LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°41

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Départements & Régions de France

N° 41 - 28 novembre 2011

Sommaire  Le 94e Congrès des maires de France •La droite provoque la crise à l’AMF •Le déjeuner des maires socialistes et républicains •Le président du Sénat devant les maires •Les élus réclament une loi sur l’intercommunalité

Un nouvel avenir

 Transports Entretien avec Guillaume Pépy, président de la Sncf

 L’élu de la semaine Michel Moine

Offres d’emploi Le groupe socialiste et républicain du Conseil général de Meurtheet-Moselle recrute un(e) chargé(e) de mission (catégorie A - attaché territorial ou contractuel). Poste à pourvoir immédiatement. Merci d’adresser votre candidature à : Monsieur René Mangin, Président du groupe socialiste et républicain, Conseil général de Meurthe et Moselle 48 rue du Sergent Blandan 54000 Nancy Email : ptonin@cg54.fr

Le groupe majoritaire de la Communauté d’agglomération de Grenoble-Alpes Métropole recrute un(e) attaché(e) de groupe. Poste à pourvoirà compter du 1er décembre 2011. Merci d’adresser votre candidature à : Monsieur Christophe Ferrari, Maire de Pont-de-Claix, Place du 8 mai 1945 - 38800 Pont-de-claix Email : christophe.ferrari@ville-pontdeclaix.fr pierre.tonneau@lametro.fr (directeur général des services)

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e Congrès des maires qui se déroule chaque année est un moment d’échanges et d’informations pour de nombreux élus locaux. En effet, lors de ces 3 jours, j’ai pu constater une forte inquiétude sur le devenir de l’action publique locale. Le dernier trimestre de l’année est pour chaque maire un moment délicat entre les volontés, les engagements affichés qui se heurtent à des contraintes financières de plus en plus difficiles. Ce n’est pas à travers les propos tenus par le Premier ministre que nous pouvons être rassurés. Ce dernier a même eu l’audace de mettre en accusation les élus en indiquant que l’État « ne peut continuer à s’endetter pour financer les dotations de fonctionnement des collectivités locales ». Les maires apprécieront à leur juste valeur ce type de propos inadmissibles alors que l’État nous oblige à se substituer à eux dans de nombreuses missions.

Inquiétude aussi sur les prêts que pourraient nous être accordés pour les banques pour continuer à investir dans nos collectivités avec des taux d’intérêts de plus en plus élevés et avec des durées de plus en plus limitées. Cette année, l’Association des maires de France devait renouveler ses instances dirigeantes. Bien évidemment, il n’est pas admissible que tous les maires aient une voix, ce qui rend l’alternance au sein de cette association impossible. André Laignel a porté haut et fort cette volonté de la gauche de rendre cette Association enfin plus démocratique et cette opposition frontale au gouvernement en dénonçant la triple régression de la décentralisation, des services publics et des finances. À cet égard, nous avons refusé de participer à une résolution qui ne montre pas d’axe politique clair sur le devenir de nos collectivités et sur les rapports que nous devons avoir le gouvernement. Beaucoup d’entres nous ont aussi rencontré notre candidat François Hollande qui, en tant qu’élu local, comprend aisément les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Bien évidemment, il souhaite lorsqu’il sera élu mettre en place une nouvelle phase de la décentralisation avec des moyens clairement définis au préalable. Les mois qui viennent seront essentiels pour continuer à faire vivre nos territoires. Les élus socialistes et républicains sont et seront pleinement engagés pour que demain un nouvel avenir s’ouvre à nous, ce qui ne peut être le cas avec le président sortant. Pierre Alain Roiron, maire de Langeais (Indre-et-Loire), conseiller régional du Centre

La lettre électronique de Communes de France et de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains 8 bis, rue de Solférino - 75007 Paris • Téléphone 01 42 81 41 36 • Fax 01 48 74 00 78 • ��redaction@mde-communes-de-france.fr


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congrès des maires de france

La droite provoque la crise à l’Association des maires de France Pour la première fois, un Congrès de l’AMF s’est terminé sans qu’une résolution finale ait été adoptée, fixant les points de convergence et les axes d’actions rassemblant les maires et présidents de Communautés dans leur diversité et l’unité

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e Président de l’AMF n’a pas souhaité la simple discussion d’un texte dont les bases existaient et qui aurait pu, par le débat, permettre le rassemblement. Au moment où les Communes, mais aussi les Départements et les Régions, sont malmenées, souvent dénigrées et financièrement étouffées, la seule réponse des représentants de la droite à l’AMF est donc le refus de la confrontation d’idées et un assourdissant silence en réponse aux attentes des maires de notre Pays. De plus, M. Pélissard et ses collègues ont refusé de mettre à l’ordre du jour de la première réunion du Bureau l’élection du Secrétaire général, alors que cet acte substantiel a toujours eu lieu dans la

sur 36 – à quitter la réunion en signe de protestation. Un nouveau Bureau est prévu le 8 décembre. Si un retour à la parité n’était pas garanti d’ici là, c’est l’avenir même de l’AMF qui serait compromis, le pluralisme n’étant plus assuré. Tout accord passe par le respect, l’équilibre des responsabilités et les moyens de travail indispensables à toute action commune. De plus, l’engagement de lancer une réforme des statuts, modernisant et démocratisant l’Association des maires de France est une condition pour continuer ensemble l’indispensable action en faveur de la démocratie territoriale. Alors que la majorité des citoyens habitent dans des communes gérées par la gauche et les écologistes, il n’est pas acceptable que l’alternance nous soit interdite. Nous ne pouvons pas accepter d’être de simples faire valoir. Les élus de progrès du Bureau de l’AMF souhaitent tous qu’un accord soit trouvé et, en leur nom, j’y œuvrerai avec détermination parce que j’ai la conviction que cette institution peut être utile pour nos territoires et ceux qui y vivent. Espérons que la droite sortira de ces manœuvres à courte vue pour retrouver le chemin de l’intérêt général. Nous avons quelques jours pour parvenir à une solution respectueuse de notre diversité : elle est la condition de notre unité et donc de l’avenir de l’AMF. André Laignel, membre du bureau de l’AMF, maire d’Issoudun (Indre)

foulée de celle du Président, la règle étant que quand celui-ci est de droite – ce qui a toujours été le cas – le Secrétaire général est de gauche. Cette double élection est le symbole de la parité politique, qui est une condition sine qua non du pluralisme et donc de l’unité de l’Association. Ce comportement a conduit les membres du Bureau de gauche – ils sont 18 2

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congrès des maires de france

François Hollande lance sa campagne avec les maires Quelque 500 maires socialistes et républicains étaient réunis le 23 novembre pour leur traditionnel déjeuner l’occasion du Congrès de l’AMF. François Hollande les a exhortés à la mobilisation

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arylise Lebranchu recevait pour la deuxième fois les maires socialistes et républicains en sa qualité de présidente de la FNESR. En saluant, outre celle du candidat à l’élection présidentielle François Hollande, la présence de Martine Aubry et de Jean-Pierre Bel, elle rappelle le travail accompli ces derniers mois par les élus de la FNESR en vue d’un nouvel acte de la décentralisation. Prenant la parole ensuite, Martine Aubry se félicite que les socialistes soient ainsi prêts à engager cette nouvelle étape, qu’elle ne conçoit qu’en y associant les élus locaux. « Nous, élus, savons ce que vivent les Français, nous savons quelle est la situation insupportable de beaucoup d’entre eux. Le gouvernement multiplie les plans d’austérité et ce sont toujours les mêmes qui payent. Les Français n’en peuvent plus », martèle la première secrétaire du PS. « Lançons la mobilisation ! François Hollande aura besoin de chacun d’entre nous, il faut donc tous nous mobiliser. La France nous attend et il nous revient d’accompagner François Hollande pour qu’il soit demain le président de la République ». Martine Aubry préconise de « redresser la France avec un État fort. Il nous faudra renforcer la péréquation entre les villes, les départements, les régions et parallèlement assu-

rer l’autonomie des collectivités locales ». Dans cette nouvelle étape de la décentralisation dont la première secrétaire esquisse les grandes lignes, il y aura nécessairement l’établissement d’un « pacte durable entre l’État et les collectivités locales ». Martine Aubry conclut son propos en s’adressant à François Hollande : « François, tous les maires sont avec toi, nous te faisons confiance comme demain les Français te feront confiance ».

Le souffle de 1982 André Laignel intervient ensuite pour remercier les maires de leur mobilisation à l’occasion du renouvellement des instances de l’AMF, une association dont il déplore l’évolution, la qualifiant « d’édredon des mauvais coups du gouvernement ». Dans ces conditions, son secrétaire général pose la question de « l’utilité d’être au sein de l’AMF », dénonçant un mode de scrutin dont il estime qu’il devrait prendre en compte la population et non reposer uniquement sur le principe un maire-une voix. « Ou bien nous aurons une AMF rénovée ou alors il nous faudra poser la question d’une nouvelle organisation », conclut André Laignel.  n° 41 -

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congrès des maires de france « Premier président socialiste du Sénat » comme il se qualifie lui-même à juste titre, Jean-Pierre Bel dénonce pour sa part la « stigmatisation permanente des élus », rappelant les diverses avancées réalisées par la Haute Assemblée depuis quelques semaines tant s’agissant de l’intercommunalité que de l’abrogation du conseiller territorial. Le sénateur de l’Ariège appelle à retrouver, 30 ans après 1982, le souffle en faveur de la démocratie territoriale : « C’est toujours

notre projet », explique-t-il. Il détaille ensuite les différentes étapes des états généraux de la démocratie territoriale qui se dérouleront de décembre à février prochain à l’initiative du Sénat. « Le malaise des élus locaux s’est développé en raison d’une absence d’échanges, analyse Jean-Pierre Bel. Il nous faudra renouer avec une démocratie fondée sur la confiance. Au Sénat et sur le terrain, nous préparons la France de demain », lance-t-il en conclusion.

Emmener le pays « Je suis candidat au nom de tous les Français qui espèrent, qui attendent de sortir de cette période exceptionnellement difficile pour eux », souligne François Hollande, qui salue à travers les centaines de présents « tous les maires qui représentent la France, qui représentent la République, qui se battent pour préserver et maintenir le service public. Que serait la France sans cette formidable capacité d’innovation que vous incarnez, sans les investissements que réalisent nos collectivités locales malgré les contraintes financières et bancaires ». Le candidat à l’élection présidentielle stigmatise « un État 4

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impuissant qui a entravé et empêché les collectivités locales d’agir et qui renvoie vers elles tout ce qu’il ne veut plus faire ». Pour François Hollande, il faut clairement poser un « acte de confiance dans les territoires » qui ne pourrait acter d’éventuels nouveaux transferts de compétences sans un transfert de moyens correspondant. Le président du Conseil général de la Corrèze évoque la réforme fiscale à mettre en œuvre dans les territoires comme de manière plus globale : « Je veux proposer un changement au pays, un changement qui passe par la refondation du pacte territorial et par une nouvelle organisation de la République. Je vous demande d’y participer pleinement ». Il appelle en particulier les maires à relayer les campagnes d’inscription sur les listes électorales « de tous ces jeunes qui souvent doutent » et, au-delà, à être « des relais de la campagne que je vais conduire. Nous avons tant de réussites dans nos collectivités !, constate François Hollande. Ce changement que vous avez été capables de faire dans les territoires, il nous faut maintenant le réaliser pour la France ». Énumérant quelques points clefs de son projet pour le "redressement du pays", François Hollande insiste sur la justice fiscale territoriale et sur la priorité en direction de la jeunesse et de l’éducation. « Nous avons une responsabilité, qui est d’abord de gagner mais ensuite de réussir pour notre pays. J’ai besoin de vous pour la campagne mais j’aurai besoin de vous ensuite pour emmener, pour entraîner le pays, pour mettre la société en mouvement dans le cadre d’une République contractuelle, explique le député de la Corrèze. Notre responsabilité est très grande car il nous appartient de faire en sorte que les Français soient fiers de leur démocratie. Lorsqu’on pose la question aux Français sur l’élu à qui ils font le plus confiance, ils répondent : le maire. Demain, je l’espère, ils répondront aussi : le président de la République ! », conclut le candidat à l’élection présidentielle. Philippe Foussier


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congrès des maires de france

Le président du Sénat devant les maires de France D’abord devant la presse, réunie au Sénat, jeudi matin, puis devant les maires, l’après midi, JeanPierre Bel a présenté la gouvernance du Sénat, les restrictions budgétaires prévues pour 2012 et le détail de son projet d’états généraux.

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n des grand chantier du Président du Sénat concerne la réforme des collectivités territoriales. « Il faut bien le dire, pour la réforme territoriale, qui a abouti à un texte de loi très éloigné des vrais besoins du terrain, l’impression d’une réforme menée à marche forcée, lance Jean-Pierre Bel devant les maires de France. Je pense bien sûr à la mise en place des cartes de l’intercommunalité dans un calendrier trop contraint, avec la primauté des pouvoirs reconnus au préfet dans l’adoption du schéma final. Je pense aussi à la création d’un conseiller territorial qui ne règle aucun problème concret, et qui ne peut prétendre, ni simplifier, ni économiser », poursuit le Président du Sénat.

organisés en trois temps. Dès le mois de décembre, les élus sont invités à répondre sur le site du Sénat à un questionnaire sur leurs besoins et leurs propositions. Un blog sera également ouvert à tous les citoyens. Le deuxième temps se déroulera en janvier : « Sur la base des cahiers de doléances, nous irons dans les territoires pour tenir des forums interrégionaux, avec l’aide des associations d’élus, afin de faire émerger des propositions », explique JeanPierre Bel. L’étape finale, en février, juste

A l’écoute des élus locaux Jean-Pierre Bel refuse la stigmatisation dont les élus locaux sont trop souvent l’objet ; ils seraient trop dépensiers, trop nombreux, trop chers : « Ce n’est pas avec de tels propos que nous allons renforcer le lien de confiance avec les Français surtout lorsque le résultat final conduit à dépenser plus. Nos 550 000 élus locaux ne sont pas une charge financière, ils sont d’abord une richesse extraordinaire pour la Nation ». Jean-Pierre Bel sait qu’il doit l’alternance du Sénat au « malaise des territoires et à l’inquiétude des élus », provoqués par une réforme de l’Etat dans les territoires, décidée depuis Paris sans concertation avec les élus. Le nouveau président du Sénat compte bien faire entendre la voix des élus , c’est pourquoi il a confirmé la tenue d’états généraux de la démocratie territoriale, pour « bâtir un processus qui partirait des territoires et non pas comme ce fut souvent le cas des bureaux des ministères ». JeanPierre Bel a écrit aux 550 000 élus locaux pour leur dire que « le temps du mépris était terminé, et que débutait le temps du dialogue, de l’écoute et de la concertation ». Pilotés par le sénateur de Haute-Saône Yves Krattinger, les états généraux seront

avant la fin de la session parlementaire, le président du Sénat ambitionne qu’elle se déroule à Versailles avec la réunion des états généraux de la démocratie locale, où seront accueillis un millier d’élus locaux et de sénateurs. Jean-Pierre Bel souhaite que la plateforme qui sortira de ces états généraux apporte le point de vue du terrain aux candidats à l’élection présidentielle. Il a également affirmé qu’il souhaitait que le Sénat retrouve sa vocation originelle : « Etre l’interlocuteur de tous les élus, jouer les traits d’union entre les collectivités et l’Etat. En un mot, concourir à l’harmonie de la République et à la vitalité de la démocratie ». Brigitte Bossu

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Intercommunalité : les élus réclament une loi rapidement La séance plénière sur la réforme de l’intercommunalité a rempli la salle du 94e Congrès des maires, qui se déroulait à Paris, du 22 au 24 novembre. Les élus réclament une nouvelle loi avant la fin de l’année

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onfrontés à l’échéance du 31 décembre 2011 pour achever leurs schémas de coopération intercommunale (SDCI), les élus ont été entendus : le calendrier de mise en place des SDCI a été assoupli. À la suite de la première phase de planification et de débat entre les élus et les préfets en commission de coopération intercommunale (CDCI) qui se terminera fin 2011, les élus bénéficient d’un délai supplémentaire d’un an et demi pour adopter leur SDCI, c’est-à-dire jusqu’à fin juin 2013. La carte intercommunale doit être achevée fin 2013. Les débats se poursuivront donc pour les schémas non arrêtés. Mais, à partir du 1er janvier 2012, « les CDCI perdent leur droit d’amendement », précise Jacqueline Gourault, présidente (Modem) de la

commission intercommunalité à l’AMF. Le préfet peut donc prendre un arrêté de périmètre. « Le Premier ministre a donné des instructions aux préfets pour que rien ne soit fait sans l’accord des CDCI », souligne Éric Jalon, directeur général des collectivités locales, place Beauvau. L’AMF réclame cependant que cette consultation soit rendue obligatoire par une loi. Deux propositions de lois ont été déposées dans ce sens : une à l’Assemblée nationale, par Jacques Pélissard, une autre au Sénat, par Jean-Pierre Sueur. Mais « il 6

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est important pour les élus qu’un texte de loi soit adopté avant la fin de la législature », commente Jacques Pélissard, président de l’AMF. « Il faudra inscrire dans la loi que l’on poursuit le dialogue », a assuré Philippe Richert, ministre des Collectivités.

Intelligence territoriale Autre sujet d’inquiétude abordé par les maires : que deviendront leurs compétences après fusion ? Certains EPCI peuvent se charger des équipements structurants pour le territoire et laisser aux communes les responsabilités de proximité, d’autres peuvent prévoir de répondre aux besoins de toutes les communes. Face à cette diversité, « il faut permettre la souplesse », estime Gérard Collomb, maire de Lyon et président de l’Acuf (Association des communautés urbaines de France) qui préconise la « coproduction de territoire ». « Laissons au terrain découvrir sa propre vérité », ajoute Michel Destot, maire de Grenoble et président de l’Association des maires de grandes villes. L’AMF réclame la possibilité de créer des syndicats, si nécessaire, pour des compétences spécifiques, comme la petite enfance. « Il faut faire confiance à l’intelligence territoriale locale », insiste Daniel Delaveau, maire de Rennes et président de l’AdCF (Assemblée des communautés de France). « L’intercommunalité n’enlève rien aux maires, elle permet de faire ensemble ce qu’on ne peut pas faire seul ». L’AMF réclame aussi le «maintient du format et de la composition des conseils communautaires jusqu’en 2014 ». Colette Hugo


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transports

Entretien avec Guillaume Pépy, président de la SNCF Le bureau national de la FNESR avait convié le président de la SNCF, Guillaume Pépy, le 16 novembre dernier, afin d’échanger à propos de quelques thèmes d’actualité. Il a bien voulu répondre aux questions de Communes de France à l’issue de cette réunion Communes de France. Le passage aux nouveaux horaires 2012 va susciter un certain nombre de perturbations dans la circulation des trains. Les élus et les usagers vous font-ils part de leurs interrogations voire de leur mécontentement ?

Guillaume Pepy : Chaque année, le 2e dimanche de décembre, les horaires des trains changent dans toute l’Europe, mais cela passe inaperçu la plupart du temps car les modifications sont mineures ou ne concernent qu’une partie des voyageurs. Cette année, le 11 décembre, c’est 85 % des horaires des trains qui vont changer. C’est évidemment une immense majorité de nos clients qui va devoir intégrer ce changement dans ses habitudes de déplacement. Nous notre rôle d’opérateur, au côté de RFF et de l’État, c’est bien évidemment d’accompagner cette évolution. Nous avons mis en place un dispositif exceptionnel pour assurer la meilleure transition possible : les nouveaux horaires des trains sont

en ligne sur un site internet dédié (http:// horaires2012-sncf.com/) et 3 millions de tracts d’information seront distribués dans les prochains jours en gare. Il est important que les élus soient à l’écoute des mécontentements qui pourraient apparaître et les fassent remonter en vue d’étudier d’éventuelles améliorations ultérieures. Avec RFF, nous avons nommé à cette fin Nicole Notat médiatrice des nouveaux horaires. À quels besoins répond le plan de rénovation engagé jusqu’en 2015 ? Le trafic ferroviaire français connaît actuellement une croissance qui devrait se poursuivre au cours des dix prochaines années. Afin d’absorber cette augmentation de charge et garantir les meilleures conditions de service, les acteurs du ferroviaire, RFF, l’État et SNCF ont engagé un vaste programme de modernisation et de régénération du réseau ferré national. Ce programme représente un investissement total de 13 milliards d’euros prévus d’ici 2015 et permettra la réalisation d’environ 1 000 chantiers d’infrastructure par an. Il s’agit, d’une part, de poursuivre le déploiement de lignes à grande vitesse structurant le territoire et, d’autre part, de remettre à niveau le réseau, celui-ci ayant souffert d’une longue période de sous-investissement pour son entretien. La conduite de ces importants travaux sur les lignes impose des modifications d’horaires, de dessertes et de temps de parcours. Cette réorganisation est par ailleurs une opportunité pour poursuivre le développement d’un nouveau schéma de circulation, plus performant, fondé sur le cadencement des trains. Nous préparons ainsi depuis plus de deux ans, avec Réseau ferré de France (RFF) et les

autorités organisatrices, cette évolution substantielle qui procède d’un double objectif : - le "réordonnancement" des circulations dans le but d’optimiser la capacité de l’infrastructure et d’améliorer la robustesse de la grille horaire ; - la poursuite progressive du cadencement des trains qui permettra, à terme, d’offrir des horaires réguliers au cours de la journée, de les rendre plus lisibles aux voyageurs et de faciliter les correspondances. Comment qualifieriez-vous vos relations avec vos partenaires territoriaux que sont les conseils régionaux ? Dans un contexte financier tendu mais aussi alors que nos concitoyens ont une demande toujours plus grande de trains, les relations entre les autorités organisatrices TER et Transilien et SNCF sont, je dois l’avouer, parfois toniques. Cependant, nous sommes toujours dans un dialogue respectueux, transparent et productif au service des voyageurs. Une chose est sûre, les régions demandent à la SNCF de renforcer sa proximité avec leurs enjeux territoriaux ; c’est une demande qui ne peut qu’être entendue. À moyen terme, estimez-vous qu’une réforme ferroviaire serait opportune et si oui selon quels principes ? Un débat national des Assises du ferroviaire a été lancé par l’État en septembre pour préparer l’avenir du modèle ferroviaire français. Attendons de voir les propositions qui en sortiront. D’ores et déjà, chacun s’accorde sur le fait que le statu quo n’est pas possible. Propos recueillis par Philippe Foussier n° 41 -

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michel moine

Le maire d’Aubusson sait tisser des liens

M Maire d’Aubusson depuis 2001, Michel Moine est un élu passionné par sa ville. Grand défenseur des savoir faire d’une ville dont il est devenu l’édile voici désormais dix ans, Michel Moine associe à sa gestion locale, faite d’innovation et de valorisation du patrimoine, quelques solides repères militants qu’il s’est forgés pendant une jeunesse tournée vers l’action antiraciste et la défense des premiers gouvernements de gauche

ichel Moine a adhéré au PS en 1979, l’année du Congrès de Metz qui voit François Mitterrand l’emporter sur Michel Rocard et Pierre Mauroy avec le soutien du CERES. Cette date reste emblématique pour les socialistes et, cette année-là, Michel Moine a 17 ans, est lycéen à Paris et rêve de changer la vie. 1981 arrive. L’élection de François Mitterrand soulève un grand espoir et Michel Moine milite activement pour cette campagne électorale victorieuse. Il fait ensuite partie des tout premiers fondateurs de SOS Racisme. Au sein du Parti socialiste, Michel Moine donne de son temps pour assurer le bon déroulement des réunions du parti, dans un contexte tendu de montée du Front national. En 2001, il remporte la victoire à la mairie d’Aubusson, dans une Creuse dont sa famille est originaire, alors que, dans tout le pays, la droite s’enthousiasme pour son éphémère "génération terrain" qui a remporté nombre de villes au détriment de la gauche. Candidat contre Jean Auclair en 2002, il devient suppléant de Georges Sarre en 2007. Ce dernier, longtemps élu à Paris, tente un retour électoral au pays. Michel Moine mène campagne à ses côtés et applique une discipline totale dans un combat difficile. Depuis, la Creuse ne comporte plus qu’une circonscription, dont les deux pôles sont évidemment Guéret et Aubusson. Aubusson, ville versatile électoralement, a reconduit Michel Moine en 2008, chose rare dans un contexte de traditionnelles alternances à chaque mandat… Connaît-il un échec ? Michel Moine remet son travail sur le métier et poursuit son action. Le propre du militant sans doute ! Militant, le maire d’Aubusson l’est en effet. Son blog reflète une volonté d’action locale mais un intérêt soutenu pour la politique nationale et internationale. Lier les sujets internationaux à des enjeux

plus locaux lui semble être un efficace moyen de conscientiser ses concitoyens et administrés. Pour lui, « s’il faut être un bon gestionnaire, il faut savoir montrer un cap, avoir une ligne politique, un horizon ». « C’est cela qui fait la différence entre un gestionnaire et un politique ». De fait, Michel Moine montre un cap : faire rayonner Aubusson, une ville creusoise… mondialement connue.

Activité d’avenir Grand promoteur des savoir faire de sa ville, Michel Moine est donc un élu engagé pour la valorisation des tapisseries d’Aubusson, fleuron des métiers d’art français, mondialement connues. "Capitale de la tapisserie", Aubusson n’est pas tout à fait une ville comme les autres. Elle porte un nom, une marque, de notoriété universelle. Le projet de Michel Moine, dont les efforts se conjuguent avec le Conseil général et le Conseil régional, est de faire revivre cette activité économique, de favoriser sa transmission et de réenclencher une activité économique d’avenir autour des arts tissés. Le 9 septembre 2009, la tapisserie d’Aubusson est classée au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Cette chance, les collectivités locales vont la saisir pour relancer une activité sous l’égide de la Cité internationale de la tapisserie et de l’art tissé. Un syndicat mixte est créé. Formation, muséographie et création sont les trois axes de l’action de cette Cité… Michel Moine s’attache donc à retisser les liens : entre l’avenir et le passé, en donnant toute sa place à la création contemporaine et à une activité économique d’avenir. "Un cap", aime à dire Monsieur le maire d’Aubusson, dont chacun pourra suivre le fil de l’action dans ses prochaines étapes ! Gaël Brustier

Gérant - Directeur de la publication : Serge Bossini - Rédacteur en chef : Philippe Foussier - Conception réalisation : Brigitte Bossu ont participé à ce numéro : Colette Hugo - Gaël Brustier - Photos : Pascal Lebrun & D.R


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