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Congrès de la Société Française d’Ophtalmologie

DOSSIER

6 Rétine chirurgicale L’essentiel de la SFO 2013 Dr Claire ScemamaTimsit*, Dr Nadine Manasseh*, Dr Martine Mauget-Faÿsse**, Dr Benjamin Wolff***

Introduction Cette année, la rétine chirurgicale a été développée à la SFO dans des sociétés comme le CFSR (Club français des spécialistes de la rétine) et lors de communications orales. Les thèmes abordés ont été variés. Le pelage de la membrane limitante interne (MLI), dans les membranes épimaculaires (MEM) et le fovéoschisis du myope fort, a été au centre des interrogations cette année. D’autre part, la place de l’ocriplasmine dans la stratégie thérapeutique des syndromes de traction vitréo-maculaire et des petits trous maculaires (TM) a été discutée.

Pour ou contre le pelage de la MLI dans les MEM ?

Le Dr Grimbert de Nantes nous a rapporté les résultats de son étude qui a évalué les conséquences anatomiques et fonctionnelles du pelage de la MLI en complément de celui de la MEM. Un aspect de dissociation de la couche des fibres optiques (DONFL) a été retrouvé sur l’OCT En Face chez 85 % des patients avec 20 % de microscotomes relatifs observés en micropérimétrie. Cette étude

*Fondation Ophtalmologique Adolphe de Rothschild, Service du Pr José-Alain Sahel, Paris **Fondation Ophtalmologique Adolphe de Rothschild, Service du Pr José-Alain Sahel, Paris ; Centre Monticelli Paradis, Marseille ***Fondation Ophtalmologique Adolphe de Rothschild, Service du Pr José-Alain Sahel, Paris ; Centre d’exploration de la Rétine Kleber, Lyon

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intéressante suggère que le pelage systématique de la MLI, parfois effectué pour diminuer le taux de récidive des MEM, pourrait avoir des conséquences sur la sensibilité fovéolaire et entraîner un inconfort visuel postopératoire. Le Dr Sandali nous a présenté les résultats d’une étude réalisée aux Quinze-Vingt, à Paris, qui a évalué les facteurs de risque de récurrence des MEM (étude rétrospective sur 440 patients avec un suivi moyen de 3,5 ans). L’incidence des récurrences de MEM était de 5 %, dont 2 % étaient symptomatiques. D’après cette étude, le pelage de la MLI réduirait le taux de récidive des MEM et en particulier lorsque la récurrence est symptomatique. L’intérêt du pelage de la MLI dans les œdèmes maculaires résistants à un traitement médical a été évalué dans une étude présentée par le Dr Chevreau de Rouen. Une réduction significative de l’épaisseur de l’OM, évaluée à l’OCT, a été obtenue mais en l’absence d’amélioration fonctionnelle significative.

La chirurgie chez le myope fort

Le Dr El Sanharawi nous a présenté les résultats d’une étude réalisée aux Quinze-Vingt et récemment publiée. Cette étude a comparé les résultats anatomiques et fonctionnels de la chirurgie des MEM chez le myope fort par rapport à une population témoin non-myope. Les résultats anatomiques et fonc-

tionnels de la chirurgie sont équivalents dans les deux groupes. Par ailleurs, il semblerait qu’il n’y ait pas plus de complications chez le myope fort par rapport au groupe témoin. Lors du CFSR, le Dr Yasushi d’Osaka (Japon) nous a rapporté les résultats de son étude sur la chirurgie du fovéoschisis du myope fort par vitrectomie, pelage de la MLI et injection intravitréenne de gaz (SF6). Dans cette étude, 19 % des TM étaient secondaires à cette chirurgie avec une corrélation positive entre l’incidence de survenue du TM et la présence d’un défect préopératoire au niveau de l’IS/OS (zone ellipsoïde). Par ailleurs, le pelage de la MLI est associé à la survenue postopératoire de DONFL, ce qui pourrait entraîner, chez le myope fort, une altération des photorécepteurs. C’est pourquoi le Dr Yasushi propose une technique de pelage de la MLI avec une épargne fovéale qui pourrait donner de meilleurs résultats fonctionnels et diminuer l’incidence des trous maculaires postopératoires.

Place de l’ocriplasmine dans la stratégie thérapeutique des syndromes de traction vitréomaculaire

Lors du CFSR, le Dr Le Mer nous a rapporté les résultats de l’ocriplasmine (microplasmine) en in-

Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2013 • vol. 7 • numéro 65


jection intravitréenne (IVT) pour le traitement des syndromes de traction vitréo-maculaire. Il s’agit d’une protéine fibrinolytique ayant une forte action protéolytique. Les doses faibles injectées dans le vitré peuvent spécifiquement séparer la hyaloïde postérieure de la MLI. Selon le Dr Le Mer, et d’après les études, les meilleures

indications actuelles concernent les syndromes de tractions avec ou sans TM de petite taille (moins de 400 µm) surtout dans les cas ou l’acuité visuelle est conservée et/ ou les patients avec un cristallin clair. Dans l’avenir, les indications potentielles pourraient s’étendre à d’autres pathologies telles que l’OMD tractionnel ou non, les

stades précoces de DMLA, en traitement complémentaire dans la DMLA exsudative ou bien enfin en “aide à la vitrectomie” chez l’enfant (interface vitréo-rétinienne très adhérente). n

Mots-clés : Rétine chirurgicale, Myope fort, Ocriplasmine

7 Nouveautés SFO À propos de l’œil sec et de la cornée Dr Daniel Pereira*, Dr Eric Gabison*

Introduction

Œil sec et osmolarité

La dernière définition de l’œil sec telle qu’elle a été donnée en 2007 par un workshop international (1) avait pour nouveauté d’intégrer deux mécanismes physiopathologiques : l’inflammation de surface et l’hyperosmolarité des larmes.

Une question d’osmolarité…

L’augmentation de l’osmolarité des larmes est un marqueur constant, quelle que soit la cause de la sécheresse. Pour rappel, *Fondation Ophtalmologique Adolphe de Rothschild, Paris

NaCl y = 0,025*x 0,006 r = 0,981

Intensité de la gêne fonctionnelle

Nous vous présenterons ici deux nouveautés abordées lors du congrès de la SFO 2013 : œil sec et osmolarité, ainsi que les injections intrastromales d’agents antiinfectieux dans la prise en charge des abcès de cornée sévères et/ou réfractaires.

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Sucrose y = 0,021*x 0,005 r = 0,995

Comparaison du TBU

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0 300

500

700

900

1 100

Osmolarité des collyres instillés (mOsm/Kg) Figure 1 – Courbes représentant l’intensité de la gêne fonctionnelle (ordonnées) en fonction de l’osmolarité des collyres instillés (abscisses) (4).

l’osmose est un phénomène physico-chimique passif qui intervient lorsque deux milieux liquidiens avec des concentrations différentes de particules dites “osmotiques” sont séparés par une membrane semi-perméable. En

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fonction de la valeur de concentration de ces particules (= osmolarité), l’eau va migrer du compartiment le moins concentré au plus concentré. Localement, cette hyperosmolarité lacrymale va générer un mouvement d’eau depuis 149

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