Journées nationales de rhumatologie 2013
Anti-TNF et rhumatismes inflammatoires chroniques De la recherche à la clinique D’après un symposium organisé par le laboratoire MSD
Introduction Trois intervenants se sont succédés lors du symposium mis en place par MSD. Ils ont traité des anti-TNFα, du choix des biothérapies dans la spondylarthrite ankylosante et ont étudié plusieurs cas cliniques de PR.
Propriétés biologiques et pharmacologiques des anti-TNFα (David Shealy, PhD, USA)
Depuis 15 ans, les anti-TNFα constituent un traitement de choix des rhumatismes inflammatoires. Le TNFα est l’un des éléments clés de l’inflammation articulaire dans la PR et les anticorps monoclonaux n’ont cessé d’évoluer à la recherche de propriétés améliorées. Les travaux sur la souris transgénique ont permis le développement par screening de nouvelles molécules, le but étant de faire reculer leurs limitations d’emploi par l’amélioration de leurs caractères spécifiques en matière d’affinité, de stabilité, de solubilité et d’immunogénicité. Parmi tous les candidats, le golimumab est un anticorps monoclonal totalement humain, qui a fait, chez l’homme, la preuve d’une très haute affinité et d’une excellente spécificité pour le TNFα, sur l’activité duquel il présente un fort pouvoir de neutralisation in vitro (2 à 5 fois supérieur à celui de l’infliximab et de l’adalimumab). Chez la souris transgénique, il retarde le développement des atteintes articulaires inflammatoires. Golimumab et infliximab 194
sont tous deux efficaces à 10 mg/kg, mais le golimumab est également efficace dès 1 mg/kg. De plus, il a un effet préventif de la destruction articulaire. Sa formulation a été démontrée comme particulièrement stable, favorisant les hautes concentrations en principe actif et donc un faible volume à injecter (0,5 ml) en SC, une seule fois par mois.
Biothérapies dans la spondylarthrite ankylosante (Pr Jean Roudier, Marseille)
Le choix d’une biothérapie dans la SPA, basé sur 15 ans d’expérience marseillaise, se fonde sur les réponses à cinq questions : • Quand le diagnostic de SPA est certain, que donne-t-on ? Pas de réponse établie à cette question. Les trois anciens anti-TNF ont fait la preuve de leur efficacité. Nous commençons à utiliser les nouveaux. • Que peut-on faire en cas de doute diagnostique ? Nous pratiquons de manière atypique, un test avec 3 perfusions d’IFX et traitons en fonction des résultats. • Comment traiter (ou ne pas traiter) une uvéite ? Après deux cas d’uvéite déclenchés par étanercept, nous traitons ces manifestations par anticorps plutôt que par récepteurs solubles. • Comment traiter une SPA en échappement à l’infliximab ? Dans la majorité des cas, le switch vers l’ETN ou l’ADA est inopérant. Nous employons avec succès le certolizumab (hors AMM). Pas encore
d’expérience avec le golimumab. • Comment réagir à l’aggravation d’une SPA sous anti-TNF ? Celle-ci peut se manifester par l’apparition d’une diarrhée. Dans ce cas, nous prescrivons plutôt des anticorps. Mais ce n’est pas toujours suffisant. Deux cas récents avec une atteinte sévère de l’état général se sont avérés être une maladie de Whipple, affection infectieuse sévère et parfois mortelle en absence de traitement (tétracycline au long cours, 1 à 2 ans).
PR : impact de la situation clinique sur la décision thérapeutique (Pr Philippe Bertin, Limoges)
Ce thème a été traité sous forme interactive avec l’ensemble des auditeurs présents. Il s’agit d’un problème complexe et, sur ce sujet, la littérature regorge de plus de 3 000 références. Plusieurs cas cliniques ont été discutés, avec à chaque fois la recherche de la réponse adaptée en fonction de l’état clinique : quel résultat peuton attendre d’un anti-TNF en cas d’échec du MTX ? Faut-il démarrer précocement la biothérapie en cas d’affection sévère ? Nombre de réponses seront grandement facilitées dans un avenir relativement proche, lorsque les dosages des taux de médicaments et des anticorps anti-médicaments seront devenus coutumiers. De ces dosages, interviendra, ou non, la décision, par exemple de changer n de biothérapie. Dr Michel Bodin
Rhumatos • Septembre 2013 • vol. 10 • numéro 90