Le français dans le monde N°386

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REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANçAIS

FIPF

N° 386 MARS-AVRIL 2013



numéro 386

Sommaire ÉPOQUE 6. Portrait

Tiken Jah Fakoly : franche Afrique

Le français dans le monde sur Internet : http://www.fdlm.org Métier / Initiative

Les fiches pédagogiques à télécharger

Avec Kiekura, le français sillonne les routes finlandaises

� �

8. Tendance

Sur un air de java

9. Sport

Tout Schusssssss

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10. Économie

Les industries culturelles et créatives pour sortir de la crise ?

fiches pédagogiques à télécharger sur : www.fdlm.org

Graphe : mariage conomie : Les industries É culturelles et créatives pour sortir de la crise ? Regard : « La laïcité est l’occasion d’exercer sa liberté »

Le Livre de Poche a 60 ans

130 ans d’Alliances françaises

Clés : Écrire pour communiquer

BD

Test et jeux

Dossier

12. Regard

Traduire les langues

« La laïcité est l’occasion d’exercer sa liberté »

pour naviguer entre les cultures

14. Événement

Le Livre de Poche a 60 ans

Pladoyer pour une « identité réflexive ».......................50 Quand traduire devient crucial....................................52 Ordinateurs polyglottes à la recherche de la traduction parfaite...............................................54 Traduire sans trahir......................................................56

15. Exposition

Le nouveau Louvre à Lens

16. 130 ans d’Alliances françaises

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Une Alliance, des alliances

MÉTIER 20. L’actu 22. Focus

… Et le français parlé entre dans la clarté

24. Mot à mot

36. Enquête

38. Savoir-faire

Dites-moi Professeur

26. Reportage

40. Innovation

28. Clés

La notion d’écrit (1) : écrire pour communiquer

30. Zoom

« Les langues sont dans notre nature ! »

32. Expérience

Agir en français : l’art du scénario

FICHES PÉDAGOGIQUES Pages 71 à 78

Le patrimoine dans tous ses états à Mumbai Phonétique en classe de FLE : quoi et comment enseigner ?

Ambassadeurs en herbe, les mots pour convaincre

Couverture : © miz’enpage - Shutterstock

Avec Kiekura, le français sillonne les routes finlandaises

DramaFLE : développer l’interaction orale par le théâtre à distance

40. Ressources

Planifier… sans perdre de temps

MÉMO

60. À voir 62. À lire 66. À écouter

INTERLUDES 4. Graphe Mariage

18. Poésie

Guillaume Apollinaire : « Les colchiques »

44. Nouvelle

Marcel Aymé : « Le Passe-Muraille »

58. BD

Musicologue, Mycologue

68. Test et jeux

Les sucres du Québec

34. Initiative

Le français dans le monde, revue de la Fédération internationale des professeurs de français - www.fipf.org, éditée par CLE International – 9 bis, rue Abel–Hovelacque – 75013 Paris Tél. : 33 (0) 1 72 36 30 67 – Fax. 33 (0) 1 45 87 43 18 – Service abonnements : 33 (0) 1 40 94 22 22 – Fax. 33 (0) 1 40 94 22 32 – Directeur de la publication Jean-Pierre Cuq (FIPF) Rédacteur en chef Sébastien Langevin Conseiller de la rédaction Jacques Pécheur (Institut français) Secrétaire de rédaction Clément Balta Relations commerciales Sophie Ferrand Conception graphique miz’enpage - www.mizenpage.com – Commission paritaire : 0417T81661. 52e année. Imprimé par IME, Baume-les-Dames (25110). Comité de rédaction Dominique Abry, Isabelle Gruca, Valérie Drake, Pascale de Schuyter Hualpa, Sébastien Langevin, Chantal Parpette, Manuela Pinto, Nathalie Spanghero-Gaillard. Conseil d’orientation sous la présidence d’honneur de M. Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie : Jean-Marc Berthon (MAEE), Jean-Pierre Cuq (FIPF), Pascale de Schuyter Hualpa (Alliance française), Raymond Gevaert (FIPF), Michèle Jacobs-Hermès (TV5), Xavier North (DGLFLF), Soungalo Ouedraogo (OIF), Jacques Pécheur (Institut français), Nadine Prost (MEN), ­Fabienne Lallement (FIPF), Vicky Sommet (RFI), Jean-Luc Wollensack (CLE International).

Le français dans le monde // n° 386 // mars-avril 2013

Ce numéro comporte un supplément Francophonies du Sud

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Les reportages audio des mois de mars et avril 2013 : � Micro-trottoir : « mariage » � Actualité : l’intervention française au Mali � Technologie : les mots de passe ne nous protègent pas assez � Société : l’exil fiscal expliqué aux enfants

Le français dans le monde // n° 386 // mars-avril 2013


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interlude //

© Mike Kemp/Rubberball/Corbis

La fiche pédagogique à télécharger sur : www.fdlm.org A 2

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« Le mariage, c’est résoudre à deux les problèmes qu’on n’aurait pas eus tout seul. » Sacha Guitry

« Les homosexuels peuvent se marier, naturellement, mais avec une personne de l’autre sexe. » Christine Boutin, femme politique française

« Il vaut mieux encore être marié que mort. » Molière, Les Fourberies de Scapin

« Celuy là s’y entendoit, ce me semble, qui dict qu’un bon mariage se dressoit d’une femme aveugle avec un mary sourd. » Montaigne, Essais

« Ce ne sont pas les individus qui sont responsables de l’échec du mariage : c’est l’institution elle-même qui est originellement pervertie. » Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe

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époque // Portrait

Tiken Jah Fakoly Franche Afrique

Son reggae militant résonne partout en Afrique de l’Ouest depuis plus de quinze ans : le chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly dénonce corruption, dictatures et injustices en tous genres. Fin 2012, il a signé une chanson en soutien au Mali. Rencontre avec un soldat de la paix qui ne mâche pas ses mots.

C

Texte et photos par Edmond Sadaka

hez Tiken Jah Fakoly, il n’y a pas d’arrogance, pas de discours moralisateur. Il affirme simplement chanter pour tenter d’éveiller les consciences. « Déjà, mes tout premiers textes parlaient d’inégalité, d’injustice… D’abord spécifiquement au nord de la Côte d’Ivoire que je connaissais, puis dans tout le pays. J’ai ensuite élargi à toute l’Afrique. » Son franc-parler et son refus de l’injustice lui ont parfois coûté cher. Après avoir fait l’objet de menaces de mort, il a dû fuir son pays en 2002 au début de la guerre civile. « Un homme

« Tiken Jah Fakoly affirme simplement chanter pour tenter d’éveiller les consciences »

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qui se permet de parler librement se trouve vite en danger », explique-t-il. Il quitte alors Abidjan pour la capitale malienne, où il vit toujours et avec laquelle il a noué des liens très forts. « Bamako est devenu en quelque sorte ma maison. J’ai l’intention de retourner bientôt en Côte d’Ivoire mais je ne veux pas quitter le Mali dans les circonstances actuelles », assurait-il en janvier dernier. Le single qu’il a récemment consacré au Mali (paru en décembre 2012) symbolise bien son attachement. Le morceau est intitulé « An Ka Wili », qui signifie « mobilisation et galvanisation » en bambara. Il a été distribué gratuitement dans tout le Mali dès le 1er janvier. Dans cette chanson, Tiken Jah passe en revue un certain nombre des héros maliens qui ont marqué l’histoire de l’Afrique de l’Ouest. « J’ai voulu notamment rappeler aux

Tiken Jah Fakoly en 9 dates 1968 : Naissance à Odienné en Côte d’Ivoire. 1987 : Il monte son premier groupe, les Djelys. 1996 : Sortie de son premier album Mangecratie qui le fera connaître dans toute l’Afrique de l’Ouest. 1998 : Arrivée en France, et premiers concerts à Paris. 2002 : Il fuit la Côte d’Ivoire et trouve refuge au Mali. Enregistrement du disque Françafrique. 2003 : Victoire de la musique en France dans la catégorie World Musique pour Françafrique. 2008 : Concerts en France dans de grandes manifestations : Solidays, les Francofolies de la Rochelle, la fête de l’Humanité. 2010 : Sortie de son dixième album : African Révolution. 2012 : Grand Prix de la SACEM dans la catégorie « musiques du monde ».

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chante quelquefois mais je m’exprime surtout en français. Je me considère un peu comme un griot moderne. Les griots traditionnels chantent la gloire des puissants, moi j’ai choisi de dire ce que font vraiment les puissants, que ce soit en bien ou en mal. » Sa première rencontre avec le reggae ? À sept ou huit ans, assure-t-il. « À l’école primaire, j’aimais surtout danser, et cela désespérait mon père, mes études n’étant guère brillantes. C’est en dansant que j’ai découvert Bob Marley et cette musique ne m’a depuis jamais quitté. »

Maliens qu’ils sont les descendants de ces grands guerriers et qu’ils doivent, comme eux, combattre pour reconquérir les territoires qui leur ont échappé. » Hasard du calendrier, le disque est paru quelques jours avant le 11 jan-

« L’intervention de la France au Mali est bienvenue car c’est une reconnaissance du sacrifice de tous ces Africains morts pour la liberté » vier, date du début de l’intervention militaire de la France au Mali. Une intervention que l’artiste estime être un juste retour des choses : « Lorsque la France a été envahie dans le passé, les soldats africains,

et notamment maliens, ont été à ses côtés. Son intervention est bienvenue car c’est une forme de reconnaissance du sacrifice de tous ces Africains morts pour la liberté. » « Petit garçon » De son vrai nom Moussa Doumbia, il a choisi de s’appeler Fakoly en hommage à l’un de ses ancêtres, Fakoly Daba, chef de guerre légendaire de la période mandingue, au xiiie siècle. Le surnom Tiken vient de tieni, « petit garçon ». « J’étais le cadet d’une fratrie de quinze frères et sœurs… » C’est à Odienné, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, qu’il vit le jour en 1968 au sein d’une famille de commerçants et de cultivateurs. Comme la plupart des habitants de cette localité, il est musulman. Sa langue maternelle est le dioula. « C’est une langue dans laquelle je

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Des premiers pas aux feux de la rampe Il fera de la chanson son métier en 1987, en fondant son premier groupe, les Djelys. Le répertoire était composé de chansons de son cru mais aussi de reprises, notamment de Burning Spear, disciple de Bob Marley. « C’est grâce à lui que j’ai décidé de devenir chanteur de reggae car ses textes racontent l’esclavage, l’injustice. Ce sont ses mots qui m’ont touché, davantage même que la musique. » Le premier tournant va se produire au milieu des années 90 grâce à la chanson « Mangercratie ». Dans ce titre, il réclame le droit pour chacun de manger à sa faim et d’être éduqué : « On a vu toutes les craties / maintenant on veut la manger cratie ou rien », scande Tiken. La chanson résonnera dans tous les ghettos d’Afrique de l’Ouest. Le jeune homme va devenir en très peu de temps le porte-parole des défavorisés. La chanson pulvérise les records de vente, non seulement en Côte d’Ivoire mais dans toute la région. Devenu une star en Afrique, Tiken Jah Fakoly décide de tenter sa chance en France où il débarque en 1998. Pendant plusieurs mois, il va se produire dans différentes petites salles parisiennes. Mais sans parvenir vraiment à décoller. L’album qui donne le vrai coup d’envoi de sa carrière hexagonale, c’est Françafrique, enregistré en 2002 en Jamaïque. « La politique françafrique c’est blagué-tué » claironne-t-il dans le morceau phare

« Vous allez voir, dans un siècle on parlera d’une Afrique totalement différente si tous les enfants vont à l’école » du disque. Quelques mois plus tard, l’opus est récompensé par une Victoire de la musique. « C’est ce trophée qui a été décisif pour ma carrière en France », affirme-t-il. Il enregistre ensuite plusieurs albums, à raison d’un tous les deux ans en moyenne, aussi bien accueillis par le public que par la critique. Preuve de ce succès : en novembre 2012, Tiken Jah est récompensé par le Grand Prix musique du monde de la SACEM, la société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique. L’école pour tous Tiken Jah Fakoly s’est aussi engagé dans le combat pour l’éducation. Depuis près de trois ans, il a pris la tête d’une campagne intitulée « Un concert, une école », dont l’objectif est de montrer le chemin de l’école à tous les petits Africains. Les recettes de ses concerts aident ainsi à financer la construction d’établissements scolaires. « Ces tournées nous ont permis de construire des écoles au Burkina Faso, au Mali, en Côte d’Ivoire. En ce moment, nous construisons une école au Niger, nous avons des projets en Guinée et probablement aux Comores. Vous allez voir, dans un siècle on parlera d’une Afrique totalement différente si tous les enfants vont à l’école. Ce sont eux qui vont pouvoir tout changer. Notre devoir à nous est simplement de leur donner les moyens de le faire. » �

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k © Julie Bourges / Picturetan

époque // Tendance

Java, paso, tango, valse musette… On croyait ces figures de la nostalgie qui se dansent à deux rangées au magasin des souvenirs. Eh bien, non ! Les bals populaires font de nouveau le plein.

de java

Tango nocturne sur les bords de Seine.

Sur un air Par Jean-Jacques Paubel

P

aris et la France comme on l’aime : sur un air d’accordéon, un couple enlacé dansant dans la nuit fixé à jamais sur une photo de Robert Doisneau. Et puis, comme dans le film bien nommé d’Ettore Scola, Le Bal, voilà que la photo s’anime pour redevenir réalité. Oui, on a dansé tout l’été et au grand air sur les bords du canal de l’Ourcq, aux Bals Barges à Pantin, à La Java du côté de République, comme autrefois, à La Bellevilloise sur les lieux mêmes des quartiers populaires disparus… Et puis on a continué, au point que le mouvement prend de l’ampleur, que les lieux se multiplient, que les associations se créent et que renaissent des « Académies du musette » pour perpétuer ce genre qui se danse à deux.

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À y regarder de plus près, le phénomène a démarré il y a déjà quelques années : c’est en 2007 que celle qui se fait appeler « La Bâronne » installe à La Villette le parquet et l’orchestre d’une guinguette de jadis et, dans la foulée, crée son association Balapaname. Elle avait été précédée dès la fin des années 1990 par « Le Bal des Martine », le précurseur du genre qui, avec son orchestre chauffé à blanc, fait danser sur un air de java aussi bien tous les lieux qui comptent à Paris que la place Sathonay à Lyon, l’Institut français de Stuttgart ou le théâtre de Bourgen-Bresse. Aujourd’hui, on a l’em-

« Comme dans le film bien nommé d’Ettore Scola, Le Bal, voilà que la photo s’anime pour devenir réalité »

barras du choix entre les jeudis de La Java, les samedis du Bal de l’Élysée Montmartre, les dimanches de La Bellevilloise et de l’Alimentation Générale ou le bœuf musette du dimanche aux Trois Arts, et d’autres encore comme le 104 dans le xixe arrondissement, baromètre de la culture branchée. Pas, passes, passerelles Alors, branché le bal musette au son de l’accordéon ? Oui, si l’on en croit le sociologue Christophe Apprill, qui a écrit pas moins de deux ouvrages sur le sujet des danses de couples : il parle d’« un savoir-faire qui permet d’établir le contact par le toucher et l’odorat », de « forme idéalisée de concorde », de la façon dont « la dimension sensuelle des corps est mobilisée, mais de façon codifié ». Oui, si l’on en croit les réseaux sociaux où l’on y parle d’ « envie de convivialité », d’« entrer dans le ré-

seau des bals ». La raison de tout cela : trouver des contrepoids à une société de plus en plus individualiste. En tout cas, la SACEM, qui collecte les droits pour les auteurs, compositeurs et interprètes, peut se réjouir de l’engouement pour celui que le fantaisiste et comédien Bourvil appelait « Le petit bal perdu » : jamais depuis 2005 elle n’avait réalisé de recettes aussi importantes sur ces musiques pour danses de couples. Sans doute parce que, analyse Jean-Noël Tronc, son directeur, ce « nouveau bal » a su « créer des passerelles entre les générations ». �

Adresses utiles Balapaname : Myspace.fr/la_baronne Le Bal des Martine : lesmartine.free.fr/lebal La Java : la-java.fr La Bellevilloise : labellevilloise.com

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époque // Sport © T. Vianney/Fep/PanoramiC

Du 19 au 26 janvier dernier s’est tenu à Vars, dans les Hautes-Alpes, le championnat du monde de ski de vitesse. L’occasion de découvrir une discipline spectaculaire pratiquée par quelques athlètes de l’extrême.

Tout

Schusssssss

T

Par Clément Balta out en haut, on se sent seul. Vraiment seul. La piste de Chabrières est magique, c’est la plus belle, la plus raide. » Karine Dubouchet sait de quoi elle parle. à 41 ans, la doyenne du circuit tente de décrocher un sixième titre de championne du monde. Mais échouera sur la troisième marche du podium, non sans avoir décroché un titre par équipe (mixte) pour la France. Pour la seconde fois depuis 1997, le départ a été donné depuis le sommet, à 2720 mètres d’altitude, où la pente atteint une inclinaison ahurissante de 98 %. 1997, c’est aussi l’année où l’enfant du pays, Philippe Billy, avait alors porté le record du monde (qui est toujours celui de la piste) à 243,902 km/h. Le ski de vitesse, une histoire de famille chez les Billy : ses deux fils ont été récompensés dans ces septièmes championnats du monde, Louis par équipes, et le cadet, Simon, par une troisième place en individuel, derrière l’intouchable Simone Origone, sacré pour la cinquième fois consécutive. Mieux connue sous le nom de kilomètre lancé ou KL, la discipline s’est fait connaître du grand public aux jeux Olympiques d’Albertville, en 1992. Un épisode olympique toutefois sans lendemains, qu’explique une réputation usurpée de sport réservé à quelques fous glissants. « C’est une discipline impressionnante, Le français dans le monde // n° 386 // mars-avril 2013

pas la peine d’en rajouter. Je suis le contraire d’un kamikaze. Si je ressens de la peur, j’essaye de la définir, de la résoudre et je ne m’élance qu’une fois que j’ai trouvé la solution », clamait déjà en 1996 Pascal Budin, l’un des pionniers du KL en France. De fait, les accidents sont rares. Depuis 2001, la Fédération internationale de ski encadre les championnats du monde qui se déroulent tous les deux ans. Et c’est la première fois que les différentes manches, appelées « runs », n’ont pas de limite de vitesse, pour mieux attirer les adeptes de sports extrêmes. Excès de vitesse autorisé Le KL reste toutefois plus ou moins confidentiel, confiné à une centaine de passionnés sévissant Les grandes dates du KL : � 1930 : Première compétition chronométrée (en Suisse) et

premier record : 105,675 km/h. � 1947-1978 : Trophée Rivetti du « Kilometro lanciato »,

à Cervinia (Italie). � 1978 : L’Américain Steve McKinney franchit les 200 km/h

à Portillo (Chili). � 1992 : Sous l’appellation « ski de vitesse », le KL devient

épreuve de démonstration, pour la seule et unique fois, aux JO d’Albertville. � 2001 : Premier championnat du monde reconnu par la FIS. � 2006 : Double record du monde : 242,590 km/h pour la Suédoise Sanna Tidstrand ; 251,400 km/h pour l’Italien Simone Origone.

l’Italien Simone Origone, le skieur le plus rapide de la planète.

sur les trente-deux pistes homologuées à travers le monde. Le principe : se laisser tomber, tout droit, dans un long couloir de neige aménagé et aller le plus vite possible… Plus simple à dire qu’à faire ! Cela nécessite des heures et des heures d’entraînement, un investissement sans faille, financier et technologique – le KListe préparant souvent lui-même son matériel pour améliorer son aérodynamisme et gagner les précieux millièmes qui feront la différence –, et, bien sûr, un brin de folie propre à ces fondus d’adrénaline. Être transformé en homme-obus ne s’improvise pas. Dégringolant du haut de la piste, le skieur atteint les 200 km/h en moins de 6 secondes – mieux qu’une Formule 1. Le spectacle vaut le détour. Justement, du 29 mars au 5 avril, toujours à  Vars, se tient le Speed Master 2013 avec pour objectif de battre le record du monde d’Origone. Petite info en passant : en marge des compétitions, la piste de Chabrières est ouverte au public pour permettre, avec un peu d’entraînement, d’approcher les 150 km/h. Avant, si jamais il vous en prenait l’envie, de vous attaquer aux 251,400 km/h de l’Italien… �

infos en + Site des championnats du monde de Vars : http://www.vars.com/ski-de-vitesse-2013/ Site France ski de vitesse : http://www.kl-france.com

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mémo // à lire Bande dessinée

Par Sébastien Langevin

Toujours vert !

François en patate

Il fête en 2013 ses 75 ans et Spirou n’a pas pris une ride. Dans sa 53e aventure, il doit de nouveau enfiler sa livrée de groom pour sauver son journal des griffes de la haute finance. Le patron d’une mystérieuse multinationale a décidé de se payer un jouet de luxe : Spirou lui-même. Un nouvel album de facture classique, mais une histoire et des graphismes habilement remis au goût du jour. Spirou n’a jamais été aussi moderne : comme les diamants, il est éternel.

Chaque jour ou presque, Martin Vidberg croque l’actualité en un dessin ou une planche pour son blog associé au quotidien Le Monde, « L’actu en patates ». Dans ce recueil, il revient sur l’année 2012 : les jeux Olympiques, l’élection de François Hollande, les prophéties mayas… Grâce à des personnages tout en rondeur rehaussés de couleurs vives, l’humour de Vidberg fait mouche car l’auteur raisonne juste et dessine vrai.

Vehlmann et Yoann, Dans les griffes de la vipère, Dupuis

Martin Vidberg, Jusque-là, tout est normal, Delcourt

Essais

Par Philippe Hoibian

Images emblématiques de la France

Tout sur les Français

Avec une sélection de cent symboles, ce livre nous fait entrer dans l’histoire de France par l’imagerie et la symbolique. Il nous aide à resituer les événements qui ont transformé ce pays de la Préhistoire à nos jours, à rectifier des interprétations légendaires mais inexactes. Il nous permet de comprendre comment et pourquoi ces repères particuliers habitent notre mémoire collective et sont devenus des symboles essentiels de notre roman national. Objets (l’encyclopédie de Diderot, le code civil de Napoléon…), monuments (Les Tuileries, Beaubourg…), personnages (Clovis, de Gaulle…), écrivains (Balzac, Hugo…), scientifiques (Pasteur…), héros (Vercingétorix, Jeanne d’Arc…), lieux (la Bastille…).

Des correspondants étrangers du journal Le Monde ont observé et noté la spécificité des règles de politesse en usage dans une vingtaine de pays. Ce qui est normal dans un pays peut être surprenant, voire choquant dans un autre : l’essentiel, c’est de respecter l’autre et d’être attentif à ses codes. Laure Caracalla, experte en savoir-vivre, commente, avec humour, les remarques de ces journalistes, souligne la complexité que le mot de politesse recouvre et termine par une brève présentation de la politesse française vue d’ailleurs. Les lecteurs du Français dans le monde et leurs élèves pourront utilement compléter ce panorama (ponctualité, types de salutations ou de marques de respect, ce qu’il faut faire et ne pas faire…).

Sylvia Gabet, Made in France : les 200 produits et recettes qui font la

Cette 14e édition biennale de Francoscopie est un outil indispensable de diagnostic et de compréhension de la société française, un ouvrage de référence sur les Français et l’éducation, la santé, la famille, les relations sociales, le travail, les revenus, la consommation, les loisirs… Ce portrait détaillé et argumenté permet des comparaisons avec d’autres pays d’Europe et du monde en soulignant les changements et les tendances. Une part importante est faite à la consommation (miroir des évolutions de modes de vie et reflet de la crise), aux médias et aux nouveaux moyens de communication. Ce cheminement dans la vie des Français illustre et décrypte le changement d’époque, et même de civilisation, en cours. Jamais les Français n’ont disposé d’autant de temps (loisirs et espérance de vie) et pourtant jamais ils n’ont eu autant le sentiment d’en manquer. Ils recherchent les temps « forts » et rejettent les temps « morts » : chacun voudrait pouvoir tout connaître, tout faire, tout essayer. Cette course contre le temps est en fait une course contre la mort : il s’agit de « tuer le temps », avant d’être tué par lui. D’après Mermet, la société se répartit en quatre groupes principaux qui tendent à se substituer aux anciennes classes sociales : le « cognitariat », nouvelle aristocratie du pouvoir (cadres sup’, professions libérales, gros commerçants…), le « protectorat », à l’abri de la crise (fonctionnaires, cadres, retraités…), la « classe moyenne supérieure », néo-bourgeoisie (commerçants, petits patrons, ouvriers qualifiés…) et la « classe moyenne inférieure », néo-prolétariat (nouveaux pauvres, travailleurs à temps partiel…).

Le Tour du monde de la politesse, préface de Didier de Pourquery, Denoël/Le Monde

France gourmande, La Martinière

Gérard Mermet, Francoscopie 2013, Larousse

Sabine Tricaud, 100 symboles pour raconter la France, Les éditions du Palais

Variété de la politesse

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Pour les gourmands Ce livre nous offre un voyage gustatif et visuel, un tour de France des savoir-faire, recettes et tours de main de la gastronomie française. Pour ces 200 spécialités de nos terroirs, classées par région, une présentation des produits (origine, histoire, anecdote, utilisation) et une sélection de recettes simples et savoureuses (avec des conseils et astuces). L’auteure donne envie de (re)découvrir ces merveilles sur les marchés, chez les artisans et producteurs locaux, dans les restaurants, brasseries ou bistrots : poissons et fruits de mer, viandes, légumes, fruits, fromages, gâteaux et desserts. La présentation en images est originale et superbe.

Le français dans le monde // n° 386 // mars-avril 2013


POCHES

POCHES POCHES

POCHES POCHES Par Claude Olivieri

Polars historiques

Prix Historia du roman policier historique 2011, ce polar nous plonge dans l’univers du xviiie siècle. Voltaire est menacé : sa protectrice, la baronne de Fontaine-Martel, a été assassinée dans son lit. Et voilà notre philosophe qui mène l’enquête avec la fidèle Mme du Châtelet : il leur faudra affronter de redoutables héritières, des abbés benêts, des airs de flûte assassins, des codes mystérieux, et un lieutenant général de police qui guette la première occasion d’embastiller notre héros. Un polar savoureux, digne des personnages qu’il met en scène. Frédéric-Lenormand, Voltaire mène l’enquête, Éditions du Masque, coll.

Sous le pseudonyme de Claude Izner se cachent deux sœurs, bouquinistes sur les quais de la Seine. Ce onzième ouvrage de leur saga se situe en octobre 1899 à un moment où de savants astronomes ont annoncé l’imminence de la fin du monde (l’histoire se répète !). Un cadavre, entouré d’objets étranges évoquant la fuite du temps, est découvert à Montmartre. C’est le premier d’une longue série de crimes. Sollicités par leur habituel ennemi, le commissaire Augustin Valmy, Victor Legris, un libraire rue des Saints-Pères, et Joseph Pignot se lancent dans une course contre la montre pour percer le mystère.

Le chômage des seniors sert de trame à ce polar de Pierre Lemaître : à 57 ans, son héros, un ancien DRH, se prête à une simulation de prise d’otages où les candidats devront apprécier le comportement des cadres de l’entreprise. C’est le début d’une longue descente aux enfers : manipulations, violences des rapports, absurdité des règles… Un excellent cadre – noir – pour ce thriller d’actualité qui est aussi un bon document de civilisation.

Claude Izner, Minuit, impasse du Cadran, 10/18 Grands Détectives

Pierre Lemaître, Cadres noirs, Le Livre de Poche thriller

Distingué par le prestigieux prix Quai des Orfèvres, le dernier roman de Danielle Thiery, ex-commissaire divisionnaire, met en scène un flic bourru mais attachant, miné par ses excès et la maladie, qui enrage devant les affaires non résolues à la PJ de Versailles. Un nouveau meurtre le pousse à reprendre son enquête et à partir, avec l’aide d’un enfant autiste, à la découverte de la vérité due aux familles, affrontant la mort avec courage et ténacité, celle des autres comme la sienne !

Ce roman, distingué en 1986 par le jury du festival de Cognac, marque les débuts de Fred Vargas dans la littérature policière. Mise en scène d’un meurtre sordide dans le monde de la peinture moderne, l’ouvrage est moins centré sur la densité psychologique des personnages que sur la complexité d’une intrigue riche en rebondissements, où le suspense est savamment ménagé. Une œuvre de jeunesse que les lecteurs de Fred Vargas auront plaisir à (re)découvrir.

Danielle Thiéry, Des clous dans le cœur, Fayard

Fred Vargas, Les Jeux de l’amour et de la mort, Masque poche

polar

Labyrinthes

science-fiction

Par Nathalie Ruas

Créatures et créateurs Complètement reconfigurée par les chantiers haussmanniens, Paris s’assainit, du moins par son urbanisme. Dans l’ombre, de nombreux cercles se forment autour des sciences occultes. Des forces millénaires se réveillent et deux camps s’affrontent. Selenim et Nephilim se disputent l’ascendance sur les humains, n’hésitant pas à puiser de la force dans les talents artistiques. L’atmosphère fin de siècle et l’esprit décadent fournissent un cadre propice à ce duel ésotérico-fantastique. Erik Wietzel, La Porte des limbes, Mnémos

Déroutes de la soie

Xiao Chen est entré dans la forêt interdite pour permettre à son père potier d’achever son chef-d’œuvre. Les dieux l’ont puni en l’affublant d’un visage de tigre. Banni de son village, il rejoint une troupe de comédiens ambulants. Commence alors un périple qui durera près de quinze siècles. Il affronte entre autres les maléfices d’une fée éprise de lui. Jusqu’au jour où l’amour devient douceur sous les traits d’une tisseuse douée et dévouée. Un véritable joyau de poésie et de subtilité. Estelle Faye, Porcelaine, Les Moutons électriques

Par Nathalie Ruas

En plein vol

Une affaire épineuse

Dans le banditisme comme dans l’équilibrisme, qui avance sans filet s’expose à une chute fatale. Jusqu’ici, Diego n’avait pas commis de faux pas. Une fois son crime accompli avec minutie, il dégustait un poulet haïtien et passait du temps avec sa petite sœur, trapéziste... Ce qui lui sauvait la mise peut soudain le perdre et tout bascule. L’auteur exécute avec grâce l’exercice périlleux du second roman, oscillant entre les réseaux du crime en banlieue et les hiérarchies de la police parisienne.

Une des deux héritières de Royal Soup, entreprise prospère de fabrication de potages en sachet, est retrouvée étranglée à son domicile. La dernière à l’avoir vue vivante est sa sœur jumelle, aussi efficace et déterminée que la victime était fragile et timorée. Les ressorts psychologiques de l’enquête contrastent habilement avec le comportement léger de l’inspecteur qui se retrouve confronté aux troubles liés aux doubles dans son activité professionnelle et dans sa vie personnelle.

Ingrid Astier, Angle Mort, Gallimard Série Noire

Elisa Vix, Rosa Mortalis, Éditions du Rouergue

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Dossier //

© Shutterstock

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’activité est à n’en pas douter aussi ancienne que les langues ellesmêmes. Passer d’une langue à l’autre, communiquer dans un idiome qui n’est pas celui du foyer maternel, comprendre et utiliser les mots de l’autre que l’on finit par faire siens. La traduction et l’interprétariat permettent au monde de se comprendre, et ceux qui en font profession savent quelle part d’intime chacune des langues révèle des peuples et des individus qui les parlent et les écrivent. Philosophe et philologue, Heinz Wismann a ainsi interrogé cette « expérience vécue de l’altérité

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des langues » dans son ouvrage Penser entre les langues : entretien avec un théoricien de la distance entre les langues. Notre enquête, elle, a débusqué les cas limites de la traduction, lorsqu’une formule mise pour une autre peut mettre des vies en danger, en médecine, en droit ou en diplomatie. Nous sommes également allés naviguer sur le web de la conversion linguistique : bientôt, les logiciels informatiques traduiront-ils aussi efficacement que les humains ? Pour conclure, la parole est donnée à deux traducteurs qui se sont frottés à des monuments de la littérature mondiale : lorsque traduire, c’est (re)lier et (re)lire… S.L. �

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métier // enquête Photos par Huda Tayob, David Cordina et Soumaya Jrondi.

Le patrimoine dans tous ses états à Mumbai

Bien établie en Europe, la semaine du patrimoine fait ses premiers pas en Inde. À l’initiative de l’Alliance française de Mumbai, elle a été célébrée pour la troisième fois dans la capitale indienne.

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Cléa Chakraverty et David Cordina dirigent la rédaction de afmagazine.in, le magazine culturel des Alliances françaises en Inde.

« Aujourd’hui, 50 pays et régions d’Europe sont associés à cet événement, qui a aussi gagné l’Asie avec Taïwan et l’Orient avec la Turquie »

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Texte par Cléa Chakraverty et David Cordina

ienvenue à l’Inde et au Maharashtra (État de Mumbai), qui ont célébré en 2012 ses troisièmes Journées du patrimoine sur son territoire ! L’Inde rejoint ainsi la longue lignée des pays qui se sont convertis à cette manifestation culturelle. Tout commence en France où, chaque année depuis 1983, le troisième weekend de septembre, est fêtée ce qui

s’appelait à l’origine la « Journée portes ouvertes des monuments historiques ». Devant le succès rencontré, plusieurs pays européens ont alors décidé d’organiser leurs propres journées dès 1985. Au point qu’en 1991 les Journées européennes du Patrimoine ont été officiellement institutionnalisées par le Conseil de l’Europe. En 1995, ce sont 34 pays européens qui s’associent à cette manifestation et 13 millions d’Européens qui visitent 26 000 monuments ouverts à cette occasion. Ces journées connaissent un succès qui ne se dément pas, lié à l’extrême diversité des sites patrimoniaux proposés aux visiteurs par toutes les municipalités : des chefs-d’œuvre de l’art laïc ou religieux aux sites industriels ou agricoles, des parcs et jardins aux sites archéologiques, sans oublier le mobilier, le patrimoine littéraire, fluvial et militaire. C’est

le patrimoine dans tous ses états qui est à l’honneur. Aujourd’hui, 50 pays et régions d’Europe sont associées à cette à cet événement, qui a aussi gagné l’Asie avec Taïwan et l’Orient avec la Turquie. Une autre ville Pour la troisième fois, l’Alliance française de Mumbai s’associe à cette initiative européenne et propose un voyage à travers Bombay/ Mumbai à la manière de Marcel Proust, qui affirmait que « le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ». À cette occasion, et en respect avec le thème européen de l’édition 2012, qui mettait à l’honneur le patrimoine caché, les visites et promenades se sont organisées dans plusieurs quartiers de la ville, quartiers le plus souvent per-

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çus par les habitants comme sans intérêt pour les groupes touristiques. Ce fut l’occasion de découvrir une autre ville. Chaque quartier choisi possède son caractère propre et les guides ont aidé les participants à mieux les comprendre par des anecdotes. À travers l’histoire de Chor Bazaar, Lalbaug Bhuleshwar ou Matunga, c’est l’histoire de Mumbai qui était palpable et que les jeunes participants indiens ont pu découvrir. Kavita Dadia, une des enseignantes de l’Alliance française, témoigne de l’intérêt de ces visites : « Bien que je vive à Mumbai depuis ma naissance, je n’ai jamais pensé à visiter Chor Bazaar (l’ancien marché aux voleurs qui est maintenant le marché aux antiquités) parce qu’il était considéré comme sordide et que nous sommes toujours méfiants à son égard. Grâce à cette promenade, ce fut une vraie découverte. » Au programme des visites, des films sur le patrimoine, un concours de photographies et une exposition,

« Porter un regard neuf sur la ville et son héritage urbain et découvrir le patrimoine réel de la cité » pour voir et donner à voir des trésors insoupçonnés, « une face cachée de cette ville toute en contrastes, une part de son identité culturelle passée, présente et à venir, précise Anne Dubourg, directrice de l’Alliance française de Mumbai. L’objectif central de cette édition est de porter un regard neuf sur la ville et son héritage urbain et de découvrir le patrimoine réel de la cité. » À ces visites se sont ajoutés plusieurs projets appelant la contribution des participants et se développant sur différents supports, réels et numériques. Les jeux transmédias EnsuivantlemodèledeMumbai,plusieurs Alliances françaises en Inde ont lancé des concours photographiques transmédias

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centrés sur la ville : Bangalore, Chennai (Madras) ou encore Jaipur, dans le Rajasthan. À Bangalore, le concours visait une représentation affective de la ville (#BelleBangalore) de même qu’à Chennai. À Mumbai, ce concours s’est construit autour de la balise #hiddenmumbai – Mumbai caché. Avec les mots-clés accompagnés de la balise # (dièse, hashtag en anglais), ces concours ont été menés sur les réseaux sociaux que ces Alliances françaises utilisent avec leurs communautés d’étudiants : #BelleBangalore sur le réseau social français Mathadona ou Madras on the move pour l’Alliance française de Chennai. Déclinés sous différents formats numériques, Twitter, Tumblr, Instagram (le réseau social de partage d’images), ces concours ont sollicité la participation des étudiants invités à poster leurs photographies et à décrire, en langue française, leurs images ou leur compréhension du thème.

Notons qu’avec plus de 500 photos tagguées par les utilisateurs du réseau, le concours à Mumbai a permis de populariser la balise #hiddenmumbai. L’Alliance française de Mumbai a pu ainsi sensibiliser à ce thème de nouvelles personnes venues s’inscrire au concours photo. Un jury a ensuite élu Huda Tayob comme lauréate du concours et sélectionné les meilleurs clichés et cqui ont fait l’objet d’une exposition organisé par l’Alliance française de Mumbai, en partenariat avec une salle d’exposition de la ville. Visites de la ville, langue française, écriture photographique, pratique des réseaux sociaux, exposition, voilà un bel exemple de jeu transmédia, où l’exploration du patrimoine se décline ainsi sous toutes ses formes. �

infos en + http://hiddenmumbai.tumblr.com

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métier // Initiative

Une « douche linguistique », ou mini-cours de français.

Avec Kiekura,

Des professeures de français impliquées dans le programme Kimara.

le français sillonne

Le programme national pour le développement de la diffusion du français dans l’enseignement primaire et secondaire en Finlande, Kiekura (spirale en 1 finnois ), confirme, quatre années après son lancement, les succès de cette opération d’envergure.

Tiina Primietta est coordinatrice du projet Kiekura et enseigne à Espoo, Finlande. Claude Anttila est présidente de l’AMOPA-Finlande. Benjamin Benoit est cofondateur du projet Kiekura et enseigne à l’université de Perpignan.

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Par Tiina Primietta, Claude Anttila et Benjamin Benoit

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ifférents projets et de nombreuses manifestations sont à l’œuvre en Finlande pour inverser une tendance à l’érosion du nombre d’apprenants en français dans le pays jusqu’en constatée 2006 et valoriser cette langue, par exemple pour qu’elle soit davantage choisie en LV1 : formations continues de professeurs de français, soutien au DELF scolaire, développement des TICE avec l’appui du réseau en ligne Voie expresse, concours francophones, actions de communication vers le grand public… Il s’agit aussi, au-delà de la seule langue française, de favoriser la diversité linguistique en conduisant des projets communs avec les promoteurs d’autres langues étrangères. C’est dans cet esprit que les coordinateurs des projets de valorisation des langues autres que l’anglais (à savoir le français, l’allemand, le russe

puis l’espagnol) ont choisi de se rencontrer régulièrement pour faire le point sur la situation des langues en Finlande dans un café du centre ville de Helsinki appelé Aalto, éponyme du célèbre architecte et dessinateur finlandais Alvar Aalto. Des actions communes ont d’abord été mises en

« Favoriser la diversité linguistique en conduisant des projets communs avec les promoteurs d’autres langues étrangères » œuvre en s’appuyant sur les réseaux en place. C’est ainsi que des séances de cinéma gratuites pour collégiens ont été organisées et ont obtenu un grand succès. Douche France Au cours des conversations, l’idée d’affréter un bus pour sillonner la campagne finlandaise a germé et Kiekura a ainsi donné naissance en 2010 au nouveau projet Kimara (qui évoque en finnois l’enthousiasme,

l’innovation, la diversification, la joie et « l’activation »). Fruit des réunions de travail du groupe Aalto, Kimara a non seulement obtenu l’approbation mais aussi des financements de la direction nationale de l’enseignement, qui relève du ministère finlandais de l’éducation. Le bus Kimara apporte aux collégiens des documents, des vidéos, du matériel et des mini-cours donnés par des professeurs stagiaires. Ces futurs professeurs de langues qui dispensent des « douches de langue » apprécient ces tournées qui leur permettent de découvrir combien ils aiment leur métier : « C’est fantastique d’être professeur ! J’ai fait le bon choix ! », clament-ils. La tournée du bus Kimara a également apporté une certaine tolérance et le plus important a sans doute été de motiver les élèves à apprendre des langues : « C’est chouette et amusant ! Quelle joie d’apprendre de nouveaux mots ! J’ai complètement changé d’avis sur certaines langues », voilà ce que l’on pouvait entendre dans la bouche des enfants après le passage du bus.

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Apprendre le français par les sens : le jeu des odeurs.

« Les apprenants s’ouvrent plus que par le passé au plurilinguisme » 2010, chiffres dépassant sensiblement la moyenne nationale d’environ deux points. Des résultats à l’orientation davantage « politique » apparaissent également. Ainsi, la ville de Joensuu a-t-elle accepté de diminuer le nombre minimum d’élèves requis pour ouvrir des groupes d’enseignement. De 16 au minimum on est passé à 12 apprenants, ce qui est un signe très positif vers le plurilinguisme. Cette campagne pour les langues semble être une préoccupation de toute

les routes finlandaises Choix des langues dans les écoles du projet de langues LV1 commencée au primaire (en %)

● Le français, longtemps deuxième langue étrangère (hors anglais) loin derrière l’allemand, a connu plus qu’un doublement du nombre de ses apprenants en LV1 au primaire entre 2006 et 2010. ● La langue facultative commencée au collège (LV3) concerne entre 32 % et 39 % des collégiens qui en choisissent une

et sa tendance globale est plutôt à la diminution. En revanche, pour les établissements du réseau Kiekura, le pourcentage est plus important. En outre, on constate une progression du choix au lycée de la troisième langue facultative : de 3,65 % pour le français on est passé globalement à 8,67 % dans les écoles du réseau.

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Kimara est en train d’améliorer son concept pour les douches de langue en incorporant des éléments de jeux de rôles et en offrant davantage d’expériences sensorielles pour susciter l’intérêt des adolescents. Des résultats tangibles Le dispositif de cette « croisade » pour la diversité des langues, nécessaire dans le monde moderne, porte ses fruits ! Il s’agit en effet de promouvoir l’enseignement-apprentissage des langues, présentées en plus grand nombre que pendant les dernières décennies. On observe ainsi une augmentation sensible du nombre des apprenants de français en première ou deuxième langue vivante dans les écoles visitées et celles appartenant au réseau Kiekura. D’après une étude réalisée en novembre 2012 au niveau du primaire, il ressort que 40 % des écoles impliquées dans les actions de Kiekura et de Kimara ont vu leur nombre d’apprenants augmenter de 9,81 % en 2004 à 12,03 % en

la ville avec l’accueil du groupe Aalto à l’hôtel de ville et de bons articles dans la presse locale. Tiina Primietta a affirmé dans un article paru dans la revue nationale des professeurs de langues Tempus qu’après le passage du bus une augmentation sensible du nombre d’élèves intéressés par les langues proposées a été constatée. D’ailleurs, si les groupes n’ont pas toujours pu se réaliser au collège, ils le seront sans doute au lycée. Le réseau Kimara a produit un rapport évaluant ses actions : les enseignants se sentent soutenus dans leurs efforts et font partie d’un réseau solide, les apprenants s’ouvrent plus que par le passé au plurilinguisme et les animateurs transmettent leur enthousiasme partout où ils se rendent. L’expérience du bus qui parcourt les routes finlandaises va continuer en laissant des sourires et des sons dans différentes langues européennes. � 1. Acronyme formé à partir du finnois kieli, kulttuuri, ranska, soit langue et culture françaises, voir Le français dans le monde î 356 de mars 2008 et n° 369 de mai 2010.

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