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PRÉLUDE EN PROVENCE

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ROUGE CRESCENDO

ROUGE CRESCENDO

AU DERNIER ÉTAGE D’UNE MAISON AVIGNONNAISE DES ANNÉES 30 SE CACHE UN ATELIER D’ARTISTE ENTIÈREMENT REPENSÉ PAR LE DUO D’ATELIER VIME. AU MENU, DE L’OSIER, DU ROTIN ET DE LA CORDE ASSOCIÉS À UNE MAGNIFIQUE PALETTE DE COULEURS ÉVOQUANT LE PASSÉ...

PAR MARIE GODFRAIN PHOTOS NICOLAS MATHÉUS

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Au naturel

Baigné dans une teinte à la fois neutre et terreuse, le salon est organisé autour d’une œuvre de Fernand Léger, une lithographie rehaussée à l’aquarelle qui rappelle l’époque des premiers congés payés et l’avènement des loisirs. Un tableau en harmonie avec le canapé en osier, le miroir de Jean Royère, le tapis de Paule Leleu des années 1960 et les table basse en raphia tressé et lampe en corde signées Audoux-Minnet. Vide-poche dessiné par Gio Ponti. A droite, fauteuil de Francisque Chaleyssin des années 30.

Donnant sur un toit-terrasse ombragé, la cuisine associe teintes naturelles et mobilier en raphia tressé

C’est en Provence qu’est né l’atelier Vime, créateur et éditeur d’objets et de mobilier en osier, sous l’impulsion d’Anthony Watson et Benoît Rauzy. Passionné d’art, d’artisanat et d’histoire du mobilier, le duo s’est lancé un nouveau défi en restructurant et décorant le dernier étage d’une maison de famille avec vue sur le Rhône et les remparts d’Avignon. Son envie ? Restaurer l’âme de cet ancien atelier d’artiste des années 30 et le transformer en appartement destiné à la location. Son nom : “La Maison Saint-André”. Pour y parvenir, Anthony et Benoît choisissent de faire dialoguer trois inspirations. D’abord, un hommage à l’époque de construction du bien en récupérant les espaces originels et l’arrondi des plafonds en bacula (plâtre sur lattis de bois ou canisses). Ensuite, la mise en avant de la culture du théâtre, inhérente à la Cité des Papes. Enfin, la promotion de l’artisanat provençal par le biais de carreaux en terre cuite au sol et d’une belle collection de céramiques chinées par les deux hommes : faïences de Moustiers-Sainte-Marie, d’Apt, de Vallauris ou de la manufacture Veuve Perrin.

L’ensemble cohabite dans une belle harmonie, des tableaux de Max Jacob voisinant avec des décors de théâtre sur peinture du Russe Léon Bakst et du mobilier vintage chiné signé Audoux-Minnet, Jean Royère ou Gio Ponti. L’appartement est aussi ponctué de pièces signées Atelier Vime : le vase “The 20’s”, les suspensions “Facettes” et “Aramis” en rotin dans la cuisine et sur le palier. u

Esprit champêtre pour cuisine ouverte

Au cœur de l’appartement, la lumineuse cuisine peinte dans des teintes couleur pierre naturelle (“Cat’s Paw” au mur et “Light Stone” au plafond, Farrow & Ball) bénéficie d’un accès direct sur le toit-terrasse. Le bois et la vannerie sont à l’honneur : table vintage de 1930, chaises en raphia tressé signées Audoux-Minnet, suspension “Facettes”, cache-tringle et vase en rotin (Atelier Vime Editions). Céramiques de Vallauris du XIXe siècle chinées par Anthony Watson et Benoît Rauzy. Rideaux d’après un dessin de Jean Lurçat (Pierre Frey).

Du sol au plafond, un délicat nuancier habille l’espace de teintes subtiles

Les couleurs anciennes de la collection de céramiques provençales ont servi de point de départ pour la coloriste Samantha Rouault, consultante pour Farrow & Ball, et le peintre restaurateur Frédéric Sourdon, qui ont déniché une palette de huit teintes dans les archives du fabricant créant un jeu d’ombres et de lumières compatible avec la corde et l’osier, matériaux essentiels de l’Atelier Vime. Dans le séjour et le couloir, la teinte dominante est le “Cat’s Paw”, un brun qui varie entre des tons neutres et chauds, que Benoît et Anthony ont associé dans le couloir à “Pantalon”, un brun-vert traditionnel changeant au gré de l’éclairage. Au final, une redécouverte raffinée de teintes oubliées, qui ne demandaient que l’œil d’esthètes avertis pour sortir de l’oubli. QRens.p. 176.

Harmonie parfaite

Influences variées dans la chambre bleue avec l’association d’une table de monastère du XVIIe siècle, d’un lion indien en pierre du début du XIXe siècle, d’un dessin cubiste de Max Jacob de 1920, d’un vase “Médicis” contemporain (Atelier Vime Editions) et d’une chaise en métal forgé et osier des années 40. Au mur, les teintes “Berrington Blue” et “Stone Wight”, exhumées des archives de Farrow & Ball. Tapis de Paule Leleu, années 60.

Culture monde

Le duo mêle les époques mais aussi les cultures. La chambre verte accueille une tête de lit en paille de Charlotte Perriand, une nappe de mariage d’Afrique de l’Ouest détournée en couvre-lit, un rideau penderie façon seersucker (Jim Thompson) et deux meubles dessinés par Mathieu Matégot dans les années 50 : la chaise “Panamaro” et les chevets “Triangle”. En sus, suspension “Gabriel” et lampe “LP1” en rotin et bois (les deux, Atelier Vime Editions).

L’osier en majesté

L’atmosphère Art Déco de la maison se déploie dans la pièce palière avec le sol d’origine conservé en l’état. La teinte du carrelage est assortie à celle de la toile peinte italienne du XVIIIe siècle décorant la cage d’escalier. Suspension “Aramis” (Atelier Vime Editions) peinte en “Indian Yellow” (Farrow & Ball). Fauteuil en osier et métal des années 60 chiné.

Dolce vita avignonnaise

L’appartement s’ouvre sur une vaste terrasse ombragée par un brise-soleil en fibres de coco (La Scourtinerie). Autour d’une table en osier et métal des années 50, des chaises en rotin signées Audoux-Minnet. Sur la table, vase “La Bougie” en terre cuite et cire végétale (Atelier Vime Editions), sets de table (Les Olivades), assiettes peintes à la main par Gavin Houghton. Suspendus, deux photophores en osier et cuir (Atelier Vime Editions). Bacs à plantes paysagés par Julien Laprin.

Vue spectaculaire sur les remparts et le Rhône

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