La collection Une fenêtre ouverte sur la campagne : jardin, champignons, animaux, nature, cuisine… L’essentiel à connaître sur chaque sujet.
UNE RUCHE AU JARDIN
la vie en vert
Des auteurs spécialistes qui proposent tous un vrai savoir-faire.
UNE RUCHE AU JARDIN
Plaisirs et contraintes Le monde des abeilles Installer une ruche
Henri Clément
Au fil des saisons
Des conseils personnalisés fondés sur le bon sens et l’expérience.
Les produits de la ruche
UNE RUCHE AU JARDIN Installer quelques ruches au fond du jardin pour produire son propre miel et découvrir le monde fascinant des abeilles, cela est à la portée de tous grâce à ce livre. Vous trouverez toutes les indications nécessaires pour installer et prendre soin du rucher au fil des saisons, récolter, conditionner et conserver votre miel… Tout ce qu’il faut savoir pour réussir un petit rucher.
7,50 € TTC
la vie en vert
Henri Clément est apiculteur professionnel. Il a rédigé plusieurs ouvrages aux Éditions Rustica et dirigé le Traité Rustica de l’apiculture qui a reçu la médaille d’or Apimondia 2003.
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Rustica Éditions une marque de Fleurus Éditions www.fleuruseditions.com www.rustica.fr
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Rosier botanique : rosier sauvage que l’on trouve dans la nature ou hybride issu du croisement direct de deux espèces botaniques.
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SOMMAIRE Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Plaisirs et contraintes 9 Les bienfaits de l’apiculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 La pollinisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 La législation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Les précautions à prendre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Le monde des abeilles 19 La colonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 La biologie de l’abeille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 La reine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Les faux bourdons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Les ouvrières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Les cycles de la colonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 La santé des abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Installer une ruche
35 La ruche et son budget . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 L’emplacement du rucher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Acheter des abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 Installer ses abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Au fil des saisons
47 Savoir visiter une colonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Au printemps : développer la colonie . . . . . . . . . . . . . . 50 En été : pratiquer la récolte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 En automne : préparer l’hivernage . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 En hiver : surveiller sans déranger . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Effectuer de petits travaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Les produits de la ruche 69 Le miel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Le pollen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 La propolis et la cire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 5
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L’entretien d’une ruche nécessite de maîtriser certaines techniques, de respecter certaines règles administratives et de ne pas être allergique aux piqûres. Mais cela permet aussi de découvrir le monde fascinant de la colonie, d’apprécier le rôle pollinisateur de l’abeille et de recenser la diversité botanique qui nous entoure.
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LES BIENFAITS DE L’APICULTURE Installer une ou deux ruches dans son jardin n’apporte que des avantages, même si cela demande certains travaux d’entretien qui s’avèrent indispensables. L’apiculture, un espace de liberté Les abeilles, parfaitement adaptées et indépendantes, ne nécessitent pas d’entretien contraignant. Elles se nourrissent, se nettoient, se protègent elles-mêmes. Quelques précautions et techniques de base permettent de les accompagner, même à distance. Aussi est-il tout à fait envisageable d’installer ses colonies dans sa maison de campagne, même si celle-ci est éloignée de son domicile principal.
Observer la colonie : un plaisir rare
Concentration, calme et sérénité. Le travail au rucher détend. 10
Sans déranger les abeilles mais simplement en les observant, vous découvrirez les rythmes de la nature sur la planche d’envol : les butineuses qui rapportent les pollens dès les premiers beaux jours ; l’activité de plus en plus intense avec l’épanouissement de la végétation ; les abeilles rentrant en urgence, signe d’orage imminent…
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Connaître l’environnement botanique L’ampleur de la ressource florale disponible pour les colonies conditionnera la réussite des ruches et déterminera la couleur et la saveur du miel. Aussi est-il important d’en connaître la richesse. N’hésitez pas lors de vos promenades à examiner les plantes ou les arbres en fleurs pour mieux appréhender leurs qualités mellifères et pollinifères. Plus ces espèces se révèlent abondantes et variées, plus votre environnement sera favorable.
Mellifère : qualifie une plante dont la fleur sécrète du nectar butiné par les abeilles.
Pollinifère : qualifie une plante dont la fleur porte des pollens attractifs pour les abeilles
Le miel, un produit noble Peut-on rêver d’un produit plus naturel ? Issue de fleurs butinées par les abeilles, cette nourriture extraordinaire, une fois libérée des rayons qui l’emprisonnent, ne subit aucune transformation ni traitement particulier. Le miel consommé peut contenir plus de vingt sucres différents, des oligo-éléments, des enzymes, excellents pour le bien-être et la santé.
Les principales sources de butinage Fin d’hiver : amandier, buis, prunellier, noisetier, saule, ficaire… Début de printemps : aubépine, colza, érable, merisier, pissenlit, pommier, thym… Fin de printemps et été : acacia, bourdaine, châtaignier, framboisier, lavande, lotier, maïs, ronce, tilleul, tournesol, trègle… Automne : bruyère, origan, lierre, arbousier…
Le bonheur de produire son miel On peut acquérir d’excellents miels dans le commerce ou chez les apiculteurs. Néanmoins, produire son propre miel représente un plaisir inégalé. Le jour de la récolte est comme une grande fête teintée d’inquiétude, de suspens puis de bonheur lorsque le miel doré jaillit des rayons.
Quelques rendez-vous incontournables À la fin de l’hiver, il est indispensable de visiter ses ruches pour déterminer l’état de la colonie, quantifier ses réserves et ses besoins. Au cours du printemps, il faudra installer les hausses que l’on récoltera durant l’été. À l’automne, lors d’une ultime visite, les provisions d’hiver seront estimées, complétées si nécessaire, et la colonie traitée sur le plan sanitaire. 11
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LA POLLINISATION
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Les abeilles assurent quatre-vingts pour cent de la pollinisation des plantes à fleurs et sont recherchées par les arboriculteurs et les maraîchers.
Il existe d’autres vecteurs de pollinisation : le vent, en particulier pour les conifères ; des insectes, comme les papillons et les bourdons ; des oiseaux (colibris) et certaines chauves-souris, mais de manière marginale.
mémo Une pomme bien pollinisée présente une forme symétrique, une peau lisse, une saveur et un goût délicats. Ses pépins, bien gonflés, sont répartis en étoile autour du pédoncule. 12
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Apparues sur Terre il y a plus de cent millions d’années, abeilles et fleurs sont indissociables. Grâce à leurs relations étroites, mutuellement bénéfiques, elles ont participé à l’évolution de la planète en favorisant la biodiversité végétale.
Un échange mutuel fructueux Les fleurs constituent la principale ressource nutritive de la ruche. Pour assurer la nourriture de la colonie tout au long de l’année, les abeilles prélèvent le nectar secrété par les plantes, qu’elles transforment en miel, et le pollen, qu’elles emmagasinent dans les rayons pour nourrir les larves et produire la gelée royale. En visitant des milliers de fleurs, les abeilles prélèvent les pollens qu’elles stockent en pelotes sur leurs pattes arrière pour les rapporter à la ruche. Lors de ces prélèvements, des grains de pollen s’échappent et assurent ainsi la fécondation des fleurs. En effet, pour que les plantes puissent se reproduire, les pollens des organes mâles, particules microscopiques, doivent être transportés vers les organes femelles. Afin d’éviter toute consanguinité, il importe que les gamètes proviennent d’individus génétiquement différents assurant ainsi une fécondation croisée.
Des avantages certains La pollinisation est une opération indispensable à la qualité des fruits. ■ La taille des fruits : une fleur de fraisier non visitée par les abeilles, par exemple, donne une fraise rachitique, mal formée, alors que, bien pollinisée, son poids sera multiplié par quatre et son aspect sera attrayant.
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■ La teneur en sucre : les fleurs bien pollinisées engendrent des fruits dont la teneur en sucre et donc la qualité gustative sont supérieures à celles des autres. Les producteurs de melons sont très attentifs à la présence de colonies d’abeilles dans leurs champs. ■ Une conservation prolongée : la durée de conservation des fruits est prolongée de manière significative lorsque la pollinisation des fleurs a été assurée par les abeilles dans de bonnes conditions. Les pommes, par exemple, demeurent ainsi plusieurs mois sans se flétrir ni se racornir.
Une véritable activité économique Depuis plus de cinquante ans, le monde agricole a pris conscience du rôle majeur de l’abeille pour la rentabilité de nombreuses productions fruitières, maraîchères et grainières, comme celle des oléo-protéagineux (tournesol, colza). Les exploitants agricoles font donc appel aux apiculteurs qui, contre rémunération, installent leurs ruches au moment opportun dans les cultures. Hélas, de plus en plus souvent, les abeilles sont intoxiquées par les produits phytosanitaires et les apiculteurs, confrontés à la mortalité de leurs colonies, rechignent parfois à apporter leur concours aux agriculteurs.
Inlassablement, fleuron après fleuron, l’abeille butine la fleur de tournesol. 13
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La ruche ne doit pas importuner le promeneur. 14
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LA LÉGISLATION Lors de la mise en place de ses colonies, le nouvel apiculteur doit connaître la législation en vigueur et la respecter. Le code rural
Je conseille
L’article 211-6 du code rural détermine la distance à observer entre les ruches et les propriétés voisines ou la voie publique. Ces distances sont déterminées au plan départemental par des arrêtés préfectoraux. Très variables, elles dépendent des spécificités géographiques (montagne, plaine) et de l’habitat. Vous devez prendre impérativement connaissance des réglementations en préfecture ou en mairie. Vos abeilles ne doivent pas importuner les passants. La maîtrise des techniques apicoles de base vous évitera des maladresses susceptibles de rendre les abeilles agressives.
Je préconise d’entrer en contact au plus vite avec un apiculteur du voisinage. Connaissant les spécificités du terroir et maîtrisant les techniques, il assurera un bon soutien, intellectuel, matériel et psychologique.
Les obligations administratives
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La déclaration DSV : tout rucher, même composé d’une seule ruche, doit faire l’objet d’une déclaration annuelle à la direction des services vétérinaires (DSV) du département dans lequel réside l’apiculteur. Cette formalité est destinée à avertir les apiculteurs en cas de maladies contagieuses. Dans cette déclaration, vous indiquez le nombre de ruches, le nom du lieu-dit et de la commune où elles sont implantées. Un numéro d’apiculteur vous sera alors attribué. Il doit être reproduit de manière lisible sur vos ruches sauf si celles-ci sont installées autour de votre maison. ■ Le registre d’élevage : si vous commercialisez même un seul pot de miel à un tiers, vous êtes tenu de consigner dans un cahier tous les traitements sanitaires que vous effectuez sur vos abeilles et d’archiver vos déclarations DSV. Si vous ne commercialisez pas votre production, vous n’y êtes pas astreint.
Les pouvoirs publics considèrent que la production d’un rucher demeure familiale si celui-ci ne possède pas plus de dix ruches. Dans ce cas, l’apiculteur n’est pas imposable.
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Une abeille isolée ne pique pas mais une ruche peut se montrer agressive.
L’assurance Vos abeilles doivent être assurées pour les dommages qu’elles sont susceptibles de causer à des tiers. Cette option dite « de responsabilité civile » est obligatoire. Si vos abeilles blessent un voisin ou entraînent la mort d’un animal – ce qui, hélas, bien qu’exceptionnel, peut toujours arriver – et si vous n’avez pas souscrit cette assurance, c’est vous qui devez prendre en charge les frais inhérents au sinistre. Et ils peuvent vite se révéler élevés. 16
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Certaines revues apicoles (voir plus loin) vous proposent ce service à un coût minimum : moins de 0,20 centime d’euro par ruche !
Les démarches conseillées Le syndicat départemental : même si vous ne possédez qu’une seule ruche, il me paraît indispensable de participer aux activités du syndicat départemental. Celui-ci propose souvent des stages d’initiation ou de perfectionnement organisés dans son rucherécole. Lors des assemblées générales, vous aurez l’opportunité de parler « abeille » avec des apiculteurs plus confirmés qui vous prodigueront des conseils souvent pertinents. Toujours avides de faire partager leurs connaissances, ils vous proposeront sans doute de vous donner un coup de main. ■ Le groupement de défense sanitaire (GDS) : souvent en lien direct avec le syndicat départemental, cette association, partenaire des services vétérinaires, vous offre un appui certain sur le plan sanitaire. Il permet d’obtenir des médicaments à des prix avantageux. Des spécialistes apicoles sont prêts à intervenir sur votre cheptel, si besoin est. N’hésitez pas à les contacter. ■ Des revues apicoles : dans ces revues nationales mensuelles (Abeilles et Fleurs, la revue française d’apiculture, L’Abeille de France…), des articles souvent passionnants vous feront découvrir la biologie de l’abeille, la botanique apicole… Des rubriques régulières vous enseigneront les travaux du mois à réaliser. Des tours de main vous seront communiqués. Vous découvrirez les dernières découvertes scientifiques sur les effets des produits de la ruche pour le bien-être et la santé humaine. Proposé par le syndicat départemental, l’abonnement est effectué lors du paiement de la cotisation syndicale annuelle. ■
Je conseille
« Lors de la récolte,
j’offre un pot de miel à mes voisins immédiats, ce qui favorise les relations et l’intégration des abeilles dans mon quartier. J’en profite pour rappeler le rôle essentiel de l’abeille comme agent pollinisateur.
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LES PRÉCAUTIONS À PRENDRE L’appréhension bien naturelle envers les abeilles disparaît rapidement si l’apiculteur prend quelques précautions. Les dispositions indispensables
■ Il est avant tout essentiel de placer les ruches au fond du jardin, à l’écart du passage fréquent des habitants de la maison et de manière que les allées et venues des butineuses s’effectuent sans gêne. En cas de piqûre ■ Ne laissez pas les enfants jouer dans l’enviNe retirez jamais le dard en ronnement immédiat des ruches. S’ils ne déranle prenant entre les doigts : gent pas les abeilles, celles-ci ne les agresseront vous comprimez alors pas. Mais si d’aventure un ballon heurte avec viola poche à venin et vous lence une ruche, la réaction des abeilles peut s’avéinjectez une nouvelle dose de venin. Ôtez-le en agissant rer immédiate. à rebrousse-poil, d’un coup ■ Il est vivement conseillé de prendre des dissec, à l’aide d’une lame positions afin que les chiens ne puissent folâtrer de couteau posée à plat autour des ruches. Par ailleurs, il ne faut en aucune sur la peau. façon attacher un chien à proximité avec une Une seringue, l’aspivenin, permet d’aspirer le venin chaîne qui pourrait frotter les corps de ruches.
autour de la piqûre et ainsi d’en réduire la diffusion dans le corps. Rassurant, simple et efficace.
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Les réactions aux piqûres Avant de débuter une activité apicole, il est recommandé de connaître la réaction de son organisme à la piqûre d’abeille. Si après une sensation de brûlure, la douleur s’estompe, c’est parfait. Si un léger gonflement rougeâtre apparaît, il n’a pas lieu de s’inquiéter. En revanche, si des maux de têtes, des vomissements ou des vertiges apparaissent, il faut d’urgence consulter un médecin. Dans de rares cas, il est vrai exceptionnels, une ou deux piqûres peuvent entraîner la mort.
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LE MONDE DES ABEILLES Les insectes représentent le groupe zoologique le plus important de la biosphère (plus d’un million d’espèces). Les abeilles appartiennent à l’ordre le plus évolué, celui des hyménoptères. Les premières abeilles sont apparues au Crétacé, en liaison indissociable avec les plantes à fleurs, il y a plus de cent millions d’années, longtemps avant l’apparition de l’homme sur Terre… 19
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LA COLONIE La colonie d’abeilles, ou essaim, est constituée selon la saison de dix mille à quatre-vingt mille abeilles rassemblées autour d’une seule reine.
mémo Autrefois, on considérait que la reine était un mâle et on parlait donc du roi des abeilles.
La reine
Seul individu fécond, la reine peut pondre en quatre ou cinq ans près de deux millions d’œufs – jusqu’à deux mille par jour en haute saison –, qui, fécondés ou non, deviendront des ouvrières ou des faux bourdons. Sa morphologie, adaptée à la reproduction, la différencie des autres individus de la coloLa formation d’un essaim nie. Plus longue, dotée d’un abdomen très déveChacun d’entre nous a pu loppé, elle se déplace sur les rayons et demeure observer un jour ou l’autre une cloîtrée dans la ruche. masse d’abeilles compacte, Une reine est constamment entourée d’une accrochée à une branche. cour composée d’ouvrières qui veillent sur elle. C’est un essaim. Partie d’une colonie dotée d’une toute Privée de cette assistance, une reine meurt. nouvelle reine, il est formé de la vieille reine et d’une partie plus ou moins importante des ouvrières, gorgées de miel afin d’assurer la survie le temps d’aménager un nouveau domicile. Une nouvelle ruche est née. Ainsi se sont multipliées nos abeilles depuis des millénaires.
Les ouvrières
Leur durée de vie dépend de la période durant laquelle elles sont nées. Si elles ont vu le jour à la fin de l’été, elles vivront plusieurs mois pour assurer la transition hivernale, alors qu’au printemps, harassées par une activité débordante, elles ne vivront que trois à quatre semaines. Isolée, une ouvrière ne peut survivre. Chaque ouvrière est capable d’effectuer les différentes tâches nécessaires au bon fonctionnement de la colonie. Devenues butineuses, elles vont prélever sur les fleurs le nectar, qu’elles transformeront en miel, et le pollen, qu’elles apprêteront. Stockés dans les rayons où leur conservation est parfaite, ces deux éléments représentent la nourriture exclusive de la colonie. Constituer des réserves en quantité suffisante représente donc un objec-
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Une reine entourée de sa cour d’ouvrières fort attentives.
tif primordial. L’apiculteur ne prélève que le miel en surplus, sans pour autant mettre en danger la colonie.
Les faux bourdons Au nombre de quelques milliers, les faux bourdons apparaissent au cours du printemps quand la colonie se développe massivement et quand les conditions de l’essaimage deviennent les plus favorables. D’une taille plus imposante, trapu, poilu, de couleur sombre, avec de gros yeux resserrés et un vol lourd et ronflant, le faux bourdon est facilement reconnaissable. Son rôle unique est celui de reproducteur. Peu fidèle, le faux bourdon vagabonde de ruche en ruche en quête de jeunes reines vierges à féconder. Il n’assure pas la moindre tâche ménagère et se contente de consommer les réserves.
mémo Il existe plusieurs races d’abeilles. Chacune d’elles présente des avantages et des inconvénients. Si les abeilles sont implantées dans un espace très urbanisé, il est préférable de privilégier une race d’abeille réputée douce (la caucasica ou la carnolienne). Notre abeille noire locale est, elle, plus agressive. 21
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LA BIOLOGIE DE L’ABEILLE Véritable chef-d’œuvre de la nature, l’anatomie de l’abeille, si complexe et pourtant si robuste, permet d’accomplir des performances exceptionnelles. Entre l’abeille fossilisée dans l’ambre de la mer Baltique, il y a 80 millions d’années, et notre abeille actuelle, les différences sont imperceptibles. Comme tous les insectes, le corps de l’abeille, couvert de minuscules poils, doté d’ailes et de pattes, est composé d’une tête, d’un thorax et d’un abdomen.
L’anatomie de l’abeille Tête
Thorax
Abdomen
Aile Antenne
Œil Mandibule
Langue
Pelote de pollen Patte
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La tête De forme triangulaire, elle se caractérise par deux yeux proéminents. Composés de milliers de facettes, ceux-ci assurent une vision panoramique mais d’une netteté relative. L’abeille ne perçoit pas les mêmes couleurs que l’homme. Elle ne distingue pas le rouge. Au sommet de la tête, trois petits yeux simples, dénommés ocelles, détectent les variations de lumière et fournissent à l’abeille des informations essentielles à son orientation. Entre les deux yeux, deux antennes, en perpétuel mouvement, jouent un rôle majeur. Elles permettent de repérer les odeurs, de se déplacer dans l’obscurité de la ruche et de communiquer avec les autres abeilles. Des milliers de facettes assurent De chaque côté de la bouche, les mandibules une vue panoramique. forment des pinces très puissantes qui servent à bâtir les rayons, manger, nettoyer et se défendre. Rétractile, la trompe, fort complexe, munie d’une langue garnie de poils microscopiques, permet d’absorber eau mémo Il ne faut jamais peindre et nectar. Enfin, le cerveau, véritable ordinateur, coordonne l’en- des ruches en rouge ! Les abeilles seraient semble des fonctions.
Le thorax
désorientées.
Le thorax assure la locomotion de l’abeille ; il porte trois paires de pattes et deux paires d’ailes. Les pattes, munies de ventouses et de crochets, permettent de se déplacer et de se fixer sur n’importe quel support, mais aussi de rassembler les grains de pollen disséminés sur le corps pour en constituer des pelotes. Mues par une musculature hyper-puissante (400 à 500 battements par seconde), les ailes, rigidifiées par des nervures, offrent des possibilités étourdissantes : de 30 à 60 km/h sur des distances de plus de 3 km couvertes d’une seule traite. En une seule journée, l’abeille peut ainsi parcourir plus de 100 km. 23
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L’abdomen Il est constitué de sept anneaux fixés entre eux par des membranes souples qui lui assurent une grande flexibilité. Il est relié au thorax par un pétiole court et très fin, et contient le jabot, le tube digestif et les systèmes respiratoire et circulatoire. ■ Le jabot : situé en Chaque élément du corps de l’abeille amont de l’estomac, il assure des fonctions essentielles. forme une poche extensible qui permet à l’abeille de transporter à la ruche l’eau ou le nectar butiné sur les fleurs. En activité, l’abeille a besoin de se nourrir : un clapet étanche s’ouvre pour laisser passer une partie du butin dans l’estomac puis se referme. mémo Le linge étendu dehors ■ L’appareil digestif : une ampoule rectale stocke peut être souillé lors urine et excréments. Parfois durant l’hiver, elle ne sera des vols de propreté vidée, lors d’un vol de propreté, qu’après plusieurs effectués par les abeilles. semaines. ■ Le système respiratoire : étendues à tout l’insecte, des trachées acheminent l’air vers l’ensemble des parties du corps. L’abdomen régule la respiration. ■ Le système circulatoire : à l’intérieur de la structure rigidifiée par l’enveloppe extérieure, les organes baignent dans un liquide incolore dénommé hémolymphe, riche de nombreuses substances. Il remplace le sang et est diffusé dans tout le corps. Chez l’ouvrière, l’abdomen contient les glandes cirières, le dard et la glande de Nasanov, qui sécrète une odeur perceptible par les abeilles à plusieurs mètres et qui leur permet de se reconnaître. Afin de diffuser cette odeur, les abeilles battent des ailes : elles font le rappel. Chez le faux bourdon, l’abdomen abrite l’appareil sexuel mâle et, chez la reine, l’appareil sexuel femelle. 24
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LA REINE Née d’un œuf similaire à celui d’une ouvrière, mais pondu dans une cellule « royale », la larve d’une reine n’est nourrie qu’à la gelée royale. Plusieurs cellules royales assureront le renouvellement de la vieille reine mais, sans état d’âme, la première reine née, 16 jours après la ponte, exécutera ses rivales au fur et à mesure de leur émergence. Ses glandes sécrétant des phéromones assureront la cohésion de la colonie. Pour remplir son rôle de reproductrice, la jeune reine devra se faire féconder.
Les phéromones royales Diverses, les phéromones royales jouent chacune un rôle essentiel. Elles structurent l’orientation des abeilles au sein de la colonie, engendrent l’omniprésence de la cour d’ouvrières autour de la reine, stimulent la production cirière et inhibent la construction de cellules royales.
La fécondation Elle a lieu quelques jours après la naissance de la jeune reine. L’accouplement avec les faux bourdons se déroule en plein ciel à plus de 10 m de hauteur et ne dure que quelques secondes. Par temps favorable, la reine s’accouplera aussitôt avec d’autres faux bourdons. Sinon, elle regagnera la ruche et ressortira plus tard pour finir de remplir sa spermathèque. Trois jours plus tard, la ponte peut commencer. Les œufs qui donneront naissance à des ouvrières sont fécondés par des spermatozoïdes. En revanche, ceux qui donneront naissance à des faux bourdons transitent directement des ovaires de la reine dans son vagin sans recevoir de sperme. Ce phénomène dénommé « parthénogenèse » désigne l’apparition de générations sans fécondation.
Plus longue que l’ouvrière, la reine assure la pérennité de la colonie. 25