Arthrose
DOSSIER
2 Etat des lieux
de l’arthrose
Et perspectives de nouveaux traitements n Le traitement de l’arthrose est certainement, en rhumatologie, l’enjeu le plus important dans les années à venir. Non seulement parce qu’il s’agit de la maladie articulaire la plus fréquente, mais aussi parce que son coût économique est tout à fait considérable. Mais où en sommesnous actuellement ?
L'
arthrose est de loin la maladie articulaire la plus fréquente. Nous disposons en France, depuis l’étude KHOALA, de données chiffrées de cette fréquence (1). Ainsi, il a été montré que la gonarthrose symptomatique dans une population entre 40 et 75 ans variait de 2,1 % à 10,1 % pour les hommes et de 1,6 à 14,9 % pour les femmes et en ce qui concerne la coxarthrose de 0,9 % à 3,9 % pour les hommes et de 0,7 à 5,1 % pour les femmes (1). L'arthrose est une maladie qui devient invalidante au fil de son évolution de par la chronicité de la douleur et le handicap fonctionnel attenant (2). La meilleure compréhension de la physiopathogénie de la maladie arthrosique nous ouvre des champs et des perspectives thérapeutiques jusque-là ignorés (Fig. 1). En effet, nous sommes passés du concept d'une maladie d'usure du cartilage, à celle d'une maladie évolutive touchant plusieurs tissus dans l'articulation, dont la membrane synoviale, l'os sous-chondral, les tissus péri-articulaires, et bien entendu le cartilage lui-même (3, 4). L’enjeu majeur dans les années à venir dans le traitement l'arthrose *Service de rhumatologie, Hôpital Henri Mondor, Créteil
Rhumatos •Novembre 2013 • vol. 10 • numéro 92
Pr Xavier Chevalier*
Agents anti-inflammatoires Anti-cytokines Inhibiteurs d’enzymes Inhibiteurs d’oxyde nitrique fémur Membrane synoviale ménisque
cartilage
rotule Cartilage
Os sous chondral tibia
membrane syniviale tendon rotulien (ligament rotulien)
Agents anti-ostéoclastiques Anti-angiogéniques
Figure 1 - Ciblage de la membrane synoviale et de l’os sous-chondral dans le but de diminuer la dégradation du cartilage.
est de trouver une molécule pouvant à la fois ralentir le processus arthrosique, tout en diminuant les phénomènes douloureux. Cette molécule idéale, doit également présenter un rapport bénéfice/ risque très favorable (5). En réalité, il est possible de dissocier d'une part l'objectif de traiter purement la douleur et les symptômes, de celui, plus ambitieux, qui consiste à retarder l'évolution de la maladie (5). Ainsi, les essais qui visent uniquement à améliorer les symptômes
sont en général de durée beaucoup plus courte, et ciblent plus spécifiquement les mécanismes non spécifiques de la douleur, alors que les essais de chondro-protection sont des essais beaucoup plus lourds, difficiles à mettre en place, nécessitant un investissement très important et pour lesquels, sur une période de suivi longue, il est beaucoup plus difficile d'apprécier l'évolutivité des symptômes. Actuellement,
nous
disposons 263