LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS / N° DOUBLE SPECIAL LA ROCHELLE

Page 1

ochelle

cial La R N° double spé

N° 28-29 - 4 septembre 2011

La Rochelle fut un succès !

Communiqué de Marylise Lebranchu, présidente de la FNESR Plus de 600 élus socialistes et républicains se sont réunis à La Rochelle du 24 au 26 août pour leurs traditionnelles journées de rencontres et de formation. Au-delà des échanges qui ont permis aux élus de toutes les strates de collectivités territoriales de confronter leurs expériences et leurs pratiques, le constat a été une nouvelle fois établi de l’impact négatif des décisions du gouvernement Fillon pour les finances des collectivités locales et pour les services publics et qui, réunies, impactent directement la vie quotidienne des Français dans un contexte de crise qui précarise une part croissante de nos concitoyens. Les élus socialistes et républicains ont également consacré une large part de leurs travaux aux propositions et au projet des socialistes pour 2012. Un Acte 3 de la décentralisation basé sur les principes de justice, de démocratie et d’efficacité, adossé à une nouvelle relation entre l’État et les collectivités locales, permettra de soutenir la croissance et d’accompagner les politiques nationales fondées sur la solidarité dont la France a besoin. En conviant les partenaires des associations d’élus des partis de gauche à participer à ses travaux, la FNESR entend aussi poursuivre le dialogue constructif pour élaborer une nouvelle étape de la décentralisation qui renoue avec le souffle de celle imaginée il y a bientôt 30 ans. Les élus socialistes et républicains ont aussi confirmé leur volonté de mobilisation pour les prochaines échéances d’ici à l’élection présidentielle, notamment pour bâtir une majorité de gauche au Sénat et pour réussir les primaires de désignation du candidat à l’Élysée. Plus que jamais, les élus socialistes et républicains entendent être partie prenante au changement et à l’alternance, pour une France solidaire, tournée vers l’avenir.

La Rochelle, 27 août 2011

P

enseurs, artistes, chercheurs sont venus débattre avec nous de la complexité et de l’avenir de ce monde sur lequel nous voulons agir. Malgré la proximité de nos primaires, ou peutêtre grâce à elles, il nous revenait de ne pas nous tromper d’échéance et de remplir, une fois encore à La Rochelle, notre 1er devoir de militants qui est de participer à l’élaboration de la pensée de notre parti, de créer de la pensée politique et d’enrichir notre corps de doctrine ; de confronter nos visions du monde et de la société, nos représentations d’un autre possible et de ce que nous voulons faire pour porter le progrès. Chacune de nos candidates et chacun de nos candidats mérite ici d’être salué pour avoir réussi, au cours de ces trois jours, cette alchimie si particulière d’exprimer sa pensée et d’exposer ses solutions sans jamais altérer, ni notre parole, ni notre projet collectif. N’en déplaise à ceux qui attendaient autre chose, nous voilà à présent plus forts après cet exercice réussi, au moment de partir à la rencontre des Français et de mener notre campagne collective des primaires. Forts de ce que nous avons appris, pesé, réfléchi et débattu dans nos travaux. Forts de l’énergie de nos 5000 participants, désormais mieux armés pour mener ce bel exercice démocratique, auquel nous allons convier tout le peuple de gauche pour le mener à la victoire. Dans cette tâche essentielle, notre formidable réseau d’élus locaux jouera un rôle déterminant. Chacun et chacune d’entre nous porte, dès à présent, la responsabilité de convaincre ceux qui appellent le changement de leurs vœux. Car c’est l’ampleur de la mobilisation qui offrira, à celui ou celle qui aura été choisi, la légitimité et la dynamique nécessaire pour rassembler la gauche et lui offrir l’alternance. Mobiliser doit être notre but comme c’est notre devoir de faire de 2012 l’année du changement. Parce qu’il est grand temps que les choses changent ! Maxime Bono, député de la Charente-Maritime, maire de La Rochelle

Sommaire

 Focus Séminaire des élus

- Quel pacte entre gouvernement et collectivités ? - Aménagement du territoire : le renouveau de la contractualisation - Bien communs : un combat essentiel pour la gauche - Gestion de l’eau : entretien avec Jérôme Royer, maire de Jarnac - Education, jeunesse, culture : l’égalité réelle dans les territoires - Les conditions d’une confiance renouvelée - Justice et sécurité : quelles propositions des collectivités ?

- Autour du séminaire des élus : rencontre avec les partenaires de gauche ; les enjeux du scrutin sénatorial ; les départements contre le report de la réforme de la dépendance ; les régions relèvent le défi de l’innovation  Focus Université d’été du PS

- Extrait du discours de clôture de Marylise Lebranchu - Vers un acte 3 de la décentralisation - Le tour de France de Marc Vuillemot

La lettre électronique de Communes de France et de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains 8 bis, rue de Solférino - 75007 Paris • Téléphone 01 42 81 41 36 • Fax 01 48 74 00 78 • redaction@mde-communes-de-france.fr


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

SÉMINAIRE DES ÉLUS

- LA ROCHELLE 2011

Quel pacte entre le gouvernement et les collectivitĂŠs ?

La sĂŠance de clĂ´ture du sĂŠminaire 2011 des ĂŠlus socialistes et rĂŠpublicains, le vendredi 26 aoĂťt, rĂŠunissait sur la tribune Marylise Lebranchu, Laurent Fabius, responsable de la prĂŠfiguration de la première annĂŠe lĂŠgislative 2012-2013, Élisabeth Guigou, secrĂŠtaire nationale du PS, AndrĂŠ Laignel (AMF), Alain Rousset (ARF) et Yves Krattinger (ADF), avant les propos de conclusion du premier secrĂŠtaire du PS par intĂŠrim, Harlem DĂŠsir. Extraits de leurs propos

$PNNVOFT MB MFUUSF OĂš

Marylise Lebranchu. ÂŤ Nous avons travaillĂŠ au sein de la FNESR pour redonner du souffle Ă la dĂŠcentralisation, dĂŠgager de grands principes, renouer avec l’ambition politique de l’acte 1. Nous ne prĂ´nons pas une grande rĂŠvolution, mais une vraie rĂŠforme, par exemple en instaurant des dĂŠbats dans chaque rĂŠgion avec la confĂŠrence rĂŠgionale des territoires. La droite a fait beaucoup pour casser l’amĂŠnagement du territoire, notamment avec les appels Ă projet : pour obtenir le soutien de l’État, il faut ĂŞtre meilleur que son voisin. A l’image de ce qui est fait pour les contribuables, ceux qui ont le plus reçoivent le plus. Ce n’est pas notre conception. Nous pensons la dĂŠcentralisation dans le cadre de la cohĂŠsion et non de la division. Nous entendons placer notre rĂŠforme dans l’idĂŠe d’une continuitĂŠ de la puissance publique du sommet de l’État aux collectivitĂŠs locales ; ce serait d’ailleurs une erreur que de les opposer l’un l’autre. Enfin, rĂŠaffirmons que nos collectivitĂŠs sont bien gĂŠrĂŠes, qu’elles font beaucoup pour faire avancer notre RĂŠpublique dans le sens du progrès Âť.

Élisabeth Guigou.  Il faut rappeler que la contre-rÊforme territoriale de la droite a ÊtÊ votÊe dans la douleur, avec une seule voix de majoritÊ au SÊnat ; et cette loi a ensuite ÊtÊ censurÊe deux fois par le Conseil

constitutionnel. Nous avons menĂŠ une bataille exemplaire au Parlement comme sur le terrain. Toutes les accusations de Sarkozy et de la droite, comme encore CopĂŠ rĂŠcemment, contre les collectivitĂŠs locales, se sont rĂŠvĂŠlĂŠes fausses. Oui, nos collectivitĂŠs sont bien mieux gĂŠrĂŠes que l’État ! Et si elles sont dans une situation difficile, c’est du fait des mesures du gouvernement. Nous voulons instaurer un nouveau pacte entre État et collectivitĂŠs. Il faudra en prioritĂŠ une rĂŠforme complète de la fiscalitĂŠ, notamment en faveur de la pĂŠrĂŠquation, verticale et horizontale. Cette rĂŠforme devra lier l’impĂ´t sur les mĂŠnages Ă leurs revenus. Il nous faut aussi avancer sur la question du partage des compĂŠtences entre État et collectivitĂŠs et entre collectivitĂŠs locales elles-mĂŞmes Âť.

Alain Rousset. ÂŤ L’heure est peut-ĂŞtre enfin aux rĂŠgions‌ malgrĂŠ notre histoire ; la France est en effet le dernier pays centralisĂŠ d’Europe. Cette centralisation multiplie les doublons administratifs et rend la dĂŠcision publique beaucoup plus coĂťteuse. La RGPP est passĂŠe Ă cĂ´tĂŠ des problèmes car il est en effet des secteurs oĂš on peut rĂŠduire les moyens de l’État et d’autres en revanche oĂš il faut les accroĂŽtre : ĂŠducation, recherche, affaires ĂŠtrangères‌ Il nous faut rĂŠformer pour qu’on sache prĂŠcisĂŠment qui fait quoi. Les com-


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

SÉMINAIRE DES ÉLUS

- LA ROCHELLE 2011

pĂŠtences doivent ĂŞtre dĂŠfinies au prĂŠalable sinon les prĂŠfets - dont je prĂŠconise la suppression Ă terme - continueront Ă ĂŞtre les arbitres entre les collectivitĂŠs locales. Il n’y a pas de pilote actuellement dans la dĂŠcision publique : c’est vrai par exemple pour l’emploi. Il faut un patron Ă ce bloc de compĂŠtences, car personne n’est responsable dans le système actuel. On me dit qu’il y a un risque d’inĂŠgalitĂŠ accrue des territoires si on pousse davantage la dĂŠcentralisation. Or, plus il y a eu de dĂŠcentralisation, plus les inĂŠgalitĂŠs territoires se sont rĂŠduites. Il y a un potentiel ĂŠnorme de capacitĂŠs et d’initiatives dans nos territoires Âť.

Yves Krattinger. ÂŤ La rĂŠforme territoriale de la droite est rĂŠtrograde mais le statu quo serait une erreur. L’État et les collectivitĂŠs locales ont un destin partagĂŠ ; ils doivent ĂŞtre partenaires, l’État doit faire confiance Ă l’intelligence des territoires. Les ĂŠlus locaux attendent du respect et nous avons besoin d’un pacte entre les collectivitĂŠs et l’État. La gauche aura besoin des collectivitĂŠs locales pour rĂŠussir, par exemple dans le domaine de l’emploi. Il nous revient de faire adhĂŠrer les territoires Ă un projet national. Parallèlement, il faut ĂŠtendre les compĂŠtences de nos collectivitĂŠs : c’est vrai dans les secteurs de la petite enfance ou du dĂŠveloppement du très haut dĂŠbit par exemple ; il nous faut construire ensemble un modèle qui mette le pays dans le sens du progrès Âť.

AndrĂŠ Laignel. ÂŤ Les lois de dĂŠcentralisation vont avoir 30 ans : elle est une rĂŠussite, un acquis de la gauche. Mais l’an prochain, nous aurons Ă gĂŠrer les dĂŠgâts commis par la droite. Depuis que M. Sarkozy est lĂ , les ĂŠlus constatent l’absence de dialogue et leur dĂŠnigrement permanent. Il existe deux manières de voir les collectivitĂŠs locales : une chance ou alors un boulet pour la France comme le dit la droite, avec sa RGPP : rĂŠgression gĂŠnĂŠrale des politiques publiques. Et que dire des finances ? Avec la suppression de la taxe professionnelle, c’est un transfert massif dans la durĂŠe des impĂ´ts des entreprises vers les mĂŠnages. Au-delĂ de l’injustice, cela nous paralyse car les mĂŠnages sont dĂŠjĂ Ă saturation de l’impĂ´t. C’est aussi la restriction des libertĂŠs locales avec la fixation des taux et le gel des dotations.

Il nous appartiendra de rĂŠtablir une forme de libertĂŠ de nos collectivitĂŠs. RedĂŠfinir nos compĂŠtences, oui, j’en suis d’accord, c’est très bien, mais avec quels moyens ? Pour rĂŠsumer, notre projet devra donner un contenu aux principes constitutionnels que sont la libre administration, l’autonomie financière et la pĂŠrĂŠquation. Justice, dĂŠmocratie, libertĂŠ : voila les trois principes Ă mettre en Ĺ“uvre dans les prochains mois Âť.

Laurent Fabius. ÂŤ Le choix en faveur de la dĂŠcentralisation est un choix politique. Quelles sont les donnĂŠes ? Nous avons besoin d’un projet cohĂŠrent ; personne n’y comprend plus rien aujourd’hui. La gauche doit prĂŠsenter une rĂŠforme cohĂŠrente mĂŞlant trois dimensions : le volet financier, la dĂŠmocratie, les compĂŠtences. Il faut d’autant plus prĂŠparer cette cohĂŠrence car nous allons ensuite rĂŠformer dans des domaines très divers : revoir le statut des outremers, rĂŠserver un sort particulier Ă l’Île de France, avancer sur les questions foncières, ĂŠlaborer une rĂŠvision constitutionnelle‌ L’application de ces rĂŠformes ne pourra pas se faire en seule loi d’oĂš cet impĂŠratif de cohĂŠrence globale. Il nous faudra bien distinguer ce qui peut ĂŞtre changĂŠ tout de suite et ce qui interviendra ensuite. Ce n’est pas grave de prendre son temps si c’est inscrit dans une cohĂŠrence. Toutefois, entre mai et dĂŠcembre de la première annĂŠe, tout doit ĂŞtre posĂŠ Âť.

Harlem DĂŠsir. ÂŤ La force de nos ĂŠlus sera importante pour porter le message du changement. Et ce changement, nous le voulons aussi pour nos territoires face notamment Ă la remise en cause systĂŠmatique des services publics. Les agressions contre nos territoires s’amplifient : c’est l’austĂŠritĂŠ pour les Français et le tour de vis supplĂŠmentaire pour les collectivitĂŠs locales. La règle d’or, nous, nous l’appliquons quand nous sommes aux responsabilitĂŠs, locales ou nationales. Il faut aussi soutenir la croissance, et un Acte 3 de la dĂŠcentralisation sera un atout essentiel de notre projet pour y parvenir. J’en suis convaincu, la dĂŠcentralisation sera un des leviers du retour Ă la croissance. Il est enfin temps de retrouver l’Êlan de la dĂŠcentralisation et d’avoir confiance dans les territoires ! Nous allons aussi nous mobiliser pour garantir le succès des primaires : elles seront exemplaires. La droite a d’ailleurs peur de cette rĂŠussite. En avant pour le changement en 2012 ! Âť. Propos recueillis par Philippe Foussier

OĂš $PNNVOFT MB MFUUSF


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

SÉMINAIRE DES ÉLUS

- LA ROCHELLE 2011

AmÊnagement du territoire : le renouveau de la contractualisation ImpÊratif d’un renouveau de la contractualisation, condamnation de la mise en concurrence des territoires. Les Êlus sont convaincus de la nÊcessitÊ d’une politique d’amÊnagement du territoire volontariste et basÊe sur le principe de cohÊsion territoriale

$PNNVOFT MB MFUUSF OĂš

Bernard Soulage le reconnaĂŽt : ÂŤ Nous avons du mal Ă expliquer Ă nos amis europĂŠens que l’amĂŠnagement du territoire est une question politique majeure en France Âť. Et que l’affrontement gauche-droite sur ce sujet demeure et mĂŞme s’intensifie. C’est vrai par exemple de la manière dont l’une et l’autre conçoivent qui doit gĂŠrer les fonds europĂŠens. Pour la gauche, c’est les rĂŠgions. Il y a aussi la question des services publics. Pour assurer leur maintien, le vice-prĂŠsident de la RĂŠgion RhĂ´ne Alpes et trĂŠsorier de la FNESR est convaincu que le contrat est le meilleur moyen. Bernard Soulage insiste aussi sur le clivage quant aux appels Ă projets : ÂŤ Ils sont scandaleux aujourd’hui non pas en soi mais parce qu’on n’a pas corrigĂŠ les inĂŠgalitĂŠs territoriales. Si on fait de la pĂŠrĂŠquation, alors la donne est diÊrente Âť. C’est la raison pour laquelle la question des finances est dĂŠcisive : ÂŤ La première des inĂŠgalitĂŠs est celle des ressources des collectivitĂŠs territoriales, il faut une ĂŠgalitĂŠ de moyens entre elles. On constate des inĂŠgalitĂŠs abyssales aujourd’hui. Et la première fonction de l’Etat, c’est de donner Ă tous les mĂŞmes moyens Âť, observe-t-il. Pour Thierry Lataste, DGS de la RĂŠgion RhĂ´ne Alpes, ancien SGAR et ancien prĂŠfet, prĂŠsent Ă cet atelier comme expert, ÂŤ l’appel Ă projet peut certes crĂŠer une ĂŠmulation, mais prĂŠsente l’inconvĂŠnient de ne pas ĂŞtre fondĂŠ sur une logique d’Êquilibre territorial. Ce ne sont pas forcĂŠment ceux qui sont les plus en diďŹƒcultĂŠ qui sont les plus aidĂŠs. PĂ´les d’excellence rurale, pĂ´les de compĂŠtitivitĂŠ, plan Campus, Grand emprunt‌ Tous ces dispositifs sont plutĂ´t de nature Ă accroitre la concurrence entre les territoires alors qu’une politique d’amĂŠnagement du territoire devrait tendre Ă gommer les inĂŠgalitĂŠs les plus criantes Âť. Autre ĂŠvolution pointĂŠe par Thierry Lataste s’agissant des CPER : ÂŤ Les premières pĂŠriodes de contrats de plan ĂŠtaient plutĂ´t ĂŠquilibrĂŠes, mais c’est bien moins vrai aujourd’hui.

L’Etat impĂŠcunieux vient chercher des financements de la part des collectivitĂŠs‌ Âť. Pierre Cohen se montre très critique quant Ă l’Êvolution des rapports de l’Etat et des collectivitĂŠs : ÂŤ L’objectif politique est clair : aaiblir la puissance publique dans son ensemble, c’est-Ă -dire Ă la fois l’Etat et les collectivitĂŠs locales Âť. Pour le maire de Toulouse, la rĂŠduction des inĂŠgalitĂŠs territoriales ÂŤ ne peut s’appuyer que sur les collectivitĂŠs locales ; les libĂŠraux aaiblissent l’Etat. A nous Ă gauche de ne pas oublier l’amĂŠnagement du territoire. Le rĂ´le de l’Etat doit ĂŞtre celui du rĂŠĂŠquilibrage et de la redistribution Âť. François Bonneau pose Ă son tour la question de la contractualisation nĂŠcessaire Ă un amĂŠnagement ĂŠquilibrĂŠ du territoire. Mais, affirme le prĂŠsident de la RĂŠgion Centre, ÂŤ je vis chaque jour la recentralisation, avec un Etat toujours plus interventionniste. Et parallèlement, il y a la problĂŠmatique des ressources : il ne peut pas y avoir de vĂŠritable politique d’amĂŠnagement du territoire s’il y a diminution des ressources. Des territoires n’arrivent pas Ă une mise en projet qui leur donnerait un avenir. On est dans la compĂŠtition, systĂŠmatique, des territoires les uns vis-Ă -vis des autres. Et les appels Ă projet ne peuvent que renforcer les inĂŠgalitĂŠs. Il faut repositionner les valeurs de la gauche et les contractualisations doivent ne pas oublier les dimensions de dĂŠmocratie et de citoyennetĂŠ. Il faut une rĂŠhabilitation de l’action publique dans l’amĂŠnagement du territoire ; les enjeux de demain appellent une vision concertĂŠe de l’amĂŠnagement du territoire Âť. P. F.


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

SÉMINAIRE DES ÉLUS

Biens communs : un combat essentiel pour la gauche L’atelier sur les ÂŤ La gestion des biens communs et des services essentiels Âť a permis aux participants de faire un tour d’horizon des biens et services pour lesquels une conception profondĂŠment renouvelĂŠe de leur gestion s’impose. Énergie, eau, couverture numĂŠrique ĂŠtaient notamment au centre des dĂŠbats. Pour François Brottes, dĂŠputĂŠ de l’Isère et responsable des questions ĂŠnergĂŠtiques au sein du groupe des dĂŠputĂŠs socialistes, il faut dans tous ces domaines ÂŤ reprendre la main. Or, si on ne sanctuarise pas un certain nombre d’infrastructures et de services, on perd Âť. Pour cela, il faut requalifier la part d la puissance publique, qu’elle soit nationale ou locale, et des opĂŠrateurs privĂŠs. Et notamment, indique François Brottes, ÂŤ qu’un opĂŠrateur ne puisse pas empĂŞcher des choix Âť. C’est aussi la conception que dĂŠfend Gwenegan Bui, vice-prĂŠsident de la RĂŠgion Bretagne en charge de la couverture numĂŠrique. ÂŤ C’est Ă la puissance publique de dĂŠfinir les projets Âť, assure-t-il, et le Conseil rĂŠgional s’est dotĂŠ d’un programme ambitieux afin que ÂŤ pas un territoire ne soit dĂŠlaissĂŠ, pas une seule zone rurale ne soit oubliĂŠe Âť (cf. notre Lettre n° 24-45 du 10 juillet). La couverture numĂŠrique revĂŞt pour l’Êlu breton une importance aussi dĂŠcisive que l’eau par exemple. ÂŤ Le numĂŠrique, ce sont bien sĂťr les ĂŠchanges privĂŠs mais c’est aussi la clef du dĂŠveloppement ĂŠconomique dans certains secteurs ou encore un outil indispensable Ă un maillage sanitaire, qui permet une communication indispensable Ă notre politique de santĂŠ publique Âť. Mais le grand dĂŠbat du moment concerne l’eau, après la remise du rapport du groupe de travail rĂŠuni dans le cadre du Laboratoire des idĂŠes du PS animĂŠ par le maire de Jarnac JĂŠrĂ´me Royer (cf. entretien ci-contre). Premier secrĂŠtaire fĂŠdĂŠral des Landes, un dĂŠpartement qui a remportĂŠ une victoire rĂŠcente devant le Conseil d’État, Renaud Lagrave estime prioritaire ÂŤ d’aider les maires dans leur combat Âť, comme le fait le Conseil gĂŠnĂŠral que prĂŠside Henri Emmanuelli. ÂŤ Il nous faut soutenir les batailles municipales pour que les communes qui le souhaitent puissent passer en gestion publique Âť, martèle le vice-prĂŠsident du Conseil rĂŠgional d’Aquitaine. Mais au-delĂ de ceux que peuvent faire les collectivitĂŠs locales dans ce sens face aux grandes entreprises du secteur, ÂŤ il faut qu’il y ait des engagements nationaux Âť. C’est prĂŠcisĂŠment dans ce sens que s’est orientĂŠ la rĂŠflexion des ĂŠlus et des militants rĂŠunis pat le Laboratoire des idĂŠes, comme le dĂŠtaille JĂŠrĂ´me Royer dans l’entretien qu’il nous a accordĂŠ. P. F.

- LA ROCHELLE 2011

Pour une gestion dĂŠmocratique et durable de l’eau Dans le cadre du Laboratoire des idĂŠes du PS, un groupe de travail animĂŠ par JĂŠrĂ´me Royer, maire de Jarnac, a produit un rapport sur "L’eau, bien public, bien commun", dont il a ĂŠtĂŠ abondamment question Ă La Rochelle, durant les journĂŠes FNESR comme pendant l’universitĂŠ d’ÊtĂŠ du PS Communes de France. Quels ont ĂŠtĂŠ les principaux axes de rĂŠflexions du groupe de travail "L’eau, bien commun, bien public" ? JĂŠrĂ´me Royer. Lors de la mise en place des diffĂŠrents groupes de travail du Laboratoire des idĂŠes, organisĂŠ par Martine Aubry et dirigĂŠ par Christian Paul, un certain nombre d’Êlus a soulignĂŠ l’Êvidence que constituait le dossier de l’eau Ă partir d’expĂŠriences concrètes, de tĂŠmoignages de terrain, d’Êchecs ou de rĂŠussites. La gestion de l’eau est l’un des dossiers contemporains les plus urgents Ă rĂŠsoudre : c’est une ressource indispensable Ă nos vies qui est en train de se dĂŠgrader tous les jours un peu plus. L’eau, Bien commun de la Nation, doit voir son accès garanti Ă tous de manière ĂŠgalitaire, dans des conditions acceptables. Sa gestion doit ainsi en ĂŞtre maĂŽtrisĂŠe par la puissance publique, en toute transparence. En sollicitant un ĂŠventail de tĂŠmoignages le plus large possible, nous avons essayĂŠ de retracer toutes les ĂŠtapes de la vie de l’eau. Il s’est ĂŠgalement agi de retracer l’architecture juridique et ĂŠconomique de sa gestion, de sa gouvernance nationale jusqu’au local et d’organiser son futur afin que les ĂŠlus locaux puissent mieux maĂŽtriser ce dossier. Qu’ils puissent s’approprier les moyens de prendre les meilleures dĂŠcisions possibles, voilĂ ce qui a soustendu ĂŠgalement notre travail. Une partie des travaux aborde la problĂŠmatique de l’eau sous l’angle de l’amĂŠnagement du territoire. Quelles sont les propositions formulĂŠes en ce sens ? De la protection de la ressource, du glacier Ă l’ocĂŠan, de la nappe souterraine aux zones humides, de l’eau de pluie aux rivières, des stations de pompage Ă la gestion des eaux usĂŠes, toute l’organisation administrative doit intĂŠgrer systĂŠmatiquement les ressources en eau : sa protection, sa gestion, sa disponibilitĂŠ et son adĂŠquation avec toutes les formes d’organisations, politique, gĂŠographique, historique, ĂŠconomique, agriculturale et industrielle de chaque bassin considĂŠrĂŠ. Tous les schĂŠmas d’amĂŠnagement ou d’exploitation doivent intĂŠgrer la problĂŠmatique de l’eau, des SCOT (schĂŠma de cohĂŠrence territoriale) et PLU (plan local d’urbanisme) Ă la politique agricole ou Ă la production industrielle en passant par les rĂŠseaux de transport‌ (Suite page 6) OĂš $PNNVOFT MB MFUUSF


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

SÉMINAIRE DES ÉLUS

(Suite de la page 5) Le rapport insiste sur la nĂŠcessitĂŠ de conforter la gestion publique de l’eau. Comment aider les ĂŠlus locaux pour rĂŠpondre Ă cet objectif ? Quatre axes essentiels se dĂŠgagent : - un meilleur encadrement de la gestion dĂŠlĂŠguĂŠe par un renforcement des obligations des entreprises privĂŠes du secteur : un cadre rĂŠglementaire rendant les contrats plus explicites (structure de gestion identifiĂŠe, objectifs dĂŠfinis, clauses de rĂŠvision‌) et l’exigence d’une transparence lors de leur exĂŠcution (transmission rĂŠgulière des fichiers abonnĂŠs, des plans des rĂŠseaux, de l’historique des interventions‌) ; - un appui Ă la gestion en dispositif public et la promotion de nouveaux moyens au service des collectivitĂŠs, notamment des programmes de formation systĂŠmatique en direction des ĂŠlus en charge de l’eau et la crĂŠation d’une ÂŤAgence publique d’expertise et d’ÊtudeÂť dotĂŠe d’experts mis Ă disposition avec pour mission de fournir aux ĂŠlus conseil, expertise et aide Ă la nĂŠgociation dans les diffĂŠrents domaines juridique, financier et technique liĂŠs Ă l’eau. Structure nationale dĂŠclinĂŠe avec un rĂŠseau

- LA ROCHELLE 2011

d’antennes rĂŠgionales structurĂŠes (SPL dont les collectivitĂŠs locales et territoriales pourraient participer au capital social) ; - une rationalisation de la gestion par une diminution du nombre de services d’eau et d’assainissement en refondant l’organisation sur un double niveau technique d’intervention : un niveau dĂŠpartemental ou interdĂŠpartemental avec 2 ou 3 structures en charge de la production d’eau potable dans une logique de bassin hydrographique pour les unes, du traitement des eaux usĂŠes pour les autres. Et un deuxième niveau communal ou intercommunal en charge de la distribution de l’eau potable et de la collecte et du transport des eaux usĂŠes ; - l’exercice rĂŠel de ses fonctions rĂŠgaliennes par l’État, notamment de ses prĂŠrogatives en terme de police de l’eau. Il est essentiel de retrouver la notion de gouvernance partagĂŠe qui doit se concrĂŠtiser sur nos territoires par des missions clairement dĂŠfinies et rĂŠparties entre l’État, les ĂŠlus et les citoyens ; une rĂŠponse nationale pour rĂŠpondre Ă cet enjeu de civilisation et une gestion locale pour en assurer les bonnes pratiques et ĂŞtre au plus près des citoyens. Propos recueillis par Philippe Foussier

Education, jeunesse, culture : l’ÊgalitĂŠ rĂŠelle dans les territoires Quel rĂ´le les collectivitĂŠs territoriales peuvent-elles jouer pour accompagner les politiques en direction de la jeunesse, de la petite enfance, dans le domaine du pĂŠri-scolaire, des loisirs, de la contribution Ă l’ÊgalitĂŠ rĂŠelle et de la rĂŠussite dans l’enseignement primaire et secondaire ? Patricia Loncle, enseignante-chercheur Ă l’EHESP dresse en ouverture de cet atelier un panorama dĂŠtaillĂŠ qui mets en ĂŠvidence les dĂŠcalages croissants entre les situations des jeunes et les politiques publiques. Constat partagĂŠ par Sylvie Robert, secrĂŠtaire nationale Ă la culture Patricia Loncle du PS. ÂŤ La vulnĂŠrabilitĂŠ des jeunes est rĂŠelle, ce sont des laissĂŠs pour compte, peu considĂŠrĂŠs par les politiques publiques Âť, note la conseillère municipale de Rennes. Elle insiste sur le rĂ´le de levier que peuvent avoir les rĂŠgions. ÂŤ Le rĂ´le du politique et des collectivitĂŠs doit Sylvie Robert mieux s’articuler dans la dimension publique Âť, prĂŠcise Sylvie Robert, saluant la ConfĂŠrence territoriale (dite B15) qui associe autour du prĂŠsident de la RĂŠgion Bretagne, les 4 prĂŠsidents de dĂŠpartements et les 10 prĂŠsidents de communautĂŠs d’agglomĂŠrations, qui permet de renforcer la valorisation territoriale des initiatives en faveur des jeunes. ÂŤ L’ÊgalitĂŠ rĂŠelle, ajoute Sylvie Robert, ce n’est pas que rĂŠparer, c’est aussi prĂŠvenir et anticiper, il faut qu’un maximun de jeunes puissent bĂŠnĂŠficier de parcours choisis et non pas subis Âť. Elle exprime ainsi son souhait d’envisager les politiques publiques de façons diffĂŠrentes pour ouvrir les jeunes au monde. Vice-prĂŠsident du Conseil gĂŠnĂŠral de Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein prĂŠsente de son cĂ´tĂŠ sur les outils du dĂŠpartement pour lutter contre les inĂŠgalitĂŠs. ÂŤLa prĂŠvention des inĂŠgalitĂŠs commence dès le plus jeune âge. Les politiques de rĂŠparation des inĂŠgalitĂŠs mises en place par le dĂŠpartement correspon

$PNNVOFT MB MFUUSF OĂš

dent Ă un modèle social auquel nous sommes attachĂŠs, qui commence dès la petite enfance avec les PMI et se poursuit jusqu’au collège, sans oublier le transport scolaire Âť. Mathieu Klein relate une expĂŠrience menĂŠe sur le territoire de la commune de VandĹ“uvre, voisine de Nancy. 300 enfants scolarisĂŠs ont bĂŠnĂŠficiĂŠ d’un suivi de la 2e section de maternelle Ă l’entrĂŠe en 6e, ce qui a permis de dĂŠtecter des difficultĂŠs rĂŠelles pour 90 d’entre eux, et de mettre en place un service public individualisĂŠ pour amĂŠliorer leur rĂŠussite. Des projets, le Mathieu Klein jeune ĂŠlu n’en manque pas. ÂŤ Le collège est souvent le dernier pilier du service public en zone rurale Âť, constate-t-il en prĂŠsentant les partenariats mis en place en Meurthe-et-Moselle entre les collèges avec les EPAD ou les maisons de retraites, qui permettent aux jeunes d’être davantage citoyens et pas simplement consommateurs. Cela passe par des contrats d’animation Ă l’Êchelle du territoire, ajoute Mathieu Klein. ÂŤLa France est le pays d’Europe le plus jeune, dĂŠclare Patrick Mennucci. La jeunesse, c’est l’avenir du pays. Pourtant aujourd’hui la politique jeunesse au niveau de l’Etat n’existe plus Âť, constate l’Êlu marseillais qui invite ses collègues Patrick Mennucci Ă se saisir des nombreux exemples de politique mise en place dans les dĂŠpartements. ÂŤ Beaucoup de bonnes choses existent, ce n’est pas la peine d’en inventer d’autres, il faut juste mettre des moyens Âť, prĂŠcise Patrick Mennucci. B. B.


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

SÉMINAIRE DES ÉLUS

- LA ROCHELLE 2011

Les conditions d’une confiance renouvelĂŠe La sĂŠance d’ouverture du sĂŠminaire d’ÊtĂŠ des ĂŠlus rĂŠunissait trois "experts" autour de la problĂŠmatique du renouvellement de la confiance entre les Français et les collectivitĂŠs territoriales.

Marylise Lebranchu et Maxime Bono

GaÍl Brustier, StÊphane Rozès, Vincent Tiberj

L

a confiance entre les Français et les collectivitĂŠs locales ÂŤ n’est pas entamĂŠe Âť. C’est la conviction de Maxime Bono, maire de La Rochelle, qui s’exprimait en accueillant les participants au sĂŠminaire rassemblant cette annĂŠe plus de 600 ĂŠlus pour sa 20e ĂŠdition. ÂŤ Nos collectivitĂŠs sont en première ligne pour assurer la continuitĂŠ face Ă un Etat dĂŠfaillant et qui fait tout pour les affaiblir Âť, dĂŠveloppe le dĂŠputĂŠ de CharenteMaritime. Pour Marylise Lebranchu, c’est aussi clairement la politique du gouvernement qui a conduit Ă ÂŤ l’accroissement des inĂŠgalitĂŠs et qui a renforcĂŠ la rĂŠsignation des citoyens Âť. La prĂŠsidente de la FNESR juge que cette politique ÂŤ nourrit les extrĂŠmismes. Il nous appartient de lutter contre la rĂŠsignation des Français, car il est facile de dĂŠtruire la confiance. Notre ambition doit ĂŞtre de la reconquĂŠrir et pour cela il nous faut de notre cĂ´tĂŠ faire confiance aux Français, sinon nous n’obtiendrons pas la leur Âť. StĂŠphane Rozès lance quelques pistes pour rĂŠpondre Ă cette ÂŤ question de confiance Âť. D’abord, ce n’est pas seulement un problème français mais aussi europĂŠen. Et c’est de surcroĂŽt ĂŞtre capable de rĂŠpondre Ă une autre sĂŠrie d’interrogations : ÂŤ Qu’est-ce qu’on attend des politiques, qu’est-ce que les citoyens, au-delĂ de leur propre territoire, estiment avoir de commun avec la nation ? Âť. StĂŠphane Rozès pose deux constats. D’abord sur le plan ĂŠconomique et social : ÂŤ Ce qui faisait le bonheur auparavant, c’Êtait de pouvoir compter sur les revenus d’un travail, prĂŠvoir que ses enfants vivraient mieux. Mais la crise du capitalisme financier et climatique fait que nous n’arrivons plus Ă lire ce que sera demain ; on pensait aussi que l’Europe allait prolonger cette promesse, la rĂŠaliser. Mais ce rendez-vous ne s’est pas concrĂŠtisĂŠ car la politique de Bruxelles ne protège pas. De

plus, elle s’est montrĂŠe incapable de bâtir une conscience europĂŠenne et contribue paradoxalement au repli sur les nations Âť. VoilĂ , pour StĂŠphane Rozès, un facteur explicatif de la dĂŠfiance. ÂŤ Toutefois, la politique ne se rĂŠsume pas Ă des considĂŠrations ĂŠconomiques et sociales : c’est aussi une symbolique, une dimension imaginaire. Or, plus les individus sont fragilisĂŠs ĂŠconomiquement et socialement, plus il devient important de dĂŠterminer ce que chacun estime avoir Ă faire avec les autres Âť. Les socialistes sont apprĂŠciĂŠs Ă la tĂŞte des collectivitĂŠs locales car ils ÂŤ accrochent au rĂŠel, ils construisent une cohĂŠrence entre projet et politiques locales Âť, conclut StĂŠphane Rozès. GaĂŤl Brustier suggère quant Ă lui Ă la gauche de ne pas trop cĂŠder Ă la tentation du catalogue des propositions. Il faut, dit-il, construire ÂŤ une alternative, un mythe Âť, soulignant Ă son tour l’importance de l’imaginaire commun. ÂŤ Les rĂŠponses ĂŠconomiques et sociales doivent s’incarner dans quelque chose qui va plus loin Âť, explique-t-il. GaĂŤl Brustier observe en outre que 80 % des mĂŠnages pauvres n’habitent pas les quartiers des grandes mĂŠtropoles, comme les mĂŠdias le laissent souvent penser, mais qu’ils peuplent en revanche les zones pĂŠriurbaines des villes moyennes ou petites. C’est vers ceux-lĂ , très sĂŠduits par le vote Sarkozy en 2007, que la gauche devrait selon lui porter ses regards et son intĂŠrĂŞt. Vincent Tiberj note de son cĂ´tĂŠ que la manière dont la gauche pense la sociĂŠtĂŠ n’est pas tout Ă fait conforme Ă la rĂŠalitĂŠ sociale et souligne que les ÂŤ figures imposĂŠes de la citoyennetĂŠ marchent de moins en moins : on assiste de plus en plus Ă un militantisme post-it, des mobilisations sur des bases aďŹƒnitaires diďŹƒciles Ă structurer Âť. Si aucun –Êlus ou experts– ne prĂŠtend dĂŠtenir la clef pour reconquĂŠrir la confiance, chacun est en revanche convaincu que la question est dĂŠterminante d’ici Ă 2012‌ et ensuite. P. F.

OĂš $PNNVOFT MB MFUUSF


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

SÉMINAIRE DES ÉLUS

- LA ROCHELLE 2011

Justice et sĂŠcuritĂŠ : quelles propositions des collectivitĂŠs ? Cet atelier issu du groupe de travail de la FNESR animĂŠ par Francis Lec, 1er vice-prĂŠsident du Conseil gĂŠnĂŠral de la Somme, met en exergue le rĂ´le prĂŠpondĂŠrant des ĂŠlus locaux dans la lutte contre la dĂŠlinquance et les incivilitĂŠs, en constante hausse dans notre pays depuis quelques annĂŠes

D

ans son introduction au dĂŠbat, Francis Lec dresse le bilan d’une annĂŠe de dĂŠbats fructueux Ă la FNESR oĂš il apparaĂŽt que les ĂŠlus locaux ne manquent pas d’idĂŠes pour pallier le dĂŠficit de l’État dans le domaine de la sĂŠcuritĂŠ publique. Un an après les ĂŠmeutes de Grenoble Ă l’issue desquelles la droite avait promis face aux camĂŠras des renforts importants d’effectifs de police et de gendarmerie, force est de constater une nouvelle fois l’Êchec du gouvernement dans ce domaine. Francis Lec rappelle que pour le Parti socialiste, la sĂŠcuritĂŠ est un enjeu politique majeur qui ne se dĂŠcline pas uniquement au moment des ĂŠchĂŠances ĂŠlectorales. Il ĂŠvoque le Forum de la sĂŠcuritĂŠ organisĂŠ par le Parti socialiste Ă CrĂŠteil, et ses 22 mesures phares retenues pour le pacte national. ÂŤ Comment dĂŠcliner nos propositions Ă l’Êchelon local, autour d’un triptyque rĂŠpression, prĂŠvention, rĂŠparation Âť, interroge-t-il ? ÂŤ Les interlocuteurs des ĂŠlus partagent l’idĂŠe qu’il n’y a pas de stratĂŠgie nationale de lutte contre la dĂŠlinquance, il n’y a pas de paramètres locaux Âť, constate de son François Pupponi, Francis Lec et Marie-HĂŠlène Lopez-Jollivet cĂ´tĂŠ le secrĂŠtaire national du PS Ă la sĂŠcuritĂŠ, Jean-Jacques Urvoas, dĂŠputĂŠ du Finistère. Il prĂŠcise ĂŠgalement que les problèmes de sĂŠcuritĂŠ publique ne sont pas qu’un problème urbain, tout en constatant la paupĂŠrisation de la gendarmerie. Le dĂŠputĂŠ du Finistère insiste ĂŠgalement sur l’inadaptabilitĂŠ de l’État qui noie les services avec des circulaires successives. Jean-Jacques Urvoas propose de dĂŠfinir des zones de sĂŠcuritĂŠ prioritaire pour afJean-Jacques Urvoas fecter plus de moyens lĂ oĂš ils sont davantage nĂŠcessaires. Il prĂŠconise la crĂŠation de 10 000 postes de policiers et de gendarmes supplĂŠmentaires, une concentration des moyens et une meilleure libertĂŠ d’action. ÂŤ Il faut faire confiance aux policiers et aux gendarmes Âť, prĂŠcise-t-il tout en sou

$PNNVOFT MB MFUUSF OĂš

haitant une meilleure coordination dans les relations avec les ĂŠlus locaux. Il ajoute souhaiter ĂŠgalement une plus grande efficacitĂŠ dans l’emploi des forces de police, lĂ oĂš sont les urgences. Il est inutile de laisser des cars de CRS Ă l’entrĂŠe des villes, note-til, c’est dans les quartiers que la police doit prouver son efficacitĂŠ. Marie-HĂŠlène Lopez-Jollivet, maire de Vernouillet, dĂŠplore la politique des statistiques qui est en totale contradiction avec ce que vivent les populations. ÂŤ Il y a une mĂŠfiance des prĂŠfets vis-Ă -vis des ĂŠlus qui est inacceptable qui va falloir stopper rapidement Âť, ajoute-t-elle. François Pupponi, dĂŠputĂŠ-maire de Sarcelles, invite Ă reconnaĂŽtre les ĂŠchecs du passĂŠ et Ă en tirer les leçons pour une meilleure efficacitĂŠ. ÂŤ Les socialistes sont aujourd’hui capables de dire, de faire, d’être eďŹƒcace en matière de sĂŠcuritĂŠ, martèle-t-il. Il faut rĂŠtablir la sĂŠcuritĂŠ partout en France, mais pour ĂŞtre eďŹƒcace, cela passe par une meilleure coordination des acteurs entre eux Âť, ajoute le dĂŠputĂŠ du Val-d’Oise qui souhaite que les ĂŠlus puissent travailler main dans la main avec la justice des mineurs notamment. Une majoritĂŠ des participants Ă cet atelier ont tenu Ă rappeler que la Justice et la Police sont des missions rĂŠgaliennes de l’État auxquelles il ne faut pas dĂŠroger. Face Ă une pression sociale forte, on municipalise les moyens de la police nationale, un peu contraint et forcĂŠ. Beaucoup souhaitent que l’on donne plus de moyens Ă la PJJ, qui permettra une meilleure efficacitĂŠ dans la gestion des mineurs dĂŠlinquants. Les ĂŠlus appellent au retour de la police de proximitĂŠ et Ă la crĂŠation d’une vĂŠritable justice de proximitĂŠ. Beaucoup de points ont ĂŠtĂŠ abordĂŠs ou n’ont pu ĂŞtre soulevĂŠs faute de temps, lors de cette matinĂŠe de travail fructueuse. Francis Lec invite donc les ĂŠlus Ă continuer Ă apporter leurs contributions et Ă participer au groupe de travail qu’il prĂŠside au sein de la FNESR. Brigitte Bossu


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

SÉMINAIRE DES ÉLUS

- LA ROCHELLE 2011

La gauche unie pour la dĂŠcentralisation Ă€ l’occasion du sĂŠminaire des ĂŠlus socialistes et rĂŠpublicains, la FNESR avait organisĂŠ une rĂŠunion sur le thème "Les principes communs d’une vraie dĂŠcentralisation en 2012 vue par les ĂŠlus de gauche et ĂŠcologistes", le 25 aoĂťt. Étaient prĂŠsents autour de Marylise Lebranchu, prĂŠsidente de la FNESR : Étienne Butzbach, prĂŠsident de l’Association rĂŠpublicaine des ĂŠlus citoyens et apparentĂŠs (ARECA), Catherine Hervieu, prĂŠsidente de la FĂŠdĂŠration des ĂŠlus verts et ĂŠcologistes (FEVE), Jean-Jacques Paris, secrĂŠtaire gĂŠnĂŠral de l’Association nationale des ĂŠlus communistes et rĂŠpublicains (ANECR) et Patrick Molinoz, prĂŠsident de Etienne Buzbach, Marylise Lebranchu, Catherine Hervieu, Jean-Jacques Paris et Patrick Molinoz l’Association nationale des ĂŠlus de la gauche radicale et rĂŠpublicaine (ANEGR). Si chaque reprĂŠsentant d’association a exprimĂŠ sa sensibilitĂŠ propre et les prioritĂŠs qu’il souhaite voir imprimĂŠes aux rĂŠformes entreprises par une gauche victorieuse aux ĂŠlections prĂŠsidentielle et lĂŠgislatives, tous ont dans le mĂŞme temps rĂŠaffirmĂŠ leur volontĂŠ de travailler ensemble pour dĂŠgager, prĂŠcisĂŠment, les ÂŤ principes communs d’une vraie dĂŠcentralisation en 2012 Âť.

Marylise Lebranchu

Christophe Borgel

Jean-Pierre Bel

La prĂŠparation des sĂŠnatoriales Lors du sĂŠminaire des ĂŠlus de La Rochelle et Ă quelques semaines du scrutin sĂŠnatorial, la FNESR et le PS ont organisĂŠ une rĂŠunion autour des enjeux de ces ĂŠlections et du rĂ´le des ĂŠlus locaux, le 25 aoĂťt, avec la participation de Jean-Pierre Bel, prĂŠsident du groupe PS du SĂŠnat, et de Christophe Borgel, secrĂŠtaire national du PS aux ĂŠlections, autour de Marylise Lebranchu. Christophe Borgel a dĂŠtaillĂŠ les situations dĂŠpartementales, ĂŠvaluĂŠ les chances et difficultĂŠs de la gauche dans les diffĂŠrents secteurs et ĂŠvoquĂŠ l’Êtat des accords avec les partenaires. Il a soulignĂŠ que ce scrutin se dĂŠroulerait avec ÂŤ en toile de fond la colère des ĂŠlus locaux Âť face aux mesures Sarkozy-Fillon. Pour lui, une victoire de la gauche ÂŤ est un objectif loin d’être irrĂŠalisable, mais la victoire n’est pas assurĂŠe. Ce serait un coup de tonnerre Âť. Une apprĂŠciation partagĂŠe par JeanPierre Bel. ÂŤ Si la gauche gagne, ce sera une surprise, car nous ne partons pas favori Âť, a expliquĂŠ l’Êlu de l’Ariège. Jean-Pierre Bel a rappelĂŠ que 20 Ă 22 sièges supplĂŠmentaires ĂŠtaient nĂŠcessaires Ă la gauche pour l’emporter le 25 septembre. Toutefois, lors du scrutin de 2008, 23 sièges avaient ĂŠtĂŠ conquis alors que 12 ĂŠtaient espĂŠrĂŠs et prĂŠvus, avec un scrutin portant sur le renouvellement du tiers du SĂŠnat. Or, l’Êlection de 2011 concerne la moitiĂŠ de la Haute AssemblĂŠe‌ P.F. OĂš $PNNVOFT MB MFUUSF


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ° L’EXPRESSION DES ELUS - LA ROCHELLE 2011 Les personnes âgĂŠes abandonnĂŠes par le gouvernement ÂŤ Les prĂŠsidents de conseils gĂŠnĂŠraux socialistes, rĂŠunis Ă La Rochelle, dĂŠnoncent la dĂŠcision du gouvernement de reporter la rĂŠforme annoncĂŠe de la dĂŠpendance. C’est une grave erreur qui porte atteinte Ă la cohĂŠsion sociale. Cette dĂŠcision est contraire aux engagements constants du PrĂŠsident de la RĂŠpublique, qui avait dit et rĂŠpĂŠtĂŠ que nonobstant la crise ĂŠconomique, et les ĂŠchĂŠances ĂŠlectorales, il ĂŠtait d’une nĂŠcessitĂŠ absolue que la rĂŠforme de la prise en charge de la dĂŠpendance intervienne au plus vite. Pour Marie-Françoise PĂŠrol-Dumont, prĂŠsidente du groupe de gauche de l’ADF, cette dĂŠcision est d’autant plus choquante que la situation ne cesse de se dĂŠgrader. Aujourd’hui, les maisons de retraite manquent cruellement de personnels. De mĂŞme, le reste Ă charge qui ne cesse d’augmenter, ĂŠtrangle les familles, alors mĂŞme que les pensions de retraite diminuent. En outre, les services d’aide Ă domicile sont aujourd’hui dans des situations financières très difficiles au point de fragiliser plus de 15 000 emplois. Si une telle situation affectait le secteur industriel, le jour mĂŞme, le Premier ministre aurait Ă bon droit convoquĂŠ une table-ronde Ă Matignon. Ce n’est pas le cas pour les services qui suivent les personnes âgĂŠes et les personnes handicapĂŠes. Les prĂŠsidents de conseils gĂŠnĂŠraux socialistes demandent au gouvernement d’apporter rapidement des rĂŠponses Ă ce sujet, dès le PLFSS pour 2012. Des propositions concrètes, finançables, sont sur la table, il n’y a plus qu’à dĂŠcider. Les personnes âgĂŠes, les personnels et les services de ce secteur mĂŠritent tout autant que les banques que des situations d’urgence et des rĂŠponses structurelles soient apportĂŠes. Repousser la rĂŠforme de la prise en charge de la dĂŠpendance encore une fois, c’est prĂŠparer une crise majeure de la vieillesse dans notre pays, et laisser perdurer une situation grave qui va continuer Ă se dĂŠgrader inexorablement en dĂŠpit des promesses maintes fois renouvelĂŠes du gouvernement Âť. CommuniquĂŠ des prĂŠsidents PS de conseils gĂŠnĂŠraux, le 26 aoĂťt

Les rĂŠgions innovent RĂŠunis Ă la veille de l’ouverture de l’UniversitĂŠ d’ÊtĂŠ du Parti socialiste, les prĂŠsidents de rĂŠgions ont prĂŠsentĂŠ une brochure rĂŠpertoriant une quarantaine de rĂŠalisation dans les domaines de l’Êducation, la formation et l’emploi, la jeunesse, la recherche et l’enseignement supĂŠrieur, l’innovation et l’Êconomie, l’amĂŠnagement du territoire, le dĂŠveloppement durable ou les transports. ÂŤ Chaque jour, les rĂŠgions innovent, elles s’eorcent d’apporter des rĂŠponses concrètes et le plus souvent innovantes aux dĂŠfis qu’elles doivent relever dans le cadre de leurs compĂŠtences Âť. Profitant de cette prĂŠsentation, Alain Rousset, prĂŠsident de l’Association des rĂŠgions de France, a rappelĂŠ qu’alors que le gouvernement qui a mis la France dans une situation financière catastrophique parle de la règle d’or budgĂŠtaire, les collectivitĂŠs sont d’ores et dĂŠjĂ obligĂŠe de l’appliquer sur le terrain. Pour preuve, les collectivitĂŠs ont, en 2009, empruntĂŠ 5,6 milliards d’euros en 2009 et effectuĂŠ 44 milliards d’investissement. Les rĂŠgions appellent de leurs voeux un acte III de la dĂŠcentralisation, afin de voir leurs responsabilitĂŠs renforcĂŠes, pour une meilleure clarification des compĂŠtences entre les collectivitĂŠs entre elles, mais aussi avec l’Etat. B. B.

$PNNVOFT MB MFUUSF OĂš


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DU PS

- LA ROCHELLE 2011

Marylise Lebranchu :  Un Etat fort et des collectivitÊs fortes, voilà notre chemin !  Extraits du discours de clôture de Marylise Lebranchu, prÊsidente de la FNESR, lors de l’universitÊ d’ÊtÊ du PS, le 28 aoÝt

(‌) Dès mercredi sont arrivĂŠs 600 ĂŠlus pour trois journĂŠes de formation. J’ai vu des ĂŠlus concentrĂŠs, actifs, engagĂŠs, des ĂŠlus militants, qui ont proposĂŠ aux ĂŠcologistes, aux communistes, au PRG, au MRC, leurs propositions et ont constatĂŠ que les convergences progressent, sur ce projet de dĂŠcentralisation vraie, sur cette volontĂŠ d’inventer la sociĂŠtĂŠ de demain. Les ĂŠlus ont travaillĂŠ avec acharnement aussi parce qu’ils n’en peuvent plus du mĂŠpris dont ils sont l’objet. Ils n’en peuvent plus de cette impudeur avec laquelle Nicolas Sarkozy, François Fillon ou Jean François CopĂŠ ont tentĂŠ de masquer leurs dĂŠficits inacceptables en accusant les collectivitĂŠs de gauche de mal gĂŠrer ! Ă€ ceux qui croient que les ĂŠlus coĂťtent, je veux rappeler que la RĂŠpublique ne serait rien sans ses ĂŠlus. RĂŠduire leurs moyens d’agir, c’est rĂŠduire l’action publique, c’est amoindrir le bien public. Je connais les difficultĂŠs nĂŠes des concurrences qui parfois opposent nos collectivitĂŠs, mais le gouvernement UMP a soufflĂŠ sur les braises de toutes les divisions et la division territoriale n’y a pas ĂŠchappĂŠ. Je passe vite sur les aberrations des cartes judiciaire,

sanitaire, militaire, que nous avons combattues ensemble. Je rappelle seulement que la rĂŠforme de Mme Dati a coĂťtĂŠ un milliard d’euros supplĂŠmentaires pour une efficacitĂŠ rois fois moindre. Avec Marc Vuillemot, le maire de La Seyne sur Mer, nous nous ĂŠtonnons que 60 000 habitants ne suffisent pas pour garder la maternitĂŠ. Avec les maires des communes dites difficiles, nous cherchons ce droit Ă la sĂťretĂŠ, clamĂŠ sur tous les tons par un PrĂŠsident fĂŠbrile, mais garanti par des commissariats vides et des gendarmeries exsangues. Que dire aussi de ces ĂŠcoles sans enseignants ou sans enseignants formĂŠs, comme s’il ĂŠtait acceptable que les enfants perdent ce que la France que nous aimons avait de meilleur, l’ÊgalitĂŠ des possibles. Nous n’avons pas assez martelĂŠ en revanche notre opposition aux appels Ă projet du gouvernement qui se conduit avec les collectivitĂŠs locales comme avec les Français, en donnant plus Ă ceux qui ont dĂŠjĂ tout. (‌) Un État fort et des collectivitĂŠs fortes, voilĂ notre chemin. Un territoire national uni dans sa diversitĂŠ, voilĂ notre objectif. Alors pour rĂŠussir, je remets au premier secrĂŠtaire le document de propositions promis l’an passĂŠ Ă la première secrĂŠtaire. Mais plus encore, j’engage devant vous tous les ĂŠlus socialistes et rĂŠpublicains : ils vont animer les primaires, faire gagner cet acte de dĂŠmocratie et de confiance. J’engage devant vous tous les ĂŠlus socialistes et rĂŠpublicains Ă faire campagne bien sĂťr pour les sĂŠnatoriales, notre bel espoir de rentrĂŠe, mais ensuite Ă ĂŞtre les acteurs quotidiens de nos 250 jours de campagne prĂŠsidentielle. N’oublions pas ce que je disais dĂŠjĂ l’an passĂŠ ici mĂŞme : 60 000 ĂŠlus qui en moyenne vont convaincre 300 ĂŠlecteurs, c’est 18 millions de voix et la victoire en 2012, victoire qui permettra de rĂŠĂŠcrire la France de la puissance publique avec une chance de briser toutes les inĂŠgalitĂŠs ! ď Ž OĂš $PNNVOFT MB MFUUSF


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DU PS

- LA ROCHELLE 2011

Vers un acte 3 de la dĂŠcentralisation L‘universitĂŠ d’ÊtĂŠ du PS a elle aussi consacrĂŠ une partie de ses travaux aux questions relatives Ă la dĂŠcentralisation. Il ĂŠtait co-animĂŠ par Marie-Françoise PĂŠrolDumont, AndrĂŠ Laignel et Alain Rousset

L

a dĂŠcentralisation, hĂŠritage de la gauche, ÂŤ est la mère de toutes les rĂŠformes parce qu’elle concerne tous les domaines de l’action publique Âť. C’est la conviction, très largement partagĂŠe, exprimĂŠe par Alain Rousset, prĂŠsident du Conseil rĂŠgional d’Aquitaine et de l’ARF. En soulignant combien les collectivitĂŠs locales contribuent Ă l’activitĂŠ ĂŠconomique, aux investissements publics en particulier, le dĂŠputĂŠ de la Gironde estime qu’elles constituent par leur action mĂŞme une des clefs de la reconquĂŞte de la crĂŠdibilitĂŠ du politique vis-Ă -vis de citoyens parfois dĂŠsabusĂŠs, en manque de confiance, comme l’observaient les participants Ă l‘ouverture du sĂŠminaire des ĂŠlus (cf. p. 7). Evoquant la manière dont les questions relatives Ă la dĂŠcentralisation sont abordĂŠes, Alain Rousset prĂŠconise de ne pas se focaliser sur les problĂŠmatiques de pouvoir mais aussi et peut ĂŞtre surtout de s’interroger sur l’efficacitĂŠ de l’action publique, plus Ă mĂŞme selon lui de conduire une rĂŠflexion sereine en la matière. Enchainant avec ce propos, MarieFrançoise PĂŠrol-Dumont rĂŠinterroge elle aussi la façon de poser le problème. ÂŤ Il ne faut pas parler d’acte 3 de la dĂŠcentralisation car il n’y a pas eu d’acte 2 Âť, martèle la prĂŠsidente du Conseil gĂŠnĂŠral de la Haute-Vienne. Pour elle, les lois Raffarin n’ont en rien contribuĂŠ Ă la dĂŠcentralisation, ÂŤ ce ne sont que des lois de

$PNNVOFT MB MFUUSF OĂš

dĂŠlestage de l’Etat vers les collectivitĂŠs Âť, cingle la prĂŠsidente du groupe de gauche de l’ADF. D’autant, souligne-t-elle, que ÂŤ la droite a toujours tout fait pour opposer les collectivitĂŠs locales entre elles, pour nous opposer les uns les autres Âť. Quant Ă la rĂŠforme territoriale, si mal nommĂŠe, Marie-Françoise PĂŠrol-Dumont la rĂŠsume d’un mot : ÂŤ Une imposture ! Âť. A l’instar d’autres ĂŠlus, elle invite Ă dĂŠnoncer –dĂŠjà – l’outillage sĂŠmantique de la droite, chargĂŠ idĂŠologiquement, voyant dans la qualification de ÂŤ millefeuille Âť un ÂŤ terme odieux Âť,et dans le conseiller territorial une ÂŤ aberration politique Âť. Pour la prĂŠsidente de la Haute-Vienne, il est indispensable de ÂŤ redĂŠfinir le cadre gĂŠnĂŠral de notre RĂŠpublique dĂŠcentralisĂŠe. Il faut clarifier les relations entre l’Etat et les collectivitĂŠs notamment pour retrouver une relation de confiance, et parallèlement nous avons aussi Ă repenser nos pratiques d’Êlus Âť.

Appliquer la Constitution C’est ensuite AndrÊ Laignel qui s’exprime, en dÊfendant à son tour cette "rÊforme majeure" qu’est la dÊcentralisation portÊe par la gauche à chaque fois qu’elle a exercÊ le pouvoir. Fustigeant la rÊforme –  une contre rÊforme donc une rÊgression  – territoriale, le secrÊtaire gÊnÊral de l’AMF insiste sur la nÊcessitÊ de renouer avec une vraie politique d’amÊnagement du territoire, s’alarmant du recul gÊnÊralisÊ des services publics depuis 2002. Le

maire d’Issoudun dĂŠnonce chiffres Ă l’appui ÂŤ l’Êtouement financer Âť des collectivitĂŠs locales. ÂŤ On nous ĂŠtoue et dans le mĂŞme temps on nous prive de libertĂŠ Âť, s’insurge le prĂŠsident de l’Observatoire des finances locales. Il rĂŠsume ce que devrait ĂŞtre l’ambition d’une orientation renouvelĂŠe en matière de dĂŠcentralisation, et qui consisterait – simplement – Ă appliquer la Constitution. Celle-ci ĂŠnonce en effet trois principes, actuellement bafouĂŠs : la libre administration des collectivitĂŠs locales, l’autonomie financière et la pĂŠrĂŠquation. Et il ajoute qu’une nouvelle ĂŠtape de la dĂŠcentralisation devrait aussi s’inspirer du slogan autrefois utilisĂŠ par François Mitterrand lorsqu’il affirmait : ÂŤ Le projet de la droite, c’est de conserver le pouvoir ; le mien, c’est de vous le rendre Âť. Un dĂŠbat s’est ensuite engagĂŠ avec les ĂŠlus ou militants prĂŠsents, avec parfois des nuances importantes, sur deux thèmes principaux : la mĂŠtropolisation, qui a ses dĂŠfenseurs et ses dĂŠtracteurs, et l’intercommunalitĂŠ, dont les processus l‘approfondissement en cours posent de nombreuses questions. A l’Êvidence, l’argument portĂŠ au dĂŠbut du quinquennat par Balladur d’une ÂŤ ĂŠvaporation Âť des communes par un renforcement de l’intercommunalitĂŠ semble parfois faire mouche. P. F.


FOCUS  L’ACTION DES ELUS - LA ROCHELLE 2011

Services publics : le combat exemplaire de Marc Vuillemot À l’heure où une partie de ses concitoyens s’adonnaient au plaisir de la plage, Marc Vuillemot enfourchait son vélo pour rejoindre la capitale et s’opposer à la fermeture de la maternité de l’hôpital de La Seyne-sur-Mer (Var, 60 000 habitants). Une initiative saluée fréquemment pendant le séminaire des élus de La Rochelle

P

our tenter de sauver la plus importante maternité publique de l’agglomération toulonnaise, le maire de La Seyne-sur-Mer, Marc Vuillemot, a enfourché son vélo pour rejoindre la capitale au terme d’un long périple. Et porter en personne le 17 août au ministère de la Santé l’ensemble des pétitions récoltées qui dénoncent cette fermeture. Un parcours de 950 km, jalonné par 15 étapes en camping. Depuis le début de son mandat, en mars 2008, la sauvegarde de la maternité de l’hôpital George Sand figure au rang de ses préoccupations majeures. Mais, au-delà du cas particulier de cette unité de soins, l’élu varois s’est livré à un véritable combat pour la défense des services publics. Histoire de donner corps à une démarche qui s’apparente à bien des égards à celle des hôpitaux de Cavaillon-Lauris, Ste-Foy-lesLyon, Clamecy ou Nemours. Le succès ne s’est pas fait attendre. En témoigne le nombre élevé de journalistes postés devant le ministère de la Santé au terme de l’ultime étape… La presse nationale, les chaînes de télévision et les radios n’ont en effet pas lésiné sur les moyens pour couvrir un événement voué à marquer les esprits. « Nous avons pu plaider longuement et avancer nombre Marc Vuillemot avec Harlem Désir, premier secrétaire du PS, et la déléd’arguments relevant de gation de La-Seyne-sur-Mer, le 17 août au siège du Parti socialiste notre vision d’une approche d’aménagement d’un territoire républicain permettant que soit assuré à chaque concitoyen, quelle que soit la situation sociale, économique, culturelle et de localisation géographique, le même accès aux droits fondamentaux qui lui sont dus par une nation démocratique, dont la santé, comme l’éducation, le loge-

ment ou la sécurité, confiait Marc Vuillemot au sortir de son échange. Le combat ne fait que commencer ».

Juste cause Accompagné pour l’occasion par JeanLouis Boissonnade, représentant du collectif varois de défense de l’accès aux soins, et d’un quarteron d’élus, l’élu socialiste a obtenu la certitude que la table-ronde proposée par le ministre « ne serait pas une simple explication de texte d’une décision irrévocable, mais un travail à engager, plaçant les élus, porteurs des aspirations de leurs populations, à leurs justes places, avec la possibilité d’avancer un argumentaire qui ne se limiterait pas à des explications de technique médicale ou d’équilibre budgétaire ». Et il entend bien transformer l’essai au plus vite « en exigeant que les travaux soient placés sous la conduite du préfet du Var, seul interlocuteur de l’État digne de ce nom, et non sous celle de la direction de l’Agence régionale de la santé. C’est une question politique qui va être traitée. Pas un sujet de marchands de tapis ! », renchérit-il. L’accueil chaleureux qui a suivi à la mairie de Paris, de la part d’Anne Hidalgo, première adjointe, et au siège du PS, rue de Solferino, en présence d’Harlem Désir, premier secrétaire par intérim, suffit à démontrer le succès d’une opération qui n’a pas fini de faire des vagues. « Chapeau bas à toutes celles et tous ceux qui, à Paris ou à La Seyne, et tout au long de notre périple, ont accompagné avec enthousiasme et détermination la lutte pour cette juste cause », clame Marc Vuillemot. Et lors du séminaire d’été des élus socialistes et républicains de La Rochelle, l’initiative de Marc Vuillemot a été citée et saluée à de multiples reprises. Bruno Tranchant

Gérant - Directeur de la publication : Serge Bossini - Rédacteur en chef : Philippe Foussier - Conception réalisation : Brigitte Bossu A participé à ce numéro : Bruno Tranchant - Photos : Pascal Lebrun & D.R


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.