Š Florent Wong - Urban Sketchers
# SOMMAIRE # #1 - Dimanche 26 novembre 2017
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#2 - lundi 27 novembre 2017
page 5
#3 - mardi 28 décembre 2017
page 9
#4 - mercredi 29 décembre 2017
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#5 - jeudi 30 novembre 2017
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#6 - vendredi 1er décembre 2017
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#7 - samedi 2 décembre 2017
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édito Bienvenue ! C’est parti pour la 32e édition du festival international du film Entrevues Belfort !
Nous vous invitons dès à présent à nous rejoindre sur le blog ! fonderie-infocom.net/entrevues/ Nous espérons que vous passerez un bon moment avec nous et vous donnons rendez-vous dès maintenant au cinéma Pathé de Belfort pour la 32e édition d’Entrevues Belfort !
Saïd Ben Saïd et Benoît Jacquot, invités d’Honneur de la 32e édition d’Entrevues Belfort. Mise en scène et théâtre de cinéma, quelques minutes avant l’ouverture... © Vincent COURTOIS
les Temps forts
Depuis six ans, un groupe d’étudiants de l’Université de Haute-Alsace alimente le blog du festival et s’immerge au coeur de l’événement. À cette occasion, le blog fait peau neuve ! Cette refonte s’accompagne d’une nouvelle équipe : pour cette année 2017, nous sommes cinq étudiants en Master Communication et Édition Numérique du Département InfoCom. Notre objectif est, entre autres, la mise en avant de toutes les personnes qui participent à la réussite de ce festival. La principale nouveauté cette année est la publication de vidéos interviews sur les différents acteurs du festival. Nous nous occupons également de la gestion du compte Snapchat d’Entrevues (iffentrevues) où nous nous mettons dans la peau de journalistes afin de partir à la rencontre des festivaliers ! Vous y trouverez également des informations supplémentaires et des vidéos exclusives, aussi bien sur le festival que sur les oeuvres diffusées et leurs auteurs. Les productions des équipes étudiantes d’hier et d’aujourd’hui sont ainsi relayées sur ce site. Finalement, vous pouvez découvrir les différentes thématiques du festival sous un autre angle à travers des critiques de film, des articles découvertes, les coulisses et les offs du festival.
#1
Saïd Ben Saïd nous propose aujourd’hui 2 des 3 séances Fabbrica :
▪ à 14h30, une rencontre avec le réalisateur Pascal Bonitzer et Saïd Ben Saïd, avant Le Lieu du crime d’André Téchiné ▪ à 20h, une rencontre avec Saïd Ben Saïd et le monteur des films de Brian de Palma : François Gédigier, avant Passion de Brian de Palma.
Ouverture de la compétition internationale
14h30 Le Passant intégral (présence du réalisateur), Le Jour d’appel et Playing Men | 17h Mi Amado, las montañas (présence du réalisateur) et Nul homme n’est une île | 18h Des jeunes filles disparaissent (Présence du réalisateur / Hors compétition) et La Position d’Andromaque (Présence du réalisateur et de l’acteur principal) | 20h Requiescat in pace (Présence du réalisateur) et The Last Hot Lick (présence de la réalisatrice)
Mi Amado, Las Montañas
Dim. 26 nov. à 17 h
| Mar. 28 nov. à 20h
de Alberto Martin Menacho | Suisse-Espagne, 2017, 25’
La montagne, à la fois belle et sauvage, nous séduit, nous émerveille, nous terrifie. Avec une photographie parfaitement maitrisée, une esthétique du cadre singulière et envoutante, ce film nous fait osciller entre le songe et la
réalité. Les premières scènes, crues, montrent sans ombrage une nature sauvage, une chaine alimentaire où chacun est le prédateur de l’autre. La caméra suit les villageois, à l’affut, de jour comme de nuit, ils traquent, ils chassent
jusqu’au crépuscule, jusque dans la nuit. Ils savent aussi être patients, à l’écoute du moindre bruissement de brindille. Ici, les vergers sont poétiques, comme ce vers éponyme emprunté au Cantique de San Juan
la position d’andromaque de erick malabry | france, 2017, 1h12 Au contraire, le spectateur traverse ce récit vif, frais et spontané avec légèreté, innocence et finalement, une certaine forme de joie. En à peine plus d’une heure, Erick Malabry, qui réalise ici son premier long-métrage, parvient à construire une histoire authentique et sincère qui touche au cœur des sentiments universels. Mikaël, jeune apprenti boulanger et malentendant tout droit arrivé de Cambrai (la gare du Nord ouvre et clôt le film), vient passer quelques jours chez sa cousine Isolde à Paris. Mikaël est un jeune homme timide, drôle et attachant qui va tomber amoureux de l’une des jeunes comédiennes de la troupe de théâtre que fréquente sa cousine. Pierre, l’un des rares adultes à l’écran, incarne un bienveillant professeur à l’accent méridional, passionné qui pousse ces jeunes acteurs en herbe à se transcender. Ainsi, une jeune comédienne s’exclame lyrique, pendant une répétition : « Jouer la diction contre l’identification, je veux
des syllabes qui s’attachent, le corps qui s’oublie pour aller au-delà du verbe. » Au contact d’un répertoire classique et exigeant (Racine, Molière, Marivaux), des liaisons dangereuses vont se nouer entre Mikaël, Diane, Isolde et Morgane. Venu à la capitale pour y effectuer son bilan orthophonique annuel, le jeune boulanger aime se promener dans une ville qu’il connait mentalement : « Place Goldoni, à côté, une rue Marivaux. », dessinant ainsi une carte du tendre rassurante et émancipatrice. La lecture attentive du générique nous dévoile le nom de Jean-Claude Guiguet (1948-2005) à qui le film est dédié, un discret et subtil clin d’œil au réalisateur d’Archipels des amours, une manière ultime et élégante d’embrasser ces deux films dans une même étreinte et de les lier dans une même généalogie. Produit par Le Petit Remorqueur et coproduit par Kafard Films. Fabien Vélasquez #2
de la Croix : Mi Amado, Las Montanas. Les oiseaux chantent, le feu crépite, les mots sont économisés. La vie et la mort se côtoient sans drame. Elles forment un tout naturel, universel. Un cycle qui se perpétue. Le monde rural avec ses rites et ses traditions est bien vivant ! Ce film est mis en scène comme une ode à la montagne et aux montagnards. Les séquences s’enchainent comme autant de tableaux qui jalonnent la vie du village ; et cette jeune femme qui observe son village, silencieusement, comme on pourrait faire un chemin de croix. On ne sait si elle vient ou si elle part, elle se questionne et nous questionne. Laura Zornitta
Dim. 26 nov. à 18 h
Le Passant intégral
Dim. 26 nov. à 14h30
| jeu. 30 nov. à 17h
de éric harold | france, 2017, 11’
Le Passant intégral, fiction d’Eric Harold, pose la question suivante: qu’en est-il de l’avenir des figurants professionnels ? La numérisation s’attaque aussi au cinéma... Au centre du film, un personnage de figurant, silhouette sombre et massive. Tête voilée, il n’est pas identifiable. C’est un avatar de l’homme invisible... Avec humour et sérieux, il offre au spectateur un exposé détaillé de son métier : La peinture et la littérature l’inspirent plus que la photographie et ses mouvements de figuration, il les organise comme des partitions de musique. Les «zombies numériques», le personnage, qui est aussi poète, aime les regarder : « c’est comme regarder la mer, mais avec la possibilité d’en faire partie ».
The Last Hot Lick
Mais pourquoi ce titre, le passant « intégral » ? Comment faire, lorsqu’on a été figurant pour le cinéma et qu’on en connaît toutes les ficelles, comment faire pour n’être, dans la foule réelle, rien d’autre qu’un «passant», complètement indétectable, anonyme, «intégral» ? La vidéosurveillance qui équipe les rues des villes ne peut-elle absolument rien deviner de qui il est ? Au cinéma, les images captivent ceux qui les regardent, pour leur plaisir. Dans la vie, dans la réalité, les êtres humains sont des sujets d’observation pour des caméras de vidéosurveillance, pour leur mise en cage ? Catherine Marle-Guyon
Dim. 26 nov. à 20 h
| mer. 29 nov. à 12h15
de Mahalia Cohen | états-unis, 2017, 1h26 Jack fait sa tournée tel un modeste voyageur de commerce : opiniâtre, organisé, professionnel, plutôt passepartout. Son van et lui s’entendent bien. Ils sont presque seuls sur les rubans de routes, pour avancer la nuit à travers de petits patelins où Jack joue dans des bars peu fréquentés. Ses chansons parlent de Papa, de Maman et de son amant, d’une sœur, des infimes et infinis drames de la vie familiale ou amoureuse. Elles distillent une brume très personnelle, faite d’attachement à un passé plutôt gris, qui semble définir la couleur même du personnage. Mais il chantonne en conduisant et regarde le monde avec des yeux doux. Sur la route, plus jeune, il a été ‘presque célèbre’, avec le groupe Dan Hicks and The Hot Licks. Jusqu’au jour où cette vie d’excès divers l’a trop abîmé pour qu’il continue ainsi. Maintenant, en sursis, plus âgé, il se dit qu’il a encore une chance de partir chanter et gratter sa guitare, moins hot, pour un public qui l’attend. La
chance semble même lui sourire, lorsqu’il prend en stop une femme qui s’avère être une chanteuse faite pour sa musique. C’est cette musique qui donne le rythme au film The Last Hot Lick : un brin désabusée, parfois pointée d’amertume, avec, de l’enfance, une innocence et une sagesse qui traversent tout. A l’image de la longue route du nord-ouest américain - rectiligne, plate, déserte – qui donne ses miles à dévorer et relie les ilots humains que sont les villages, parallèle au chemin de fer et ses trains interminables, la route scande les rencontres, confirme dans son silence une relation complexe, compose les chansons, scelle les accords et les ruptures. Comme si l’espace réduit du véhicule de Jack était le pendant de l’ample paysage devant eux, l’un rendant l’autre possible. Jack veut peut-être, pour un temps, échapper à son âge, renouer avec sa jeunesse ou jouir d’une précieuse mobilité ? Il ne parait pas souffrir d’un sentiment de solitude : est-il plus heureux d’avoir #3
une compagnie féminine ou juste une chanteuse ? Si fuite il y a, elle s’opère calmement, raisonnablement, en cherchant jusqu’au bout à éviter les risques. Les dernières images du film – routes, ponts et véhicules, lumière de naissance ou de fin du jour, démarche de Jack – pourraient être une nouvelle chanson. Sylvie Courroy
© Florent Wong - Urban Sketchers
l’ours
presse
© Myriam Huré - Urban Sketchers
DIRECTION DE LA RÉDACTION : Elsa Lançon avec la collaboration d’Anna Tarassachvili MISE EN PAGE : Thierry Cuenat TIRAGE : 500 exemplaires IMPRESSION : Atelier de Reprographie du Grand Belfort Communauté d’agglomération #4
édito Chaque année la Fabbrica s’adapte pour devenir une vitrine artistique de l’invité d’honneur d’Entrevues Belfort. Pour cette 32e édition, c’est le producteur Saïd Ben Saïd qui nous propose son festival rêvé. À cette sélection de films s’ajoutent des rencontres avec l’invité d’honneur et des personnalités qui lui sont proches. Ce dimanche 26 novembre, nous avons eu la chance de pouvoir assister à la première rencontre Fabbrica. La conférence s’est divisée en plusieurs parties, tout d’abord une brève présentation du long métrage Le Lieu du crime d’André Téchiné (1986) de Saïd Ben Saïd et Pascal Bonitzer (scénariste pour ce film). Puis, après avoir présenté le contexte créatif du film, l’invité d’honneur a dévoilé au public son lien personnel avec l’oeuvre et les spectateurs ont été conviés à échanger avec les personnalités présentes pour cette première rencontre Fabbrica.
Alors rendez-vous aujourd’hui à 14h30 pour vivre la troisième et dernière rencontre Fabbrica du Festival autour du film de Claude Chabrol, Juste avant la nuit (1971).
Saïd Ben Saïd, invité d’Honneur de la 32e édition d’Entrevues Belfort, nous parle de son festival rêvé à travers ses séances Fabbrica. Ultime séance aujourd’hui. © Vincent COURTOIS
les Temps forts
La journée a aussi été rythmée par d’autres événements : du lancement des rencontres avec les réalisateurs, dorénavant tous les matins de 11h à midi, au Bar du Cinéma Pathé, à la seconde rencontre Fabbrica ouvrant le débat sur le long-métrage de Brian De Palma Passion (2012), en présence du producteur Saïd Ben Saïd et du monteur François Gedigier. N’oublions pas le début de la compétition, dont les projections sous l’oeil avisé d’un jury sont elles aussi suivie d’un débat en français ou en anglais traduit en direct.
L’équipe de rédaction du Blog. #5
Jean douchet et Saïd Ben Saïd
▪ à 12h15, ils présentent la séance Le Destin de Madame Yuki de Kenji Mizoguchi. ▪ à 14h30, dernière séance Fabbrica avant la projection de Juste avant la nuit de Claude Chabrol.
CARTE BLANCHE à thierry garrel
▪ à 16h, L’héritage de la chouette : épisodes 1,2, 3 et On vous parle de Paris : Maspero les mots ont un sens de Chris Marker, séance présentée par Thierry Garrel et Lili Hinstin.
COMPétition internationale
12h15 London Calling de R. Botiveau et H. Baillot, I am truly a drop of sun on earth de E. Naveriani | 14h30 Déter de V. Weber (en sa présence) et Niñato de A. Orr | 17h She’s beyond me de T. Takano (en sa présence) et Casa Roshell de C. José donoso (en sa présence) | 20h Rouge amoureuse de L. Garcia et Corpo Elétrico de M. Caetano (en sa présence)
Autum, Autumn
Mar. 28 nov à 12h15 | jeu. 30 nov à 14h30
De Woojin Jang | corée du sud, 2016, 1h18 Ji-hyun passe un entretien à Séoul avant de rentrer chez lui à Chuncheon en train. Il s’assoit à côté d’un couple âgé, Serang & Heung-ju, poursuivant la même destination. Durant cette traversée, dont les rails sinueux et les différents embranchements rappellent les choix et les obstacles à laquelle toute vie fait face, peu de mots seront échangés. Pourtant, ne nous sommes nous jamais demandés ce qu’il advient de nos compagnons de route, dont nous ne connaissons finalement que le visage, une fois le seuil du train franchi ? Que l’esprit vagabonde ou non vers ces considérations, la vie reprend son cours et nos personnages sont aiguillés vers leur histoires respectives : Ji-hyun et son angoisse de ne pas trouver d’emploi, de l’avenir en général ; Se-rang & Heung-ju en plein feel trip vers cette ville chargée de nostalgie et de souvenirs lointains. Nous suivons, tantôt l’un, tantôt les autres : Autumn Autumn nous montre des
tranches de vie, à deux périodes clés : le temps du choix, et le temps des regrets. Deux phases de questionnements faisant écho l’une à l’autre, quelle que soit la génération, ou la situation sociale. Car il est question de contexte social dans ce métrage : Jihyun, bien que brillant, reste au banc de la société car sans emploi, quand d’autres parmi ses proches sont allés jusqu’à tout sacrifier pour surmonter cet obstacle. La question de sa propre responsabilité, dans ces évènements comme dans ceux passés, semblent peser lourdement sur ses épaules. À contrario, Se-rang & Heung-ju, sont bien installés socialement : femme au foyer et professionnel, ils rentrent dans le modèle social proposé. Mais sont-ils pour autant heureux dans leurs mariages
CORPO ELETRICO
? Entre regrets, distance qui s’installe, et monotonie ? C’est l’automne ; les feuilles changent de couleur, se flétrissent et flottent lentement, à l’instar de nos protagonistes et de leurs espoirs… Ou bien ne serait-ce là la promesse, après l’automne, après l’hiver, d’un avenir plus radieux, d’un questionnement personnel ayant trouvé sa réponse, et d’une solitude, sourde et sous-jacente enfin comblée, au-delà de la pudeur des sentiments et des considérations sociales ? Thibaud Martin
lun. 27 nov à 20h
| ven. 1er déc à 14h30
De Marcelo Caetano | brésil, 2017, 1h34
La petite vingtaine, Elias est assistant styliste dans un atelier de confection, à São Paulo. Il élabore les patrons qui serviront à découper dans 500 épaisseurs de tissu à la fois, pièces de robes et de chemises, qui seront assemblées en prêtà-porter par une petite équipe d'ouvriers, hommes et femmes. Malgré les heures supplémentaires et la répétitivité du travail à la chaîne, ce n'est pas le pire des bagnes. On arrive encore à composer, ensemble ou avec le chef d'équipe. On peut de temps en temps
prendre soin des autres et se ménager, par professionnalisme certes, mais pas seulement. Car dans le ronflement continu des machines à coudre ou des ciseaux électriques, si personne ne crie jamais, personne ne peut véritablement se parler non plus. C'est cela qui manque et fait rêver d'autre chose. Heureusement, jours fériés et solstice d'été du Nouvel An favorisent les soirées improvisées entre collègues, qui se prolongent en week-ends à la plage. Elias papillonne sans drame entre nouveaux et anciens amants, amis, amours et aventures d'un soir ou d'une pause-déjeuner à la galerie marchande. Autant de prétextes à des rencontres intimes ou collectives, qui croisent les infinies variances sensuelles de l'humanité. Se mêlent ainsi toutes les nuances des couleurs de peau, des classes sociales #6
et des âges, et aussi des accents très différents d'une même langue, de Recife, Rio de Janeiro ou de Guinée-Bissau. Il y a surtout les hommes, les femmes, et il y a aussi les autres, qui sont entre les deux et les deux à la fois. Il y a ceux ou celles qui jouent au foot autour d'un barbecue, et il y a celles ou ceux qui préfèrent les virées collectives queer ou full drag : scooter customisé LED, paupières et casque pailletés, perruque fluo et combi de vinyl lamé. Et l'un n'empêche pas l'autre : ce qui ailleurs pourrait séparer, ici bien au contraire séduit, attire, rassemble et réjouit. Marcelo Caetano fait le portrait tout en douceur d'une société délicatement épicurienne, libre et métissée, où les rapports humains ne sont jamais bavards, mais toujours attentionnés à l'autre, à sa singularité comme à sa profondeur. Christophe Ottello
déter
lun. 27 nov à 14h30
| jeu. 30 nov à 20h
De Vincent Weber | france, 2017, 35’
Le Grau du roi : là où sables et mer ont des frontières indistinctes. Dans la moiteur de l’été, garçons et filles ont mis leurs peaux nues, couleur ambre. Daniel, en vacances, sur le fil rouge de la quête, très déterminé à trouver le bonheur, va à la
rencontre de l’autre. Rencontres parfois « brut de décoffrage » entre potes. Ça dit c’que ça pense, tant pis pour les injures. Rencontre aussi par la danse, langage inconscient du corps, de l’indicible. Ce taiseux pourrait dire : « j’ai pas les mots »
CASA ROSHELL
Du côté de la prise de vues, souvent en plans moyens, la caméra se fixe non-stop sur notre héros. Elle privilégie l’opposition entre dedans et dehors, entre une attitude intériorisée ou expansive de Daniel, seul ou en groupe. C’est
par les chiffres très présents que la scansion rappelle celle du slam, soutenue, hachée. Mais parfois la rencontre se fait tendre quand ce Roméo kiffe sa Juliette, tendre dans sa grande douceur. Quand ça foire, ce cœur cabossé se replie dans sa bogue de châtaigne, et s’emmure sur ses blessures. 35 minutes de film ont suffi à nous rappeler l’image du garçon, ou de la fille que nous avons été… Image enfouie. Sur le seuil de la salle, persiste encore en moi l’odeur de la mer, le cri des mouettes, et la sensation des grains de sable collés à mes doigts gourds… Michelle Megy
lun. 27 nov à 17h
| jeu. 30 nov à 12h15
De Camila José Donoso | chili-mexique, 2016, 1h11 Bien sûr il y a les plumes, les fourreaux rebrodés de sequins, de pampilles, les perruques laquées, les cils recourbés, les résilles et les stilettos qui galbent la jambe et font la silhouette en X, les faux seins sur de vrais tatouages, et le lustre à facettes reflète un millefiori de mille couleurs sur les miroirs profonds, les riches plafonds... Il y a les alcools, les orangeades, les musiques chaloupées, le décor chaleureux et feutré, une backroom aussi, discrète mais assumée. Bref, l'ambiance appropriée. Mais ce n'est pas un cabaret, c'est un club. Le Club Roshell serait presque anglais si on n'était à Mexico, car c'est un vrai foyer, où l'on vient parfois en secret, parfois aussi en famille. C'est un refuge contre la rudesse du
monde, pour vrais gentlemen et vraies ladies, de tous âges et tous milieux. Dans les loges on se hâte lentement, en salle on partage tranquillement conseils ou plaisanteries, on devise et on s'embrasse, de désir ou de sororité. Si on se dispute, rarement, si on se fait la cour ou même l'amour, c'est toujours avec douceur et politesse extrêmes. On vient pour les rencontres, mais surtout pour le respect : celui des autres et celui de soi-même. La fondatrice du lieu y chante, et fort bien, mais c'est loin d'être l'activité principale. Il y a des conférences et des ateliers où tout un chacun peut apprendre l'art et les règles du maquillage et du drag, en pratique et dix #7
commandements. Ça n'est pas un travestissement, c'est une identité à affirmer et raffiner, une démarche, une voix à poser : la sienne. C'est enfin une solidarité à construire, aussi belle que nécessaire. On passerait sa vie entière au tribunal, dit Roshell Terranova, si on devait poursuivre la discrimination, mot pudique pour dire les insultes et les violences, que l'on doit affronter chaque jour quand on est trans*. Ici c'est
un havre de paix, un paradis promis et retrouvé. Camila José Donos a voulu un film entre les miroirs de la fiction et du documentaire. Elle a demandé aux personnes du Club (et trois acteurs) de rejouer pour sa caméra ce qui s'y joue en réalité(s). Parce que les frontières binaires et hermétiques n'ont jamais été celles des genres cinématographiques... ni celles de l'identité de genre. Christophe Ottello
presse La culture n'a pas de prix
12.2017 —— 01.2018
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La culture n'a pas de prix
12.2017 —— 01.2018
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© Myriam Huré - Urban Sketchers
© Arnaud Heidet - Urban Sketchers
© Florent Wong - Urban Sketchers
l’ours
.../... DIRECTION DE LA RÉDACTION : Elsa Lançon avec la collaboration d’Anna Tarassachvili MISE EN PAGE : Thierry Cuenat TIRAGE : 500 exemplaires IMPRESSION : Atelier de Reprographie du Grand Belfort Communauté d’agglomération #8
édito La Compet’ Nous vous l’avions introduit hier, des prix seront attribués à des films sous la houlette d’un jury dans trois différentes catégories. Les longs-métrages venant des quatre coins du monde, projetés en version originale sous-titrée français, les courts-métrages (eux aussi en VOSTFR) et les premières fictions françaises.
Le prix Camira lui, permet au gagnant d’obtenir une publication et une interview dans le magazine éponyme de l’association cinématographique CAMIRA regroupant critiques, programmeurs et chercheurs du monde du 7e art. C’est surtout pour décerner les prix du public des catégories “Long-métrages” et “Court-métrages” que les festivaliers sont invités à voter, comme chaque année à Entrevues (Et concourir par tirage au sort, pour gagner un an de cinéma au Pathé Belfort ou 1 pass VIP pour Entrevues 2018) C’est au cours de cette journée que se sont clôturées les rencontres Fabbrica de Saïd Ben Saïd que nous avons eu la chance d’interviewer (vous pourrez d’ailleurs retrouver cet échange vidéo prochainement sur le blog du festival). La thématique de la Transversale sur l’histoire secrète du cinéma à la télévision française a aussi été mise à l’honneur, notamment avec une table ronde composée de 5 intervenants ou encore un échange en compagnie de Catherine Breillat à la suite de son film Brève Traversée. L’équipe de rédaction du Blog
Luc Lagier, pilote de la web-série Arte « Blow Up » dans laquelle il imagine des rencontres incongrues et poétiques, entre plusieurs films, sera présent à Belfort aujourd’hui à 18h pour sa Carte Blanche à Blow up ! © Vincent COURTOIS
les Temps forts
Le Prix Eurocks One + One récompense le film de la compétition à l’esprit libre et musical, par un jury composé de 5 jeunes de la région, parrainé par un professionnel de la musique, qui est cette année Jeanne Added.
CARTE BLANCHE à BLOW UP !
▪ à 18h, séance de 8 épisodes du Webmag d’Arte présentée par Luc Lagier et Thierry Jousse.
COMPétition internationale
12h15 Dansons maintenant de Mathilde Buy (en sa présence), Autumn Autumn de Woojin Jang | 14h Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête de Ilan Klipper (en sa présence) et suivi d’une masterclass avec Frank Williams, compositeur | 14h30 Milla de Valérie Massadian (en sa présence) | 17h Ionas dreams of rain de Dragos Hanciu (en sa présence) et Aràbia de J. Dumans et A. Uchoa | 18h Naufragé volontaire de Didier Nion (en sa présence) | 20h Mi amado, las montañas de Alberto Martin Menacho et Nul homme n’est une île de Dominique Marchais (en sa présence).
les rencontres cinéma & histoire
Un film présenté par un historien pendant une vingtaine de minutes. 14h30 Baby Face d’Alfred E. Green | 17h Gold Diggers of 1993 de Mervyn LeRoy | 20h Girls about town de George Cukor
COncert frank williams and the ghost dance
18h. Tonalités incantatoires, rythmiques à réveiller les esprits, Ghost Dance appelle à la libération des âmes et des corps entre rock chamanique et ballades hypnotiques. Avec Frank Williams (Compositeur du Ciel étoilé au-dessus de ma tête), Valentine Carette et Poumchak. #9
naufragé volontaire
Mar. 28 nov à 18h
De didier NION | FRANCE, 2017, 1h30 Naufragé volontaire est un film inspiré de l'expérience d'Alain Bombard, médecin qui s'embarqua un jour d'automne 1952 sur un canot pneumatique, un « engin de plage ». Guidé par les alizés, il traversera l'Océan Atlantique en une soixantaine de jours, « sans réserve d'eau ni de nourriture » : il veut prouver que c'est la peur qui fait que l'on meurt en mer et que le canot pneumatique est une embarcation insubmersible. En 2016, le cinéaste Didier Nion, donne corps à cette expérience, perçue comme une hérésie. Son film illustre l'aventure de ce médecin qui, au terme d'une initiation éprouvante, va se découvrir marin. Le comédien qui incarne Alain Bombard, Jérémie Lippman, ne quittera pas l'écran de tout le film. C'est sur son visage brûlé
par le soleil et marqué par les combats qu'il livre - avec les poissons, les bâches et les mats - sa détermination et ses doutes. Combats puisqu'il faut pêcher du poisson avec un outil bricolé pour se nourrir. Le poisson est puissant et son poids peut vous faire basculer par dessus bord. Il faut le tuer. On en mangera, on en pressera la chair pour boire son eau, on fera sécher le reste; Combat puisqu'il faut réparer la voile déchirée par la tempête alors que, de toute sa vie, on ne s'est jamais servi d'une aiguille à coudre; Combats puisqu'il faut rester un être humain : ce naufragé dans un grand inconfort, qui finit par ne plus supporter d'être assis, que ses vêtements mouillés protègent des blessures du soleil. Ce naufragé qui ne parle pas, qui vit avec les paroles de ses
proches restés en mémoire et qui lui viennent à l'esprit en soutien dans son expérience, qui pose des photos de sa famille sur son cœur, ce naufragé parle à une poupée de chiffon, fragile et précieuse figure de proue. Elle devient une figure de l'Autre, celui dont on a besoin pour rester humain, quel qu'il soit, car le mental est essentiel pour ne pas périr en mer, il faut parler,
le ciel étoilé au-dessus ma tête
aimer, imaginer. L'Autre, ce sera aussi un poisson, qui semble suivre le canot et qu'il appellera Dora, sirène bienveillante, qu'il rejoindra pour nager en eau profonde, magnifique moment de paix au milieu des bulles bleues de l'océan. Catherine Marle-Guyon
Mar. 28 nov à 14h
De ilan klipper | france, 2017, 1h18
Bruno est un écrivain, la cinquantaine, célibataire et vivant en colocation dans un appartement du XXe arr. avec sa coloc, une FEMEN délurée. Menant une vie de patachon, entouré de livres qui s’empilent et de cartons de déménagement jamais ouverts, il n’a de cesse de chercher l’inspiration pour écrire son nouveau roman. Sauf que Bruno semble « bloqué » et plutôt improductif depuis la parution de son roman à succès Le ciel étoilé au-dessus de ma tête il y a… 20 ans.
Vivant comme un étudiant au milieu d’assiettes sales et d’un joyeux « bordel » au propre comme au figuré, notre Big Lebowski voit son quotidien bousculé par la visite groupée de ses parents, son meilleur ami, son ex et une psy qui veulent l’interner au moyen d’une HDT (Hospitalisation à la Demande d’un Tiers) craignant pour sa santé physique et mentale. Peut-on définir la normalité ? Peut-on définir la folie ? Où sont les frontières de chacune ? Le premier film d’Ilan Klipper, déjà salué à l’ACID à Cannes cette année adopte le point de vue de Bruno passant du réel à l’imaginaire, la réalisation est « enlevée » et le montage se veut bordélique et dynamique notamment par la nombreuse présence de jump-cuts, décrivant ainsi ce qui se passe dans son cerveau. On se retrouve à la fois dans le passé, dans le présent, dans le futur et quelque fois #10
même, toutes ces temporalités semblent fantasmées, Bruno croyant dur comme fer que la psychiatre est une fille que ses parents veulent lui présenter. Ne serait-ce pas les gens dits « normaux » qui sont fous ? La folie de l’autre est souvent définie par notre propre subjectivité et on pourrait penser qu’il existerait presque une pointe de jalousie et d’envie chez ces personnes souhaitant l’interner. Finalement, on se reconnaît tous dans les attitudes et comportements irrationnels de Bruno. En société on adopte un rôle, sans être vraiment soimême et les gens qui le sont, souvent considérés comme des associaux, des dérangés ou des fous. Est-ce une question de courage dans l’affirmation de soi ? « Deux choses emplissent le cœur d’admiration et de crainte, le ciel étoilé au-dessus de moi, la loi morale en moi » Critique de la raison pure, E. Kant. Jérôme Baverey
MILLA
Mar. 28 nov à 14h30
| ven. 1er déc à 12h15
De Valérie Massadian | france, 2017, 2h06
Milla à 17 ans. Elle mène une vie de bohème avec son petit ami Léo. Leur existence est rythmée par les jobs précaires et les soirées à refaire le monde. Le jeune couple trouve refuge dans
une maison abandonnée près de la Manche. Jeunes et insouciants, ils se nourrissent d’amour et rient du destin jusqu’au jour où leur avenir s’effondre. L’adolescente doit alors apprendre à devenir une
nul homme n’est une île
adulte et faire face aux aléas de la vie pour élever son futur enfant. Sur son parcours, Milla rencontre d’autres femmes sans prétention qui, comme elle, affrontent la réalité avec ténacité malgré les souffrances de la vie. À travers des plans larges et immobiles, c’est le quotidien qui est mis en scène : celui d’une adolescente fragile qui doit devenir une mère, un passage spirituel à l’âge adulte avec toutes les contraintes qui lui sont associées. L’émotion transmise au cours de ce film ne prend pas seulement sa
source dans l’incroyable jeu d’acteur de la jeune Severine Jonckeere (Milla), qui occupe par ailleurs son premier rôle, car la réalisatrice n’a pas besoin de se rapprocher de son visage pour dégager cette poésie. Elle se trouve ailleurs : dans une lumière qui vient éclairer une maison abandonnée, froide et sans âme, dans le bruit des vagues qui éclatent sur les rochers, dans le bruit d’un enfant qui tète le sein. Marion Cuenot
dim. 26 nov à 17h | Mar. 28 nov à 20h
De dominique marchais | france, 2017, 1h36
A l’intérieur du Palais communal de Sienne, une immense et superbe fresque évoque « le Bon et le Mauvais Gouvernement ». Cette œuvre d’art exceptionnelle symbolise une philosophie intemporelle. Douceur de vivre, activité citadine, beauté de la nature toscane, accompagnent une croissance économique partagée, tandis que de l’autre côté, la domination tyrannique entraîne obligations, châtiments, destruction. Moralité : chercher le bien commun est l’unique forme de gouvernement viable. Cette allégorie sert de fil rouge au documentaire, un plaidoyer pour le développement raisonné et solidaire. Dans la mouvance du film Demain, il nous entraîne, à travers images bucoliques de campagnes, cernées d’autoroutes, entre chants d’oiseaux et ronflements d’avions, vers des exemples concrets. Tout d’abord, au pied de l’Etna, une coopérative agrumière lutte contre la transformation de zones agricoles en zones commerciales, bétonnées et stériles. Le regroupement fait vivre environ 150 personnes. Des liens de solidarité avec les distributeurs, la responsabilité partagée entre coopérateurs, le souci de l’avenir, permettent de lutter contre les pressions locales et de développer une agriculture biologique. Dans le canton des Grisons en Suisse, un prof d’architecture exhorte ses élèves à utiliser le matériau traditionnel en cohérence avec l’habitat local. Ici, on favorise l’emploi local, car ce paysage bucolique n’échappe pas à la désertification. Chose réussie en Autriche, dans le Bregenzerwald, où le bois est la grande ressource du pays. Un Werkraum regroupant 90 petites entreprises permet de s’équiper local. La création #11
d’une école en bois a symbolisé le renouveau du village. Enfin, au bord du lac de Constance, un chercheur analyse la situation de la planète : « Il ne s’agit pas de prévoir l’avenir, mais de le rendre possible », écrivait Saint-Exupéry. En clair, les exhortations à prendre conscience du réchauffement climatique, de l’épuisement de la planète, … ne servent à rien. Il faut questionner les citoyens, les impliquer, ils trouveront des idées concrètes afin de vivre dans un monde harmonieux, dont chacun se sent responsable. Le titre du documentaire, d’après John Donne, poète du 16e siècle, illustre parfaitement le propos solidaire : « Nul homme n’est une île, un tout en soi ; chaque homme est partie du continent … » Nicole Cordier
ionas dreams of rain
Mar. 28 nov à17h
| ven. 1er déc à 20h
De dragos hanciu | roumanie, 2017, 28’
© Julie Masson - Urban Sketchers
Comme dans un conte, une atmosphère presque irréelle enveloppe les lieux et nimbe les personnages. Bruissement de feuilles de maïs, et frottement d’ailes de grillons forment la trame sonore que viennent ponctuer de faibles coups de canon. Car Ionas est un vieux paysan qui passe ses nuits à veiller sur son champ de maïs et tenter d’en écarter les sangliers. Il a électrifié sa clôture, installé un canon et parcourt son champ pour les effrayer par ses cris. Veiller avec lui, comme lui, est rendu possible par la grâce et la discrétion du réalisateur, dans un silence quasi immobile. En effet, la caméra de Dragos Hanciù épouse le rythme de Ionas, qu’elle nous permet d’entendre et de voir au naturel, dans un temps suspendu à la pluie, aux rêves, aux animaux de la forêt. Ionas s’empêche réellement de dormir la nuit, pour ne pas rêver de son père, ce qui d’après lui ferait venir la pluie et donc les sangliers. C’est ce combat qui module sa vie pendant l’été ; c’est aussi, pour lui et son beau-frère venu avec son violon, une source de réflexion sur la vie, Dieu, la mort. Dragos Hanciu a réussi là une formidable création poétique visuelle et sonore composée de lueurs discrètes, de cadrages parfaits, de couleurs doucement ténébreuses, du temps de la contemplation – comme pour donner à Ionas un rêve enfin innocent et un moment hors du temps. Sylvie Courroy
© Florent Wong - Urban Sketchers
l’ours
LE BLOG DU FESTIVAL : http://fonderie-infocom.net/entrevues/ DIRECTION DE LA RÉDACTION : Elsa Lançon avec la collaboration d’Anna Tarassachvili MISE EN PAGE : Thierry Cuenat TIRAGE : 500 exemplaires IMPRESSION : Atelier de Reprographie du Grand Belfort Communauté d’agglomération #12
édito
Frank Williams (compositeur du Ciel étoilé au-dessus de ma tête) and The Ghost Dance. Accompagné par Valentine Carette et Poumchak, ils ont enflammé le Bar du Ciné. © Vincent COURTOIS
les Temps forts
Son et lumière En ce début de semaine, les jeunes sont venus nombreux pour découvrir, certains pour la première fois, le festival Entrevues Belfort. Pour ces étudiants qui se forment principalement aux métiers de l’audiovisuel, le festival représente un laboratoire d’idées mais également un lieu d’enseignement leur permettant d’aborder les multiples facettes de ce domaine artistique et culturel. C’est notamment le lien étroit entre le son et l’image qui a rythmé la 4e journée de festival. En effet de nombreux invités ont successivement abordé les nouveaux territoires musicaux au cinéma. C’est ainsi qu’en présence de Thierry Jousse, critique et co-animateur du webmag Blow Up, le public a pu débattre sur le thème de la musique électronique et sa place dans le cinéma. L’après-midi, Ilan Klipper, réalisateur et Frank Williams, acteur et compositeur, ont pu transmettre leur expertise lors d’une Master-Class précédée de la projection de leur film Le ciel étoilé au-dessus de ma tête. Un concert au bar du cinéma a clôturé cette journée “musique”. Au programme aussi de ce mardi, une carte blanche a été donnée à Luc Lagier après une séance de huit épisodes de son webmag Blow Up en compagnie de Thierry Jousse. Enfin, vous êtes-vous déjà demandé à quoi ressemblait le cinéma hollywoodien avant la censure de 1934 ? Entrevues vous propose une sélection de films rares avant le fameux code Hays avec des interventions d’historiens. Ces rencontres ont pour vocation de replacer chaque œuvre présentée dans un contexte tout en détaillant les subtilités propres à cette période pré-code. Enfin, rendez-vous ce soir 23h à la Poudrière pour un after avec DJ Moket et ses invités. L’équipe de rédaction du Blog
LES CINéS-GOÛTERs d’entrevues junior
14h 2 séances : L’Argent de Poche de François Truffaut (dès 8 ans) et Kiki la Petite Sorcière d’Hayao Miyazaki (dès 5 ans) suivies d’un goûter dans le cinéma Pathé.
Conférence en ENTRée LIBRE
▪ à 18h, Quel avenir pour la V.R. ? Les films en « VR », Réalité Virtuelle, proposent une nouvelle expérience de la perception. Mais « réalité virtuelle », qu’est-ce que ça veut dire exactement ?
AVANT-PREMIère
▪ à 20h30, Madame Hyde suivie d’une rencontre avec le réalisateur Serge Bozon.
COMPétition internationale
12h15 Requiescat In Pace de Fabian Prokein (en sa présence) et The Last Hot Lick de Mahalia Cohen | 17h La Liberté de Guillaume Massart (en sa présence) | 20h Water Folds de Biann Seo (en sa présence) et Three Quarters de Ilian Metev (en sa présence).
les rencontres cinéma & histoire
Un film présenté par un historien pendant une vingtaine de minutes. 14h30 It de Clarence Badger | 17h I’m no Angel de Wesley Ruggles | 20h The Smiling Lieutenant de Ernest Lubitsch.
AFTER ENTREVUES à la POUDRIèRE 1/3 23h #13
2h Doum Doum Club Muesli Mix avec Dj Moket & Guests.
dansons maintenant
jeu. 30 nov à 14h30
De mathilde BUY | france, 2017, 23’
Alors que l'injustice sociale nous choque quotidiennement, combien est jubilatoire le contenu de Dansons maintenant. Qu'y voit-on ? Un couple de jeunes travailleurs écrasés par leur condition, malmenés par les bienpensants, les nantis. Subissant la monotonie des jours tristes ils pressentent l'avenir comme sombre et nébuleux. Au fond ils ne voient rien ! Le personnage central de l'histoire, "la voleuse" qui évoque Marianne, "la Marianne", sera le facteur déclencheur du sursaut libertaire amenant les victimes de cette société cynique à réagir. La nuit on danse, on saute et on fait sursauter. La nuit, elle est à tout le monde, et c'est par elle que tout s'éclaire, tout est possible. On la renverse la vie. Le récit, inspiré d'un fait réel se déroulant dans les années 30, on serait tenté de dire que rien dans les rapports de pouvoir ne change. Plutôt cela empire ! A remarquer l'incursion du film dans le burlesque façon movies de la Keystone (ah, comme les lampadaires nous élèvent !) ou ce clin d’œil au surréalisme de Buñuel dans la scène anthropophage au restaurant. Ce film de jeunes fait plaisir, donne espoir que les générations montantes ne suivront pas les traces de leurs ainés. Qu'en lieu et place de l'idéal de réussite sociale à tout prix d'autres valeurs plus humaines réapparaissent. Que l'égoïsme et le mépris dont font preuve les plus riches et puissants fassent place à l'entraide et au respect. Empreint à la fois de gravité et de fantaisie, de gaieté et d'irrévérence il nous fait adorer cette "voleuse", incarnation souriante de la liberté qui jamais ne s'incline. Richard Prospero
la liberté
Mer. 29 nov à 20h
| sam. 2 déc à 14h30
De guillaume massart | france, 2017, 2h26
La brièveté du titre sonne comme un gong. Des prisonniers sur l’île de Corse, dans la prison ouverte de Casabianda : 1778 km², de terres arables qu’ils cultivent. Pas de barreaux, la mer comme frontière et un panneau qui informe : « fin de limite autorisée » Prison dorée, on entend le chant des cigales, le ciel est bleu. Ils sont nourris, blanchis et suivis
psychologiquement pour ceux qui le souhaitent. Et pourtant ? Le film dure 2h25. On comprend ultérieurement pourquoi, le réalisateur a pris le temps de laisser émerger la parole. 80% des prisonniers sont là pour agression sexuelle sur des mineur.e.s de moins de 15 ans. « Le cadre est beau mais le tableau est pourri » dit l’un d’eux, qui ne veut pas être filmé.
#14
Après ce film on ne pourra plus émettre de jugement à l’emporte-pièce, ne plus employer sans nuance les termes de victime, d’agresseur, de punition, de réinsertion, de suicide, d’amour, de pardon... Tout est et sera dans l’écoute, la prise en considération de vies complexes, souvent éprouvées dès l’enfance. La rhétorique binaire agresseur-victime, n’est pas le propos du réalisateur, pas plus que celui des deux principaux témoins qui ne nient pas avoir fait souffrir ceux ou celles qu’ils aimaient le plus. Ils se reconnaissent monstres dangereux. Mais un long travail d’introspection accompagné par des psychologues, un ou des ami.e.s à l’extérieur, permet de répondre à ces questions : pourquoi ai-je été l’agresseur, qui suis-je aujourd’hui, qui serai-je être quand je
serai libre ? Comment me construire des garde-fous ? D’autres ne s’engagent pas dans une voie de restauration. Pour deux d’entre eux, on entend et comprend, on voit et on sent que la parole se libère, se précise. Le caméraman l’accompagne, sollicite parfois quelques précisions. Le temps pour que cette parole prenne corps est primordial. « L’inceste, c’est un suicide. J’espère ne pas en sortir trop amoché » dit l’un. Il se reprend « qu’elles n’en sortent pas trop amochées.» L’autre veut conjurer le manège de la PEUR qui nous prive de liberté, il croit que la victime et l’agresseur peuvent encore prétendre à une vie épanouie, peuvent envisager le pardon : se pardonner et accorder le pardon. « A 43 ans, j’ai encore des trucs à vivre et à partager ! » Josiane Bataillard
THREE QUARTERS
Mer. 29 nov à 20h
| sam. 2 déc à 12h15
De ILAN METEV | bulgariE-allemagne, 2017, 1h22 Todor, le père, Mila, la jeune adolescente, Niki le garçon rebelle, forment une famille ; la mère est fatiguée, malade, absente en tous les cas. Le père, physicien, vit avec la pensée de la rationalité qu’il enseigne, Mila se concentre sur sa prochaine audition de piano, Niki et Kala son ami déambulent, défient la morosité de l’école, des normes imposées. Niki voudrait inventer un monde à la mesure de l’énergie qui bout en lui. Les plans rapprochés laissent deviner une entrée d’immeuble, une montée d’escalier, un vestibule… La bande son complète : bruit de porte, de souffle, du couteau à légumes qui tranche sur la planche. L’écran est souvent partagé en trois zones, deux dans une demi-obscurité, la troisième dans la lumière, où vient se découper en ombre chinoise un personnage. Un jeu de miroirs ou de vitres permet le surgissement d’un autre, annoncé par son ombre projetée. Todor, Mila et Niki sont dans le frôlement des uns des autres, plus que dans une réelle présence, même si celle-ci est ardemment souhaitée. Lors des leçons de piano, chez une pianiste bienveillante et rassurante, l’image, parcellaire ou économe, suggère l’étroitesse des appartements des Bulgares. Les intellectuels, en 2009 encore, étaient logés petitement. Mais dans ces immeubles de la Bulgarie communiste, des HLM gris et délabrés, on vit et travaille avec une rare persévérance. Et puis il y a comme des apnées, là où la scène s’interrompt, des ellipses narratives qui soudain inquiètent, bouleversent
requiescat in pace
l’accommodement du père et des enfants aux jours qui pèsent trop parfois. En plus du piano de Mila, des dialogues à trois voix, la bande son fait entendre la vie du dehors et des rues ; les enfants les parcourent à pied, le père avec son vieux vélo. Un jour... Traverser les forêts, grimper, vaincre le souffle coupé, dans la lumière des montagnes Rhodopes, retrouver la joie d’être trois. Ils avancent, sur les pas d’Orphée qui ramène Euridyce des Enfers vers le Royaume terrestre. Josiane Bataillard
Mer. 29 nov à 12h15
De fabian prokein | allemagne, 2017, 19’
Une ville la nuit, l’horloge d’une gare, une vieille demeure, un vinyle qui tourne, un train électrique… Dès ces premières images et plans sur des objets, pour certains d’un autre temps, le film de Fabian Prokein annonce la couleur à savoir un certain cinéma fantastique auteuriste aux accents baroque. De fantastique il est question puisque Lukas, seul dans la maison qu’il vient vraisemblablement d’hériter de son père et entouré de nombreux cartons sûrement remplis des objets de toute une vie, se voit extirpé de ses pensées par un bruit assourdissant. Sur le pas de sa porte apparaît une jeune fille, telle la Fille de Nulle Part de Jean-Claude Brisseau, trempée jusqu’aux os et pieds nus avec dans les mains un poisson rouge (nous ne sommes pas très loin non plus, sur le papier en tout cas, du cinéma de Kyoshi Kurosawa). La recueillant, Lukas va commencer à se confier à cette « fille de nulle part » qui ne dit mot (si ce n’est son prénom Laila). Sur son père qu’il n’affectionnait pas plus que ça et inversement, sur ses affaires dont il pense à se débarrasser ainsi que sur ses amours perdus… La thématique de la transmission imprègne totalement ce courtmétrage. Doit-on culpabiliser de faire table rase du passé ? Les meubles et les objets sont ici comme des spectres questionnant les scrupules à se séparer des choses, de « collections » #15
témoignant de toute une vie de passions et d’archivage. On pourrait presque se demander si Lukas ne fantasme pas cette intrigante interlocutrice, si le visage de Laila ne serait pas celui de Seline (à qui le film est dédié), la fille dont Lukas était amoureux. D’ailleurs, Lukas ne serait-il pas le double fictionnel du réalisateur ? Notre « fille de nulle part » semble permettre à Lukas d’y voir plus clair quant à cet héritage familial qui ne va pas se limiter qu’à du foncier et des objets matériels mais va se transformer en cadeau empoisonné, en lien filial maudit quand la vérité sur un fait-divers local va se révéler à lui ; le tragique de la situation étant parfaitement orchestrée par la musique de Gustav Mahler. RIP Jérôme Baverey
presse
© Florent Wong - Urban Sketchers
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l’ours
LE BLOG DU FESTIVAL : http://fonderie-infocom.net/entrevues/ DIRECTION DE LA RÉDACTION : Elsa Lançon avec la collaboration d’Anna Tarassachvili MISE EN PAGE : Thierry Cuenat TIRAGE : 500 exemplaires IMPRESSION : Atelier de Reprographie du Grand Belfort Communauté d’agglomération #16
édito Réalité pas si virtuelle À quoi sert la réalité virtuelle ? La catégorie “Un certain genre” tente de nous donner des éléments de réflexion et d’anticipation sur son utilisation actuelle et à venir au travers d’une sélection de films abordant ces enjeux. Dans ces films, les personnages sont partagés entre leur attachement à leur réalité physique et une volonté de laisser libre court à leurs émotions, peu importe si elles sont réelles ou virtuelles.
Mercredi étant le jour des enfants, c’est en toute logique qu’Entrevues Junior était sur le devant de la scène avec deux cinésgoûters et des salles pleines. Ce mercredi a été marqué par l’arrivée du jury pour le prix Eurocks One+One et de leur marraine, Jeanne Added. À ne pas manquer aujourd’hui, trois nouveaux épisodes de France/Tour/ Détour/Deux Enfants de Jean-Luc Godard projetés à 18h ainsi qu’une séance spéciale sur le thème des courts-métrages locaux à la même heure.
Jeanne Added, auteure, compositrice et interprète, accompagnée des 5 jeunes membres du jury, décerneront le Prix Eurocks ONE + ONE à un film de la compétition internationale, pour son esprit musical libre et novateur. © Vincent COURTOIS
les Temps forts
La thématique aborde également l’aspect technique de la réalité virtuelle. Si celle-ci représente un grand enjeu dans les secteurs militaires et médicaux par exemple, cette nouvelle technologie impacte également le cinéma. À l’image de la 3D, la VR (Virtual Reality) est une nouvelle manière d’appréhender l’image qui intéresse beaucoup les jeunes réalisateurs. Entrevues vous permet de vivre cette expérience et de vous forger votre propre avis en visitant le stand VR dans le hall du cinéma.
Chris Marker : Carte blanche à la cinémathèquE
▪ à 14h, Samantha Leroy de la Cinémathèque Française présente : l’Héritage de la Chouette : épisodes 1,2,3
un certain genre : réalités virtuelles
▪ à 14h, L’Héritage de la Chouette de et présenté par Nicolas Rey.
AVANT-PREMIères
▪ à 18h, La Nuit où j’ai nagé de Damien Manivel, suivie d’une rencontre avec William Laboury, monteur. ▪ à 20h30, Jusqu’à la Garde de Xavier Legrand suivie d’une rencontre avec Alexandre Gavras, producteur.
COMPétition internationale
12h15 She’s Beyond me de Toru Takano (en sa présence) et Casa Roshell de Camila José Donoso | 14h30 Dansons Maintenant de Mathilde Buy (en sa présence) et Autumn Autumn de Woojin Jang | 17h Le Jour d’Appel de Antonin Ivanizé (en sa présence), Le Passant Intégral de Eric Harold et Playing Men de Matjaz Ivanisin (en sa présence) | 20h Déter de Vincent Weber et Niñato de Adrian Orr (en sa présence) | 20h30 Cornélius, le Meunier Hurlant de Yann Le Quellec (en sa présence).
L’équipe de rédaction du Blog
AFTER ENTREVUES à la POUDRIèRE 2/3 23h #17
2h Mighty Worm Rockin Djs Team.
cornélius, le meunier hurlant
jeu. 30 nov à 20h30
De Yann LE QUELLEC | france, 2017, 1h42
L'atmosphère de conte est créée dès les premières images, revisitant le mythe d'Adam. Un homme vêtu comme un travailleur du XIX° siècle, sorte de Compagnon faisant son tour de France, s'extirpe d'une plage de sable, comme les crabes qui l'ont précédé à l'écran. Ce film est une sorte de mosaïque. On y trouve la littérature : Cornélius évoque le nom du malheureux meunier Maître Cornille, d'Alphonse Daudet, et, à la fin du générique, celui des Films du Moulin
rappelle les Lettres de mon moulin. On y trouve féerie et réalisme : le moulin est construit en un temps record par un homme seul, son fonctionnement est une prouesse, mais se plie aux exigences de la technique. Les époques se chevauchent joyeusement : l'architecture de bois a une touche écologique, les machines sont ancestrales, l'aspect du village est médiéval, les vêtements des habitants mêlent les XIX°, XX° et XXI° siècles, et les musiques sont tout aussi variées. Toute cette fantaisie illustre une problématique éternelle, celle du rejet de l'autre, et des différences jugées inacceptables. Les qualités de Cornélius : force physique hors du commun, intelligence pratique, ponctualité, sens de la justice, ajoutées
niÑato
au service indéniable qu'il rend à la collectivité en fournissant une farine excellente, ne pèsent pas face à son handicap. Victime de crises d'épilepsie accompagnées de hurlements, le meunier entraîne la panique au village, bientôt suivie d'un projet d'exclusion, manu militari au besoin. L'aide de Carmen, la fille du maire, improbable conseillère agricole un peu magicienne, séduite par ce taiseux original, ainsi que celle d'un médecin lucide, pessimiste et résigné, plutôt hors normes lui-même (Denis Lavant campe une sorte de Céline, médecin des marginaux , porté sur la bouteille) sera-t-elle suffisante ? C'est un film original, tourné dans les paysages magnifiques du cirque de Navacelle, en Occitanie. Le premier long métrage de Yann Le Quellec touche à un problème essentiel à la survie de l'humanité, l'acceptation des différences. Marie-Antoinette Vacelet Nicole Labonne
jeu. 30 nov à 20h
De adrián Orr | espagne, 2017, 1h12 quant ils feintent pour ne pas aller à l’école ; et sa passion pour le rap où on le voit donner un concert, composer, enregistrer en studio, et gérer sa petite entreprise hip-hop DIY (Do It Yourself). Les deux univers ne semblent jamais empiéter l’un sur l’autre et pourtant certains murs de l’appartement exigu qu’il occupe avec sa famille sont remplis de tags et de graffitis. Même les enfants, surtout Oro le plus petit avec qui Niñato a le plus de complicité, essaient d’imiter leur papa en écrivant des paroles et en jouant de la musique avec leurs jouets. C’est avec Oro d’ailleurs que Niñato semble avoir le plus d’affection, Oro qui semble être quelque fois un enfant difficile et qui a le plus besoin de son père, sa grande sœur ayant déjà passé l’épreuve de la responsabilisation. Parabole juste et émouvante sur le passage à l’âge adulte, sur la façon de concilier sa vie de famille, ses passions et même ses amours, Niñato dresse le portrait d’un homme qui gère tout cela avec droiture, passion, amour et dignité. A l’image des deux derniers plans magnifiques : Oro traversant la route pour aller à l’école, comparable au premier plan du film, où son père la traverse également… et le dernier regard de Niñato digne et modeste, exprimant toute la détermination et l’amour qu’il porte respectivement à ses projets et à sa famille, malgré les aléas d’une vie… ordinaire !
Ou la chronique d’une vie ordinaire pourrait-on rajouter ! Dès le début, on suit caméra à l’épaule Niñato (gamin en espagnol), jeune père célibataire et sans emploi, passionné de rap et élevant ses deux enfants, chez sa mère avec sa famille. La caméra d’Adrian Orr suit souvent les protagonistes de dos pour nous plonger en totale immersion dans leur vie, le film oscillant constamment entre le documentaire et la fiction. Niñato essaie de concilier les deux univers dans lesquels il gravite, sa vie familiale d’une part où on le voit rentrer chez lui, se faire à manger, s’occuper de ses enfants, et essayer de les responsabiliser
Jérôme Baverey #18
playing men
jeu. 30 nov à 17h
De matjaz ivanisin | slovénie-croatie, 2017, 1h Ce documentaire réalisé par Matjaž Ivanišin nous présente, tout au long de sa première partie, un guide de jeux archaïques des pays de l’Europe méridionale. De la lutte au lancer de pierres en passant par les courses de fromages italiens ; un portrait de ces pratiques nous est donné via les images d’archives et interviews de locaux. En présentant plusieurs cadres, tant sociologiques que géographiques, le réalisateur nous embarque dans une rétrospective de ces mœurs visiblement populaires. L’absence quasi totale de la gent féminine inscrit l’œuvre dans une certaine vision masculine assumée des jeux présentés. Ce florilège de découvertes met en exergue le partage, l’apprentissage, le rire mais aussi la violence, jamais reniée. Dans la seconde partie, nous suivons le réalisateur en panne d’inspiration. Cette partie se vivra de manière plus imprévisible et loufoque, mêlant jeux sexuels et solitude, laissant le spectateur surpris par cette tournure opéré suite au franchissement du 4e mur. La progression dans la pensée du réalisateur semble atteindre son paroxysme avec la rencontre d’un homme qui enfilera le costume de John Wayne jouant dans Rio Bravo (1959) un personnage sage et altruiste. L’histoire vraie contée par ce dernier semble alors étrangement faire écho à la vie de Matjaž Ivanišin.
Benjamin Lagoutte et Ludovic Rubino
she’s beyond me
jeu. 30 nov à 12h15
De toru takano | japon, 2017, 42’
She’s Beyond Me de Toru Takano raconte l’histoire de Kazuki, un jeune auteur éclectique qui passe ses vacances sur son île natale. Des voyageuses, Reiko et Yuka, venues de la ville, rencontrent Kazuki et entremêlent leurs destins avec le sien, amorçant un jeu de romances et séductions qui s’oppose à un souvenir douloureux. Mais est-ce réellement un souvenir ? Le héros fait de l’amour sa quête, sa priorité au dépend d’une réflexion pragmatique. Il se laisse bien souvent submerger par les événements qu’ils soient passés ou actuels. Kazuki, l’auteur, est donc plus lecteur que rédacteur de sa propre vie. Il y a justement plusieurs scènes qui abordent la position de l’auteur. Kazuki raconte son expérience : il apprend en écrivant, se nourrit de ses créations et grandit avec elles. Un autre parallèle dressé entre le film et l’ouvrage est présenté par la multitude de plans-séquences faisant presque office de chapitres. Takano semble nous proposer un message, une réflexion sur sa propre position de scénariste comme si, via Kazuki, le réalisateur opposait son passé à son présent ou ses écrits à la réalité. L’un des atouts de ce film réside également dans l’ambiguïté de la mise en scène des personnages. En effet la même actrice joue deux rôles principaux, le spectateur met ainsi un certain temps à comprendre ce jeu d’opposition entre les personnages car cette dualité est omniprésente, tant dans le jeu que dans le montage. Les personnages de Reiko, la voyageuse, et celui de Chihiro, l’ex de Kazuki, ont énormément de ressemblances qui sont trompeuses pour le #19
spectateur. De plus, tout comme l’a été sa relation avec Chihiro, celle entretenue avec Reiko est en constant déclin où chaque avancée est suivie d’un recul plus important. Le protagoniste adolescent timide et na¨f ne sait pas comment s’y prendre avec les femmes, causant de nombreux quiproquos... La dernière scène révèle le titre du film et invite le spectateur à construire sa propre interprétation du récit. Fiction ou souvenir de vacances ?
Chloé Galzi
le jour d’appel
jeu. 30 nov à 17h
De antonin ivanidzé | suisse, 2017, 35’ Antonin Ivanidzé qui avait reçu en 2016 une mention spéciale à Entrevues pour Le réel parle pour nous, poursuit son exploration de thèmes contemporains et universels comme la politique et la religion. Avec Le jour d’appel, titre polysémique (contexte militaire et religieux), le spectateur sait dès le début du film qu’il sera amené à réfléchir en décortiquant avec attention le récit proposé. Le cinéma d’Antonin Ivanidzé peut être envisagé comme un puzzle en apparence désordonné, dont il faudrait agencer mentalement les divers morceaux révélateurs de sens. Le film met en scène deux protagonistes. Lors d’une journée d’appel de préparation à la défense, Lucas, un jeune ouvrier agricole, rencontre un camarade conscrit fasciné par l'œuvre de Charles Péguy, et qui écoute des extraits de Notre jeunesse (1910). Leur promenade aux abords de la caserne de La Valbonne (Ain) les conduit dans plusieurs endroits où la parole politique visible alterne avec des édifices religieux (Grottes de La Balme et ses deux chapelles, point de vue avec une statue de Vierge surplombant la centrale nucléaire du Bugey). Une scène est révélatrice des audaces de ce jeune réalisateur, qui en surimprimant images et discours, permet à son cinéma parfois conceptuel d’acquérir une étonnante lisibilité. Ainsi, la phrase « Et ce mystère prêt à éclater en banalités » est placée fort à propos, en face des quatre réacteurs nucléaires filmés en plongée. Péguy écrivait, « S’il fallait renoncer à toutes les valeurs de l’homme et du monde à mesure que les politiciens s’en emparent et entreprennent de les exploiter, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus rien. » (1) Ivanidzé ne renonce à rien, surtout pas à la complexité ou à la quête spirituelle, gages d’une présence au monde lucide et critique. 1 : Note conjointe, 1er août 1914 Fabien Vélasquez
Dans la salle, parents-enfants, enfants-parents © Florent Wong - Urban Sketchers
File d’attente et salle complète © Florent Wong Urban Sketchers
© Julie Masson - Urban Sketchers
l’ours
LE BLOG DU FESTIVAL : http://fonderie-infocom.net/entrevues/ DIRECTION DE LA RÉDACTION : Elsa Lançon MISE EN PAGE : Thierry Cuenat TIRAGE : 500 exemplaires IMPRESSION : Atelier de Reprographie du Grand Belfort Communauté d’agglomération #20
édito
En haut, Claire Liborio, du haut de sa cabine de projection, les yeux rivés sur sa bobine de 35mm. En bas, les Afters à la Poudrière. Dernière séquence ce vendredi, de 23h à 3h avec Pop Corn Party Djs Team. © Vincent COURTOIS
les Temps forts
Cinéma, oui, mais pas que ! Si Entrevues est tout d’abord un festival cinématographique, c’est également un lieu de rencontres avec pléthore de profils divers et variés. Des professionnels du cinéma aux néophytes curieux en passant par le staff du festival, nombreuses sont les possibilités d’échange au cours des différents événements organisés. Nous en avons déjà présenté quelques-uns comme les Fabbrica avec Saïd Ben Saïd ou encore les débats post-projection des films de la compétition, mais le festival ne se limite pas aux portes du cinéma Pathé de Belfort. En effet, depuis mercredi, la Poudrière vous accueille à partir de 23h pour un after en compagnie d’invités, sur présentation d’un pass ou d’un ticket de cinéma de la journée. Ne ratez surtout pas la dernière de ces formidables soirées, même lieu, même heure, animée par Pop Corn Party DJs Team jusqu’à 3 heures ! La journée d’hier a été rythmée par la “Transversale” en commençant par une conférence de Samantha Leroy de la Cinémathèque française. S’en est suivie une sélection de courts-métrages introduits par Victor Bournieras, la suite de la série de JeanLuc Godard pour finir sur le film La Ligne d’ombre de Georges Franju. Dans un autre registre, les “Premières épreuves” nous ont donné la chance de découvrir trois films de Chaplin et “Un certain genre” a été source de réflexion et de rêves avec Her de Spike Jonze. Deux séances spéciales en avant-première ont également été proposées : La nuit où j’ai nagé de Damien Manivel et Jusqu’à la garde de Xavier Legrand. Ces deux longs-métrages ont chacun été suivis d’une rencontre avec un collaborateur du film présenté. Les incontournables du jour sont la projection de cinq “Lettre d’un Cinéaste”, issues d’archives d’Antenne 2 ainsi que de Mes 17 ans de Philippe Faucon dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre le SIDA. L’équipe de rédaction du Blog
AVANT-PREMIères
▪ à 20h30, Les Destinées d’Asher de Matan Yair, coup de coeur de l’Acid. ▪ à 20h30, Beau temps mais orageux en fin de journée de Gérard Froz-Coutaz.
COMPétition internationale
12h15 Milla de Valérie Massadian | 14h30 Rouge Amoureuse de L. Garcia (en sa présence) et Corpo Elétrico de Marcelo Caetano | 17h London Calling de R. Botiveau et H. Baillot (en leur présence) et I am Truly a drop of sun on Earth de Elene Naveriani (en sa présence) | 20h Ionas Dreams of rain de Dragos Hanciu et Arábia de J. Dumans et A. Uchoa (en sa présence).
AFTER ENTREVUES à la POUDRIèRE 3/3 23h #21
3h Pop Corn Party Djs Team.
arÁbia
ven. 1er déc à 20h
De joÃo Dumans et Affonso Uchôa | brasil, 2017, 1h36
André serpente à vélo sur une route verdoyante, un long plan séquence d’ouverture où s’égrène le générique. Le film prendra son temps, celui de ces êtres en expectative. La caméra caresse leurs visages, saisit leurs mains ou leurs pieds, souvent dans la douceur d’un clair-obscur, capte leurs confidences comme leurs silences. Des parties de corps comme si ces êtres étaient fragmentés, éclatés. Contrairement à l’usine d’aluminium, monumental organisme qui, jour et nuit,
dégorge fumées, bruits et lumière, jusqu’à cette poussière que le doigt d’André cueille sur l’appui de la fenêtre qu’il ouvre chaque matin. L’usine qui domine ville et nature, s’impose comme un reproche à tous ces gens qui restent là juste à fumer une cigarette, quelquefois musiquer. Une usine ogre qui mange ses hommes même jeunes comme Cristiano tombé au front de la productivité. Marcia lui prodigue les premiers soins et envoie André, son neveu, chercher quelques vêtements. Sur la table, celui-ci trouve un cahier : le journal de sa vie que rédigeait Cristiano. S’ouvre un récit en abîme (le titre est incrusté là) alternant rencontres et ellipses où temps et espace se creusent. Avec ces Frères Humains rencontrés sur des plantations, des chantiers, c’est la vie qui se construit,
rouge amoureuse
palpite. Naissent aussi des opportunités de travail, car tous partagent cette nécessité de survivre. Un « Meet movie » ! Ce sera Luizinho. Cascão, en prison après un vol pour échapper à sa cité. Puis Barreto, Renan. Plus tard Nato. Antônio Carlos avant l’amour trop bref avec Ana. À nouveau Cascão à Ouro Preto où vivent Márcia et André. Chaque épisode est rythmé par une balade en bande-son ou en live qui lui donne sa couleur, gaie ou mélancolique. La lutte est omniprésente, mais sourde, innervant les conversations : l’épopée d’un proche dont le combat, la tâche ont englouti la vie. Une seule fois, Cristiano ira à l’affrontement, verbal, pour réclamer son salaire impayé depuis des mois. Son patron aussi se posera en victime, durement. Lui relaye la malédiction, celle d’un monde partiel où il y a du sable en quantité, mais pas de ciment pour construire comme dans l’anecdote de l’Arabe raconté par Nato qui donne son titre au film. Luc Maechel
ven. 1er déc à 14h30
De l. garcia | france, 2017, 23’
« Pour prendre part à ton plaisir | Je me colore de douleur... ». Paul Éluard ouvre le film, la pleine lune ouvre le bal d’un sabbat glam rock, où Titania et Obéron se confondent. Maquillage de suie et de sang, strass et travestissement dissimulent moins qu’ils n’affichent les sentiments les plus désespérés, les désirs les plus violents, les souffrances les plus exquises. Surréalisme et romantisme noir, les rues de Dole prennent les airs et les couleurs baroques de la Venise d’Edgar Poe, nocturne et sauvage théâtre d’ombres et d’épouvante. Tous les chats, tous les démons sont noirs comme charbon, leurs cris d’extase et d’ardeur rougeoient comme tison, et l’aiguille d’un talon scintille et s’aiguise comme une lame de stylet. La nuit protège tous les crimes, et l’aube complice les couvre de pétales et de brume jusqu’à en effacer les traces. Au point du jour les pigeons roucoulent mollement, à petits pas comptés la grisaille du quotidien reprend ses droits. Mais « que l’Aurore tarde à paraître, que le calme est difficile » chante le berger Titon de l’opéra de Mondonville. Entre cauchemars colorés et terne réalité, le chemin de la liberté semble aussi ténu qu’une sente entre les ronciers. À pas de fée, d’escarpins chaussé(e)... et s’il fallait se dénuer de tout pour s’y faufiler ? Christophe Ottello #22
I am truly a drop of sun on earth
ven. 1er déc à 17h
De elene naveriani | suisse, 2017, 1h01 Par Inès Kieffer
Au commencement, il y a la nuit, les corps et le silence, le temps d’une partie de football sous la pluie — contrastant étrangement avec le titre, évocateur de lumière et de soleil. Et puis il y a April, prostituée taiseuse, dont le visage évoque celui d’une statue, et Dije, un Nigérien fasciné par les EtatsUnis, à tel point qu’il tente de les recréer à Tbilissi — en Géorgie, où il a atterri par hasard — le temps d’une scène, où il essaie de se confronter à cette ville hostile, semblable à un désert urbain. Les personnages sont limités dans leurs déplacements, que ce soit par la faute de leur précarité ou de leur passivité. Ils marchent souvent, comme pour éprouver ces fameuses limites, qui sont à la fois celles de la ville et de leurs corps. Seules les quelques discussions entre les prostituées brisent ce silence omniprésent, et le ponctuent de pauses bavardes, rythmées par des conversations désabusées. Et puis April marche encore, ses talons hauts frappent le bitume, elle traverse cette ville et la regarde sans la voir. Dije la rejoint parfois, et c’est là l’union de deux solitudes, le temps d’une scène ou d’une nuit. Le noir
et blanc donne un aspect à la fois fantomatique et lumineux au film, et le soleil mentionné dans le titre se retrouve dans le visage d’albâtre d’April, les cheveux blonds de l’une de ses amies, la peau et le regard brillant de Dije. Le film explore également, durant environ une heure, en s’appuyant sur l’exemple de la Géorgie, les nombreuses discriminations que l’on peut trouver dans la société occidentale, même si l’on sait pertinemment qu’elles sont universelles. La réalisatrice s’attarde beaucoup à montrer la peur et le rejet d’autrui, avec le cas du racisme et de la prostitution. Rappelons également qu’au début du générique de fin, on apprend que le film est dédicacé à la mémoire de deux personnes, dont Bianka Shigurova (1994 – 2016), une jeune femme activiste transgenre, décédée en février 2016, de causes inconnues et suspectes. Le spectateur est libre de faire le lien avec ce qu’il vient de voir ou non — Elena Naveriani n’impose jamais un point de vue unique et laisse une grande place à la supposition.
Par Guillaume Riether L’été dernier, j’étais en Géorgie : était-ce aux USA, me demanderez-vous, ou dans le pays du même nom, entre la Turquie et la Russie ? En regardant ce film, en écrivant ces lignes, je me revois là-bas, avec ces hommes, Noirs, pauvres et désoeuvrés, qui sous des trombes d'eau ne savent où s’abriter, attendant que d'autres malheurs ne s’abattent sur eux. Nous sommes loin de l’Amérique : nous sommes à Tbilissi. Dije, un grand jeune homme, vit maintenant ici, mais il avait d’autres projets en quittant le Nigéria : son rêve s’est écrasé dans ce pays, d’où beaucoup voudraient émigrer. Il se figure être à New York, s'imagine que la Statue de la Liberté flotte sur la ville :
certes, une lumière viendra éclairer ses pas en la personne d'April, une femme très belle, plus âgée que lui… mais estelle bien différente de lui ? Les deux sont à la merci des hommes, lui au marché, quand il travaille et se fait exploiter ; elle, avec ses yeux en amande et son visage de déesse grecque. Elle le regarde comme son homme, craint qu'on apprenne qu’ils sont amants, puis elle le présente comme son client… mais comprend-il assez bien la langue pour entendre tout cela ? Leurs yeux disent ce qu’ils voudraient taire, et des scènes coupées entretiennent le mystère… Oui, une flamme est née : de quoi les rapprocher l’un de l’autre, ou les éloigner…
#23
Il y a entre eux trop de tabous : ils sont audelà des mots, par-delà le bien et le mal. Qu'est-ce dès lors qu'aimer et espérer, qu'est-ce que tromper et pardonner ? Il est Noir, elle est Géorgienne, et la pellicule se déroule en noir & blanc dans ce film tendre, au rythme lent, et haut en couleur. Je ne sais quel péril est le plus grand, en Géorgie : être un Noir, ou être une femme. Quoiqu’il en soit, April n’est pas la plus à plaindre par ici : bien des femmes, à Tbilissi, ne verront pas la fin du film. Elles seront coupées. Au montage. Elles. Ne verront pas leur nom s'inscrire au générique. Dans cette ville, comme ailleurs, les hommes se chargent de la mise en scène...
london calling
ven. 1er déc à 17h
De raphaël botiveau et Hélène Baillot | france, 2017, 14’ une superproduction. Des uniformes d’époque, mais des accessoires modernes. Une tente « Don Quichotte » remplace l’ambulance, un smartphone la radio.
Juin 1940. L’avance foudroyante des Allemands enferme des milliers de soldats alliés dans la poche de Dunkerque. Quelques Français errent sur ce front de mer chaotique cherchant un moyen d’atteindre l’Angleterre. La tentation était séduisante : trois vrais migrants de la Jungle de Calais
endossent ces rôles de Français bien de chez nous – Belmondo, Marielle et Périer dans Week-end à Zuydcoote (Verneuil, 1964) – et jouent une variation de ce thème. La mise à distance est narquoise et assumée : c’est un film du Fresnoy, pas
Les migrants s’invitent en surimpression dans les images de débâcle : des écrans de smartphone glissant sur les champs de bataille au rythme d’une musique inspirée de Maurice Jarre. Les dialogues reprennent des répliques du film colorées par ces accents venus d’ailleurs et les communiqués annoncent la progression de la Wehrmacht comme l’imminente chute d’Alep. Eux préfèrent la musique, celle de chez eux : temps de suspension dans cette attente qui noue leur quotidien. La scène du tri « Anglais à droite, Français à gauche » traverse le temps avec la brutalité du jugement dernier qui envoie vers le paradis ou l’enfer… Luc Maechel
© Julie Masson - Urban Sketchers
© Florent Wong - Urban Sketchers
l’ours
LE BLOG DU FESTIVAL : http://fonderie-infocom.net/entrevues/ DIRECTION DE LA RÉDACTION : Elsa Lançon MISE EN PAGE : Thierry Cuenat TIRAGE : 500 exemplaires IMPRESSION : Atelier de Reprographie du Grand Belfort Communauté d’agglomération #24
édito
L’équipe de rédaction du Blog
Le plus grand comique de tous les temps vous attend ce samedi 2 décembre pour 2 séances de Ciné-concert The Kid, par l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, sur la partition originale de Charlie Chaplin. © Vincent COURTOIS
les Temps forts
Du grand écran au petit Suite à l’affaiblissement de la production cinématographique post-nouvelle vague, la télévision a constitué un refuge majeur pour de nombreux cinéastes des années 70. “Producteur” à part entière, la télévision a mis sur le devant de la scène de véritables chefs-d’œuvre. Lors de son interview (à visionner sur le Blog d’Entrevues), Luc Lagier nous confiait être « un enfant de la télévision » ayant découvert le cinéma « par la télévision ». C’est donc en toute logique que cette 32e édition d’Entrevues a souhaité lever le voile sur «L’histoire secrète du cinéma à la télévision française ». À travers cette catégorie, les festivaliers ont eu l’occasion de découvrir de nombreux films. Hier, sept séances étaient consacrées à cette thématique. C’était l’occasion de découvrir Le Père de Claude Chabrol, un téléfilm “immanquable” selon notre cinéphile de Blow Up. La journée d’hier a débuté par le film Milla de Valérie Massadian, suivie d’une séance du célèbre Chaplin Le dictateur, qui sera également diffusé ce dimanche. C’était également l’occasion de découvrir deux avant-premières : Les destinées d’Asher de Matan Yair, coup de cœur de l’acid, ainsi que le film Beau temps mais orageux en fin de journée de Gérard Frot-Coutaz, présenté par Gaël Teicher. Nous vous invitons aussi à participer aux deux dernières rencontres du festival : tout d’abord Bertrand Mandico avec son film Les garçons sauvages, puis Emmanuel Gras, réalisateur du film Makala (avantpremière), qui sera présent pour débattre autour de son œuvre. Le moment phare reste sans aucun doute la soirée de clôture. Suite à la remise des prix, le festival aura la chance d’accueillir l’orchestre Victor Hugo de Franche-Comté afin de jouer la bandeson du film Le Kid de Chaplin en direct. On espère vous y voir nombreux !
2 séances de the kid de chaplin en ciné-concerts !
▪ à 16h, avec l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté. ▪ à 20h, avec l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, après la remise des prix lors de la soirée de clôture.
COMPétition internationale
14h30 Les Garçons Sauvages de Bertrand Mandico (en sa présence) | 14h30 La Liberté de Guillaume Massart.
AVANT-première 17h
Makala d’Emmanuel Gras (en sa présence).
sOIrée de clôture du festival
20h Remise des prix suivie du Ciné-concert Le Kid de Charles Chaplin, par l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté. #25
les garçons sauvages
ven. 1er déc à 17h
De bertrand mandico | france, 2017, 1h51
N’ayez pas peur des pauvres, des classes laborieuses. Aujourd’hui, le danger vient d’ailleurs. Il porte des masques. Celui des bonnes convenances. Et d’autres, également, arborant de grands sourires. Un démon arrive chez les cols blancs : il s’appelle “Trévor”. Ces garçons cultivés, enfants de bonnes familles, c’est à la ville et à l’école qu’ils sont le plus barbares. Shakespeare en a fait des monstres, les belles lettres leur ont retourné la tête, et ôté le cœur. Quelle punition pour les crimes de ces enfants bourgeois ? Il leur faudra partir, pour un moment : pour deux mois, leur a-t-on dit... Ils ont mutilé des corps : il leur faudra s’exiler, couper les ponts, et être attaché sur un bateau. Nous sommes dans le brouillard, avant même de monter à bord, et une fois en mer, accrochez-vous bien aux chaînes ! Les garçons, portés par les vagues, sont à la dérive, et le capitaine les emmène vers l’île aux plaisirs… Là-bas attend Séverine, mais appelez-là “docteur Séverin”. Si leurs crimes étaient barbares, leurs vices abyssaux, le remède pourrait bien être pire que le mal. Ils se surprennent, découvrent de nouvelles pratiques… Tout se confond, et dans un curieux mélange des genres, l’affreux Trévor se transforme. Le groupe pourrait bien se séparer, et l’on ne sait plus qui mène la danse… d’ailleurs, où est donc passé le capitaine ? Ce film, qui contient des scènes de cruauté, de barbarie, de viol, se déroule pourtant avec un rythme lent, dans des paysages luxuriants, et sur une musique douce. L’horreur devient banale,
la responsabilité se dilue dans le groupe : elles impreignent la pellicule, et viennent toucher l’oeil du spectateur. Film dérangeant, choquant, mais pas glauque pour autant. Ces Garçons sauvages, c’est une orange mécanique en noir & blanc, un fruit vénéneux tombé d’un arbre aguichant. Des scènes en couleurs, visions oniriques et surprenantes, s’ajoutent à la longue hallucination : difficile de savoir combien de couches de rêves se superposent alors au délire… mais qu’importe, car le réel n’a déjà plus cours sur l’île !
water Folds
Guillaume Riether
sam. 2 déc à 12h15
De biann seo | corée du sud, 2017, 17’
Water folds, les plis de la mer, ne sont pas juste les vagues. Ce sont les rides des femmes de l’île de Jeju, en Corée du sud, qui depuis toujours plongent en apnée, hiver comme été, pour récolter des fruits de mer et gagner leur vie. Elles ont pour la plupart entre soixante et quatre-vingts ans, pataudes sur terre, engoncées dans des combinaisons usagées comme elles, mais retrouvant une fluidité gracieuse dans l’eau. L’image prend alors des couleurs oniriques, soutenue par un fond sonore lancinant. Le décor noir et
blanc de roches volcaniques luisantes, de vagues grises, de lames éclatantes, s’efface au retour, happé par un soleil blanc qui essore les dernières gouttelettes. Biann Seo filme le quotidien des plongeuses de l’île. Habillage, ceinture, palmes, filet à la taille, outils en main pour extraire des rochers, poulpes et oursins. Plongées répétées, entre dix et vingt mètres chaque fois, à la limite du danger. Et la joie du filet rempli de crustacés au retour, vendus sur le champ, transformés en argent frais. #26
Elles sont fières et joyeuses, les commères de Jeju, car elles ont un job qui nourrit leur famille. Elles chantent avant de plonger, rient et caquettent entre elles. La mer, elles la connaissent depuis si longtemps, depuis le temps où, petites, elles plongeaient en sous-vêtements, bien avant d’adopter la combinaison : « Elle est comme nous, la mer, elle peut être calme, ou nerveuse, elle crie ou elle chante... ». Une solidarité féminine, en somme. Nicole Cordier
merci aux rédacteurs et aux illustrateurs! Une partie de l’équipe des rédacteurs par Arnaud heidet - Urban Sketchers
Luc Maechel
Catherine Marle-Guyon
Marie-Antoinette Vacelet
Josiane Bataillard
Sylvie Courroy Thibaut Martin
Richard Prospero
Inès Kieffer
© Florent Wong - Urban Sketchers #27
presse
l’ours
LE BLOG DU FESTIVAL : http://fonderie-infocom.net/entrevues/ DIRECTION DE LA RÉDACTION : Elsa Lançon MISE EN PAGE : Thierry Cuenat TIRAGE : 500 exemplaires IMPRESSION : Atelier de Reprographie du Grand Belfort Communauté d’agglomération #28
le Journal du festival Direction de la rédaction Photos Rédacteurs
Illustrations
Mise en page Impression
Elsa LANÇON Vincent COURTOIS Josiane BATAILLARD Jérôme BAVEREY Nicole CORDIER Sylvie COURROY Marion CUENOT Chloé GALZI Inès KIEFFER Nicole LABONNE Benjamin LAGOUTTE Thibaud MARTIN Luc MAECHEL Catherine MARLE GUYON Michelle MEGY Christophe OTTELO Richard PROSPERO Guillaume RIETHER Ludovic ROBINO Marie-Antoinette VACELET Fabien VÉLASQUEZ Laura ZORNITTA Urban Sketchers : Arnaud HEIDET Myriam HURÉ Julie MASSON Florent WONG Thierry CUENAT Atelier de Reprographie du Grand Belfort Françoise BOLL - François DUJIN
le Blog du Festival http://fonderie-infocom.net/entrevues/ Les étudiants de l’UAH - Dpt Info Com
Marion Cuenot Chloé Galzi Jérôme Ketterer Benjamin Lagoutte Ludovic Rubino