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CITY TRIP

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À l’automne 2020 le gouvernement luxembourgeois a annoncé une des lois majeures de son mandat. La prise en charge et le remboursement sans limite d’âges de tout contraceptif féminin. Progrès social incontestable, malgré l’omniprésence de la crise du Covid dans le quotidien des ministères et des organes législatifs, l’engagement semble acquis et sa présentation devant le parlement s’avère être une question de mois.

Implant, patch, anneau vaginal, diaphragme, préservatif féminin, stérilet hormonal, spermicides, contraceptifs injectables et bien sûr pilule. La liste des options et des possibilités contraceptives féminines est longue. Majoritairement contraignantes et imparfaites, beaucoup de solutions existent mais elles sont livrées avec leurs lots de conséquences multiples. Une réalité paraît néanmoins constante, depuis l’invention de la pilule il y a un demi-siècle, le bouleversement qui à l’époque devait libérer les femmes s’est enlisé : la contraception est à ce jour une responsabilité uniquement portée par la gent féminine. « La pilule pour homme n’existe pas encore, mais je crois avec confiance que nous l’aurons dans quelques année ». Ces mots ont été prononcés par un célèbre urologue en… 1978 ! S’il est à déplorer que la charge contraceptive repose essentiellement sur les femmes, il est encore plus désolant de rappeler que ce sont elles qui subissent résolument les conséquences d’un échec contraceptif.

Fin des années 90, une idée émerge : celle du partage de la responsabilité du contrôle des naissances. En affirmant l’égalité des sexes dans toutes les sphères de la vie : on commence à entrevoir l’idée d’une responsabilité personnelle et sociale des hommes dans leurs comportements sexuels et dans leur fertilité. Influencés par les a priori stériles d’effets secondaire et sur la virilité des hommes, les initiatives politiques, médicales ou scientifiques sont restées au point mort.

Trente ans plus tard, les médecins font remonter une tendance sociétale. Une partie de la nouvelle génération masculine s’interroge et demande des réponses et solutions sur des possibilités contraceptives. Poussé par un nouveau modèle de vie commune, un désir de partager les responsabilités dans le couple mais aussi d’être libéré du risque d’une procréation non désirée, les 20-30 ans d’aujourd’hui sont beaucoup plus concernés que les générations précédentes. Aussi, à défaut d’avoir des réponses médicales sans passer par les options définitives, certains inventent des outils naturels comme des anneaux et autres sous-vêtements chauffants, diffusant ensuite leurs savoirs via les réseaux. Sans surprises, ces méthodes restent marginales et surtout sans agrément de commercialisation par les autorités de santé. Mais laisser les couples et les hommes faire des expériences et se débrouiller avec ce qu’ils trouvent sur internet s’avère irresponsable. Accusant ainsi un retard sur le phénomène social, les spécialistes admettent leur manque de compétences et de formations. En France, la société d’andrologie (discipline médicale spécialisée de l’appareil génital masculin pour ceux qui l’ignoraient…) a lancé ses premières formations dédiées à la contraception masculine seulement en 2020….

À Luxembourg dans le cadre de cette future loi sur la contraception féminine, les députés François Benoy et Marc Hansen ont interpellé leurs collègues au printemps 2021 en essayant d'ouvrir le débat et de l’inscrire plus largement dans la problématique de l'égalité entre les hommes et les femmes. La société évolue et l’histoire a de nombreuses fois montré que la population et la société civile peuvent être motrices de changements importants. La contraception doit être partagée. Espérons donc que les générations d’aujourd’hui qui prennent leur part de responsabilité dans les chantiers du temps présent seront écoutées.

« DEPUIS L’INVENTION DE LA PILULE IL Y A UN DEMI- SIÈCLE, LE BOULEVERSEMENT QUI À L’ÉPOQUE DEVAIT LIBÉRER LES FEMMES S’EST ENLISÉ »

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