3 Tendons et bourses séreuses :
qu’est-ce qui fait mal ? Apport de l’imagerie
n Il n’est pas simple de comprendre d’où vient la douleur dans une articulation. A l’imagerie, on observe des anomalies qui peuvent être ou non symptomatiques. Quelles sont celles à prendre en compte lors d’un diagnostic ? Voici des éléments de réponse.
Pr Valérie Bousson*,
D’après la présentation de Pr Valérie Bousson, Dr David Petrover (Paris), Dr Jean-Michel Sverzut (Paris),
Dr Johann Beaudreuil (Paris), Pr Frédéric Lioté (Paris) et de Pr Jean-Denis Laredo (Paris)
R
épondre à l’importante question “Tendons et bourses séreuses : qu’est-ce qui fait mal ?” est difficile car : • notre compréhension des mécanismes neurobiologiques qui soustendent la douleur est incomplète ; • l’expression clinique de la tendinopathie est très variable ; • il existe un continuum lésionnel entre tendinopathie sans rupture/ rupture partielle/rupture transfixiante ; • l’anatomie des différents tendons de l’organisme est variable, pour obéir à des nécessités fonctionnelles ; • le tendon n’est pas isolé : le tissu synovial, le tissu graisseux et l’os sur lequel le tendon s’insère, interviennent dans les phénomènes douloureux. Pour répondre à cette question, il faudrait pouvoir mettre en concordance les douleurs avec des images caractéristiques, mais il n’y a pas d’image spécifique de la douleur. En effet, en pratique clinique, les mêmes modifications de morphologie ou d’échogénicité (en échographie)/signal (en IRM) des tendons *Service de radiologie ostéo-articulaire, Hôpital Lariboisière, Paris
Rhumatos • Octobre 2013 • vol. 10 • numéro 91
et de leur environnement, peuvent s’observer chez des sujets asymptomatiques comme chez des sujets symptomatiques. L’épaule peut servir de modèle pour démontrer la complexité de cette question.
Prévalence des anomalies échographiques de l’épaule chez des sujets asymptomatiques
Si l’on réalise une échographie de l’épaule à des sujets asymptomatiques de plus de 40 ans, la prévalence des anomalies est très élevée : • épaississement de la bourse sousacromiale (78 % [1]) ; • arthrose acromio-claviculaire (65 % [1]) ; • tendinopathie du supra-épineux : 39 % (1), du subscapulaire : 25 % (1) ; • rupture complète (transfixiante) du tendon supra-épineux : 6 % (2), 7,6 % (3), 7,8 % (1), 15 % (4), voire davantage si l’on s’intéresse à une population plus âgée. En effet, la prévalence des ruptures augmente avec l’âge (5). La rupture complète du tendon supra-épineux s’accompagne d’un épanchement dans la bourse sous-acromiale dans 40 %
des cas de l’étude de Girish (1). Les ruptures complètes asymptomatiques des tendons autre que le supra-épineux sont rares ; • rupture partielle de la coiffe des rotateurs : 17,2 % (5)-24 % (1) ; • atrophie du petit rond ; • long biceps : tendinopathie (4 %), rupture complète (2 %), luxation ou subluxation (6 %), liquide dans la gaine (2 %). Ainsi tout le spectre des anomalies décelables sur l’examen échographique d’une épaule douloureuse, peut être observé sur une épaule asymptomatique. Ces constatations d’atteinte tendineuse dégénérative asymptomatique ne sont pas limitées à la région de l’épaule (6, 7).
Rupturestendineuses de la coiffe des rotateurs asymptomatiques et ruptures symptomatiques
Il est difficile de savoir pourquoi certaines ruptures de la coiffe des rotateurs sont asymptomatiques, alors que d’autres sont symptomatiques, et pourquoi une rupture de coiffe qui était asymptomatique 221
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