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L’ISLE D’EPAGNAC

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CHATEAUROUX

CHATEAUROUX

DIRECTRICE DE LA RÉDACTION

Conversationavec… FLORENCE GUILLIER BERNARD

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MAISON PARISIENNE EST À NULLE AUTRE PAREILLE. GALERIE ITINÉRANTE, ELLE SUIT UNE LIGNE ÉDITORIALE ÉCLECTIQUE ET PRÉCISE POUR RÉVÉLER LE TRAVAIL “D’ARTISTES DE LA MATIÈRE” FRANÇAIS, CHOISIS PAR SON ENGAGÉE FONDATRICE FLORENCE GUILLIER BERNARD. JE L’AI RETROUVÉE DANS UN APPARTEMENT DU 16E ARRONDISSEMENT, OÙ ELLE A POSÉ SA NOUVELLE EXPOSITION.

Par ANNE DESNOS Photos PAUL BLIND

Nous voici dans ce très bel appartement accroché au ciel, où vous recevez uniquement sur rendezvous. Une adresse secrète, comme toujours, pour une nouvelle “Promenade du Collectionneur”. Quel élan vous a conduite à ce concept inédit ? Maison parisienne est née en 2006 d’une envie de soutenir le travail de ceux que j’appelle les “artistes de la matière” français. Je voulais créer le lien entre eux et les collectionneurs qui ne connaissaient pas leur travail. D’un côté, j’offrais un écrin à la hauteur de leur art aux artistes et, pour certains d’entre eux cantonnés à la restauration, la possibilité de produire leurs créations contemporaines uniques. De l’autre côté, je proposais aux collectionneurs (rejoints depuis par les architectes d’intérieur et les décorateurs) de les recevoir dans le cadre intimiste d’un intérieur, plus privilégié et plus accueillant que celui d’une galerie, plus proche aussi de la réalité, puisque leurs collections vivent en général dans un contexte “domestique”. C’est un engagement pour la création française. Depuis 2008, nous avons proposé une cinquantaine d’expositions. Maison parisienne est itinérante, je vais à la rencontre des collectionneurs essentiellement en Belgique, en Angleterre, aux ÉtatsUnis, selon le calendrier des foires internationales, comme FIAC, Art Brussels, Brafa… Votre sélection est très éclectique et très pointue. Ces “artistes de la matière” comme vous les définissez ont pour point commun d’être aussi des artisans d’art qui réalisent eux-mêmes leurs pièces. Leurs œuvres sont uniques, exceptionnelles, inédites, et concentrent des savoir-faire à la fois traditionnels et innovants, qu’ils ont eux-mêmes mis au point. Comment les choisissez-vous ? L’essentiel est d’apporter du sens. On laisse aux artistes le temps de réaliser leurs œuvres qui associent savoir-faire et esthétique, qui mélangent matières et techniques. Leur travail est très varié : textile, verre, bois, céramique, plumes, osier, métal, papier… Il est parfois difficile d’identifier dans les œuvres uniques la matière, cette confusion me plaît beaucoup. La plasticienne Simone Pheulpin est celle avec laquelle j’ai commencé. Je raffole de ses sculptures, en bandelettes de coton qu’elle plie et épingle pour créer des volumes, des pleins, des vides, c’est insensé. Sa première exposition personnelle au MAD fin

2021 est une grande joie. Une consécration pour cette artiste qui a fêté ses 80 ans cette année. De son côté, Julien Vermeulen vient de nous rejoindre, il crée avec des plumes qu’il lave, qu’il teint, qu’il déploie, qu’il coupe, qu’il colle pour composer des œuvres d’une grande intensité. Entre les deux, il y a tous les autres talents singuliers dont les créations provoquent des émotions sensuelles fortes.

Vous ne vous contentez pas d’offrir un marché à vos artistes, votre démarche va bien au-delà. Je travaille avec une vingtaine d’artistes depuis la création de la galerie. Lorsque quelqu’un “entre” chez nous, c’est parce que son travail vient en complément de celui des autres. Je les suis de très près, pour certains au quotidien. J’assure pour eux une direction artistique, et un accompagnement pour “construire” leur carrière. Je m’occupe aussi de leurs relations avec les institutions. Maison parisienne bénéficie désormais d’un réel intérêt de la part des musées ou du Mobilier national qui se rapprochent de nous. C’est le signe qu’à force de persévérance et de confiance, mon engagement est reconnu, c’est très gratifiant.

Lorsque vous avez créé Maison parisienne, vous étiez directrice marketing dans l’univers de la parfumerie et des cosmétiques de luxe, un environnement bien différent. Vous avez donc changé de vie pour, en réalité, revenir à vos aspirations profondes. Ma première carrière m’a permis d’assouvir mon désir de voyages. Mais l’art et l’artisanat m’habitent depuis mon enfance. Mon grand-père était sellier, je passais des heures à l’observer dans son atelier. J’ai vécu mon premier choc artistique face à “La Nuit étoilée” de Van Gogh, montrée par une institutrice. Dès lors, seuls les musées m’intéressaient. J’étais inscrite aux cours du Louvre du jeudi, à la fin des sessions, je restais dans le musée et je m’y perdais. Je dessinais beaucoup, j’ai même obtenu plusieurs premiers prix. Étudiante, j’écumais toutes les expos, et servais de guide à ma famille. Paris était mon terrain de jeu, c’est ma ville, qui a donné son nom à la galerie. Aujourd’hui, je voyage toujours, avec mes expositions. Finalement, je conjugue en travaillant mes deux passions, le rêve !

Une expo pour Simone Pheulpin et une monographie, une expo pendant la FIAC, quatre événements durant la Paris Design Week, vous n’arrêtez pas ! Quoi d’autre ? Pour la première fois, nous allons ouvrir une galerie sédentaire à Paris, pour offrir à nos artistes et nos collectionneurs un point fixe. Mais le concept demeure, Maison parisienne reste itinérante et se prépare à beaucoup de voyages…

“Promenade du Collectionneur”, adresse éphémère et secrète, sur rdv : fgbernard@maisonparisienne.fr jusqu’au 24 octobre. Exposition personnelle de Simone Pheulpin du 7 décembre au 16 janvier 2022 au MAD et lancement de la monographie sur son travail à la librairie des Arts Décoratifs, 107/109, rue de Rivoli, 75001 Paris. Nouvelle galerie permanente de Maison parisienne : 90, bd Pereire, 75017 Paris, sur rdv.

L’art et l’artisanat m’habitent “ depuis mon enfance ”

DIRECTRICE DE LA RÉDACTION

LA liste DE MES ENVIES

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L’esprit et les savoir-faire saires à la réalisation de ces pièces m’émeuvent et inscrivent ces objets de désir dans ma mémoire” 7

1. Parce que cette lampe “Beffroi” d’Éric Schmitt pour la vénérable maison Delisle, en fer oxydé et feuilles de laiton, associe avec délicatesse la rudesse de la matière à la rigueur des lignes. 2. Parce que ce papier peint “Luxuriance Nocturne” de Maxime Zemouli pour Edito dessine un sous-bois onirique. 3. Parce que cette broche “Curcuma” en mousseline de soie gaufrée à la main demeure une signature de Wies Schulte pour sa marque Indress. 4. Parce que ce jonc de la collection Rialto en laiton doré et laque noire et blanche de Dear Charlotte joue les arlequins à mon poignet. 5. Parce que cette assiette de la collection Dashi en grès émaillé coloris charbon de Jars révèle les aspérités du travail artisanal. 6. Parce que cet escarpin en cuir de veau à damier de See by Chloé se joue des codes et des époques pour faire la belle au bal costumé. 6 7. Parce que ce tabouret “Barth Lava” en pierre de lave massive adoucie, de la collection Empreinte du duo Le Berre Vevaud réalisé par Blanc Carrare et proposé par The Invisible Collection, s’exprime dans un vocabulaire brutaliste et poétique.

LE BEAU AURA TOUJOURS RAISON

Par AD RD,BÉRENGÈREPERROCHEAUbzz &décQUOI DE NEUF À MILAN ? et VALÉRIE CHARIER

APRÈSUNEÉDITION2020ANNULÉE POURLESRAISONSQUE L’ON SAIT, LESALONDUMEUBLEDEMILAN2021ATENUSESPROMESSES. LERYTHMEFOUDESVISITESDESHOWROOMSETDESDÉAMBULATIONS DANSLESALLÉESDU“SUPERSALONE”OFFICIELAREPRISDEPLUS BELLE ETLESAMOUREUXDUDESIGNONTFAITLAQUEUESANSSEPLAINDRE, TANTCETTEGRAND-MESSELEURAVAITMANQUÉ. VOICILASÉLECTIONDELARÉDACTION.

HERMÈS, AU CŒUR DE LA MATIÈRE

Une assise en fibre de papier dessinée par Studio Mumbai, une couverture en feutre de cachemire blanc mêlé de fils d’or, une table en pierre ciselée : pour cette édition 2021, Hermès a fait le choix d’explorer la matière sous toutes ses formes. La magistrale installation – des “maisons” peintes de motifs géométriques imaginées par Charlotte Macaux Perelman et réalisées par les scénographes de La Scala – rendait elle aussi hommage au savoir-faire unique de l’artisan.

SA MAJESTÉ “SORIANA”

C’est une icône récompensée par un Compasso d’Oro en 1970. La réédition du fauteuil “Soriana”, dessiné en 1969 par Afra et Tobia Scarpa, a fait le show chez Cassina. Repensée dans des matériaux plus durables (le polyuréthane a été remplacé par des microbilles en BioFoam®, un polymère issu de ressources naturelles), la version 2021 mixe couleurs flashy et cadre métallique désormais disponible en plusieurs teintes, du vert au bordeaux en passant par le noir ou l’historique chrome.

ETHIMO ET MERVEILLES

C’est dans un espace tout neuf, Via Felice Cavallotti, qu’Ethimo présentait ses nouveautés dans un décor ultra-frais et vif, à l’image de “Rotin”, la nouvelle collection lounge signée du studio Zanellato/Bortotto. Fauteuil, pouf, table basse ou divan… Qu’ils soient structurés par des tubulaires en teck décapé reliés par une corde marine ou bien coiffés de plateaux de marbre sur lesquels courent des joints en ciment, ils réinventent le mobilier d’extérieur. Vivement le printemps !

RETOUR EN LUMIÈRE

Pour présenter sesnouveautés (les lignes “Melt”et“Press”), Tom Dixonaoptépour le “Manzoni”,soncaférestaurant-showroomdelarue du même nom,maiss’est également invité chezValextra, la boutique de maroquinerie voisine. Entre deuxrangéesde sacs à main, ilyprésentait dix luminaires XXLimaginés en collaborationavec le spécialiste autrichienProlicht et inspirés parlesarchives des maestri milanais,GioPonti, EttoreSottsasset AchilleCastiglioni.

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