LE HIP-HOP
L’ÂGE D’OR DU RAP Au début des années 1990, le rap devient une musique populaire aux États-Unis, que l’on entend désormais sur toutes les radios. Des quatre coins de New York surgissent des dizaines d’artistes qui veulent faire entendre leur voix sur les ondes. Ils revendiquent leur appartenance à la culture hip-hop et racontent leur quotidien, semblable à celui de millions de concitoyens, qui s’y reconnaissent et achètent leurs disques. C’est un véritable âge d’or que vit alors le rap new-yorkais.
Notorious BIG
Nas
Wu-Tang Clan
Les stars du quartier Désormais, chaque quartier de New York possède sa superstar ! Grâce à son premier disque, Illmatic, Nas devient le héros du Queens tandis que Jay-Z et Notorious BIG représentent les cités de Brooklyn. Mais ce n’est pas tout : Public Enemy (Long Island), X-Clan (Brooklyn), Juice Crew (Queensbridge), Boogie Down Production (Bronx), Wu-Tang Clan (Staten Island)… la ville de New York concentre à elle seule une multitude de styles de rap différents ! La concurrence fait rage et stimule les rappeurs, qui ne cessent de se réinventer chaque jour.
Jay-Z
Puff Daddy
Un vivier infini Alors que New York s’installe comme l’épicentre de la culture hip-hop, le reste du pays lui emboîte rapidement le pas. De la Floride à la Louisiane, le sud des États-Unis se place à son tour sur la carte du rap : à Miami, le groupe 2 Live Crew réinvente le genre à la lumière du patrimoine musical local tandis que, de la Nouvelle-Orléans, d’Atlanta et de Houston, surgissent chaque semaine de nouvelles superstars : Master P, OutKast ou encore 8Ball & MJG menacent la suprématie de New York et le défi rap s’étend à tout le pays. Qui sera le meilleur ? Luther Campbell, alias Luke Skyywalker, crée en 1984 le groupe 2 Live Crew, qui place Miami sur la carte du rap alors dominée par New York.
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La révolution West Coast À Los Angeles, l’équipe N.W.A. fait des étincelles depuis la fin des années 1980. C’est l’avènement d’un nouveau genre : le gangsta rap. À l’opposé du rap new-yorkais, qui appelait la communauté noire à s’unir, le gangsta rap est un rap dur qui raconte la vie des gangs. Aux commandes de cette révolution sonore inspirée par le funk de George Clinton et du groupe Zapp, Dr. Dre devient l’un des producteurs les plus influents des années 1990. Accompagné de Snoop Dogg, un rappeur venu du quartier de Long Beach, il enregistre en 1992 l’album The Chronic qui va influencer durablement le son du rap. Snoop Dogg
Avant de devenir l’immense producteur que l’on connaît, Dr. Dre formait avec Ice Cube, MC Ren et Eazy E le groupe N.W.A (Niggaz With Attitude), qui allait créer des remous en Amérique en s’attaquant frontalement à la police.
EAST COAST CONTRE WEST COAST : UNE GUERRE TRAGIQUE Depuis toujours, les rappeurs ont mis en avant l’appartenance à leur quartier : le Queens, le Bronx, Manhattan ou Brooklyn. Lorsque la compétition se transpose à l’échelle nationale, le rap de la côte est (New York) s’oppose à celui de la côte ouest (Los Angeles). Mais cette compétition, à la fois artistique et économique, se termine dans le sang : Tupac Shakur, héros du rap californien, est assassiné le 13 septembre 1996, tandis que son rival, le rappeur new-yorkais Notorious BIG, meurt criblé de balles le 9 mars 1997. Ces deux meurtres n’ont jamais été élucidés. 7
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LA DANSE DE LA RUE Contrairement aux danses académiques, développées dans les conservatoires et les opéras, la danse hip-hop a grandi dans les rues de New York, à la fin des années 1970. En dépit de son caractère underground, elle n’a jamais disparu : aujourd’hui, la communauté des b-boys (breaking boys) continue de s’affronter à l’occasion de centaines de compétitions locales ou internationales tandis que les spectacles investissent les plus grandes scènes du globe et attirent des millions de spectateurs.
Repousser ses limites Comme les autres disciplines du hip-hop, la danse repose sur la notion de défi, qui pousse les danseurs à se dépasser, à rivaliser, de style et de créativité pour épater l’adversaire. Qu’ils s’affrontent en 1-on-1 (un contre un) ou en équipe, ils n’ont qu’une idée en tête : créer le meilleur mouvement, le pas de danse inédit qui clouera leur challenger sur place et emportera les faveurs du public qui se masse autour du cypher (cercle). C’est ainsi qu’au fil du temps, la discipline n’a cessé de se complexifier pour donner lieu à des battles de plus en plus spectaculaires.
L’art au coin de la rue Expression corporelle de la culture du même nom, la danse hip-hop est apparue à la fin des années 1970 au coin des rues de New York et dans les blocks parties. Au croisement de la danse, du sport et de l’acrobatie, elle s’inspire des danses alors en vogue au sein de la communauté afro-américaine (toprock, footworks, goodfoot…) mais aussi des scènes de combat dans les films de kung-fu. Dès le milieu des années 1970, des équipes de b-boys et b-girls (breaking boys et breaking girls) posent un coin de lino ou un morceau de carton à même le bitume, se lancent des défis et s’affrontent dans des battles improvisés. Encouragés par des passants ébahis, les b-boys new-yorkais travaillent leur style en pleine rue au son du funk qui sort du ghetto-blaster (poste de radio-cassette). Chacun à leur tour, ils s’élancent sur ce dancefloor de fortune en faisant preuve d’une inventivité sans cesse renouvelée.
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Des crews légendaires B-boy contre b-boy, crew contre crew, quartier contre quartier, la danse hip-hop est avant tout un art de l’affrontement. Parmi les premiers crews à se faire un nom dans les rues de New York, le Rock Steady, les New York City Breakers ou les Dynamic Rockers s’affrontent à l’occasion de battles épiques tout en développant la discipline. C’est grâce à ces premiers innovateurs qu’évoluent les différentes disciplines de la danse hip-hop, que les mouvements se complexifient. Parmi les premiers crews à faire parler d’eux dès les années 1980, le Rock Steady Crew, emmené par Crazy Legs, est devenu une véritable légende de la danse hip-hop, encore en activité aujourd’hui.
Un circuit international Depuis ses premiers pas sur les trottoirs new-yorkais, la danse hip-hop a rayonné dans le monde entier et voit désormais les b-boys s’affronter à l’occasion de compétitions prestigieuses, qui ont chacune leur spécificité, leur style et leur ambiance. Parmi les plus notables, le Battle Of The Year est une compétition par équipe, tandis que le Red Bull BC One est considéré comme le championnat du monde de breakdance en solo ; le Chelles Battle Pro a créé en 2001 une compétition pour les moins de 12 ans, le Juste Debout rassemble les danses debout (locking, popping, house…) et le Floor Wars se dispute exclusivement à 3 contre 3. Le Néerlandais Menno est le seul à avoir remporté trois fois le Red Bull BC One.
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TA B L E D E S M AT I È R E S AUX ORIGINES DU HIP-HOP 2 L’ÂGE D’OR DU RAP 6 VERS UN RAP FRANÇAIS 8 LA DANSE DE LA RUE 16 DE LA COULEUR SUR LES MURS 20
© 2020, FLEURUS ÉDITIONS, Paris 57, rue Gaston Tessier, CS 50061, 75166 Paris Cedex 19 www.fleuruseditions.com Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Emmanuelle Braine Bonnaire Conception de la collection : Émilie Beaumont et Jack Delaroche Édition : Nathalie Merluzzi assistée d’Amélie Palladin Conception graphique : Éric Laurin sous la direction de création d'Élisabeth Hébert Direction artistique : Bleuenn Auffret, assistée de Julien Di Giorgio Mise en page : Graph’M Direction de fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Axelle Hosten Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la Loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. Dépôt légal : octobre 2020 1re édition – N° d’édition : J20255 ISBN : 978-2-2151-7183-6 • MDS : FS00043 Achevé d’imprimer en septembre 2020 en Italie par L.E.G.O S.p.A. par l’intermédiaire d’Ercom
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Remerciements
À Archibald et Victor, mes champions du monde. À Lou, Émilie, Elisha, Mani, Hocine, Malo, Lila, Pierrot, Marguerite, Hugo, Mathilde, Ahmad, Milo, Liam et la clique. À Nathalie Merluzzi pour son suivi et sa rigueur. À Gims, GLK, Heuss L’Enfoiré, Rim’K, Fianso et Niska.
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