LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS

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Départements & Régions de France

N° 39 - 13 novembre 2011

Sommaire ! Intercommunalité La nouvelle péréquation intercommunale SDCI : une méthode qui divise

! Actu en bref Le Sénat contre le conseiller territorial

! Logement Entretien avec Paul Coizet

! L’élu de la semaine Yves Husson

Intercommunalité : une grande avancée au Sénat Le 4 novembre, les sénateurs de la nouvelle majorité ont fait adopter par le Sénat un texte de loi présenté par Jean-Pierre Sueur, sénateur du Loiret, sur l’intercommunalité, apportant de premières réponses aux problèmes, aux di! cultés et aux mécontentements des élus locaux suscités par l’application de la réforme territoriale. Cette proposition de loi a trois objectifs : redonner du temps aux élus pour permettre de vraies concertations locales ; remettre les élus locaux au cœur du processus, conformément à l’esprit de la décentralisation, grâce au rôle moteur désormais assuré par la commission départementale de coopération intercommunale (CDCI) ; veiller au maintien des syndicats scolaires et ainsi au lien entre les communes et les écoles, constitutif de l’esprit républicain. Il revient maintenant au gouvernement et à l’Assemblée nationale de se saisir du texte que le Sénat vient d’adopter. Les sénateurs socialistes souhaitent vivement que le processus parlementaire se poursuive afin que ce texte soit définitivement adopté avant la fin de l’année. De grandes associations d’élus souhaitent d’ailleurs voir rapidement mises en œuvre la plupart des modifications inscrites dans ce texte. Et comme il apparaît clairement que des dispositions législatives sont, pour cela, nécessaires, chacun doit maintenant prendre ses responsabilités.

Priorité à la clarification des compétences

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’ARF a publié dès avril 2011 une première réflexion d’ensemble sur la décentralisation, qu’elle a largement enrichie depuis, en accordant un soin très précis à la question clé de la clarification des compétences entre l’État et les Régions. Nous avons fait le choix de ne pas élargir la vision des compétences régionales, mais plutôt de les approfondir, selon une logique de cœur de métier. Tous les aspects ont été abordés : quelle fiscalité, quels leviers réglementaires, quels partenariats avec les autres collectivités sur le territoire régional, quelles relations entre Régions et grands opérateurs nationaux, par exemple. L’heure est maintenant venue, dans un contexte propice, d’échanger et débattre autour de ces propositions : ce sera l’objet de notre Congrès, qui se tient à Tours les 17 et 18 novembre prochains, en présence de très nombreux partenaires de nos collectivités, sociaux, économiques, politiques et de très nombreux experts intéressés par ces questions. De fait, la marche en avant des territoires est une réalité mondiale, a fortiori européenne et que, dans un système globalisé, la France ne peut avoir durablement raison seule contre tous. L’aspiration des peuples à maîtriser leur destin conduit nécessairement à rapprocher, autant que possible, les décisions de ceux qui les concernent, citoyens, entreprises, acteurs sociaux, entre autres. Enfin, la situation de nos services publics et de nos finances publiques est telle, que la réforme de l’État s’impose plus que jamais : or, il n’est plus guère d’autre levier pour la réussir que la décentralisation, en préservant ainsi les services publics. Cet "Acte III" de la décentralisation que nous appelons de nos vœux, en harmonie avec les autres niveaux de collectivités, sera un moyen majeur de faire entrer la France, de plain-pied, dans le XXIe siècle. Comment imaginer dans des domaines tels que l’orientation des jeunes, le logement étudiant, l’apprentissage, que des progrès puissent être obtenus avec un pilotage strictement centralisé, déconnecté des réalités du terrain ? Voilà donc l’engagement d’avenir de nos Régions, à l’heure où la "famille" se trouve au complet grâce à la participation de nos 26 collectivités, désormais rejointes par Mayotte, mais aussi après la mise en place d’une gouvernance exemplaire de l’ARF, ouverte à toutes les sensibilités politiques présentes parmi nos quelque 1 877 élus régionaux. Alain Rousset, président de l’Association des régions de France et de la Région Aquitaine

La lettre électronique de Communes de France et de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains 8 bis, rue de Solférino - 75007 Paris • Téléphone 01 42 81 41 36 • Fax 01 48 74 00 78 • redaction@mde-communes-de-france.fr


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

INTERCOMMUNALITÉ

La nouvelle pĂŠrĂŠquation horizontale intercommunale : dĂŠcryptage et enjeux La crĂŠation d’un Fonds de pĂŠrĂŠquation des recettes fiscales intercommunales et communales (FPIC) est Ă l’Êvidence le sujet majeur de la dernière loi de finances de la lĂŠgislature en matière de finance locale. Retour sur la naissance de ce fonds, ses donnĂŠes, et les questions qu’il pose Ă la veille de la discussion du projet de budget pour 2012 au SĂŠnat

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a loi de finances pour 2011, tirant les consĂŠquences de la suppression de la taxe professionnelle d’une part, et du gel des dotations de l’État d’autre part, a prĂŠvu la crĂŠation, Ă compter de 2012, d’un fonds de pĂŠrĂŠquation horizontale des recettes fiscales intercommunales et communales. Le montant de ce fonds doit progressivement atteindre 2 % des recettes fiscales du bloc communal en 2015, et 0,5 % dès 2012, soit 250 millions d’euros. Depuis le printemps, les groupes de travail se sont multipliĂŠs pour dĂŠfinir les modalitĂŠs de ce fonds complexes et, ĂŠvidemment, potentiellement conflictuelles. Les questions posĂŠes : quelles ressources prendre en compte pour dĂŠterminer la richesse de chaque collectivitĂŠ ? Comment dĂŠfinir le niveau et les modalitĂŠs de la contribution ? Quelles modalitĂŠs de reversement par l’intercommunalitĂŠ ? L’article 58 du PLF pour 2012, qui fixe les modalitĂŠs de ce fonds, vient d’être votĂŠ par l’AssemblĂŠe nationale. Un article de quatre pages, dont les modalitĂŠs peuvent ĂŞtre rĂŠsumĂŠes en plusieurs points.

intercommunalitĂŠs et communes classĂŠes en fonction dĂŠcroissante d’un indice synthĂŠtique calculĂŠ pour moitiĂŠ en fonction du PFIA et pour moitiĂŠ en fonction du revenu moyen par habitant du groupe dĂŠmographique concernĂŠ. Au final, selon les premières simulations venant du ministère, sur les 4 335 collectivitĂŠs (intercommunalitĂŠs et communes) concernĂŠes par ce fonds, 1 925 d’entres elles reprĂŠsentant 54 % de la population sont contributrices Ă 6,73 â‚Ź en moyenne par habitant, et 2 218 sont bĂŠnĂŠficiaires, reprĂŠsentants 36 % de la population, Ă 10,14 â‚Ź en moyenne par habitant. Ces simulations montrent notamment que la contribution est beaucoup plus forte en moyenne pour les communes isolĂŠes, faisant du dispositif un "stimulateur" au regroupement intercommunal ; Ă marche forcĂŠe ? Ainsi, la quadrature du cercle reste difficile Ă rĂŠsoudre ; le dispositif est largement questionnĂŠ, dans ses proportions, très - trop ? - modestes, et dans ses modalitĂŠs, contestables.

Un dispositif critiquable S’agissant du cadre gĂŠnĂŠral, ex ante, la ressource du fonds est bien fixĂŠe Ă 250 Mâ‚Ź pour 2012. Ensuite, les modalitĂŠs de prĂŠlèvement s’appuient sur un nouvel indicateur, le "potentiel financier agrĂŠgĂŠ" (PFIA), constituĂŠ du potentiel financier de l’EPCI Ă fiscalitĂŠ propre et de celui de ses communes membres. Enfin, les mĂŠcanismes du fonds distinguent six strates dĂŠmographiques, communes aux ensembles intercommunaux et aux communes isolĂŠes, de moins de 10 000 Ă plus de 200 000 habitants. Concernant le prĂŠlèvement, sont contributeurs les intercommunalitĂŠs et communes dont le PFIA par habitant est supĂŠrieur Ă 90 % du PFIA moyen par habitant du groupe dĂŠmographique auquel appartient la collectivitĂŠ ; la contribution est ensuite assise sur la population. Concernant les reversements, sont bĂŠnĂŠficiaires du fonds les premiers 50 % des

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Michel Destot DĂŠjĂ , l’AMGVF par la voix de son prĂŠsident dĂŠnonce le dispositif : 131 des 250 villes les plus en difficultĂŠ ĂŠligibles Ă la dotation de solidaritĂŠ urbaine sont exclues du nouveau système de pĂŠrĂŠquation communal ; Michel Destot juge ainsi ce mĂŠcanisme ÂŤ inacceptable Âť en l’Êtat. Sophie RouĂŠ


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

INTERCOMMUNALITÉ

SDCI : une mÊthode qui divise Alors que le gouvernement, dÊsavouÊ aux Êlections sÊnatoriales de septembre, semble s’orienter vers un report des ÊchÊances de redÊfinition de la carte de l’intercommunalitÊ, une Êtude de l’AdCF vient dÊmontrer que la confiance entre l’État et les prÊsidents d’EPCI s’Êrode‌

C

ette enquĂŞte pour le compte de l’AssemblĂŠe des CommunautĂŠs de France (AdCF) dĂŠmontre que le travail des CDCI achoppe sur plusieurs points. Si 73 % des personnes interrogĂŠes estiment que les CDCI reflètent plutĂ´t la composition de leurs territoires, en revanche, il apparaĂŽt qu’ils sont nombreux Ă estimer avoir ĂŠtĂŠ "moyennement" ou "insuffisamment" associĂŠs alors que la plupart sont pourtant membres de CDCI. La mĂŠthode retenue, marquĂŠe par une forme de recentralisation autoritaire, semble poser un problème aux ĂŠlus. Traduction immĂŠdiate de cette dĂŠfiance latente : 48 % des assemblĂŠes dĂŠlibĂŠrantes d’EPCI se sont prononcĂŠes contre les projets de modification de leur pĂŠrimètre. Seulement 33 % sont favorables sans conditions Ă des modifications de pĂŠrimètres. La question des dĂŠlais est au cĹ“ur des refus manifestĂŠs par les assemblĂŠes dĂŠlibĂŠrantes en question. Les ÂŤ dĂŠlais de mise en Ĺ“uvre trop contraints Âť, ÂŤ l’incohĂŠrence au regard du bassin de vie Âť, ÂŤ l’absence d’Êtude d’impact Âť sont

les trois raisons les plus citĂŠes pour justifier un refus de leur part des projets de rĂŠvision des SDCI. Les prĂŠsidents de communautĂŠs interrogĂŠs entrevoient majoritairement une perspective peu favorable en termes de recettes. Les ĂŠlus du suffrage universel semblent estimer avoir ĂŠtĂŠ peu ĂŠcoutĂŠs par l’État. Bien que siĂŠgeant dans les CDCI dont la composition reflète plutĂ´t bien les ĂŠquilibres de leur territoire, les ĂŠlus manifestent un scepticisme marquĂŠ quant Ă la capacitĂŠ d’Êcoute des services de l’État.

Des citoyens tenu Ă l’Êcart Plus grave encore est le sentiment, de la part des ĂŠlus, de la mise Ă l’Êcart des habitants lors de ce dĂŠbat sur la redĂŠfinition des cartes intercommunales : seuls 11 % des ĂŠlus pensent que les habitants de leur communautĂŠ de communes ÂŤ ont ĂŠtĂŠ sensibilisĂŠs Âť aux enjeux du SDCI. Or, en cette pĂŠriode d’incertitude dĂŠmocratique, il n’Êtait sans doute pas utile d’accentuer un sentiment latent de dĂŠpossession dĂŠmocratique dĂŠjĂ prĂŠsent dans la population et en particulier dans les classes populaires. Le couple commune-intercommunalitĂŠ est le premier ĂŠchelon de la dĂŠmocratie et ne pas associer les citoyens Ă la dĂŠfinition des nouveaux pĂŠrimètres de la dĂŠmocratie locale semble ĂŞtre potentiellement dangereux pour les reprĂŠsentations que nos concitoyens se font de l’action publique. Sur le fond, le volontarisme de l’État en matière de fusions de communautĂŠs de communes se heurte Ă ÂŤ l’Êtat d’avancement des discussions Âť entre les ĂŠlus. Il s’agit sans doute lĂ d’un signal supplĂŠmentaire du caractère erronĂŠ d’une mĂŠthode centralisatrice censĂŠe permettre Ă l’État de s’affranchir de la discussion et du libre-arbitre des ĂŠlus du suffrage universel. Pourtant, ces derniers semblent relativement confiants dans leur capacitĂŠ Ă trouver un accord Ă la majoritĂŠ qualifiĂŠe pour amender les projets de l’État. Des ÂŤ dĂŠlais trop courts Âť pourraient empĂŞcher les accords entre ĂŠlus. VoilĂ peut-ĂŞtre la clĂŠ de la rĂŠsolution d’un dĂŠbat engagĂŠ sans volontĂŠ vĂŠritable de s’appuyer sur l’intelligence des ĂŠlus. Le temps du dĂŠbat, voilĂ la clĂŠ d’un dĂŠbat serein‌ GaĂŤl Brustier

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ACTU EN BREF - A CTU EN BREF -ACTU EN BREF -ACTU EN BREF Plan de rigueur : la rĂŠaction de Patrick Kanner

Le SĂŠnat contre le conseiller territorial RĂŠunie le 8 novembre sous la prĂŠsidence de Jean-Pierre Sueur (Loiret), la commission des lois du SĂŠnat a votĂŠ l’abrogation de l’ensemble des dispositions visant Ă crĂŠer les conseillers territoriaux, nouveaux ĂŠlus, crĂŠĂŠs par la loi du 16 dĂŠcembre 2010, appelĂŠs Ă siĂŠger au conseil gĂŠnĂŠral et au conseil rĂŠgional Ă compter de 2014, en votant une proposition de loi du groupe communiste, cosignĂŠe par les groupes socialiste et radical et rapportĂŠe par GaĂŤtan Gorce (PS, Nièvre). La commission a en effet considĂŠrĂŠ que la mise en place des conseillers territoriaux crĂŠerait la confusion entre les prĂŠrogatives de la rĂŠgion et du dĂŠpartement, serait contraire Ă la paritĂŠ, institutionnaliserait le cumul des mandats, se traduirait par des assemblĂŠes rĂŠgionales plĂŠthoriques et n’entraĂŽnerait aucune ĂŠconomie. Le SĂŠnat examinera cette proposition de loi en sĂŠance publique le 16 novembre.

Pour Patrick Kanner, prĂŠsident du Conseil gĂŠnĂŠral du Nord, le plan de rigueur annoncĂŠ le 7 novembre par le Premier ministre ÂŤ est tout d’abord un constat d’Êchec de la politique menĂŠe par le gouvernement depuis 2002. L’ensemble des mesures proposĂŠes va principalement pĂŠnaliser les classes moyennes et accroĂŽtre les inĂŠgalitĂŠs sociales, Ă travers notamment la dĂŠcision d’augmenter le taux rĂŠduit de TVA sur des produits et services indispensables Âť. L’Êlu lillois observe que ÂŤ la recherche de nouvelles ĂŠconomies sur la santĂŠ des Français et l’indexation de l’Êvolution des prestations sociales non plus sur l’inflation mais sur la croissance vont principalement toucher les publics que le DĂŠpartement accompagne : les personnes âgĂŠes, les personnes Ă faibles revenus et les familles Âť. En ce qui concerne les collectivitĂŠs territoriales de plus de 10 000 habitants, le Premier ministre a annoncĂŠ l’obligation de rĂŠaliser un bilan sur l’Êvolution des effectifs et des dĂŠpenses. Pour Patrick Kanner, cette mesure est ÂŤ dĂŠmagogique car les collectivitĂŠs produisent dĂŠjĂ annuellement des rapports d’activitĂŠ et des rapports financiers qui sont transmis aux prĂŠfets, reprĂŠsentants de l’État dans les territoires. Elle laisse penser que la dette publique est le fait des collectivitĂŠs alors que celles-ci ont l’obligation d’adopter des budgets ĂŠquilibrĂŠs, contrairement Ă l’État qui s’endette chaque fois plus Âť.

Congrès AMF : Sarkozy rĂŠcidive M. Sarkozy, sans doute inquiet de l’accueil qui aurait pu lui ĂŞtre rĂŠservĂŠ par les ĂŠlus participant au congrès de l’Association des maires de France (du 22 au 24 novembre), a choisi d’inviter un certain nombre de maires Ă l’ÉlysĂŠe, comme en 2009, annĂŠe oĂš il s’Êtait dĂŠjĂ dĂŠrobÊ‌ Cette invitation, le mercredi du Congrès Ă 17h30, se situe entre les deux tours de l’Êlection du prĂŠsident de l’AMF oĂš les ĂŠlus de gauche espèrent qu’il y aura ballottage. ÂŤ C’est donc une interfĂŠrence grave dans le processus ĂŠlectoral, une pression et une manĹ“uvre, totalement inacceptables, qui sont de nature Ă entacher la rĂŠgularitĂŠ du vote Âť, rĂŠagit AndrĂŠ Laignel, secrĂŠtaire gĂŠnĂŠral de l’AMF et candidat Ă la prĂŠsidence. C’est pourquoi il a ĂŠtĂŠ dĂŠcidĂŠ de ne pas se rendre Ă cette convocation et d’appeler les maires Ă refuser cette intrusion dans le processus dĂŠmocratique.

ReprĂŠsenter le peuple français Seule femme socialiste issue de la "diversitĂŠ" Ă ĂŞtre dĂŠputĂŠe en France mĂŠtropolitaine, George Pau-Langevin revient avec ce livre sur son parcours et son action. MĂŞme si elle a passĂŠ (et passe) une grande partie de sa vie en mĂŠtropole, George Pau-Langevin n’oublie pas ses racines guadeloupĂŠennes. Avocate, elle choisit de s’impliquer dans ce qui a succĂŠdĂŠ au BUMIDOM de sinistre mĂŠmoire : l’ANT, l’Agence nationale pour l’insertion et la promotion des travailleurs d’outre-mer. Elle en a ĂŠtĂŠ la directrice adjointe, puis la directrice jusqu’en 2001, avec comme volontĂŠ d’agir concrètement pour l’amĂŠlioration du sort des migrants antillais en mĂŠtropole. A n’en pas douter, George est une, du Parti socialiste au MRAP, entre autres. Depuis 2007, elle est dĂŠputĂŠe de Paris, après avoir menĂŠ une lutte sans merci dans le 20e arrondissement de Paris, confrontĂŠe Ă Michel Charzat qui n’entendait pas laisser sa place. Elle a alors ĂŠtĂŠ imposĂŠe par le PS, au nom de la "diversitĂŠ", avant de gagner les suffrages des ĂŠlecteurs : il fallait

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en passer par lĂ pour faire avancer les choses. Elle-mĂŞme dit encore aujourd’hui, en constatant qu’elle est bien seule sur les bancs de l’AssemblĂŠe Ă ĂŞtre originaire de l’outre-mer, mis Ă part le cas des ĂŠlu(e)s reprĂŠsentant directement ces contrĂŠes, que les "quotas" sont le seul moyen pour voir arriver aux responsabilitĂŠs politiques dans notre pays des ĂŠlites de couleur. Elle consacre Ă cette question d’utiles dĂŠveloppements dans son livre. Surtout, elle se livre Ă nous sans pathos, pour nous faire connaĂŽtre ce qui l’anime, la fait vivre, et nourrit son action. Elle nous offre aussi son ĂŠclairage sur certains pans de notre histoire contemporaine, de la Nouvelle-CalĂŠdonie en 1988 au gouvernement Jospin. Denis Lefebvre George Pau-Langevin, ReprĂŠsenter le peuple français, Editions Dittmar, 243 p., 15 â‚Ź


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LOGEMENT

Logement : ÂŤ RĂŠorienter le budget et rĂŠformer la fiscalitĂŠ Âť RĂŠunis dĂŠbut octobre pour dĂŠbattre du logement, les ĂŠlus de la FNESR ont fait le point sur les travaux des socialistes, des parlementaires et des associations pouvant accompagner leur rĂŠflexion. Entretien avec Paul Coizet, dĂŠlĂŠguĂŠ national de la FNESR chargĂŠ du logement

Paul Coizet est conseiller gÊnÊral du Doubs et conseiller municipal d’Audincourt

Communes de France. Le groupe logement de la FNESR s’est rĂŠuni en octobre. Qu’en est-il ressorti ? Paul Coizet. Nous avons organisĂŠ cette sĂŠance de travail afin de permettre aux ĂŠlus de s’exprimer sur le sujet du logement, qui prĂŠoccupe fortement nos concitoyens, et de lancer le dĂŠbat sur les attentes de chacun. La rĂŠflexion des ĂŠlus peut s’appuyer sur divers textes produits au nom du groupe socialiste de l’AssemblĂŠe, regroupĂŠs dans le rapport du 4 mai fait un nom de la commission des affaires ĂŠconomiques sur la proposition de loi du 30 mars visant Ă prendre des mesures urgentes en faveur du logement, rapport prĂŠsentĂŠ par JeanYves Le Bouillonnec, dĂŠputĂŠ du Val-deMarne. Nous nous appuyons aussi sur le programme du PS pour les prĂŠsidentielles de 2012 et sur le rapport du mal logement de la Fondation AbbĂŠ Pierre. Ă€ quelle politique du logement appelle le PS en matière de construction ? Le projet du PS propose la règle des trois tiers : construction annuelle de 150 000 logements locatifs sociaux, 150 000 logements en accession sociale et 150 000 en accession libre, auxquels il faut rajouter 50 000 unitĂŠs en hĂŠbergement d’urgence. En matière de logements locatifs sociaux, nous souhaitons renforcer l’article 55 de la loi SRU en portant l’obligation de 20 %

Plan de rigueur : un très fort impact sur le logement social L’Union sociale pour l’habitat, que prĂŠside Thierry Repentin, sĂŠnateur de Savoie, regrette que le logement social soit très fortement impactĂŠ par les mesures de rigueur adoptĂŠes par le gouvernement. La hausse du taux rĂŠduit de la TVA Ă 7 %, contre 5,5 % prĂŠcĂŠdemment, aura pour consĂŠquence un accroissement des dĂŠpenses du secteur de 225 millions d’euros par an, qui amputera ses capacitĂŠs de construction neuve et d’entretien. Ce nouveau prĂŠlèvement s’ajoute Ă la ponction opĂŠrĂŠe sur le potentiel financier des organismes, qui s’Êlevait dĂŠjĂ Ă 245 millions d’euros, portant Ă près de 500 millions l’amputation des ressources des organismes. Par ailleurs, le plafonnement Ă 1 % de la hausse des prestations sociales (prestations familiales et aide personnalisĂŠe au logement) porte atteinte au pouvoir d’achat des plus dĂŠmunis et Ă leur capacitĂŠ Ă faire face Ă leurs dĂŠpenses de logement, alors mĂŞme que l’indice de rĂŠfĂŠrence des loyers s’Êtablissait cette annĂŠe Ă 1,9 %. ÂŤ Il est très regrettable que la partie la plus pauvre et la plus prĂŠcaire de notre population n’ait pas fait l’objet d’une attention suďŹƒsante dans l’Êlaboration du plan gouvernemental Âť, observe l’USH.

Ă 25 % du parc rĂŠsidentiel, dont 15 % très sociaux. En ce qui concerne le budget, il est nĂŠcessaire de rĂŠorienter les subventions du logement fiscal vers le logement social et de revaloriser les aides Ă la pierre. Enfin, pour lutter contre la rĂŠtention foncière, il faut rĂŠformer la fiscalitĂŠ, comme proposĂŠ par les ĂŠtats gĂŠnĂŠraux du logement, en juin. Les ĂŠlus prĂŠsents Ă la rĂŠunion ont-ils exprimĂŠ des prĂŠoccupations particulières ou exposĂŠ des attentes ? Oui, ils ont notamment exprimĂŠ une demande de meilleure circulation de l’information dans les deux sens : nous devons permettre aux ĂŠlus de terrain de s’exprimer, de poser des questions, de faire remonter leurs expĂŠriences et, dans l’autre sens, leur transmettre toute information sur l’actualitĂŠ, les politiques locales, les outils Ă leur disposition‌ Un de nos axes de travail consiste Ă mettre en place une stratĂŠgie de formation, en particulier Ă destination des jeunes ĂŠlus. Certaines interventions ont ĂŠgalement portĂŠ sur l’articulation entre politique nationale et rĂŠalitĂŠ des territoires, le problème de l’ÊquitĂŠ territoriale, l’autonomie des territoires, la politique foncière ou les phĂŠnomènes dĂŠmographiques, qui pèsent sur les besoins en logements. Vous ĂŠtiez prĂŠsent au Congrès de l’Union sociale pour l’habitat (USH), fin septembre. Qu’en est-il ressorti cette annĂŠe ? Thierry Repentin, prĂŠsident de l’USH, a rappelĂŠ le dĂŠsengagement de l’État, avec une nouvelle baisse des crĂŠdits pour les aides Ă la pierre et demandĂŠ une revalorisation des aides. Il a aussi beaucoup ĂŠtĂŠ question de rĂŠorientation du budget, notamment la suppression de 7 Ă 8 millions d’euros de niches fiscales. Les ĂŠlections ĂŠtaient très prĂŠsentes en filigrane de ce Congrès. Le logement doit ĂŞtre considĂŠrĂŠ comme un droit incontournable et figurer parmi les ĂŠlĂŠments importants du programme pour 2012. Propos recueillis par Colette Hugo

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L’ÉLU DE LA SEMAINE 

YVES HUSSON

Chanaz joue la carte du patrimoine vivant

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Maire (dvg) de Chanaz (580 habitants) au bord du lac du Bourget et conseiller général de Savoie, Yves Husson valorise depuis 34 ans son territoire au point d’en avoir fait "la petite Venise de Savoie"

n 1977, la trentaine à peine passée, Yves Husson hérite du mandat de maire de son village un peu par accident. Certes, son père avait été 18 ans maire de Chanaz dans le passé et lui s’était toujours « dévoué à la société », mais dans le cadre associatif, notamment au sein du dynamique Comité des jeunes, qu’il présidait. Après plusieurs refus, il cède aux sollicitations et se voit élu maire. La commune compte alors 276 habitants, l’école est menacée de fermeture et le tourisme inexistant. Il "hérite" aussi d’une belle bâtisse bourgeoise vacante depuis trente ans en très mauvais état. Protéger le patrimoine, d’accord, mais pour quel usage, quel projet, comment en faire un lieu vivant, ouvert à tous ? Avec les bons conseils d’un architecte des bâtiments de France, Yves Husson est piqué par un virus, le patrimoine est un atout à condition de ne pas le mettre sous cloche et de le faire vivre. En dix ans, la "Maison de Boigne" réhabilitée, est devenue la mairie et un espace polyvalent associatif. Dans la foulée, le patrimoine privé alentours est invité et aidé à suivre le mouvement de restauration dans le cadre d’une ZPPAU. La commune achète des maisons abandonnées pour créer des logements locatifs et permettre aux jeunes de se loger. Les touristes du lac du Bourget retrouvent le chemin de Chanaz. On passe de la renaissance du patrimoine à la revitalisation du territoire.

Renouer avec l’eau Autre coup de génie : rendre à nouveau navigable le canal de Savières qui relie le lac du Bourget au Rhône. Là, il a fallu imposer un rapport de force à la Com-

pagnie nationale du Rhône pour obtenir une écluse… mais le résultat est acquis pour le plus grand plaisir des touristes. Depuis 2010, deux nouvelles écluses complètent les 80 km entre Aix-les-Bains et le fleuve. De proche en proche une offre touristique pend forme, le projet évolue au fil de l’eau et se précise. 28 communes riveraines se mobilisent pour le curage du chenal. Les ruisseaux pénètrent, Chanaz est devenue la "petite Venise de Savoie". Événements, animations culturelles, concerts se succèdent, comme le premier "Festival vénitien" organisé l’été dernier. L’économie locale est dynamisée. Les réhabilitations se poursuivent : moulin à huile (40 000 visiteurs, 60 tonnes de noix), four à pain, fours communaux. Un camping et un port de plaisance sont créés. Le village accueille aujourd’hui 150 000 visiteurs chaque année. « De mon travail à l’hôpital de Chambéry, j’ai appris à privilégier une vision large, à anticiper, à faire de la prospective, à travailler pour demain ». Le secret d’Yves Husson est de ne pas faire de la restauration ex-nihilo, mais d’exploiter les potentialités, d’articuler les attentes des habitants avec les réalités de l’économie touristique. En 2008, Yves Husson est élu conseiller général, bien que Chanaz soit la plus petite commune du canton. Désormais retraité, il peut exercer à plein-temps « sa passion pour la vie publique ». Au Conseil général, il préside la commission des affaires sociales et du logement. Son canton compte 5 000 habitants, ce qui autorise une grande proximité, une qualité d’écoute et de réactivité. « C’est pour cela que je ne suis pas favorable au conseiller territorial, qui serait une catastrophe pour les territoires ruraux ». François Descamps

Gérant - Directeur de la publication : Serge Bossini - Rédacteur en chef : Philippe Foussier - Conception réalisation : Brigitte Bossu ont participé à ce numéro : Gaël Brustier - François Descamps -Colette Hugo - Denis Lefebvre - Sophie Roué - Photos : Pascal Lebrun & D.R


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