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DE L'HISTOIRE

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© Fleurus Éditions, 2017 Dépôt légal : juin 2017 ISBN : 9782215151340 Code MDS : 592426 Numéro d’édition : J17078 Textes : Brigitte Coppin Illustrations : Céline Deregnaucourt Direction : Guillaume Arnaud, Guillaume Pô Édition : Sarah Hamon Direction artistique : Armelle Riva Mise en page : Elfried Werner Fabrication : Florence Bellot et Thierry Dubus Achevé d’imprimer en mars 2017 par Toppan Leefung (Chine) Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse


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DE L'HISTOIRE

Reines

princesses Textes : brigitte coppin Illustrations : céline deregnaucourt

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INTRODUCTION Elles nous font rêver. Nous les imaginons belles et toujours élégantes, heureuses, amoureuses dans des palais magnifiques… En réalité, la vie des reines et des princesses n’est pas un conte de fées, mais certaines ont eu d’incroyables destins, aussi palpitants que des romans, où s’entremêlent le danger, l’amour, l’intelligence et l’ambition.

Qui sont les princesses ? Certaines sont simplement filles d’un duc ou d’un comte et deviennent princesses en se mariant. Mais la plupart sont princesses dès leur naissance. Leur père est roi, ou leur mère est reine, parfois les deux. Le roi est maître d’un royaume, l’empereur dirige un empire. Le plus souvent, ils tiennent leur titre de leur père, d’un oncle ou d’un cousin qui a été roi ou empereur avant eux.

Être princesse, ce n’est pas une vie ! Rester des heures debout, ne pas éternuer ni se moucher, sourire un peu mais pas trop, ne jamais montrer sa fatigue, encore moins ses larmes. C’est ce que l’on nomme l’étiquette » : le cérémonial de la cour, une manière de se tenir impeccablement lorsque l’on vit dans l’entourage du roi. L’étiquette est contraignante, et la princesse n’est pas très libre, voire pas du tout. Le luxe, l’argent et la position sociale apportent bien des privilèges, mais la vie privée n’existe pas. 3


Louis XIV, à Versailles, sermonne sa belle-fille, un soir où elle ne veut pas se montrer à une cérémonie : Nous ne sommes pas comme les particuliers, nous nous devons tout entiers au public… » À la cour de Versailles, une princesse n’a pas non plus de prénom. On s’adresse à elle selon son rang. Si elle est fille ou petite-fille du roi, elle est nommée Altesse royale. Nièce ou petite-nièce du roi, elle a le titre d’Altesse sérénissime. Quant à la dauphine, elle est l’épouse du dauphin, le fils aîné du roi de France.

Fuir la cour Pour échapper à l’étiquette, une princesse peut tout de même trouver quelques astuces, la plus efficace étant la promenade à cheval, au galop tant qu’à faire, pour s’éloigner des regards indiscrets et des suivantes ennuyeuses. Catherine II de Russie raffole des chevaux, la reine de France Catherine de Médicis est une excellente cavalière. Presque toutes ont des petits chiens, des singes, des volières remplies d’oiseaux magnifiques. Elles sont nombreuses à aimer la chasse, la danse et les bals costumés, le théâtre, la lecture… Certaines sont très cultivées et parlent plusieurs langues. Aliénor d’Aquitaine protège les poètes et les invite à sa cour, Roxelane a lu toute la bibliothèque du palais d’Istanbul…

La beauté des princesses Aucun portrait n’a été peint ni tracé avant le XIVe siècle, ce qui laisse libre cours à notre imagination. Tous les chroniqueurs ont témoigné de la beauté d’Aliénor sans jamais la décrire. Plutôt brune ? Plutôt blonde ? Mince ? Grande ?

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À partir de la Renaissance, le peintre officiel de la cour royale a fort à faire : il réalise le portrait de la princesse à marier, portrait qui est aussitôt envoyé au fiancé. Si ce dernier se déclare satisfait, le mariage a lieu, sans que les époux se soient jamais rencontrés auparavant. Sur tous les portraits, les princesses gardent la bouche fermée, parce que la plupart ont les dents abîmées et que le dentiste n’y peut rien. C’est le cas notamment de Sissi. Dès l’Antiquité, beauté va de pair avec clarté, et l’on préfère le teint pâle et les cheveux blonds. Les perruques blanches font fureur sous Louis XV. Pour éclaircir, il existe des teintures, des poudres et des fards à base de céruse, qui est un pigment blanc.

Devenir reine… Le plus souvent, une reine est une princesse qui s’est mariée avec un roi ou un prince, devenu roi à son tour à la mort de son père. En France, la loi salique, une vieille loi germanique réapparue au XIVe siècle, interdit aux femmes de gouverner seules. La reine n’a donc pas de réel pouvoir politique, ce qui ne l’empêche pas de régner parfois dans l’ombre ! Dans d’autres pays, c’est différent. Élisabeth Ire d’Angleterre est une très grande reine qui n’a jamais laissé un homme gouverner à sa place. En Russie, à partir du XVIIe siècle, de nombreuses femmes prennent le pouvoir et ont parfois des règnes exceptionnels, comme celui de l’impératrice Catherine II. Plus loin de notre époque, dans l’Égypte ancienne, des reines pharaons marquent à jamais l’histoire ; en Afrique noire, des souveraines très fortes gouvernent seules leur royaume face à la pression des Européens.

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… sans être née princesse L’impératrice chinoise Cixi est fille d’un haut fonctionnaire. En Turquie, Roxelane réussit à devenir sultane alors qu’elle n’était qu’une petite esclave. Ce sont cependant des cas rares. En France, jusqu’au XVIe siècle, les rois cherchent leurs épouses à l’intérieur du royaume, dans les familles des grands seigneurs. Louis VII épouse Aliénor d’Aquitaine, Louis IX choisit Marguerite de Provence… À partir d’Henri IV, les futures reines viennent de l’étranger et sont issues de familles royales. Dans ce cas, la nouvelle souveraine parle à peine le français et doit pourtant se donner à son nouveau pays corps et âme. Pour faciliter cette adaptation, les très jeunes fiancées des princes au Moyen Âge sont élevées dans la famille de leur futur mari. Ainsi, la charmante Marguerite d’Autriche, prête à épouser Charles VIII, est si bien habituée à la cour de France qu’on l’appelle déjà la petite reine ». Elle est pourtant renvoyée chez son père avant son mariage, pour des raisons politiques.

Où est le prince charmant ? Hélas, les mariages d’amour sont rarement compatibles avec le statut de princesse. L’un des exemples les plus terribles est celui de Marie-Louise d’Orléans, nièce de Louis XIV, qui supplie le roi de ne pas l’obliger à épouser le roi d’Espagne. Peine perdue ! Arrivée là-bas, mal accueillie dans une cour austère, elle finit par mourir, sans doute empoisonnée.

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Sacre et couronnement Le sacre est la cérémonie religieuse pendant laquelle le roi reçoit son pouvoir de Dieu. La reine Bertrade, mère de Charlemagne, est la première à en bénéficier en France, à côté de son époux. Comme le roi, la reine sacrée a une place particulière, au-dessus des simples humains. Le sacre existe aussi dans d’autres pays européens. La reine Élisabeth II d’Angleterre a été couronnée et sacrée en 1953.

La mère du roi La première fonction d’une reine est d’avoir des enfants, au moins un fils qui sera roi à son tour. Dès qu’elle est enceinte, elle est extrêmement surveillée et son accouchement a lieu devant de nombreux témoins qui authentifient le nouveau-né. Être la mère du futur roi donne à la reine un grand prestige et un pouvoir certain. Surtout lorsque le roi meurt avant que son fils ait atteint l’âge de régner. Dans ce cas, il est fréquent que la reine devienne régente : c’est elle qui gouverne en attendant la majorité de son fils aîné. Et certaines ont bien du mal à quitter le pouvoir une fois le jeune roi devenu adulte !

Jusqu’à la fin Sauf cas exceptionnel, la reine garde son titre jusqu’à la fin de ses jours. Lorsqu’elle meurt, le pays lui offre des funérailles royales. Les reines et rois de France sont ensevelis dans la basilique de Saint-Denis, à côté de Paris. C’est à l’Escurial, près de Madrid, que l’on trouve les tombeaux des monarques d’Espagne, et à l’abbaye de Westminster, à Londres, que dorment à jamais les souverains d’Angleterre. 7


CARTE

Marie-Antoinette France

AMÉRIQUE DU NORD

Élisabeth Ire

Londres

Angleterre

Pocahontas

Werowocomoco

Powhatan

Aliénor d’Aquitaine France Angleterre

Océan Pacifique

Metz

Paris

Océan Atlantique

Tolède

Isabelle la Catholique Castille

AMÉRIQUE DU SUD

Nzingha Ndongo et Matamba


Catherine II Russie

Brunehaut Austrasie

Sissi Autriche-Hongrie

Saint-Pétersbourg

ASIE

Vienne

EUROPE Istanbul

Alexandrie

Pékin

Roxelane Empire ottoman

Cixi

AFRIQUE

Chine

Kabasa

Cléopâtre Égypte

Océan Indien

OCÉANIE



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CLÉOPÂTRE Devenue reine d’Égypte en -51, Cléopâtre n’a qu’une ambition : maintenir l’indépendance de son royaume face aux conquérants romains. Elle déploie tous ses charmes et son intelligence pour séduire deux illustres chefs de guerre, Jules César puis Marc Antoine. Mais, hélas, malgré ces solides appuis, la divine Cléopâtre ne pourra pas résister à l’inexorable expansion du monde romain. Elle sera le dernier pharaon d’Égypte.

NOM COMPLET

AMANTS

Cléopâtre VII

Jules César puis Marc Antoine

TITRE

ENFANTS

pharaon (roi ou reine) d’Égypte

Fils : Césarion (avec César), Alexandre Hélios et Ptolémée Philadelphe (avec Marc Antoine) Fille : Cléopâtre Séléné (avec Marc Antoine)

NAISSANCE en – 69, à Alexandrie (Égypte)

PARENTS Ptolémée XII, pharaon d’Égypte, et probablement une de ses concubines*

ÉPOUX ses jeunes frères Ptolémée XIII puis Ptolémée XIV

MORT le 12 août – 30, à Alexandrie

PARTICULARITÉ Cléopâtre VII est la dernière souveraine de la dynastie* des Ptolémées, d’origine grecque, fondée par Alexandre le Grand, qui a conquis l’Égypte en – 331

En – 48, Jules César arrive à Alexandrie avec son armée. De son côté, Cléopâtre se méfie de Ptolémée XIII, ce frère-mari de douze ans prêt à l’évincer et même à l’assassiner. Elle décide de rencontrer César seule et, selon la légende, se fait porter jusqu’à lui cachée dans un tapis roulé. On imagine la surprise du général romain, ébloui par tant d’audace…

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Une reine à la beauté légendaire Mars – 44. Une effroyable nouvelle court dans les rues de Rome : Jules César vient d’être assassiné à coups de poignard. Cléopâtre chancelle en apprenant la nouvelle. Elle est aussi à Rome, où elle a suivi l’illustre général, avec le petit Césarion, le fils qu’ils ont eu ensemble. — Vite ! Il faut partir ! souffle-t-elle à Diomède, son serviteur fidèle. Les Romains me voient comme une ennemie parce que je suis reine et orientale, et ils n’aiment ni l’une ni l’autre ! — Oui, ma reine, répond Diomède, tu as raison de vouloir vous protéger, toi et ton fils. Ceux qui ont tué César chercheront à le tuer aussi. Vite, sauve-toi ! Cléopâtre retrouve avec soulagement Alexandrie, sa capitale. Dans la nuit tiède, depuis la terrasse de son palais, elle contemple la ville fondée par le roi de Macédoine Alexandre le Grand en – 331. Comme une sentinelle à l’entrée du port, un feu brûle en haut du phare. La reine murmure avec émotion : — Ce beau pays est tellement plus ancien, tellement plus raffiné que Rome la conquérante ! Un jour, mon fils Césarion prendra le nom de Ptolémée XV. En attendant, je règne pour lui, seule, puisque mes deux maris sont morts… Pendant ce temps, à Rome, les rivalités se déchaînent. Parmi les trois hommes qui succèdent à César et se partagent ses 12


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conquêtes, le général Marc Antoine reçoit les provinces d’Orient et la surveillance du royaume d’Égypte. De loin, Cléopâtre suit tout cela avec attention. — Tant qu’ils se disputent, se réjouit-elle, je suis certaine d’avoir la paix ! Mais ce répit est de courte durée. En – 41, elle reçoit un courrier d’Antoine. Elle a rencontré ce vaillant chef de guerre à Rome quelques années plus tôt. Elle se souvient d’un homme viril, attiré par l’Orient et la civilisation grecque… Cléopâtre roule entre ses doigts le papyrus qu’elle vient de lire, et fait venir ses conseillers. — Antoine me convoque à Tarse, sa capitale d’Asie Mineure. Qu’en pensez-vous ? Est-ce pour faire de moi sa prisonnière ? — Ma reine, vous savez qu’il prépare de nouvelles conquêtes en Perse. Il lui faut le blé d’Égypte pour nourrir ses légions et l’or d’Égypte pour payer ses soldats… Alors, acceptez cette rencontre et soyez la plus forte, puisqu’il a besoin de vous. — Mais surtout, restez sur vos gardes ! insistent les plus prudents. Cléopâtre éclate de rire. — Oh oui, vigilante je serai, méfiante aussi, séduisante surtout ! Ah, cet Antoine n’imagine pas ce qui l’attend ! Elle reprend son sérieux. Elle doit se convaincre qu’elle sera en effet la plus forte. Car il est bien loin, le temps où la famille des Ptolémées dominait un vaste empire couvrant la Grèce, l’Asie Mineure, la Palestine et la Syrie. Aujourd’hui, l’héritière des pharaons ne règne plus que sur les terres proches du Nil. Tout le reste lui a été enlevé par les Romains. 13

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Cléopâtre se redresse sur son siège incrusté d’or. Ses yeux de velours sont devenus durs comme le métal. — Ô Isis, ma déesse lointaine, mère de toute chose en ce monde, je te fais le serment que, moi vivante, jamais ils n’auront le Nil et sa vallée. Jamais ! De l’autre côté de la Méditerranée, les guetteurs romains annoncent l’arrivée d’un navire mystérieux glissant sur l’eau au son des cithares, diffusant autour de lui des parfums suaves. Des jeunes filles viennent chercher Antoine sur le rivage pour l’inviter à bord, où Cléopâtre l’accueille en tenue d’Aphrodite, la déesse grecque de l’amour. Elle lui passe autour du cou une guirlande de feuilles de vigne. — Bienvenue à toi, Dionysos, dieu de l’ivresse et du vin, murmure-t-elle d’une voix enjôleuse.

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Dans la mythologie grecque, c’est à Tarse que Dionysos et Aphrodite se rencontrèrent et s’aimèrent… Cléopâtre le sait bien. Antoine aussi. La soirée sur l’eau se prolonge fort tard. Au petit matin, Antoine est totalement conquis. Délaissant la guerre pour l’amour, il accepte l’invitation de la belle Orientale à la rejoindre à Alexandrie. Quel séjour enchanteur dans le luxe du palais égyptien ! Boiseries incrustées d’ivoire et d’ébène, brocart d’or sur les lits… l’incroyable richesse des pharaons s’y étale avec faste. Cléopâtre soigne à la perfection son corps et sa parure, couvre Antoine de cadeaux, l’emmène voyager sur le Nil et organise pour lui des festins inoubliables. Il faut pourtant que les amants se séparent. À la fin de l’hiver, Antoine repart vers Rome, où l’attend Octave, qui partage avec lui la succession de César et souhaite lui faire épouser sa sœur Octavie. Pendant son absence, Cléopâtre met au monde des jumeaux, Alexandre et Cléopâtre, ce qui ne l’empêche pas de continuer à régner, bien au contraire ! Elle renforce sa flotte de guerre et met tout en œuvre pour retrouver la splendeur de l’Égypte ancienne. Vêtue de lin royal tissé dans les ateliers des temples, elle apparaît en public comme les reines antiques, coiffée de la perruque noire, portant sur son front le cobra qui symbolise le pouvoir royal. Après avoir guerroyé pendant trois ans, Antoine revient vers elle et lui annonce dès son arrivée : — Ma bien-aimée, je dépose à tes pieds les terres que j’ai conquises. 15

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Quel grand moment pour Cléopâtre ! Si cet homme reste à ses côtés, tous ses rêves ambitieux vont se réaliser ! Antoine semble avoir oublié qu’il est romain ; c’est à Alexandrie qu’il fête ses victoires et, en – 35, il couronne ses enfants : le petit Ptolémée, dernier né, et son frère Alexandre deviennent chacun roi d’une partie de l’Asie, tandis que Cléopâtre Séléné reçoit en héritage la Cyrénaïque, à l’ouest de l’Égypte. Quant à Césarion, Antoine lui décerne le titre de « roi des rois ». Autour du couple Antoine et Cléopâtre, une nouvelle organisation de l’Orient se met en place. On les compare à Aphrodite et Dionysos, à Vénus et Bacchus, à Isis et Osiris, ils ont de nombreux admirateurs sur le pourtour de la Méditerranée. À Rome, la situation fait scandale. Octave est furieux. Le prestige croissant de Césarion lui paraît dangereux. Ce jeune homme est le fils de César et pourrait un jour réclamer l’héritage paternel. Il est temps d’agir. Octave fait crier partout qu’Antoine est un traître et lui déclare la guerre. Antoine est effondré, mais Cléopâtre réagit avec énergie. — Eh bien, battons-nous ! s’écrie-t-elle. L’Asie tout entière nous soutient. Au printemps – 31, à la tête de cinq cents navires, elle accompagne Antoine dans le sud de la Grèce, où il rassemble ses troupes. Peu à peu, l’armée et la flotte d’Octave réussissent à encercler leur position dans un golfe près d’Actium. Les voilà piégés ! Coûte que coûte, il faut hisser les voiles, forcer le blocus romain pour s’enfuir. Un effroyable combat naval s’engage : flèches 16


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enflammées, catapultes, abordages au corps à corps… la bataille fait rage. Tout à coup, Cléopâtre entrevoit une trouée vers la haute mer et y engage sa galère amirale, suivie par soixante vaisseaux. Antoine s’engouffre derrière elle avec une centaine de navires. Ils sont sains et saufs, mais les légions d’Antoine et ses alliés se rendent à Octave. En un mot, il a perdu la bataille, comme un lâche, abandonnant son armée. Cléopâtre comprend que la partie est perdue : tôt ou tard, Octave attaquera l’Égypte, c’est certain. Elle entreprend de se faire construire un tombeau qui ressemble à un palais et y entasse un fabuleux trésor. C’est là qu’elle se réfugie lorsque l’armée d’Octave se présente aux portes d’Alexandrie en – 30. Antoine tente de réunir des troupes, qui refusent de lui obéir. Cléopâtre, refugiée dans son mausolée, ne donne aucune nouvelle. Le bruit court qu’elle est morte. Désespéré, Antoine s’enfonce une épée à travers le ventre et meurt dans ses bras peu après l’avoir rejointe. Cléopâtre choisit de se suicider au cours d’un dernier festin. Est-ce un serpent caché dans un panier de figues qui la pique, comme le dit la légende ? Ou plutôt un poison qu’elle a avalé en même temps que ses serviteurs ? Quelques jours plus tard, Octave fait assassiner Césarion. À Rome, il s’empare de tous les pouvoirs et reçoit le titre d’empereur. L’Égypte devient une province romaine.

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GLOSSAIRE AMBASSADE Groupe de personnes (ambassadeurs) représentant un roi et son royaume, envoyées auprès d’un souverain étranger. BRÛLOT Bateau chargé d’explosifs, que l’on lance contre les navires ennemis. CONCUBINE Femme qui vit avec un homme sans être mariée avec lui. En Chine ou dans certains pays musulmans, le souverain avait souvent plusieurs concubines, en plus de son épouse officielle. SE CONVERTIR Adopter et pratiquer une nouvelle religion après avoir abandonné la sienne. CROISADE Expédition guerrière des chevaliers d’Occident contre les musulmans de Terre sainte et d’Espagne et contre tous ceux qui n’obéissent pas aux lois de l’Église chrétienne. DOUAIRIÈRE Femme ayant reçu un douaire : un domaine ou une somme d’argent lui permettant de subvenir à ses besoins lorsqu’elle devient veuve. C’est le cas de plusieurs impératrices russes ou chinoises.

DYNASTIE Succession de souverains appartenant à la même famille. ÉVANGÉLISER Convertir à la religion chrétienne, basée sur les paroles de Jésus-Christ, rassemblées dans des livres appelés Évangiles. FAVORITE Compagne préférée d’un prince ou d’un roi. HAREM Lieu réservé aux femmes et aux concubines d’un souverain. PROTOCOLE Règles strictes de conduite et de bienséance à observer à la cour des souverains et dans les cérémonies. TRIBUT Taxe ou impôt payés au vainqueur par les vaincus. VASSAL Guerrier noble du Moyen Âge qui combat pour un seigneur et lui jure fidélité, en échange d’un domaine ou d’une somme d’argent. Ce mot désigne, par extension, un roi ou un État qui dépend d’un autre, plus puissant.



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DE L'HISTOIRE

Reines et princesses On les imagine heureuses, coulant des jours tranquilles dans de splendides palais, mais la vie des reines et des princesses est rarement aussi parfaite que dans les contes de fées. De Cléopâtre, dernier pharaon d’Égypte, à Sissi, l’impératrice rebelle, en passant par Aliénor d’Aquitaine et Catherine II de Russie, voici les portraits de douze souveraines qui ont marqué leur temps. Règnes somptueux, crises politiques, ambitions démesurées… ce livre magnifiquement illustré offre une plongée fascinante au cœur de l’histoire.

12 chapitres constitués chacun d’une fiche d’identité détaillée et d’un récit biographique ! Textes de Brigitte Coppin • Illustrations de céline Deregnaucourt Dans la même collection Mo

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