Le manuel de la vannerie

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LE MANUEL DE LA VANNERIE

Marie Pieroni

Introduction

Pendant plusieurs millénaires, la vannerie a accompagné les êtres humains dans leurs activités quotidiennes, qu’elles soient agricoles, domestiques ou commerciales.

C’est certainement à cause de cette familiarité que la vannerie n’a pas été considérée, pendant longtemps, comme un artisanat d’art à part entière. Pourtant, l’authenticité de ses matériaux, la richesse de ses techniques, sa robustesse discrète et sa beauté naturelle sont autant de qualités qui la rendent irremplaçable, aujourd’hui plus que jamais. La vannerie est l’une des activités humaines les plus anciennes. Si la dégradabilité des fibres végétales n’a permis de retrouver que de rares fragments d’ouvrages, des traces fossilisées attestent de sa pratique plusieurs milliers d’années avant notre ère.

Les paléontologues supposent même qu’elle a précédé l’invention de la terre cuite, car certains vestiges laissent penser que les premières poteries ont été coulées dans des moules faits d’herbes tissées. En des temps où il était vital de conserver et de transporter ustensiles et denrées, la vannerie a occupé une place d’autant plus importante que les matériaux végétaux, largement disponibles, étaient plus faciles à traiter que ceux tirés des animaux. Dans les civilisations égyptienne ou celte, il est fait état de récipients tissés de façon assez dense pour y recueillir l’eau, mais également de toits, de murs, de clôtures –voire de pièces de costumes. Avant de devenir un savoir-faire établi, la vannerie a d’abord relevé de la capacité ancestrale de l’être humain à trouver dans la nature de quoi répondre à ses besoins immédiats. Il suffit d’observer un jeune enfant dans un jardin pour

constater qu’il prend spontanément plaisir à essayer de créer des parures merveilleuses en tressant brindilles, pâquerettes et graminées. Bien que le Moyen Âge vît apparaître des corporations, l’activité vannière demeura longtemps le fait de tout un chacun, au gré des besoins agricoles, marchands ou domestiques. Durant la morte-saison, paniers, hottes et mannes étaient fabriqués par les ouvriers agricoles, les paysans, les bergers et les pêcheurs, ainsi que par les membres les plus jeunes ou les plus âgés de la famille.

Les nombreuses personnes que la pauvreté vouait au vagabondage pour chercher du travail, trouvaient une source de revenus dans la fabrication de paniers : coupée dans les haies au bord des chemins, la matière première permettait de réaliser rapidement des articles simples, mais dont aucune ménagère ni aucun commerçant ne pouvaient se passer.

La tradition vannière commune à tous les gens du voyage intègre des motifs semblables, et les contraintes liées aux fréquents déplacements de ces populations ont même donné lieu à des techniques originales et intéressantes. Peu à peu, les « faiseux de vans » devinrent des artisans sédentaires détenteurs d’un véritable savoir-faire qui s’étendait à une bourgade ou à une région entière. Souvent implantés dans des régions naturellement riches en osier, ils développèrent également l’osiériculture. Comme ce fut le cas pour beaucoup d’autres activités, le xixe siècle vit la mise en place d’ateliers et de manufactures.

Le fond

Il s’agit d’un élément essentiel, car il assure la stabilité de l’ouvrage. La technique mise en œuvre varie selon la forme et la solidité que l’on veut donner à l’objet.

Fond rond sur croisée

La croisée

Dans les brins sélectionnés à cet usage (voir page 22), coupez six bâtons d’une longueur légèrement supérieure au diamètre voulu pour le fond. Avec une serpette, pratiquez une encoche au milieu de trois d’entre eux (aux deux tiers de leur diamètre, afin qu’ils ne se fendent pas sur toute leur longueur), puis glissez-y les trois autres (1).

La ligature

Choisissez deux closins assez longs et amincissez-les (voir page 23).

Coincez-les côte à côte dans les bâtons fendus.

Passez le brin A sous la première branche de la croisée, puis placez-le au-dessus de la deuxième branche (2). Glissez le brin B sur la première branche de la croisée, puis sous la deuxième (3).

Passez le brin B au-dessus du brin A, placez-le sur la troisième branche, puis ramenez-le sous la quatrième branche (4)

Glissez le brin A sous la troisième branche, ramenez-le sur la quatrième branche et placez-le le long de la première branche, à gauche du brin B (5). Vous avez terminé le premier tour de ligature.

Assurez-vous que les quatre branches sont à angle droit et ajustez-les si besoin.

Vérifiez la position des deux brins : ils doivent encadrer étroitement les branches mais avec souplesse, sans se chevaucher sur aucune des deux faces ni former de surépaisseurs excessives dans les angles. Exécutez deux autres tours de ligature en travaillant comme pour le premier. Vous pouvez tenir la croisée comme vous le souhaitez, à condition de toujours progresser dans le même sens, de préférence celui des aiguilles d’une montre. Tassez les trois tours autour de la croisée (6).

CROISÉE SCANDINAVE

Cette variante est réservée aux matériaux fins et souples. La croisée est constituée de huit bâtons fendus, entrelacés de façon à former un motif de damier. La ligature, le partage et le rempli s’effectuent comme pour un fond rond classique.

Le partage

Coudez les deux bâtons situés à l’extérieur de chaque branche, de manière à créer une structure en étoile (1).

Passez le brin B au-dessus du brin A, glissez-le sur le premier bâton, sous le deuxième, puis ramenez-le sur le dessus (2).

Glissez le brin A sous le premier bâton, sur le deuxième, sous le troisième, puis ramenez-le sur le dessus (3).

Placez le brin B sur le troisième bâton en le faisant passer sur le brin A, glissez-le sous le quatrième, puis ramenez-le sur le dessus.

Terminez le tour en travaillant de la même façon.

Coupez les deux brins de manière à ce que leur extrémité se trouve au dos du fond (4).

savoir

À moins de vouloir réaliser un objet plat (napperon, set de table, plateau...), un fond doit être légèrement convexe afin de supporter la pression des montants qui seront placés ultérieurement. Pour ce faire, dès le tour de partage et pendant tout le travail de rempli, abaissez légèrement les bâtons du bout des doigts à chaue passage.

LE MANUEL DE LA VANNERIE

Depuis des millénaires, la vannerie nous accompagne dans nos activités quotidiennes. Aujourd’hui, s’y exercer soi-même offre la possibilité de pratiquer un artisanat généreux et toujours actuel qui permet, à partir de quelques brins de végétaux, de créer des objets à la fois utiles et durables. Il suffit d’acquérir quelques gestes simples mais riches d’un savoir-faire ancestral pour retrouver tout le plaisir de donner corps à un ouvrage unique qui vous accompagnera de longues années. 16.95€ TTC

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