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CONCERTO EN BLEU MAJEUR

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INTERVIEW

INTERVIEW

A L’INSTAR DU PEINTRE SUÉDOIS ANDERS ZORN QUI CAPTAIT LES REFLETS DE LA LUMIÈRE SUR LA MER BALTIQUE, LE STUDIO LAWAHL A DÉCLINÉ UNE PALETTE BLEUE, VERTE ET GRISE POUR ENVELOPPER DE DOUCEUR CET APPARTEMENT AU CŒUR DE STOCKHOLM. UNE INVITATION À LA CONTEMPLATION.

TEXTE AUDREY SCHNEUWLY PHOTOS KRISTOFER JOHNSSON / LIVING INSIDE

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Entre deux eaux Eclairé par deux suspensions en laiton et verre opalin des années 70 du fabricant italien Lamperti, le couloir est nimbé d’un bleu baltique laqué soulignant de part et d’autre les moulures des placards et celles dessinant des arches au plafond. D’un côté, il dessert les pièces à vivre, de l’autre les chambres. Au-dessus de la console d’Osvaldo Borsani, une œuvre du peintre danois Albert Bertelsen, dont les couleurs de prédilection sont le vert et le bleu. Lampe de table vintage d’Oscar Torlasco.

Lorsque les propriétaires ont demandé aux décorateurs d’intérieur Joanna Lavén et David Wahlgren, alias Studio Lawahl, de visiter cet appartement au cœur de Stockholm, ces derniers n’ont pas hésité. « Situé sur la prestigieuse avenue Strandvägen, il était en très mauvais état, et le plan inadapté à une famille avec trois enfants. Mais l’immeuble fin XIXe, sa situation plein Sud, sa surface de 280 mètres carrés et sa belle hauteur sous plafond nous ont immédiatement convaincus du potentiel du lieu », se souvient Joanna Lavén.

De style gustavien avec ses moulures – jadis cachées sous de faux plafonds – et ses parquets Versailles ou à chevrons, l’appartement a été entièrement repensé – circulation, distribution, aménagement des pièces. Les chambres des enfants, disposant chacune d’une salle de bains, sont désormais de l’autre côté d’un large couloir, dans lequel est astucieusement dissimulée une série de placards, tandis que les pièces à vivre et la chambre parentale ont vue sur l’archipel et le port. u

Contraste fondu

Dans le grand salon, le Studio Lawahl a choisi un gris clair sur les murs rehaussé en pointillé d’un vert d’eau appliqué sur les boiseries. Sur le manteau de la cheminée chinée en marbre noir (1stDibs), un oiseau de la céramiste Maria Cotellessa (Galerie Konsthantverkarna). Parquet Versailles en chêne.

Quand la lumière du Nord rencontre la farandole italienne signée Gino Sarfatti

Ecume des jours

Eclairé par la suspension “Model 2109” de la collection Le Sfere dessinée en 1959 par Gino Sarfatti (Astep), le grand salon vu en contrechamp avec, au fond, le boudoir teinté d’un bleu-vert spiruline. Les pièces vintage se mêlent harmonieusement aux pièces contemporaines : tables basses belges en laiton gravé avec incrustation de labradorite, années 80 (Lova Creation), fauteuil aux boudins noirs “Balestra” de Marzio Cecchi, années 60 (Studio Most), lampadaire de Tapio Wirkkala et canapés “FAO” de Christophe Delcourt (Collection Particulière).

Le style gustavien chahuté par des pièces de design à fort caractère

Boudoir cosy aux nuances spiruline

Ce second petit salon bibliothèque et coin télé déploie une palette de verts neutres. Sur le parquet à chevrons, le tapis en soie créé sur mesure dans un coloris vert grisé (Knut Mattor) fait écho à celui qui sert de fond à la bibliothèque en teck (création Studio Lawahl) et qui s’étend au plafond dans une teinte plus claire. Touche minérale, la table basse “Jumbo” en marbre, années 60, de Gae Aulenti. Fauteuils chinés de Vladimir Kagan retapissés (tissu Chivasso) et canapé recouvert d’un tissu bouclette (Eichholtz). Sur l’étagère, lampe iconique, la “Religieuse” en acajou et plaques d’albâtre, dessinée en 1924 par Pierre Chareau. Suspension style Space Age chinée.

Enfilade rythmée

Le long des grandes fenêtres habillées de rideaux en laine effet satin (Ripasso), ouvrant sur le port de Stockholm, se succèdent le salon, la salle de bains aux dalles de marbre (Vanitas Studio) et la chambre parentale. Un enchaînement inattendu et marqué par une rupture des matériaux au sol. Au premier plan, le fauteuil “Balestra” de Marzio Cecchi (Studio Most).

Lignes de fuite

Dans l’entrée, une ambiance minérale, bercée par un gris clair et un gris laqué plus soutenu, prédomine. Le sol dessine un élégant quadrillage imaginé par le Studio Lawahl, mêlant les marbres (Carrare, Rosso Lepanto et Grigio Carnico). La suspension “Tube Chandelier” de Michael Anastassiades renforce l’effet géométrique de la pièce. Banc en teck (Studio Lawahl) et chaises de Luigi Caccia Dominioni (1913-2016), l’un des fondateurs du design moderne. Au-dessus des tables de chevet en laiton et laque, années 70, de Luciano Frigerio, œuvre de l’artiste Moja Adlersson.

Pour bousculer le style gustavien, les décorateurs ont apporté une touche de modernité sophistiquée à l’appartement. D’abord, avec un jeu de teintes méthodiquement élaborées pour chacune des pièces : un bleu baltique enveloppe le couloir, un gris clair nimbe la pièce à vivre, un bleu spiruline tirant sur le vert habille le petit salon tandis qu’un gris perle illumine la cuisine et un bleu pigeon réconforte la chambre parentale. Ensuite, avec un mix de matériaux à dominante minérale pour créer une partie du mobilier et recouvrir certains sols, un souhait des propriétaires adeptes de la pierre. Enfin, pour parfaire la décoration, Joanna Lavén et David Wahlgren ont traqué des pièces de design vintage et contemporaines en salle des ventes et dans les galeries, portant leur attention sur des luminaires au design singulier. D’une page blanche, le Studio Lawahl a su insuffler à ce lieu une vraie liberté de tonsQRens.p. 176.

Telle une estampe japonaise, le marbre Fantasy Brown fait rouler ses vagues dans la cuisine

Mer démontée

La cuisine en marbre dolomite Fantasy Brown et en teck (Studio Lawahl) s’intègre parfaitement entre deux boiseries peintes en gris perle et dissimulant des rangements. Plafonnier style Space Age chiné. Tabourets de bar “Gavea” en fer, cuir et bois, 1960, de Jorge Zalszupin (Etel). Robinetterie noire effilée (Cocoon).

Les mots bleus

La chambre parentale tire le fil bleu jusqu’au bout : teinte pigeon sur les boiseries, les murs et le plafond ; marine pour le lit habillé d’un velours (création Studio Lawahl) et le fauteuil “Pelican” retapissé, dessiné en 1940 par le Danois Finn Juhl. Telles des pierres de rêve, le meuble de chevet et la table basse en marbre dolomite d’origine chinoise (créations Studio Lawahl) animent la pièce de leurs ondulations. Au fond, applique “Mantis BS5” de Bernard Schottlander (DCW éditions). A gauche, lampe de bureau de Jacques Biny. Couvre-lit (Society Limonta).

Qu’il soit pierre de rêves ou Rosso Lepanto, le marbre laisse l’imagination vagabonder

Bain minéral

Baignoire, vasques, douche, encadrements des portes et dalles au sol mixent les bons accords avec les marbres Bardiglio, Carrara et Rosso Lepanto (une réalisation du studio suédois Vanistas). Idée astucieuse, pour casser l’effet bloc, le meuble à double vasque (Vanitas Studio) en marbre Bardiglio et Rosso Lepanto est suspendu et présente un léger décalage. Robinetterie (Cocoon). Au fond, suspension “Peggy” en verre opalin et métal (Hangar Design Group pour Vistosi). La porte de droite mène à la douche, l’autre aux toilettes. A gauche, des céramiques de l’artiste Hanna Järlehed Hyving.

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