Les châteaux-forts

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CHÂTEAUX-FORTS LES



CHÂTEAUX-FORTS LES

TEXTES CHRISTINE SAGNIER I L LU S T R AT I O N S A L E S S A N D R O B A L D A N Z I E T G I A M P I E T R O C O S TA ( A G E N C E M I A )


LA VIE AU CHÂTEAU Au château, la vie est tout sauf confortable et tranquille. Il y fait froid, les pièces sont bruyantes, peu meublées, il n’y a ni eau courante ni électricité… Au temps des donjons, le seigneur, sa femme et ses enfants cohabitent avec les soldats et les serviteurs dans un espace étroit. Mais au fil des siècles, le château s’agrandit, les bâtiments sont plus nombreux, et le confort s’améliore. Les seigneurs y partagent leur temps

Le confort

Il fait froid dans le château. Les murs sont épais et humides. Les fenêtres étroites laissent entrer peu de lumière car, en guise de vitre, il y a du parchemin huilé. Le soir, on s’éclaire avec des bougies et des lampes à huile. Pour se chauffer, il y a des cheminées. Les robinets n’existent pas : l’eau est puisée dans la cour, au puits ou dans les citernes et transportée jusqu’au donjon à la force des bras par les serviteurs. On fait sa toilette dans des bassines et l’on prend son bain dans une cuve en bois. Quant aux toilettes, elles sont construites dans l’épaisseur du mur : une dalle trouée fait office de siège, le conduit s’ouvrant directement sur les fossés.

entre la gestion de leur domaine et l’organisation de fêtes et de parties de chasse qui s’achèvent par de grands festins.

Les enfants du château

Au Moyen Âge, un enfant sur quatre meurt avant quatre ans, souvent parce qu’il est mal nourri ou mal soigné. Cependant, celui qui naît au château a davantage de chance de survivre. Jusqu’à l’âge de sept ans, frères et sœurs sont habillés de la même façon. Ils font leurs premiers pas à l’aide d’un trotteur, jouent avec des poupées de cire, des chevaux en argile, des osselets… C’est leur mère qui leur apprend les prières, mais le seigneur peut engager un professeur particulier, appelé précepteur, pour enseigner les bases de la lecture aux garçons.

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L’aménagement

Le donjon n’est pas très adapté à la vie de famille. Ses pièces sont peu nombreuses et elles ont plusieurs usages. La grande salle, par exemple, est la pièce de réception, mais elle se transforme le soir en dortoir pour les hôtes de passage. La chambre, elle, sert également de salle de bains. On y dort côte à côte dans des lits souvent séparés les uns des autres par des tentures qui servent de cloisons. Le mobilier, que l’on trouve surtout dans la grande salle, est réduit à l’essentiel : des bancs, des sièges pliants, des coffres où l’on range le linge et la vaisselle. Il y a aussi des nattes de paille pour couvrir le sol, et des tables fabriquées avec des tréteaux et un plateau. Car tout doit être facile à démonter. En effet, les riches seigneurs possèdent plusieurs châteaux et aiment changer souvent de résidence.

Expédition d’un seigneur sur les terres d’un autre châtelain

Place aux loisirs

Dans le donjon, le cellier, qui abrite les réserves de nourriture, se trouve au sous-sol, tandis que la salle des gardes est au rez-de-chaussée.

La vie quotidienne

En dehors des obligations liées à leur domaine, les châtelains s’adonnent à de nombreux loisirs. Ils jouent aux dames, au trictrac, aux échecs, aux billes, aux dés, aux dominos. Grands amateurs de musique et de danse, ils écoutent les troubadours réciter les poèmes au son de la harpe, de la lyre ou du luth. Le soir, toute la maisonnée se rassemble autour du prêtre, qui fait la lecture.

S’il n’est pas à la guerre, en tournoi ou à la chasse, le châtelain rassemble ses conseillers pour gérer son domaine et rendre la justice. Épaulé par ses hommes armés, il fait la police sur ses terres : ensemble, ils partent à cheval pour de longues rondes. S’il est en conflit avec un châtelain voisin, le seigneur convoque ses vassaux et les entraîne pour de brèves expéditions sur les terres ennemies avec pour objectif de saccager les cultures et piller le bétail. De son côté, la châtelaine surveille le travail des serviteurs, veille sur les dépenses, contrôle les réserves de nourriture et la confection du linge. C’est elle également qui assure l’éducation des enfants. Et en l’absence du seigneur, elle prend les affaires du château en main.


LE TOURNOI Pour le public friand d’exploits, le tournoi est une fête. Pour le chevalier, c’est avant tout un exercice militaire, qui doit ressembler à la guerre. Qu’il participe à une charge collective, la mêlée, ou à un duel, la joute, l’important est de gagner. Car le tournoi est l’occasion de plaire aux belles dames et d’être remarqué par les seigneurs les plus puissants. C’est également un moyen de s’enrichir, les vainqueurs récupérant l’armure et la monture des vaincus ainsi qu’une rançon. Mais c’est aussi un jeu dangereux qui attire les foudres de l’Église.

« À outrance » ou « à plaisance » ?

Lors des tournois, les morts ne sont pas rares. Très tôt, l’Église condamne ces jeux brutaux qui incitent les chevaliers à se battre pour de l’argent et flattent leur orgueil. Pourtant, la mode des tournois ne faiblit pas. Pour les rois, c’est le moyen de contrôler la violence des chevaliers tout en limitant les guerres entre seigneurs. Vers 1250, l’usage d’armes moins dangereuses est autorisé pour limiter les effusions de sang : il n’y a plus de pointe sur les lances et celle des épées n’est plus tranchante. C’est le combat « à plaisance » par opposition au combat « à outrance ».

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Au cœur de la mêlée

Au XIe siècle, le tournoi ressemble à une vraie bataille. Deux groupes, constitués chacun d’une centaine de chevaliers à cheval, s’affrontent sur une vaste zone de champs et de forêts où ils dressent des embuscades à leurs adversaires. Le but de cette épreuve, qui peut durer plusieurs jours, est de se rendre maîtres du terrain. Après les clameurs, les clans rivaux s’élancent pour une charge collective. Ceux qui parviennent à traverser la mêlée en restant en selle font demi-tour : on dit qu’ils tournoient.


UN SPECTACLE HAUT EN COULEUR Pour être reconnus au coeur du combat, les chevaliers ornent leur bouclier, leur bannière et le caparaçon de leur cheval de fi gures géométriques, de fl eurs ou d’animaux : ce sont leurs armoiries qui leur servent de carte d’identité. Les hérauts, chargés de présenter les combattants et de rappeler leurs exploits au début des tournois, deviennent très vite les spécialistes de ces ornementations. Ils vont imposer des codes de couleurs et des compositions particulières.

La joute

Lance levée, les deux combattants se font face dans la lice. Une barrière est dressée entre eux pour éviter les collisions. Au son de la trompe, ils abattent leur arme et éperonnent leur cheval, qui s’élance au galop. Le but est de résister au choc de la lance adverse et de rester en selle. Car le premier désarçonné a perdu. Mais si une lance se brise, les chevaliers mettent pied à terre et poursuivent le combat à l’épée. Dès lors, c’est celui qui parvient à ôter le casque de son adversaire qui gagne.

L’heure des comptes

À la fin de la journée, chacun rejoint son camp. Les forgerons déboîtent les heaumes coincés sur la tête des chevaliers, ils raccommodent les hauberts déchirés, redressent les armes tordues. Pour les vaincus, il est hors de question de partir sans payer leur rançon ni remettre leur armure et leur monture. Pour les vainqueurs, c’est le moment d’échanger ou de revendre le surplus qu’ils ont gagné. Le tournoi s’achève souvent par une grande foire aux chevaux.

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À L'ATTAQUE ! Alerte générale ! L’ennemi, prêt à attaquer le château, est au pied des remparts. Charpentiers et sapeurs s’activent déjà pour évaluer le matériel nécessaire à l’assaut. Parce qu’on n’attaque pas un château sans calculer les faiblesses de la défense ennemie. Ces préparatifs peuvent durer de longs mois. D’où la nécessité pour les futurs assaillants d’établir un camp où l’on peut construire des engins de guerre,

Affamer l’ennemi

S’il est bien conçu, le château est difficile à prendre par la force, un petit nombre de défenseurs pouvant résister longtemps à une armée d’assaillants. Mais encore faut-il que les réserves d’eau et de vivres soient suffisantes, car l’ennemi commence par encercler le château en coupant tout approvisionnement.

Négocier avant tout

Un long siège risque de coûter très cher à celui qui l’organise. Et sans succès garanti. Tout commence donc souvent par des négociations : les assaillants intimident les gardiens de la forteresse en les menaçant d’extermination ou leur promettent la vie sauve en cas de reddition.

stocker les munitions et rassembler assez d’hommes pour mener à bien cette opération d’envergure.

Repérage

Une poignée de soldats part en repérage au plus près du château pour découvrir les failles dans sa défense. Ils évaluent le nombre d’échelles à construire, repèrent les tronçons de rempart les moins bien gardés par les tours, notent les murailles les plus basses d’où les guetteurs ont une vue limitée. Le jour de l’assaut, les troupes profiteront de ces faiblesses pour surprendre les assiégés.

Les préparatifs

Les assaillants s’activent derrière les palissades qui protègent leur camp. Certains coupent le bois dans la forêt voisine, d’autres déchargent les troncs des chariots pour permettre aux menuisiers de fabriquer des échelles ou encore des beffrois, ces tours à étages et pont basculant qui permettent d’atteindre le chemin de ronde. D’autres encore rassemblent des projectiles de toutes sortes : pierres, morceaux de fer, pots de résine à enflammer…

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En avant !

Sous les tours et les courtines, les sapeurs creusent des galeries pour que la muraille s’écroule. Plus loin, sur le pont-levis, des soldats enfoncent la porte à l’aide d’un bélier (1), une longue poutre armée d’une tête de fer. Au-dessus de l’assommoir, les assiégés s’apprêtent à déverser sur leurs têtes des pierres, des poutres et des meubles en morceaux. Pendant ce temps, les catapultes (engins servant à lancer des projectiles) bombardent les remparts : l’équipe attachée au trébuchet (2) expédie des barils remplis de matières inflammables pour incendier les hourds ; une autre, munie d’un lance-pierre géant, la baliste (3), s’acharne sur les merlons. Déjà, sur le chemin de ronde, les soldats se battent au corps-à-corps. Les assiégés n’ont d’autre solution que de se réfugier dans le donjon et de s’y barricader.

À l’assaut des murailles

Passé le fossé, les troupes s’élancent à l’assaut des courtines : les uns s’engouffrent dans le beffroi ( 4) à l’abri des tirs ennemis, les autres grimpent sur les échelles dressées sur la muraille, avec, pour unique protection, les flèches des archers chargés de les couvrir, eux-mêmes étant réfugiés derrière des mantelets (5). Pendant ce temps, une pluie de projectiles s’abat sur eux, rebondissant sur la base profilée du mur.

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TA B L E D E S M AT I È R E S

POURQUOI LE CHÂTEAU FORT ? 2 LE CHANTIER 4 À QUOI RESSEMBLE LE CHÂTEAU FORT ? 6 LA VIE AU CHÂTEAU 8 TRAVAILLER AU CHÂTEAU 12 LA CHEVALERIE 14 LE TOURNOI 16 À L'ATTAQUE 18 À TRAVERS LE MONDE 20 GUÉDELON 22

© 2020, FLEURUS ÉDITIONS 57, rue Gaston Tessier, CS 50061, 75166 Paris Cedex 19 www.fleuruseditions.com Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Emmanuelle Braine Bonnaire Conception de la collection : Émilie Beaumont et Jack Delaroche Édition : Amandine Doubre Conception graphique : Éric Laurin sous la direction de création de Élisabeth Hébert Direction artistique : Bleuenn Auffret, assistée de Julien Di Giorgio Mise en page : Graph’M Direction de fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Sabine Marioni Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la Loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. Dépôt légal : mars 2020 3e édition – N° d’édition : J20015 ISBN : 978-2-2151-7484-4 • MDS : 274693N2 Achevé d’imprimer en février 2020 en Italie Par LEGO S.p.A par l’intermédiaire d’Ercom


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MDS : 274693N2

7,95 € (France)


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