Docteur Françoise Ceccato Préface de Laurent Combalbert
Une pédiatre et des spécialistes pour vous ACCOMPAGNEr
VOTRE ENFANT
3 à 7 ans APPRENTISSAGES
SOCIALISATION
ALIMENTATION
SOMMEIL
ÉDUCATION POSITIVE
SANTÉ
NEUROSCIENCES
Sommaire Préface 5 Introduction 15 1. U n “presque grand” à la maison
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À table !
20
Se nourrir pour grandir et par plaisir Quand repas rime avec tracas Les besoins nutritionnels entre 3 et 7 ans Oups ! Mon enfant grossit trop vite.
Au lit !
21 25 30 36
40
Comment dort votre enfant ? 41 Quand, où, comment, avec qui et avec quoi ? 46 Et si ce n’est pas facile, comment l’aider ? 50 Plus de pipi la nuit : tout un programme… 54
À la toilette
58
Se vêtir et se chausser, c’est grandir 59 Faire sa toilette et aller au petit coin 64 L’intimité 68
En action !
72
Aider à la maison, jardiner, cuisiner, ranger… Jouer, créer son univers Faire en famille Accompagner les changements
73 78 82 87
En famille !
90
Être seul enfant ou pas ? Quelle place dans la famille ? Être jumeau, qu’est-ce que ça change ? Être adopté(e) La famille en pleine mutation
91 95 99 104
Bien protégé ?
108
Comment protéger un enfant des accidents de la vie courante ? Pour une maison sans tabac Le bien-être à la maison Un animal à la maison
109 114 117 121
•9•
2. U n “presque grand” hors de la maison
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Ses premiers cartables
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L’entrée à l’école La maternelle De la maternelle au C.P. Le C.P. en route vers la lecture
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À la rencontre des autres
146
À la découverte de sa famille élargie : grands-parents, cousins, etc. Les copains et les copines, l’amour et l’amitié Comment apprendre les codes de vie en société ? Gros mots et émotions Le périscolaire et autres modes d’accueil
Le plaisir à faire Les activités d’éveil corporel : sport, yoga, cirque, piscine, neige, etc. Les activités musicales : instruments, chant, théâtre… Activités manuelles : poterie, sculpture, peinture, pâte à modeler, collage Chut ! On écoute
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160 161 163 168 171
Le plaisir de sortir Les sorties : parcs, jeux, spectacles, bibliothèque, coiffeur, restaurant … Les vacances et les voyages La place de la nature La place des animaux : ferme pédagogique, médiation animale
Comment est-il protégé ? Comment le protéger en dehors de la maison ? En déplacement Comment la société le protège, que dit le droit ? La PMI et la santé scolaire, alliées de l’enfant
174 175 179 183 187
190 191 194 198 200
Nouveaux défis
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Les nouveaux défis éducatifs Votre enfant face aux écrans Environnement, pollution… Les conflits des grandes personnes : violences, migrations, pauvreté…
205 209 213
• 10 •
217
3. Q uelle personne est votre enfant entre 3 et 7 ans ?
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Les coulisses de l’exploit
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Un petit d’homme qui grimpe, court, danse Des mots aux concepts De la motricité globale à la motricité fine et à l’écriture cursive De « lui tout seul » à « lui avec les autres », ses capacités sociales
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La force de son cerveau
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100 milliards de neurones Tous les sens en éveil pour apprendre La pensée en construction La place de l’imaginaire, des livres, des images, du cinéma Comment faire quand il est difficile d’apprendre ?
241 245 249 255 259
Les disputes : parents-enfants, enfants-enfants (la discipline) Quand la communication ne se fait pas
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Un petit être en relation
262
L’identité en construction Être avec les autres… Communication sans parole, le non verbal
263 267
Il a besoin des autres
282
Les besoins fondamentaux Et pour aller au-delà : éducation positive et non violente Dur, dur au quotidien, la gestion des émotions À quels défis est-il confronté ? Stress, peurs… Comment accompagner un enfant de 3 à 7 ans ?
283
Les défis posés aux parents
302
271
Pour réussir sa mission, de quoi a besoin un parent ? Quand le couple va mal Quand la maladie touche un parent ou un proche de l’enfant Quand le deuil touche un proche de l’enfant Quand la maladie touche l’enfant
• 11 •
286 290 294 298
303 307 311 314 318
4. L a santé de votre enfant
323
Comment savoir si tout va bien ?
324
Est-ce qu’il grandit bien ? Est-ce qu’il voit bien ? Est-ce qu’il entend bien ? Un nez, une bouche, 2 oreilles
325 329 334 337
Il a de quoi se défendre
342
300 000 petits ballons dans un grand arbre respiratoire Un cœur infatigable Un système digestif de taille : 4,5 fois la sienne ! Un système de défense digne d’un château fort
343 347 350 353
Il est fort et fragile à la fois
358
Une charpente de 206 pièces Une tête et des mètres de nerfs pour être maître de soi Deux reins et un zizi Quand le zizi fait souci La peau
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Comment le soigner ?
376
363 367 370 372
Aïe ! Ça fait mal… Soigner votre enfant à la maison, même quand c’est difficile… Vingt dents à protéger ?
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Des soins bien appréciés des petits
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Des granules dans la pharmacie… Apprendre à s’exprimer – l’orthophonie Apprendre à se mouvoir – la psychomotricité Apprendre sur soi – la sophrologie pour petits
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381 388
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Ressources au fil des pages
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Des livres pour aller plus loin
409
Remerciements 412
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1. Un “presque grand” à la maison Votre enfant est maintenant bien installé dans sa vie. Il a ses repères dans l’espace, en 1er lieu son « chez-lui », et dans le temps, grâce aux habitudes instaurées en famille. Les repas, les moments dédiés au sommeil et aux soins du corps sont l’horloge et la boussole de ses journées ; ce qui lui permet de grandir en taille, en force et en santé. Mais pas seulement ! Vous allez voir se déployer sa conscience de lui, de l’autre et du monde qui l’entoure. Votre famille est son camp de base, refuge indispensable pour l’aventure de la vie.
Ă€ la toilette
Se vêtir et se chausser, c’est grandir Dès la naissance d’un enfant, un vêtement lui est attribué pour le protéger et le faire entrer dans la grande famille de l’Humanité, seule espèce habillée, preuve de son intelligence à s’adapter à tous les climats, froids, chauds ou tempérés. Cet habit dont on le couvre dit aussi son époque, sa culture, son statut dans la société et son sexe : il est bien rare de voir un nouveau-né garçon vêtu de rose. À 3 ans, l’enfant a déjà acquis diverses habiletés pour s’habiller seul, d’autant plus facilement s’il y a été encouragé avec patience, mais ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît : Clara est en difficulté pour enfiler son pantalon qui a des manches longues et le petit Évariste demande : « Maman, tu viens me t’aider ? ». Au fil des saisons et des situations, il a aussi appris à adapter ses tenues, en grande partie en observant ses parents. Capucine, 3 ans dit : « Maman il fait froid, je veux mes glands ». Quant à Hugo, 4 ans, il anticipe sa mise, révélant déjà une aptitude à la planification :
« Aujourd’hui il va pleuvoir Hugo. – Ah cooool ! – Ben pourquoi tu es content qu’il ne fasse pas beau ? – Ben parce que j’adore mon Kway. » Apprendre, c’est devenir capable de choisir pour se vêtir et se chausser de façon adaptée. À 4 ans, Antoine préfère les petites chaussures légères aux grosses baskets « pour courir plus vite, pour faire la course avec les copains ». Choisir c’est grandir, comme peut le faire Fabien, 3 ans : « Papa, j’ai mis mes bottes et maintenant j’ai pied dans le caniveau ». Les petites filles portent par tradition des mocassins ou des bottines à la semelle fine et glissante. En cours de récréation, une fillette équipée de chaussures adaptées à la course ou aux activités physiques, comme les petits garçons, a plus de chance de s’amuser sans tomber et de participer aux jeux collectifs.
Le jour de son anniversaire, Emmy, 6 ans, reçoit une paire de chaussures à lacets. Comme elle ne savait pas faire les lacets, elle a dit qu’elle allait être « embêtée » à l’école. Alors sa tante Célia lui apprend comment faire. Deux jours plus tard, Emmy savait faire même les doubles nœuds. Elle était fière de son nouveau savoir. Des connaissances pour savoir s’habiller Être capable de se vêtir seul demande d’avoir acquis beaucoup de connaissances : • Repérer le devant et le derrière, le haut et le bas, l’endroit et l’envers, la droite et la gauche, et savoir où mettre chaque vêtement. • Comprendre la logique de l’habillage : sous-vêtements en premier, les chaussettes avant les chaussures. • Coordonner ses gestes : passer la tête à travers le col d’un pull, puis chaque bras à travers les manches. • Exercer sa motricité fine pour boutonner sa chemise ou faire un nœud. Des idées bien précises Avant même qu’il sache s’habiller seul, votre petit bout’chou a des idées précises sur ce qu’il veut porter et, s’il part en voyage, sur ce qu’il veut emporter. À 4 ans, Léonie veut un maillot de bain deux-pièces avec soutien-gorge tandis qu’Inès prépare son vanitytatatie, mot-valise de son invention qui désigne le vanity-case de Tatie. Cloé, du même âge, s’habille presque seule, choisit sa culotte, sa robe, ses barrettes et se brosse les cheveux. Mais un soir, au retour de l’école, sa mère remarque ses cheveux en bataille : « Cloé, tu as perdu ta barrette ?
– Non, je ne l’ai pas perdue, je ne sais pas où elle est… »
S’habiller, cela s’apprend, par imitation et à travers la routine de tous les jours, plus facilement si l’enfant n’est pas pressé par le temps, s’il lui est laissé l’occasion de répéter les gestes et s’il est encouragé dans ses efforts.
• 59 •
Voici pour cha que année Les nouvelles h abiletés N’en demandez pas trop Juste ce qu’il fa ut !
À 4 ans, il sait :
• se déshabiller à peu près seul,
ais ne sait pas passer les vêtements m par-dessus sa tête
• trouver l’avant des vêtements • enfiler ses chaussettes,
ais il a du mal à placer le talon m au bon endroit
• mettre ses souliers,
mais il se trompe de pied
À 5 ans, il sait :
À 6 ans, il sait :
• s’habiller seul, sauf si les vêtements
• s’habiller seul sauf les boutons
• reconnaître l’arrière et l’avant
• s’habiller dans le bon ordre : le pantalon
• faire coulisser une fermeture Éclair
• attacher les boutons-pression
sont serrés
d’un vêtement.
• parfois faire des nœuds
• attacher un gros bouton
• détacher et attacher un bouton
• passer des gants
• passer des gants sans se tromper
sauf à l’arrière d’un vêtement
de grosseur moyenne
près du cou et des poignets
avant les chaussures.
• mettre ses souliers au bon pied, et faire des nœuds
• détacher et attacher un petit bouton • faire des boucles lâches avec les lacets
C’est dans ces petits gestes de tous les jours, dans ces évènements plus ou moins importants du quotidien que se tisse le voile des souvenirs de l’enfance, socle de l’adulte. Aider un enfant à découvrir ces nouvelles aptitudes dans ces moments-là crée la confiance en luimême dont il aura besoin sa vie durant. Probablement est-ce là la mission la plus noble d’un adulte ?
Daniel Tammet, génie autiste, écrit dans Je suis né un jour bleu : « Même par temps très chaud, je gardais toujours mon manteau après être rentré de l’école : je le portais pendant que je regardais mes émissions, parfois plus longtemps encore. Je pense que c’était comme une protection supplémentaire contre le monde extérieur, comme un chevalier et son armure. »
Le vêtement protecteur
Prendre soin de soi et se découvrir
Le vêtement est une protection dont certains enfants ont du mal à se défaire dans le cabinet du médecin : douceur et patience sont les alliées du moment.
L’enfant a de plus en plus conscience du regard de l’autre sur lui et commence à prendre soin de son apparence : « Ils sont belles mes cheveux ? », s’inquiète Liam. Il a besoin d’être reconnu en tant que personne unique, garçon ou fille. S’il a un jumeau ou une jumelle, il pourra se différencier plus facilement s’il s’habille de façon distincte. C’est à cet âge que les stéréotypes se mettent en place avec la conscience du regard social.
Trucs et astuces • L’enfant sait se déshabiller avant de savoir s’habiller. Les jeux de déguisement sont un bon entraînement pour développer toutes les habiletés nécessaires à l’habillage et au déshabillage. • N’oubliez pas qu’à cet âge, le mimétisme guide beaucoup de comportements. Le papa de Théotim se pose la question du mimétisme de ses fils sur l’habitude de se ronger les ongles. En fait, les deux garçons copient leur papa !
C’est le matin, et le moment de partir à l’école. Esteban sait s’habiller seul, il met son pantalon et il remarque que l’ourlet est défait : « Maman, j’ai mon pantalon qui repousse… » La coiffure Gaëlle Rouanne, coiffeuse, trouve que les enfants entre 3 et 7 ans sont parfois plus difficiles à coiffer que les plus petits : ils bougent beaucoup et ils bavardent !
• 60 •
En action !
L’avis du spécialiste
Montessori à la maison Lorsque l’enfant grandit, il est souhaitable de ne pas cultiver les dépendances et de l’accompagner progressivement sur le chemin naturel de l’autonomie. Il a envie et besoin d’agir seul et de mener à bien ses activités spontanément choisies. Notre rôle est de lui permettre de satisfaire ce besoin de faire par lui-même, cet élan de vie. Accepter et accueillir ses paroles (et parfois les bruits désagréables), son besoin de relation, ses mouvements (parfois ses prises de risque, parfois son agitation), c’est lui faire autant de cadeaux. Gardons en mémoire l’idée qu’il traverse des périodes sensibles et fa-
vorisons-les en lui donnant un environnement propice aux apprentissages. Il a besoin d’ordre. En rangeant avec lui, il prend l’habitude de remettre les choses à leur place. Cela peut devenir un reflexe. Dans une ambiance montessorienne, la règle est qu’on ne sort pas une activité tant que la précédente n’a pas été remise à sa place. L’enfant aime l’ordre et range naturellement dans un contexte ordonné. C’est cependant un apprentissage qui prend beaucoup de temps. L’ordre extérieur nourrit l’ordre intérieur, autrement dit sa façon de structurer sa pensée.
Charlotte Poussin, éducatrice Montessori AMI et auteur.
Comme la confiance en soi, le langage est façonné par l’expérience. Vincent a une tante psychologue qui aime bricoler. Elle lui demande d’apporter la boîte en fer. Tout content de montrer ce qu’il sait, il lui demande : « C’est la boîte à kiou, tatie ? ». Elle éclate de rire : « On ne dit pas kiou, on dit clou ! ». Le petit garçon, vexé, ne parlera plus jamais de kiou mais de pointes !
Le mensonge, un élément de langage ! Il sait maintenant ce qui est autorisé et même comment se sortir d’un mauvais pas quand il fait ce qui ne l’est pas : je me souviens de ce moment au fond de notre petit jardin où mon père me trouvant tête baissée dans les fraisiers, me demande d’un ton taquin : « Qu’est-ce que tu fais ? – Je cherche des cagouilles (escargots dans le SudOuest) ! »
Le mensonge, aptitude à provoquer une fausse croyance chez l’autre, est complètement acquis à 5 ans. Philippe Presles nous rapporte dans Le Voyage extraordinaire de l’enfance, l’expérience faite avec des enfants, laissés seuls et filmés à leur insu, dans une pièce où se trouve une boîte remplie de bonbons auxquels il leur est interdit de toucher. 90 % cèdent à la tentation. Quand l’adulte revient dans la pièce et demande à chacun : « Tu n’as pas pris de bonbons ? », 38 % des enfants de moins de 5 ans avouent en avoir pris alors qu’après 5 ans plus un seul n’avoue le forfait : tous mentent ! Mais ils sont encore des débutants en la matière et font souvent sourire les adultes qui eux sont experts en dissimulation, en mensonges pieux ou très élaborés, et en secrets inviolables.
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2. Un “presque grand” n o s i a m hors de la Déjà 3 bougies soufflées et bébé devient écolier. Son pas est assuré, son langage bien posé. C’est ce qu’il faut pour sortir de la maison faire ses apprentissages : à l’école, dans la rue, le parc ou dans la nature. Votre enfant est encore à l’âge de tous les possibles. Au contact des autres, il prend conscience de lui-même. Peu à peu il se repère dans les liens familiaux (tonton est le frère de maman,…). Avant 7 ans, il sera capable de prendre en compte son environnement et il sera fier de ses premières responsabilités en dehors de la maison.
Ses premiers cartables
Partage d’expérience La première rentrée scolaire de Clémence Le moment que je redoutais approchait à grands pas… Au-delà de l’entrée à l’école maternelle, de l’apprentissage de la vie en collectivité, il s’agissait d’un cap important dans la vie de ma fille, mais également pour moi. Mon « bébé » allait devenir une petite fille. J’avais beaucoup d’appréhension, car Clémence était gardée par une assistante maternelle depuis ses cinq mois avec deux autres enfants. Contrairement à un enfant fréquentant une crèche, elle n’avait aucune expérience de la vie en collectivité. J’imaginais donc que la situation serait d’autant plus difficile pour elle. Au mois de juillet, nous avons été invitées à passer une matinée dans la classe avec les futurs camarades de Clémence, son enseignante et l’ATSEM. Les enfants ont vite pris possession des lieux, mais ils jouaient chacun de son côté. Ce jour-là, il a été remis à chaque parent une feuille format A3. Sur cette dernière étaient collées des photos des différents lieux (classe, can-
tine, cour, etc.) et de tous les intervenants adultes de l’école (enseignants, personnels de la cantine, garderie, etc.). Nous avions pour consigne de ne la montrer qu’une semaine avant la rentrée et de prendre le temps de regarder les photos avec nos enfants. À 3 ans, les enfants n’ayant pas vraiment la notion du temps, il n’est effectivement pas nécessaire de parler de l’école trop longtemps à l’avance. Je trouve que cette idée du « poster » est un très bon outil pour préparer l’enfant avant le jour J. La fin des vacances… et nous voilà, avec David, à accompagner Clémence à l’école. Sur les conseils de la maîtresse, nous ne sommes restés qu’un petit quart d’heure et je suis partie travailler avec la boule au ventre. Il est vrai que les deux premiers jours, il y a eu quelques pleurs au moment où je quittais la classe, mais, très vite, le rythme s’est installé pour tout le monde et Clémence a passé une très bonne première année de maternelle.
idée folle Qui a eu cette cole ? (bis) ter l’é un jour d’inven arlemagne, h C é r c a s e c t C ’es agne sacré Charlem dans la vie, r e s is la s u o n De is) s, les jeudis (b e h c n a im d s le que Charlemagne, é r c a s e c t s ’e C agne sacré Charlem
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Agnès, maman de Clémence, 3 ans.
Ce fils d nous donn e Pépin le Bref e beaucou p d’ennuis Et nous a vons cent griefs contre, co ntre, contr e lui Ro Sacré Cha bert Gall, rlemagne.
L’avis du spécialiste
L’accueil en petite section Une fois le jour de la rentrée passé, les enfants vont prendre conscience que la rentrée, ce sera tous les jours et qu’ils devront revenir dans leur classe. Il leur faudra aussi apprendre à se séparer de leurs parents tous les matins, faire confiance aux adultes qui vont s’occuper d’eux tout au long de la journée et apprendre à composer avec tous les autres élèves de la classe. Il apparaît donc nécessaire de prévoir des aménagements afin que l’adaptation de l’enfant à son nouveau milieu de vie se passe le mieux possible.
Comment l’aider à passer d’un univers à l’autre
Le temps de l’accueil en petite section est essentiel. Ce temps est un temps de passage où l’enfant quitte son univers familial et retrouve celui de sa classe. Pour que l’enfant se sente rassuré, il doit être accompagné. Les parents peuvent l’aider à entrer dans la classe, à retrouver sa maîtresse.
conscience de l’absence de ses parents. Afin d’aider les enfants à traverser ces petits moments difficiles, j’ai mis en place dans ma classe une garderie pour les doudous. Les enfants posent et reprennent à loisir le doudou placé dans une petite pochette sur un portant : il n’a donc pas besoin d’aller le chercher dans son cartable dans le couloir, pas besoin de refranchir cette porte parfois si inquiétante. Mes élèves ont également à disposition une boîte à bisous que nous fabriquons en classe en partant d’un album jeunesse. Cette boîte est en fait une sorte d’enveloppe dans laquelle je glisse des petits papiers. Je demande aux parents de faire des bisous avec du rouge à lèvres sur chacun des petits papiers. Rien de mieux quand il se sent triste que de prendre dans sa boîte un bisou de maman et de le poser sur sa joue…
Même si ce moment est accompagné de pleurs, il faut prendre le temps de l’éprouver, car ses pleurs sont le signe d’un profond attachement de l’enfant à son parent. Il ne faut donc pas hésiter à se reposer sur l’enseignant en lui confiant l’enfant dans les bras si la séparation est difficile, avec le meilleur allié des pleurs le doudou. Je pense qu’il est très important d’expliquer ce qui va se passer : « J’ai mis tout mon amour dans ton doudou, je te confie à ta maîtresse qui va s’occuper de toi toute la journée jusqu’à ce que je revienne te chercher ». L’enfant sent alors que son parent fait confiance à cet inconnu et qu’il peut donc aussi s’autoriser à lui faire confiance. L’enfant peut à ce moment-là retrouver son groupe et participer aux activités proposées.
C’est parti pour une longue journée
Une journée de classe est longue pour un élève de petite section et parfois avec la fatigue, il reprend
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Stéphanie Vaissiere, enseignante en maternelle.
Comment est-il protégé ?
Comment le protéger en dehors de la maison ? La meilleure sécurité pour votre enfant, c’est de lui apprendre à se débrouiller tout seul. Pour conquérir l’autonomie et la confiance nécessaires à sa future vie d’adulte, quoi de mieux que d’en faire l’expérience ? Plus il va grandir, plus il aura besoin de liberté pour explorer son environnement, prendre quelques risques et se frotter à la vraie vie. Il aura aussi besoin de la confiance des adultes pour avoir confiance en lui. Cela s’acquiert jour après jour.
« Maman, tu sais quoi, le grand frère de Tom, il a la puberté ! – Ah bon, mais ça veut dire quoi ? – Bah qu’il a le droit d’aller tout seul dans la rue ! » Thomas, 6 ans. Apprendre la rue L’âge de l’école maternelle est aussi celui de l’apprentissage à la sécurité. Votre enfant est maintenant en mesure de comprendre le pourquoi de vos consignes. Pourquoi marcher côté maison plutôt que côté trottoir ? Pourquoi traverser au passage piéton plutôt qu’à l’endroit qui paraît le plus direct ? Pourquoi donner la main dans les rues à forte circulation ? Profitez d’une rue calme pour l’entraîner à traverser en étant attentif, sans courir, sans revenir en arrière. Apprenez-lui à repérer les passages piétons et les codes couleur des feux de signalisation. Une chance : il apprend en vous imitant !
et résolution de problèmes. Raphaël, 5 ans et demi, s’est fait piquer : « Maman, pourquoi tu ne sors pas le radar de la guêpe du genou ? » Cette liberté dope leur imagination. À 3 ans, Aurora habitait la région rurale et escarpée du Queensland, en Australie, lorsqu’elle a disparu, comme Max le vieux chien de la maison. Les recherches interrompues la nuit à cause de fortes pluies ont été reprises au petit matin. Quand Max a entendu la grand-mère appeler du sommet de la colline Aurora, il a couru vers elle et l’a conduite auprès de sa petite protégée. Elle a été retrouvée à environ deux kilomètres de chez elle ; Max ne l’avait pas quittée durant la quinzaine d’heures qu’avait duré sa disparition. Elle ne souffrait que de quelques égratignures. Les policiers ont rendu hommage au héros à quatre pattes, un Blue Heeler, le déclarant « chien policier honoraire ». Quel souvenir Aurora gardera-t-elle de cette expérience ? À l’école Païdéia, les petits de 3 à 7 ans passent une partie de leur temps dehors à observer, grimper, sauter, ramasser, goûter, etc. Ces situations plus ou moins risquées leur apprennent à maîtriser leur corps et leurs peurs. Elles s’inscrivent dans la mémoire comme autant de leçons de vie. Elles leur donneront confiance en eux.
Risquer la liberté Pour jouer en sécurité à l’extérieur en ville, les jeunes enfants ont des espaces dédiés : parcs, squares, aires de jeux, etc. En campagne, les jardins sont le terrain d’exploration privilégié. Il fait mauvais, mais cela n’arrête ni Elsa, 3 ans : « J’ai envie de faire de la draisienne », ni Hugo, 5 ans : « Maman, je prends mon Kway®, il pleut des tombes ! » C’est l’occasion de les laisser libres de leurs jeux pour apprendre celui de la vie : prise de décision, création et respect de règles, négociation avec les pairs,
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Pour chuter sans Pour chuter sa ns
te blesser
te blesser De vélo, de tro ttinette Ou de patins à roulettes Mets ton casque sur ta tête Et protège ce q ui peut l’être © Françoise C eccato
3.
Quelle personne est votre enfant entre 3 et 7 ans ? Un proverbe serbo-croate dit qu’il pousse plus de choses dans un jardin qu’on en a semé. N’avez-vous pas ce sentiment en observant votre enfant ? Solide sur ses jambes à 3 ans, il est capable 4 ans plus tard de grimper aux arbres comme de nager sous l’eau ou rouler à vélo. Son langage est passé de l’utilitaire à l’imaginaire. Ses questions méritent réflexion et discussion. Il a besoin d’apprendre par lui-même mais votre aide lui est indispensable. Votre mission : le soutenir dans ses apprentissages, l’encourager souvent, le rassurer toujours.
Les coulisses de l’exploit
L’avis du spécialiste
Gabin, 3 ans, et la piscine Je suis entraîneur de natation depuis 15 ans et j’ai encadré bon nombre de personnes dans ce domaine. Mon but avec ces quelques phrases est de vous donner des pistes pour que votre enfant continue de s’épanouir dans le milieu aquatique et que celui-ci ne devienne pas une source d’angoisse et de peur à mesure que l’âge avance. A 3 ans, les enfants commencent à ressentir davantage la peur de l’eau, d’autant plus si les parents qui les accompagnent n’ont pas d’assurance dans cet environnement. Il est primordial de ne pas montrer sa peur, de ne pas la communiquer à votre enfant. Surtout ne le surchargez pas de matériel inutile tel qu’une ceinture ou une bouée, des brassards, un gilet de sauvetage, etc. À vouloir être trop sécuritaire, vous l’empêcherez de ressentir les mouvements que l’eau peut exercer sur lui, comment il pourra se repérer dans cet espace. La meilleure bouée de sauvetage, c’est vous ! Il faut prendre votre temps, garder votre enfant dans vos bras, lui tenir les mains, ne pas hésiter à mettre la tête dans l’eau avec lui, lui apprendre à souffler dans l’eau. Aujourd’hui je vais vous parler de Gabin, un petit bonhomme de 3 ans qui va à la piscine depuis ses 14 mois. J’ai établi un petit rituel lorsqu’il rentre dans l’eau : d’abord on mouille la nuque, puis les bras, ensuite les cheveux. Puis on va se mouiller le « petit bidon ». Des petits gestes qui vont lui permettre de prendre contact avec l’eau. Deuxième petit rituel : j’aborde toujours le « souffle » dans l’eau. Je lui demande comment il fait pour gonfler ses joues comme un gros ballon et surtout qu’il me fasse voir. Ensuite, je lui demande, tout en lui tenant les mains, comment il fait pour faire avancer un petit objet flottant à la surface de l’eau tout en soufflant dessus.
Gabin a vite compris le principe de souffler dans l’eau, car lorsqu’il avale de l’eau avec la bouche et que cela le fait tousser, il se rend bien compte que l’eau n’est pas bonne à boire. Un point supplémentaire qu’il faut souligner, l’eau de la piscine c’est : « beurk » ! Dites les choses avec humour, employez des mots drôles pour vos enfants de 3 ans. Si votre enfant boit un peu d’eau de piscine, il ne se noiera pas, il fera surtout un gros pipi en retournant dans votre voiture lorsque vous rentrerez chez vous. Amenez votre enfant dans les différents endroits de la piscine : la pataugeoire, le bassin d’apprentissage où la profondeur est plus importante. Amenez-le dans le grand bassin. Valorisez-le en lui disant que c’est un grand, qu’il est allé dans le bassin des nageurs. Faites-le sauter du bord du bassin, même du plot de départ, en lui tenant la main. Asseyez-vous à côté de lui sur le bord du bassin. Montrez-lui. Les enfants de cet âge jouent beaucoup sur le mimétisme. Rappelez-lui de souffler dès qu’il a le visage dans l’eau. Gabin aime beaucoup les poissons, les mammifères marins. Amenez votre futur petit champion de natation dans son monde. Jouez avec son imaginaire.
• 225 •
Fabien Busson, maître-nageur.
Partage d’expérience Du « WÉLO » au « BMX » Hugo avait 16 mois quand le Père Noël a apporté son « wélo ». Encore dans son carton d’emballage, on ne pouvait contenir son excitation. Et depuis ce jour, il ne fait que rouler. La draisienne a très vite été adoptée, dans le couloir, sur la piste cyclable, dans les chemins. Partout et tout le temps, Hugo ne marche pas, il roule. Nous avons toujours été là pour soutenir cet enthousiasme, lui faire confiance et ancrer en lui l’idée qu’il est capable pour chaque palier de difficulté. Pour ses 28 mois, il est passé au vrai vélo. Pas de petites roues, ce n’est pas nécessaire. Les tailles se succèdent, des vitesses, des suspensions... Quatre ans plus tard, c’est le « BMX race » la passion de notre champion. Deux entraînements par semaine, des stages et bientôt des courses ! Laissons vivre les passions, l’intérêt pour les choses simples et les activités qui amènent nos enfants à connaître et être à l’aise dans leur corps. Vincent et Élodie, parents de Hugo, 6 ans, et Gabin.
Lucien et son goût prononcé pour le mouvement En fait, nous dirions que Lucien est un mouvement perpétuel… Une énergie débordante, et comme le lait sur le feu, il faut être attentif à tout : si le corps est dans une mouvance constante, la boîte à bêtises (son cerveau) est également en activité permanente, et que d’imagination… Ça déborde ! Pour canaliser (autant qu’il soit possible) cette énergie, Lucien fait du judo, de la course avec papa, du vélo, etc. bref tout ce qui est susceptible de faire baisser le niveau de la pile. Malheureusement il recharge ses accus avec rapidité (nous un peu moins). Pour les jeux et activités, il saute du coq à l’âne et tout ça en passant par de nombreuses autres choses, il aime que nous jouions avec lui longtemps, très longtemps, souvent, très souvent… Il a besoin de limites, provoque des conflits avec nous avec un vocabulaire bien adapté, remet en question notre autorité et arrive à nous faire douter du bien-fondé de nos décisions par une négociation acharnée ! Il analyse, comprend et critique, le coquin ! Curieux de tout, il met son nez partout, écoute et y va de ses commentaires avec ou sans notre consentement, il faut juste l’arrêter à temps… À nous d’être plus vifs, tout en lui rappelant les règles de politesse (qui bizarrement sont connues, mais si vite oubliées). Sa vie à l’école est riche de jeux et surtout de copains qui changent selon les semaines, les jeux et les envies. Merci aux billes, au foot et autres jeux de récré qui resserrent les liens de ces enfants qui grandissent ensemble et qui seront au collège et peut-être au lycée plus tard, toujours côte à côte. Gaëlle et Franck, parents de Lucien, 6 ans.
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La force de son cerveau
100 milliards de neurones « En fait, le cerveau des enfants, c’est une éponge ! Et les mots c’est de l’eau ! C’est pour ça qu’il faut apprendre quand on est petit : après il y a trop d’eau. » Tom, 6 ans et demi. Un extraordinaire terreau Dans L’Univers expliqué à mes petits-enfants, Hubert Reeves répond à Tom : « Nous raisonnons à partir de ce que nous connaissons. (…) Nos arguments sont valables à l’échelle de notre science à un moment donné. Et quand de nouvelles connaissances arrivent, nos raisonnements doivent s’y adapter. » Justement, les dernières découvertes montrent que le cerveau est évolutif. Il nous est difficile d’imaginer l’ampleur de sa complexité. D’abord, celle de sa constitution : une centaine de milliards de neurones, connectés entre eux par des dizaines de milliers de milliards de connexions (synapses), entourés de centaines de milliards de cellules gliales dont on perçoit tout juste le rôle primordial. Ensuite celle de son potentiel, qui n’a pas fini de nous étonner. Boris Cyrulnik1 le compare à « une jungle grouillante, que nous pouvons influencer et “jardiner”, jusqu’à en redessiner les structures de fond. (…) Donnez de l’affection à un enfant abandonné, ses connexions synaptiques pousseront comme du blé qu’on arrose. » À l’inverse, la négligence affective fait des ravages. « Qu’on se le dise, l’adulte reste et restera le meilleur jouet, le meilleur stimulant pour nourrir le petit cerveau d’un enfant. Les gommettes et la peinture ne sont qu’accessoires. » écrit Héloïse Junier, psychologue.
La souplesse inouïe du cerveau de l’enfant À sa naissance, votre enfant avait un petit cerveau très immature prêt à être modelé par son environnement. Cette capacité, appelée plasticité cérébrale, lui permet de s’y adapter de façon optimale. Comment ? En apprenant tout au long de sa vie. Les deux premières années,
il se débarrasse de la moitié de ses neurones et fabrique à toute vitesse des connexions entre eux. « Heureusement ! (…) ceux qui restent sont infiniment plus riches en synapses, donc en contact avec leurs collègues, souligne à son tour Pierre Bustany2 (…) Pour avoir un cerveau efficace, ce n’est pas le nombre de neurones qui importe, mais le nombre de synapses. » Son cerveau est une extraordinaire « machine à apprendre ». Il se transforme en réagissant en permanence à ce qui l’entoure, faisant collaborer des milliards de neurones à la moindre stimulation (bruit, odeur, couleur, sensations, toucher, etc.). Génétique et environnement interagissent, le second prenant le pas peu à peu sur le programme génétique, d’où la responsabilité de la famille et de l’école. Quelle découverte sensationnelle !
2. Pierre Bustany, Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner.
Pour un « cerveau au top » • Bien manger, équilibré et diversifié, avec 4 repas par jour. • Bien dormir : régularité du coucher/siestes si besoin. • Bouger : au moins 3 h/jour à 3 ans, 1 h/ jour à 7 ans. • Un environnement affectif sécurisant : cohérent, prévisible, stable et bienveillant. • Être stimulé intellectuellement : le temps, et peut-être encore plus la qualité du temps, que vous passez avec lui, sont précieux. • La compréhension et le soutien des adultes face à l’immaturité émotionnelle et intel- lectuelle normale du petit enfant (contingentez-le pour qu’il ne se blesse pas, mais soyez indulgent devant ses sautes d’humeur).
1. Boris Cyrulnik, Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner.
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La santé de votre enfant Être un enfant c’est être fort et fragile à la fois. Fort parce que son corps tout neuf est hérité d’une longue sélection naturelle. Fragile parce qu’il est encore immature, en croissance, avec des particularités propres à son âge. En prendre soin, c’est vérifier une fois par an que tout va bien. Belle occasion pour lui d’en apprendre un peu plus sur la personne qu’il est, comment fonctionne son corps, et comment le protéger pour profiter pendant de longues années d’une bonne santé.
Comment si tout va
savoir bien ?
Un nez, une bouche, 2 oreilles Un nez pour tout sentir, goûter, respirer mais souvent bouché Le goût est inné : un nouveau-né distingue le sucré du salé, l’amer et l’acide. En revanche, l’odorat est le fruit d’un apprentissage : il permet de sentir une myriade d’odeurs différentes. Chaque enfant possède un profil de sensibilité olfactive génétiquement déterminé. Il n’y a pas deux personnes qui sentent et goûtent de la même manière. Simon, 4 ans, chez le fromager : « On sort, Mamie, ça pue dans ce magasin ! » Sa cousine au même âge aimait l’odeur des fromages. Odorat et goût sont en interaction : 80 % de ce qu’on perçoit du goût d’un aliment vient de notre nez ! Quand le nez est bouché, il est bien difficile de déterminer le goût de ce qu’on mange. Et avec l’entrée en maternelle, les occasions de rhume se multiplient. Ils s’accompagnent de maux de gorge, de toux et d’éternuement, d’un peu de fièvre, et parfois de petits yeux rouges. En 3 ans, votre enfant va s’immuniser contre des dizaines de virus, responsables du petit nez bouché qui fait tousser, ou du petit nez qui coule qu’il faut moucher. À 6 ans, il sera plus fort qu’eux !
Des allergies bien gênantes Le système immunitaire peut se dérégler. Les allergies sont provoquées par des allergènes que l’organisme ne reconnaît pas. À leur contact, le corps réagit de façon inadaptée et excessive. Certains allergènes sont célèbres : pollen, acariens, gluten, poils de chat. Les allergies sont probablement dues à l’association de plusieurs facteurs (familial, environnemental, etc.). Avoir des parents allergiques favorise le risque de l’être soi-même.
La mère d’Aaron, 5 ans et demi, parle tout haut : « J’en ai marre d’être allergique ! – Tu es allergique à quoi ? – Au pollen, ça me gêne. – Ah ! Alors tu as de la chance d’être maman et pas une abeille. »
Pour l’aider à traverser cette période pénible, apprenez-lui à bien s’hydrater et se moucher souvent. Quand Louis, 3 ans et demi, se mouche, il dit qu’il fait de la trompette. Pour son confort, sérum physiologique nasal, miel, inhalations, boissons chaudes et paracétamol suffisent. Un rhume dure en moyenne une semaine. Clara, 3 ans, se promène dans un pré. Elle observe une vache aux naseaux humides : « Maman, regarde, elle a le nez qui coule ! » Quand on est un jeune enfant, se moucher sur sa manche et mettre ses doigts dans son nez sont encore autorisés. Nerys, 5 ans : « Maman, moi y a deux choses que j’aime plus que tout au monde, les glaces et les crottes de nez, mais je crois que je préfère quand même mes crottes de nez... » Un nez trop gratté peut saigner. Parfois il saigne tout seul, c’est une épistaxis. Que faire ? Tout d’abord rassurer votre enfant, puis lui demander de pencher la tête en
Votre enfant renifle : comment lui apprendre à se moucher ? • En jouant au loup qui se sert de ses narines pour souffler sur les maisons des 3 petits cochons, symbolisées par 3 petits morceaux de papier. Maisons envolées, on a gagné ! Pas question de tricher en soufflant avec la bouche. • Expliquer à votre enfant les soins qu’il va recevoir : il est en âge de comprendre. Jouer au docteur avec lui l’aidera : ouvrir la bouche devant la lampe de poche, tirer la langue, montrer ses oreilles, etc. • Si une intervention chirurgicale est prévue, se procurer les petits livrets explicatifs pour enfant auprès de l’association Sparadrap1.
1. https://www.sparadrap.org
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avant au-dessus d’un lavabo et de se moucher très fort. Le saignement va s’arrêter. S’il se reproduit souvent, l’ORL cautérisera la tache vasculaire. Un test sanguin s’assurera de la normalité du processus de coagulation.
Votre enfant respire bouche ouverte le jour et ronfle la nuit Ses végétations adénoïdes (VA), à l’arrière du nez, sont probablement hypertrophiées. Elles filtrent bactéries et virus, mais trop sollicitées, elles enflent et obstruent le nez. Cela favorise les otites (en bouchant l’entrée de la trompe d’Eustache, canal entre le nez et l’oreille). L’avis d’un ORL est conseillé.
Une bouche pour goûter, manger, parler… et à examiner Maintenant que Maël a 3 ans et demi, il accepte l’examen de sa gorge : « Moi, j’ouvre grand la bouche pour que tu mettes pas le bâton… » mais si votre enfant a mal à la gorge et qu’il est fébrile, il a probablement une angine. L’abaisse-langue peut-être nécessaire pour bien voir les amygdales et confirmer le diagnostic. Certaines angines sont dues à des bactéries comme les streptocoques du groupe A qui produisent une toxine dangereuse pour le cœur et les reins. Elles sont difficiles à différencier des angines virales sans gravité. Votre médecin peut vous proposer un test de diagnostic rapide, TDR, qui permet de ne traiter par antibiotique que celles qui le nécessitent. Ce test, plus désagréable que douloureux, se fait en 5 minutes. Il suffit de recueillir sur un porte-coton un peu de sécrétions couvrant les amygdales et de les mettre en contact avec un réactif. Faire participer le petit patient à la préparation du test le met en confiance. Et si le mal de gorge était du « mal à dire » ? Dans le mois qui a suivi la naissance de sa sœur, Tom, âgé de 5 ans, a eu trois angines sévères, la première alors que sa mère était encore à la maternité. Mathias Malzieu y fait allusion dans L’Homme Volcan : « J’étais paralysé, les mots étaient coincés dans mon gosier, ils étaient en acier, j’en avais mal à la gorge ». Un mal de gorge peut enrayer la voix de votre enfant, normalement claire, cristalline, et comme lui, unique. C’est ce qui est arrivé à la petite Justine, 3 ans et demi un matin : « Mais pourquoi j’ai pas ma voix de Justine ? » Quand elle est éraillée, cassée depuis longtemps, mieux
vaut en chercher la cause : un ORL ou un phoniatre va vous y aider.
Deux oreilles à protéger pour bien entendre Gaëtan, 5 ans 3/4, hier, en sortant de chez le médecin : « Maman je suis champion des otites, je mérite une coupe ! ». « Le pauvre », dit sa mère, il enchaîne les otites. Le voir prendre aussi bien la nouvelle me fait mieux passer les choses ! Certains enfants ont des problèmes d’oreille : • À cause d’otite séreuse, qui diminue l’audition : sans fièvre ni douleur, mais en y regardant de près, avec un tympan mat. • À cause d’otites moyennes aiguës : avec fièvre et douleur, par épisodes, souvent associées à des rhinopharyngites. L’examen des tympans est éloquent. Depuis la vaccination contre les pneumocoques, le nombre d’otites aiguës a diminué. • Parce qu’il y a été mis ce qu’il ne faut pas dedans : coton-tige et objets divers…
« J’ai une étoile de mère dans l’oreille droite » Léo, 6 ans, souffrant d’une otite. Quand adresse-t-on un enfant à l’ORL ? • pour vérifier l’audition en cas de doute, • en cas d’épisodes répétés d’otites, d’angines, de saignements de nez, • en cas de traumatismes du nez ou de l’oreille (coton-tige perforateur de tympan), • en cas de corps étranger dans l’oreille, ou dans le nez (jouet, bourgeon, piles, etc.), • en cas de ronflement et d’apnées du sommeil, • etc.
TTrucs et Astuces •A pprendre à parler moins fort ; • Réduire les sources de bruits autour de l’enfant ; • Consulter en cas de voix éraillée ou cassée depuis plus d’un mois.
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Il a de quoi se dĂŠfendre
L’avis du spécialiste
Keiho, 3 ans, tousse de plus en plus Ses parents sont très inquiets. Depuis la rentrée, Keiho n’arrête pas de tousser, dès le matin, par quintes souvent avec des vomissements. La nuit c’est encore pire, même s’il arrive à s’endormir avant la prochaine quinte. Effectivement, Keiho tousse pendant la consultation. C’est un petit garçon vif et éveillé. Le carnet de santé renseigne sur son histoire médicale (les antécédents). Aucun problème jusqu’à présent. Bonne croissance staturo-pondérale, vaccins à jour dont celui contre la coqueluche. Sa grande sœur, Kiara, 5 ans, va bien. Un oncle est asthmatique. À l’école, les parents des autres enfants, tousseurs aussi, ont parlé d’allergies. Que faut-il en penser ? En fait, s’il y a un facteur héréditaire, il est de parent à enfant et pas chez les collatéraux (cousins, oncles et tantes). L’allergie est une réaction exagérée de notre système immunitaire qui, au lieu de nous protéger, nous rend malades. Elle touche surtout les organes au contact avec l’extérieur : peau, voies aériennes, appareil digestif. Exceptionnelle à la naissance, elle apparaît en grandissant dès 2-4 ans et on va la suspecter si on trouve un facteur déclenchant aux crises : la fameuse unité de temps, de lieu et d’action. Par exemple, Keiho est malade chaque fois qu’il est au contact du chat de sa tatie et il va mieux quand il ne le voit plus. L’interrogatoire par le médecin est primordial avec parfois des questions bizarres (description du logement, des habitudes de vie, etc.). Si une allergie est suspectée, il va falloir réaliser des tests sur la peau avec des produits spécifiques. Il faut piquer délicatement la peau (la douleur est très variable selon les enfants, pas plus qu’une piqûre de moustique) et attendre quelques minutes. Attention, une réaction positive n’est que le témoin de la sensibilisation du corps à tel ou tel allergène et ne veut pas forcé-
ment dire allergie. S’il le faut, un dosage sanguin peut compléter l’enquête. Et s’il n’est pas allergique ? Sa toux serait-elle le résultat d’un petit nez trop plein ? Keiho se mouche mal, ses sécrétions coulent dans la gorge et le font tousser. N’oublions pas qu’il existe deux autres causes incontournables de rhinite (rhume) : la pollution et les infections virales principalement. Or, Keiho est soumis à la pression virale dans son école, d’autant plus que, petit, il avait été gardé à la maison par ses parents. Il habite à la campagne, au milieu des vignes. On sait maintenant que le traitement des cultures est la première source de pollution avec les feux d’herbe. La circulation automobile (grands axes de circulation, stop ou feux à proximité), les industries et le chauffage des immeubles sont les trois autres grands pourvoyeurs à l’extérieur. Dans nos maisons, outre le chauffage et la cuisine, c’est le tabac qui occupe la première place. Contre les virus, le lavage fréquent des mains à l’eau savonneuse reste très efficace. Garder une distance de sécurité (1 mètre) est plus difficile à mettre en pratique. Tousser et éternuer dans le bras évite la transmission des virus par les mains. Le mouchoir en papier jetable et son utilisation narine par narine sont incontournables. Bref, les petits moyens sont souvent les plus faciles à mettre en œuvre et les plus efficaces. Dans le cas de Keiho, le bilan est négatif et les seules mesures d’hygiène nasale et manuelle ont suffi à calmer la toux d’origine ORL (nez et gorge) manifeste.
Dr Vincent Boisserie-Lacroix, pneumologue.
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