Les abeilles

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LES ABEILLES


Avec la collaboration d'Yves Lecomte, directeur de recherche Ă l'I.N.R.A. et spĂŠcialiste de la biologie des abeilles.


LES ABEILLES TEXTES SABINE BOCCADOR


L’odorat et le goût

LES ABEILLES

Ce sont les antennes (2) qui servent de nez à l’abeille. Elles lui permettent de s’orienter vers une odeur en comparant les informations qu’elle connaît déjà. L’abeille capte les odeurs beaucoup mieux que l’homme. Pour identifier le goût des différents nectars, elle utilise ses antennes, la partie inférieure de ses pattes et sa bouche.

Il existe environ 20 000 espèces de ces insectes dans le monde. Les abeilles mellifères (à miel), appelées aussi abeilles domestiques, sont celles que l’homme connaît le mieux, car il les élève dans des ruches

Extrémité de la langue garnie de poils très sensibles

pour leur miel. Vivant en collectivité, elles se répartissent sur tous

Une vue adaptée à ses besoins

les continents. Les abeilles sont apparues sur la Terre avec les plantes à fleurs.

Les gros yeux (3) sur les côtés de la tête sont constitués de milliers de petits yeux, qui captent chacun un morceau d'image. Le champ de vision de l’abeille est proche de 360 ° ! Celle-ci voit trois couleurs différentes : le vert, le bleu et l’ultraviolet, que l’homme ne distingue pas.

Retrouvée dans de l’ambre, la plus ancienne remonte à 80 millions d’années environ. Celles qui ont vécu il y a 30 millions d’années ressemblaient déjà à nos

Gros plan sur un œil à facettes

abeilles actuelles.

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Tout est dans la tête

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La tête (1) de l’abeille abrite son cerveau. Elle présente deux antennes (2) recourbées, sur les côtés deux énormes yeux (3), et sur le front trois autres petits yeux disposés en triangle : les ocelles (A), avec lesquels l’abeille analyse la direction de la lumière et les modifications de clarté. La tête se termine par deux mandibules (B), grandes pinces entre lesquelles se trouve la langue (C).

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A B

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C

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Un thorax musclé

Sur le thorax (4), composé de trois segments soudés, sont fixées les trois paires de pattes et les deux paires d’ailes à nervures que font fonctionner des muscles puissants. Les deux ailes avant sont reliées aux deux ailes arrière par des crochets, et toutes bougent ensemble pendant le vol. Les ailes postérieures, plus petites que les ailes antérieures, ne sont bien visibles qu’en vol.

UN SENS DU TOUCHER MULTIPLE

Il existe de nombreuses espèces d’abeilles qui peuplent tous les continents de la planète.

Le corps de l’abeille est recouvert de récepteurs sensoriels avec lesquels elle perçoit le monde extérieur. Elle utilise aussi ses antennes pour tâtonner. Apis cerana (Asie)

Un large abdomen

Le corps d’une abeille ouvrière mesure environ 1 cm de long.

Ailes

L’abdomen (5) de l’abeille contient une partie du système respiratoire, ainsi que les systèmes digestif et reproducteur. Il est formé de sept segments mobiles. Chez l’ouvrière, il abrite les glandes cirières, qui fabriquent la cire blanche. Il présente à son extrémité un aiguillon venimeux, le dard. Celui-ci est caché : l’abeille ne le sort que lorsqu’elle se sent menacée.

L’abeille n’a pas d’oreille à proprement parler ; elle perçoit les sons dans les pattes et dans les antennes.

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Megachilidae (Europe)

Abeille charpentière (Europe)

Dard

Les pattes

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Les six pattes de l’abeille se terminent par deux griffes et une pelote adhésive qui lui permettent de se fixer sur les surfaces. Les pattes avant (6) sont munies d’un peigne avec lequel l’abeille nettoie ses antennes. Les pattes arrière (7) présentent un petit creux, la corbeille, sur lequel l’abeille tasse le pollen qu’elle récolte sur les fleurs. Elles sont munies de petites brosses qui l'aident à former une pelote avec les grains de pollen (voir page 15).

Abeille géante (Asie du Sud-Est)

Osmie cornue (Europe)

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UNE SOCIÉTÉ TRÈS STRUCTURÉE La vie d’une abeille n’a de sens que si celle-ci est intégrée à la colonie. Une abeille isolée meurt. Une colonie est composée d’un nid et de trois catégories ou castes d’abeilles, à la morphologie et aux rôles distincts : la reine, les ouvrières et les faux bourdons. Chaque caste est responsable de tâches bien précises qui lui permettront d’assurer la survie de la colonie et de l’espèce. Les abeilles sont très solidaires et extrêmement organisées. Elles travaillent toute leur vie. À l’intérieur du nid, tout est bien rangé.

Un nid bien caché

Les abeilles bâtissent leur nid dans des cavités abritées du vent et des intempéries, dans le creux d’un arbre, en hauteur, à l’intérieur d’un rocher ou bien sous les toitures des maisons.

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La structure du nid

Quand elles ont trouvé le meilleur emplacement pour leur nid, les abeilles cirières (voir page 12) construisent des rayons de cire parallèles, eux-mêmes composés d’alvéoles, petites cavités en forme de tubes à six côtés dans lesquelles la reine pond ses œufs et où les ouvrières entreposent le nectar et le pollen. La construction des alvéoles commence par le fond, puis viennent les parois, qui sont très fines. Le bord supérieur est plus épais.


LES TROIS CASTES DE LA COLONIE La photo ci-contre montre des ouvrières circulant sur des alvéoles contenant des œufs et des larves à différents stades de leur évolution. Les alvéoles ne sont pas toutes de la même taille selon qu’y sont élevés des mâles ou des femelles. Certaines sont fermées par un petit couvercle de cire : elles abritent les abeilles qui sont sur le point d’éclore.

L’organisation du nid

Coupe d ’une partie du nid Alvéoles pour le couvain Alvéoles pour le pollen Alvéoles pour le miel

Au centre du nid se trouvent les alvéoles qui contiennent le couvain (œufs, larves et nymphes). Au printemps et en été, le couvain a la taille d’un ballon de rugby tant les alvéoles sont gonflées par la présence des larves et des nymphes. Les alvéoles situées au-dessus du couvain sont utilisées pour stocker le pollen. Celles qui viennent ensuite servent à entreposer le miel.

Au printemps, une colonie comprend une reine, de 1 000 à 4 000 faux bourdons et de 20 000 à 80 000 ouvrières.

LA REINE La reine est en principe la seule femelle qui pond des œufs. Elle se distingue des ouvrières par son abdomen plus développé et son thorax plus volumineux. Son poids est de 0,25 g. Sa langue est de petite taille, car la reine ne va jamais butiner. Ses pattes ne sont pas munies comme celles des ouvrières de corbeilles et de brosses pour récolter le pollen, car ce n’est pas non plus son rôle. On croyait autrefois que la reine était un mâle : on parlait alors du roi des abeilles.

LES OUVRIÈRES Les ouvrières sont des femelles qui accomplissent toutes les tâches de la vie quotidienne nécessaires au développement de la colonie. C’est pour cela qu’elles sont aussi nombreuses. Leurs glandes et leurs organes sont adaptés à leurs multiples fonctions. Elles pèsent 0,1 g.

LES FAUX BOURDONS

Alvéole

Rayons

Coupe transversale d’un rayon de cire

Les faux bourdons sont les mâles de la colonie. Leur corps est moins long que celui de la reine et plus gros que celui des ouvrières. Ils pèsent 0,23 g et sont dépourvus de dard, ce qui les rend absolument inoffensifs. Leur langue est trop courte pour leur permettre d’aller butiner le nectar des fleurs : ils sont donc complètement dépendants des ouvrières et du nid pour se nourrir. S’ils ont avant tout pour rôle de féconder la reine, les faux bourdons aident aussi à maintenir le nid à bonne température. 5


Des ruches différentes

L’APICULTURE À la Préhistoire, déjà, l’homme traquait le miel en le récupérant là où les abeilles faisaient leur nid, dans des endroits souvent difficiles d’accès. Il avait découvert que cette substance extraordinaire, à l'agréable goût sucré, pouvait être récolté près de chez lui en construisant

Au fil des siècles, l’homme a fabriqué des ruches aux formes et dans des matériaux très divers. Au XIXe siècle, les naturalistes Debeauvoys, Langstroth et Dadant inventèrent la ruche à cadres amovibles, c’est-à-dire que l'on peut déplacer. Cette ruche facilitera grandement le travail des apiculteurs par la suite.

Ruche datant de 3 000 ans, en argile et paille

pour les abeilles des abris qu’on appelle des ruches. C’est ainsi qu’il est devenu apiculteur, c’est-à-dire éleveur d’abeilles. L’apiculture est née environ 3 000 ans

Toit Couvre-cadres

avant notre ère, en Égypte. Aujourd’hui, ce métier est pratiqué

Grille à propolis

sur tous les continents. Cadres

Hausse

La ruche moderne

Elle est constituée d’une caisse en bois, ou corps de ruche, avec un plancher et une ouverture permettant aux abeilles d’entrer et de sortir. Le corps de ruche contient dix cadres amovibles en bois, couverts d’une feuille de cire gaufrée amorçant la forme des alvéoles, que les abeilles finiront de construire. Ces cadres accueillent le couvain, ainsi que les réserves de miel et de pollen destinées aux abeilles. Entre le couvre-cadres et la hausse, une grille permet de récupérer la propolis déposée par les abeilles. Sur le corps de ruche, l’apiculteur ajoute une ou plusieurs hausses, des petites caisses composées de cadres amovibles identiques aux précédents. Ces hausses, qui servent aussi aux abeilles à faire des réserves de miel, constituent le « grenier à miel » de l’apiculteur. C’est là qu’il se sert en retirant un à un les cadres gorgés de miel. Sur le corps de ruche, une grille empêche la reine, plus grosse que les ouvrières, de monter pondre dans la hausse. La ruche est couverte d’un couvre-cadres et d’un toit qui protège les abeilles des intempéries. 18

Grille à reine Cadres

Corps

Porte

Entrée de la ruche Plancher


Ruche traditionnelle dans un tronc d’arbre

Ruche traditionnelle en paille

Ruche Dadant du XIXe siècle

Ruche Langstroth du XIXe siècle

Le travail de l’apiculteur

L’apiculteur surveille attentivement la ruche, voit si la reine est en bonne santé pour pondre et veille à ce que la colonie soit à l’abri des maladies. Il fait en sorte que ses abeilles aient suffisamment de quoi se nourrir pendant l’hiver, car l’un de ses objectifs est d’avoir le plus grand nombre possible de butineuses au printemps. Il doit en outre récolter et vendre le miel. Les apiculteurs professionnels, qui vivent de leur travail, possèdent plusieurs centaines de ruches. Ces ensembles s’appellent des ruchers. L’apiculteur est vêtu d’une combinaison qui ne doit laisser aucun passage aux abeilles et porte sur la tête une protection sur laquelle est cousu un voile qui protège tout le visage.

L’enfumoir

Quand l’apiculteur rend visite aux abeilles, surveille la ruche ou enlève les hausses pour récolter le miel, il est toujours équipé d’un enfumoir. Dedans brûlent des aiguilles de pin ou de l’herbe sèche qui produisent une épaisse fumée blanche. Celle-ci se dégage par un couvercle en forme d’entonnoir lorsqu’on actionne le soufflet. Ainsi, les abeilles, trop occupées à chasser la fumée, ne cherchent pas à piquer l’apiculteur. 19


TA B L E D E S M AT I È R E S

LES ABEILLES 2 UNE SOCIÉTÉ TRÈS STRUCTURÉE 4 LA DESCENDANCE 8 LES OUVRIÈRES 10 L'ESSAIMAGE 16 L'APICULTURE 18 UNE ESPÈCE UTILE MAIS MENACÉE 22

© 2020, FLEURUS ÉDITIONS 57, rue Gaston Tessier, CS 50061, 75166 Paris Cedex 19 www.fleuruseditions.com Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Emmanuelle Braine Bonnaire Conception de la collection : Émilie Beaumont et Jack Delaroche Édition : Amandine Doubre Recherche iconographique : Léa Bernardin Conception graphique : Éric Laurin sous la direction de création de Élisabeth Hébert Direction artistique : Bleuenn Auffret, assistée de Julien Di Giorgio Mise en page : Graph’M Direction de fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Axelle Hosten Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la Loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. Dépôt légal : mars 2020 2e édition – N° d’édition : J20015 ISBN : 978-2-2151-6483-8 • MDS : 660529N1 Achevé d’imprimer en février 2020 en Italie Par LEGO S.p.A par l’intermédiaire d’Ercom


Crédits photographiques Fonds des pages : pixabay.com. Page 2 : Tête d’abeille © Shutterstock – Langue d’abeille © Shutterstock – Œil à facette © Shutterstock – Abeille de profil © Biosphoto / Eric Tourneret. Page 3 : Apis Cerana © Biosphoto / Roger Tidman / FLPA - Frank Lane Picture Agency – Megachilidae © Biosphoto / Michel Rauch – Abeille charpentière © Biosphoto / Pascal Goetgheluck – Abeille géante © Shutterstock – Osmie cornue © Biosphoto / Joël Héras. Page 4 : Nid bien caché © Biosphoto / Ingo Arndt / Minden Pictures – Couvain © Biosphoto / Eric Tourneret – Rayons de cire © Biosphoto /Cavagnaro David / Peter Arnold. Page 5 : Alvéoles © Biosphoto / Eric Tourneret – La reine, le faux bourdon et l’ouvrière © Shutterstock. Page 6 : Communication permanente © Biosphoto / Claudius Thiriet – Abeilles © Shutterstock. Page 7 : Bouche-à-bouche © Biosphoto / Claudius Thiriet – Abeille aspirant du miel © Biosphoto / Eric Tourneret – Abeille et gelée royale © Biosphoto / Eric Tourneret. Page 8 : Accouplement © Biosphoto / Pascal Pittorino. Page 9 : Naissance d’un faux bourdon © Biosphoto / Claudius Thiriet. Page 10 : Nettoyeuse © Shutterstock. Pages 10-11 : Nourrir les larves © Shutterstock. Page 11 : Surveillance des larves © Shutterstock. Page 12 : Des acrobates-nées © Biosphoto / Heidi & Hans-Jurgen Koch / Minden Pictures. Pages 12-13 : Abeille transportant de la propolis © Biosphoto / Eric Tourneret – Abeilles qui se réchauffent © Shutterstock. Page 14 : Récolte du pollen © Shutterstock. Pages 14-15 : Récolte du nectar © Biosphoto / Michel Rauch. Page 15 : Abeille transportant du pollen – Gardiennes faces à un frelon asiatique © Biosphoto / Eric Tourneret – Dard © Shutterstock – Abeille soldat face à un frelon © Biosphoto / Eric Tourneret. Page 16 : Abeilles en vol © Shutterstock. Page 17 : Essaim © Shutterstock – Construction d’une nouvelle ruche © Photo12 / Alamy. Page 18 : Ruche en argile © Shutterstock. Pages 18-19 : Ruche dans un tronc d’arbre © Shutterstock – Ruche en paille © Shutterstock – Ruche Dadant © Shutterstock – Ruche Langstroth © Shutterstock – Apiculteur © Biosphoto / Eric Guilloret. Page 20 : Fabrication du miel © Biosphoto / Sylvain Cordier – Couteau à désoperculer © Biosphoto / Sylvain Cordier – Miel © Maximilian Stock Ltd / PhotoCuisine / Corbis – Chouchen © Jean-Daniel Sudres / TOP / Eyedea – Pain d’épices © J. Riou / PhotoCuisine / Corbis. Pages 20- 21 : Extracteur © Biosphoto / Denis Bringard – Nougat © Maurice Rougemont / TOP / Eyedea. Page 21 : Filtrage du miel © Eric Guilloret / Naturagency – Mise en pot © Philippe Lebeaux / Naturagency – Pollen Nicoloso / PhotoCuisine / Corbis – Bougie © Shutterstock ; Gelée royale © Biosphoto / Bringard Denis. Page 22 : Avion déversant des pesticides © Shutterstock – Guêpier © Shutterstock – Hirondelle © Shutterstock – Lézard vert © Shutterstock – Guêpe © Shutterstock – Frelon © Shutterstock. Page 23 : Ruches de l’Opéra Garnier © Jean-Claude N’Diaye / Biosphoto. Les illustrations suivantes ont été réalisées par Marie-Christine Lemayeur et Bernard Alunni : Coupe d’une partie du nid (page 5) – Coupe transversale d’un rayon de cire (page 5) – Évolution de la larve (pages 8-9) – Les nettoyeuses (page 11) – Les manutentionnaires qui fabriquent le miel (page 13) – Coupe d’une fleur (page 14) – Combat de reines (page 16) – Schéma d’une ruche moderne (page 18) – Schéma de la pollinisation (page 23). Couverture : Abeille sur une fleur © Stéphane Vitzthum / Biosphoto. Vignettes : toutes les photos proviennent de Shutterstock. Les images à découper sont des reprises d’images des pages intérieures.


MDS : 660529N1

7,95 € (France)


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