Pharma111 complet

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édito

Petite santé

C’

est un grand classique de la vie politique française. À chaque défaite électorale, son jeu de chaises musicales. Après la claque des municipales, place à un remaniement ministériel. Première

surprise, la santé fait les frais de ce nettoyage de printemps forcé et est reléguée à un secrétariat d’État. Un de nos confrères avait eu du flair en titrant, le 1er avril,

sur la disparition du ministère de la Santé. Un poisson d’avril prémonitoire.

Par Olivier Valcke, rédacteur en chef adjoint

Après avoir été adossée au Travail, à la Jeunesse et aux Sports, puis aux Affaires sociales, la santé disparaît donc de la carte des grands ministères. RIP. Émoi sur Twitter, indignation chez les professionnels de santé… avant qu’un communiqué du ministère ne rassure tout ce petit monde. La santé fait toujours partie des prérogatives de Marisol Touraine, reconduite dans ses fonctions. Il n’empêche, cet oubli n’augure rien de bon. Et n’arrange pas les affaires de nos syndicats, empêtrés dans les négociations. Nouveau mode de rémunération, suivi des patients asthmatiques, génériques : trois avenants décisifs pour l’avenir de la profession sont à ce jour bloqués pour cause de… remaniement. Aucune avancée significative n’est sortie de la dernière réunion avec l’Uncam, le 26 mars. Pire, les syndicats attendent un arbitrage ministériel sur plusieurs textes réglementaires pour engager la profession dans cette réforme. Un arbitrage espéré lors d’un comité de liaison État-officine qui a depuis été reporté, là aussi à cause du remaniement. La réforme est donc à l’arrêt alors que la baisse des marges et les niveaux d’endettement précipitent les procédures collectives (voir notre dossier p. 21). D’ici dix ans, entre 1 000 et 2 000 pharmacies devraient baisser leur rideau. La transformation du mode de rémunération n’est plus une nécessité mais une urgence pour endiguer la dégradation continue de l’économie officinale. Après la santé oubliée lors de la composition du gouvernement de Manuel Valls, espérons que la ministre (ou le secrétaire d’État) n’oublie pas les pharmaciens dans les semaines qui viennent.

avril 2014 • Pharma N°111 • 3


N° 111 • avril 2014 • cahier 1

thérapeutique socio-pro 21 Dossier Ma petite officine connaît bien la crise : états des lieux et solutions pour y faire face 26 Qualité Le financement des formations pour les employés de la pharmacie d’officine 29 Qualité Une méthode de suivi originale des patients asthmatiques 30 Merchandising Un réagencement d’officine à petit prix en Loire-Atlantique

©© xavigm – istockphoto

50 Le jour où… … j’ai créé un pilulier connecté

suivre et traiter l’asthme infantile actualité Directeur de la publication : Antoine Lolivier Directrice du développement et de la publicité : Valérie Belbenoit Directeur de la rédaction : Antoine Lolivier Rédactrice en chef : Amélie Baumann-Thiriez Rédacteur en chef adjoint : Olivier Valcke Conception graphique : Laurent Flin Secrétaire de rédaction : Vincent Béclin Rédacteurs pour ce numéro : Guénolé Aubert, Julien Boyer, Baptiste Cubille, Antoine Deschildre, Anne Fellmann, Yves Michiels, Marie Simonot, Isabelle Tillie-Leblond Directrice de production et de fabrication : Gracia Bejjani Assistante de production : Cécile Jeannin Publicité : Emmanuelle Annasse, Aurélie Barnier, Valérie Belbenoit, Catherine Colsenet, Philippe Fuzellier Service abonnements : Claire Lesaint Photogravure et impression : Imprimerie de Compiègne, 2 Av Berthelot, ZAC de Mercières BP 60524, 60205 Compiègne cedex Pharma est une publication © Expressions Pharma 2, rue de la Roquette - Passage du Cheval-Blanc Cour de Mai - 75011 Paris Pour nous joindre : courrierpharma@expressiongroupe.fr Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax : 01 49 29 29 19 RCS Paris B481 690 105 Commission paritaire : 0317 T 86202 ISSN : 2101-4752 - Mensuel Comité de rédaction et de lecture : Claude Arnoldi : pharmacien ; Irène Bakal : pharmacienne ; Anne Baron : pharmacienne ; Françoise Beaunier-Daligault : pharmacienne ; Catherine Boyer : pharmacienne ; Patricia Daligault : pharmacienne ; Damien Galtier : diététicien ; Emilie Lecorps : pharmacienne ; Aude Lepoutre : gastro-entérologue ; Philippe Lesieur : psychiatre ; Mme Maury : pharmacienne ; Marguerite Mouilleseaux : pharmacienne ; Elizabeth Muller : pharmacienne ; Pascal Poncelet : cardiologue ; Sylvie Rosenzweig : pharmacienne (réseau douleur-soins palliatifs) ; Gilles Traisnel : cardiologue ; Mr Vanpoulle : pharmacien.

4 • Pharma N°111 • avril 2014

6 Actus Les derniers faits marquants du monde officinal 12 E ntretien Caitlin Sorrell, directrice d’Alphega Pharmacie Europe : « L’accompagnement du patient est dans nos gènes » 14 Rencontre Bernard Fontanille, médecin urgentiste et documentariste : « Une leçon d’humilité » 16 L’observatoire des pharmaciens Vos remèdes contre la crise 18 Reportage MaPharmacie, un concept d’officine innovant à Paris

thérapeutique 32 Lu pour vous Sélection d’articles parus dans la presse scientifique internationale 34 Dossier Suivre et bien traiter l’asthme de l’enfant 38 Cas de comptoir Jambes lourdes, une pathologie à ne pas négliger 42 Focus Norme HbA1c, une évolution thérapeutique au long cours

Gammes 46 Dermo Gros plan sur six pathologies accompagnées de vésicules 48 Nouveaux produits Médicaments, conseil et parapharmacie, zoom sur les dernières innovations des laboratoires

Retrouvez le bulletin d’abonnement en page 13 Cette publication comporte deux cahiers : cahier 1 (52 pages), cahier 2 « Spécial transactions » (8 pages). Assemblés à cette publication : deux bulletins d’abonnement (2 et 4 pages). En couverture : © elwynn - 123RF


Actualité profession

télex

Enquête

La pharmacie de demain selon le Croie Comment les clients perçoivent-ils la pharmacie ? Quelles sont leurs attentes ? Pour son premier anniversaire, le Cercle des réseaux officinaux indépendants sous enseigne (Croie) vient de publier une étude, véritable feuille de route pour les années à venir. Réalisée par l’agence Côté clients auprès de 1 057 Français, cette enquête indique que près de 9 personnes interrogées sur 10 fréquentent tout au plus deux pharmacies. Leur premier critère de sélection d’une officine ? La proximité avec leur domicile. Plus surprenant, la pharmacie peine à

6 800

C’est, en euros, le montant de la prime générique qui sera versée par l’Assurance maladie à chaque pharmacie début 2015, selon les estimations de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

encourager les comportements de prévention. Les visites pour des achats de prévention sont ainsi quatre fois moins importantes que celles pour des achats de soins. S’il y a peu de doutes sur la confiance en la croix verte, des efforts sont à entreprendre au niveau de l’image : 94 % des personnes interrogées estiment en effet que la pharmacie n’est pas au « goût du jour » et 60 % voudraient une amélioration de l’image prix. Enfin, 48 % des moins de 50 ans envisagent le pharmacien comme une alternative crédible au médecin sur certains services médicaux. •

84

C’est le pourcentage de professionnels de santé qui se disent satisfaits de leur exercice selon un sondage MACSF/ Enov Research réalisé auprès de 1 503 professionnels. Les pharmaciens ferment la marche du classement, seuls 75 % d’entre eux étant satisfaits de leurs conditions de travail.

Économie

Le marché pharmaceutique de ville poursuit sa récession

©© D.R.

Le cabinet d’études IMS Health a confirmé la baisse du marché pharmaceutique français de ville en 2013, avec – 2 % en valeur. L’année 2014 devrait suivre la même tendance. En revanche,

6 • Pharma N°111 • avril 2014

le marché pharmaceutique mondial poursuit sa progression, avec + 2,7 % enregistrés en 2013, soit 970 milliards de dollars. Tiré par les pays émergents, il devrait continuer à croître de 4 à 6 % par an entre 2014 et 2017. Les pays émergents devraient, pour leur part, maintenir une hausse annuelle comprise entre 8 et 10 % d’ici à 2017, tandis que celle des pays matures sera plus modérée, de l’ordre de 1 à 4 % par an. L’étude observe enfin que d’autres marchés apparaissent sur la scène pharmaceutique mondiale comme l’Algérie, la Colombie, l’Arabie saoudite, le Nigeria ou l’Afrique du Sud. •

Doctipharma.fr by Doctissimo Doctissimo lance Doctipharma.fr, un site d’e-commerce dédié à la vente de produits de parapharmacie et de médicaments sans ordonnance. À l’origine application pour smartphones géolocalisant les pharmacies ouvertes et de garde, Doctipharma étend son champ de compétences avec une vitrine e-commerce réservée aux pharmaciens. Pharmagora racheté C’est au cours du salon, fin mars, que l’information est sortie : Pharmagora a été racheté à NewsMed par CloserStill Media, un groupe anglais spécialisé dans les événements professionnels. La prochaine édition aura lieu les 21 et 22 mars 2015 sous le nom PharmagoraPlus. La publicité ciblée testée en Suisse Regarde l’écran et je te dirai quel produit te vendre ! À Zurich, une officine a mené une phase de tests avec un système doté de caméras à reconnaissance faciale. Un dispositif capable de cibler la publicité selon l’âge ou le sexe du client. Une stratégie marketing qui laisse sceptique la Société suisse des pharmaciens… 0,99 € le test de grossesse chez Pharmactiv… Suite à l’autorisation de vendre des tests de grossesse en GMS, Pharmactiv propose à ses adhérents des tests Pharméa à 0,99 € (prix de vente conseillé). Un pied de nez à la grande distribution ? « Une réponse appropriée pour faire face à une nouvelle concurrence », préfère Serge Carrier, directeur général. … et 0,79 € sur OCP Point Jusqu’au 30 avril, les clients de l’OCP peuvent bénéficier sur le site OCP Point du test de grossesse Pharméa au prix unitaire de 0,79 € HT, soit une remise de 60 % pour 10 unités achetées. De quoi proposer à la vente un test de qualité au prix symbolique de 1 € pièce. La dispensation à l’unité retardée Alors que l’expérimentation de la dispensation à l’unité devait débuter le 1er avril, on attend toujours les modalités pratiques. Officines concernées, éventuelle rémunération… le suspense demeure.



Actualité profession

nominations

Service

1001Pharmacies livre à domicile La plate-forme de vente en ligne 1001Pharmacies se lance dans la livraison de médicaments à domicile avec le concept 1001Pharmacies Express. Inauguré en région parisienne, ce service sera disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 dans toute la France dans le courant de cette année. Le fonctionnement est simple : via un formulaire sur le site 1001Pharmacies.com, le

patient envoie son ordonnance ou sa commande de médicaments à la pharmacie partenaire de son choix. Il règle ensuite les frais de livraison (à partir de 9 €) et le complément si les médicaments ne sont pas remboursés à 100 %. Selon un sondage réalisé par le site 1001Pharmacies, 83 % des Français sont favorables à un tel service de livraison à domicile. •

Quotas

La Cour de justice européenne fait sauter le verrou En cette période de remaniement ministériel, l’information est presque passée inaperçue. C’est pourtant un verrou que vient de faire sauter la Cour de justice européenne en remettant en cause la « limite rigide de ‘‘personnes toujours à approvisionner’’ », autrement dit les quotas de population pour la création d’une officine. La Cour avait été saisie en août 2012 par une pharmacienne autrichienne désireuse d’ouvrir une officine à Pinsdorf (3 687 habitants). Une création rejetée par l’Ordre autrichien au motif qu’elle n’approvisionnerait pas les 5 500 habitants requis, quota en vigueur dans ce pays. Autre argument retenu par l’Ordre, cette ouverture déséquilibrerait le réseau existant, une officine étant installée à Altmünster, commune limitrophe de Pinsdorf. La Cour de justice européenne a pris fait et cause pour la pharmacienne, rappelant qu’une « application uniforme des conditions liées à la densité démographique et à la distance minimale entre les pharmacies, fixées par la réglementation nationale aux fins de la création d’une nouvelle pharmacie, risque, dans certaines circonstances, de ne pas assurer un accès

approprié au service pharmaceutique dans des zones présentant certaines particularités démographiques ». La Cour évoque également le cas de personnes âgées ou à mobilité réduite résidant dans des zones rurales et en dehors du périmètre d’approvisionnement de la pharmacie existante. Pour ces dernières, « l’accès aux médicaments peut s’avérer peu approprié étant entendu qu’une réglementation nationale ne prévoit aucune distance maximale entre le lieu de résidence d’une personne et la pharmacie la plus proche de celui-ci ». Après l’arrêt Blanco Perez et Chao Gomez, du nom de deux pharmaciens espagnols qui avaient contesté, en 2002, les conditions liées à la densité démographique et à la distance entre les pharmacies (à savoir un nombre minimal de 2 800 ou 2 000 habitants par pharmacie et une distance minimale de 250 m entre les pharmacies), ce nouvel arrêt de la Cour milite pour davantage de souplesse et de cohérence lors de la création d’officines. Une jurisprudence qui pourrait donner des idées à nombre de pharmaciens européens. •

Le sondage pharma/Celtipharm L’inscription du SMR sur les médicaments •Ê tes-vous favorable à l’inscription du SMR sur les boîtes et les notices

des médicaments comme proposé par le ministère de la Santé ? OUI .................. 53 % NON ................ 47 % Étude réalisée par le département gestion de call center de Celtipharm, sur un échantillon représentatif stratifié de 400 officines françaises sélectionnées dans sa base de données (du 17 au 21 mars).

8 • Pharma N°111 • avril 2014

Michel Caillaud reprend les rênes de l’UNPF Jeu de chaises musicales à l’Union nationale des pharmacies de France. Michel Caillaud, l’ancien président, en reprend la direction trois ans après son départ. Élu en 2011, suite à la démission de Frédéric Laurent, Michel Caillaud avait quitté ses fonctions en 2012, remplacé par Françoise Daligault. Un nouveau président pour la CSMF Jean-Paul Ortiz succède à Michel Chassang à la tête de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Ce néphrologue de 57 ans s’inscrit dans la continuité des positions défendues sous la présidence de Michel Chassang. Après trois mandats de quatre ans, ce dernier ne pouvait plus se représenter. Gilles Bonnefond rempile à la tête de l’USPO Réélu à l’unanimité à la présidence de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond, titulaire à Montélimar, entame donc un deuxième mandat à la tête du syndicat. Une autre présidente pour le CISS Danièle DesclercDulac remplace Claude Rambaud à la présidence du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss). Membre du bureau depuis 2007, elle fut jusqu’en 1998 directrice adjointe de la CPAM Loiret. Claude Rambaud reste vice-présidente de l’association.

4 632

C’est le nombre de patients qui ont été sensibilisés au dépistage du cancer colorectal lors d’une campagne menée du 4 au 14 mars par Pharmagest et la Ligue contre le cancer.


Actualité profession

internet

Santé publique

La phlébite en campagne Selon une étude Ifop/Bayer menée en janvier 2014, deux Français sur trois ne connaissent pas les trois principaux symptômes de la phlébite. Cette pathologie tue pourtant une personne toutes les 37 secondes dans le monde, et touche une personne sur 1 000 en France, et 3 sur 1 000 après 75 ans. Afin de sensibiliser la population à ce problème de santé publique, Bayer Healthcare a développé une campagne de sensibilisation, à l’image de celle de l’an passé sur le thème de l’AVC. Ici aussi, une chanson entraînante

et un clip délivrent les messages principaux. Sur un air de reggae, le refrain explique « Douleurs, lourdeurs, gonflement de la jambe : la phlébite n’est peut-être pas loin, va rendre visite à ton médecin ». Un site Internet (http://laphlebite.fr) propose aussi des explications sur cette maladie, les chiffres, causes, symptômes, la conduite à tenir et les traitements. Enfin, des spots radio de 25 et 50 secondes seront diffusés et des livrets d’information, cartes et affiches sont également disponibles. •

parlement européen

La transparence des essais cliniques adoptée 594 voix pour sur 610 votants ! C’est presque à l’unanimité que les eurodéputés ont adopté un règlement qui oblige les laboratoires à publier les résultats de leurs essais cliniques… même s’ils sont peu concluants. Aboutissement d’un long combat des associations de patients pour plus de transparence, cette législation simplifie aussi les procédures nécessaires au lancement

des essais et renforce la coopération entre pays. Ce texte permet ainsi de déposer un dossier unique sur le portail de l’Agence européenne des médicaments afin d’obtenir l’autorisation pour lancer un essai clinique dans plusieurs pays. Autre avancée : le texte prévoit que les résumés détaillés des essais soient publiés dans une base de données accessible au public. •

agenda

Journée mondiale de l’asthme

Journée mondiale de la fibromyalgie

Mardi 6 mai Le thème de cette nouvelle édition est « Asthmatiques, 1-2-3, soufflez ! ». De nombreuses animations sont prévues dans l’Hexagone la semaine du 6 mai, aussi bien dans des groupes scolaires, associations ou centres hospitaliers que dans les pharmacies. Plus d’infos sur http://asthme-allergies.org/ actions/journee-mondiale-de-lasthme

Lundi 12 mai L’objectif de cette journée est de sensibiliser gouvernements, institutions et médias sur la situation des personnes atteintes de ce syndrome méconnu. Pour la 21e édition, cinq fibromyalgiques courront la Sénégazelle, une course à pied ayant lieu au Sénégal. Plus d’infos sur http://fibromyalgiefrance-journee-mondiale.e-monsite.com

Ils ont dit…

Nous croyons aux vertus du modèle indépendant et en l’harmonisation des pratiques et des points de vente au sein d’un réseau. Harmonisation, oui, uniformisation, non ! Rafaël Grosjean, président de Pharmodel et représentant

du Cercle des réseaux officinaux indépendants sous enseigne (Croie)

Le Président l’a annoncé : il faut réduire les déficits et la dette. Pas pour Bruxelles, comme certains le disent, mais pour la qualité de notre économie. Quand le navire prend l’eau, on n’écope pas avec une petite cuillère.

Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales (et de la Santé)

10 • Pharma N°111 • avril 2014

Vu sur Twitter Coopération patients @cooppatients La santé représenté 12 % du PIB et n’a pas de ministre. Ça c’est du remaniement ! Véronique Hunsinger @vhunsinger Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, la santé n’est plus dans le titre officiel. Un oubli ou un(e) secrétaire d’État à venir ? DrMartyUFML @Drmartyufml Un gouvernement sans ministère de la santé pour une médecine sans médecin. Hugo @suprmariodraghi Il n’y a pas de ministère de la Santé mais il y a un ministère de la Forêt. Réjouissezvous biches et sangliers ! Vu sur Talent Pharmacie Les podcasts des 7es Rencontres de l’officine sont en ligne sur Talent Pharmacie ! Pour écouter ou réécouter le débat « Interprofessionnalité, voie de salut pour l’officine », la session « Améliorer sa rentabilité en 2014, est-ce possible ? » ou le débat « Automédication et vente en ligne », rendez-vous dès à présent sur le site www.talentpharmacie.fr Vu sur Facebook Une nouvelle page pour les Rencontres de l’officine ! Photos, infos, actus… et déjà la prochaine édition qui se prépare. Likez sans hésiter sur https:// www.facebook.com/rencontresdeofficine pour vous tenir informé sur le salon qui fait le buzzer la pharmacie.

1 850

C’est le nombre de pharmacies, indépendantes ou adhérentes à douze groupements, qui ont reçu, le 4 avril, leur certificat ISO 9001/QMS Pharma du bureau Veritas.


télex

Prévention

Nouveau souffle pour la BPCO En France, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) tue 16 000 personnes chaque année. Deux tiers des malades ignorent souffrir de cette pathologie alors qu’une détection précoce permettrait d’éviter des complications. En partenariat avec les syndicats de la profession (FSPF, USPO, UNPF), la Mutualité française a lancé, dans plus de 150 pharmacies du Nord-Pas-de-Calais, de Bretagne et de Rhône-Alpes, une expérimentation de détection de la BPCO. Huit mutuelles de la Mutualité française (Apréva, Eovi MCD, Harmonie, Unéo, Mutuelle de France plus, Radiance Groupe Humanis, SMH, Mutuelle d’entreprises Schneider

Electric) proposent à leurs adhérents âgés de 40 à 70 ans résidant dans ces régions de bénéficier d’une détection de la BPCO, après avoir reçu un questionnaire leur permettant d’évaluer leur risque. La détection sera pratiquée par le pharmacien et réalisée avec un spiromètre électronique. Les personnes « positives » seront ensuite invitées à se rendre chez leur médecin traitant, qui aura été, après consentement du patient, informé du résultat du test. Quelque 3 300 généralistes et pneumologues des territoires concernés ont été informés de cette démarche. Cette expérimentation fera l’objet d’un premier bilan d’ici à cet automne. •

Il a dit…

Cette séance a encore épaissi le brouillard qui entoure cette réforme. C’est du bricolage, sans fondations solides, qui expose la profession à de grands risques sans aucune garantie et ne prépare pas l’avenir du métier. Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO),

à propos de la réunion du 25 mars entre les trois syndicats et l’Assurance maladie

Brevet solaire pour scolaires Le laboratoire La Roche-Posay, soutenu par le syndicat national des dermatologues-vénérologues (SNDV), propose une initiative originale : le « brevet solaire ». Ce kit d’éveil scientifique est d’ores et déjà disponible dans les écoles primaires, et est complété par un film pédagogique, un jeu de cartes, une bande dessinée ou des brochures (disponibles à l’officine également).

33

C’est le pourcentage d’étudiants qui ne se protègent pas lors de leurs rapports sexuels, selon une enquête de la mutuelle étudiante Smerep à l’occasion du Sidaction 2014, organisé du 4 au 6 avril.


Entretien

Rencontre avec Caitlin Sorrell

« L’accompagnement du patient est dans nos gènes » Pour la directrice Alphega Pharmacie Europe, la survie de la pharmacie de proximité passe par une meilleure prise en charge des patients au comptoir. Un argument décliné dans toute l’Europe.

Poursuivons votre carrière… Après le marketing, j’ai travaillé au sein du département stratégie, au service finance… Boots a l’avantage d’offrir une large palette de métiers. Progressivement, j’ai développé mes compétences. Le développement des pharmacies Boots aux Pays-Bas et en Norvège a été mon baptême du feu. Ce furent mes premières expériences terrain. Après la fusion avec Alliance Healthcare, j’ai été nommée directrice marketing d’Alphega Pharmacie. Puis, en 2007, on m’a confié les rênes d’Alphega Pharmacie. Vous êtes à la tête du premier réseau de pharmaciens indépendants en Europe, créé en France en 2001 avant d’être

12 • Pharma N°111 • AVRIL 2014

Royaume-Uni, chaînes de pharmacies et officines indépendantes cohabitent. Comment concilier les deux visions ? En Grande-Bretagne, les deux modèles cohabitent parfaitement. Le concept Alphega est développé dans chaque pays en tenant compte des spécificités réglementaires, économiques et sociétales. Nous y avons des experts pharmaciens capables d’adapter notre concept aux contraintes réglementaires.

©© d. r.

Pharma. Vous avez un parcours atypique. Comment parvient-on avec un diplôme de lettres à la tête du premier réseau de pharmaciens indépendants en Europe ? Caitlin Sorrell. Rien ne me prédestinait à cette carrière. De formation littéraire, j’ai rejoint le service marketing de Boots en 1997. Très vite, j’ai été orientée vers la pharmacie, secteur qui m’était étranger. C’est vite devenu une vocation. Pour moi, il n’y a rien de plus complet que le pharmacien. Vous connaissez beaucoup de métiers où l’on pratique à la fois la gestion, le management, le marketing, où l’on peut dispenser des médicaments, délivrer des conseils, des services thérapeutiques ? Lors de mes premières années chez Boots, j’ai adopté l’ambition du groupe, qui est de contribuer à l’amélioration de la santé des populations en Europe. Et puis, lorsque vous êtes Britannique, c’est une fierté d’entrer chez Boots, l’enseigne la plus appréciée du RoyaumeUni. Fort de ses 160 années d’existence, c’est une institution nationale.

déployé. Comment qualifierez-vous la pharmacie made in France ? Prévention, conseil et éthique. C’est le triptyque sur lequel repose Alphega Pharmacie. Il m’est difficile de dire si ces valeurs sont propres à la France. Pour moi, elles n’ont pas de frontières. Si vous cherchez la « French touch » dans l’ADN du réseau, je dirais que c’est la proximité, l’accessibilité. Ce positionnement local est très français, mais on le retrouve dans nombre de pays où Alphega est présent. Cela répond aux attentes des patients, qu’ils soient français, anglais, néerlandais ou tchèques. Les pratiques varient d’un pays à l’autre, notamment au niveau réglementaire. La France détient un unique réseau de pharmacies indépendantes, alors qu’au

La communication des pharmaciens français est soumise à de fortes contraintes réglementaires. Comment gérez-vous cette restriction pour faire connaître l’enseigne Alphega ? À ma connaissance, la législation française n’interdit pas de communiquer au travers de l’enseigne de la pharmacie. Il suffit de se promener pour constater que les vitrines arborent fièrement les couleurs, la charte graphique de leur enseigne. C’est un premier levier de différenciation. L’autre levier, plus discret il est vrai, concerne le contact humain avec le patient. Les pharmaciens ont tout intérêt à miser sur le relationnel, sur les conseils délivrés au comptoir plutôt que de ne compter que sur des campagnes promotionnelles avec renfort de PLV. Nous avons constaté chez les pharmaciens Alphega français qu’il valait mieux se concentrer sur la qualité de service (conseil, accueil agréable…) que sur des prix agressifs. Même aux Pays-Bas, où les pharmaciens sont autorisés à faire de la publicité, c’est la qualité du service qui prime. Vu de France, les chaînes de pharmacies font encore peur. Alphega est une filiale d’Alliance Boots, connu pour posséder les pharmacies Boots, proches des drugstores à l’américaine. Quels sont vos arguments pour expliquer au


Il n’y a pas une année sans qu’on évoque la fin des pharmacies indépendantes. Je ne partage pas cette peur. pharmacien français que son officine de proximité n’est pas menacée par l’arrivée de chaînes ? Nous avons 2 500 pharmacies Boots et 1 000 pharmacies Alphega au RoyaumeUni. Encore une fois, les deux modèles ne sont pas incompatibles. Un tiers du marché y est constitué de pharmacies indépendantes. En France, le paysage réglementaire est différent. Les chaînes n’existent pas. Mais il n’est pas dans l’ADN d’Alphega Pharmacie de constituer des réseaux de chaînes de pharmacies. En France, comme aux Pays-Bas, en Espagne ou en Russie, nous restons attachés à un réseau de proximité. Je vais même aller plus loin dans mon analyse. Comme sa voisine française, la pharmacie britannique n’a pas été épargnée par la crise. Or, que constatet-on ? Que ce sont les pharmacies de quartier et indépendantes qui ont su se différencier. Elles ont su se démarquer en nouant des liens durables avec leurs patients. Elles ont survécu en misant sur leur rôle de professionnel de santé.

!

L’ouverture du monopole français vous semble-t-elle inéluctable ? J’en entends parler depuis que je suis entrée chez Boots ! Il n’y a pas une année sans qu’on évoque la fin des pharmacies indépendantes. Je ne partage pas cette peur. Regardez les patients. Chaque enquête d’opinion livre le même résultat : les Français plébiscitent le rôle de conseil des officinaux et se montrent attachés à la proximité des pharmacies. Beaucoup déclarent pousser la porte

simplement pour demander un conseil au sujet d’un problème de santé. Ils se montrent également réticents à l’idée d’acheter des médicaments en grande distribution. La fin du monopole n’est pas pour demain. Le rapprochement entre Alliance Boots et Walgreens va-t-il avoir un impact sur les pharmaciens Alphega ? Les pharmaciens Walgreens ont été les précurseurs de la prise en charge des patients chroniques, et notamment des personnes âgées polymédiquées. J’espère donc que ce rapprochement va impacter les pharmaciens Alphega dans leur activité. Lorsque je regarde la loi HPST en France et que je compare avec ce qu’a fait Walgreens aux États-Unis, il y a une complète adéquation. Encore une fois, l’expérience de Walgreens dans l’accompagnement des patients chroniques est une source d’opportunités pour nos pharmaciens européens. Lors de votre dernière convention européenne, on a beaucoup parlé d’échanges de bonnes pratiques. On sait que les pharmaciens français, après les AVK, vont se mobiliser pour accompagner les patients asthmatiques. Qu’en est-il ailleurs en Europe ? On parle beaucoup du suivi des patients sous AVK en France, mais les pharmaciens britanniques ont été les premiers en Europe à se positionner sur ce service. Plus globalement, nous assistons à une tendance nouvelle : la diversification des compétences du pharmacien.

bio express

• 1997 Rejoint Boots UK • 2000-2006 Manager Boots Pharmacie (Boots the Chemists) • 2006 Regional Country manager Boots Retail International • Depuis 2007 Directrice d’Alphega Pharmacie Europe

Que ce soit en Russie, en République tchèque ou en France, les pharmaciens Alphega se mobilisent autour de nouveaux services. En Espagne, nous sommes en train de développer un prédépistage du risque cardio-vasculaire. Au Royaume-Uni, nous offrons déjà des entretiens pour nos patients asthmatiques et souffrant de BPCO. Nous sommes aussi positionnés sur le sevrage tabagique, la perte de poids… Sur ce dernier point, le pharmacien est même rémunéré à la performance. Si le patient perd du poids, il gagne de l’argent. De manière générale, on assiste à une prise en charge individualisée dans une démarche de santé publique. Le slogan d’Alphega est « Votre santé est notre priorité ». Le thème de votre convention européenne en novembre était « Passion for patient ». En 2009, c’était « Le patient avant tout ». Pourquoi ce focus autour du patient ? L’accompagnement du patient est dans les gènes du réseau. Le patient d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’il y a vingt ans. Avec les nouvelles technologies, l’accès à une information médicale sur Internet ou les réseaux sociaux, le patient est quotidiennement connecté, de mieux en mieux informé et, par conséquent, de plus en plus exigeant. Il ne veut plus être soigné sans comprendre les tenants et aboutissants de son traitement mais être informé et accompagné étape par étape dans sa guérison. Le patient est passé du statut d’observateur de sa maladie à celui d’acteur de son traitement. Le pharmacien n’est donc plus un simple dispensateur de médicaments mais un acteur de soins à part entière. Vous avez évoqué la problématique du patient dans nos nombreuses conventions. Je peux vous assurer que ce n’est pas près de changer. Propos recueillis par Olivier Valcke

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Pharma 111

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entretien

Rencontre avec Bernard Fontanille

« Une leçon d’humilité » Du Japon au Brésil, ce médecin urgentiste est parti à la rencontre d’hommes qui guérissent et sauvent des vies. Un tour du monde qui a accouché d’une série documentaire sur Arte et d’un ouvrage.

Comment avez-vous choisi vos sujets de reportage ? Au départ, on est parti sur quarante sujets. Finalement, nous en avons retenu vingt, réalisés pendant près d’un an dans une quinzaine de pays, dont certains étaient incontournables : la Chine et ses plantes médicinales, le Brésil et ses chamans, l’Inde et ses guérisseurs… J’ai été accompagné par une journaliste scientifique, Marguerite Dollogue, qui m’a orienté vers des sujets et thématiques sous l’angle anthropologique. L’ouvrage, co-écrit avec Elena Sender du magazine Sciences et Avenir, est un complément scientifique aux documentaires. Votre démarche est intéressante car vous ne vous substituez jamais au soignant, guérisseur ou chaman. Était-ce un choix délibéré ?

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en Chine avec le docteur Ho, célèbre herboriste de 91 ans, j’ai été frappé de constater que cet homme qui connaît les vertus guérisseuses – et parfois toxiques – de centaines de plantes, tolère la médecine moderne. Il n’interdira jamais à quelqu’un de se rendre à l’hôpital. L’autre enseignement, c’est le temps accordé aux patients. En Corée du Sud, j’ai rencontré une chamane, Soon-Shil Suh, qui prenait trois jours pour soigner une dame souffrant de dépression ! Elle l’a accompagnée au marché, a organisé une cérémonie, réuni toute sa famille… En France, c’est un miracle quand on réussit à accorder quinze minutes à un patient. L’autre différence fondamentale, c’est que la relation médecin/patient n’est pas scellée par le secret. Que ce soit en Inde, au Cambodge ou au Brésil, les consultations sont publiques. Le malade n’est pas marginalisé. En France, le patient sort souvent d’une consultation avec un arrêt de travail. D’emblée, il est exclu de la vie sociale.

©© D.R.

Pharma. Quelle est la genèse de ce projet ? Bernard Fontanille. En tant que médecin, j’ai eu la chance de beaucoup voyager pour encadrer des équipes lors de manifestations sportives (Raid Gauloises) ou de tournages (Rendez-vous en terre inconnue). À ce titre, je me suis rendu dans des régions reculées où sont pratiquées d’autres formes de médecine. Selon l’OMS, 80 % de la population a accès en première intention à des plantes pour se soigner. Lorsque je débarquais avec ma pharmacopée occidentale, les gens ne me comprenaient pas. Un jour, sur l’île de Siberut, en Indonésie, j’ai essayé de donner du paracétamol à un Mentawai. Son chaman le lui a interdit. Pour lui, c’était du poison. Ces échanges autour de la médecine, de la prise en charge du malade, ont bouleversé mes certitudes… et éveillé ma curiosité. J’avais comme idée de donner la parole à des détenteurs d’un savoir, dépositaires d’une tradition de soins. J’ai proposé le concept à la chaîne Arte, qui l’a accepté.

Dans ces pays, j’ai beaucoup regardé, échangé et essayé de comprendre le soignant. Le sous-titre de l’ouvrage résume d’ailleurs bien ma position : Rencontre avec ceux qui soignent autrement. J’ai tenté, du mieux que j’ai pu, de laisser de côté ma médecine cartésienne, de faire preuve d’humilité devant ces gens la plupart du temps analphabètes qui connaissent les vertus de centaines de plantes et sont capables de sauver des vies. Qu’est-ce qui ressort de ce tour du monde en termes de pratiques médicales ? En Occident, nous baignons dans le « tout médicament ». Je m’attendais donc à rencontrer des gens férus de rites, de croyances, où le magico-religieux est très présent. Si cela a été le cas parfois, la plupart du temps, j’ai été étonné par le pragmatisme de ces personnes qui soignent. Ainsi, lors de ma rencontre

Médecines d’ailleurs, Dr Bernard Fontanille et Elena Sender, Éditions de La Martinière-Arte Éditions, 2014

Y a-t-il une rencontre qui vous a profondément marqué ? Chaque rencontre est unique mais il y a une constante : les relations se nouent rapidement et le déchirement est le même à la fin. Je me souviens par exemple de ma rencontre avec Slindile Ntlego, une guérisseuse zoulou d’à peine 30 ans. Je suis arrivé dans le village peu de temps après la mort de sa mère. Elle m’a accueilli comme un frère. Le village, en émoi, préparait une cérémonie funéraire. Nous n’avons pas filmé. Après quelques jours, elle m’a dit qu’elle n’aurait jamais pu penser que son métier puisse intéresser un médecin occidental. Il en a été de même avec Jonas, un guérisseur indonésien. Cet homme qui vit dans le dénuement le plus complet donne tout aux autres. Ce fut une grande leçon d’humilité. Propos recueillis par Olivier Valcke


l’observatoire des pharmaciens

>> Vos remèdes contre la crise Trésorerie en berne, baisse des prix des médicaments… Les années passent et se ressemblent pour les titulaires. En France, une pharmacie ferme tous les trois jours. Quel est votre remède pour faire face à la crise ? Quelles solutions pour relancer votre activité ? Pharma et Pharmagest vous donnent la parole. Par Olivier Valcke

• Votre chiffre d’affaires a-t-il baissé en 2013 ?

• Quel est le secteur qui a le plus gros impact ? 48%

78%

La pression fiscale Les frais généraux (loyer...) en progression La masse salariale peu flexible

21%

Autres

14%

Titulaires

Titulaires

9%

1% Oui

Non

29%

Ne se prononcent pas

2014, nouvelle annus horribilis ? On espérait un léger mieux au niveau des trésoreries officinales. Ce ne fut visiblement pas le cas en 2013, puisque 78 % des titulaires interrogés ont vu leur chiffre d’affaires baisser. La pression fiscale s’est notamment accrue pour 48 % d’entre eux. Et les dernières tendances ne sont guère optimistes. Selon une enquête de l’OCDE publiée en décembre 2013, la France se classe au deuxième rang des pays où la pression fiscale est la plus forte.

• Suite au recul de votre chiffre d’affaires, vous avez… (plusieurs réponses possibles) Réduit la masse salariale (licenciements, horaires réaménagés, temps partiel…)

48%

Diminué les investissements

Augmenté vos ventes directes

40%

Réagencé votre pharmacie

10% 0

10

20

67% 3%

Autres

17%

Ne se prononcent pas

40%

Mieux maîtrisé vos stocks

50%

Renégocié vos prêts

43%

Mieux négocié les coopérations commerciales avec les labos

14%

Baissé les prélèvements personnels

• Concernant votre politique d’achat, vous avez… (plusieurs réponses possibles)

5%

Ne se prononcent pas

30

40

50

60

70

80

0

10

20

30

40

50

60

70

Prélèvements et stocks comme variables d’ajustement Quand ce n’est pas à sa rémunération qu’il touche (50 %), le titulaire taille dans sa masse salariale (48 %). La conjoncture économique ne se prête guère à des investissements (40 %). Côté politique d’achat, c’est sur les stocks que les efforts sont concentrés (67 %). L’augmentation des ventes directes et une meilleure négociation auprès des laboratoires sont également des parades à la crise.

16 • Pharma N°111 • avril 2014

80


• Selon vous, d’où viendra votre salut ?

(plusieurs réponses possibles)

Des génériques (primes de substitution, remises…)

64%

Des entretiens pharmaceutiques (patients sous AVK, asthmatiques…)

12%

D’une meilleure utilisation des logiciels de gestion

17%

D’une meilleure formation des équipes

40%

D’une meilleure gestion des frais généraux (électricité, téléphone, Internet, chauffage…)

40% 10%

Ne se prononcent pas

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Face à la crise, les génériques, c’est automatique Les titulaires attendent beaucoup des génériques pour sortir la tête de l’eau. 64 % misent ainsi sur les primes de substitution et les remises comme leviers de croissance en 2014, loin devant la formation des équipes ou une meilleure gestion des frais généraux.

• Prévoyez-vous des investissements en 2014 ?

78%

Titulaires

1% 21% Oui

Non

Ne se prononcent pas

Pas d’investissements cette année La période est à la restriction budgétaire… Ainsi, 78 % des pharmaciens interrogés ne prévoient pas d’investissements dans leur officine en 2014. Une prudence, voire un attentisme, qui dure depuis quelques années. Pour rappel, en 2010, un sondage Pharma/ Pharmagest indiquait que 50 % des titulaires sondés prévoyaient un investissement inférieur à 1 000 euros.

Témoignages « De plus en plus de pharmacies ferment sans aucune réaction de l’État. Pourquoi ne s’attaque-t-il pas au réel problème : ces hôpitaux qui facturent des journées entières pour deux heures d’admission ? » Titulaire en Seine-Saint-Denis (93)

missions. Pour les entretiens AVK, après quatre mois, on me contacte pour me dire que les entretiens de l’année N seront réglés au premier trimestre N + 1… Vive l’administration française ! » Titulaire dans les Bouches-du-Rhône (13)

« Nous ne serons sûrement pas sauvés par un honoraire lié à la boîte, donc au volume, et encore moins par les nouvelles

« Il ne faut pas baisser les bras mais miser sur le conseil OTC, les formations et la fidélisation de la clientèle. N’attendons

pas demain pour retrouver notre image de marque. Charge à nous de nous positionner comme un acteur de santé public. » Titulaire dans les Hauts-de-Seine (92) « La profession est foutue. 20 % des officines vont disparaître. Les 80 % restants ? Ils seront rachetés par des groupes capitalistiques ou par Leclerc. » Titulaire dans le Nord (59)

Méthodologie : 58 titulaires interrogés entre le 28 février et le 6 mars 2014.

En partenariat avec


reportage

• Michael Zazoun, pharmacien, chroniqueur radio et créateur du concept MaPharmacie.

Néons, végétaux et médicaments

Après une première réalisation à Bastille, en 2010, le tandem Michael Zazoun, pharmacien, et José Levy, designer, récidive avec une deuxième officine au concept MaPharmacie. Dépaysement assuré.

E

n cette période de disette budgétaire, rares sont les titulaires à se lancer dans des projets architecturaux ambitieux. Michael Zazoun est de ceux-là. Un brin frondeur, insatiable touche-à-tout, ce jeune titulaire vient d’ouvrir MaPharmacie République, rue du Faubourg du Temple, dans le XIe arrondissement de Paris. Après MaPharmacie Bastille, inaugurée en 2010, c’est la seconde officine à être déclinée sous le concept imaginé avec le designer José Lévy. « On ne change pas une équipe qui gagne, commente le pharmacien, qui s’est réinstallé quatre ans après ses débuts. Je commençais à tourner en rond dans ma première pharmacie, je manquais

18 • Pharma N°111 • AVRIL 2014

Chiffres clés

• 120 m2 de surface commerciale • 2 pharmaciens • 3 préparateurs et 1 vendeuse • 150 000 € de travaux

d’espace. J’avais besoin d’un projet pour avancer. Je suis un éternel impatient : il faut que les choses bougent sinon je m’ennuie. » Fin février 2014, c’est l’inauguration, avec champagne et DJ : « Les gens ont dansé dans la pharmacie jusqu’à 5 heures du matin. Du jamais vu ! On a fait une fête d’anthologie mais on ne l’a pas volée ! » Il faut dire que cette officine a failli ne jamais voir le jour.

Vingt plans de financement refusés

En quête d’une deuxième acquisition, Michael essaime les officines… et les banques parisiennes. « La pharmacie est en crise. Ce n’est un secret pour personne mais c’est en rendant visite aux banques que l’on réalise l’ampleur des dégâts. Aucune banque ne prête plus

aux jeunes pharmaciens. J’ai dû monter une vingtaine de plans de financement. Tous refusés ! » Alors qu’il tente de convaincre les banques de financer son projet, le pharmacien entend parler d’une officine en vente pour moins d’un million d’euros à proximité du canal Saint-Martin et de la place de la République. Idéalement située, elle propose de beaux volumes avec une surface commerciale de 120 m2. « C’est bien simple, dès que j’ai franchi la porte, les idées ont fusé dans ma tête. J’ai tout de suite vu le potentiel. Pour moi, c’était l’affaire du siècle. » Et le pharmacien a du flair : juste en face, derrière des palissades, un chantier donnera bientôt naissance à un bâtiment composé d’une crèche de 66 places et de deux commerces. Une


©© photos : matthieu salvaing

avec un précieux antidote. « Le mur végétal fait beaucoup parler, reconnaît le pharmacien. On vient d’ailleurs de loin pour le voir. J’ai même eu un article sur le site Slate américain. »

Une supérette chic

Côté PLV, là encore, le tandem a frappé fort : « José ne voulait pas de PLV. Il trouve cela dégradant, inintéressant et surtout peu esthétique. Je lui ai répondu qu’il était impossible de s’en passer en pharmacie. » Le duo a donc décidé de pousser au paroxysme les codes marketing en installant les produits vedettes sur des estrades noires surplombées d’un écran led où défilent les promotions du moment. « On a baptisé cet espace Las Vegas. Les produits sont mis en avant mais sans information. Au client de faire son choix. Autre avantage : cette PLV regroupée dans un espace dédié nous permet de ne pas polluer notre vitrine. »

©© MatthieuSalvaing

formidable opportunité qu’il compte bien concrétiser… plus tard. L’urgence est d’abord de trouver une banque. Le feuilleton peut commencer… « Je venais de signer la promesse de vente mais aucune banque n’avait accepté mon projet. L’ancienne titulaire commençait à douter. Elle se demandait si elle allait vendre, prenait peu à peu conscience des possibilités commerciales du quartier… Après trois mois, toujours sans nouvelles des banques, elle est revenue sur sa décision. Nerveusement, ce fut très dur. J’étais dans un état de fatigue physique et mentale intense. J’ai finalement réussi à la convaincre de me céder son officine. Après cinq refus de la part de la même banque, mon projet a été accepté. La transaction pouvait avoir lieu. » Le projet peut alors se mettre en branle. Les plans sont réalisés en juin et les travaux débutent dès juillet. Le tandem s’est octroyé le concours des architectes Nathaniel Sibony et JeanFrançois Isse. « Tout est fait sur mesure, au millimètre ! » D’entrée, ce qui interpelle, c’est le plafond noir habillé d’une grille de néons en damier. À mi-chemin entre la boîte de nuit et un vaisseau Star Trek… Au sol, le choix s’est porté sur un marbre vert du Guatemala. Des miroirs installés aux quatre coins de l’officine reflètent le damier de néons. L’effet est troublant. Des écrans led diffusent des messages promotionnels. L’ensemble confère à la pharmacie un look futuriste, ambiance clip à la Daft Punk. Une rampe de parquet noir conduit à la zone médicaments où se tient, derrière les comptoirs, le clou du spectacle, une vaste paroi végétale qui délimite l’espace vente du stock. Le pharmacien s’y mue en chaman mystique qui plonge dans sa forêt vierge pour en ressortir

• Damier de néons, marbre vert du Guatemala... embarquez à bord de la pharmacie intergalactique.

L’espace para est donc un lieu hybride, un « concept store » qui emprunte volontiers aux codes de la parfumerie ou de la supérette chic. Pour Michael Zazoun, enfant de la télé passé par la case France 5 avec sa chronique santé dans l’émission Les maternelles, puis par M6, avec une rubrique similaire dans 100 % Mag, l’officine est « un formidable terrain d’expérimentation architecturale, à condition de s’en donner les moyens. » Est-ce son diplôme d’école de commerce (EM Lyon) qui l’a transformé en visionnaire, en défricheur de tendances ? « La rencontre avec José Lévy a été déterminante. J’ai réalisé qu’il n’y avait pas que les trois-quatre agenceurs de la pharmacie qui comptaient. Sa patte de designer soulève d’autres notions en termes d’espace, de lumière, d’accessibilité… José ose, il sort des sentiers battus, offre une relecture totale des codes de la pharmacie. C’est lui le visionnaire ». Le concept MaPharmacie est né de cette rencontre. À la base simple charte graphique, le concept s’est depuis orienté vers un projet plus global.

Se démarquer pour exister

• Le clou du spectacle ? Un mur végétal qui délimite l’espace vente du stock.

Désormais marque déposée, MaPharmacie souhaite rassurer le patient grâce à une appropriation de l’espace. « Nous sommes une profession très codifiée, un commerce de proximité très restreint dans sa communication. C’est à la fois contraignant et en même temps passionnant. Il faut trouver des astuces pour concilier modernité et expertise médicale. Je ne voulais pas faire fuir la clientèle avec un concept drugstore fourre-tout. Il s’agissait donc de retrouver l’équilibre de MaPharmacie Bastille, de bousculer les codes d’identification de la pharmacie, tout en gardant une certaine cohérence dans le parcours de nos clients ». Et le concept fonctionne… malgré quelques réticences. « Quelques clients ont été déstabilisés car l’ancienne titulaire s’était spécialisée dans les plantes médicinales. Je peux comprendre leur stupeur lorsqu’ils ont vu pousser MaPharmacie en lieu et place de leur herboristerie. Certains sont partis mais peut être reviendrontils. Ce n’est pas parce que nous évoluons dans un cadre moderne que nous ne sommes plus des professionnels de santé. Dans l’ensemble, le concept plaît. Les gens sont friands d’innovation, de modernité. » Michael Zazoun réfléchit d’ailleurs à un troisième opus parisien. Après les néons et le mur végétal, que nous réserve-t-il ? Olivier Valcke

AVRIL 2014 • Pharma N°111 • 19


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Dossier Vive les femmes Dossier

Ma petite officine connaît bien la crise Problèmes de trésorerie, redressements, liquidations judiciaires… on ne compte plus les officines en difficulté. Quelles sont celles qui ferment ? Celles qui résistent ? Quelles sont les solutions pour sortir la tête de l’eau ? Les aides dont peuvent bénéficier les pharmaciens ? Pharma fait le point. Dossier réalisé par Anne Fellmann

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Dossier

Un état des lieux inquiétant

U

ne diminution sensible des procédures de sauvegarde, une stagnation des procédures judiciaires et une légère augmentation des liquidations : tels sont les enseignements de l’étude d’Interfimo*, qui a recensé 153 procédures collectives en 2013, contre 158 un an plus tôt. « Rapporté au nombre d’officines, le taux de défaillance est de 0,7 %, alors qu’il est de 1,8 % pour les entreprises tous secteurs confondus, indique Luc Fialletout, directeur général adjoint de l’organisme. On peut donc en déduire que la pharmacie reste moins touchée ». Cette étude révèle également que, selon la cotation Banque de France, l’écart entre les plus mauvaises notes et les meilleures s’est réduit. « Depuis 2005, les premières se sont progressivement accentuées, passant de 40 à 45 %, tandis que les secondes ont diminué, détaille Luc Fialletout. Ce qui signifie

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©© bunhill – istockphoto

En 2013, le nombre de procédures collectives a légèrement diminué par rapport à 2012. Mais derrière les chiffres se cache une situation alarmante : selon l’Ordre, une officine ferme tous les trois jours en France.

que c’est ‘‘l’économie médiocre’’ qui a très nettement augmenté. En d’autres termes, l’environnement économique de l’officine n’est pas catastrophique, mais il se dégrade incontestablement ». Sans surprise, un tiers des procédures collectives est concentré là où les officines sont en surnombre et/ou se vendent le plus cher par rapport à leur Cette situation est le résultat de rentabilité : Paris et l’Île-de-France, la progression ainsi que la région Paca. Un phénomène de l’endettement que l’on retrouve dans les DOM-TOM.

et d’une économie qui repose davantage que la moyenne sur la prescription. Albin Dumas, APR

Un endettement qui progresse

Pour autant, les officines des zones rurales ne sont pas épargnées, d’autant qu’en asséchant certaines communes avoisinantes, les maisons médicales peuvent faire des dégâts. Selon une récente enquête menée par l’Association de pharmacie rurale (APR), plus des deux tiers d’entre elles ont perdu 4 % de leur chiffre d’affaires, contre la moitié en 2011. « Cette situation est

le résultat de la progression de l’endettement et d’une économie qui repose davantage que la moyenne sur la prescription, notamment des médecins généralistes », commente Albin Dumas. La santé financière des officines rurales est probablement plus fragile encore que ne le laisse entendre cette enquête car, comme le précise son président, elle s’est faite par recrutement volontaire : « Je pense que la souffrance est beaucoup plus grande. Comme on dit, les oiseaux se cachent pour mourir… » C’est exactement la même référence, quoi que d’un point de vue plus global, qu’emploie Philippe Becker, expertcomptable, directeur du département Pharmacie de Fiducial Expertise : « Derrière les procédures collectives se cachent les chiffres noirs de tous ceux qui n’y arrivent plus et qui ferment, décrypte-t-il. D’ici dix ans, on va perdre entre 1 000 et 2 000 pharmacies. On en a déjà perdu 500. C’est une réalité ». Une estimation qui rejoint celle de


Dossier Vive les femmes

l’Ordre, selon lequel une pharmacie ferme tous les trois jours en France. Philippe Besset, président de la commission Économie de l’officine de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), le constate depuis quelque temps : ce sont les officines acquises entre 2005 et 2009, c’est-à-dire la plupart du temps trop cher par rapport à la capacité de remboursement de l’acheteur, qui sont en difficulté. « Cela n’a rien à voir avec la taille », dit-il. Une analyse que partage Philippe Becker : « Avant, on observait une prévalence des petites pharmacies, mais aujourd’hui, les plus grosses sont aussi touchées ».

Un faisceau de phénomènes

Le surendettement, c’est également ce que pointe Jean-Christophe Chanjou, directeur d’Achat de pharmacie, qui, en écho aux propos de Philippe Besset, observe lui aussi que les officines les plus endettées sont celles qui se sont installées il y a trois ou quatre ans : « Le premier indicateur objectif d’une entreprise en difficulté, c’est sa trésorerie. Lorsque l’endettement est supérieur à quatre fois l’excédent brut d’exploitation, une structure n’est pas capable de rembourser. Dès l’acquisition, on sait qu’elle connaîtra des problèmes de trésorerie dans les cinq ans. Or, aujourd’hui, de 70 à 80 % des pharmacies se vendent au-dessus de cinq fois leur EBE ». Un autre indicateur, lié cette fois au comportement du titulaire, peut révéler la fragilité d’une structure. « Le métier vit une révolution culturelle, surtout

pour ceux qui sont en place, souligne le transactionnaire. De technicien de la molécule, le pharmacien est progressivement devenu gestionnaire. Il doit maintenant basculer en mode chef d’entreprise, c’est-à-dire être capable de comprendre et d’anticiper l’évolution de l’environnement, puis de définir des règles ». « C’est un faisceau de phénomènes endogènes et exogènes qui affaiblit une entreprise, jamais une cause unique, relève pour sa part Philippe Becker. En résumé, c’est une succession de raisons structurelles et conjoncturelles ». Au titre des premières, l’expert évoque « une fragilité de base », qu’il illustre par un mauvais achat cumulé au « risque dirigeant », c’est-à-dire le manque de compétences managériales et l’incapacité à gérer une masse salariale. Les secondes sont multiples : un prescripteur non remplacé, d’importants travaux de voirie qui modifient l’accès à l’officine, de mauvaises décisions… le tout dans un contexte économique incertain.

D’ici dix ans, on va perdre entre 1 000 et 2 000 pharmacies. On en a déjà perdu 500. C’est une réalité. Philippe Becker, Fiducial

Un déni de reconnaissance

« C’est comme une pathologie, reprend Philippe Becker. Si vous avez 30 ans, que vous êtes en bonne santé et que vous contractez la grippe, vous gardez le lit huit jours et vous vous en sortez. A contrario, si vous êtes immuno-déficient et/ou atteint d’une maladie grave, votre fragilité doit vous conduire à la plus grande vigilance afin de ne pas attraper le microbe ou le virus fatal. C’est toute la problématique du coup du sort négatif : il a un impact différent selon l’état de santé de l’officine ».

Rhône-Alpes et Bretagne, mêmes causes, mêmes effets Dans la presqu’île de Lyon, entre Rhône et Saône, huit officines ont disparu en dix ans. Parmi elles, la célèbre pharmacie Blanchet, la seule ouverte la nuit, fermée en novembre 2011 après… soixante-neuf ans de bons et loyaux services. Pour Bernard Montreuil, président du Syndicat des pharmaciens du Rhône, cette fermeture est emblématique de la fragilité du secteur depuis 2005 : « La région Rhône-Alpes n’est pas plus sinistrée qu’une autre. Mais la guerre des prix induite par la baisse des marges sur les médicaments, les erreurs de gestion et les niveaux d’endettement précipitent les procédures collectives. Dans les zones en surdensité comme ici, les regroupements devraient être privilégiés. Ils n’ont que des avantages en termes de valorisation des patrimoines et de mutualisation des moyens ». En Bretagne, ce sont quatorze pharmacies qui sont actuellement en redressement ou en liquidation judiciaire, avec une forte concentration dans les Côtes-d’Armor. « C’est le résultat de plusieurs années de baisse de chiffre d’affaires », relève Jacques Huguen, président de l’Ordre régional. En cause également : un trop grand nombre d’officines. « Ce sont les petites pharmacies de centre-ville, soumises à une forte concurrence, qui souffrent le plus, témoigne l’élu ordinal, qui, lui aussi, défend les regroupements. C’est l’une des meilleures solutions pour réduire les coûts, mais aussi pour garantir une qualité de service ».

Filant la même métaphore, Philippe Becker le rappelle : la moitié de la guérison est due à l’adhésion du patient au traitement. « Le déni de reconnaissance de ses responsabilités est un vrai problème, souligne-t-il. Admettre ses erreurs est un premier pas indispensable. Encore une fois, on ne peut pas traiter sans adhésion ». Il revient également sur la gradation des procédures collectives, de la moins agressive – la procédure de sauvegarde – à la plus agressive – le redressement judiciaire –, jusqu’à l’irrémédiable, la liquidation. « Plus on attend, plus c’est compliqué », dit-il. La première démarche, recommande-t-il, est le tour de table, qui consiste à mettre les créanciers en position d’écoute et de propositions. Lesquelles peuvent être des étalements de remboursement, des licenciements, etc. « C’est la situation de l’Espagne et du Portugal : le prêteur remet au pot en contrepartie d’efforts », explique-t-il. D’autres solutions – regroupement, réagencement, intégration dans une société interprofessionnelle de soins ambulatoires (Sisa) – viendront en deuxième niveau. « Je constate que, pour la plupart des cas, les chefs d’entreprise – en l’occurrence ici les titulaires – ne se rendent pas compte qu’à un moment donné, tout peut s’arrêter, conclut-il. Ils n’ont pas cette conscience. Or le risque pour les banquiers est très important. Tout comme d’ailleurs pour les grossistes-répartiteurs, qui, pendant longtemps, ont transfusé de la trésorerie ».

Un marché de l’offre

D’expérience, Jean-Christophe Chanjou a pu noter que, d’un marché de demande, le secteur de la pharmacie est passé à un marché de l’offre : « Depuis ces trois dernières années, le vendeur a perdu le pouvoir ; c’est l’acheteur qui, désormais, le détient. Il a compris que les règles avaient changé ». « Aujourd’hui, les acheteurs savent à quoi s’en tenir, approuve Philippe BesDe technicien de set. C’est vrai qu’on a perdu le droit à la molécule, le l’erreur et que, désormais, l’officine est pharmacien est devenue une petite entreprise. On ne progressivement peut plus se contenter d’être des prodevenu fessionnels de santé. Mais le métier a gestionnaire. Il de l’avenir et de très nombreuses actidoit maintenant vités sont à développer ». Bref, comme basculer en le suggère Albin Dumas, « il ne faut pas mode chef distiller le pessimisme. C’est mortifère d’entreprise. et contre-productif ». • Jean-Christophe Chanjou, Achats de pharmacie

(*) L’intégralité de l’étude est disponible sur le site www.interfimo.fr

Avril 2014 • Pharma N°111 • 23


Dossier

crise de l’officine

Les remèdes anticrise Regroupements, collaboration avec l’équipe d’une Sisa ou d’une maison de santé pluridisciplinaire, licenciements, réagencement… Quelles sont les solutions pour sortir du rouge ? Récits et témoignages.

24 • Pharma N°111 • Avril 2014

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n février 2013, une officine de centre-ville d’une grande agglomération bretonne était déclarée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce. La décision, vécue comme un couperet, est venue mettre un terme – que l’on n’espère pas définitif – à la carrière pourtant prometteuse de la jeune titulaire, aujourd’hui âgée de 37 ans. Et sonné le glas d’une première installation enthousiaste. Le seul tort de cette pharmacienne aura été d’acquérir la structure en 2008, première année d’une crise économique qui n’en finit pas. « Cette officine était en vente à un prix équivalent à 83 % de son chiffre d’affaires, racontet-elle. À l’époque, je n’avais pas trouvé le coût excessif. Il y avait de beaux rayons d’herboristerie et d’huiles essentielles. Je m’y suis formée, et j’ai généré de belles marges. Mais, progressivement, ma clientèle a fondu et, avec elle, mon chiffre. En fait, j’ai été pénalisée d’une part par la présence d’une enseigne Lafayette, qui entretient une guerre des prix contre laquelle je ne peux rien vu la petite taille de ma structure, et d’autre part par les importants travaux de voirie réalisés dans le centre-ville, qui devient de plus en plus piétonnier. Au final, les clients ne peuvent plus ni circuler, ni accéder, ni stationner. De toute façon, nous sommes trop nombreux à exercer dans cette ville ». Depuis février dernier, la jeune femme dispose de six mois supplémentaires pour trouver une solution susceptible d’éviter la liquidation judiciaire pure et simple. Entre-temps, elle a dû licencier deux préparatrices pour motif économique. Il lui reste la troisième et une assistante à mi-temps pour l’épauler. Mais elle ne se fait guère d’illusions : « Je ne vais pas rester. Je suis consciente que l’une des solutions est de vendre le bail à un autre commerce. Moi, je n’ai pas les moyens. J’ai mis tout ce que je possédais dans cette

J’ai mis tout ce que je possédais dans cette officine. On fait six ans d’études, on travaille soixante heures par semaine, on est endetté sur douze ans, avec un réétalement sur quinze, le tout pour rien... Une titulaire bretonne

officine. Psychologiquement, c’est très dur. On fait six ans d’études, on travaille soixante heures par semaine, on est endetté sur douze ans, avec un réétalement sur quinze, le tout pour rien… ». Dans un premier temps, elle envisage de repartir sur un poste de salariée « pour [se] réconcilier avec [son] métier » ; puis, à plus long terme, « pourquoi pas me réinstaller ».

> Réduire la masse salariale

À l’autre bout du pays, à Montigny-lèsMetz (Moselle), la pharmacie tenue par Jean-Jacques Serrier, l’une des plus grosses de l’agglomération messine – elle réalise un chiffre d’affaires

de 20,6 M€ et emploie 57 salariés –, a connu d’importantes difficultés, obligeant là encore son placement en redressement judiciaire, avec une première période d’observation de six mois. C’était le 20 novembre 2013. Au cours de quatre exercices consécutifs, l’activité avait pourtant augmenté de manière significative. Mais, en 2009, un mauvais investissement a signé le début de la chute : « J’ai acquis un automate peu performant dont le coût mensuel et de maintenance équivalait à quatre salaires. Petit à petit, la pharmacie ne faisant plus de résultats, je suis entré dans la spirale infernale des impayés. Malheureusement, aucune


Dossier Vive les femmes

source de financement bancaire classique n’a pu être mise en place. Ce qui peut être absorbé plus facilement pour une petite structure l’est plus difficilement pour une grande, qui doit notamment faire face à une masse salariale plus conséquente ». C’est donc à ladite masse salariale que Jean-Jacques Serrier s’est attaqué en premier. Le 21 mars dernier, la procédure des départs volontaires a été clôturée et un plan social, mis en place. Pour le pharmacien, la priorité est de poursuivre l’activité pour retrouver une situation bénéficiaire.

> Développer des activités

Troisième cas de figure : l’absence de prescripteur. C’est ce qui arrive à Guy Christelle depuis plus d’un an maintenant. Installé depuis près de trente-cinq ans à Pure, un village des Ardennes proche de la Belgique, ce titulaire, qui est aussi délégué national de l’Association de pharmacie rurale (APR), a « perdu » son prescripteur en janvier 2013. Un départ qui a eu des effets dévastateurs : 2 000 passages en moins. « L’érosion est heureusement terminée, sourit-il aujourd’hui. Depuis le début de cette année, je regagne des clients. Mais malgré ce regain, mon chiffre d’affaires continue à souffrir de la diminution des prescriptions et des prix des médicaments ». Spécialiste reconnu en mycologie, diplômé en orthopédie et en pharmacie vétérinaire, Guy Christelle a

récemment redéveloppé certaines activités qui lui permettent de maintenir un certain niveau d’activité. Il a aussi trouvé un autre remède : multiplier les services à la clientèle. « Je suis de plus en plus sollicité pour les premiers soins et les prises de tension. Mais ces actes sont évidemment gratuits. C’est pourquoi je défends, en ma qualité de membre de l’APR, un système de primes spécifiques pour les pharmacies isolées qui ont perdu leur médecin ».

> Promouvoir une maison de santé

« Ce n’est pas en fermant des pharmacies que l’on va faire des économies ». Fort de cette conviction, Stéphane Barbier se bat depuis deux ans pour la réouverture de l’officine de La Pouëze, commune de 1 850 habitants située à une vingtaine de kilomètres d’Angers (Maine-et-Loire). Après avoir essuyé deux refus de l’ARS au motif que le bourg ne compte pas les 2 500 habitants requis, le pharmacien, soutenu par le maire, reste déterminé : « On peut rouvrir une pharmacie dans une commune de moins de 2 500 habitants si l’on prouve que l’ancienne desservait plus de 2 500 habitants, ce qui est le cas », explique-t-il. Il a donc déposé une première plainte contre la direction de l’ARS pour discrimination et entrave à l’exercice d’une profession, et il en a rédigé une seconde destinée à la cour de justice européenne : « Avec la jurisprudence communautaire, qui

Depuis le début de l’année, je regagne des clients. Mais malgré ce regain, mon chiffre d’affaires continue à souffrir de la diminution des prescriptions et des prix des médicaments. Guy Christelle, titulaire

Coup de jeune, coup de boost Dans certains cas, le simple rafraîchissement d’une officine peut suffire à relancer une activité déclinante. C’est ce à quoi s’attellent régulièrement Vanessa Pezzotta et Marie Jacq, consultantes-formatrices en merchandising et optimisation du point de vente chez Praxipharm. « Avec un petit budget, on peut changer l’image d’une pharmacie et agir sur le dynamisme des ventes, disent-elles. Mais un nouvel habillage n’a de sens que s’il a été mûrement réfléchi en amont ». « Baisse de fréquentation dans les officines, activité au ralenti… Cela laisse au titulaire du temps pour réfléchir et se poser les bonnes questions afin de bâtir son projet d’entreprise, poursuivent-elles. Définir précisément ses objectifs, établir son plan de formation, confier à ses collaborateurs des responsabilités conformes à leurs goûts et à leurs compétences, mettre en place de nouvelles activités et une offre différenciante, c’est motivant et fédérateur. Mais surtout, il faut éviter de parler de crise et garder le sourire ! Seulement après, il peut travailler à son attractivité ». Laquelle passe en premier lieu par la vitrine, élément de communication à part entière qui permet de retranscrire ce qui est développé à l’intérieur du point de vente. Le titulaire devra ensuite, de préférence avec l’aide d’un regard extérieur, faire un diagnostic du merchandising et, si nécessaire, changer la signalétique, voire l’éclairage, remplacer le revêtement de sol, ou ajouter quelques éléments de mobilier pour y présenter nouveautés et promotions. Bref, donner à son officine un coup de jeune salutaire sans engager des moyens financiers considérables (voir notre rubrique « Merchandising » par ailleurs).

Petit à petit, la pharmacie ne faisant plus de résultats, je suis entré dans la spirale infernale des impayés. Et aucune source de financement bancaire classique n’a pu être mise en place. Jean-Jacques Serrier, titulaire

proscrit toute entrave administrative à l’installation de services et qui s’impose aux normes françaises, je suis sûr de mon bon droit et vous garantis que j’aurai ma licence ». Le combat de Stéphane Barbier semble d’autant plus légitime que son idée est dans l’air du temps. Avec le maire, il projette en effet de monter, à La Pouëze, une maison médicale de santé privée financée par la commune associant la pharmacie et deux cabinets médicaux avoisinants qui, en échange, y assureraient des vacations.

> Favoriser les regroupements

L’interprofessionnalité est un modèle que défend également Bruno Sidi, titulaire à Castres (Tarn) et membre de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS). « Le point de départ est d’apporter une réponse aux problèmes de démographie médicale, pour arriver au concept d’organisation des soins sur un territoire, explique-t-il. Les maisons et pôles de santé interviennent donc sur un triple registre : au niveau micro-territorial, où une équipe de soins primaires travaille en coordination autour d’un projet de santé établi à partir d’un diagnostic terrain ; au niveau territorial, où il ne faut pas rester dans les murs mais créer des liens avec des structures et les professionnels de santé qui sont autour (Ehpad, pharmaciens, hôpital de proximité) ; au niveau du bassin de santé, avec des unités de production de soins coordonnées ». Pour Bruno Sidi, ce modèle a malgré tout ses limites, surtout en temps de crise. « L’interprofessionnalité est avant tout une amélioration du parcours de soins du patient, ce qui n’a qu’une incidence à la marge sur le bilan du pharmacien, commente-t-il. De la même manière, les maisons médicales pluridisciplinaires, soi-disant censées lutter contre la désertification médicale et conçues pour rationaliser et sécuriser, risquent aussi de devenir des aspirateurs à professionnels de santé et d’isoler encore plus certains pharmaciens des zones rurales. Quant aux sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (Sisa), elles sont en phase de démarrage et doivent être encore adaptées pour accueillir les pharmaciens. Il n’en reste pas moins que, si une maison de santé est en gestation sur son territoire, le pharmacien doit s’y intéresser, surtout si elle peut favoriser un regroupement ». •

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qualité

Mieux conseiller, mieux manager, se perfectionner… si les pharmaciens ont une obligation de formation continue via le DPC, ils peuvent faire plus. À condition de savoir où chercher et de connaître les financements. Partie 1 : le financement des formations pour les employés de la pharmacie d’officine

Q

ue vous soyez titulaire, adjoint ou préparateur, vous êtes soumis à une obligation de formation continue. Cette obligation, formalisée par le DPC, ou développement professionnel continu, vous impose de suivre au moins un programme par an, dispensé par un organisme agréé. Mais rien ne vous oblige à vous limiter à une formation par an. Les professionnels l’ignorent parfois, mais ils disposent de budgets pour se former, que ce soit dans le cadre du DPC ou en dehors. Concernant la formation des employés de l’officine

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– adjoints, préparateurs, apprentis, vendeurs, rayonnistes –, c’est Actalians qui est responsable de la gestion des contributions dédiées à la formation. Pharma fait le point sur ces enveloppes et la façon de les utiliser.

> Actalians, un acteur incontournable

Organisme paritaire collecteur agréé, Actalians (ex-OPCA-PL) rassemble dix-neuf branches, qui lui confient leurs contributions formation, dont celle de la pharmacie. Deux types de contributions sont gérées : l’une pour le plan de formation des entreprises, l’autre pour la professionnalisation (qui sert notamment à financer les contrats et les périodes de professionnalisation). Les contributions collectées auprès des entreprises des différentes branches sont mutualisées puis redistribuées sur la base de modalités

décidées par le conseil d’administration. Barèmes et modalités sont définis chaque année par la branche professionnelle en fonction d’un prévisionnel de ressources.

> Plan de formation et DIF

Deux enveloppes existent pour financer la formation continue des salariés

Actalians en bref • Organisme paritaire collecteur agréé • Gère 19 branches • Administré par un collège employeur et un collège salarié • Siège social à Paris et conseillers répartis sur tout le territoire • 39 000 formations prises en charge en 2013 pour la branche de la pharmacie d’officine


Glossaire DPC : développement professionnel continu OGDPC : organisme gestionnaire du DPC, en charge de l’agrément des organismes de formation ODPC : organisme de formation agréé par l’OGDPC OF : organisme de formation DIF : droit individuel à la formation. C’est à la fois un dispositif et une modalité, correspondant à un nombre d’heures cumulées chaque année par le salarié, et qu’il peut utiliser pour se former à son initiative et après accord de l’employeur. Dès 2015, le DIF sera remplacé par le compte personnel de formation (CPF) Plan de formation : recouvre des actions d’adaptation et de développement de compétences mises en place à l’initiative de l’employeur. Subrogation : dispositif permettant de dispenser l’employeur de faire l’avance des frais pédagogiques. Ceux-ci sont réglés par Actalians à l’organisme de formation.

de l’officine : le plan de formation et la professionnalisation. Le premier recouvre des actions d’adaptation et de développement de compétences, qui sont mises en place à l’initiative de l’employeur. En général, il s’agit de formations courtes. Par exemple, un enseignement en management de quelques jours suivi par toute l’équipe rentre dans le cadre du plan de formation. La seconde recouvre, elle, les contrats de professionnalisation (BP de préparateur), les diplômes universitaires (DU)… Il s’agit donc généralement de formations de longue durée, telles que la formation d’un BP. À noter que la professionnalisation sert aussi à financer le DIF prioritaire (actions courtes concernant un seul salarié). En pratique, pour les employés de l’officine, la prise en charge des formations effectuées passera par le plan de formation ou par le DIF. Ce dernier est une modalité correspondant à un nombre d’heures que chaque collaborateur cumule chaque année (24 heures pour la pharmacie), et qu’il peut utiliser en prenant l’initiative au sein de l’entreprise. Les heures de DIF peuvent être affectées, si l’employeur est d’accord, à de la formation et financées dans le cadre du plan de formation ou sur les fonds de la professionnalisation. Ainsi, à titre d’exemple, si une formation en aromathérapie est suivie par tous les collaborateurs, elle entrera dans le cadre du plan de formation. Si elle ne concerne qu’un collaborateur, à sa demande, c’est un DIF prioritaire. À noter : le DIF sera remplacé l’an prochain par le compte personnel de formation, en vertu de la nouvelle loi sur la formation professionnelle.

Barèmes Que la formation entre dans le cadre du DPC ou non, elle peut être prise en charge par Actalians si elle entre dans les barèmes et modalités définis.

LE SALARIÉ DE L’OFFICINE VEUT SUIVRE UNE FORMATION… Dans le cadre de son DPC

En dehors du cadre du DPC

En discuter avec l’employeur

Se rendre sur https://www. ogdpc.fr/ogdpc/programmes pour choisir le programme, en accord avec l’employeur et selon un thème pris en charge par Actalians

Choisir un organisme de formation et un programme, en accord avec l’employeur et selon un thème pris en charge par Actalians

Définir si la formation entre dans le cadre du plan de formation ou du DIF

Pour savoir si la formation choisie sera prise en charge, il est possible de joindre Actalians en amont du projet

S’inscrire directement auprès de l’ODPC

S’inscrire directement auprès de l’organisme de formation (OF)

Pour savoir si l’organisme de formation a un accord de subrogation avec Actalians (dispensant de faire l’avance des frais pédagogiques), appeler l’organisme de formation

L’employeur remplit sur le site Actalians la demande de financement. Joindre le programme de formation et la convention de formation. En cas de subrogation de paiement, c’est l’OF ou l’ODPC qui constitue le dossier

Suivre la formation

Une fois la formation terminée, envoyer à Actalians la demande de remboursement, avec facture et attestation de présence. En cas de subrogation de paiement, Actalians rembourse les frais annexes (les frais pédagogiques étant payés directement à l’OF ou à l’ODPC)

L’ODPC délivre une attestation de DPC. C’est le Cnop qui valide le DPC des pharmaciens adjoints. Le titulaire vérifie pour sa part que ses collaborateurs préparateurs ont satisfait à leur obligation de DPC

Pas d’obligation particulière

Avril 2014 • Pharma N°111 • 27


qualité

> Quelles sont les formations prises en charge ?

Actalians finance des formations imputables ayant un rapport avec l’officine. Des barèmes et des priorités sont établis pour chaque branche. Ces barèmes couvrent à la fois des actions prioritaires, orientées vers les spécificités de l’officine (pathologies, conseil, ordonnance…), et des formations plus transverses (management, langues étrangères, bureautique…). Et le DPC ? Celui des adjoints et des préparateurs sera pris en charge, comme leurs autres formations, dans le cadre du plan de formation ou du DIF. La seule condition demeure qu’elle entre dans le cadre des priorités définies par la branche professionnelle. Ainsi, si un titulaire envoie ses collaborateurs suivre une formation « Conseil lié à la prescription » et qu’elle entre dans le cadre du DPC (formation délivrée par un ODPC), les collaborateurs auront satisfait à leur obligation de DPC pour l’année et la formation sera prise en charge par le plan de formation. Ce titulaire a également intérêt, pour la qualité du service fourni à sa clientèle, mais aussi pour fidéliser et valoriser ses collaborateurs, à ne pas se limiter à cette seule obligation. Il peut ainsi choisir de proposer d’autres

formations, dans le cadre du DPC ou non. Les salariés désireux de progresser ont également tout intérêt à demander à suivre une ou plusieurs formations qui entreront dans le cadre du DIF, ici aussi, que l’organisme de formation soit agrée ODPC ou non.

> Montant des prises en charge

Dans le cadre du plan de formation, la prise en charge comprend les frais pédagogiques, et éventuellement la prise en charge forfaitaire des salaires et des frais annexes. Les plaquettes d’Actalians indiquent dans le détail ces différents postes (à télécharger sur www.opcapl.com/services/iso_album/ fiche_dispositifs_pharmacies.pdf). Ainsi, les actions de développement de compétences traitant de délivrance du médicament sont prises en charge à hauteur de 240 € par jour pour des durées allant de un à quatre jours, avec prise en charge des salaires et frais annexes. Les formations de merchandising sont, elles, prises en charge à hauteur de 200 € par stage, pour une durée maximale d’un jour, sans prise en charge des salaires ou frais annexes. Les diplômes universitaires à spécialisation pharmaceutique peuvent être pris en charge à hauteur de 20 € de

l’heure, pour 170 heures au maximum. S’y ajoutent une prise en charge forfaitaire du salaire (10 € de l’heure) et une prise en charge des frais annexes. Dans le cadre du DIF, qui permet de suivre une formation (mais aussi de réaliser un bilan de compétences ou une validation des acquis de l’expérience, VAE), le salarié peut bénéficier d’une prise en charge des frais pédagogiques à hauteur de 35 € de l’heure, avec un maximum de 28 heures, pour des formations liées au cœur de métier. Pour les formations prioritaires interprofessionnelles (bureautique, langues étrangères…), la prise en charge des frais pédagogiques va de 30 à 50 € de l’heure pour 21 à 100 heures, selon les thématiques. À noter : les entreprises de plus de dix salariés bénéficient de modalités spécifiques, avec une attribution budgétaire qui dépend de leurs versements « Plan de formation ». Amélie Baumann-Thiriez Le mois prochain : le financement des formations pour les titulaires

Liens utiles

> www.emploi.gouv.fr/dispositif/comptepersonnel-formation-cpf > www.opcapl.com/services/iso_album/ fiche_dispositifs_pharmacies.pdf > www.ogdpc.fr/ogdpc/programmes

Des formations de qualité pour l’officine !

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Patients asthmatiques, des entretiens gagnants Découverte d’une méthode de suivi de l’asthme élaborée par deux officinaux et axée sur la réalisation d’objectifs précis et l’implication du patient.

Grâce à la spirométrie graphique et à une méthodologie précise, nos entretiens permettent aux patients de mieux se rendre compte de leur état, de visualiser les améliorations et de renforcer leur motivation. Baptiste Cubille, étudiant en pharmacie

Une méthodologie précise

Sylvie, 43 ans, asthmatique, suit un traitement substitutif aux opiacés, fumeuse (1 paquet par jour) Traitement Seretide 500/50 1 dose matin, midi et soir Montelukast 10 mg 1 comprimé par jour Ventoline si besoin

> 1er cas

Gérard, 74 ans, asthmatique et hypertendu Traitement Symbicort 400 2 fois par jour Spiriva Respimat 2 fois par jour

Cette femme se plaint d’une gêne respiratoire importante. La spirométrie révèle une baisse très élevée du DEP. En dialoguant, elle nous indique privilégier son traitement de crise plutôt que son traitement de fond (Seretide) et ne le prend pas correctement. En revanche, elle n’envisage pas d’arrêter de fumer mais s’engage à diminuer sa consommation. Nous lui remettons un calendrier pour suivre son plan de prise et lui donnons rendez-vous le mois suivant. Là, nous constatons une première amélioration de ses capacités respiratoires (DEP de 11 à 42 %). L’inobservance a été diminuée mais reste importante. Nous décidons avec la patiente de continuer la mise en place du plan de posologie afin d’accroître encore les résultats.

Ce patient présente une difficulté respiratoire récurrente et une fatigue rapide à l’effort. Une première spirométrie indique un résultat inférieur de la DEP par rapport au patient référent (âge, poids, taille, sexe), témoignant de la présence d’une obstruction bronchique (voir dessin ci-dessous). En présentant les résultats « graphiques » au patient, celui-ci se rend mieux compte de son problème clinique. En lui demandant son plan de prise, nous mettons en évidence une seule prise quotidienne de Symbicort au lieu de deux. Après avoir remis un plan de prise précis et un objectif de respect de celui-là, le patient revient au bout d’un mois contrôler sa capacité pulmonaire. Les résultats témoignent d’un retour à la normale des valeurs de spirométrie et une amélioration significative de l’état général (voir dessin).

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Dr Yves Michiels, faculté de pharmacie de Dijon, et Baptiste Cubille, étudiant en 6e année, faculté de pharmacie de Dijon

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L’entretien, d’une durée de 15 minutes en moyenne, débute par la mise à jour du dossier patient regroupant les données et les paramètres biologiques nécessaires au bon suivi (âge, poids, taille, historique médicamenteux, antécédents de crises, allergies connues…). Un test de qualité de vie peut également être réalisé par la suite, permettant d’apprécier l’état du patient vis-à-vis de sa pathologie (test MiniAQLQ). Une lettre est transmise au médecin traitant au premier entretien, lui expliquant le but de cette démarche selon les axes suivants : renforcement de l’observance, diminution de l’iatrogénie, gestion et administration optimales des dispositifs inhalés avec un

> 2e cas

support écrit ou vidéo (http://educlic. tmes.fr/menupneumo.html), facteurs environnementaux du lieu d’habitation et habitudes de vie. Pour illustrer cette méthodologie, voici deux cas marqués par une inobservance importante détectée.

Temps (s)

C

ontrairement aux AVK, les entretiens du patient asthmatique se caractérisent davantage par une symptomatologie de saison (de mars à septembre), nécessitant une fréquence d’entretiens plus rapprochée sur cette période. Dans notre officine, nous avons mis en place une étude de faisabilité de ces entretiens, dénommés « Express ». Elle se traduit par l’emploi d’un spiromètre électronique mesurant les principaux paramètres utilisés en pneumologie, à savoir le volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) et le débit expiratoire de pointe (DEP). Cet entretien « Express » vient en complément de la dispensation mensuelle habituelle en ciblant précisément les difficultés exprimées par le patient ou détectées par le pharmacien. L’accent est mis sur la réalisation d’objectifs précis et définis (bonne réalisation du plan de prise, motivation intrinsèque du malade…). Une spirométrie est réalisée à intervalles réguliers afin de valider cliniquement les résultats des actions mises en place par le patient et le pharmacien sur un graphique imprimable.

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Merchandising

Réagencement à petit prix s rè p a

©© photos D.R.

T AN V A

avis « À l’extérieur, le changement d’enseigne et l’habillage de la façade améliorent la visibilité et ont attiré de nouveaux clients, de l’experte comme l’a rapidement constaté l’équipe. »

le cas

Gaétane Lepigeon,

G

aétane Lepigeon a de la suite dans les idées. Cette jeune pharmacienne s’est installée il y a deux ans dans l’officine dans laquelle elle exerçait comme remplaçante : « J’ai un attachement fort pour cette pharmacie. Une fois aux commandes, j’ai eu envie de me la réapproprier, de la moderniser ». Une rénovation qu’elle entend

T AN V A

15 000 e

C’est le budget dépensé par Gaétane Lepigeon pour l’ensemble de ses travaux

toutefois mener avec un petit budget, avec l’expertise d’un diagnostic merchandising réalisé par un prestataire exterieur, partenaire de son groupement. « Je venais de m’installer. Ce n’est pas la meilleure période pour se lancer dans des travaux coûteux, nous confie-t-elle. J’avais une enveloppe de 15 000 € à ne surtout pas dépasser !»

Une touche féminine

Six mois après son installation, la

ès r ap

titulaire à Paulx (44)

Rénover sa pharmacie avec un budget réduit, une mission impossible ? Pas pour Gaétane Lepigeon, titulaire en LoireAtlantique, qui, à coup de système D et d’énergie, a modernisé son officine. Illustration.

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avis « Après un audit de son officine et une formation au merchandising, Gaétane a revu l’organisation de de l’experte ses linéaires pour optimiser l’implantation de ses produits au regard des parts de marché. »


s rè p a

T AN V A

« Les comptoirs ont été habillés de manière astucieuse, avec un adhésif. Ils arborent un look avis de l’experte plus contemporain et présentent les nouveautés et produits de saison. Des choix judicieux car l’atmosphère a considérablement gagné en luminosité et attractivité. »

titulaire s’attaque à la façade. Un agenceur se charge de la moderniser. « On voulait quelque chose de plus chaleureux, de facilement identifiable. Le résultat correspond tout à fait à notre cahier des charges ». Une ligne rose fuchsia traverse, comme un coup de pinceau, le panneau gris central. La couleur rose revient à l’intérieur, au niveau de la signalétique et des étagères. « C’est ma touche féminine ! Je voulais quelque chose d’assez épuré et en même temps de joyeux. Je suis une jeune maman. Peut-être qu’inconsciemment j’avais envie que les autres mères de famille se sentent à l’aise dans ma pharmacie ». Si Gaétane Lepigeon a délégué volontiers l’extérieur à une équipe de spécialistes , elle a souhaité gérer les travaux à l’intérieur de son officine : « J’ai la chance d’avoir un mari bricoleur. Nous sommes allés dans une grande surface de bricolage et, en une après-midi, nous avions les matériaux nécessaires pour refaire l’intérieur. »

Des idées et de l’huile de coude

De retour à la pharmacie, c’est le système D qui prime. Au sol, la pharmacienne installe des lames auto-adhésives grises imitation parquet à 16 € le mètre carré. « C’est simple et

rapide à mettre en œuvre. Les lames vinyles donnent l’illusion d’un parquet en bois avec une grande facilité d’entretien. ». Côté mobilier, Gaétane Lepigeon ne trouve pas son bonheur chez ce spécialiste du bricolage. Elle revient donc aux meubles existants, les dépoussière, les déplace… Objectif ? Exploiter au maximum la surface de vente : « Notre espace est assez restreint, il nous fallait donc des meubles discrets, qui ne prennent pas trop de place ». Si elle conserve les comptoirs existants,

En cherchant un peu on trouve de tout sur internet. Avec un peu d’imagination et beaucoup d’esprit pratique, on peut faire de belles choses.

elle les diminue, les rafraîchit et les complète avec des colonnes transparentes dénichées sur Internet pour les achats d’impulsion. Et pour la gondole vitrée transparente qui trône dans l’espace de vente, c’est sur Leboncoin.fr que la pharmacienne en a fait l’acquisition. « En cherchant un peu, on trouve vraiment de tout en ligne. C’est de la débrouillardise ». Adhérente au groupement Unipharm, elle bénéficie aussi de l’expertise d’un diagnostic merchandising réalisé par la société Praxipharm. Si la pose du sol n’a duré qu’un weekend, le reste des travaux s’est étalé sur un an. « Le manque à gagner est tel que je ne voulais pas fermer l’officine pendant les travaux. On s’est adapté mais la fréquentation n’a pas été impactée. Pour les travaux de façade, il y a un petit côté mystérieux. Pour l’intérieur, c’est plus compliqué. Il faut bien veiller à tout nettoyer, à ne pas gêner l’accueil des patients. On travaillait les soirs de garde. C’est bien simple, pendant une année, nous n’avons pas arrêté. »

Une clientèle plus que satisfaite

La reconnaissance est également perceptible au niveau de la clientèle. On se presse ainsi pour voir cette « nouvelle » pharmacie. Chacun y va de son commentaire. « Rien ne vaut la satisfaction des clients. Ici, tout le monde se connaît. Les nouvelles vont vite. Les gens n’ont pas attendu la fin des travaux pour venir nous voir, nous encourager. C’est une source d’énergie. Malgré la fatigue et les périodes de stress, avec le recul, je ne regrette pas d’avoir opté pour le système D. Si c’était à refaire, je referais exactement pareil. » Olivier Valcke

Avis d’experte Vanessa Pezzotta, experte en merchandising et relooking officine

« Un relooking astucieux et efficace » « Cette pharmacie s’est offert une nouvelle identité pour une somme tout à fait raisonnable. En choisissant d’installer une signalétique plus actuelle et de faire poser un autre revêtement de sol, Gaétane Lepigeon a considérablement modifié l’ambiance de son officine. Ses choix de couleurs et de matériaux traduisent bien sa volonté de créer un univers sobre et moderne, qui lui ressemble. Les résultats ont été immédiats puisque les ventes de parapharmacie ont augmenté, tout comme les achats d’impulsion. Au final, un relooking réalisé avec un faible investissement pour de grands résultats. »

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Lu pour vous

Revue de presse scientifique Chaque mois, nous vous proposons une synthèse des articles marquants parus Par Julien Boyer, pharmacien hospitalier dans la presse spécialisée du monde entier.

Accoucher dans l’eau n’est pas sans risques Immersion in Water During Labor and Delivery

L

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es futures mamans sont de plus en plus nombreuses à désirer donner la vie le plus naturellement possible. La mise au monde dans l’eau, sans péridurale, permettrait de raccourcir le temps d’accouchement et de réduire les douleurs. C’est une pratique qui se

développe outre-Atlantique mais reste marginale en France. À juste titre d’après une étude menée par l’Académie américaine de pédiatrie et le Collège américain des gynécologues-obstétriciens. L’étude rappelle d’abord qu’il n’existe aucune preuve que l’immersion lors de la première phase du travail améliore les résultats périnataux. Elle peut, au mieux, être bénéfique pour détendre la maman. Le rapport précise que 12 % des bébés nés dans l’eau aux ÉtatsUnis ont dû être hospitalisés d’urgence. Des cas d’infections ont été rapportés, dues à des micro-organismes libérés par la mère dans l’eau, via les selles ou les saignements. D’autre part, la régulation de la température du nourrisson se montre plus complexe, entraînant un risque d’hypothermie supérieur. Le danger le plus sérieux provient de l’inhalation d’eau, qui peut générer une détresse respiratoire et, dans le pire des cas, une noyade de l’enfant. En conclusion, le rapport estime que cette pratique doit être déconseillée. Elle devrait être limitée au cadre expérimental et réalisée dans le cadre d’un essai clinique et avec une sélection rigoureuse des candidates. • • Pediatrics, publication en ligne du 20 mars

Ligature des trompes : est-ce réversible ? Female sterilization and refertilization ux Pays-Bas, la stérilisation à visée contraceptive est largement utilisée, avec environ 10 000 interventions par an. Néanmoins, certaines femmes peuvent, à plus ou moins long terme, changer d’avis et consulter pour un projet de grossesse. Mais après stérilisation, quel taux de fécondité peut-on espérer ? L’étude rétrospective néerlandaise menée sur 966 femmes, âgées de 37 ans en moyenne et ayant opté pour une ligature des trompes par pose de clips entre 2002 et 2012, montre que la méthode est réversible dans la majorité des cas. Sur ces 966 femmes, 19 ont regretté leur décision (âge médian au moment de la stérilisation : 27 ans) et ont demandé une réparation chirurgicale afin de rétablir leur fécondité. Le délai médian entre la stérilisation et la réparation était de 65 mois. Après la reperméabilisation, sur un suivi de sept ans, 12 patientes, soit 63,2 %, ont été enceintes : neuf ont mené à bien leur grossesse, deux ont fait une fausse couche et une, une grossesse extra-utérine. Un succès relatif qu’il faut toutefois moduler en fonction de l’âge puisque ces patientes étaient encore jeunes au moment où la réparation a eu lieu. À noter que, dans cette cohorte, la méthode de stérilisation était, dans 99,7 % des cas, la ligature des trompes avec pose de clips. Les résultats ne seraient probablement pas

32 • Pharma N°111 • avril 2014

valables avec les nouvelles techniques de pose de micro-implants dans les trompes par voie hystéroscopique, très difficilement réversible. • • European Journal of Obstetric Gynecology and Reproductive Biology, publication en ligne du 4 février

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A


ȵȵ Gare à la cuisson des aliments

Preconception stress increases the risk of infertility: results from a couple-based prospective cohort study – The life study

D

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ans une étude de l’université Ohio State (États-Unis), 501 américaines âgées de 18 à 40 ans ont été suivies pendant douze mois – ou jusqu’à ce qu’elles deviennent enceintes. Tous les témoins commençaient à essayer de concevoir un enfant et ne présentaient aucun problème de fertilité connu. Par la suite, les échantillons de salive de 373 femmes ont été analysés par les chercheurs afin d’identifier le taux de cortisol et d’alpha-amylase de chaque

Cuits trop brutalement ou à trop forte température, certains aliments pourraient apporter des produits de glycation avancée (AGE), tels que l’acrylamide, soupçonnés d’être cancérigènes et neurotoxiques. Huit aliments seraient responsables de 80 % des apports en acrylamide : frites, frites au four, croustilles de pomme de terre, céréales, pain grillé, biscuits, pain blanc et café. Les spécialistes conseillent donc de privilégier les basses températures (moins de 120 °C) et les cuissons à l’eau, à la vapeur ou au micro-ondes.

participante. Ces deux éléments sont des biomarqueurs connus de stress. Les résultats montrent que les femmes présentant un niveau élevé d’alpha-amylase avaient 29 % moins de chances de tomber enceintes que celles ayant un faible niveau de ces biomarqueurs. Et deux fois plus de risques d’être infertiles. Grâce à cette découverte, les scientifiques comprennent mieux pourquoi certaines femmes parviennent à tomber enceintes après plusieurs mois, voire années, lorsque l’angoisse de l’échec ou d’élever un enfant les quitte enfin. Voire celles qui tombent enceintes après avoir adopté. Les auteurs conseillent donc aux femmes souhaitant concevoir un enfant d’exercer une activité favorisant la réduction du stress, telle que la méditation ou le yoga. Des pratiques qui peuvent être suivies pendant la grossesse… • • Human reproduction,

ȫȫ Académie nationale de pharmacie, communiqué du 20 mars

ȵȵ L’extrait d’épinard pour les p’tits creux Des chercheurs ont observé quinze volontaires qui ont bu de l’extrait d’épinard dilué tous les matins. Ils ont ressenti une sensation de satiété plus forte que ceux du groupe contrôle, n’ont pas craqué devant les sucreries en journée et réussi plus facilement à s’en tenir à trois repas par jour. À noter : manger des feuilles d’épinard n’est pas suffisant ; il faut les broyer, filtrer et centrifuger, pour en libérer les thylakoïdes, puisque notre corps ne peut les séparer des épinards frais directement.

publication en ligne du 23 mars

Des anti-inflammatoires contre les bactéries DNA Replication is the Target for the Antibacterial Effects of Non-Steroidal Anti-Inflammatory Drugs i les effets des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont bien connus, des chercheurs australiens ont découvert qu’ils sont également capables d’avoir un effet antibiotique en agissant sur la réplication de l’ADN des bactéries. Pour ce faire, ils ont testé trois anti-inflammatoires : le bromfénac, utilisé dans les collyres anti-inflammatoires, le carprofène et le védaprofène, indiqués pour le traitement de l’arthrite chez les chiens. Les auteurs ont découvert que les trois principes actifs se lient à une partie proche de l’ADN des bactéries, celle qui sert normalement à la réparation et à la réplication de l’ADN, appelée DNA clamp (pince d’ADN). Cette fixation permet d’inhiber une enzyme (l’ADN polymérase) qui synthétise les molécules d’ADN à partir de nucléotides. En interférant comme cela, les chercheurs ont déjà montré en laboratoire que les anti-inflammatoires pouvaient tuer des bactéries Escherichia Coli.

L’effet bactéricide des anti-inflammatoires étant différent de celui des médicaments classiques, cela signifie que les AINS pourraient être développés afin de devenir des antibiotiques d’un nouveau genre, efficaces contre les bactéries résistantes. Mais il faudra des essais cliniques pour confirmer si l’on peut en tirer parti pour la santé humaine.• • Chemistry & Biology, vol. 285, pp. 9 642-8

ȫȫ Appetite, publication en ligne du 10 mars

ȵȵ Allaitement et QI

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S

en bref

Infertilité, le stress en cause

Il existe une relation positive entre l’allaitement pendant trois mois ou plus et les compétences de l’enfant en lecture, vers l’âge de 4 ans, mais ce lien est le résultat de comportements parentaux et de niveaux d’éducation plus élevés, en général. En fait, les auteurs n’identifient que peu de relation directe entre les pratiques d’alimentation testées et le développement des enfants. En revanche, les comportements associés, comme une sensibilité élevée aux signaux émotionnels et le temps passé à lire optimisent la progression du cerveau de l’enfant, sur la période décisive de 2-3 mois à 4 ans. ȫȫ Journal of Pediatrics, vol. 164, pp. 487-93

Avril 2014 • Pharma N°111 • 33


thérapeutique

Suivre et traiter l’asthme de l’enfant

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Maladie chronique, l’asthme doit être évoqué non seulement devant la survenue d’exacerbations, mais aussi de symptômes de la vie quotidienne. L’objectif du traitement ? Une vie « normale », tout simplement.

U

ne démarche diagnostique rigoureuse et un suivi régulier permettent dans la très grande majorité des cas de contrôler l’asthme avec une pression thérapeutique modeste. Les objectifs et les modalités du traitement ont été clarifiés. La prise en charge repose sur un partenariat entre le spécialiste, qui complète le diagnostic et le suivi par la réalisation d’examens (explorations fonctionnelles respiratoires, tests allergologiques, recherche d’un diagnostic différentiel), et le médecin généraliste, qui contribue au dépistage, à l’initiation et à la continuité du traitement. Le suivi est centré sur l’évaluation régulière du contrôle et l’identification/anticipation des périodes à risque. C’est ici que le pharmacien d’officine a toute sa place : dans l’accompagnement

34 • Pharma N°111 • avril 2014

et le suivi du petit patient asthmatique. Bien que l’avenant fixant les modalités de suivi du patient dans le cadre de l’entretien pharmaceutique se fasse encore attendre, il est certain que l’évaluation du contrôle de l’asthme, de l’observance et du bon usage des dispositifs médicaux en seront les points clés.

1 L’asthme est la première pathologie chronique chez l’enfant. Il touche environ 10 % des enfants.

> Définir les symptômes et évaluer le contrôle

• Analyser les manifestations de l’asthme et leur fréquence – Sifflements, épisodes de gêne, mais aussi toux d’hyperréactivité bronchique (rire, excitation, météo : brouillard, grand froid…). – Les symptômes nocturnes traduisent un asthme actif, non contrôlé, justifiant impérativement un traitement de fond.

– On accorde une attention particulière aux symptômes d’effort. On distingue l’asthme d’effort, qui se manifeste au décours de celui-ci, de l’asthme instable, non contrôlé, qui se traduit par des manifestations dès le début de l’effort ou une incapacité à l’effort. – Il faut enfin relever les besoins en médicaments de secours (bêta-2-mimétiques de courte durée d’action). • Les exacerbations Elles se manifestent par des symptômes qui durent au-delà de 24 heures et justifient un traitement de secours, voire un recours aux soins en urgence. Elles sont principalement favorisées par les viroses et sont fréquentes chez l’enfant, notamment les plus jeunes. Il faut bannir le terme de bronchite asthmatiforme !


En cas d'asthme non contrôlé

Tableau 1 - Niveaux de contrôle (Gina, 2011) Asthme partiellement Asthme non contrôlé contrôlé

Tous les items sont valides

Au moins un item présent n’importe quelle semaine

Symptômes diurnes

Aucun (≤ 2/semaine)

> 2/semaine

Limitation des activités

Aucune

Oui

Symptômes nocturnes

Aucun

Oui

Bêta-2 de secours Aucun (≤ 2/semaine)

> 2/semaine

VEMS/DEP

< 80 % (prédit ou meilleur)

Normal

Pas de CSI

ALT

Asthme contrôlé

Choix si AAG ou symptômes quotidiens

CSI dose faible/moyenne

≥ 3 items du contrôle partiel présents n’importe quelle semaine

Symptômes diurnes

Aucun

Limitation des activités

Aucune

Symptômes nocturnes

Aucun

Bêta-2 de secours

Aucun (sauf prévention de l’asthme d’effort)

EFR

Normales (y compris débits distaux)

Exacerbations/an

0 (1 tolérée)

CSI dose faible/moyenne + BDLA +ALT

AVIS SPÉCIALISÉ

CSI dose moyenne/forte + BDLA

Figure 1 - Conduite à tenir en cas d’asthme non contrôlé selon les recommandations du Grapp. CSI : corticoïdes inhalés ; BLDA : bêta-2-mimétiques à longue durée d’action ; ALT : antileucotriènes.

> Objectif : le contrôle !

(*) Selon le Groupe de recherche sur les avancées en pneumologie pédiatrique (Grapp).

• Attention à la sous-estimation des manifestations de l’asthme L’asthme est une maladie hétérogène dans son expression. De plus, ses manifestations chez un patient donné peuvent évoluer dans le temps. L’asthme léger, le plus courant, est caractérisé par des symptômes peu fréquents de durée brève, qui peuvent n’être que saisonniers, et par l’absence (ou presque) d’exacerbation (≤ 1/an). Il

peut toutefois retentir sur la qualité de vie de l’enfant. Ainsi, la répétition des symptômes d’effort peut justifier l’instauration d’un traitement de fond.

> Ouvrir le dialogue avec l’enfant et ses parents

On dispose maintenant de questionnaires (test de contrôle de l’asthme « TCA »), validés auprès d’enfants et d’adultes asthmatiques américains, puis traduits en français. La version pédiatrique s’adresse aux enfants âgés de 4 à 11 ans (TCA pédiatrique, en sept items, quatre pour l’enfant, trois pour les parents). Il existe une version pour l’enfant plus grand (≥ 12 ans) et l’adulte (cinq items). L’objectif n’est pas de remplacer l’interrogatoire, mais plutôt d’amorcer le dialogue entre l’enfant, ses parents et le professionnel de santé, de détecter la perte du contrôle, et de permettre une réponse thérapeutique rapide et adaptée. Ces questionnaires, en s’adressant directement à l’enfant, permettent de préciser le retentissement réel de l’asthme, vécu par lui. Le seuil validé est à 20. En deçà, il faudra analyser les réponses et évoquer un asthme non contrôlé justifiant de prescrire ou de revoir le traitement de fond.

Choix alternatif

CSI dose forte ou moyenne

+ALT

Tableau 2 - Définition du contrôle total selon les recommandations pédiatriques françaises*

On recherche plus particulièrement celles qui sont sévères car elles ont justifié une corticothérapie générale ou un passage aux urgences, voire une hospitalisation. Sans traitement de fond, le risque de récidive est important. Si l’évaluation des symptômes chroniques peut se faire sur une période relativement brève (quatre semaines par exemple), celle des exacerbations exige une période plus longue (un an par exemple avec la recherche de périodes à risque, de facteurs déclenchants, allergiques et/ou infectieux). Il faut repérer les périodes à risque pour l’enfant, en raison de l’allergie (printemps en cas de sensibilisation pollinique) ou de la sensibilité aux virus (rentrée des classes, hiver), et anticiper pour couvrir ces périodes d’un traitement de fond efficace.

Choix préférentiel

47 C’est, en pourcentage, le nombre d’enfants de moins de 15 ans sur la totalité des patients hospitalisés pour asthme.

L’objectif du traitement est de rendre à l’enfant une vie normale. Le contrôle de l’asthme a été défini dans les recommandations (voir tableau 1). Un asthme qui ne répond pas aux critères du bon contrôle relève d’un traitement de fond ou d’un ajustement de celui-ci. Les recommandations pédiatriques du Groupe de recherche sur les avancées en pneumologie pédiatrique (Grapp) vont encore plus loin en définissant le contrôle total (voir tableau 2). Il faut évaluer régulièrement les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR). Le volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) reste le plus souvent normal chez l’enfant asthmatique, c’est-à-dire supérieur à 90 % de la valeur attendue. Il faut donc s’intéresser à l’obstruction distale (DEM 25-75, DEM 50) et toujours évaluer la réversibilité aux bêta-2-mimétiques de courte action. Enfin, le dernier objectif concerne la prévention des exacerbations, notamment les plus sévères. L’objectif « zéro » n’est pas toujours atteignable et les recommandations françaises tolèrent une exacerbation annuelle. Il faut veiller à anticiper les périodes à risque (viroses de la rentrée scolaire par exemple), et optimiser le traitement pour les couvrir.

> Initier et adapter

Le traitement est donc initié en regard de l’importance des symptômes. Un asthme qui ne répond pas au critère du bon contrôle relève d’un traitement de fond, qui sera ensuite ajusté et modulé sur son évaluation régulière (voir figure 1). Il faut rappeler que la corticothérapie inhalée est suffisante pour obtenir le

AVRIL 2014 • Pharma N°111 • 35


thérapeutique

contrôle dans un grand nombre de cas, à dose légère à modérée (voir tableau 3). Les indications d’un traitement combinant d’emblée une corticothérapie inhalée et un bêta-2-mimétique de longue durée d’action sont réservées aux asthmes instables, d’emblée sévères. Les traitements de courte durée (une à deux semaines) par corticoïdes inhalés, « à la demande », ne sont pas indiqués chez l’enfant.

30 C’est, en pourcentage, le nombre d’enfants asthmatiques présentant un retard scolaire d’un à trois ans.

• Le choix du dispositif est important Il faut souligner l’importance de la démonstration et vérifier la technique d’inhalation par l’enfant. Les traitements par spray, en dehors des systèmes Autohaler, doivent toujours être couplés à une chambre d’inhalation. L’alternative aux corticoïdes inhalés repose sur les antileucotriènes (ALT). Toutefois, ceux-ci sont à réserver aux enfants présentant un asthme léger qui n’adhèrent pas au traitement inhalé, sans antécédent d’exacerbation sévère traitée par corticothérapie orale dans les mois précédents, conformément à l’autorisation de mise sur le marché. En aucun cas, les antileucotriènes ne sont indiqués en monothérapie dans l’asthme sévère. Les recommandations sont résumées dans les figures 1 et 2, et disponibles sur le site de la Société pédiatrique de pneumologie et allergologie (www.sp2a.fr). Les données concernant la tolérance des corticoïdes inhalés sont rassurantes, y compris sur la croissance de l’enfant et en cas de traitement prolongé. Il faudra toujours rechercher la dose minimale efficace permettant le contrôle de l’asthme. • En cas de non-contrôle de l’asthme Il faut en premier lieu évaluer l’observance et revoir la technique d’inhalation, rechercher un facteur de risque mal contrôlé (environnement, comorbidités allergiques). Dans un second temps, le médecin pourra envisager une escalade du traitement de fond. Les traitements combinant corticoïdes inhalés et bêta-2-mimétique de longue durée d’action sont le choix préférentiel. L’association aux antileucotriènes est une alternative possible en cas de persistance de symptômes d’effort.

Doses « faibles »

Doses « moyennes »

Doses « élevées »

Béclométasone*

250 µg/j

500 µg/j

> 500 µg/j

Budésonide

200 µg/j

400 µg/j

> 400 µg/j

Fluticasone

100 µg/j

200-250 µg/j

> 250 µg/j

(*) Doses à diviser par deux pour les spécialités Qvar et Nexxair.

CSI dose moyenne x 2/jour (±± ALT)

CSI dose moyenne à forte + BDLA x 2/jour (± ALT)

Choix préférentiel

CSI faible dose + BDLA x 2/jour (± ALT)

Choix alternatif

CSI faible dose x 2/jour

CSI faible dose + BDLA x 1/jour (±± ALT)

CSI faible dose x 1/jour

Figure 2 - Conduite à tenir en cas d’asthme contrôlé selon les recommandations du Grapp.

TCA

Le test de contrôle de l’asthme pédiatrique est un outil court et aisé à utiliser. Il permet d’évaluer le degré de contrôle de l’asthme et en facilite le suivi. À télécharger sur http://asthme• D’autres mesures sont utiles – Revoir l’environnement de l’enfant, allergies.org, et particulièrement lutter contre l’ex- rubrique position au tabac ou aux polluants in- professionnels térieurs. de santé. 36 • Pharma N°111 • avril 2014

Tableau 3 – Doses journalières de corticoïdes inhalées chez l’enfant

– Favoriser une activité sportive, en l’encadrant si besoin par la prise préalable d’un bêta-2-mimétique de courte durée d’action. – Promouvoir la vaccination antigrippale, seul virus accessible à la prévention. – Traiter les autres cibles de l’allergie, en particulier la rhinite. – Des symptômes atypiques ou sévères ou qui résistent à un traitement bien conduit justifient un avis spécialisé. – Rédiger un plan d’action, avec des consignes simples à réaliser en cas de symptômes. Enfin, un petit nombre d’enfants reste non contrôlé et sujet à de fréquentes exacerbations justifiant les corticoïdes

généraux, malgré un traitement maximal et bien conduit associant corticoïdes inhalés et bêta-2-mimétiques de longue durée d’action. Il faut alors adresser l’enfant en consultation spécialisée pour faire un point complet, éliminer tout diagnostic différentiel et poser, le cas échéant, l’indication d’un traitement d’exception, notamment par omalizumab, biothérapie anti-IgE. Dr Antoine Deschildre, unité de pneumologie-allergologie pédiatrique, pôle enfant, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de Lille Pr Isabelle Tillie-Leblond (†), service de pneumologie et d’immuno-allergologie, hôpital Calmette, CHRU de Lille

à retenir nL e diagnostic repose sur un interrogatoire fouillé. Il faut en particulier rechercher les symptômes d’effort, de nuit, et les antécédents d’exacerbation. n Un asthme non contrôlé justifie un traitement de fond, en première intention par corticoïdes inhalés. n L’objectif est d’obtenir le contrôle de l’asthme. Des questionnaires destinés à l’enfant et à ses parents facilitent l’évaluation du contrôle. n La réalisation d’explorations fonctionnelles respiratoires complète l’évaluation clinique. L’objectif est la normalisation ou le maintien d’une fonction normale. n La rédaction d’un plan d’action complète le traitement de fond. n Des manifestations atypiques ou un asthme restant mal contrôlé malgré un traitement a priori bien fait justifient un avis spécialisé.



cas de comptoir

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Jambes lourdes, une pathologie à ne pas négliger

C’est le printemps, les jours rallongent, les températures remontent. Tout pourrait être idyllique… sauf si vos patients font partie des 18 millions de Français souffrant d’insuffisance veineuse chronique.

D

es jambes lourdes sont souvent les premiers signes de pathologies veineuses plus sérieuses. Il est donc primordial de faire prendre conscience à vos patients de l’importance de se faire traiter rapidement avant toute survenue de complications veineuses. Les affections chroniques veineuses sont classées selon la classification CEAP : clinique, étiologique, anatomique, physiopathologique.

38 • Pharma N°111 • avril 2014

65 C’est le pourcentage des plus de 60 ans concernés par l’insuffisance veineuse chronique en France.

Les situations cliniques de l’insuffisance veineuse peuvent être rassemblées sous six stades, de C0 pour le stade le moins grave à C6 pour le plus sévère. – Au stade C0, seuls quelques symptômes peuvent être ressentis par le patient, tels que fourmillements, impatience dans les jambes, prurit, sensation de jambes lourdes… sans qu’il n’y ait de signes cliniques visibles. – Au stade C1 peuvent apparaître des télangiectasies, qui sont une dilatation des petits vaisseaux cutanés et

forment de fines lignes rouges, voire violettes, de quelques millimètres à quelques centimètres. Pour ces deux premiers stades, la compression veineuse n’a pas démontré son intérêt. – Au stade C2, des varices de plus de 3 mm de long peuvent être présentes. – Au stade C3, on peut rencontrer des œdèmes chroniques, qui sont révélateurs de stase veineuse, notamment au niveau des pieds et des chevilles.


– Au stade C4, la stase évolue encore et des signes au retentissement cutané apparaissent : pigmentation, eczéma, stase lymphatique… – Au stade C5, l’évolution de l’insuffisance veineuse aboutit à l’apparition d’ulcères veineux cicatrisés, donc indolores. – Au stade C6, les ulcères sont ouverts et peuvent être très douloureux. Vous pouvez aussi rappeler à vos patients qu’en l’absence de traitement ou de chirurgie, les varices peuvent se compliquer au niveau thrombotique (thromboses veineuses avec risque d’embolie pulmonaire) et hémorragique (rupture de varices). Bien que rares, ces complications peuvent relever de l’urgence médicale. Si dans les pays industrialisés, l’insuffisance chronique veineuse concerne entre 11 et 24 % de la population, elle ne touche que 5 % des personnes en Afrique et 1 % en Inde. Des chiffres à corréler avec ceux du surpoids et de l’obésité, qui sont autant de causes favorables à l’apparition des varices.

> Aborder la compression

La compression est le traitement de base des affections veineuses chroniques. Il est important de l’aborder au comptoir car elle peut être d’une grande aide au quotidien pour assurer le retour veineux. En France, les bas sont classés selon la force de compression mesurée au niveau de la cheville du patient : – classe 1 : entre 10 et 15 mmHg ; – classe 2 : entre 15,1 et 20 mmHg ; – classe 3 : entre 20,1 et 36 mmHg ; – classe 4 : supérieur à 36 mmHg. La compression de classe 1 ou faible sera indiquée en prévention de l’insuffisance veineuse fonctionnelle, ou pour les vols long-courriers si le patient n’a jamais eu de problèmes veineux. Elle ne bénéficie d’aucune prise en charge. On la conseille notamment aux stades C0 et C1 de la classification CEAP. La compression de classe 2 ou modérée sera prescrite en cas de grossesse, pour traiter les symptômes de l’insuffisance veineuse superficielle, de varices de petit calibre ou en prévention des phlébites. C’est la classe la plus prescrite. La compression de classe 3 ou forte est préconisée en cas de syndrome post-thrombotique (thromboses veineuses profondes), de présence de troubles trophiques cutanés ou après une chirurgie des varices.

La compression de classe 4 ou très forte est très rarement proposée. Elle concerne essentiellement les œdèmes post-chirurgicaux. Ces bas sont contre-indiqués en cas d’hypodermite aiguë, d’artérite sévère, de dermatose suintante, d’infection ou d’ulcère variqueux.

> Conseiller les veinotoniques

Leurs objectifs principaux sont d’améliorer la circulation lymphatique, de restaurer la mécanique pariétale des veines pour éviter l’hyperdistensibilité, de lutter contre l’inflammation et de diminuer les œdèmes en réduisant la perméabilité capillaire. Ils permettent donc de soulager les symptômes de l’insuffisance veineuse mais n’auront aucun effet sur l’évolution de la maladie. Après un déremboursement progressif – un taux transitoire de 15 % leur a été appliqué de février 2006 à décembre 2007 –, ces produits ne sont plus remboursés.

18 C’est, en millions, le nombre de Français qui souffrent de jambes lourdes. Seuls 12 millions auraient déjà consulté.

Ces médicaments contiennent tous des substances dites vasculoprotectrices, et notamment des extraits végétaux (hamamélis, mélilot, vigne rouge…). Les veinotoniques sous forme de crèmes ou de gels peuvent être conservés au frais, ce qui accentue l’effet antalgique sur les jambes, et sont à appliquer en remontant des chevilles vers les genoux. Il existe aussi des compléments alimentaires qui comportent des extraits de plantes et ont l’avantage d’être souvent plus concentrés en extraits végétaux riches en flavonoïdes, tels que le marronnier d’Inde, le petit houx ou la vigne rouge. Les formes comprimés et gels peuvent tout à fait être associées.

> Connaître les produits de sclérose

Les produits sclérosants disponibles en officine sont au nombre de trois : Aetoxisclérol tamponné qui existe sous quatre dosages (0,25 %, 0,5 %,

Où effectuer une cure thermale en phlébologie ? Il vous est peut-être déjà arrivé d’avoir des questionnements au comptoir par rapport aux cures thermales. Voici de quoi répondre à vos patients. Les stations thermales conventionnées à orientation phlébologique sont au nombre de treize en France. • Argelès-Gazost (65), Midi-Pyrénées • Bagnoles-de-l’Orne (61), Basse-Normandie • Balaruc-les-Bains (34), Languedoc-Roussillon • Barbotan-les-Thermes (32), Midi-Pyrénées • Dax (40), Aquitaine • Évaux-les-Bains (23), Limousin • Jonzac (17), Poitou-Charentes • La Léchère (73), Rhône-Alpes • Luxeuil-les-Bains (70), Franche-Comté • Luz-Saint-Sauveur (65), Midi-Pyrénées • Rochefort (17), Poitou-Charentes • Saint-Paul-lès-Dax (40), Aquitaine • Saubusse-les-Bains (40), Aquitaine Certains centres possèdent une double orientation : phlébologie et rhumatologie pour les personnes âgées, ou encore phlébologie et gynécologie pour les femmes enceintes. Les personnes pouvant bénéficier de ces cures sont celles qui souffrent d’insuffisance veineuse chronique, de séquelles de phlébites, de lymphœdèmes ou d’ulcères veineux. La prescription par un médecin (généraliste

ou angiologue) est obligatoire pour la prise en charge. Après avoir établi ensemble la cure appropriée, le médecin remplit un feuillet Cerfa n° 11139 conçu à cet effet. Le curiste peut l’envoyer à l’Assurance maladie pour demander un accord de prise en charge. La réponse est attribuée sous quinze jours. Les cures en phlébologie durent dix-huit jours et débutent par une consultation afin que le médecin thermal définisse les soins à dispenser en fonction du dossier médical du patient. Deux sortes de cures existent : un forfait avec quatre séances d’hydrothérapie par jour, un forfait avec trois séances d’hydrothérapie et une séance de kinésithérapie par jour. À ces forfaits pris en charge à 65 % par l’Assurance maladie (100 % en cas d’ALD), peuvent s’ajouter des options de confort payantes : peignoirs chauffés, horaires aménagés, tisanerie, attente réduite… qui peuvent, si l’on n’y fait pas attention, rapidement faire doubler le prix de la cure ! En phlébologie, les cures thermales passent par des soins à base d’eau tiède (34/35 °C) traitant l’inflammation. Ils développent une circulation collatérale, renforcent la pression, et donc font diminuer les œdèmes qui peuvent persister dans les suites de phlébite. L’eau a alors un effet antalgique, cicatrisant et favorisant l’élasticité de la peau intéressant.

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cas de comptoir

2 % et 3 %), Trombovar vendu sous deux dosages (1 % et 3 %) et Sclérémo. Les deux premiers ont fait l’objet d’une réévaluation du service médical rendu (SMR) par la commission de la transparence en juin 2012 pour leur inscription à la liste des médicaments remboursables. Cette dernière a considéré que si les deux médicaments possédaient un SMR modéré, seul Trombovar méritait un avis favorable au maintien de son inscription sur la liste des produits remboursables. Il semble en effet que l’Aetoxisclérol ferait apparaître jusqu’à 3,5 fois plus d’effets indésirables ischémiques que son homologue. On note pourtant que, dans la pratique, Aetoxisclérol est quatre fois plus vendu en officine que son concurrent remboursé… Sclérémo n’est, lui, pas concerné par cette évaluation, le médicament étant non remboursé et son laboratoire n’ayant jamais effectué de demande de prise de charge auprès des assurés sociaux.

Avez-vous déjà entendu parler du syndrome de la classe économique ? Immobilisation des jambes pendant de nombreuses heures en vol, chaleur, hypoxie hyperbarique, espaces contigus sont autant de facteurs qui peuvent favoriser la stase veineuse, et plus sérieusement l’éventuelle survenue de phlébite. N’hésitez donc pas à questionner vos patients sur la durée de leur vol. Si elle dépasse trois heures, rappelezleur les conseils suivants : – se lever de temps en temps dès que cela est autorisé ; – boire régulièrement de l’eau ; – porter des bas de compression de classe 2, voire de classe 3 s’il existe des antécédents de thromboses veineuses profondes, phlébites, d’embolie pulmonaire ou si votre patient a subi dernièrement une chirurgie au niveau des membres inférieurs ; – un massage des jambes à l’aide d’une crème veinotonique peut aussi être associé et apporter fraîcheur et confort ; – ne pas porter de pantalons trop serrés qui empêcheraient une bonne circulation veineuse ; – ne pas prévoir de séances de sclérothérapie trop rapprochées du départ en avion.

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©© Izabela Habur – istockphoto

> Rappeler les précautions à prendre lors des vols long-courriers

Enfin, si votre patient a des antécédents d’insuffisance veineuse avec des cas de phlébite, d’embolie, ou qu’il vient de subir une opération chirurgicale, il serait prudent qu’il prévienne son angiologue avant son vol afin que ce dernier évalue les risques existants et lui prescrive un traitement anticoagulant.

2,6 C’est le pourcentage des dépenses de santé liées à l’insuffisance veineuse.

> Être vigilant avec les femmes enceintes

Lors d’une première grossesse, 20 % des femmes seraient concernées par un risque de trouble de la circulation veineuse. Ce risque doublerait dès la seconde maternité. L’explication tient en partie aux changements hormonaux liés à la grossesse, à l’augmentation du volume sanguin, mais aussi au fait qu’en fin de grossesse, le poids de l’utérus comprime les veines abdominales. Si vous avez des patientes qui envisagent une grossesse et qui ont déjà eu des problèmes d’insuffisance veineuse (varicosités, varices), encouragez-les à se

3 Les femmes sont trois fois plus concernées par des problèmes veineux que les hommes.

rendre chez un angiologue avant la conception car il est important de les traiter avant qu’elles ne s’aggravent. Ce spécialiste réalisera un bilan à l’aide d’une échographie-doppler des veines internes refluantes, abîmées ou des varices internes qui ne sont pas toujours visibles à l’œil nu mais peuvent être responsables de symptômes gênants, et pourra envisager un traitement. Si votre patiente est déjà enceinte, il faudra l’orienter rapidement vers des bas, collants de contention. Précisez-lui aussi que les séances de sclérothérapie sont à différer à trois mois minimum après l’accouchement car elles peuvent être source de thromboses… tout comme la grossesse. Il vaut donc mieux éviter de cumuler les risques. Enfin, si son état de santé le permet, poussez-la à marcher tous les jours et à éviter les positions allongées trop longues, les bains chauds et les expositions solaires. Marie Simonot, pharmacienne


focus

Norme HbA1c, une évolution thérapeutique au long cours

©© Shawn Hempel – fotolia

La découverte de l’hémoglobine glyquée marque une rupture dans l’histoire du diagnostic et de la surveillance du diabète. Mais les défis ont été nombreux avant qu’il soit reconnu comme nouveau standard.

C

omme souvent en recherche médicale, la découverte du lien entre diabète et l’hémoglobine glyquée (HbA1c) a résulté de l’interprétation de phénomènes inattendus. Il a tout d’abord fallu qu’Huisman et Meyering séparent l’HbA1c des autres formes d’hémoglobine en 1958. Puis la caractérisation de l’HbS par chromatographie aux rayons X incita Samuel Rahbar à modifier ses recherches vers ce nouvel objet. Pour cela, il mobilisa une méthode mise au point en 1963 : l’électrophorèse. Grâce à elle, un grand nombre de variantes d’hémoglobines furent décelées. Parmi elles, une hémoglobine rapide anormale apparaît de façon récurrente,

40 C’est le nombre d’années qu’il aura fallu pour que l’HbA1c soit reconnu comme indicateur normatif de référence.

l’HbA1. Or, les échantillons sanguins qui révélaient cette forme de protéine provenaient toujours d’individus diabétiques. Et tous les diabétiques étudiés présentaient cette anomalie. Le lien devint indéniable et l’usage de la chromatographie sur colonne permit l’identification de l’HbA1c. Mais la découverte décisive pour le processus de standardisation est nettement postérieure.

Traitement raté, grande avancée

L’invention du test de dosage de l’HbA1c par Anthony Cerami date en effet de 1976. Initialement, le chercheur travaille sur l’érythropoïétine de l’urine de patients souffrant d’anémie aplasique. Confronté à un échec, il est interpellé par la mise au jour d’un traitement de

la drépanocytose, maladie qui se caractérise aussi par l’altération de l’hémoglobine. L’observation d’une réaction chimique qui engage les ions cyanates en équilibre avec l’urée et l’HbS l’encourage à orienter sa recherche vers des applications thérapeutiques pour ces patients. Malheureusement, le traitement par les cyanates entraîne l’apparition de neuropathies périphériques semblables à des complications du diabète. Malgré l’échec du traitement pour la drépanocytose, cet essai met en évidence les effets secondaires de la carbamylation d’une hémoglobine qui ressemble à ceux du diabète. Or, sur l’HbA1c, le glucose s’attache au même niveau que le cyanate lors des expériences précédentes. L’hypothèse d’un lien entre les complications du diabète et cette réaction chimique émerge donc naturellement. Comme les humains diabétiques, les souris diabétiques présentent des taux d’HbA1c plus élevés que la normale. Au cours de l’érythropoïèse médullaire, le fer radioactif révèle chez ces dernières une production d’HbA1c bien plus rapide que chez les souris saines. Ceci suggère un lien entre la mesure de l’HbA1c et le contrôle métabolique du diabète.

Convaincre pour devenir une norme

La reconnaissance de l’HbA1c comme l’indicateur normatif de référence s’étale sur quarante ans. L’absence d’un indicateur standard utilisé à travers le monde était auparavant responsable d’une fragmentation des méthodes et des outils diagnostiques entre de nombreux fournisseurs de données. Le problème était de développer des procédures et des normes plus rapides de sorte que la comparaison de données entre hôpitaux devienne possible. Il s’agit donc de transformer la découverte de l’HbA1c en norme sanitaire. Pour cela, il fallut tout Suite en page 44

42 • Pharma N°111 • avril 2014


d’abord changer les pratiques et établir la nécessité de mesurer. À cette époque, le lien entre le contrôle métabolique et les complications du diabète était controversé. La diffusion de l’indicateur HbA1c passe par l’enrôlement de nouveaux acteurs et par la consolidation du réseau pour le consensus scientifique. Les acteurs ne sont pas tous humains. Pour convaincre les opposants, il fallut engager les institutions qui fournissaient des échantillons de sang et les moyens techniques pour mesurer les taux d’HbA1c. Et les résultats furent sans appel, les taux variant entre 11 et 13 % au lieu de 4 à 6 % chez les personnes saines. Le Rockfeller University Hospital fournit ensuite l’espace adapté à l’enrôlement de patients pour apprendre à gérer le diabète avec ce nouvel outil. La résistance fut forte chez les praticiens, mais le réseau s’étendit en dehors du cercle médical et scientifique. Les compagnies d’assurances se montrèrent elles aussi intéressées, voulant utiliser le test pour détecter les diabétiques au moment où ils postulent à une assurance. Ou comment un test développé pour soigner des malades devient un outil pour les surveiller et les contrôler…

Les études qui légitiment l’HBA1c

Les essais cliniques qui établissent le nouvel indicateur en tant que norme sanitaire prennent place à ce moment du processus. La percée clinique de l’HbA1c, qui marque l’extension et l’irréversibilité du réseau normatif, mobilise deux études épidémiologiques à grande échelle : le DCCT (Diabetes Control and Complication Trial) chez les diabétiques de type 1 et l’UKPDS (United Kingdom Prospective Diabetes Study) chez ceux de type 2. Elles ont établi la relation entre la valeur de l’HbA1c et les complications dégénératives du diabète (micro- et macro-angiopathique). L’étude DCCT a été réalisée aux États-Unis de 1983 à 1993 et a inclus 1 441 diabétiques de type 1 âgés de 13 à 39 ans. Elle a permis de montrer que la valeur d’HbA1c est corrélée au risque d’apparition de complications microvasculaires. L’étude UKPDS a, elle, débuté en 1977 et son objectif principal était de vérifier si un meilleur contrôle du diabète permettait d’en prévenir les complications. Le compte rendu public des résultats de l’étude date de 1998. Il montre qu’une réduction de 1 % de l’hémoglobine glyquée s’accompagne d’une diminution de 30 % du risque relatif de

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Impact Une réduction de 1 % de l’HbA1c s’accompagne d’un recul de 30 % du risque relatif de développer des complications. microvasculaires

développer des complications microvasculaires (néphropathie, rétinopathie, neuropathie), de 18 % du risque d’infarctus et de 25 % du risque de mortalité lié au diabète. L’HbA1c est donc un marqueur prédictif de l’apparition des complications du diabète. Il permet le suivi des diabètes de types 1 et 2. Les deux études ont établi des seuils d’HbA1c thérapeutiques décisionnels pour éviter la survenue de complications. Pour le diabète de type 1, l’étude DCCT a défini le seuil à 7 %. Pour celui de type 2, l’étude UKPDS a retenu 6,5 %. La taille des populations évaluées valorise ces résultats et permet l’enrôlement de praticiens dans l’usage de la nouvelle norme. Le nombre et la solidité des liens ainsi créés rendent le processus irréversible.

Enrôlement dans le réseau normatif

Les études suivantes ne remettent pas en cause la consolidation du réseau. L’essai Accord (Action to Control Cardiovascular Risk in Diabetes) et l’étude Advance (The Action in Diabetes and Vascular Disease : Preterax and Diamicrom Modified Released Controlled Evaluation), même s’ils ne sont pas d’accord sur l’objectif d’HbA1c à atteindre, ne contredisent pas les essais DCCT et UKPDS. D’autres études ont mis en évidence des limitations à l’usage du dosage d’HbA1c sur des bases ethniques et pour les enfants. La diffusion normative peut pourtant se poursuivre.

Intérêts commerciaux et détournement des objectifs sanitaires Les firmes pharmaceutiques sont parfois accusées d’influencer les essais cliniques pour abaisser les seuils. Ainsi, l’International Society of Hypertension aurait fixé un objectif de pression artérielle volontairement bas pour le compte de l’OMS afin d’augmenter le nombre d’hypertendus, et donc le volume de ventes d’hypotenseurs. Mais leur pouvoir ne doit pas être exagéré puisque la Société européenne d’hypertension a retenu une définition plus raisonnable. Le phénomène d’abaissement des seuils glycémiques normaux peut faire craindre de telles pratiques. Ce risque semble pris en compte par les responsables politiques, par exemple au cours des travaux de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Les décisions du ministre de la Santé sont aidées, quant à elles, par des rapports sur la santé et par des recommandations formulées par une instance d’experts dédiée, le Haut conseil de la santé publique (HCSP). Le diagnostic actuel du diabète repose sur des bases solides, fondées sur des études épidémiologiques sérieuses. Leur but avéré vise à réduire les complications tardives plus qu’à obéir aux objectifs des laboratoires pharmaceutiques.

Pour que la standardisation s’opère, il a aussi fallu changer les moyens de la mise en œuvre de la nouvelle norme, notamment institutionnels. Pendant longtemps, le manque de normalisation internationale du dosage de l’HbA1c a marqué un obstacle à sa propagation. La construction du consensus scientifique sur les méthodes de mesure est à l’origine de la diffusion des normes internationales. Elle a nécessité la mobilisation d’experts et de l’institution spécialisée des Nations unies pour la santé, l’OMS. Cet enrôlement dans le réseau normatif se fait par étapes. En 1997, The International Expert Committee constate les insuffisances du test oral de tolérance au glucose. En 2009, il est missionné par les associations scientifiques et de patients – American Diabetes Association, European Association for the Study of Diabetes et International Diabetes Federation – pour établir un état du consensus scientifique. Les experts de l’OMS ont ensuite transcrit cet accord en tenant compte des contraintes économiques qui limitent les possibilités de mise en œuvre de ce test dans de nombreux pays. Le dosage de l’HbA1c est donc présenté comme un test de confirmation du test traditionnel moins onéreux. Après ces accords d’experts, les associations professionnelles du diabète ont choisi de s’engager pour l’usage de l’HbA1c comme critère diagnostique de référence. Les avantages de cet indicateur ont alors été pris en considération (absence de jeûne requis et plus faible variation des mesures que le dosage glycémique sanguin). En 2009, l’American Diabetes Association recommande donc son usage. L’European Association for the Study of Diabetes a, quant à elle, attendu l’accord de consensus émis par l’OMS en 2011. Les autres associations, notamment de patients, suivent, à l’image de la plus influente, l’International Diabetes Federation. À partir de ce moment, l’HbA1c devient incontournable pour le diagnostic et le suivi des traitements des malades. Cinquante-cinq ans après sa découverte, l’hémoglobine glyquée est instituée par la politique en France. Aujourd’hui, ce marqueur biologique a profondément transformé les conditions de suivi du diabète. Reste aux patients à se saisir de cet indicateur pour mieux prendre en charge leur maladie. La transmission de la connaissance constitue donc l’étape suivante de la construction du réseau de normalisation sanitaire. Guénolé Aubert, pharmacien



Dermo

2

3

©© DR P. MARAZZI/SPL

1

C’est quoi cette vésicule ? Que ça gratte, que ça pique ou que ça brûle, les clients n’hésitent pas à nous montrer leurs soucis de peau. Pour éviter de sécher face à leurs lésions, voici un petit récapitulatif…

U

ne vésicule est une lésion de la peau, située dans l’épiderme, correspondant à la collection de liquide clair dans une cavité. Son diamètre est compris entre 1 et 3 mm. Si le diamètre est supérieur, on parlera de bulle (si plusieurs vésicules se rejoignent, elles peuvent donner naissance à une bulle, par exemple). Le liquide contenu est séreux, par opposition aux pustules, dont le contenu est purulent. Gros plan sur six pathologies accompagnées de vésicules.

1 Dysidrose • C’est quoi ? La dysidrose est une forme d’eczéma, que l’on observe sur les mains et les pieds. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, il n’y a pas de lien avec la transpiration, ni avec une éventuelle hyperidrose. Son origine est mal connue. Le plus souvent, elle est idiopathique. Elle peut survenir en lien avec des infections telles que le pied d’athlète. L’association intertrigo/vésicule sous le pied est assez caractéristique.

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90 C’est le pourcentage de jeunes adultes qui sont immunisés contre la varicelle. Sa contagiosité extrême explique sa diffusion pendant l’enfance.

• Ça ressemble à quoi ? À des vésicules qui n’éclatent pas, sur les paumes, les côtés des doigts et des orteils et la plante des pieds. • Comment la reconnaître ? La dysidrose est très prurigineuse quand elle touche les mains. La présence de vésicules qui démangent sur les côtés des doigts ou la paume est assez caractéristique. Sur les pieds, la notion de prurit peut être absente.

2 Varicelle • C’est quoi ? Une maladie virale due au virus varicelle-zona. Très contagieuse, elle atteint en général les enfants à partir de 6 mois. La période d’incubation dure environ quinze jours, puis les symptômes apparaissent. La contagiosité débute un à deux jours avant l’apparition des lésions et demeure jusqu’à la survenue de croûtes. • Ça ressemble à quoi ? L’enfant présente une éruption faite de vésicules remplies de liquide clair. Celles-ci se situent en général sur le visage et le cuir chevelu, le tronc, les membres, mais on peut également en trouver sur les muqueuses (intérieur

des joues). Elles se dessèchent ensuite et laissent des croûtes qui finissent par tomber. • Comment la reconnaître ? La clinique et un contexte épidémique ou un contage dans les semaines précédentes suffisent en général au médecin à poser le diagnostic. Une éruption de vésicules chez un enfant, accompagnée de fièvre modérée, d’un prurit et éventuellement d’un syndrome grippal, permet d’orienter les parents au comptoir.

3 Maladie pieds-

mains-bouche

• C’est quoi ? C’est une maladie bénigne qui touche les enfants de moins de 10 ans, et est due à un virus coxsackie (famille des entérovirus). Contagieuse, elle peut donner lieu à de petites épidémies en crèche ou à l’école. • Ça ressemble à quoi ? De petites vésicules surviennent sur la bouche et le palais (touchant aussi langue, gencives, face interne des joues), puis les paumes des mains et les plantes des pieds. Doigts et orteils peuvent aussi être concernés.


4

• Comment la reconnaître ? La localisation est caractéristique : l’éruption touche les mains, les pieds et la bouche. Une fièvre modérée et des signes généraux peuvent l’accompagner. Les vésicules ne sont pas prurigineuses mais peuvent causer une douleur, notamment au niveau de la bouche de l’enfant.

peut être asymptomatique, le virus reste ensuite latent et se réactive périodiquement, typiquement en cas de maladie, de stress, de fatigue ou suite à une exposition solaire. • Ça ressemble à quoi ? Les lésions sont formées de vésicules groupées en bouquet, formant une petite plaque entourée d’une auréole d’érythème. La localisation typique se situe près de la lèvre. Après quelques jours, les vésicules se dessèchent, forment des croûtes puis disparaissent. • Comment le reconnaître ? La présence de vésicules en bouquet près de la bouche, précédée de symptômes tels que démangeaison, picotement, sensation de chaleur, est caractéristique. Les lésions peuvent toutefois survenir à d’autres endroits. En dehors de l’herpès génital

4 Zona

• C’est quoi ? L’herpès labial correspond à des récurrences de l’infection par le virus Herpes simplex de type 1. La primo-infection

©© DR P. MARAZZI/SPL

• C’est quoi ? Le zona correspond à la réactivation du virus varicelle-zona. En effet, celui-ci, après que le sujet a présenté une varicelle, reste en latence dans les ganglions. Il peut redevenir actif après plusieurs années ou décennies. • Ça ressemble à quoi ? L’éruption en cas de zona est constituée de grosses vésicules sur fond rouge érythémateux. Elles se situent généralement le long d’un métamère, d’un seul côté du corps car l’éruption touche seulement les territoires correspondant aux ganglions où le virus est resté caché. La douleur ou des sensations de brûlure et de picotement accompagnent souvent les lésions. • Comment le reconnaître ? La notion d’éruption unilatérale, précédée de douleurs sur la zone, est typique. Le zona intercostal est particulièrement fréquent. Vigilance en cas d’atteinte ophtalmique en raison des complications possibles.

5 Herpès labial

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©© PAN XUNBIN – SCIENCE PHOTO LIBRARY

©© PHOTOTAKE – BSIP

©© PHOTOTAKE/ALLAN HARRIS – BSIP

5

• Plusieurs causes peuvent être trouvées simultanément, comme ici avec un nourrisson présentant à la fois un eczéma et une varicelle.

(pour lequel il est peu probable que vos patients vous montrent leurs lésions…), il est possible de trouver des vésicules d’herpès sur le nez, la cuisse, les doigts, etc.

6 Eczéma • C’est quoi ? C’est un ensemble de troubles cutanés qui se caractérisent par une inflammation de la peau. On parle également de dermatite ou de dermatite atopique. Elle associe des altérations de la barrière cutanée (la peau est trop perméable et sensible aux agressions) et un terrain atopique ou allergique (réponses inadaptées de l’organisme). • Ça ressemble à quoi ? Les lésions présentent rougeur et démangeaison, elles peuvent être suintantes ou sèches, arborer des vésicules… Les formes varient selon l’âge de la personne et le type d’eczéma. Chez le nourrisson, on observe des plaques rouges à contours irréguliers, avec vésicules suintantes puis croûteuses. Chez le grand enfant, l’adolescent puis l’adulte, les plaques sont épaisses et sèches. • Comment le reconnaître ? Chez l’adulte, il existe le plus souvent un terrain atopique et des antécédents d’eczéma. Il ne faut toutefois pas hésiter à consulter en cas de localisation ou de symptômes différents de ceux habituellement observés. Chez le nourrisson et l’enfant, les localisations sont caractéristiques (front, joues, tronc, membres…). Le prurit est, lui, toujours présent. Amélie Baumann-Thiriez, pharmacienne

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nouveaux produits

>> Zoom sur…

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˕˕Actavis Lormétazépam 2 mg Boîte de 14 comprimés sécables Princeps : Noctamide Sildenafil 100 mg Boîte de 12 comprimés pelliculés Princeps : Viagra

xtandi • Enzalutamide • Inhibiteur des récepteurs aux androgènes • Traitement du cancer métastatique de la prostate résistant à la castration • Capsules molles dosées à 40 mg • Boîte de 112 capsules molles • Liste I • Prescription initiale hospitalière annuelle réservée aux spécialistes en oncologie ou médecins compétents en cancérologie • S MR important • ASMR III (modéré) • Prix public TTC : 3 374,48 euros • Remboursable à 100 % • Laboratoire Astellas Pharma

˕˕Biogaran Aciclovir conseil 5 % crème Tube de 2 g Princeps : Zovirax crème

Nouvelle molécule dans le traitement du cancer de la prostate métastatique L’enzalutamide, principe actif de Xtandi, est un

oublie de prendre la dose à l’heure habituelle, il

inhibiteur puissant de la voie de signalisation

doit la prendre aussi vite que possible. Si la dose

des récepteurs aux androgènes. Il inhibe

est oubliée toute une journée, elle ne doit pas être

la liaison des androgènes à leurs récepteurs,

rattrapée le lendemain.

la translocation nucléaire des récepteurs

La prudence est de mise chez les patients ayant

activés et leur fixation à l’ADN. Ces effets sont

des antécédents de convulsions ou des facteurs de

présents y compris en cas de surexpression des

prédisposition (AVC, tumeurs cérébrales…).

récepteurs aux androgènes ou dans les cellules

Par ailleurs, l’enzalutamide est un puissant

cancéreuses résistantes aux anti-androgènes. Ainsi,

inducteur enzymatique, pouvant altérer

l’enzalutamide freine la croissance des cellules

l’efficacité de nombreux médicaments.

prostatiques cancéreuses, pouvant induire leur

Les interactions sont nombreuses et touchent,

apoptose et la régression tumorale.

entre autres, des analgésiques, antibiotiques,

Xtandi constitue une alternative à l’acétate

anticoagulants, antiépileptiques, bêta-bloquants,

d’abiratérone (Zytiga) chez les hommes atteints

corticoïdes, hypnotiques… Elles concernent les

d’un cancer métastatique de la prostate résistant

molécules substrats des cytochromes CYP3A4,

à la castration et progressant pendant ou après

CYP2C9, CYP2C19, CYP1A2 ou l’UGT1A1.

traitement par docétaxel.

Les effets indésirables les plus fréquents sont

La dose recommandée est de 160 mg (soit

les bouffées de chaleur et les céphalées.

quatre capsules) en une prise quotidienne par voie

Xtandi fait l’objet d’une surveillance supplémentaire

orale. Les capsules doivent être avalées entières

qui permettra l’identification rapide de nouvelles

avec de l’eau, avec ou sans nourriture. Si le patient

informations relatives à la sécurité.

48 • Pharma N°111 • Avril 2014

L’info des génériques

˕˕Cristers Galantamine LP 8, 16 et 24 mg Boîte de 28 gélules à libération prolongée Princeps : Reminyl LP Tramadol LP 100, 150 et 200 mg Boîtes de 30 comprimés pelliculés à libération prolongée Princeps : Topalgic LP ˕˕Mylan Lévonorgestrel 1,5 mg Boîte de 1 comprimé Princeps : Norlevo

en bref…

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Nouvelle formule nomade et tempérée pour le Lactobacillus reuteri Protectis de Biogaia – Listerine voit grand : parallèlement à deux nouveautés (Fraîcheur intense et format nomade pour Total Care), la marque entend recruter de nouveaux consommateurs et sera sponsor de la Coupe du monde de football, en juin – Nouvelle génération d’attelle de cheville chez Cizeta Orto : l’A2T ou attelle talo-tarsienne, qui permet le port en chaussures de ville – Noresun Gradual UV, gamme solaire « photoadaptative » de Noreva.


Arkofluides bardanepensée sauvage

Ménostick bouffées de chaleur

Liguées contre l’acné

Discret stick frais

Ces ampoules contiennent des extraits fluides de bardane sudorifique, régulatrice de sébum, désinfectante et antimicrobienne, anti-inflammatoire, et de pensée sauvage, dépurative, détoxifiante cutanée, calmante et sédative. Une ampoule par jour, à partir de 15 ans, en cure de 40 jours. Une sortie d’acné après trois semaines est normale et devrait être suivie d’une amélioration. Si les boutons reviennent, une nouvelle cure de 20 jours pourra être débutée. Déconseillé chez la femme enceinte.

Premier-né de la gamme « stick » de Ménophytea, ce topique s’attaque aux bouffées de chaleur de la ménopause. Anti-rougeurs, régulateur de la transpiration et à l’effet frais, ce stick permet une application discrète. Il mise sur un extrait de fleurs de nénuphar (le Sépicalm VG WP, pour abaisser la température cutanée), l’huile essentielle de sauge sclarée (régule la transpiration), le menthol (pour l’effet rafraîchissant) et l’huile de lin. À appliquer sur le cou et le décolleté. Effet non gras, ne tache pas. Parfum fleur d’oranger.

Boîte de 20 ampoules de 15 ml PPC : 12,20 € Arkopharma

Prix public : 9 € Ménophytea

Spedra Érection plus rapide et plus longue

L’avanafil est une nouvelle entité chimique dans la famille des IPDE5, et son profil pharmacocinétique semble montrer une action plus rapide dans le traitement de la dysfonction érectile et une durée prolongée, en raison d’une demi-vie de 6 à 17 heures, et donc une efficacité d’action audelà de 6 heures. La dose recommandée est de 100 mg par prise, pouvant être modulée entre 50 et 200 mg. Une prise par jour maximum.

3 dosages : 50, 100 et 200 mg Boîtes de 2, 4, 8 ou 12 comprimés Autour de 6 € le comprimé de 100 mg Menarini

Roc

Crème change 1 2 3

L’huile authentique

Renaissance de la marque

L’érythème fessier se prend une fessée

Laino sent bon le sable chaud

Pour son retour, Roc a recentré sa gamme sur les soins visage. Des actifs reconnus, une tolérance optimale, une efficacité objectivée par des tests cliniques sont les atouts annoncés des soins « haute performance ». Au total, seize références réparties en six segments pour la gamme Antiâge Pro, qui répond aux problématiques du vieillissement cutané mais peut aussi compléter des gestes de dermatologie esthétique. Un accompagnement sur le point de vente et en ligne complète l’offre. S’y ajoutent une gamme Roc Essentiels (sept références), une gamme solaire (Protexion +, treize références) et la gamme de déodorants Kéops (cinq références).

Fort de son programme de recherche Éveils et s’appuyant sur dix ans de recherche, Mustela propose une crème qui entend réparer et renforcer la barrière cutanée des tout-petits, de respecter le capital cellulaire de leur peau fragile et de tempérer les voies de l’inflammation mises en jeu dans l’érythème fessier. Le résultat est une crème à la triple action qui prévient, soulage et répare, aux ingrédients à 98 % d’origine naturelle, sans parfum ni conservateur. À conseiller dès la naissance, en couche épaisse sur un siège propre et sec.

Pour ses 60 ans, Laino s’offre un coup de jeune, qui passe par un logo revu et un nouveau segment, celui des huiles. Avec cette Huile authentique au parfum associant lotus, ylang-ylang et bois précieux, la marque propose un soin pour le visage, le corps et les cheveux riche en antioxydants et huiles nourrissantes. Olive, argan, amande douce et pomme s’y retrouvent dans une formule avec 98 % d’ingrédients d’origine naturelle. La marque propose aussi une huile d’argan en version pure ou parfumée et une huile d’amande douce vierge.

Tubes de 50 et 100 ml PVC : 4,95 € et 6,95 € Mustela

Flacon de 100 ml PPC : 15 € Laino

Avril 2014 • Pharma N°111 • 49


Pharmacienne et présidente de Medissimo, Caroline Blochet a mis au point Imedipac, un pilulier intelligent. Une invention récompensée à Las Vegas en janvier dernier.

I

medipac est né d’un constat préoccupant formulé par une étude de l’hôpital GeorgesPompidou, à Paris : 90 % des personnes âgées de 80 ans et plus consomment en moyenne dix médicaments par jour sans que cela soit justifié médicalement. Autre enseignement de cette enquête : près d’un million de journées d’hospitalisation sont liées à un mésusage de médicaments. Un mésusage qui coûte à la société plus de 4 milliards d’euros par an. Nous sommes donc confrontés à un double défi : sanitaire et économique. La création d’un pilulier connecté intervient dans ce contexte. Notre idée est de mettre la technologie au service des patients polymédiqués, avec un fonctionnement simple. Les médicaments sont préparés par le patient, par son entourage ou par le pharmacien, puis enfermés dans des cellules inviolables, au nombre de vingthuit. Pas plus grand qu’un livre, le pilulier est ensuite glissé dans un boîtier électronique qui adresse les informations enregistrées à un terminal de santé géré par Medissimo. Des diodes s’allument lorsque le patient doit prendre son médicament et des capteurs détectent l’alvéole perforée. Grâce à cette technologie embarquée, le pilulier peut déclencher une alerte – envoyée à l’entourage, au pharmacien ou au médecin traitant – si le patient oublie ou se trompe de médicament. C’est le patient qui décide de la connectivité de son pilulier. Il peut également suivre à distance l’actualité pharmaceutique et les retraits de lots de médicaments. Avec le vieillissement de la population, ce pilulier intelligent répond à un enjeu de santé publique : comment améliorer l’observance chez les patients polymédiqués. C’est d’ailleurs un enjeu majeur reconnu par l’OMS, pour qui ‘‘résoudre le problème de la non observance thérapeutique serait plus efficace que l’avènement de n’importe quel progrès médical’’. L’efficacité du pilulier dans ce domaine est d’ailleurs prouvée par une étude américaine réalisée pendant quatorze mois auprès de 200 patients âgés de 78 ans. Celle-ci a démontré que les personnes sous pilulier ont une observance de 95 %, contre 69 % sans pilulier. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Imedipac a été couronné en janvier au Consumer Electronics Show de Las Vegas, la grandmesse annuelle de l’électronique. Ce sont deux années de développement et de recherche qui ont été récompensées. Que ce soit pour le patient à domicile ou en Ehpad, cet outil correspond

50 • Pharma N°111 • avril 2014

©© D.R.

le jour où…

« … j’ai créé un pilulier connecté »

à un réel besoin. Chacun bénéficie d’un suivi d’observance en toute sécurité. Avec la traçabilité des prises, médecin et pharmacien peuvent ajuster au mieux le traitement. Pour l’officinal, ce dispositif représente une réelle valeur ajoutée : avec Imedipac, il devient le référent du patient dans son suivi thérapeutique, la clé de voûte de l’observance. Coordination des soins, amélioration du parcours de soins, meilleure observance, autonomie du patient, maîtrise des interactions médicamenteuses, diminution des hospitalisations… les avantages d’Imedipac sont nombreux. Son coût est de 250 € TTC, auquel il faut ajouter 4 € d’abonnement hebdomadaire pour bénéficier de certaines options (alertes SMS, e-mails ou vocales…). Le pilulier sera commercialisé courant 2014 en Europe et aux États-Unis. »



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