de France
N° 36 - 24 octobre 2011
Sommaire Focus Présidentielle 2012 La Convention d’investiture du 22 octobre Une analyse des votes des 9 et 16 octobre
Focus Congrès de ADF Les départements se veulent territoires d’avenir
L’élue de la semaine Nathalie Le Yondre
Appel à la mobilisation Les instances de l’Association des maires de France seront renouvelées cette année : l’élection aura lieu le 23 novembre et le 24 en cas de second tour. Les maires socialistes et républicains sont invités à s’organiser au plan départemental pour la collecte (en octobre) des pouvoirs des maires déçus par les réformes imposées mais qui ne viendront pas au Congrès. En effet, chaque année, plusieurs milliers de pouvoirs sont perdus faute d’avoir été collectés. Chaque maire ou président d’EPCI inscrit au Congrès peut porter 50 pouvoirs, à retourner dûment remplis avant le 4 novembre à : André Laignel, secrétaire général de l’AMF - 41, quai d’Orsay - 75007 Paris - Tél. 01 44 18 13 58
Congrès des maires : un enjeu décisif
A
u moment où nos communes et intercommunalités sont fragilisées et sont confrontées à une triple régression : de la décentralisation, des finances locales et des services publics, il convient d’engager une action combative et unie au service des communes de France. Les 22, 23 et 24 novembre prochains, se tiendra le Congrès de l’Association des maires et des présidents d’EPCI à Paris. Cet événement auquel je vous invite à participer nombreux a pour thème "Le Maire, l’intérêt général et le citoyen". Le gouvernement et l’État sont dans le dénigrement et expliquent depuis plusieurs années que les collectivités seraient trop nombreuses, coûteraient trop cher, seraient mal gérées et trop endettées. Véhiculer un tel discours, c’est affaiblir la confiance de la population vis-à-vis des élus. Cela est inacceptable parce que cela est mensonger. La règle d’or existe depuis longtemps pour nos collectivités. Nous avons dégagé plus de 30 milliards d’euros d’excédent de fonctionnement en 2010, alors que l’État était en déficit de fonctionnement de plus de 100 milliards. Notre part de dette est inférieure à 10 % alors que nous représentons 70 % de l’investissement public. Force est de constater que ce n’est pas la dette des collectivités locales qui pèse sur l’endettement de la France. À la lueur de ces faits, les élus locaux que nous sommes sont les piliers de la République décentralisée et nous devons être respectés. J’entends avec votre soutien donner le nouvel élan indispensable pour promouvoir nos collectivités et porter les valeurs de progrès qui nous rassemblent : liberté, justice, solidarité et laïcité. Ma conviction : plus nous serons actifs et unis, plus nous serons forts. Mobilisez-vous et mobilisez autour de vous pour être nombreux ou représentés au Congrès de l’AMF. Je compte sur vous. André Laignel, maire d’Issoudun, secrétaire général de l’AMF, président de l’Observatoire des finances locales
La lettre électronique de Communes de France et de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains 8 bis, rue de Solférino - 75007 Paris • Téléphone 01 42 81 41 36 • Fax 01 48 74 00 78 • redaction@mde-communes-de-france.fr
FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°
PRESIDENTIELLE 2012
Le peuple de gauche soudÊ derrière François Hollande La convention d’investiture du candidat du PS et du PRG à l’Êlection prÊsidentielle s’est dÊroulÊe Halle Freyssinet à Paris samedi 22 octobre. L’heure Êtait rÊsolument à l’unitÊ et au rassemblement autour de François Hollande
F
roid dehors mais chaud dans les cœurs‌ Premiers froids dehors mais chaleur militante à l’intÊrieur de la Halle Freyssinet. La campagne prÊsidentielle unitaire des socialistes s’est donc lancÊe dans une ambiance survoltÊe à la Halle Freyssinet, dans le 13e arrondissement de Paris. Militants de tous horizons gÊographiques et engagÊs dans les campagnes des diffÊrents candidats Êtaient donc prÊsents dans la salle. Après les traditionnels mots d’accueil du premier secrÊtaire fÊdÊral parisien et de la prÊsidente du MJS, et des clips retraçant l’engagement des citoyens et des militants lors des primaires citoyennes des 9 et 16 octobre, les reprÊsentants de la Haute AutoritÊ des Primaires ont prÊsentÊ les rÊsultats. François Hollande est proclamÊ vainqueur de la primaire citoyenne.
Tout est prêt Jean-Michel Baylet, Arnaud Montebourg, Manuel Valls et SÊgolène Royal font leur entrÊe avant que la première secrÊtaire du Parti socialiste, Martine Aubry, et le candidat dÊsignÊ, François Hollande, entrent sous les applaudissements nourris du public. Martine Aubry fÊlicite chaleureusement François Hollande en soulignant le surcroÎt de lÊgitimitÊ que lui donnent les primaires. La  grande force  de François Hollande, c’est le Parti, ses Êlus et ses militants   dÊterminÊs  à porter François Hollande à l’ÉlysÊe.  Nous sommes prêts ! , clame, sous les applaudissements, la première secrÊtaire.  Prêts  avec le SÊnat qui a basculÊ à gauche, avec le non-cumul des mandats, avec les relations avec partenaires de gauche et les partis amis europÊens du PSE, les socialistes sont donc unis derrière François Hollande.  Tout est prêt pour que le prochain prÊsident de la RÊpublique s’appelle François Hollande ,
$PNNVOFT MB MFUUSF OĂš
conclut Martine Aubry. Jean-Michel Baylet affirme ensuite avoir ÊtÊ heureux de participer à  cette page nouvelle pour notre dÊmocratie  pour porter les  valeurs des radicaux . Manuel Valls succède à la tribune au prÊsident du PRG et dÊcrit une France  dÊsespÊrÊe mais qui regarde les socialistes . ArrivÊe à un  moment de vÊritÊ , la France porte donc un regard  d’espÊrance  sur les socialistes. Pour Manuel Valls, les Êlus socialistes apporteront la dÊmonstration que la droite a ÊchouÊ sur la question de la sÊcuritÊ. Pour Arnaud Montebourg, les diffÊrents candidats ont permis de faire entrer dans l’imaginaire national des solutions diffÊrentes et ainsi brisÊ la domination mÊdiatique de la droite.  François Hollande a su lancer des ponts et bâtir un compagnonnage solide  pour la campagne à venir. Les dÊbats ont permis de bâtir les Êtages du projet socialiste prÊcÊdemment votÊ. C’est un  Nouvel Epinay , mais un Epinay  citoyen , s’exclame Arnaud Montebourg, qui souligne la pertinence de l’alliance des nouvelles idÊes portÊes dans ces primaires.  La très longue glissade des socialistes vers le libÊralisme vient d’être condamnÊe par la crise  affirme le dÊputÊ de Saône-etLoire, soulignant la dÊmarche de François Hollande à Madrid. Ancienne candidate à l’Êlection prÊsidentielle de 2007, SÊgolène Royal achève la sÊrie des prises de parole.
Un seul but C’est ensuite à François Hollande de prendre la parole. Les socialistes sont sortis de cette convention d’investiture renforcÊs avec un candidat rassembleur, venu  parler de la France qui a tant de ressources qu’elle mÊrite un autre chemin . Socialiste, rassembleur, le candidat des socialistes a su captiver les milliers de militants prÊsents en leur fixant un but, un seul but mais historique : gagner le 6 mai prochain et engager l’alternance. GaÍl Brustier
FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°
PRESIDENTIELLE 2012
JÊrôme Fourquet :  Une lame de fond porte l’alternance  Directeur adjoint du dÊpartement Opinion de l’IFOP, JÊrôme Fourquet a bien voulu commenter pour Communes de France la mobilisation civique en faveur des primaires organisÊes les 9 et 16 octobre derniers Communes de France. Quels constats peut-on tirer de l’analyse de la participation à cette primaire citoyenne et de sa rÊpartition gÊographique ? JÊrôme Fourquet. Pour comprendre ce qui s’est dÊroulÊ les 9 et 16 octobre, il faut prendre en compte les bons indicateurs. Calculer la participation en primaire en prenant comme rÊfÊrence l’ensemble des inscrits n’a pas beaucoup de sens. On peut considÊrer que le  vivier Êlectoral potentiel  des primaires est en fait celui de l’Êlectorat de SÊgolène Royal lors du premier tour du 22 avril 2007 (soit l’Êlectorat ayant votÊ pour le PS à une Êlection à forte participation). La participation aux primaires doit se calculer en Êtablissant le ratio entre le nombre de votants et le nombre de voix obtenues par la candidate socialiste à l’Êlection de 2007. Grâce à cette mÊthode, on objective de nombreux contrastes riches d’enseignements. À l’Êchelle du pays, on constate en effet que l’Êquivalent de 29 % du total de l’Êlectorat de SÊgolène Royal s’est rendu aux urnes lors du premier tour de ces primaires. Mais il est intÊressant de constater que si cette proportion monte à 49 % à Paris, elle tombe à 14 % dans l’Aisne. Il apparaÎt assez vite Êvident que les zones qui ont le plus votÊ correspondent aux dÊpartements les plus urbains. Par exemple, les taux de participation sont très forts à Paris, dans l’Essonne, dans les Hauts-de-Seine, en Loire-Atlantique, dans le Rhône ou en Haute-Garonne. On constate donc un effet de surparticipation des grands centres urbains, des grandes mÊtropoles. Plusieurs facteurs ont Êgalement jouÊ : la densitÊ du maillage militant, celle du maillage des bureaux de vote et, Êvidemment, la sociologie locale et l’effet  fief . Ainsi, certains dÊpartements ont fortement votÊ : ce sont ceux des candidats : la Corrèze, la Saône-et-Loire et le Tarn-et-Garonne. L’implantation locale des tÊnors de la primaire y a gonflÊ la participation. Le Nord est un contre-exemple puisqu’il a relativement moins votÊ que la moyenne nationale, ce qui est probablement le produit d’une pesanteur sociologique sur le taux de participation.
Que signifie, dans le contexte actuel, la mobilisation d’environ 3 millions de personnes ? Cette mobilisation est une première. La participation et les scores du premier tour sont un premier fait important. L’amplification de la participation au second tour en est un autre. Il s’agit, à l’Êvidence, d’une vÊritable rÊussite populaire et civique. C’est la manifestation d’une sorte de lame de fond portant l’alternance. Le basculement du SÊnat a ÊtÊ un ÊvÊnement majeur, mais il semble qu’il y ait eu, aux primaires, une autre rÊplique, sous la forme de participation tranquille mais dÊterminÊe pour crÊer l’alternance. Et près de trois millions de personnes avec une participation en hausse au second tour et un rassemblement autour du candidat arrivÊ en tête du premier tour, cela dÊmontre que les Êlecteurs de gauche se sont vraiment appropriÊ la primaire et ont bien intÊgrÊ sa logique. Les classes populaires sont-elles venues voter ? La question des classes populaires dans la primaire est en partie rÊvÊlÊe par la gÊographie de la participation. S’il est vrai qu’outre les grands centres urbains, une sÊrie de dÊpartements ruraux ont fortement participÊ à la primaire citoyenne, c’est le cas par exemple des dÊpartements du Sud-Ouest comme l’Aude ou l’Ariège, dÊpartements ruraux, populaires, fortement encadrÊs par le PS. À l’inverse, on constate des participations faibles, voire très faibles, dans d’autres dÊpartements ruraux, très populaires et touchÊs de plein fouet par la crise et la dÊsindustrialisation. C’est le cas par exemple de l’Aisne, de la HauteMarne, de l’Aube, des Ardennes ou bien encore de la Somme‌ De la même façon, on tombe à des taux de participation de l’ordre de 11,6 % à Bobigny (contre 29 % en moyenne nationale‌), 13,6 % à Sevran, 15,8 % à Vaulx-en-Velin ou 14,1 % à Trappes. L’Êlectorat populaire s’est beaucoup moins dÊplacÊ que l’Êlectorat des  CSP + . C’est un des enseignements de ces primaires et qu’on avait dÊjà anticipÊ dans les enquêtes d’opinion rÊalisÊes avant le scrutin qui montraient Êgalement que les hommes, les plus de 50 ans et les catÊgories sociales supÊrieures avaient davantage l’intention de voter que les femmes, les jeunes et les milieux populaires. Du point de vue de l’opinion, ces primaires sont-elles un atout ou un handicap pour le candidat dÊsignÊ ? Les Êlecteurs ont compris la mÊcanique des primaires. Les scores finaux et la nette avance de François Hollande reflètent cette volontÊ de faire Êmerger un candidat lÊgitimÊ par une forte participation. Il s’est agi, pour l’Êlectorat, d’Êviter les dÊchirements, de se placer derrière celui qui Êtait en tête au premier tour et d’amplifier son avance. Propos recueillis par G. B.
OĂš $PNNVOFT MB MFUUSF
FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°
CONGRES DES DÉPARTEMENTS DE FRANCE
Le dÊpartement s’affirme comme territoire d’avenir C’est dans un contexte politique particulier que s’est ouvert le 81e Congrès de l’AssemblÊe des dÊpartements de France, rÊuni cette annÊe dans le Doubs à l’invitation de son prÊsident Claude Jeannerot. Pour la première fois, le SÊnat vient de basculer à gauche et les regards sont maintenant braquÊs sur la prÊsidentielle et les lÊgislatives de 2012
T
erre de lumière, d’entraide et d’utopie, indispensable au vivre ensemble, selon l’expression de Claude Jeannerot, le Doubs accueille le dernier Congrès de l’ADF avant l’Êlection prÊsidentielle. Les dÊpartements veulent prendre toute leur place dans le dÊbat des mois à venir.  DÊpartements, grands ou petits, ruraux ou urbains, de plaine ou de montagne, de mÊtropole et d’outre-mer, nous partageons la même ambition : accompagner le dÊveloppement de nos territoires et de nos activitÊs tout en amÊliorant concrètement les conditions et la qualitÊ de la vie quotidienne de nos concitoyens , observe Claude Jeannerot. Si les dÊpartements ont tous les mêmes ambitions, ils ont malheureusement les mêmes difficultÊs.  L’exercice budgÊtaire devient de plus en plus pÊrilleux alors qu’il faut encore et toujours absorber les coÝts des transferts de charges au moment oÚ notre autonomie fiscale a ÊtÊ rÊduite à peau de chagrin, nous privant de toute latitude, ajoute-t-il. Pour le Doubs, la part des recettes fiscales est passÊe de 45 à 20 % entre 2010 et 2011, le point de fiscalitÊ de 1,6 à 0,9 million d’euros .  Nous avons vÊcu en l’espace de 7 ans le basculement dans un
Patrick Kanner, trÊsorier de l’ADF, Claude Jeannerot, prÊsident du Conseil gÊnÊral du Doubs, Claudy Lebreton, prÊsident de l’ADF, et Marie-Françoise PÊrol-Dumont, prÊsidente du groupe majoritaire à l’ADF
$PNNVOFT MB MFUUSF OĂš
autre monde, celui oÚ une crise multiple domine , relève Claudy Lebreton, prÊsident de l’ADF.  Nous sommes face à une crise de confiance, une crise du politique, voire une crise du sens. Les inquiÊtudes des Français se sont largement exprimÊes dans les urnes, comme dans la rue depuis plusieurs annÊes, dÊclare le prÊsident de l’ADF. Nous avons la responsabilitÊ de redonner confiance en la politique, de redonner sens à l’action publique, parce que nous sommes le premier contact, le premier lien avec la politique, avec la dÊmocratie .
Fin d’un cycle, dÊbut d’un autre La fin d’un cycle de la dÊmocratie locale : municipales de 2008, rÊgionales de 2010, cantonales de 2008 et 2011 et en point d’orgue, les sÊnatoriales de septembre dernier, qui ont vu le basculement à gauche de la Haute AssemblÊe.  Dans le ciel bien nuageux des finances locales, on entrevoit cependant quelques Êclaircies, se fÊlicite Marie-Françoise PÊrol Dumont, prÊsidente du groupe majoritaire de l’ADF et du Conseil gÊnÊral de la Haute-Vienne. Elles proviennent d’un Palais, situÊ à quelques encablures du siège de l’ADF. Ce Palais du Luxembourg qui est, depuis quelques semaines, à l’image de la France des territoires .  Ce cycle de la dÊmocratie locale a ÊtÊ marquÊ par une très forte poussÊe de la gauche et surtout un message clair : admettre enfin la pleine responsabilitÊ des territoires, de leurs Êlus et de leurs administrations , ajoute Claudy Lebreton. La fin de ce cycle de la dÊmocratie locale annonce le temps des ÊchÊances nationales, qui confèrent aux Êlus locaux, selon Claudy Lebreton, une triple responsabilitÊ : historique, politique et morale. Les participants de ce 81e Congrès reconnaissent que la cuvÊe ADF 2011 est davantage politique que technique, dans un contexte de crise. Que penser lorsque le ministre Philippe Richert confirme que les collectivitÊs contribueront à hauteur de 200 millions
FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°
CONGRES DES DÉPARTEMENTS DE FRANCE
d’euros au milliard d’Êconomies supplÊmentaires prÊvu pour le budget de l’État en 2012.  Les finances des collectivitÊs locales sont malheureusement devenues les variables d’ajustement budgÊtaire , constate le prÊsident du Conseil gÊnÊral des Côtes-d’Armor.  La crise est un mauvais prÊtexte et des solutions Êtaient à portÊe de main pourvu que des choix budgÊtaires et fiscaux soient forts, lance Marie-Françoise PÊrol-Dumont. Nos collectivitÊs dÊpartementales sont au bord du prÊcipice et on voudrait qu’elles y tombent avec enthousiasme au nom de la lutte contre des dÊficits que l’État a lui-même creusÊ depuis des annÊes. Les collectivitÊs territoriales n’ont aucune leçon à recevoir de la part du gouvernement en matière de gestion .
DMTO pansements conjoncturels ? Le ministre Richert sait bien que le retour Ă la hausse des droits de mutation Ă titre onĂŠreux (DMTO) amène une bouffĂŠe d’oxygène Ă certains dĂŠpartements. En 2011, elles devraient rapporter 1,5 milliard de plus qu’en 2008, selon le ministre. ÂŤ La progression inĂŠgale selon les dĂŠpartements des recettes liĂŠes aux DMTO et les diÊrents fonds d’urgence et de pĂŠrĂŠquation mis en place par le gouvernement ont permis aux dĂŠpartements les plus en diďŹƒcultĂŠ de boucler leur budget 2011, note la prĂŠsidente de la Haute-Vienne. Ces "pansements" conjoncturels ne règlent en rien les diďŹƒcultĂŠs structurelles rencontrĂŠes par les conseils gĂŠnĂŠraux Âť. Claude Bartolone, prĂŠsident de la Seine-St-Denis, relève que dans son dĂŠpartement la hausse des DMTO (+17 % d’euros) doit ĂŞtre rapportĂŠe Ă 10 %, ce qui reprĂŠsente l’Êcart entre les dĂŠpenses obligatoires du Conseil gĂŠnĂŠral et les compensations apportĂŠes par l’État. ÂŤ Le système est en train de prendre l’eau de toute part Âť, constate Arnaud Montebourg, prĂŠsident de la SaĂ´ne-et-Loire. Constat partagĂŠ par nombre d’Êlus prĂŠsents Ă Besançon. ÂŤ On demande un État fort qui prenne ses responsabilitĂŠs Âť, Gisèle Stievenard (Paris). ÂŤ Dans une France meurtrie, fragilisĂŠe, dans une situation diďŹƒcile, c’est un choix politique, nous devons occuper notre place Âť, Christian Manable (Somme). ÂŤ Il nous faut des ressources modulables par le taux, si elles ne le sont pas par l’assiette Âť, Vincent EblĂŠ (Seine-et-Marne). ÂŤ Si nous ne prenons pas la responsabilitĂŠ historique qui est la nĂ´tre, si on ne change pas de braquet on va ĂŞtre confrontĂŠ Ă une crise du vieillissement Âť, JĂŠrĂ´me Guedj (Essonne). ÂŤ Les collectivitĂŠs locales ne sont pas un problème pour la France, il faut leur donner les moyens de faire des investissements Âť, Christian Paul (dĂŠputĂŠ de la Nièvre). ÂŤ Qu’est-ce que l’on trace pour les annĂŠes Ă venir, alors que l’on prend l’eet ciseau de plein fouet ? Âť, Pascal Terrasse (Ardèche). ÂŤ Nous avons besoin d’un niveau rĂŠgalien de l’État fort, nous devons ĂŞtre cer-
tain que toutes les augmentations à venir seront prises à l’euro prêt , Michel Dinet (Meurthe-et-Moselle). Le constat a Êgalement ÊtÊ partagÊ par un certain nombre d’Êlus de droite.  Discuter de schÊmas, de compÊtences facultatives, cela peut sembler un peu hypothÊtique , note Christophe BÊchu (UMP, Maine-et-Loire).  A des problèmes nationaux, seules des Êvolutions nationales peuvent être trouvÊes , prÊcise Bruno Sido (UMP, Haute-Marne).  On ne pourra pas se contenter de la solidaritÊ interdÊpartementale pour rÊgler le problème de la solidaritÊ nationale , ajoute de son côtÊ Philippe Adnot (dvd, Aube). InvitÊ de ce 81e Congrès de l’ADF, Alain Rousset, prÊsident de l’Association des rÊgions de France, assure que  le vrai problème n’est pas entre les RÊgions et les DÊpartements, mais avec l’État, dont le côtÊ jacobin coÝte cher .
Pour un acte III de la dĂŠcentralisation ÂŤ Devons-nous d’ores et dĂŠjĂ travailler sur les grandes lignes d’une nouvelle ĂŠtape, indispensable de la dĂŠcentralisation ? Âť, interroge Claudy Lebreton, prĂŠcisant que les ĂŠlus dĂŠpartementaux sont prĂŞts Ă participer activement Ă ce dĂŠbat. En attendant, il souhaite que l’ADF ĂŠlabore un manifeste de la dĂŠmocratie territoriale qui serait publiĂŠ pour les 30 ans de la dĂŠcentralisation. ÂŤ Un acte III de la dĂŠcentralisation est nĂŠcessaire pour confier aux ĂŠlus le rĂ´le et la charge qui leur revient Âť, ajoute Pascal Terrasse. Participant pour la première fois Ă un Congrès de l’ADF, le nouveau prĂŠsident du SĂŠnat, Jean Pierre Bel, prĂŠcise que ÂŤ la dĂŠcentralisation a trop souvent ĂŠtĂŠ assimilĂŠe au fameux millefeuille au lieu d’être prĂŠsentĂŠe comme une tendance de fond vers une administration plus proche des territoires et de ceux qui y vivent. (‌) Une nouvelle ĂŠtape de la dĂŠcentralisation est nĂŠcessaire, elle passe par un nouveau contrat de confiance entre l’État et les territoires, respectueux du rĂ´le de chacun Âť. Le prĂŠsident de la Haute AssemblĂŠe a renouvelĂŠ son soutien aux ĂŠlus ÂŤ Ils sont une richesse pour notre dĂŠmocratie, attachĂŠs Ă faire vivre, jour après jour, les valeurs de la RĂŠpublique Âť. JeanPierre Bel prĂŠcise que le SĂŠnat jouera tout son rĂ´le de reprĂŠsentant des ĂŠlus locaux, c’est pourquoi il propose d’organiser des ĂŠtats gĂŠnĂŠraux des ĂŠlus locaux. ÂŤ Le SĂŠnat est, aux termes de la Constitution, le reprĂŠsentant des collectivitĂŠs territoriales. Il doit ĂŞtre au cĹ“ur du dialogue restaurĂŠ entre l’État et les collectivitĂŠs locales. Chaque ĂŠlu doit se sentir concernĂŠ, ĂŠcoutĂŠ, entendu, avant de construire les politiques d’avenir Âť. Claudy Lebreton invite ses collègues Ă s’inscrire dans cette dĂŠmarche pour ÂŤ aďŹƒrmer la force des dĂŠpartements, leur singularitĂŠ, la qualitĂŠ de nos politiques de proximitĂŠ, notre place centrale dans la construction du vivre ensemble dans des dĂŠpartements vĂŠritables territoires d’avenir Âť. Brigitte Bossu OĂš $PNNVOFT MB MFUUSF
L’ÉLUE DE LA SEMAINE
NATHALIE LE YONDRE
Audenge veut renouer avec l’avenir
Q
Elue en 2008 maire d’Audenge (Gironde), Nathalie Le Yondre aurait pu être le maire d’un seul dossier qui plombait l’avenir et les finances de cette commune de 5 660 habitants. C’était mal la connaître
uand on est une commune touristique du bassin d’Arcachon, où la nature occupe une large place, un centre d’enfouissement des déchets à l’abandon de 40 hectares et ses collines de 32 mètres gâche le paysage. Fermée par le préfet juste avant l’élection municipale, la décharge, après avoir été le sujet de la campagne électorale, requérait des mesures de lutte contre les pollutions et de réhabilitation. Coût estimé des travaux : 21 millions d’euros sur 30 ans, dont plus de 2 millions en urgence. La commune est sinistrée tant sur le plan environnemental que de sa gestion. L’objectif de réhabilitation ne peut être atteint qu’à long terme et pourtant la situation relève de la gestion de crise ! Depuis trois ans, la résolution de ce dossier a mobilisé l’énergie du nouveau maire. Pas vraiment confortable pour une jeune et nouvelle élue, quand il faut augmenter les impôts de 23% dès 2009, que l’Etat évoque la mise sous tutelle de la commune… voire la mise en examen du maire, et que les communes voisines se déchargent de leurs responsabilités. « Quand on est jusqu’au cou dans des problèmes de cette importance, tous les paramètres vous incitent à laisser tomber », avoue Nathalie Le Yondre. Mais c’est mal la connaître.
Signes de changement Aujourd’hui les principales nuisances, notamment olfactives, ont cessé et les habitants pensent que tout est réglé. Mais l’ardoise est toujours là et un important travail, qui ne se voit pas, est à l’œuvre. Le maire – qui aime travailler vite – et voudrait « consacrer 200% de son temps à sa mairie », investit beaucoup de travail en amont et mobilise
les interlocuteurs. D’abord, elle joue la transparence, la communication et la pédagogie, tant à l’égard des habitants que des élus et des associations de protection de l’environnement. Elle n’hésite pas non plus à faire pression sur l’Etat. Petit à petit, des perspectives nouvelles se font jour. L’Etat prend conscience qu’il ne peut pas s’en tenir à son attitude initiale de donneur de leçon et devient conseil de la commune sur les plans juridique, technique et financier. Il mobilise une procédure exceptionnelle, trouve 9 millions d’euros et via l’Ademe se substitue en partie à la commune au titre de la procédure des "sites orphelins". Toutes les sources de pollutions, y compris le biogaz qui se dégage toujours, seront traitées. La post-exploitation est engagée en vue de redonner un aspect normal à cet ex-exutoire plus ou moins sauvage, mal géré et abandonné. Nouveau aussi, l’évolution de toutes les communautés de communes du secteur qui jouent la solidarité et vont intervenir à hauteur de 6 millions d’euros pour boucler le plan de financement. Mais pas question d’être focalisé sur cette chape de plomb. « Malgré nos faibles moyens, il fallait donner des signes de changement dans tous les domaines, l’embellissement, les équipements, les logements sociaux (il n’y en avait que 3%), le développement urbain ». Une friche en centre ville est restructurée. Aujourd’hui, la croissance est repartie avec une volonté forte de rééquilibrage et d’offre de logements à des prix accessibles. Trois tranches de logements sociaux sont lancées (alors que la ville de relève pas de la loi SRU), et une médiathèque a ouvert en 2010. La commune a même offert une perception toute neuve à l’Etat ! François Descamps
Gérant - Directeur de la publication : Serge Bossini - Rédacteur en chef : Philippe Foussier - Conception réalisation : Brigitte Bossu ont participé à ce numéro : Brigitte Bossu - Gaël Brustier - François Descamps - Photos : Pascal Lebrun & D.R