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la Pratique quotidienne en RHUMATOLOGie

Février 2014 • Volume 11• n° 95 • 9 E

Essais cliniques en rhumatologie pédiatrique Où en sommes-nous ? Pr Pierre Quartier

La Main Rhumatologique Pr Thomas Bardin et Dr Michel Bodin

Le poumon dans la polyarthrite rhumatoïde Un organe fréquemment touché Dr Huguette Lioté

Dialogue entre os et cartilage dans l’arthrose Dr Odile Gabay-Engel

Nouveautés dans les spondyloarthropathies Entretien avec le Pr Daniel Wendling

L’avenir du FRAX Réflexions d’un clinicien Dr Jacques Bernard

Dr Michel Bodin

www.rhumatos.fr • www.rhumatoaccess.fr


la Pratique quotidienne en RHUMATOLOGie

Directeur de la publication : Dr Antoine Lolivier • Directrice du Service Rédaction : Odile Mathieu • Rédactrice : Cécile Pinault • Secrétaire de rédaction : Fanny Lentz • Directrice de Fabrication et de Production : Gracia Bejjani • Assistante de Production : Cécile Jeannin • Maquette et ­Illustration : ­Erica Denzler, Élodie Lelong • Directrice de clientèle/projets : ­Catherine Patary-Colsenet • Service abonnements : Claire Lesaint • Impression : ­Imprimerie de Compiègne - 2 Av Berthelot - ZAC de Mercières - BP 60524 - 60205 Compiègne cedex Comité de lecture Rédacteurs en chef : Dr Dominique Clerc (Paris) et Pr Thierry Schaeverbeke (Bordeaux). Pr Yannick Allanore (Paris), Dr Laure Artru (Le Mans), Dr Laurence Bellaïche (Paris), Dr ­Olivier Brocq (Monaco), Pr Gérard Chalès (Rennes), Pr Arnaud Constantin (Toulouse), Dr Philippe Dieudé (Paris), Dr Patrick Djian (Paris), Dr Olivier Fichez (Saint-Raphaël), Dr Gilles Hayem (Paris), Pr Eric Houvenagel (Lomme), Dr Frédéric Jacq (Paris), Dr Alain Karneff (Versailles), Dr Frédéric Lavie (Le Kremlin Bicêtre), Dr Bernard Maillet (Moulins), Pr Yves Maugars (Nantes), Pr Souhaïbou Ndongo (Dakar), Dr Edouard Pertuiset (Pontoise), Dr ­Muriel Piperno (Lyon), Dr Eric Roulot (Paris),Dr Didier Rousseau (Paris), Dr Philippe Thelen (Paris), Dr Philippe ­Thomas (Metz), Dr JeanMarc Ziza (Paris). Comité scientifique Pr Bernard Augereau (Paris), Pr Bernard Bannwarth (Bordeaux), Pr Thomas Bardin (Paris), Pr Bernard Cortet (Lille), Dr Henri Dorfmann (Paris), Pr Jean-­Denis Laredo (Paris), Dr Catherine Marty (Garches), Pr Anne Redondo (Clichy), Dr Jacques ­Rodineau (Paris), Pr Christian Roux (Paris), Pr Richard Trèves (Limoges), Pr Pierre Youinou (Brest). Rhumatos est une publication ©Expressions Santé SAS 2, rue de la Roquette, Passage du Cheval Blanc, Cour de Mai - 75011 Paris Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax : 01 49 29 29 19 E-mail : rhumatos@expressiongroupe.fr RCS Paris B 394 829 543 N° de Commission paritaire : 1116 T 85687 ISSN : 1771-0081 Mensuel : 10 numéros par an Revue indexée dans la base PASCAL Les articles de “Rhumatos” sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs. Toute reproduction, même partielle, sans le consentement de l’auteur et de la revue, est illicite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. Assemblés à cette publication : 2 bulletins d’abonnement (2 pages et 4 pages) Crédit de couverture : © Tobilander / Fotolia

sommaire Février 2014 • Vol. 11 • N° 95

www.rhumatos.fr

n Avis d’expert

Nouveautés dans les spondyloarthropathies Entretien avec le Pr Daniel Wendling. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 32

Dr Michel Bodin (Griselles)

n À SAVOIR

Le poumon dans la polyarthrite rhumatoïde Un organe fréquemment touché. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 34 Dr Huguette Lioté (Paris)

n Dossier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

p. 40

ESSAIS CLINIQUES EN RHuMATOLOGIE PÉDIATRIQUE Où en sommes-nous ? Rédigé par le Pr Pierre Quartier (Paris)

n MISE AU POINT

Arthrose Dialogue entre os et cartilage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 48

Dr Odile Gabay-Engel (Bethesda, États-Unis)

n écho des congrès

La Main Rhumatologique 14e journée d’enseignement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 53

Pr Thomas Bardin (Paris), Dr Michel Bodin (Griselles)

n LE POINT SUR… L’avenir du FRAX®

Réflexions d’un clinicien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 57

Dr Jacques Bernard (Toulouse)

n Bulletin d’abonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 51 n ACTUalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 61 n Rendez-vous de l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 61

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avis d’expert

Nouveautés dans les spondyloarthropathies Entretien avec le Pr Daniel Wendling n Après avoir dressé le bilan de sa première année de présidence à la Société française de Rhumatologie (SFR), le Pr Daniel Wendling aborde l’actualité des spondyloarthropathies, notamment celles présentées au Congrès de la SFR en décembre dernier.

Dr Michel Bodin : Comme convenu, nous voici de nouveau réunis pour évoquer l’actualité des spondyloarthropathies à la SFR. Pr Daniel Wendling : Le nombre de communications sur le sujet a été particulièrement dense et le nombre de participants aux sessions sur ce thème a été largement équivalent à celui de l’an passé. Plusieurs nouveautés concernent la cohorte DESIR, cette cohorte d’origine française qui s’intéresse au devenir des spondyloarthropathies indifférenciées récentes : par exemple, le taux de vitamine D plus bas chez les patients atteints de spondyloarthrites récentes comparativement à celui de la population générale, avec une corrélation entre ces taux abaissés et certains éléments spécifiques de l’affection. C’est un élément à prendre en compte, avec ultérieurement la mise en chantier de travaux vérifiant si la normalisation des taux de vitamine D a une influence sur l’évolution de la maladie. La base de données est désormais “gelée”, avec un effectif de 708 patients et déjà un suivi à deux ans, qui permet d’avoir des éléments prédictifs d’évolution.

M.B. : Un certain nombre de publications sont déjà en cours… D.W. : Oui, et des travaux spécifiques ont déjà été lancés dans le cadre de cette cohorte. Plusieurs départe-

*Rhumatologue, Griselles

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Dr Michel Bodin*

Pr Daniel Wendling lors du Congrès de la SFR.

ments étrangers de rhumatologie nous suivent dans nos travaux, même si les patients inclus sont français et suivis en France. Pour les Pays-Bas, nous avons la participation de Désirée van der Heijde, impliquée dans la lecture radiographique et l’interprétation des IRM. De même, Martin Rudwaleit, à Berlin, fait partie du comité scientifique de la cohorte. Dans les informations récentes reçues de DESIR, la périostine, marqueur de l’activité ostéoformatrice, semble un élément intéressant pour les voies de l’ostéoformaRhumatos • Février 2014 • vol. 11 • numéro 95


à savoir

Le poumon dans la polyarthrite rhumatoïde Un organe fréquemment touché n

Le poumon dans la maladie rhumatoïde (PR) doit être une préoccupation quotidienne du

rhumatologue. En effet, des manifestations respiratoires aiguës ou chroniques, d’origine spécifique, infectieuse ou médicamenteuse, surviennent chez un malade sur deux au cours de l’évolution de la maladie. Leur compréhension et leur prise en charge ont été améliorées grâce aux acquis récents de la Tomodensitométrie (TDM), de l’immunologie et de l’histologie.

Pathogénie : le fil d’Ariane

La maladie rhumatoïde doit être comprise comme une maladie inflammatoire caractéristique diffuse à tout l’organisme, d’origine indéterminée. Elle a une traduction histopathologique univoque constituée d’une hyperplasie lymphoplasmocytaire et macrophagique particulière (Fig. 1A), commune au pannus synovial, aux nodules cutanés, mais aussi aux trois compartiments de l’appareil respiratoire (Tab. 1). L’hyperplasie lymphoïde, issue de la différenciation du BALT (le Bronchial Associated Lymphoïd Tissu des Anglo-Saxons), est constamment retrouvée dans le système respiratoire. Elle est organisée en follicules dans la sous-muqueuse bronchiolaire et sécrète des facteurs rhumatoïdes et des Anticorps anti-protéines citrullinées (ACCP). L’intensité de la fibrose interstitielle adjacente est proportionnelle au développement du BALT (1). Il *Service de Pneumologie et Réanimation respiratoire, Centre de Compétence « Maladies pulmonaires rares », Hôpital Tenon, Paris

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Dr Huguette Lioté*

semble donc que l’activation spécifique du BALT joue un rôle clé dans la genèse des lésions respiratoires. Topographiquement, l’infiltrat inflammatoire bronchiolaire et la fibrose peuvent s’étendre dans l’interstitium le long des septa interalvéolaires et interlobulaires jusque dans les espaces sous-pleuraux. Dans ces différents territoires, des lésions d’âge différent coexistent. Elles se traduisent : • dans les Voies aériennes distales (VAD) : par une bronchiolite folliculaire puis fibreuse constrictive et enfin par des bronchiolectasies et des bronchectasies aboutissant à l’exclusion des territoires pulmonaires d’aval ; • dans l’interstitium : par une Pneumopathie interstitielle diffuse (PID) non spécifique puis par une fibrose interstitielle diffuse ; • dans les zones sous-pleurales, par des follicules agrégés constituant les nodules rhumatoïdes ; • lorsque ces derniers se rompent dans la plèvre, ils donnent lieu à une pleurésie sérofibrineuse souvent chronique, plus rarement à une pachypleurite avec des plaques

fibrohyalines (Tab. 1). La conjonction de facteurs environnementaux et de facteurs génétiques est nécessaire à l’initiation de la maladie. Deux facteurs environnementaux ont été identifiés à ce jour : les composants de la fumée de tabac et l’inhalation de silice (2). Ils altèrent l’épithélium bronchiolaire et démasquent des protéines qui, chez certains individus, sont citrullinées grâce à une désiminase. Ces dernières deviennent antigéniques et activent le BALT. Des études épidémiologiques ont solidement montré que le risque de survenue de PR était proportionnel à l’intensité du tabagisme. Un facteur génétique a également été identifié, il s’agit du gène de l’épitope partagé SE, surtout si ce dernier est présent à l’état homozygote. Si l’on combine un tabagisme supérieur à 20 paquets par année et l’épitope SE homozygote, le risque relatif de survenue de PR est de 77,4 ! Le rôle plus spécifique de ces facteurs dans la survenue du poumon rhumatoïde demeure mal connu. Toutefois, un taux élevé d’ACCP Rhumatos • Février 2014 • vol. 11 • numéro 95


Essais cliniques en rhumatologie pédiatrique

Dossier rédigé par le Pr Pierre Quartier*

n La recherche clinique en rhumatologie pédiatrique est particulière, compte tenu des spécificités de l’enfant. Grâce a un réseau international très actif, des essais cliniques ont pu aboutir à

INtroduction

La rhumatologie pédiatrique regroupe un ensemble de maladies et syndromes rares ou orphelins, regroupés en quelques grandes catégories que sont les Arthrites juvéniles idiopathiques (AJI) (1), les maladies et syndromes auto-inflammatoires, les connectivites et vascularites pédiatriques et *Université Paris-Descartes - Centre de référence national des maladies rares "Arthrites juvéniles" - Unité d’immunologiehématologie et rhumatologie pédiatriques, Hôpital NeckerEnfants malades, Paris - Institut IMAGINE

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enfin les arthrites réactionnelles et autres entités inclassables ailleurs (Tab. 1). Les progrès réalisés pour la prise en charge de ces patients passent pour l’essentiel par des travaux de recherche clinique menés au niveau international avec le concours du Pediatric International Trial Organisation (PRINTO, www.printo.it) qui couvre l’Europe, l’Amérique latine, une partie de l’Asie et quelques pays d’Afrique (2), et son alter ego nord-américain le Pediatric

© Tobilander / Fotolia

l’amélioration de la qualité de vie des jeunes malades atteints d’affections rhumatotologiques.

© crédit

DOSSIER

Essais cliniques en rhumatologie pédiatrique

Rheumatology Collaborative Study Group (PRCSG), les deux entités collaborant le plus souvent ensemble. Ces collaborations internationales ont permis d’inclure régulièrement entre 100 et 200 patients d’âge pédiatrique dans des essais multicentriques randomisés restreints à l’une ou l’autre des différentes formes d’AJI, dont la forme systémique, à certains syndromes auto-inflammatoires rares ou à des maladies de système très rares comme la dermatomyosite juvénile. Des esRhumatos • Février 2014 • vol. 11 • numéro 95


Mise au point

Arthrose Dialogue entre os et cartilage n L’arthrose est une maladie dégénérative du cartilage et plus généralement de l’articulation, pouvant amener à un handicap important en fonction de sa localisation. Différents tissus constituent les articulations. Nous nous concentrerons ici sur le rôle joué par le cartilage et l’os dans cette maladie, et plus précisément sur leurs interactions et leurs implications respectives.

Dr Odile Gabay-Engel*

Introduction

L’articulation est anatomiquement constituée par un ensemble de tissus très différents, localisés côte à côte, parfois intriqués les uns dans les autres. Il est étonnant de se rendre compte, aujourd’hui, que pendant si longtemps on a étudié le rôle de chacun de ces tissus individuellement sans se soucier de l’impact du tissu adjacent sur le comportement de l’ensemble des protagonistes au cours de la maladie. Cependant, depuis peu, l’articulation est vue comme un organe à part entière, constitué de différents tissus influant les uns sur les autres afin de conserver un équilibre et une homéostasie globale et agissant en synergie en cas de déséquilibre. Les différents tissus qui constituent l’articulation sont le cartilage, l’os sous-chondral, la membrane synoviale et le liquide synovial, les ligaments et tendons, les ménisques, les muscles et le coussinet graisseux sous-patellaire, en ce qui concerne le genou. Chacun joue un rôle différent et complémentaire dans la survenue de l’arthrose, bien que l’on ne sache pas précisément quel tissu initie la pathologie (Fig. 1). *Section Immunorégulation, National Institute of Arthritis and Musculoskeletal and Skin Disease, National Institutes of Health, Bethesda, États-Unis

48

Figure 1 - Schéma des différents tissus de l’articulation du genou.

L’arthrose est caractérisée par un déséquilibre irréversible dans l’homéostasie du cartilage, mais également dans l’homéostasie de l’articulation, les lésions survenant dans le cartilage étant accompagnées de lésions de l’os sous-chondral. De nombreux facteurs de risque contribuent à ce déséquilibre, tels l’augmentation du stress mécanique, le mal-alignement des

membres, la faiblesse musculaire et l’instabilité des ligaments, ainsi que le surpoids. La synoviale serait le centre de l’inflammation et contribue, à un stade avancé, à la dégradation de l’articulation par la production de protéases, de cytokines pro-inflammatoires et de facteurs de croissance. De plus, la synovite inflammatoire précéderait les changements structuraux. Cependant, Rhumatos • Février 2014 • vol. 11 • numéro 95



écho des congrès

La Main Rhumatologique 14e journée d’enseignement Dr Michel Bodin*

Introduction Fidèle à ses objectifs, la 14e édition de cette journée de formation, organisée par l’Unité Rhumatologique des Affections de la Main de l’hôpital Lariboisière (URAM), a permis de faire le point, d’échanger et de se former sur les techniques et les nouvelles approches thérapeutiques dans la prise en charge des pathologies de la main. En ma qualité de coordonnateur, je remercie nos partenaires de l’industrie sans lesquels cette journée ne pourrait pas avoir lieu et la revue Rhumatos pour ce compte rendu qui vous donnera envie, je l’espère, de participer l’an prochain à la 15e journée d’enseignement « La Main Rhumatologique » qui se tiendra le samedi 11 octobre 2014 à l’Espace Saint-Martin, à Paris. Bonne lecture à tous. Pr Thomas Bardin

Rééducation de la main rhumatoïde D’après une intervention du Dr Johann Beaudreuil et coll., Paris

Le retentissement de l’atteinte de la main sur la réalisation d’activités quotidiennes (cuisine, toilette, habillage…) constitue un facteur de handicap primordial. Le but de la rééducation est donc, en priorité, l’amélioration de la fonction. Par quels moyens thérapeutiques ? La masso-kinésithérapie associe l’utilisation de la physiothérapie (recours au froid lors de poussées, ou au chaud dans les phases moins aiguës) et les exercices de

*Rhumatologue, Griselles

Rhumatos • Février 2014 • vol. 11 • numéro 95

mobilisation passive ou active. Les programmes d’autorééducation apportent souvent d’excellents résultats. L’ergothérapie améliore l’activité et autorise la récupération de fonctions perdues par une meilleure adaptation à l’environnement : modification des prises de petits objets, réalisation d’aides techniques, analyse des activités journalières. L’appareillage (orthèses de repos ou de fonction, pour le pouce, le poignet ou les doigts, orthèses statiques ou dynamiques de correction) est plus acceptable la nuit. L’intérêt de toutes ces techniques de “protection articulaire” a été confirmé par les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) en 2007, concernant la rééducation de la main et du poignet.

Des essais randomisés récents ont évalué divers traitements : laser faible intensité (résultat similaire au placebo), exercices physiques (la mobilisation avec travail de la préhension et renforcement musculaire est supérieure à la mobilisation seule), orthèses de repos (observance modérée et résultat identique à la rééducation, meilleurs résultats chez les PR stables à 3 mois), orthèses de fonction (amélioration de la douleur, mais pas de la fonction ou de la force musculaire), prise en charge multidisciplinaire (efficace dans les PR récentes modérément actives, avec faible limitation fonctionnelle résiduelle). La rééducation de la main rhumatoïde trouve son intérêt au cours de PR stables, avec limitation fonctionnelle faible à moyenne. L’indication est empirique en poussées inflammatoires : cryothérapie, mobilisation passive et orthèses de repos.

Récidive du syndrome du canal carpien après chirurgie D’après une intervention Dr Francis Chaise, Nantes

du

Extrêmement fréquent, le syndrome du canal carpien doit souvent être traité de manière chirurgicale, soit 150 000 interventions par an. Elles sont efficaces et sans séquelles dans la plupart des cas, 53


Le point sur…

L’avenir du FRAX® Réflexions d’un clinicien Dr Jacques Bernard*

Introduction « Nul ne peut résoudre un problème avec les modes de pensée qui ont participé à le générer » Einstein. Il fut un temps, pas si lointain, où ostéoporose et fracture étaient confondues. Écartées les hypothèses traumatique, métabolique et pathologique, nous étions autorisés à parler de “fracture ostéoporotique”. Nous n’avions pas d’outils fiables, clinique, épidémiologique, biologique, radiologique, permettant de prévoir la survenue d’une fracture chez un individu. Dans les années 1980, les absorptiomètres biphotoniques à rayons X ont été mis au point. L’établissement d’un lien statistique fort entre une densité osseuse basse et une prévalence élevée de fractures a pu être solidement réalisé. En 1990 (1), une première conférence de consensus définit l’ostéoporose comme étant l’association d’une densité osseuse basse et d’une microarchitecture osseuse altérée. En 1994, en l’absence de moyen d’évaluation de la microarchitecture osseuse, plus de 400 experts internationaux, soutenus par l’industrie pharmaceutique, parrainés par l’OMS, vont réduire la définition de l’ostéoporose postménopausique

Apports du modèle FRAX®

Dès l’origine, de nombreux facteurs de risque clinique indépendants et déterminants dans la fragilisation du tissu osseux ont été décrits. Ils ont été intégrés dans la majorité des recommandations nationales de prise en charge de l’ostéoporose. Ils ont conditionné le remboursement de la densité osseuse. La saisie de l’ensemble de ces facteurs de risque clinique sur de grandes cohortes a permis dès

*Rhumatologue, CHU de Toulouse

Rhumatos • Février 2014 • vol. 11 • numéro 95

(2) à une valeur basse de densité osseuse (T-score < -2,5). La démonstration de l’efficacité antifracturaire de plusieurs molécules a ainsi pu être faite ces vingt dernières années sur des populations composées essentiellement de femmes ménopausées ayant un antécédent de fracture et/ou une densité osseuse basse. C’est sur la base de cette définition que les cliniciens vont ajuster leur démarche diagnostique et leur décision thérapeutique. La diminution espérée de 10 % de l’incidence des fractures ostéoporotiques à la fin de la première décennie du siècle n’a pas été atteinte. La situation de la ménopause et la place quasi exclusive de la densité osseuse comme critères de décision thérapeutique ont conduit à traiter de nombreuses femmes n’en ayant pas besoin et à ignorer d’autres populations tout aussi à risque, dont les ostéoporoses masculines et l’ostéoporose cortico-induite sont les exemples les plus démonstratifs.

2008 de pondérer le rôle de chacun dans le risque de survenue d’une fracture : âge, sexe, tabac, alcool, polyarthrite rhumatoïde, antécédent héréditaire direct de fracture du col du fémur, antécédent personnel de fracture, corticothérapie, et certaines maladies chroniques. Ce qui aboutira à l’élaboration du FRAX®, probabilité de fracture sur dix ans de la population des deux sexes de 40 à 90 ans… (3). L’utilisation de cet algorithme soulève en pratique de nombreuses questions. • Le FRAX® recouvre-t-il l’ensemble des situations de fragilisa-

tion osseuse auxquelles chacun de nos patients a pu être soumis au cours de sa vie ? • Peut-on appliquer à tous l’algorithme élaboré à partir de la population du FRAX® ? • Quel seuil d’intervention thérapeutique proposer ? • Quel est l’avenir du FRAX® ?

Le FRAX® en France aujourd’hui

L’utilisation du FRAX® est citée par le Groupe de recherche et d’information sur l’ostéoporose (GRIO) sous forme de recommandation en 2012, dans le seul cadre de l’ostéo57


actualités de la profession

rendez-vous de l’industrie

Déremboursement

Recul sur le non-déremboursement des AASAL et des dispositifs contenant de l’acide hyaluronique

«M

aîtriser les dépenses sans pratiquer de nouveaux déremboursements  » est la promesse qu’a tenue Marisol Touraine, la ministre de la Santé, à l’antenne de France Info début février. Une déclaration jugée rassurante par l’Association française de lutte antirhumatismale (AFLAR) qui se mobilise contre le non-déremboursement des Anti-arthrosiques d’action lente (AASAL) et des viscosupplémentations. L’Association a publié un communiqué indi-

quant qu’elle prenait acte de cette décision et espérait qu’elle soit suivie d’une mesure. Le 20 février, c’est le Collège de la Haute autorité de santé (HAS) qui annonçait avoir retiré de son site, à titre conservatoire, l’avis défavorable de la CNEDIMTS sur le maintien du remboursement des dispositifs contenant de l’acide hyaluronique dans le traitement de la gonarthrose. Le Comité de Déontologie et indépendance de l’expertise de la HAS a estimé que le président de la CNEDIMTS avait un lien d’intérêt familial sur ce dossier. ß

rendez-vous de l’industrie TRAUMATOLOGIE

Médicament

Arrivée d’Ibufetum® en traumatologie

Extensions d’indications pour Humira®

L

e nouveau gel anti-inflammatoire Ibufetum® 5 % gel est indiqué dans le traitement symptomatique en traumatologie bénigne (entorses, contusions et traitement symptomatique des tendinites superficielles). Élaboré par les laboratoires Menarini, Ibufetum® 5 % gel contient de l’ibuprofène, ce qui lui confère une action anti-inflammatoire et antalgique, aussi efficace que les formes orales. Le gel provoque peu d’effets indésirables et n’est pas photosensibilisant. Ces propriétés ont conduit la HAS à autoriser le remboursement à 30 % d’Ibufetum® 5 % gel. n

L’

adalimumab (Humira®) a obtenu trois extensions d’indications dans le traitement de la maladie de Crohn modérée chez l’adulte, sévère chez l’enfant (dès 6 ans) et dans l’arthrite juvénile idiopathique polyarticulaire (AJI) (dès 2 ans). Concernant l’AJI, Humira® pourra être prescrit pour traiter l’AJI en association au méthotrexate (MTX) chez les enfants et adolescents de 2 à 17 ans en cas de réponse insuffisante à un ou plusieurs traitements de fond ; ou en monothérapie en cas d’intolérance au MTX ou lorsque la poursuite du traitement par MTX est inadaptée. n

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