LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°37-38

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de France

N° 37-38 - 30 octobre 2011

Sommaire  Actu Parlement Intercommunalité : débat sénatorial le 2 novembre

 Actu en bref

Le temps de renouveler la démocratie territoriale

Le bureau national de la FNESR du 26 octobre

 Territoires

Les Assises nationales du développement durable

Tourisme

Entretien avec Lionel Walker

 Droits de l’Homme

Situation des Roms : entretien avec Christian Castagna

 Initiatives locales

Comment Lure revitalise son centre ville Mantes et Rosny font entrer la nature dans la ville

Appel à la mobilisation Les instances de l’Association des maires de France seront renouvelées cette année : l’élection aura lieu le 23 novembre et le 24 en cas de second tour. Les maires socialistes et républicains sont invités à s’organiser au plan départemental pour la collecte (en octobre) des pouvoirs des maires déçus par les réformes imposées mais qui ne viendront pas au Congrès. En effet, chaque année, plusieurs milliers de pouvoirs sont perdus faute d’avoir été collectés. Chaque maire ou président d’EPCI inscrit au Congrès peut porter 50 pouvoirs, à retourner dûment remplis avant le 4 novembre à : André Laignel, secrétaire général de l’AMF - 41, quai d’Orsay - 75007 Paris - Tél. 01 44 18 13 58

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’incapacité du gouvernement à proposer une analyse et des perspectives à la crise financière que nous traversons nous a conduits à une crise de confiance, à une crise du sens. Les inquiétudes des Français se sont d’ailleurs largement exprimées dans les urnes, comme dans la rue depuis 2008. La crise économique débouche ainsi maintenant sur une crise politique. Or, notre responsabilité d’élus locaux est de redonner confiance en la politique, de redonner sens à l’action publique. C’est cet esprit qui m’a animé lors du Congrès de l’Assemblée des départements de France, qui se tenait cette année dans le Doubs. Je sais que nous sommes nombreux à proposer ce renouvellement puisque lors de leurs interventions, François Hollande et Jean-Pierre Bel nous y ont invités. L’enjeu est d’abord démocratique. Il faut donner aux collectivités les moyens d’exercer leurs missions. Trois grandes questions doivent être réglées : les compétences, la fiscalité et l’approfondissement de la démocratie territoriale… La clarification des compétences, c’est avant tout avec l’État qu’elle doit intervenir. L’État doit être fort dans ses missions, les collectivités territoriales doivent être considérées comme autonomes et de réels partenaires de la puissance publi-

que. Nous pourrions envisager de nouveaux transferts, aux régions l’enseignement supérieur, la santé, les politiques agricoles, la gestion des fonds européens et un peu de pouvoir réglementaire. Les départements, eux, devraient voire leurs responsabilités en matière de cohésion sociale confortées. Pour moi, la politique de l’habitat et les aides à la pierre doivent revenir aux départements. Pour la réforme fiscale, il faudra choisir entre plus de ressources fiscales ou plus de dotations. L’idéal pour les départements serait de disposer d’une part d’impôt national (type CSG) pour financer les allocations de solidarité et de la fiscalité directe pour les compétences volontaristes. Ce schéma devrait s’appliquer à toutes les collectivités. La décentralisation, c’est une administration plus proche des territoires et de ceux qui y vivent. Travailler à une meilleure décentralisation, c’est réfléchir à une meilleure prise en compte de la diversité des territoires, à une responsabilisation accrue des acteurs, à une plus grande participation des citoyens à l’action publique. Nous devons donc renouveler la démocratie territoriale en favorisant l’accès aux fonctions électives, en instituant un véritable statut de l’élu et en assurant l’égal accès des femmes et des hommes aux fonctions et mandats. C’est à ces conditions que nos concitoyens reprendront confiance dans la politique. Si nous réussissons, le 81e Congrès de l’ADF aura marqué le lancement du débat national sur la démocratie territoriale qui nourrira le projet socialiste du prochain Président de la République. Claudy Lebreton, président de l’ADF, président du Conseil général des Côtes-d’Armor

La lettre électronique de Communes de France et de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains 8 bis, rue de Solférino - 75007 Paris • Téléphone 01 42 81 41 36 • Fax 01 48 74 00 78 • redaction@mde-communes-de-france.fr


A CTU PARLEMENT -ACTU PARLEMENT -ACTU PARLEMENT -ACTU

IntercommunalitĂŠ : dĂŠbat sĂŠnatorial le 2 novembre RĂŠunie le 26 octobre sous la prĂŠsidence Jean-Pierre Sueur, la commission des lois du SĂŠnat a examinĂŠ le rapport d’Alain Richard (Val-d’Oise) sur la proposition de loi dĂŠposĂŠe le 25 septembre 2011 par Jean-Pierre Sueur "visant Ă prĂŠserver les mandats en cours des dĂŠlĂŠguĂŠs des EPCI menacĂŠs par l’achèvement de la carte de l’intercommunalitĂŠ" La commission sĂŠnatoriale des lois a procĂŠdure, dans l’annĂŠe adoptĂŠ les dispositions suivantes : qui suit celle du renouvellement gĂŠnĂŠral des conseils Elle a accru le pouvoir des ĂŠlus en ĂŠtenmunicipaux. dant les prĂŠrogatives de la CDCI et en maintenant l’objectif de l’achèvement Affirmant sa volontĂŠ de gaeffectif de la carte intercommunale avant rantir la stabilitĂŠ de la goula fin de 2013. vernance intercommunale et de prendre en compte le Elle a revu le processus d’adoption du dĂŠsir d’une plus grande souSDCI en assouplissant ses orientations plesse exprimĂŠ par nombre pour mieux tenir compte des spĂŠcificid’Êlus locaux, la commistĂŠs locales : d’une part, en transfĂŠrant du sion a adoptĂŠ plusieurs prĂŠfet Ă la CDCI la facultĂŠ d’abaisser le Alain Richard et Jean-Pierre Sueur innovations concernant la seuil dĂŠmographique de 5 000 habitants composition et le fonctionprĂŠvu pour la constitution d’EPCI Ă fiscanement des organes dĂŠlibĂŠrants des EPCI Ă fiscalitĂŠ propre : litĂŠ propre en raison de spĂŠcificitĂŠs gĂŠographiques locales, et d’autre part en subordonnant la suppression de syndicats ou - reprenant une demande conjointe de l’AMF et de l’AdCF, elle la modification de leur pĂŠrimètre Ă la reprise de leurs compĂŠ- a prĂŠvu que la composition des conseils communautaires de tences par un EPCI Ă fiscalitĂŠ propre. Par ailleurs, les ĂŽles com- tous les EPCI crĂŠĂŠs avant la promulgation de la loi du 16 dĂŠposĂŠes d’une seule commune ĂŠchapperont Ă la règle de couver- cembre 2010 resterait rĂŠgie par un système d’accords locaux et ture intĂŠgrale du territoire par des communautĂŠs. ce, mĂŞme si ces groupements ĂŠtaient affectĂŠs par le processus La commission a prĂŠservĂŠ la compĂŠtence des syndicats en ma- de rationalisation de la carte intercommunale (fusion, extentière de crĂŠation et de fonctionnement des ĂŠcoles et en matière sion ou transformation) ; d’action sociale. - elle a repris la disposition inscrite dans la proposition de loi iniToujours dans le mĂŞme objectif visant Ă accroĂŽtre le pouvoir des tiale permettant le maintien des reprĂŠsentations de communes ĂŠlus locaux, la commission a simplifiĂŠ - en l’unifiant- le proces- au sein des communautĂŠs de communes adoptĂŠes en dĂŠbut de sus d’achèvement et de rationalisation des intercommunalitĂŠs mandat en cas d’extension, de fusion et de transformation des pour favoriser la concertation locale, en rĂŠorganisant les dispo- communautĂŠs ; sitifs prĂŠvus par la loi du 16 dĂŠcembre 2010 pour l’Êlaboration - elle a assoupli le rĂŠgime applicable aux supplĂŠants des dĂŠlĂŠdu SDCI et sa mise en Ĺ“uvre. Le calendrier retenu par la com- guĂŠs communautaires et leur a permis de reprĂŠsenter efficacemission fixe au 31 mars 2013 la date d’adoption du SDCI. ment la commune dont ils sont issus ; Dans l’intervalle, la CDCI devrait adopter sa proposition finale - elle a favorisĂŠ la conclusion d’accords locaux dans les commuavant le 31 octobre 2012, l’accord des communes devrait ĂŞtre nautĂŠs de communes et d’agglomĂŠration en relevant de 25 % recueilli avant le 31 janvier 2013. le plafond que le lĂŠgislateur avait fixĂŠ en 2010 pour limiter le nombre de membres des conseils communautaires. Dans ce cadre : - la commission a attribuĂŠ le rĂ´le-moteur Ă la CDCI qui serait Par ailleurs, la commission a permis au prĂŠsident d’un EPCI de s’opposer au transfert partiel des pouvoirs de police des maires compĂŠtente pour ĂŠlaborer et adopter le schĂŠma ; avant la fin de l’annĂŠe 2012. - elle a intĂŠgrĂŠ le rĂ´le du prĂŠfet dans le processus en lui permettant, dès son ouverture, de prĂŠsenter son analyse de la si- La commission des lois a enfin souhaitĂŠ donner davantage de tuation locale et de formuler ses recommandations ; il pourrait visibilitĂŠ en matière fiscale et financière aux EPCI nouvellement ainsi saisir la CDCI des travaux dĂŠjĂ rĂŠalisĂŠs dans le processus crĂŠĂŠs ou modifiĂŠs : elle a ainsi imposĂŠ aux administrations dĂŠconcentrĂŠes de l’État de conseiller les ĂŠlus intercommunaux, en cours ; Ă la demande de ces derniers, pour ÂŤ l’analyse de la situation - elle a rationalisĂŠ la procĂŠdure d’Êlaboration du schĂŠma en financière du groupement et des options dont ils disposent en consultant les collectivitĂŠs, dès son ouverture, sur les compĂŠmatière fiscale Âť. tences que pourrait exercer chacun des EPCI Ă fiscalitĂŠ propre En consĂŠquence, le titre de la proposition de loi a ĂŠtĂŠ modifiĂŠ : il envisagĂŠs ; devient ÂŤ Proposition de loi portant diverses dispositions relati- elle a prĂŠvu une clause de sauvegarde en confiant au prĂŠfet le ves Ă l’intercommunalitĂŠ Âť. soin d’Êtablir la proposition finale et d’arrĂŞter le schĂŠma en cas Cette proposition de loi sera examinĂŠe par les sĂŠnateurs en de blocages Ă la CDCI ; sĂŠance publique le 2 novembre. - elle a rendu possible la rĂŠvision du schĂŠma selon la mĂŞme

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ACTU EN BREF - ACTU EN BREF -ACTU EN BREF -ACTU EN BREF Le bureau national de la FNESR du 26 octobre En ouverture du bureau national, Marylise Lebranchu souligne que la FNESR se tient au service de notre candidat Ă l’Êlection prĂŠsidentielle, François Hollande, notamment pour prĂŠparer le traditionnel rassemblement des ĂŠlus socialistes et rĂŠpublicains au cours du premier semestre 2012, mais aussi et surtout pour organiser la mobilisation des ĂŠlus sur le terrain. D’ici lĂ , et après le basculement du SĂŠnat Ă gauche, la prĂŠsidente de la FNESR rappelle l’enjeu des ĂŠlections internes Ă l’Association des maires de France et rĂŠitère le soutien actif Ă notre candidat, AndrĂŠ Laignel, lors du vote du 23 novembre prochain. Le dĂŠbat s’engage ensuite Ă propos de l’Êlaboration des SDCI. Yves Krattinger (Haute-SaĂ´ne) comme AndrĂŠ Laignel (Indre) relèvent Ă la fois les reculs exprimĂŠs par le gouvernement mais le maintien de la loi en l’Êtat (cf p. 2). Concernant la situation financière des collectivitĂŠs locales, AndrĂŠ Laignel souligne qu’il convient de ne pas accrĂŠditer l’idĂŠe d’un "gel" alors que c’est bien d’une baisse des ressources qu’il s’agit. Il explique les raisons pour lesquelles il s’est opposĂŠ au sein du ComitĂŠ des finances locales aux dispositions initiĂŠes par le gouvernement en matière de pĂŠrĂŠquation, qui n’en sont pas en rĂŠalitĂŠ. Pascal Buchet (Hauts-de-Seine) remarque que les ĂŠlus sont obligĂŠs d’augmenter les impĂ´ts locaux sans pour autant dĂŠpenser davantage, mais simplement pour compenser le dĂŠsengagement de l’État. Un dĂŠbat s’engage ensuite Ă propos des confĂŠrences dĂŠpartementales sur la "libertĂŠ religieuse" initiĂŠes par le ministère de l’IntĂŠrieur. Beaucoup soulignent, comme Marylise Lebranchu ou Paul Coizet (Doubs), que cette libertĂŠ est garantie par la laĂŻcitĂŠ et que cet intitulĂŠ est en lui-mĂŞme contestable, Francis Lec (Somme) insistant sur le fait que cette initiative dĂŠcoule de dĂŠbats au sein de l’UMP et se dĂŠclare ÂŤ foncièrement hostile Âť Ă toute participation des ĂŠlus de gauche. Un groupe de travail de la FNESR se rĂŠunira sous peu pour ĂŠvoquer ses questions. Sont ensuite abordĂŠs plusieurs points : les campagnes pour l’inscription sur les listes ĂŠlectorales, le devenir de l’acte 3 de la dĂŠcentralisation prĂŠparĂŠ par la FNESR en lien avec les ĂŠtats gĂŠnĂŠraux des ĂŠlus locaux annoncĂŠs par le prĂŠsident du SĂŠnat, Jean-Pierre Bel, avant que Paul Coizet (logement), Emmanuel Constant (culture) et Francis Lec (sĂŠcuritĂŠ-justice) fassent le point sur les travaux de leur commission respective. P. F.

Cour des comptes : du nouveau sur les finances locales Le Premier prĂŠsident de la Cour des comptes, Didier Migaud, a installĂŠ le 10 octobre dernier une nouvelle formation commune Ă la Cour des comptes et aux chambres rĂŠgionales et territoriales consacrĂŠe aux finances locales. Les rĂŠformes rĂŠcentes (suppression de la taxe professionnelle, rĂŠduction du pouvoir fiscal, loi de dĂŠcembre 2010‌) comme les ĂŠvolutions en cours (gel des dotations de l’État, nouvelles formes de pĂŠrĂŠquation, problème de d’accès au financement bancaire ou obligataire‌) transforment le modèle de financement des collectivitĂŠs territoriales et des EPCI. Quelles en sont les consĂŠquences sur la gestion publique locale ? Comment les acteurs locaux rĂŠagissent-ils et de quelle marge de manĹ“uvre disposent-ils ? Quelles sont les conditions de l’Êquilibre financier Ă terme des diffĂŠrentes catĂŠgories de collectivitĂŠs territoriales ? Comment assurer la maĂŽtrise de l’Êvolution de la dĂŠpense ? Telles sont quelques-unes des problĂŠmatiques examinĂŠes par cette nouvelle formation interjuridictions dans le cadre de travaux fĂŠdĂŠrĂŠs : ils seront conduits aussi bien au niveau national par la Cour auprès des diffĂŠrentes administrations, institutions ou organisations concernĂŠes qu’au niveau local par les chambres rĂŠgionales des comptes. Ces travaux vont donner lieu Ă la publication d’une nouvelle catĂŠgorie de rapports publics thĂŠmatiques, dont une première livraison est prĂŠvue pour 2013. Mais, d’ores et dĂŠjĂ , la fin de 2011 et 2012 seront consacrĂŠes Ă des travaux prĂŠparatoires et d’investigation poussĂŠe dont la Cour pourra donner certains rĂŠsultats dans ses publications de 2012. PrĂŠsidĂŠe par Jean-Philippe Vachia, conseiller maĂŽtre Ă la 4e chambre de la Cour des comptes, cette formation commune aura pour rapporteur gĂŠnĂŠral, FrĂŠdĂŠric Advielle, prĂŠsident de la Chambre rĂŠgionale des comptes de Basse-Normandie.

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ACTU EN BREF - ACTU EN BREF -A CTU EN BREF -ACTU EN BREF Dexia : le gouvernement et la Banque de France‌ savaient ; qu’ont-ils fait ?

Le très haut dĂŠbit : une "grande cause nationale" pour les maires ruraux Les Maires ruraux de France ont adoptĂŠ une motion sur la couverture numĂŠrique du territoire le 9 octobre lors du congrès national de l’AMRF Ă Monts-sur-Guesnes (Vienne). Inquiets pour l’avenir de leurs communes face aux inĂŠgalitĂŠs de couverture numĂŠrique, un fossĂŠ que creusera encore plus profondĂŠment l’arrivĂŠe du très haut dĂŠbit, ils demandent une accĂŠlĂŠration du dĂŠploiement du très haut dĂŠbit et des prĂŠcisions sur le calendrier de la montĂŠe en dĂŠbit. RĂŠcemment, aussi bien des parlementaires que certains conseils gĂŠnĂŠraux ont tirĂŠ le signal d’alarme : les conditions ne semblent pas rĂŠunies aujourd’hui pour que l’objectif fixĂŠ par le prĂŠsident de la RĂŠpublique de couvrir 100 % du territoire en très haut dĂŠbit en 2025 soit tenu. Pourtant, cette ĂŠchĂŠance semblait dĂŠjĂ bien trop lointaine aux maires ruraux. C’est ce qu’a soulignĂŠ l’enquĂŞte menĂŠe par l’AMRF cet ĂŠtĂŠ : les maires demandent la mise en place du très haut dĂŠbit dans les 5 ans. Dans leur motion, les Maires Ruraux de France demandent notamment : - le relèvement immĂŠdiat de l’accès minimum Ă Internet Ă 2 Mbps dans un premier temps puis Ă 8 Mbps pour chaque Français, oĂš qu’il habite ; - la mise en place d’un service universel Ă l’internet très haut dĂŠbit fixe et mobile de l’Internet et de la tĂŠlĂŠphonie mobile ; - que l’État alimente durablement le Fonds d’amĂŠnagement numĂŠrique du territoire (FANT) crĂŠĂŠ en 2009 par la loi Pintat ; - que les maires ruraux et leurs intercommunalitĂŠs soient consultĂŠs dans l’Êtablissement des schĂŠmas directeurs d’amĂŠnagement numĂŠrique du territoire (SDANT) et soient ensuite informĂŠs rĂŠgulièrement de la mise en Ĺ“uvre de ceux-ci. AttachĂŠs aux solutions pragmatiques tenant compte des situations locales, les Maires ruraux souhaitent enfin que le lĂŠgislateur trouve le moyen de permettre aux citoyens de bĂŠnĂŠficier au plus vite des infrastructures privĂŠes dĂŠjĂ prĂŠsentes dans le pays, par exemple le long des voies ferrĂŠes et des autoroutes.

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Erreurs, infractions et dĂŠlits chez Dexia sont consignĂŠs prĂŠcisĂŠment dans des rapports des inspecteurs de l’AutoritĂŠ de contrĂ´le prudentiels (ACP) depuis plusieurs annĂŠes. Ces ĂŠlĂŠments ne pouvaient ĂŞtre ignorĂŠs ni du gouverneur de la Banque de France, dirigeant de l’ACP, ni de Christine Lagarde, ministre d’un État prĂŠsent au conseil d’administration de Dexia. Il leur incombait d’en tirer les conclusions, de mettre sous surveillance immĂŠdiate et quotidienne la liquiditĂŠ de Dexia, plutĂ´t que d’attendre de devoir en catastrophe dĂŠmanteler Dexia au dĂŠtriment des personnels, et peut-ĂŞtre de l’Êquilibre de la Caisse des dĂŠpĂ´ts et des deniers publics. Christian Eckert, dĂŠputĂŠ de Meurtheet-Moselle, et l’ensemble des dĂŠputĂŠs socialistes veulent faire toute la lumière sur les graves dysfonctionnements qui apparaissent Ă tous les niveaux. Christian Eckert, dĂŠputĂŠ de Le Parlement et les Français doivent sa- Meurthe-et-Moselle voir : 1. Pourquoi les dirigeants de Dexia ont-ils perçu des rĂŠmunĂŠrations extravagantes, y compris postĂŠrieurement Ă leur dĂŠpart, après des rapports accablants sur leur gestion ? 2. Pourquoi les rapports, nĂŠcessairement connus de la Banque de France et du gouvernement, n’ont-ils pas ĂŠtĂŠ transmis aux autoritĂŠs judiciaires et Ă l’AutoritĂŠ des marchĂŠs financiers ? 3. Pourquoi ne pas avoir constatĂŠ plus vite que les 3 milliards d’argent public français injectĂŠs en 2008 et perdus depuis n’Êvitaient pas les restructurations organisĂŠes aujourd’hui dans l’opacitĂŠ et la prĂŠcipitation ? Christian Eckert et le groupe socialiste de l’AssemblĂŠe nationale sont favorables Ă la construction d’une nouvelle structure publique pour organiser les prĂŞts aux collectivitĂŠs locales, ce qu’aurait dĂť ĂŞtre et rester la mission essentielle de Dexia. C’est possible autour de la Caisse des dĂŠpĂ´ts et de la Banque postale, Ă condition de ne pas plomber le nouvel organisme par les actifs douteux que traĂŽne encore Dexia.

Fonds structurels : les ĂŠlus doivent ĂŞtre impliquĂŠs Le 6 octobre dernier, la Commission europĂŠenne a prĂŠsentĂŠ ses projets relatifs Ă la prochaine gĂŠnĂŠration 2014-2020 des fonds structurels europĂŠens, du FEADER et du FEP, ouvrant une intense pĂŠriode de nĂŠgociation avec le Parlement europĂŠen et les États rĂŠunis au sein du Conseil. Il s’agit en effet d’arrĂŞter le cadre d’intervention et les modalitĂŠs de mise en Ĺ“uvre de la principale politique europĂŠenne en terme budgĂŠtaire. ÂŤ Dans le contexte de crise qui touche l’Union europĂŠenne et qui pèse sur l’ensemble des budgets nationaux mais aussi locaux, chacun mesure l’importance pour nos territoires des dĂŠbats qui s’annoncent. Les ĂŠlus locaux et rĂŠgionaux doivent ĂŞtre impliquĂŠs dans les nĂŠgociations Âť, estime-t-on Ă l’AFCCRE (Association française du Conseil des communes et rĂŠgions d’Europe). Dans cette optique, la commission cohĂŠsion territoriale de l’AFCCRE se rĂŠunira le 16 novembre Ă Strasbourg, en marge de la session plĂŠnière du Parlement europĂŠen et en prĂŠsence des dĂŠputĂŠs impliquĂŠs sur ce dossier afin de dĂŠbattre de la place des territoires dans les nĂŠgociations sur le budget europĂŠen. Les règlements, en effet, ouvrent une possibilitĂŠ unique pour les acteurs territoriaux de jouer un rĂ´le prĂŠpondĂŠrant dans la dĂŠfinition et la mise en Ĺ“uvre des futurs programmes, notamment dans le cadre des contrats de partenariats.


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

TERRITOIRES

DÊveloppement durable : les acteurs locaux en pointe Les "acteurs locaux" sont dÊsormais à la pointe du combat pour le dÊveloppement durable. Pour ceux qui en doutaient encore, les 6es Assises nationales du dÊveloppement durable, qu’organisaient la RÊgion Midi-PyrÊnÊes et l’Association des rÊgions de France les 13 et 14 octobre à Toulouse l’ont clairement dÊmontrÊ

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ne enquĂŞte de l’institut CSA* rĂŠvĂŠlait d’ailleurs en ouverture de ces Assises que 50 % des Français font d’abord confiance aux collectivitĂŠs locales pour faire face aux enjeux du dĂŠveloppement durable, loin devant les États et les sommets internationaux (19 %). Ă€ Toulouse, la mobilisation rĂŠussie des acteurs locaux a plus que corroborĂŠ ce sondage. La partie avait ĂŠtĂŠ gagnĂŠe en amont : pas moins de 1 126 "contributions" - c’est-Ă -dire description de rĂŠalisations locales - ont ĂŠtĂŠ enregistrĂŠes sur www.andd.fr dans les semaines qui ont prĂŠcĂŠdĂŠ l’ÊvĂŠnement. Elle a ĂŠtĂŠ confortĂŠe par le succès des 14 ateliers organisĂŠs : un millier d’inscrits, 2 000 internautes qui ont suivi les dĂŠbats en ligne et près d’un millier de participants aux ateliers dĂŠcentralisĂŠs organisĂŠs aux quatre coins de la France dans des cyberbases, des lycĂŠes, des maisons de parcs naturels rĂŠgionaux, etc. Les dĂŠbats publics ont rĂŠuni des personnalitĂŠs d’horizons très divers, des anciens ministres Christian Sautter et Brice Lalonde Ă l’Êcologiste sĂŠnĂŠgalais HaĂŻdar el Ali en passant par Christiane Taubira, JĂŠrĂ´me ClĂŠment, l’Êconomiste Yann Moulier-Boutang ou encore l’explorateur Jean-Louis Etienne. Deux productions concrètes sont ressorties de ces Assises. D’une part la prĂŠparation d’un mĂŠmorandum qui constituera la contribution des RĂŠgions françaises au prochain sommet de la Terre, au printemps prochain, Ă Rio. D’autre part un "bottin de l’action locale", annuaire en ligne - sur le site www.andd.fr - de toutes les expĂŠriences locales recensĂŠes Ă l’occasion des Assises : il doit faciliter leur duplication en fournissant les contacts des collectivitĂŠs et associations ayant menĂŠ Ă bien leur mise en place. Un annuaire fait pour ĂŞtre pillĂŠ ! T. P. *EnquĂŞte CSA-Conseil rĂŠgional Midi-PyrĂŠnĂŠes, septembre 2011

2 questions Ă Martin Malvy, prĂŠsident de la RĂŠgion Midi-PyrĂŠnĂŠes, organisateur des 6es Assises nationales du dĂŠveloppement durable Communes de France. Quels enseignements retirez-vous de ces Assises ? Martin Malvy. En prioritĂŠ, l’intĂŠrĂŞt des acteurs de terrain qui prouve Ă quel point nous sommes passĂŠs de l’inquiĂŠtude Ă l’espoir, du discours aux actes. Les petits ruisseaux feront les grandes rivières, j’en suis convaincu. Il y a 20, ans Ă Rio, les solutions ĂŠtaient attendues d’en haut. Aujourd’hui, rien ne se fera sans que cela parte d’en bas. Le budget des RĂŠgions consacrĂŠ Ă la durabilitĂŠ et Ă la mobilitĂŠ en tĂŠmoigne : elles y consacrent 5,5 milliards d’euros par an alors que le budget du ministère, Ă pĂŠrimètre comparable, s’Êlève Ă 9,8 milliards. Les collectivitĂŠs ont dĂŠmontrĂŠ Ă Toulouse qu’elles sont dans le temps de l’action ! Elles appellent Ă une remobilisation internationale en vue Sommet de la Terre, Ă Rio, en juin prochain. Comment donner un prolongement Ă cette mobilisation des acteurs locaux ? Nous avons rĂŠussi, je crois, Ă donner une visibilitĂŠ Ă l’action locale en matière de dĂŠveloppement local. Le problème qui demeure c’est la reconnaissance officielle du poids de leur action

et leur diffusion. Pour y remÊdier et parce qu’il y a urgence, j’ai dÊcidÊ de proposer au nom de l’Association des rÊgions de France la crÊation d’un rÊseau permanent de rÊfÊrence des initiatives locales qui informera et dÊmultipliera les bonnes pratiques à reproduire. Propos recueillis par T. P.

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FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ° TOURISME

La question touristique doit figurer au cĹ“ur du dĂŠbat politique Communes de France. Quelles sont les missions du RĂŠseau national des destinations dĂŠpartementales (Rn2D) ? Lionel Walker. Il s’appuie sur la loi n° 92-645 du 13 juillet 1992 fixant les conditions d’exercice des activitĂŠs relatives Ă l’organisation et Ă la vente de voyages ou de sĂŠjours. Ce texte prĂŠcise que chaque collectivitĂŠ pourra se doter d’un organisme dĂŠdiĂŠ Ă la promotion et la commercialisation du territoire : les comitĂŠs rĂŠgionaux du tourisme (CRT) pour les rĂŠgions, les comitĂŠs dĂŠpartementaux du tourisme (CDT) pour les dĂŠpartements et les offices de tourisme pour les communes. Ces structures sont le bras armĂŠ des politiques publiques mises en Ĺ“uvre par chaque niveau de collectivitĂŠ. Les promoteurs de la rĂŠforme territoriale ont cependant retirĂŠ aux conseils gĂŠnĂŠraux la compĂŠtence touristique. Tant et si bien que les CDT sont apparus sous un nouveau vocable, avec des terminologies se rĂŠfĂŠrant très clairement Ă une logique de rĂŠseaux.

Lionel Walker, vice-prÊsident du Conseil gÊnÊral de Seine-et-Marne et prÊsident de Seine-et-Marne Tourisme, revient sur l’assemblÊe gÊnÊrale du RÊseau national des destinations dÊpartementales (Rn2D), organisÊe les 15 et 16 septembre derniers à Marne-la-VallÊe

Quelles ont ĂŠtĂŠ les principales conclusions de l’assemblĂŠe gĂŠnĂŠrale du Rn2D qui s’est rĂŠunie en septembre en Seine-et-Marne ? Nous sommes d’abord convenus que le tourisme devait rester une compĂŠtence partagĂŠe, au mĂŞme titre que la culture et le sport. Il nous a semblĂŠ tout aussi important de formuler des propositions en prĂŠvision d’une rĂŠforme des nouvelles gouvernances, en appelant nos futurs candidats Ă se positionner sur la question de l’organisation du tourisme, en France. Ce thème doit figurer au cĹ“ur des dĂŠbats, au mĂŞme titre que l’emploi ou l’Êconomie. C’est essentiel pour l’image de notre pays. Quelles stratĂŠgies le Conseil gĂŠnĂŠral de Seine-et-Marne a-t-il engagĂŠ pour contribuer Ă l’essor touristique du territoire ? Nous avons mis l’accent sur la question de la mĂŠdiation et du tourisme, autour d’un projet qui engage l’ensemble du territoire. Avec, en toile de fond, un schĂŠma dĂŠpartemental qui constitue le vĂŠritable fil conducteur de la mandature. Nous pouvons ĂŠgalement compter sur le prĂŠcieux apport des agents de dĂŠveloppement et d’ÊlĂŠvation touristiques qui s’emploient jour après jour Ă donner corps Ă la politique dĂŠfinie par le dĂŠpartement. Parallèlement, nous nous employons Ă renforcer le lien entre tourisme et nouvelles technologies, en formant l’ensemble des acteurs concernĂŠs, du gĂŽte rural aux complexes hĂ´teliers, autour des nouveautĂŠs technologiques. J’ajoute que la Seine-et-Marne comptera bientĂ´t parmi les tout premiers dĂŠpartements Ă faire de la rĂŠservation touristique sur mobile, après la mise en place du premier centre d’Êcotourisme d’Ile-de-France. Enfin, nous entendons dĂŠvelopper le tourisme pour tous, en accompagnant de nouveaux ĂŠquipements agrĂŠĂŠs par la Caisse d’allocations familiales (CAF). Avec, en prime, l’installation d’un pĂ´le d’excellence qui mettra l’accent sur la formation et la recherche. Quelles sont les retombĂŠes de cette politique sur l’Êconomie et le dĂŠveloppement territorial ? L’arrivĂŠe de nouveaux investisseurs rejaillit tout naturellement sur l’emploi, tandis que l’image du territoire seine-et-marnais, axĂŠe pour l’essentiel sur ses atouts agricoles, a ĂŠvoluĂŠ au profit d’une approche plus attractive. Le bassin francilien doit pouvoir compter sur Paris et la Seine-et-Marne, qui forment aujourd’hui les principaux axes de dĂŠveloppement et de destination de ce pĂŠrimètre. Propos recueillis par Bruno Tranchant

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FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

DROITS DE L’HOMME

Situation des Roms : des collectivitĂŠs exemplaires

Christian Castagna est conseiller Balkans au secteur international du PS. Via l’association Tukki, il est aussi impliquÊ dans la dÊfense des droits des Roms via une participation dans la dÊfinition et/ou la conduite de projets d’insertion dans le Val-deMarne. C’est cette double compÊtence qui l’a amenÊ à piloter ce groupe de travail pour le compte du PS et de la FNESR

Communes de France. La situation des migrants Roms en France est prĂŠoccupante. Quelles sont leurs conditions de vie ? Christian Castagna. La France accueille depuis une vingtaine d’annĂŠes 20 000 Roms provenant majoritairement de l’espace balkanique. L’origine de cette migration ne concerne qu’un nombre marginal de Roms -2 Ă 3 % -. Elle est essentiellement ĂŠconomique. Elle trouve son origine dans les conditions de vie et les discriminations que les Roms vivent au quotidien dans leurs pays d’origine : pas de travail, pas de scolarisation, pas d’accès Ă un système de soins devenu très cher avec la chute du communisme, un habitat dĂŠlabrĂŠ souvent privĂŠ de l’accès Ă l’eau et l’ÊlectricitĂŠ. Comment croire que des gens accepteraient spontanĂŠment de vivre en France dans des bidonvilles sans eau et sans hygiène pour aller faire la manche et gagner quelques euros par jour ? L’exclusion sociale subie en France est moins lourde Ă porter que le système discriminatoire qui s’est insinuĂŠ dans certains États balkaniques depuis les annĂŠes 1990. Surtout elle est rendue visible - et donc intolĂŠrable - par le fait qu’à la diffĂŠrence d’autres vagues de migration -, celleci ne s’appuie pas sur une diaspora qui aurait pu servir de tampon dans l’accueil et attĂŠnuer le choc du dĂŠracinement. En quoi le discours prĂŠsidentiel de juillet 2010 marque-t-il une ĂŠvolution stigmatisante Ă l’Êgard des Roms ? En juillet 2010, le sinistre discours de Grenoble a pour la première fois considĂŠrĂŠ une population donnĂŠe comme criminelle et attentatoire Ă l’ordre public. Cette orientation s’est immĂŠdiatement traduite par la production le 5 aoĂťt 2010 d’une circulaire visant directement les Roms comme cible de la politique sĂŠcuritaire de Claude GuĂŠant. C’Êtait simplement oublier que si des Roms sont auteurs de dĂŠlits - comme le sont des individus d’autres origines - cela ne signifie pas pour autant que toute une communautĂŠ donnĂŠe est potentiellement criminelle ! Ce dĂŠrapage assumĂŠ par les plus hautes instances de l’État a donc voulu installer une

vision ethno-raciale de la question sĂŠcuritaire‌ Notons simplement que des Roms n’Êtaient nullement impliquĂŠs dans les actes criminels de St-Aignan sur-Cher et de Grenoble Ă l’origine de ce discours. La FNESR et le PS ont constituĂŠ un groupe de travail sur ces questions. Quels sont ses objectifs et son calendrier ? Depuis juin 2011 se rĂŠunit rĂŠgulièrement au siège du PS un groupe de travail dont la mission est de rĂŠflĂŠchir Ă des mesures politiques crĂŠdibles dans la perspective d’un retour au pouvoir en 2012. Il favorise ainsi la mise en rĂŠseau de collectivitĂŠs territoriales disposant d’une rĂŠelle expertise dans l’application de politiques sociales destinĂŠes Ă combattre les discriminations rencontrĂŠes par les Roms. Le groupe de travail fĂŠdère ainsi une quinzaine d’Êlus de la rĂŠgion PACA, des communautĂŠs urbaines de Lille, Nantes, Strasbourg, St-Etienne, des conseils gĂŠnĂŠraux du Val-de-Marne, du Nord, de villes de la rĂŠgion parisienne, des parlementaires‌ L’idĂŠe est aussi de rĂŠflĂŠchir Ă ce que serait notre rĂŠponse Ă la Commission europĂŠenne quand celle-ci demande Ă la France une stratĂŠgie nationale d’insertion des Roms. Un premier rĂŠsultat sera la validation avant la fin de l’annĂŠe par les instances de la FNESR et du PS de propositions politiques visant Ă faciliter l’accueil et l’insertion des Roms. Quel rĂ´le les collectivitĂŠs locales jouentelles dans ce domaine ? Face Ă la politique de stigmatisation menĂŠe par l’appareil d’État, nos collectivitĂŠs territoriales sont en première ligne pour traiter les consĂŠquences d’une exclusion sociale particulièrement aiguĂŤ. Celles-ci se retrouvent en première ligne pour traiter l’Êradication des bidonvilles, combattre le retour de pathologies lourdes comme la tuberculose, s’occuper de la petite enfance. Mais ce ne sont pas les collectivitĂŠs locales qui peuvent favoriser l’accès au travail ou trouver des enseignants pour l’ouverture de CLIN, mĂŞme si elles ne restent pas inactives dans ces domaines qui ne sont pas de leurs compĂŠtences initiales. OĂš $PNNVOFT MB MFUUSF


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DROITS DE L’HOMME

En Roumanie, En Hongrie, en Bulgarie, les Roms connaissent des persĂŠcutions grandissantes. Que peut-on faire pour enrayer cette ĂŠvolution ? D’abord changer le regard que portent dans ces pays les populations ethniquement majoritaires Ă l’Êgard des minoritĂŠs Roms. En Roumanie, les Roms sont aussi nombreux que les roumains d’origine hongroise - de 7 Ă 10 % de la population selon les sources -. Mais de façon objective, l’intĂŠgration des Roumains d’origine Rom n’est en rien comparable Ă celle des Roumains d’origine hongroise. Par exemple ces derniers sont des acteurs pivots dans la vie politique, pas les Roms‌ Et quand l’exclusion commence dès l’Êcole, comment assurer la mixitĂŠ dans tous les pans de la sociĂŠtĂŠ ? Par le biais de nos collectivitĂŠs locales engagĂŠes dans des programmes de coopĂŠration dĂŠcentralisĂŠe, nous pouvons travailler sur le "vivre ensemble" et surtout, sur la question de l’exclusion. Quant Ă nos partis frères du PSE dans la rĂŠgion, Ă eux de promouvoir des pratiques allant vers une juste reprĂŠsentation de ces communautĂŠs non seulement en leur sein, mais aussi au moment des processus ĂŠlectoraux, quitte Ă ce que la loi ĂŠvolue pour permettre la reprĂŠsentation de communautĂŠs objectivement discriminĂŠes dans leur reprĂŠsentation sociale et politique.

Le Conseil de l’Europe a organisĂŠ fin septembre dernier un Sommet des maires sur les Roms avec des participants de 34 pays. Quelles suites faut-il en attendre ? L’engagement du Conseil de l’Europe pour la dĂŠfense des Droits humains est ancien. Une des spĂŠcificitĂŠs de cette organisation internationale est de rĂŠunir l’ensemble des États europĂŠens -47 États membres ! -, ce qui permet d’Êtablir une vision de la situation des Roms au niveau du continent, et surtout, au niveau de leurs États d’origine. Ainsi ; le premier Sommet des maires sur les Roms qui s’est tenu Ă Strasbourg le 22 septembre Ă l’initiative du Congrès des pouvoirs locaux et rĂŠgionaux s’est donnĂŠ pour principaux objectifs : - sensibiliser les collectivitĂŠs locales pour qu’elles relaient Ă leur niveau les initiatives nationales et europĂŠennes visant Ă la lutte contre les discriminations dont sont victimes les Roms ; - mettre en place un rĂŠseau d’Êchange entre collectivitĂŠs impliquĂŠes dans des politiques d’accueil et d’insertion des Roms. Notons que Strasbourg et Aubervilliers figurent parmi les 6 villes fondatrices de ce rĂŠseau.

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La ville d’Aubervilliers et son maire Jacques Salvator sont très impliquĂŠs dans l’Alliance europĂŠenne des villes et des rĂŠgions pour l’inclusion des Roms. Quelles actions la municipalitĂŠ mène-t-elle dans ce domaine ? Aubervilliers est une ville pionnière pour ce qui concerne la conduite de politiques d’insertion envers les Roms. Depuis 2007, la ville, en partenariat avec la CommunautĂŠ d’agglomĂŠration Plaine Commune, le Conseil gĂŠnĂŠral de la Seine St-Denis, la RĂŠgion Ile-de-France et l’État, a mis en place un site d’accueil pour 18 familles roumaines d’origine Rom communĂŠment appelĂŠ "village d’insertion", gĂŠrĂŠ sous la forme d’une MOUS. Avec un dispositif adaptĂŠ pour accompagner ces familles dans leur rĂŠgularisation administrative, leur trouver un emploi et un logement, le bilan intermĂŠdiaire tirĂŠ Ă la date de septembre 2011 est bon : - seuls un homme et une famille ne sont toujours pas rĂŠgularisĂŠs ; - la grande majoritĂŠ des personnes en âge de travailler ont maintenant accès Ă un emploi ; - des perspectives de relogement sont en discussion. Dans le mĂŞme temps, toutes les familles ont vu leur situation sanitaire prise en main et tous les enfants sont scolarisĂŠs. Jacques Salvator tire donc un bilan positif de cette opĂŠration, mĂŞme si elle ne rĂŠsout pas Ă l’Êchelle de son dĂŠpartement et de la rĂŠgion la question de l’accueil et de l’insertion des Roms. Il constate simplement l’engagement restreint de l’État dans l’Êtablissement de telles politiques, notamment sur la question de la rĂŠgularisation administrative des situations et celle du relogement. NĂŠanmoins, la Commission europĂŠenne suit avec intĂŠrĂŞt cette opĂŠration qu’elle ne devrait plus tarder Ă cofinancer par le biais du FSE et du FEDER. En quoi la gauche victorieuse au printemps 2012 pourrat-elle faire ĂŠvoluer favorablement la situation des Roms en France ? La principale mesure attendue avec le retour de la gauche au pouvoir est la fin de la mesure transitoire interdisant l’accès au travail aux citoyens europĂŠens en provenance de Roumanie et de Bulgarie. Son abolition concerne majoritairement près de 10 000 Roms. Elle permettrait leur entrĂŠe immĂŠdiate dans le droit commun. Concrètement, les problèmes d’extrĂŞme prĂŠcaritĂŠ posĂŠs par la prĂŠsence d’une partie de cette population sur nos territoires pourraient dès alors ĂŞtre abordĂŠs sans autre considĂŠration que ceux liĂŠs Ă leurs conditions de vie et d’insertion Ă notre sociĂŠtĂŠ. Plus largement, c’est le regard portĂŠ sur ces communautĂŠs qui ĂŠvoluera avec la fin des politiques de stigmatisation et de rejet. Il faut considĂŠrer les Roms pour ce qu’ils sont : des gens comme les autres qui souhaitent travailler, s’intĂŠgrer et offrir un avenir Ă leurs enfants. Propos recueillis par Philippe Foussier


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INITIATIVES LOCALES

Comment Lure revitalise son centre-ville Comme beaucoup de petites villes, Lure, en Haute-Saône, a souffert du dÊpÊrissement de son coeur de ville depuis une vingtaine d’annÊes. La municipalitÊ a entrepris de le rÊnover. Une oeuvre de longue haleine

Eric Houlley, maire de Lure

L

e centre-ville de Lure souffrait des maux que bien d’autres agglomĂŠration connaissent : vieillissement des ĂŠquipements commerciaux centraux et concurrence d’une pĂŠriphĂŠrie qui a vu fleurir depuis vingt ans les lotissements commerciaux. De surcroĂŽt, la concurrence de la mĂŠtropole de BelfortMontbĂŠliard incitait les chalands Ă se dĂŠtourner des commerces de proximitĂŠ. ÂŤ L’attractivitĂŠ des commerces est essentiels pour faire vivre une ville, constate Eric Houlley, maire de Lure. Nous disposons certes d’Êquipements culturels construits dans les annĂŠes 80 au centre de la ville, mais pour que vive le noyau urbain, il faut une vie commerciale avec des dessertes eďŹƒcaces et agrĂŠables Âť. C’est dans cette perspective que Lure a dĂŠcidĂŠ de revitaliser ses espaces publics et de renouveler l’environnement et le tissus de ses commerces de proximitĂŠ. ÂŤ La vie d’un centre-ville est socialement fondamentale pour deux raisons, prĂŠcise le maire. D’une part, un coeur de ville attrayant favorise le lien social. On peut y organiser des ĂŠvènements et des manifestations fĂŠdĂŠrateurs, ce qui s’avère impossible dans un quartier Ă la dĂŠrive. D’autre part, dans un pays vieillissant, il est important que les personnes âgĂŠes trouvent Ă proximitĂŠ de leur logement les boutiques indispensables. C’est une attente essentielle des habitants Âť. Pour ce lancer dans le projet, Lure a bĂŠnĂŠficiĂŠ de l’expĂŠrience du programme euro-

pĂŠen InnocitĂŠ. ÂŤ Ce programme permet un ĂŠchange d’expĂŠriences avec des villes qui se trouvent en face d’une problĂŠmatique comparable Ă travers l’Europe, explique Laetitia Maison, directrice gĂŠnĂŠrale des services. Certaines privilĂŠgient la place des jeunes, d’autre les ĂŠquipements sanitaires. Pour notre part, nous avons mis en avant la participation des habitants au projet Âť. Pour ce faire, la municipalitĂŠ a crĂŠĂŠ un groupe de gouvernance associant les acteurs principaux du coeur de ville et les habitants, pour ĂŠlaborer les projets en commun. DĂŠjĂ , la rĂŠflexion sur l’entrĂŠe de ville a portĂŠ ses fruits. Les grands panneaux qui dĂŠfigurent les entrĂŠes d’agglomĂŠration seront, Ă Lure, remplacĂŠ par une publicitĂŠ plus compatible avec l’environnement urbain. Par ailleurs, le groupe de gouvernance mène une ĂŠtude sur le stationnement dans le centre, qu’il s’agisse des arrĂŞts-minutes ou des aires de livraison.

Effort Ă long terme ÂŤ Il nous faudra deux mandats pour mener Ă terme ce chantier, souligne Eric Houlley. L’Êtranglement financier dans sont victimes les collectivitĂŠs locales et l’Êpuisement des budgets europĂŠens depuis 5 ans ne nous permet pas d’aller aussi vite que nous l’aurions voulu Âť. Pour pallier la pĂŠnurie de ressources, la mairie de Lure a dĂŠcidĂŠ de commencer la rĂŠnovation des voieries lors du prĂŠsent mandat avant d’entreprendre la revitalisation des commerces proprement dit lors du prochain. La requalification des rues, des places et des "trajes", ces ruelles typiques qui permettent de passer Ă pied ou en vĂŠlo d’un axe Ă l’autre est en cours. Elle a dĂŠjĂ coĂťtĂŠ un million d’euro lors de la première partie de ce mandat. ÂŤ Dans cette aventure, conclut Eric Houlley, la population veut des rĂŠsultat, mais elle attend aussi que nous fassions preuve de prudence et que nous la faisions participer Ă l’Êlaboration des projets Âť. François Couthon

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INITIATIVES LOCALES

Mantes et Rosny font entrer la nature dans la ville Mantes-la-Jolie et Rosnysur-Seine (Yvelines) engagent la réalisation d’un éco-quartier fluvial à la fois urbain et paysager, où la qualité de la concertation est au cœur du projet

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ombre de villes tournent le dos à leur fleuve, c’est le cas en partie à Mantes-la-Jolie et Rosny-sur-Seine. Ces deux communes limitrophes de l’ouest parisien sont séparées par d’anciennes carrières, un no man’s land lunaire et inhospitalier. Un paradoxe quand on connaît la rareté de la ressource foncière en Ile-de-France. C’est là, entre Seine et ex-nationale 13, que sur 220 hectares, les deux communes et l’Établissement public d’aménagement de la Seine-Aval (Epamsa) se sont engagés à réaliser un éco-quartier fluvial innovant et ambitieux. Ce projet urbain et paysager vise à recoudre les liaisons sur un territoire situé au cœur de la Communauté d’agglomération de Mantes-en-Yvelines (CAMY). D’autres échelles sont sollicitées, à commencer par l’Opération d’intérêt national (OIN) de la Seine-Aval, que pilote l’Epamsa, situé sur un axe majeur du développement du Grand Paris. Pas question en effet de faire une enclave écolo, un quartier vertueux mais isolé, de juxtaposer des pièces éparses. L’idée est de donner naissance à un urbanisme durable inséré dans un projet global de territoire. Si le périmètre d’étude porte sur 220 hectares, seuls 120 seront aménagés. En effet, les bassins, la biodiversité, le microrelief existant seront respectés. Sur la partie aménagée, 75 % de la surface restera en espaces publics et naturels (espaces boisés, parcs, jardins, port de plaisance, liaisons en site propre, liaisons douces…). Les 25 % d’espaces cessibles seront consacrés aux logements, aux équipements publics, aux équipements sportifs et de loisirs, aux commerces et services. Un mode de transport en commun en site propre, le T-ZEN,

assurera la desserte du quartier, des deux communes et des gares. Un réseau de liaisons douces, un port de plaisance, une plage verte, de grandes étendues d’eau compléteront un environnement remarquable enchaînant une succession inédite d’espaces ouverts. Des emplois résidentiels (commerçants, artisans, professions de santé, assistantes maternelles…) ou de

5000 logements et 4 ambiances la filière loisirs et nature devraient générer environ 1 000 emplois. Quatre quartiers, conçus autour de quatre ambiances, ponctueront cet espace : la proximité du fleuve, le port, le bois et le bassin d’aviron et les grands espaces de nature. Sur la partie construite, la densité sera de 50 logements à l’hectare, soit environ 5 000 logements, dont une partie de logements sociaux. Pour Françoise Descamps Crosnier, maire (PS) de Rosnysur-Seine et vice-présidente de la CAMY en charge de l’aménagement de l’espace communautaire, « ce site pilote en transition vers une économie urbaine et environnementale durable, influencera à terme l’ensemble de l’agglomération ». Après la définition des orientations d’aménagement, les élus ont souhaité mettre en œuvre une concertation approfondie qui va au-delà des exigences réglementaires. Première phase, une série de réunions publiques, d’ateliers, d’expositions, de registres y compris sur internet, se tiennent d’octobre 2011 à février 2012, avant d’enclencher en mars la procédure de ZAC. Acteurs locaux publics et privés, futurs habitants et usagers du quartier, seront associés sur le long terme dans une "communauté" et un "comité de suivi", afin de préciser les enjeux d’urbanisation. Les premières ventes de terrains sont prévues dès 2013, l’ensemble du projet sera réalisé progressivement d’ici à 2030. Jean Cordelier

Gérant - Directeur de la publication : Serge Bossini - Rédacteur en chef : Philippe Foussier - Conception réalisation : Brigitte Bossu ont participé à ce numéro : François Couthon - Jean Cordelier - Thierry Pourreyron - Bruno Tranchant - Photos : Pascal Lebrun & D.R


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