LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°36

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de France

N° 36 - 24 octobre 2011

Sommaire  Focus Présidentielle 2012 La Convention d’investiture du 22 octobre Une analyse des votes des 9 et 16 octobre

 Focus Congrès de ADF Les départements se veulent territoires d’avenir

 L’élue de la semaine Nathalie Le Yondre

Appel à la mobilisation Les instances de l’Association des maires de France seront renouvelées cette année : l’élection aura lieu le 23 novembre et le 24 en cas de second tour. Les maires socialistes et républicains sont invités à s’organiser au plan départemental pour la collecte (en octobre) des pouvoirs des maires déçus par les réformes imposées mais qui ne viendront pas au Congrès. En effet, chaque année, plusieurs milliers de pouvoirs sont perdus faute d’avoir été collectés. Chaque maire ou président d’EPCI inscrit au Congrès peut porter 50 pouvoirs, à retourner dûment remplis avant le 4 novembre à : André Laignel, secrétaire général de l’AMF - 41, quai d’Orsay - 75007 Paris - Tél. 01 44 18 13 58

Congrès des maires : un enjeu décisif

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u moment où nos communes et intercommunalités sont fragilisées et sont confrontées à une triple régression : de la décentralisation, des finances locales et des services publics, il convient d’engager une action combative et unie au service des communes de France. Les 22, 23 et 24 novembre prochains, se tiendra le Congrès de l’Association des maires et des présidents d’EPCI à Paris. Cet événement auquel je vous invite à participer nombreux a pour thème "Le Maire, l’intérêt général et le citoyen". Le gouvernement et l’État sont dans le dénigrement et expliquent depuis plusieurs années que les collectivités seraient trop nombreuses, coûteraient trop cher, seraient mal gérées et trop endettées. Véhiculer un tel discours, c’est affaiblir la confiance de la population vis-à-vis des élus. Cela est inacceptable parce que cela est mensonger. La règle d’or existe depuis longtemps pour nos collectivités. Nous avons dégagé plus de 30 milliards d’euros d’excédent de fonctionnement en 2010, alors que l’État était en déficit de fonctionnement de plus de 100 milliards. Notre part de dette est inférieure à 10 % alors que nous représentons 70 % de l’investissement public. Force est de constater que ce n’est pas la dette des collectivités locales qui pèse sur l’endettement de la France. À la lueur de ces faits, les élus locaux que nous sommes sont les piliers de la République décentralisée et nous devons être respectés. J’entends avec votre soutien donner le nouvel élan indispensable pour promouvoir nos collectivités et porter les valeurs de progrès qui nous rassemblent : liberté, justice, solidarité et laïcité. Ma conviction : plus nous serons actifs et unis, plus nous serons forts. Mobilisez-vous et mobilisez autour de vous pour être nombreux ou représentés au Congrès de l’AMF. Je compte sur vous. André Laignel, maire d’Issoudun, secrétaire général de l’AMF, président de l’Observatoire des finances locales

La lettre électronique de Communes de France et de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains 8 bis, rue de Solférino - 75007 Paris • Téléphone 01 42 81 41 36 • Fax 01 48 74 00 78 • redaction@mde-communes-de-france.fr


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

PRESIDENTIELLE 2012

Le peuple de gauche soudĂŠ derrière François Hollande La convention d’investiture du candidat du PS et du PRG Ă l’Êlection prĂŠsidentielle s’est dĂŠroulĂŠe Halle Freyssinet Ă Paris samedi 22 octobre. L’heure ĂŠtait rĂŠsolument Ă l’unitĂŠ et au rassemblement autour de François Hollande

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roid dehors mais chaud dans les cĹ“urs‌ Premiers froids dehors mais chaleur militante Ă l’intĂŠrieur de la Halle Freyssinet. La campagne prĂŠsidentielle unitaire des socialistes s’est donc lancĂŠe dans une ambiance survoltĂŠe Ă la Halle Freyssinet, dans le 13e arrondissement de Paris. Militants de tous horizons gĂŠographiques et engagĂŠs dans les campagnes des diffĂŠrents candidats ĂŠtaient donc prĂŠsents dans la salle. Après les traditionnels mots d’accueil du premier secrĂŠtaire fĂŠdĂŠral parisien et de la prĂŠsidente du MJS, et des clips retraçant l’engagement des citoyens et des militants lors des primaires citoyennes des 9 et 16 octobre, les reprĂŠsentants de la Haute AutoritĂŠ des Primaires ont prĂŠsentĂŠ les rĂŠsultats. François Hollande est proclamĂŠ vainqueur de la primaire citoyenne.

Tout est prĂŞt Jean-Michel Baylet, Arnaud Montebourg, Manuel Valls et SĂŠgolène Royal font leur entrĂŠe avant que la première secrĂŠtaire du Parti socialiste, Martine Aubry, et le candidat dĂŠsignĂŠ, François Hollande, entrent sous les applaudissements nourris du public. Martine Aubry fĂŠlicite chaleureusement François Hollande en soulignant le surcroĂŽt de lĂŠgitimitĂŠ que lui donnent les primaires. La ÂŤ grande force Âť de François Hollande, c’est le Parti, ses ĂŠlus et ses militants ÂŤ ÂŤ dĂŠterminĂŠs Âť Ă porter François Hollande Ă l’ÉlysĂŠe. ÂŤ Nous sommes prĂŞts ! Âť, clame, sous les applaudissements, la première secrĂŠtaire. ÂŤ PrĂŞts Âť avec le SĂŠnat qui a basculĂŠ Ă gauche, avec le non-cumul des mandats, avec les relations avec partenaires de gauche et les partis amis europĂŠens du PSE, les socialistes sont donc unis derrière François Hollande. ÂŤ Tout est prĂŞt pour que le prochain prĂŠsident de la RĂŠpublique s’appelle François Hollande Âť,

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conclut Martine Aubry. Jean-Michel Baylet affirme ensuite avoir ĂŠtĂŠ heureux de participer Ă ÂŤ cette page nouvelle pour notre dĂŠmocratie Âť pour porter les ÂŤ valeurs des radicaux Âť. Manuel Valls succède Ă la tribune au prĂŠsident du PRG et dĂŠcrit une France ÂŤ dĂŠsespĂŠrĂŠe mais qui regarde les socialistes Âť. ArrivĂŠe Ă un ÂŤ moment de vĂŠritĂŠ Âť, la France porte donc un regard ÂŤ d’espĂŠrance Âť sur les socialistes. Pour Manuel Valls, les ĂŠlus socialistes apporteront la dĂŠmonstration que la droite a ĂŠchouĂŠ sur la question de la sĂŠcuritĂŠ. Pour Arnaud Montebourg, les diffĂŠrents candidats ont permis de faire entrer dans l’imaginaire national des solutions diffĂŠrentes et ainsi brisĂŠ la domination mĂŠdiatique de la droite. ÂŤ François Hollande a su lancer des ponts et bâtir un compagnonnage solide Âť pour la campagne Ă venir. Les dĂŠbats ont permis de bâtir les ĂŠtages du projet socialiste prĂŠcĂŠdemment votĂŠ. C’est un ÂŤ Nouvel Epinay Âť, mais un Epinay ÂŤ citoyen Âť, s’exclame Arnaud Montebourg, qui souligne la pertinence de l’alliance des nouvelles idĂŠes portĂŠes dans ces primaires. ÂŤ La très longue glissade des socialistes vers le libĂŠralisme vient d’être condamnĂŠe par la crise Âť affirme le dĂŠputĂŠ de SaĂ´ne-etLoire, soulignant la dĂŠmarche de François Hollande Ă Madrid. Ancienne candidate Ă l’Êlection prĂŠsidentielle de 2007, SĂŠgolène Royal achève la sĂŠrie des prises de parole.

Un seul but C’est ensuite Ă François Hollande de prendre la parole. Les socialistes sont sortis de cette convention d’investiture renforcĂŠs avec un candidat rassembleur, venu ÂŤ parler de la France qui a tant de ressources qu’elle mĂŠrite un autre chemin Âť. Socialiste, rassembleur, le candidat des socialistes a su captiver les milliers de militants prĂŠsents en leur fixant un but, un seul but mais historique : gagner le 6 mai prochain et engager l’alternance. GaĂŤl Brustier


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

PRESIDENTIELLE 2012

JĂŠrĂ´me Fourquet : ÂŤ Une lame de fond porte l’alternance Âť Directeur adjoint du dĂŠpartement Opinion de l’IFOP, JĂŠrĂ´me Fourquet a bien voulu commenter pour Communes de France la mobilisation civique en faveur des primaires organisĂŠes les 9 et 16 octobre derniers Communes de France. Quels constats peut-on tirer de l’analyse de la participation Ă cette primaire citoyenne et de sa rĂŠpartition gĂŠographique ? JĂŠrĂ´me Fourquet. Pour comprendre ce qui s’est dĂŠroulĂŠ les 9 et 16 octobre, il faut prendre en compte les bons indicateurs. Calculer la participation en primaire en prenant comme rĂŠfĂŠrence l’ensemble des inscrits n’a pas beaucoup de sens. On peut considĂŠrer que le ÂŤ vivier ĂŠlectoral potentiel Âť des primaires est en fait celui de l’Êlectorat de SĂŠgolène Royal lors du premier tour du 22 avril 2007 (soit l’Êlectorat ayant votĂŠ pour le PS Ă une ĂŠlection Ă forte participation). La participation aux primaires doit se calculer en ĂŠtablissant le ratio entre le nombre de votants et le nombre de voix obtenues par la candidate socialiste Ă l’Êlection de 2007. Grâce Ă cette mĂŠthode, on objective de nombreux contrastes riches d’enseignements. Ă€ l’Êchelle du pays, on constate en effet que l’Êquivalent de 29 % du total de l’Êlectorat de SĂŠgolène Royal s’est rendu aux urnes lors du premier tour de ces primaires. Mais il est intĂŠressant de constater que si cette proportion monte Ă 49 % Ă Paris, elle tombe Ă 14 % dans l’Aisne. Il apparaĂŽt assez vite ĂŠvident que les zones qui ont le plus votĂŠ correspondent aux dĂŠpartements les plus urbains. Par exemple, les taux de participation sont très forts Ă Paris, dans l’Essonne, dans les Hauts-de-Seine, en Loire-Atlantique, dans le RhĂ´ne ou en Haute-Garonne. On constate donc un effet de surparticipation des grands centres urbains, des grandes mĂŠtropoles. Plusieurs facteurs ont ĂŠgalement jouĂŠ : la densitĂŠ du maillage militant, celle du maillage des bureaux de vote et, ĂŠvidemment, la sociologie locale et l’effet ÂŤ fief Âť. Ainsi, certains dĂŠpartements ont fortement votĂŠ : ce sont ceux des candidats : la Corrèze, la SaĂ´ne-et-Loire et le Tarn-et-Garonne. L’implantation locale des tĂŠnors de la primaire y a gonflĂŠ la participation. Le Nord est un contre-exemple puisqu’il a relativement moins votĂŠ que la moyenne nationale, ce qui est probablement le produit d’une pesanteur sociologique sur le taux de participation.

Que signifie, dans le contexte actuel, la mobilisation d’environ 3 millions de personnes ? Cette mobilisation est une première. La participation et les scores du premier tour sont un premier fait important. L’amplification de la participation au second tour en est un autre. Il s’agit, Ă l’Êvidence, d’une vĂŠritable rĂŠussite populaire et civique. C’est la manifestation d’une sorte de lame de fond portant l’alternance. Le basculement du SĂŠnat a ĂŠtĂŠ un ĂŠvĂŠnement majeur, mais il semble qu’il y ait eu, aux primaires, une autre rĂŠplique, sous la forme de participation tranquille mais dĂŠterminĂŠe pour crĂŠer l’alternance. Et près de trois millions de personnes avec une participation en hausse au second tour et un rassemblement autour du candidat arrivĂŠ en tĂŞte du premier tour, cela dĂŠmontre que les ĂŠlecteurs de gauche se sont vraiment appropriĂŠ la primaire et ont bien intĂŠgrĂŠ sa logique. Les classes populaires sont-elles venues voter ? La question des classes populaires dans la primaire est en partie rĂŠvĂŠlĂŠe par la gĂŠographie de la participation. S’il est vrai qu’outre les grands centres urbains, une sĂŠrie de dĂŠpartements ruraux ont fortement participĂŠ Ă la primaire citoyenne, c’est le cas par exemple des dĂŠpartements du Sud-Ouest comme l’Aude ou l’Ariège, dĂŠpartements ruraux, populaires, fortement encadrĂŠs par le PS. Ă€ l’inverse, on constate des participations faibles, voire très faibles, dans d’autres dĂŠpartements ruraux, très populaires et touchĂŠs de plein fouet par la crise et la dĂŠsindustrialisation. C’est le cas par exemple de l’Aisne, de la HauteMarne, de l’Aube, des Ardennes ou bien encore de la Somme‌ De la mĂŞme façon, on tombe Ă des taux de participation de l’ordre de 11,6 % Ă Bobigny (contre 29 % en moyenne nationale‌), 13,6 % Ă Sevran, 15,8 % Ă Vaulx-en-Velin ou 14,1 % Ă Trappes. L’Êlectorat populaire s’est beaucoup moins dĂŠplacĂŠ que l’Êlectorat des ÂŤ CSP + Âť. C’est un des enseignements de ces primaires et qu’on avait dĂŠjĂ anticipĂŠ dans les enquĂŞtes d’opinion rĂŠalisĂŠes avant le scrutin qui montraient ĂŠgalement que les hommes, les plus de 50 ans et les catĂŠgories sociales supĂŠrieures avaient davantage l’intention de voter que les femmes, les jeunes et les milieux populaires. Du point de vue de l’opinion, ces primaires sont-elles un atout ou un handicap pour le candidat dĂŠsignĂŠ ? Les ĂŠlecteurs ont compris la mĂŠcanique des primaires. Les scores finaux et la nette avance de François Hollande reflètent cette volontĂŠ de faire ĂŠmerger un candidat lĂŠgitimĂŠ par une forte participation. Il s’est agi, pour l’Êlectorat, d’Êviter les dĂŠchirements, de se placer derrière celui qui ĂŠtait en tĂŞte au premier tour et d’amplifier son avance. Propos recueillis par G. B.

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FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

CONGRES DES DÉPARTEMENTS DE FRANCE

Le dĂŠpartement s’affirme comme territoire d’avenir C’est dans un contexte politique particulier que s’est ouvert le 81e Congrès de l’AssemblĂŠe des dĂŠpartements de France, rĂŠuni cette annĂŠe dans le Doubs Ă l’invitation de son prĂŠsident Claude Jeannerot. Pour la première fois, le SĂŠnat vient de basculer Ă gauche et les regards sont maintenant braquĂŠs sur la prĂŠsidentielle et les lĂŠgislatives de 2012

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erre de lumière, d’entraide et d’utopie, indispensable au vivre ensemble, selon l’expression de Claude Jeannerot, le Doubs accueille le dernier Congrès de l’ADF avant l’Êlection prĂŠsidentielle. Les dĂŠpartements veulent prendre toute leur place dans le dĂŠbat des mois Ă venir. ÂŤ DĂŠpartements, grands ou petits, ruraux ou urbains, de plaine ou de montagne, de mĂŠtropole et d’outre-mer, nous partageons la mĂŞme ambition : accompagner le dĂŠveloppement de nos territoires et de nos activitĂŠs tout en amĂŠliorant concrètement les conditions et la qualitĂŠ de la vie quotidienne de nos concitoyens Âť, observe Claude Jeannerot. Si les dĂŠpartements ont tous les mĂŞmes ambitions, ils ont malheureusement les mĂŞmes difficultĂŠs. ÂŤ L’exercice budgĂŠtaire devient de plus en plus pĂŠrilleux alors qu’il faut encore et toujours absorber les coĂťts des transferts de charges au moment oĂš notre autonomie fiscale a ĂŠtĂŠ rĂŠduite Ă peau de chagrin, nous privant de toute latitude, ajoute-t-il. Pour le Doubs, la part des recettes fiscales est passĂŠe de 45 Ă 20 % entre 2010 et 2011, le point de fiscalitĂŠ de 1,6 Ă 0,9 million d’euros Âť. ÂŤ Nous avons vĂŠcu en l’espace de 7 ans le basculement dans un

Patrick Kanner, trĂŠsorier de l’ADF, Claude Jeannerot, prĂŠsident du Conseil gĂŠnĂŠral du Doubs, Claudy Lebreton, prĂŠsident de l’ADF, et Marie-Françoise PĂŠrol-Dumont, prĂŠsidente du groupe majoritaire Ă l’ADF

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autre monde, celui oĂš une crise multiple domine Âť, relève Claudy Lebreton, prĂŠsident de l’ADF. ÂŤ Nous sommes face Ă une crise de confiance, une crise du politique, voire une crise du sens. Les inquiĂŠtudes des Français se sont largement exprimĂŠes dans les urnes, comme dans la rue depuis plusieurs annĂŠes, dĂŠclare le prĂŠsident de l’ADF. Nous avons la responsabilitĂŠ de redonner confiance en la politique, de redonner sens Ă l’action publique, parce que nous sommes le premier contact, le premier lien avec la politique, avec la dĂŠmocratie Âť.

Fin d’un cycle, dĂŠbut d’un autre La fin d’un cycle de la dĂŠmocratie locale : municipales de 2008, rĂŠgionales de 2010, cantonales de 2008 et 2011 et en point d’orgue, les sĂŠnatoriales de septembre dernier, qui ont vu le basculement Ă gauche de la Haute AssemblĂŠe. ÂŤ Dans le ciel bien nuageux des finances locales, on entrevoit cependant quelques ĂŠclaircies, se fĂŠlicite Marie-Françoise PĂŠrol Dumont, prĂŠsidente du groupe majoritaire de l’ADF et du Conseil gĂŠnĂŠral de la Haute-Vienne. Elles proviennent d’un Palais, situĂŠ Ă quelques encablures du siège de l’ADF. Ce Palais du Luxembourg qui est, depuis quelques semaines, Ă l’image de la France des territoires Âť. ÂŤ Ce cycle de la dĂŠmocratie locale a ĂŠtĂŠ marquĂŠ par une très forte poussĂŠe de la gauche et surtout un message clair : admettre enfin la pleine responsabilitĂŠ des territoires, de leurs ĂŠlus et de leurs administrations Âť, ajoute Claudy Lebreton. La fin de ce cycle de la dĂŠmocratie locale annonce le temps des ĂŠchĂŠances nationales, qui confèrent aux ĂŠlus locaux, selon Claudy Lebreton, une triple responsabilitĂŠ : historique, politique et morale. Les participants de ce 81e Congrès reconnaissent que la cuvĂŠe ADF 2011 est davantage politique que technique, dans un contexte de crise. Que penser lorsque le ministre Philippe Richert confirme que les collectivitĂŠs contribueront Ă hauteur de 200 millions


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

CONGRES DES DÉPARTEMENTS DE FRANCE

d’euros au milliard d’Êconomies supplĂŠmentaires prĂŠvu pour le budget de l’État en 2012. ÂŤ Les finances des collectivitĂŠs locales sont malheureusement devenues les variables d’ajustement budgĂŠtaire Âť, constate le prĂŠsident du Conseil gĂŠnĂŠral des CĂ´tes-d’Armor. ÂŤ La crise est un mauvais prĂŠtexte et des solutions ĂŠtaient Ă portĂŠe de main pourvu que des choix budgĂŠtaires et fiscaux soient forts, lance Marie-Françoise PĂŠrol-Dumont. Nos collectivitĂŠs dĂŠpartementales sont au bord du prĂŠcipice et on voudrait qu’elles y tombent avec enthousiasme au nom de la lutte contre des dĂŠficits que l’État a lui-mĂŞme creusĂŠ depuis des annĂŠes. Les collectivitĂŠs territoriales n’ont aucune leçon Ă recevoir de la part du gouvernement en matière de gestion Âť.

DMTO pansements conjoncturels ? Le ministre Richert sait bien que le retour Ă la hausse des droits de mutation Ă titre onĂŠreux (DMTO) amène une bouffĂŠe d’oxygène Ă certains dĂŠpartements. En 2011, elles devraient rapporter 1,5 milliard de plus qu’en 2008, selon le ministre. ÂŤ La progression inĂŠgale selon les dĂŠpartements des recettes liĂŠes aux DMTO et les diÊrents fonds d’urgence et de pĂŠrĂŠquation mis en place par le gouvernement ont permis aux dĂŠpartements les plus en diďŹƒcultĂŠ de boucler leur budget 2011, note la prĂŠsidente de la Haute-Vienne. Ces "pansements" conjoncturels ne règlent en rien les diďŹƒcultĂŠs structurelles rencontrĂŠes par les conseils gĂŠnĂŠraux Âť. Claude Bartolone, prĂŠsident de la Seine-St-Denis, relève que dans son dĂŠpartement la hausse des DMTO (+17 % d’euros) doit ĂŞtre rapportĂŠe Ă 10 %, ce qui reprĂŠsente l’Êcart entre les dĂŠpenses obligatoires du Conseil gĂŠnĂŠral et les compensations apportĂŠes par l’État. ÂŤ Le système est en train de prendre l’eau de toute part Âť, constate Arnaud Montebourg, prĂŠsident de la SaĂ´ne-et-Loire. Constat partagĂŠ par nombre d’Êlus prĂŠsents Ă Besançon. ÂŤ On demande un État fort qui prenne ses responsabilitĂŠs Âť, Gisèle Stievenard (Paris). ÂŤ Dans une France meurtrie, fragilisĂŠe, dans une situation diďŹƒcile, c’est un choix politique, nous devons occuper notre place Âť, Christian Manable (Somme). ÂŤ Il nous faut des ressources modulables par le taux, si elles ne le sont pas par l’assiette Âť, Vincent EblĂŠ (Seine-et-Marne). ÂŤ Si nous ne prenons pas la responsabilitĂŠ historique qui est la nĂ´tre, si on ne change pas de braquet on va ĂŞtre confrontĂŠ Ă une crise du vieillissement Âť, JĂŠrĂ´me Guedj (Essonne). ÂŤ Les collectivitĂŠs locales ne sont pas un problème pour la France, il faut leur donner les moyens de faire des investissements Âť, Christian Paul (dĂŠputĂŠ de la Nièvre). ÂŤ Qu’est-ce que l’on trace pour les annĂŠes Ă venir, alors que l’on prend l’eet ciseau de plein fouet ? Âť, Pascal Terrasse (Ardèche). ÂŤ Nous avons besoin d’un niveau rĂŠgalien de l’État fort, nous devons ĂŞtre cer-

tain que toutes les augmentations Ă venir seront prises Ă l’euro prĂŞt Âť, Michel Dinet (Meurthe-et-Moselle). Le constat a ĂŠgalement ĂŠtĂŠ partagĂŠ par un certain nombre d’Êlus de droite. ÂŤ Discuter de schĂŠmas, de compĂŠtences facultatives, cela peut sembler un peu hypothĂŠtique Âť, note Christophe BĂŠchu (UMP, Maine-et-Loire). ÂŤ A des problèmes nationaux, seules des ĂŠvolutions nationales peuvent ĂŞtre trouvĂŠes Âť, prĂŠcise Bruno Sido (UMP, Haute-Marne). ÂŤ On ne pourra pas se contenter de la solidaritĂŠ interdĂŠpartementale pour rĂŠgler le problème de la solidaritĂŠ nationale Âť, ajoute de son cĂ´tĂŠ Philippe Adnot (dvd, Aube). InvitĂŠ de ce 81e Congrès de l’ADF, Alain Rousset, prĂŠsident de l’Association des rĂŠgions de France, assure que ÂŤ le vrai problème n’est pas entre les RĂŠgions et les DĂŠpartements, mais avec l’État, dont le cĂ´tĂŠ jacobin coĂťte cher Âť.

Pour un acte III de la dĂŠcentralisation ÂŤ Devons-nous d’ores et dĂŠjĂ travailler sur les grandes lignes d’une nouvelle ĂŠtape, indispensable de la dĂŠcentralisation ? Âť, interroge Claudy Lebreton, prĂŠcisant que les ĂŠlus dĂŠpartementaux sont prĂŞts Ă participer activement Ă ce dĂŠbat. En attendant, il souhaite que l’ADF ĂŠlabore un manifeste de la dĂŠmocratie territoriale qui serait publiĂŠ pour les 30 ans de la dĂŠcentralisation. ÂŤ Un acte III de la dĂŠcentralisation est nĂŠcessaire pour confier aux ĂŠlus le rĂ´le et la charge qui leur revient Âť, ajoute Pascal Terrasse. Participant pour la première fois Ă un Congrès de l’ADF, le nouveau prĂŠsident du SĂŠnat, Jean Pierre Bel, prĂŠcise que ÂŤ la dĂŠcentralisation a trop souvent ĂŠtĂŠ assimilĂŠe au fameux millefeuille au lieu d’être prĂŠsentĂŠe comme une tendance de fond vers une administration plus proche des territoires et de ceux qui y vivent. (‌) Une nouvelle ĂŠtape de la dĂŠcentralisation est nĂŠcessaire, elle passe par un nouveau contrat de confiance entre l’État et les territoires, respectueux du rĂ´le de chacun Âť. Le prĂŠsident de la Haute AssemblĂŠe a renouvelĂŠ son soutien aux ĂŠlus ÂŤ Ils sont une richesse pour notre dĂŠmocratie, attachĂŠs Ă faire vivre, jour après jour, les valeurs de la RĂŠpublique Âť. JeanPierre Bel prĂŠcise que le SĂŠnat jouera tout son rĂ´le de reprĂŠsentant des ĂŠlus locaux, c’est pourquoi il propose d’organiser des ĂŠtats gĂŠnĂŠraux des ĂŠlus locaux. ÂŤ Le SĂŠnat est, aux termes de la Constitution, le reprĂŠsentant des collectivitĂŠs territoriales. Il doit ĂŞtre au cĹ“ur du dialogue restaurĂŠ entre l’État et les collectivitĂŠs locales. Chaque ĂŠlu doit se sentir concernĂŠ, ĂŠcoutĂŠ, entendu, avant de construire les politiques d’avenir Âť. Claudy Lebreton invite ses collègues Ă s’inscrire dans cette dĂŠmarche pour ÂŤ aďŹƒrmer la force des dĂŠpartements, leur singularitĂŠ, la qualitĂŠ de nos politiques de proximitĂŠ, notre place centrale dans la construction du vivre ensemble dans des dĂŠpartements vĂŠritables territoires d’avenir Âť. Brigitte Bossu OĂš $PNNVOFT MB MFUUSF


L’ÉLUE DE LA SEMAINE 

NATHALIE LE YONDRE

Audenge veut renouer avec l’avenir

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Elue en 2008 maire d’Audenge (Gironde), Nathalie Le Yondre aurait pu être le maire d’un seul dossier qui plombait l’avenir et les finances de cette commune de 5 660 habitants. C’était mal la connaître

uand on est une commune touristique du bassin d’Arcachon, où la nature occupe une large place, un centre d’enfouissement des déchets à l’abandon de 40 hectares et ses collines de 32 mètres gâche le paysage. Fermée par le préfet juste avant l’élection municipale, la décharge, après avoir été le sujet de la campagne électorale, requérait des mesures de lutte contre les pollutions et de réhabilitation. Coût estimé des travaux : 21 millions d’euros sur 30 ans, dont plus de 2 millions en urgence. La commune est sinistrée tant sur le plan environnemental que de sa gestion. L’objectif de réhabilitation ne peut être atteint qu’à long terme et pourtant la situation relève de la gestion de crise ! Depuis trois ans, la résolution de ce dossier a mobilisé l’énergie du nouveau maire. Pas vraiment confortable pour une jeune et nouvelle élue, quand il faut augmenter les impôts de 23% dès 2009, que l’Etat évoque la mise sous tutelle de la commune… voire la mise en examen du maire, et que les communes voisines se déchargent de leurs responsabilités. « Quand on est jusqu’au cou dans des problèmes de cette importance, tous les paramètres vous incitent à laisser tomber », avoue Nathalie Le Yondre. Mais c’est mal la connaître.

Signes de changement Aujourd’hui les principales nuisances, notamment olfactives, ont cessé et les habitants pensent que tout est réglé. Mais l’ardoise est toujours là et un important travail, qui ne se voit pas, est à l’œuvre. Le maire – qui aime travailler vite – et voudrait « consacrer 200% de son temps à sa mairie », investit beaucoup de travail en amont et mobilise

les interlocuteurs. D’abord, elle joue la transparence, la communication et la pédagogie, tant à l’égard des habitants que des élus et des associations de protection de l’environnement. Elle n’hésite pas non plus à faire pression sur l’Etat. Petit à petit, des perspectives nouvelles se font jour. L’Etat prend conscience qu’il ne peut pas s’en tenir à son attitude initiale de donneur de leçon et devient conseil de la commune sur les plans juridique, technique et financier. Il mobilise une procédure exceptionnelle, trouve 9 millions d’euros et via l’Ademe se substitue en partie à la commune au titre de la procédure des "sites orphelins". Toutes les sources de pollutions, y compris le biogaz qui se dégage toujours, seront traitées. La post-exploitation est engagée en vue de redonner un aspect normal à cet ex-exutoire plus ou moins sauvage, mal géré et abandonné. Nouveau aussi, l’évolution de toutes les communautés de communes du secteur qui jouent la solidarité et vont intervenir à hauteur de 6 millions d’euros pour boucler le plan de financement. Mais pas question d’être focalisé sur cette chape de plomb. « Malgré nos faibles moyens, il fallait donner des signes de changement dans tous les domaines, l’embellissement, les équipements, les logements sociaux (il n’y en avait que 3%), le développement urbain ». Une friche en centre ville est restructurée. Aujourd’hui, la croissance est repartie avec une volonté forte de rééquilibrage et d’offre de logements à des prix accessibles. Trois tranches de logements sociaux sont lancées (alors que la ville de relève pas de la loi SRU), et une médiathèque a ouvert en 2010. La commune a même offert une perception toute neuve à l’Etat ! François Descamps

Gérant - Directeur de la publication : Serge Bossini - Rédacteur en chef : Philippe Foussier - Conception réalisation : Brigitte Bossu ont participé à ce numéro : Brigitte Bossu - Gaël Brustier - François Descamps - Photos : Pascal Lebrun & D.R


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