouriste, de savoir prendre en charge une victime jusqu’au bout. Il faut savoir qu’en moyenne un pharmacien attend dix-sept ans pour se former à nouveau en matière d’urgences. Les recommandations vont pourtant dans le sens d’une remise à niveau tous les cinq ans. Un stage de deux jours, avec mise en situation, est préconisé. Les groupements, les grossistes proposent des formations. On peut aussi se renseigner sur celles qui sont prises en charge sur le site de l’Ordre. Sinon, il est possible de suivre un enseignement grand public (CroixRouge, Croix-Blanche, protection civile,
pompiers…) mais il n’est pas vraiment adapté aux professionnels de santé, qui ont besoin d’apprécier toute l’importance du bilan, de comprendre la nécessité de tel geste, etc. Mais je dirais qu’il vaut mieux se former un peu que pas du tout. Quant aux Français, ils sont moins bien formés que dans les pays du Nord qui le sont dès l’école : à peine 15 % d’entre eux sont formés aux gestes qui sauvent. De manière générale, en cas d’urgence vitale, les chances de survie de la victime dépendent essentiellement de la qualité de l’action de secours d’un tiers déjà sur place avant l’arrivée des secours. Cette information devrait être suffisante pour inciter toute la population à se former, et les pharmaciens à se mettre à jour régulièrement. » (*) Attestation de formation aux gestes et soins d’urgence.
indéniable pour ‘‘profiler’’ la victime », ajoute Karim Boudenia, médecin au Samu de Dijon. L’envoi d’une copie d’écran pour l’historique médicamenteux peut compléter le bilan. – L’alerte peut être donnée par le pharmacien ou quelqu’un de l’équipe. Pendant que l’un prévient les secours et transmet le bilan, l’autre effectue les gestes d’urgence ou les premiers soins, installe la victime dans une position d’attente adaptée aux signes : position latérale de sécurité (PLS) si la victime est inconsciente, demi-assise en cas de difficultés respiratoires, allongée en cas de malaise ou d’hémorragie…
> Sécuriser et attendre les secours
– Moins il y a de personnes autour de la victime, mieux c’est (pour effectuer calmement les gestes, pour limiter le stress). Il est donc préférable d’isoler celle-ci : en la déplaçant dans une pièce à part (local orthopédie par exemple) ou, si la personne n’est pas déplaçable, en fermant l’officine après avoir fait sortir les clients. – Protéger la victime et l’équipe pour éviter les dangers est aussi nécessaire (enlever les présentoirs en cas de crise d’épilepsie par exemple). – En attendant les secours, on applique les gestes d’urgence – ceux que l’on a commencés ou ceux préconisés par le médecin régulateur – en expliquant à la victime ce que l’on fait, on la couvre pour la réchauffer, on la surveille, on vérifie que son état ne s’aggrave pas. Avoir une bonne maîtrise de soi pour s’imposer, rassurer la victime et ses proches est important.
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 41
CAS DE COMPTOIR
> Les gestes d’urgence indispensables
Les urgences en chiffres CŒUR • Chaque année dans l’Hexagone, près de 50 000 personnes sont victimes d’un arrêt cardiaque. • Seules 3 à 4 % survivent sans séquelles. • Si le cerveau est privé d’oxygène, les chances de survie sont de 1 % au bout de neuf minutes. Dix minutes sans respirer et c’est l’arrêt cardiaque. • Dans l’arrêt cardiaque, une minute gagnée, c’est 10 % de survie en plus.
©© STORM– FOTOLIA
• Inconscience. Libérer les voies aériennes : dégrafer le col, la cravate, la ceinture puis basculer la tête en arrière. Si la victime respire, la mettre en PLS : appliquer le mouvement de retournement sur le côté, stabiliser la position, surveiller la respiration. Si la victime ne respire pas, mettre en œuvre les mesures de l’arrêt cardiaque inopiné (voir plus loin RCP et DAE). • Choc anaphylactique. C’est une urgence vitale ; il peut mener à un arrêt circulatoire et/ou respiratoire. Ses signes : rougeurs, démangeaisons, tachycardie, chute de la pression artérielle (hypotension orthostatique), difficultés ventilatoire et à déglutir, à la suite d’une exposition à un allergène. Faire une injection d’adrénaline IM type Anapen (0,3 mg/0,3 ml). • Hémorragie. Faire un point de compression locale en se protégeant (mettre des gants) puis poser un tampon compressif. Le garrot est exceptionnel et seulement en dernière limite. Dans ce cas, marquer l’heure de pose (il ne sera enlevé qu’au bloc opératoire). • Malaise hypoglycémique. Le diabétique présente des troubles du comportement inhabituels (tremblements, angoisse, agressivité, pâleur, suées…) : le mettre au repos, le resucrer même sans avoir réalisé une glycémie capillaire.
AVC • L’incidence de l’AVC est d’environ 130 000 cas par an, dont 50 % avec séquelles graves. • En cas d’AVC, 32 000 neurones meurent chaque minute.
> Les techniques à connaître • Compressions abdominales ou méthode de Heimlich. En cas d’obstruction complète des voies aériennes supérieures (étouffement avec absence de bruit de ventilation et pas de parole
Où se former L’enseignement de l’AFGSU de niveau 2 (attestation de formation aux gestes et soins d’urgence) est obligatoire depuis 2007 et fait partie du cursus universitaire des pharmaciens. Il a pour but la prise en charge d’une personne en situation d’urgence mettant en jeu le pronostic vital et/ou fonctionnel. La connaissance des conduites à tenir face aux différentes situations de détresse, ainsi que la maîtrise pratique des gestes d’urgence, sont donc supposées être acquises et actualisées (par l’obligation de formation continue) pour tous les pharmaciens en exercice. •F ormateurs de santé associés, Tél. : 01 45 51 02 68 (toute la France) •D épartement formation continue des facultés de pharmacie •C entres d’enseignement des soins d’urgence (Cesu, écoles de formation des Samu) : www.ancesu.fr
42 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
DÉFIBRILLATEUR • En 2010, de 11 000 à 12 000 défibrillateurs étaient référencés en France mais il y en a probablement le double selon la Croix-Rouge. • Avec une défibrillation précoce, les chances de survie passent de 4 à 40 %. ALLERGIE • On compte en France 3 morts par an sur 2 000 à 3 000 chocs anaphylactiques. SANG • Un adulte est doté d’environ 5 litres de sang. En cas d’hémorragie, il peut ressentir les premiers symptômes (pâleur, malaise) avec une perte de 0,5 l ; il décède lorsqu’il en a perdu 2,5 l.
possible) : donner cinq claques dans le dos. Si ce geste ne désobstrue pas, se placer contre le dos de la victime, passer les bras sous les siens, mettre le poing sur la partie supérieure de l’abdomen, au creux de l’estomac, au dessus du nombril et en dessous du sternum. Placer l’autre main sur la première, tirer en exerçant une pression vers l’arrière et vers le haut. • Réanimation cardio-pulmonaire (RCP). Une personne inconsciente qui ne respire pas est en arrêt cardiaque. – Allonger la victime sur le sol, réaliser des pressions fortes (5 cm de dépression), rapides et régulières (100 à 120 fois par minute), au milieu de la poitrine, avec les deux mains. Faire deux insufflations (en moins de 5 secondes) toutes les 30 compressions. Pratiquer au total cinq cycles de compressions thoraciques/insufflations, ce qui correspond à 2 minutes de RCP. Surveiller l’apparition de signes de vie. – Poser un défibrillateur automatique externe (DAE). • Défibrillateur. Seul un choc électrique peut relancer un cœur arrêté en fibrillation ventriculaire. Placer les électrodes sur la poitrine : la machine analyse le rythme cardiaque et décide
BRÛLURE • 10 à 15 minutes à 15 cm avec une eau à 15° : c’est la « loi des 15 » qui permet de refroidir une brûlure récente. • Une brûlure qui dépasse 30 % de la surface corporelle chez un adulte et 10 % chez un enfant est grave et impose une hospitalisation. SECOURS • Le délai d’intervention des secours varie entre 7 et 20 minutes, voire plus dans les zones à faible densité de population. • En France, 90 % des premiers témoins restent « spectateurs ». Parmi les 10 % qui agissent, 80 % ont bénéficié d’une formation aux premiers secours.
du choc. Si le choc est autorisé, le délivrer ou le laisser délivrer. Tout choc doit toujours être suivi de 2 minutes de RCP. L’appareil indiquera d’arrêter la RCP pour lui permettre de lancer une nouvelle analyse. Dans tous les cas, respecter les consignes vocales du DAE, qui doit rester en place jusqu’à l’arrivée des secours.
> Les signes de l’AVC
Une déformation de la bouche, une faiblesse d’un côté du corps (bras et/ ou jambe qui tombe), des troubles de la parole (difficultés à parler ou à comprendre, confusion d’un mot avec un autre) : appeler vite le centre 15, qui enverra immédiatement un moyen de secours pour emmener la victime passer un scanner. L’urgence est de confirmer s’il s’agit d’un AVC hémorragique ou ischémique pour débuter le traitement (fibrinolyse notamment). Information capitale à recueillir : l’heure à laquelle les signes sont apparus ou quand la personne a été vue pour la dernière fois sans signes. Clémence Clerc, pharmacienne Avec la participation de Karim Boudenia, médecin urgentiste au Samu 21 (Dijon)
MOLÉCULE AU MICROSCOPE
Montelukast, antiasmathique systémique Tombé dans le domaine public cette année, le Singulair représente un beau potentiel de substitution. Pharma fait le point sur cette molécule. Princeps : Singulair Présentations : Comprimés pelliculés à 10 mg, comprimés à croquer 5 mg et 4 mg,
sachets-doses de granulés dosés à 4 mg
HO CL
O
N
SMR important ASMR V (nulle) pour les sachets de poudre à 4 mg et les comprimés à 10 mg, ASMR IV (mineure) pour les comprimés à croquer 5 mg Liste I, remboursable à 65 % à partir de l’âge de 2 ans Prix : 27,87 € pour les princeps, 16,89 €
HO H3C
pour la plupart des génériques 1 Indications
4
Le montelukast est indiqué en traitement additif chez les patients présentant un asthme persistant léger à modéré insuffisamment contrôlé par corticothérapie inhalée et chez qui les bêta-2 mimétiques à action immédiate et de courte durée administrés à la demande n’apportent pas un contrôle clinique suffisant de l’asthme. Il est également préconisé en traitement préventif de l’asthme induit par l’effort, et peut apporter un soulagement symptomatique de la rhinite allergique saisonnière. 2
3
Posologie
Chez l’adulte et l’adolescent de 15 ans et plus, asthmatique, avec ou sans rhinite allergique saisonnière associée, la posologie préconisée est de 1 comprimé à 10 mg par jour. Chez l’enfant de 6 mois à 5 ans, elle est de 1 sachet de granulés à 4 mg par jour. De 2 à 5 ans, elle est de 1 comprimé à croquer à 4 mg par jour. Enfin, de 6 à 14 ans, elle est de 1 comprimé à croquer à 5 mg par jour.
Associations courantes
Le montelukast peut être ajouté au traitement en cours lorsque la corticothérapie inhalée et l’utilisation d’un bêta-2 mimétique de courte durée d’action « à la demande » pour le traitement des symptômes n’apporte pas un contrôle suffisant des symptômes. Le traitement par Singulair ne doit pas se substituer brutalement à la corticothérapie par voie inhalée ; il est en revanche possible de diminuer la prise de bêta-2 mimétique à la demande dès qu’une réponse clinique au montelukast est observée.
Mode d’action
Le montelukast est un anti-asthmatique antileucotriène. Il est antagoniste des récepteurs aux cystéinyl-leucotriènes, qui sont des eicosanoïdes au puissant effet inflammatoire et interviennent dans la physiopathologie de l’asthme et de la rhinite allergique.
5
Repère Pas d’ajustement Aucun ajustement posologique n’est nécessaire chez les sujets âgés, les sujets présentant une insuffisance rénale ou une insuffisance hépatique légère à modérée.
S
Effets indésirables
Céphalées et douleurs abdominales sont des effets indésirables qui sont apparus fréquemment lors des études cliniques. Les infections des voies aériennes supérieures ont également été très régulièrement rapportées, mais elles l’ont également été dans le groupe placebo. 6
Contre-indications
La seule contre-indication est l’hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. 7
Interactions
Le montelukast est métabolisé par le CYP3A4. Par conséquent, la prudence est requise, en particulier chez les enfants, lors de l’administration
CH3
concomitante de montelukast et de médicaments inducteurs du CYP3A4 comme la phénytoïne, le phénobarbital et la rifampicine. 8
Grossesse et allaitement
Le montelukast ne doit être utilisé pendant la grossesse et l’allaitement que si nécessaire. 9
Conseils
Rappeler que le montelukast ne constitue pas un traitement de la crise d’asthme. S’assurer que la forme délivrée correspond à l’âge et aux capacités du patient. Concernant les comprimés à croquer, il convient de respecter un délai d’au moins une heure avant ou deux heures après la prise alimentaire. Quant aux granulés, ils peuvent être administrés dans la bouche ou mélangés avec une cuillère de nourriture, de préférence semi-liquide froide ou à température ambiante (compote de pommes, glace, carottes, riz…). Le sachet ne doit être ouvert qu’au moment de la prise. La dose complète de granulés doit ensuite être administrée dans les 15 minutes. Même si les granulés ne sont pas destinés à être dissous dans un liquide, des boissons peuvent être prises après. Ils peuvent être administrés sans tenir compte du moment de l’ingestion alimentaire. Rose Perrier, pharmacienne
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 43
MATÉRIEL ET SOINS
Diabète : petits et grands progrès technologiques La technologie est étroitement liée à l’histoire du diabète. Des petits plus aux possibles révolutions, panorama des progrès en cours.
L’
évolution technologique a un impact sur le traitement du diabète et sur le vécu des patients. Trois secteurs sont concernés : la délivrance de l’insuline, la surveillance glycémique et la gestion des données de cette surveillance. On recense de petits progrès qui touchent la vie quotidienne et ont pour but d’améliorer le confort du patient et, à l’opposé, de grands progrès, encore du domaine de la recherche, visant à mettre au point un pancréas artificiel.
L’administration de l’insuline
• Les miniseringues à insuline Daily Dose Elles sont conçues pour la préparation des doses d’insuline à l’avance. Autre petit moyen pour faciliter le quotidien, leur utilisation pourrait permettre de réduire la dépendance de patients pris en charge à domicile pour leurs injections par un infirmier ou l’entourage, d’améliorer les déplacements hors de la maison de jeunes enfants, de favoriser l’autonomie de certains malades ayant des troubles de la motricité, etc. • Les pompes à insuline externes Elles résultent de décennies de progrès technologiques. De plus en plus petites et légères, fiables et sûres, elles
• Le capuchon qui donne l’heure de la dernière injection.
permettent des fonctions simples pour la délivrance de l’insuline (débits de base et bolus, arrêt temporaire) mais aussi des fonctions de plus en plus sophistiquées, comme le calculateur de bolus, le bolus alternatif, la réduction temporaire du débit de base, le rappel automatique de bolus, l’arrêt automatique de l’infusion d’insuline, etc.
Patch
Les pompes «patch» allient les fonctions d’une pompe classique aux avantages d’un dispositif compact jetable ou semi-jetable.
• Le calculateur de bolus Le calculateur (ou assistant ou conseil) de bolus permet le calcul automatique de la dose d’insuline, le but étant d’aider à un meilleur contrôle de la glycémie postprandiale. Le calcul prend en compte la glycémie du moment et l’apport en glucides, mais aussi des paramètres personnalisés réglés avec le patient : le ratio glucidique, la sensibilité à l’insuline, l’insuline résiduelle encore active et les objectifs glycémiques. • La réduction temporaire du débit de base Elle apparaît séduisante pour la gestion de l’activité physique et de l’hypoglycémie. Cette fonction a trouvé un regain
©© DR
• Les stylos Ils ont changé la vie des patients. Les améliorations visent toujours leur précision et leur maniabilité mais aussi de petits moyens pour faciliter le quotidien. Par exemple, pour les malades qui se demandent s’ils ont fait leur injection, le capuchon Timesulin s’adapte aux stylos les plus utilisés et indique l’heure de la dernière injection en affichant le temps écoulé depuis le dernier débouchage. Le stylo Novopen Echo est un système comparable qui, en plus donne la dernière dose.
d’actualité avec la mise sur le marché de la pompe Paradigm Veo qui, couplée à un capteur de glucose, permet un arrêt automatique de l’infusion d’insuline pendant deux heures en cas de glucose bas détecté par le capteur. • Les pompes « patch » Les avancées les plus récentes dans le domaine de la technologie des pompes concernent la mise au point de pompes « patch » qui devraient simplifier l’aspect technique du traitement et améliorer le confort des patients. Les pompes « patch » en cours de développement sont petites et sans tubulure, allient les fonctions d’une pompe classique aux avantages d’un dispositif compact, jetable ou semi-jetable. Un petit nombre de patch pumps seront bientôt disponibles, un grand nombre sont à différentes étapes de développement. Le concept même de la patch pump pourrait améliorer la compliance des patients au traitement, et réduire les barrières à l’utilisation de la pompe, notamment chez les diabétiques de type 2.
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 45
MATÉRIEL ET SOINS
• La pompe à insuline implantée Elle fait partie des technologies innovantes appliquées au diabète. L’objectif est d’utiliser les avantages de la voie péritonéale pour délivrer l’insuline, de bénéficier d’un matériel totalement implanté pour libérer le patient des contraintes des injections, mais également de développer un des composants d’un pancréas artificiel implantable. Le traitement par pompe implantée a fait la preuve de son efficacité métabolique et de sa sécurité d’utilisation chez les diabétiques de type 1. Les caractéristiques pharmacocinétiques de l’administration intrapéritonéale de l’insuline lui confèrent une grande réactivité, particulièrement intéressante pour améliorer la stabilité glycémique.
La surveillance glycémique
• Le prélèvement capillaire Ce prélèvement demeure très contraignant pour les patients et la pénibilité du geste est sous-estimée dans notre approche de soignant. La piqûre reste indispensable, elle est source de gêne et de douleur même si les autopiqueurs ont été très améliorés : piqûre
Douleur
Sur une échelle de 1 à 7, 60 patients ont noté la douleur due au prélèvement capillaire de 1,7 à 2,1.
moins profonde, lancettes en biseau, adaptation à des sites alternatifs de prélèvement… • Propriétés des lecteurs actuels Ils revendiquent une lecture précise sans interférence et sans codage, une microgoutte de sang et un temps d’analyse de plus en plus court. Les lecteurs modernes sont donc de plus en plus perfectionnés et s’adressent le plus souvent aux patients sous insuline. Néanmoins, le choix du lecteur devrait rester fonction de paramètres comme la fréquence demandée des contrôles glycémiques, l’âge du patient, ses attentes, ses handicaps, son mode de vie… • Détecteur non-invasif d’hypoglycémies nocturnes Un prototype de détecteur non-invasif d’hypoglycémies nocturnes a été développé par une équipe australienne. Il s’agit du dispositif HypoMon (Aimedics Pty Ltd.), consistant en un capteur cutané sanglé sur le thorax, qui détecte des signaux physiologiques traités ensuite par un algorithme et transmis
vers un récepteur à distance. Dans une étude d’évaluation chez 52 enfants et jeunes adultes diabétiques de type 1, le système HypoMon a correctement identifié huit des onze hypoglycémies nocturnes survenues et a donné une fausse alarme au cours de treize des quarante et une nuits restantes. • Les systèmes de mesure en continu du glucose (MCG) Ces procédés utilisent tous une méthode de détection électrochimique du glucose interstitiel. Le système iPro2 (Medtronic) fonctionne sur un mode « holter » et restitue les données a posteriori. Tous les autres systèmes affichent les données en temps réel, avec des flèches de tendance et des graphes. Les systèmes Navigator (Abbott Diabetes Care) et Dexcom Seven Plus (Dexcom) ne sont pas couplés à une pompe à insuline. Les systèmes Paradigm Real Time ou Paradigm Veo (Medtronic) et Animas Vibe (Novalab) combinent capteur de glucose et pompe à insuline. Les éléments clés du succès sont le temps d’utilisation du capteur et la formation du patient. Le bénéfice sur
l’HbA1c est clair pour un temps de port du capteur supérieur à 70 %. L’adhésion au système les premières semaines d’emploi est prédictive de l’utilisation ultérieure, c’est pourquoi une période d’essai est recommandée afin de déterminer l’acceptation du système par le patient et anticiper l’observance.
La gestion des données de la surveillance glycémique
Les moyens technologiques modernes sont également employés pour aider à l’analyse des données de la surveillance glycémique. Les premières évolutions ont concerné les lecteurs de glycémie qui ont tous maintenant une mémoire des données, téléchargeables sur un ordinateur. Le logiciel d’exploitation correspondant permet une analyse statistique et une représentation graphique. Plusieurs paramètres comme la glycémie moyenne et la déviation standard, le nombre moyen de tests par jour, la répartition des glycémies au cours de la journée et d’un jour à l’autre, la proportion de glycémies à l’intérieur et à l’extérieur d’une plage donnée d’objectifs. Il s’agit d’une analyse
rétrospective donc « asynchrone ». Il faut être vigilant sur le bon réglage de la date et l’heure. Par ailleurs, les informations utiles comme la dose d’insuline, le contexte du repas ou de l’activité ne sont pas renseignées. • Une autre évolution utilise l’internet Des plates-formes permettent un échange d’informations entre patient et professionnel de santé : carnet de glycémies avec retour en différé du soignant et, avec les systèmes récents, des messages automatisés mais personnalisés en temps réel. Un essai multicentrique français est actuellement en cours, l’essai TeleDiab-3 évaluant l’intérêt d’un portail Web, Meos. L’évolution actuelle utilisant les smartphones apporte des systèmes d’aide à la décision et aussi la possibilité de communiquer avec le soignant. • Les grands progrès au service de la boucle fermée Les grands progrès technologiques sont également au service de la boucle fermée avec le développement
Débit
La diminution temporaire du débit de base d’insuline permet de réduire la durée des épisodes d’hypoglycémie sans rebond d’hyperglycémie.
d’algorithmes liant mesure du glucose et perfusion d’insuline. Après les essais de pancréas artificiel portable menés en centre de recherche clinique à Montpellier, les premières expériences à l’extérieur ont été tentées avec des résultats très encourageants à la fois chez des adultes diabétiques de type 1 qui ont passé une soirée et une nuit équipés d’un système de pancréas artificiel en dehors de l’hôpital mais aussi chez des adolescents à l’occasion d’un séjour de trois jours en camp de vacances. La technologie fait donc partie intégrante de la prise en charge du diabète. Les avancées ont été considérables ces dernières années et visent à améliorer confort du patient et efficacité du traitement. Les progrès continuent avec le perfectionnement attendu des systèmes de MCG et des algorithmes de contrôle et suscitent beaucoup d’espoir pour la mise au point d’une administration automatisée de l’insuline. Dr Pauline Schaepelynck, service de nutrition-endocrinologiemaladies métaboliques, CHU-Hôpitaux Sud, Marseille
NOUVEAUX PRODUITS
>> Z oom sur…
L’info des génériques
//////////////////////////
˕˕Actavis Kétoprofène L.P. 100 mg Boîte de 20 comprimés sécables à libération prolongée. Princeps : Profénid L.P.
SENSODYNE PRO-ÉMAIL
• Nouvelle gamme contre l’érosion dentaire • Dentifrices, bain de bouche et brosses à dents • Dentifrices dosés à 1 450 ppm de fluor • Brosses à dents souple et extra-souple • Filaments des brosses à dents montés sur coussin de gel • Bain de bouche sans alcool, goût menthe fraîche • Prix de vente moyens conseillés : autour de 4 € • GlaxoSmithKline Santé grand public
Lutter contre l’érosion dentaire De plus en plus fréquente, l’érosion dentaire
certaines règles. Ainsi, il est délétère de se laver les
reste inconnue d’environ un tiers des Français.
dents avec une brosse à poils durs, de façon très
Ce processus irréversible est dû majoritairement
appuyée, surtout si une prise d’aliments acides a
à l’attaque chimique des aliments acides.
fragilisé l’émail juste auparavant. Avec cette nouvelle
Fruits, jus de fruits, mais également sodas (leur
gamme, Sensodyne entend donner des outils aux
pH est de 2,6 environ), vin, tomates, boissons
personnes souffrant d’érosion dentaire avec deux
énergétiques… autant d’aliments et de boissons
dentifrices fluorés pour renforcer l’émail, un pH
dont le pH acide est responsable d’agressions sur
neutre et une formule peu abrasive (y compris dans
la couche protectrice de la dent. Les signes d’appel
la formule blancheur). Le bain de bouche sans
sont une perte d’émail avec transparence de la
alcool peut, lui, être utilisé quotidiennement et sa
dent, un aspect terne et une hypersensibilité
texture plus visqueuse permet d’augmenter le
dentaire. Le premier traitement consiste à limiter
temps de contact avec les dents. Il est de plus sans
les facteurs d’érosion, et à diminuer le temps de
rinçage. La gamme se complète de deux brosses
contact entre les éléments acides et la dent. Le
à dents, l’une souple et l’autre extra-souple, pour
grignotage de fruits et le sirotage de jus ou sodas
un brossage tout en douceur. Enfin, un site internet
sont à proscrire. L’hygiène bucco-dentaire est le
(www.proemail.fr) diffuse informations et conseils à
second facteur important, mais il doit respecter
destination du grand public.
˕˕Cristers Irbésartan 75 , 150 et 300 mg Boîtes de 30 et 90 comprimés pelliculés. Princeps : Aprovel ˕˕EG Atovaquone/proguanil 250 mg/100 mg Boîte de 12 comprimés pelliculés. Princeps : Malarone Galantamine L.P. 8, 16 et 24 mg Boîtes de 28 gélules à libération prolongée. Princeps : Reminyl L.P. ˕˕Mylan Efavirenz 600 mg Boîte de 30 comprimés pelliculés. Princeps : Sustiva Doxazosine L.P. 4 mg Boîte de 28 comprimés à libération prolongée. Princeps : Zoxan Doxylamine 15 mg (conseil) Boîte de 10 comprimés pelliculés sécables. Princeps : Donormyl
EN BREF…
//////////////////////////
Innovair peut désormais aussi être pris à la demande en traitement des symptômes de l’asthme à la place du traitement de secours – Biogaran conseil propose Flustimex (paracétamol, maléate de chlorphénamine, acide ascorbique) – Baume lèvre et papilles à l’arôme de banane chez Kadalys – Préparation pour Grog Vitaflor, au design délicieusement rétro – Nouvelles saveurs dans la gamme Bonne nuit de Babybio dont carotte-potimarron-riz ou légumes variés-blé – Nouveau goupillon 2 en 1 Dodie pour biberons à col large et fabriqué en France – Crème Premium Lierac en édition limitée noir mat et or – Nouveaux savons liquides extra-purs chez Roger et Gallet, et nouvelles crèmes mains et ongles au beurre de karité.
48 • PHARMA N°107 • DÉCEMBRE 2013
NODÉ P
SÉRUM7 RENEW
Antipelliculaires sur mesure
Cosmétique des peaux matures
Il est parfois difficile de conseiller un antipelliculaire adapté en plus au type de cheveux du client. Bioderma répond à cette problématique avec une gamme de cinq shampooings destinés à traiter les états pelliculaires légers ou modérés (pellicules sèches), et déclinés selon le type de cuir chevelu ou de cheveux : volumateur, normalisant, apaisant pour cuirs chevelus sensibles ou irrités, purifiant (cheveux à tendance grasse) et restructurant. Tous contiennent un noyau commun d’actifs : climbazole, piroctone olamine et acide salicylique.
Cette gamme Renew s’adresse aux peaux matures des femmes ménopausées pour contrer rides profondes, taches brunes, manque de fermeté, teint terne et sécheresse cutanée. À noter : comme pour les autres soins de jour de Boots, la crème de jour Renew propose en plus de ses actifs spécifiques une protection anti-UV A et B.
Flacons de 200 ml, ppc : 7,10 € Flacons de 400 ml, ppc : 10,10 € Bioderma
Sérum rénovateur total Crème de jour restructurante Crème de nuit réparatrice Sérum yeux nouveau contour Prix de vente indicatifs : de 25 à 39 € Boots Laboratories
ARKOVITAL ACIDE FOLIQUE Réflexe avant la grossesse
La vitamine B9 a fait la preuve de son efficacité dans la prévention des malformations chez le fœtus. C’est pourquoi la HAS préconise la supplémentation chez toutes les femmes avant la conception. Une recommandation peu suivie à l’heure actuelle : 25 % des femmes seulement la respectent. Arkovital lance donc ici une complémentation à conseiller sans réserve dès le désir de grossesse et pendant les huit semaines suivant la conception, à raison de 2 gélules par jour. Peut aussi être conseillé comme stimulant du système immunitaire, à raison de 1 gélule par jour.
Boîte de 45 gélules, ppc : 3,90 € Arkopharma
GYNOPHILUS GEL MOUSSANT
COMPAIR C801KD
TRIPHASIC VHT ATP INTENSIF
Lavant prébiotique
Pneumatique pédiatrique
Longue vie aux cheveux
Pour compléter l’action des capsules vaginales Gynophilus, Besins Healthcare propose un soin d’hygiène intime dédié aux femmes connaissant un épisode d’irritation vulvaire : pendant ou après une mycose vaginale, en cas de sécheresse vaginale, de démangeaisons ou de sensations d’inconfort. Un extrait de Curculigo orchoides, aux vertus apaisantes et régulatrices de pH, est associé à un oligosaccharide, prébiotique favorisant la présence d’une flore saprophyte bénéfique. À conseiller pour la toilette intime.
Ce nébuliseur inclut la technologie Virtual Valve Technology : la conception de la chambre de nébulisation permet l’ouverture et la fermeture d’une valve virtuelle suivant la respiration du patient, ceci afin d’améliorer le dépôt du médicament dans les poumons et de faciliter l’inhalation. La taille des particules est de 3 µm, le taux de nébulisation de 0,3 ml par minute et le volume résiduel de 0,7 ml. Poids plume (270 g), peu bruyant et au design attrayant, il peut être utilisé avec un masque adulte, enfant ou bébé.
La nouvelle génération de Triphasic incorpore tout simplement la source d’énergie des cellules, à savoir l’adénosine triphosphate ou ATP. À la clé, une triple action sur les cellules de la papille folliculaire : stimulation du facteur de croissance KGF, meilleur ancrage du cheveu par augmentation de transcription de la fibronectine, amélioration de la survie du bulbe pileux. À appliquer sur le cuir chevelu deux fois par semaine pendant un mois en phase intensive, puis une fois par semaine pendant deux mois.
Flacon de 200 ml, ppc : NC Besins Healthcare
CompAir C801KD, pvp : de 85 à 100 € HT Kit de nébulisation enfant : de 12,93 à 18 € Omron
Coffret de 8 flaconnettes de 5,5 ml Ppc : 49,90 € René Furterer
DÉCEMBRE 2013 • PHARMA N°107 • 49