ACR : Les études marquantes du congrès
DOSSIER
Physiopathologie de la polyarthrite rhumatoïde A propos de l’immunotolérance n L'impact de l'immunosuppression induite par la combinaison du méthotrexate aux agents biologiques actuellement disponibles nous permet de viser la rémission de la polyarthrite rhumatoïde. De nouvelles approches thérapeutiques, reposant notamment sur l'utilisation de cellules dendritiques tolérogènes autologues, pourraient nous permettre d'envisager des phases de rémission prolongées après induction d'une immunotolérance.
Du concept d’immunosuppression vers celui d’immunotolérance
Les avancées réalisées dans la compréhension de la physiopathologie de la polyarthrite rhumatoïde (PR) se sont traduites au cours de ces 15 dernières années par l’avènement d’agents biologiques ciblant spécifiquement les cellules clés de la réponse immunitaire adaptative (cellules T ou B) ou les cytokines clés de la réponse inflammatoire (TNF, IL-6 ou IL-1). L’impact de la suppression de la réponse immunitaire et/ou de la réponse inflammatoire induite par ces agents biologiques nous permet aujourd’hui d’envisager la rémission sous traitement comme un objectif réaliste de la prise en charge de la PR. Des avancées significatives pourraient résulter de nouvelles approches thérapeutiques reposant non plus sur l’immunosuppression mais sur l’immunotolérance, ciblant spécifiquement la composante auto-immune de la réponse immunitaire et la réponse inflammatoire qui en découle, tout en respectant sa composante physiologique, essentielle dans les domaines de l’immunité *Rhumatologue, CHU Purpan, Toulouse
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anti-infectieuse et anti-tumorale. L’induction d’une immunotolérance pourrait nous permettre d’envisager des phases de rémission prolongées sans traitement, minimisant notamment le risque de complications infectieuses imputables à l’immunosuppression prolongée (1).
Quelques approches d’induction d’immunotolérance
Le ciblage spécifique des cellules T, via l’inhibition des voies de costimulation (abatacept) ou des cellules B, via la neutralisation de BAFF (belimumab) et/ou d’APRIL (atacicept), constitue une approche indirecte du concept d’immunotolérance (1). La modulation des cellules T régulatrices représente une approche directe du concept d’immunotolérance. Il est ainsi possible d’envisager l’induction et/ou l’expansion de cellules T régulatrices non spécifiques d’antigène ex vivo ou in vivo, ou d’entreprendre l’induction de cellules T régulatrices spécifiques d’antigène in vivo (2). La manipulation du phénotype des cellules dendritiques constitue une autre
Pr Arnaud Constantin* approche directe du concept d’immunotolérance. Ces cellules sont capables, en fonction notamment de leur stade de maturation et de l’expression de molécules de costimulation, soit d’induire et d’entretenir l’activation des cellules T, soit au contraire d’induire et de maintenir la tolérance centrale et périphérique. Il est aujourd’hui possible de générer des cellules dendritiques aux propriétés tolérogènes, phénotypiquement et fonctionnellement stables, via l’utilisation d’agents pharmacologiques et/ou la manipulation de leurs conditions de culture (1). C’est la faisabilité de l’utilisation de cellules dendritiques à visée thérapeutique qui a été évaluée dans la PR, dans le cadre d’un travail présenté par une équipe australienne, en session plénière du congrès de l’ACR 2011 (3).
Faisabilité d’un protocole d’immunotolérance dans la PR
L’objectif de cet essai clinique de phase I était, pour la première fois chez l’homme, de faire la preuve Rhumatos • Décembre 2011 • vol. 8 • numéro 73