Ce livre se propose donc de redécouvrir sous un même volume le noyau dur des problématiques qui font l’écologie. Par une présentation synthétique de ces enjeux, il raconte pourquoi l’écologie est devenue une thématique si centrale dans nos sociétés contemporaines.
si on en parlait !
Devant ce foisonnement de discours et d’initiatives, il n’est pas toujours facile de percevoir la globalité des enjeux qui sont les nôtres. La tentation est grande de ne se soucier que du réchauffement climatique sans égard pour la gestion mondiale de la biodiversité ou de nos ressources en eau, de manger bio sans considération pour la pollution atmosphérique ou la réduction des déchets d’emballage.
O O
Cinquante ans déjà que l’écologie occupe le devant de la scène ! Les catastrophes environnementales, l’exploitation des ressources, les menaces pesant sur la biodiversité, les perturbations climatiques ou encore les risques pour la santé humaine des activités industrielles ont poussé un certain nombre de scientifiques, de politiques, de militants d’associatifs, d’ingénieurs et de syndicalistes à réagir.
L
Dirigé par Ludovic Bertina
ISBN 978 2366025309 34,95€
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O O
si on en parl ait !
L’écologie,
si on en parlait !
table des matières
80
6
Le nuage ne passera pas
introduction
8
82
Un jour, les hirondelles ne chanteront plus
La paix nucléaire à l’ère du risque
10
Un programme nucléaire français sans les Français
84
La nature, source de toutes nos émotions
12
La nature en politique à l’époque industrielle
14
Les scientifiques entrent dans le champ politique
16
Le droit des animaux, une corde sensible
18
62
28
Naissance d’un parti dans le mouvement
Marées noires de catastrophes
30
La pollution au prisme du développement industriel
46
L’eau, source de l’écologie
Le mouvement qui ne voulait pas devenir un parti
Le jour où l’Amérique a tremblé
32
48
L’eau, un problème mondial ?
66
90
Quand la chimie tue
34
50
Une éthique de la nature ? L’exemple des pesticides
La marée noire, un scandale ?
22
Saisir l’image du monde !
La fin de l’abondance, la fin de la civilisation ?
Les catastrophes socio-écologiques liées à l’eau
24
40
56
Au chevet de la biodiversité
26
et maintenant
38
L’eau, bien commun ou service privé ?
54
De l’élimination à la réduction : le parcours de la gestion des déchets
La prise en charge de l’eau par l’Union européenne
42
L’océan dans la tourmente
La pollution, un problème de santé publique
44
et maintenant
4
64
86
Popularité et inefficacité, les paradoxes de la lutte antinucléaire
La médiatisation de l’écologie politique
68
Les lentes retombées des essais nucléaires
92
« Verts » le pouvoir, la question de la stratégie politique
Quand le cœur explose
72
Le nucléaire vert et ouvert
Qui vote écolo ?
74
La politique mise au vert
76
58
Europe écologieLes Verts : retour vers la sphère écologiste ?
60
et maintenant
et maintenant
88
78
96 98
Un scénario pour une transition énergétique
100
Fukushima sous les eaux
102
Le nucléaire en bout de cycle
104
et maintenant
138
La mondialisation et ses faucheurs
140
Le tracteur dans les champs, quand la France change de visage
142
Le Larzac, carrefour des luttes
144
106
Le climat se réchauffe à Rio
108
« Une seule Terre » pour appétits infinis = incompatible
110
Les sommets, de Rio à Paris, enjeux politiques et stratégies planétaires
122
Quand l’État s’en mêle
124
Les parcs nationaux, de la sacralisation à l’écogestion
126
120
et maintenant
162
Comme une utopie ?
164
178
166
180
Le retour du bon sens dans la construction
L’écologie ouvrière, ça existe ?
168
182
172
154
174
L’écologie par les labels
134
Du Grenelle de l’environnement à la transition énergétique
152
Scénario pour une agriculture durable
156
et maintenant
Mobiliser en temps de crise
La ville, reflet de notre société ?
Transformations dans le mode de production agricole
132
Catastrophes annoncées et populations déplacées
148
L’outil, au service de l’individu ?
130
116 118
L’heure des grandes crises sanitaires, la crise du modèle agricole ?
160
Biotechniques et marché mondial
Des principes à la mise en pratique Le GIEC a-t-il raison ou tort ?
146
Vivre mieux, consommer moins
L’environnement dans les méandres de l’administration Protéger l’environnement Punir ? Associer ? Faire payer ? Inciter ?
114
La faim dans le monde, un problème de production ou de répartition ?
158
Quand la consommation nous dépasse …
Dans un monde fini, croissance infinie ? Des communautés hippies au « culte du bien-être »
176
et maintenant
Les dépenses inutiles et dangereuses mobilisent les foules !
186
La démocratisation écologique est-elle possible ?
188
Conclusion
190
Bibliographie
199
Crédits
136
et maintenant
5
Un jour, les hirondelles ne chanteront plus L’attention que les écologistes portent à la nature n’est pas nouvelle. De tout temps, sa contemplation a inspiré les sages et les politiques. Cette sensibilité avec la nature va cependant acquérir une dimension nouvelle, dès l’instant où il faudra préserver des espaces menacés par l’activité humaine. Philosophes, scientifiques et défenseurs des animaux, pour qui de simples solutions techniques ne peuvent suffire, vont ainsi s’employer à nuancer nos certitudes quant à l’anthropocentrisme, cette idéologie qui place l’homme au centre de toutes nos considérations sur la Terre.
8
Épandage aérien de fongicide sur une plantation de bananes aux Philippines le 22 avril 2008. 9
Ernst Haeckel, à droite, pose avec un ami en 1862, en Italie.
Les scientifiques entrent
dans le champ politique
L’écologie, créée en 1866 par Ernst Haeckel, est d’abord scientifique. Mais les controverses qu’elle suscite contribueront à la politisation de notre rapport à la nature.
14
Quand les naturalistes découvrent l’importance des milieux Le métier de naturaliste, dont le travail d’observation de la nature dans toutes ses manifestations permet d’élaborer un discours scientifique, acquiert un rôle fondamental à partir du xviiie siècle, devenant la base de la biologie actuelle. À partir de cette simple observation du vivant, certains naturalistes ont révolutionné notre perception du monde, ouvrant de nou-
velles perspectives sur la richesse de la faune et de la flore. Carl von Linné (1707-1778) est sans conteste un des plus fameux naturalistes. Ce Suédois est l’inventeur du premier système de classification scientifique moderne. Mais les apports de Linné dépassent largement le cadre de la botanique. Les missions scientifiques qu’il conduit, notamment en Laponie, lui permettent de penser les différents éléments naturels comme il l’expose dans son ouvrage Systema naturae. Cette conception systémique de la nature influencera ses héritiers. C’est avant tout comme géographe et explorateur qu’Alexander von Humboldt, né en 1769, a marqué l’histoire. Curieux de tout, Humboldt mesure des phénomènes très diversifiés : la composition chimique de la mer, l’électricité des corps vivants, les mines de platine dans l’Oural. Il met aussi en œuvre le principe de classification cher à son prédécesseur, Linné. Son intérêt pour les questions politiques de son époque, conjugué à ses apports scientifiques, et la découverte de la notion de milieu, font de lui le père fondateur de la géographie. Près d’un siècle après Linné, l’anglais Charles Robert Darwin (1809-1882) influence grandement son époque avec la parution de De l’origine des espèces par voie de sélection naturelle (1859). Le naturaliste y formalise le lien entre les différentes espèces vivantes, à partir du processus de « sélection naturelle ». Cinq années d’expéditions scientifiques autour de la planète, en particulier sur les îles Galápagos, lui permettent de multiplier les observations géologiques à la base de sa théorie. L’un des apports de Darwin pour l’écologie est la continuité qu’il établit entre l’espèce humaine, sans distinction de race, et son milieu.
Les premières sociétés de protection de la nature : entre protection et conservation Ce retour sur les naturalistes montre le rôle des scientifiques engagés dans le contexte politique de leur époque. Conscient des menaces pesant sur le milieu naturel, ceux-ci sont ainsi à l’origine des premières sociétés de protection de la nature. Elles soutiennent la mise en place de mesures de protection de la nature. Néanmoins cette mise en pratique n’est pas sans générer des tensions. Ainsi, la Commons, Open Spaces & Footpaths Preservation Society (Société de préservation des espaces communaux ouverts et des sentiers) est créée en Grande-Bretagne en 1865, peu après la fondation de la Société impériale zoologique d’acclimatation, créée en 1854
en France. L’objectif de ces associations est alors d’intervenir pour protéger des espèces menacées par l’homme en établissant une gestion rationnelle des ressources dans leurs milieux de vie. Le Sierra Club, fondé aux États-Unis en 1892 par John Muir, disciple d’Emerson, suit un autre chemin. L’ONG, présente aujourd’hui encore, s’attache à protéger la wilderness sur le territoire américain, en militant en faveur de la création des parcs nationaux de Yellowstone et Yosemite qui sont définitivement classés en 1872 et 1890. Il s’agit alors de faire pression sur l’État pour qu’il délimite des territoires où l’intervention humaine serait interdite. Dans un cas comme dans l’autre, les associations s’appuient sur l’hypothèse, depuis rejetée, du climax qui sera plus tard formalisée par Howard T. Odum. Le Graal de toute protection de la nature est alors la stabilité d’un écosystème, ou autrement dit, le climax. Mais dans le cas des premières associations, cela nécessite une action de l’homme, tandis que ces espaces vierges défendus par John Muir, considérés comme stables depuis la nuit des temps, devaient être préservés de toute empreinte humaine.
la Ligue de Protection des Oiseaux En 1912, le lieutenant Hémery et l’ornithologue Louis Magaud d’Aubusson créent une filiale de la Société zoologique d’acclimatation, la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Le but est de protester contre l’extermination des macareux moines par les chasseurs de la côte nord de la Bretagne. La réserve naturelle des Sept îles devient, en 1923, la première réserve naturelle nationale. Elle est, encore aujourd’hui, gérée par la LPO et entièrement dédiée à la protection des espèces et des écosystèmes qui assurent leurs conditions de vie sur plus de 320 hectares. En 100 ans d’existence, la LPO a diversifié ses activités autour de cette thématique. Elle s’occupe notamment, avec le Muséum national d’histoire naturelle, de l’Observatoire des oiseaux des jardins au sein de la Vigie nature. Ce dispositif invite les citoyens à se transformer en naturalistes en observant la nature en ville.
Science et conscience : l’engagement politique des scientifiques Les débats autour de l’écologie montrent comment les préoccupations scientifiques sont lentement devenues des sujets politiques. Ainsi, la notion de « milieu » chère à la LPO fait l’objet d’un débat durable entre la France et l’Allemagne. Traduit du français et popularisé par le biologiste allemand Jakob von Uexküll en 1907, le terme Umwelt ne décrit pas seulement les conditions physiques de l’environnement, mais aussi une « vision du monde ». Il s’agit, pour lui, non seulement de rompre avec une science uniquement descriptive, mais également de montrer son désaccord avec le nouveau courant porté par Ernst Haeckel. Le « milieu » sera repris par le philosophe et médecin français Georges Canguilhem dans l’ouvrage La connaissance de la vie (1952), dans lequel le savant met en avant l’importance de ce terme pour la survie des organismes vivants. Ces prises de position invitent à considérer le substrat naturel comme un tout, composé d’éléments interdépendants. Mais l’idéalisme politique des scientifiques se manifeste aussi par leurs actions. Nombre de
chercheurs sensibilisés à la cause environnementale n’hésitent pas à prendre position. On peut citer ici Jean Dorst, animateur du World Wildlife Foundation (WWF) et directeur du Muséum national d’histoire naturelle, auteur du livre Avant que nature meure (1965). Des groupes de réflexion comme Ecoropa ouvrent des fenêtres de visibilité, comme la maison d’édition Sang de la Terre ou des revues écologistes : Diogène ou encore Survivre… et vivre. Cette dernière initiative, créée en 1970, est constituée parallèlement à la rédaction du rapport gouvernemental « 100 mesures pour l’environnement ». Fondée autour de mathématiciens, dont Alexandre Grothendieck (mort en novembre 2014), la revue attire des chercheurs en sciences humaines et sociales. Elle véhicule une réflexion antiscientiste, de la part de scientifiques qui apparaissent comme « la première vague d’écologistes ». Ces avant-gardistes sont critiques de la société de consommation, du militarisme, ils sont communautaristes, adeptes de la vie saine et de la santé naturelle. 15
Barcelone
Los Angeles
Téhéran Tel-Aviv
Casablanca
Tripoli Karachi
Mexico
Bombay Khartoum Abidjan
Chennai
AddisAbeba
Lagos
stress hydrique
Nairobi
Kinshasa 0 - 0,1 : pas de stress
0,2 - 0,4 : 0,2 - 0,4 : bas moyen
Supérieur Pas de à 0,4 : données élevé
Luanda
Johannesburg
L ’eau,
un problème mondial ? Face à la distribution inégale de cette ressource, qu’aggravent le changement climatique et la pollution, les institutions internationales ont compris l’urgence d’agir. La création d’organismes internationaux Il faut attendre la seconde moitié des années 1970 pour que la prise de conscience se fasse. Dès le départ, la gestion planétaire de l’eau est pensée à travers la mise en place d’organismes internationaux, dans le cadre de l’ONU. En 1975, le premier programme hydrologique international (International Hydrological Program) est mis en place par l’UNESCO. Cette organisation intergouvernementale est avant tout un organe d’expertise. Il s’agit de développer la recherche sur l’eau dans tous ses aspects : gestion des ressources, éducation et hygiène, catastrophes et inondations, etc., et d’apporter des réponses à différentes échelles. Avec la mise en place du Conseil mondial de l’eau, en 1996, on assiste à un changement d’orientation : au lieu d’établir un état des lieux, on décide de résoudre les problèmes tou48
Rangoo Calcutta
chant à cette ressource. Les chantiers ouverts sont ambitieux puisque ce conseil « s’attache à la sensibilisation, au développement d’une mobilisation politique et à la mise en place de stratégies efficaces sur les problématiques de l’eau, à tous les niveaux, incluant les plus hautes sphères du processus décisionnel, ainsi qu’à encourager la conservation, la protection, le développement, la planification, la gestion et l’utilisation de l’eau dans tous ses aspects dans un contexte de développement durable basé sur le bien-être de tous les êtres vivants sur la Terre ». Le Conseil mondial de l’eau s’occupe ainsi de la co-organisation des forums mondiaux de l’eau, dont l’objectif est de mettre en place une stratégie internationale de la gestion de l’eau. Ces événements ont lieu tous les deux ans. Le septième se tiendra en Corée du Sud, en 2015.
L’accès à l’eau potable, un enjeu mondial ?
Amérique latine et Caraïbes
Jakarta
États arabes
Hô-Chi-Minh-Ville
56 %
Asie du sud
Manille
91 %
79 %
Asie de l’Est et Pacifique
Rangoon
cutta
85 % 86 %
Afrique subsaharienne
Pékin
Plus de 1 milliard de personnes aujourd’hui n’ont pas un accès à l’eau potable suffisant pour couvrir leurs besoins les plus vitaux. L’urgence d’agir se fait donc de plus en plus pressante. Créée en 2003, l’UN-Water est le véritable « bras armé » des Nations unies dédié aux questions touchant à l’eau douce. Encore une fois, cet instrument est pensé autour d’un organisme assurant un travail d’expertise, le GLAAS (Global Analysis and Assessment of Sanitation and Drinking-Water). Cette institution publie régulièrement un bilan de la situation de l’eau et de l’assainissement dans le monde. L’objectif premier de l’UN-Water est d’appréhender le caractère transversal des problématiques autour de l’eau, afin de proposer des solutions adaptées. Pour cela, il travaille sur l’ensemble du cycle, des ressources en eau douce à l’assainissement en passant par les catastrophes liées à l’eau. Face à la prise de conscience de la dégradation continue des ressources et des inégalités croissantes entre les populations, les États tentent donc d’organiser une action commune.
u population ayant accès à de l’eau potable en 2004
Source : Afrique Renouveau d’après le Rapport sur le dévellopement humain 2006 du PNUD.
Villes dépendant de transferts d’eau à longue distance Villes dont 20 % de la population n’a pas accès à l’eau
Rapport entre les besoins en eau et les ressources disponibles : moyenne annuelle (1981-2010) en % (Source : Atlas mondial de l’eau, David Blanchon, éditions Autrement, 2009.)
Inégalités de fait ou inégalités creusées ? Mais ces tentatives internationales fluctuent en fonction des aléas politiques. En 1977, la première conférence internationale sur l’eau organisée par l’ONU à Mar del Plata, en Argentine, donne à cette ressource le statut de « bien commun » et invite à prendre conscience de sa valeur. En 1992, la conférence de Dublin contredit cette vision en définissant l’eau comme un « bien économique ». En quinze ans, le monde a donc basculé vers une généralisation du modèle économique. On retrouve ce même clivage lors des deux premiers forums mondiaux de l’eau, qui ont lieu à Marrakech en 1997 et à La Haye en 2000. Ces événements mettent l’accent sur le risque croissant de pénurie d’eau douce dans certaines régions du monde. La mise en place d’une réelle stratégie internationale est rendue difficile par les tensions existant entre
les différents types d’acteurs. D’un côté, le Conseil mondial de l’eau privilégie la privatisation des services économiques autour de l’eau, et ce dans tous les pays. Le motif invoqué est le suivant : une plus grande efficacité d’une gestion privée. De l’autre, les organisations non gouvernementales soutiennent les processus de municipalisation. Leur argument est qu’un recours à des sociétés privées renforcerait encore les inégalités d’accès à l’eau pour les plus pauvres. Les enjeux de l’accès à l’eau potable sont donc de taille. La décennie 2005-2015 a d’ailleurs été définie comme une décennie pour « l’eau, source de vie », afin de faire respecter les engagements internationaux en matière d’eau potable et d’assainissement, définis lors de la Déclaration du millénaire du Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg, en 2002. 49
Un scénario pour une transition énergétique La mobilisation internationale contre le changement climatique va ouvrir en France une fenêtre d’opportunité pour des scénarios alternatifs au « tout nucléaire ».
La centrale photovoltaïque de Toul-Rosière, en Meurthe-et-Moselle, est la plus importante d’Europe. Sa puissance maximale est de 115 MW.
Une vieille idée qui a tardé à décoller Contrairement à une idée reçue, la part des énergies renouvelables dans la production électrique n’est historiquement pas négligeable en France, puisqu’elle était de 15 % en 2001 (16,1 % en 2012), ce qui, à cette époque, est supérieur à la moyenne européenne. Les investissements dans l’hydraulique dès l’aprèsguerre y sont bien sûr pour beaucoup, mais le solaire a également bénéficié d’importantes ressources symbolisées par l’inauguration de la centrale solaire Thémis en 1983. Les difficultés techniques vont néanmoins aboutir à l’abandon très rapide de ce programme. Pendant ces années de disette, les énergies renouvelables souffrent de l’antagonisme apparent entre le mode de fonctionnement d’EDF, fondé sur de puissantes centrales, et le modèle décentralisé d’une « société solaire » portée par les contre-experts de l’Agence française pour la maîtrise de l’énergie (AFME). 98
Sous la pression de l’Union européenne, qui entend respecter le protocole de Kyoto, EDF entreprend un virage spectaculaire : le renouvelable devient, au début des années 2000, une énergie d’appoint qu’il convient de développer. L’objectif est d’atteindre 23 % d’électricité « propre » d’ici à 2020. Conséquence de cet intérêt : un véritable décollage. L’instauration de tarifs d’achat permet de multiplier par 177 et 420 la production de l’éolien et du solaire en dix ans. Mais cette émergence du durable se fait au prix d’une centralisation du secteur, avec l’entrée des deux géants du nucléaire, EDF et Areva, soudain intéressés par le secteur très lucratif des centrales offshore. Les énergies renouvelables restent fragiles, à l’image de l’éclatement de la bulle spéculative sur le photovoltaïque en 2010. Elles sont pour cette raison très dépendantes des arbitrages et de l’encadrement voulus par le législateur.
« En F ra nce, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. »
Suite au choc pétrolier de 1973, la « chasse au gaspi » devient une priorité de la présidence giscardienne. Cette initiative entend limiter l’augmentation de la demande, le temps pour le programme nucléaire d’atteindre ses objectifs. Une agence pour les économies d’énergie (AEE) est créée. Celle-ci s’occupe initialement de prodiguer des conseils pour réduire la consommation de pétrole. Parmi les mesures les plus célèbres : l’introduction du changement d’heure et l’interdiction de l’éclairage des magasins après 22 heures.
L’éolien a le vent en poupe En Allemagne, le noir vire au vent
u
car les régimes climatiques se compensent, tout comme l’hydraulique peut compenser l’éolien – l’énergie surproduite par une turbine pouvant servir à pomper l’eau vers une retenue qui servira à son tour à produire de l’énergie lorsque le vent tombera. Il est néanmoins certains que le réseau de demain devra s’adapter à l’intermittence et la décentralisation des énergies nouvelles. Autre inconvénient : la question de leurs implantations environnementales et paysagères – 3 800 mâts en France. Soumise à une concertation publique, l’installation des éoliennes se fait désormais dans des zones définies par l’État, à plus de 500 m de toute habitation. Ainsi, malgré les critiques – ce qui montre qu’il n’existe pas de solution magique –, l’éolien bénéficie aujourd’hui d’une opinion très favorable : 74 % en général, 85 % dans les zones rurales, 54 % chez les riverains situés à moins de 1 km d’une ferme éolienne.
Raccordement au réseau mondial de l’éolien, du solaire et du nucléaire 300 250 200 150 100 50 0 -50
266
301
221
éolien solaire nucléaire
GWe 2001
135
103 30
57
13 6 2003 2005 2007
17 22 17 17
2009
98
66
Depuis les années 2000, le nucléaire a reculé tandis que les capacités du renouvelable ont explosé au niveau mondial : + 300 GW et + 135 GW pour l’éolien et le solaire. (Source : aiea-pris, epia, gwec2019.)
-19 -23 -19
2011
0 1,7
2013
1 11,9 , 8 0,
10 ,3 0, 4
74 ,8
En matière énergétique, l’Allemagne suscite l’admiration autant que le rejet. Historiquement, le pays a fait le choix d’exploiter ses mines de charbon, si bien qu’aujourd’hui, 60 % de la production dépend d’énergies fossiles. Néanmoins, la part des énergies renouvelables croît considérablement depuis les années 1990. Alors qu’elle n’était que de 6,5 % en 2001, elle est de 24 % en 2012 ! N’ayant pas les mêmes capacités hydrauliques, la production d’énergie éolienne (25 GW) et solaire (29 GW) est respectivement quatre fois et dix fois plus importante qu’en France. Aujourd’hui, 370 000 emplois dépendent de ce secteur. L’électricité des huit centrales nucléaires (sur dix-sept) arrêtées au lendemain de Fukushima est déjà compensée : de 2010 à 2013, la production d’énergie nucléaire a baissé de 43,3 TWh, celle des énergies renouvelables a augmenté de 46,9 TWh. Le « tournant énergétique » allemand vise ainsi les 40 % puis 80 % d’énergies renouvelables pour 2030 puis 2050.
L’éolien est, de toutes les énergies nouvelles, la plus au point aujourd’hui. Le surcoût est réel (24 € par an pour un client type), mais il diminue du fait de l’augmentation du coût de production de l’électricité (21 % en quatre ans). Plus de 6 GW sont déjà installés, représentant 2,6 % de la production électrique française. D’ici à 2020, 19 GW supplémentaires sont prévus (ce qui représentera 10 % de l’électricité française). 24 GW pourront encore être produits en offshore. Si l’éolien est apprécié des écologistes, c’est initialement dû à son ancrage local. Il permet en effet aux communes de produire une électricité consommée sur place. Néanmoins, à cette échelle, l’éolien souffre de son intermittence, les pales fonctionnant uniquement lorsque les vents sont compris entre 12 et 90 km/h. Le « foisonnement » de l’éolien sur l’ensemble du territoire national permet néanmoins de produire une quantité constante d’énergie,
Les économies d’énergie notre principale ressource énergétique en France
1,1
22,7
5,9
1,9 4 ,2
58 ,7
l’usage. Il ne suffit pas d’acheter un frigo A++ qui consomme trois fois moins que ses prédécesseurs des années 1990, il faut qu’il soit adapté à l’emploi que l’on en aura. Dans cette perspective, négaWatt propose d’améliorer le bâti tout en s’attachant à réorganiser la ville ; utiliser l’électricité ou le gaz renouvelable issu des divers processus de méthanisation pour les transports tout en changeant nos habitudes de déplacements. À l’horizon 2050, nos besoins en ressources énergétiques auront ainsi chuté de 65 %. Restent les 35 % de notre production actuelle qui devront être fournis par les énergies renouvelables, avec une sortie du nucléaire prévue pour 2033. Le retour à la bougie n’est donc pas d’actualité ; tout réside dans des investissements en faveur de l’efficacité et la volonté politique d’un réel changement.
5, 4
Une tour enrobée de verre qui fait fonctionner l’air conditionné lors des journées ensoleillées d’hiver ; des crevettes de Belgique qui sont envoyées au Maroc pour être décortiquées puis renvoyées afin d’économiser quelques centimes sur la main-d’œuvre : les exemples de gaspillage de nos énergies à bas coût ne manquent pas. Dans ce contexte, le développement des énergies renouvelables ne peut suffire pour accompagner notre croissance économique. Il faut inscrire celles-ci dans une réflexion plus large sur la transition énergétique. Pour l’association négaWatt, le plus grand gisement d’énergie aujourd’hui est celui des Watts que l’on ne consomme pas : les négawatts. Elle propose pour cela d’associer efficacité énergétique et sobriété ; alors que la première renvoie à la performance des équipements, la seconde touche à l’intelligence de
en Allemagne
Structure de la production d’électricité en 2010 en pourcentage Déchets
Hydraulique Biomasse
Nucléaire Éolien Solaire Fossiles
99
Le nucléaire en bout de cycle La centrale de Fessenheim en Alsace, en 2014. Elle fêtera ses quarante ans en 2018.
Les années à venir vont être marquées par la fin du premier cycle du programme nucléaire. Le moment pour nous de faire un point sur les enjeux économiques du débat actuel.
L’EPR sera-t-il compétitif ? Le coût des réacteurs augmente avec l’expérience acquise suite aux différents accidents. Il n’est désormais plus envisageable de construire un réacteur selon les normes des années 1970, ce qui suppose une augmentation considérable du coût de construction. La facture des deux EPR en Finlande et à Flamanville a ainsi doublé pour atteindre 8,5 milliards d’euros. En Angleterre, où deux réacteurs viennent d’être approuvés, EDF négocie des tarifs d’achat de son électricité deux fois plus cher que le prix actuel ; il est de la sorte probable qu’en 2023, lorsque Hinkley Point C entrera en service, ce soit le nucléaire et non plus le renouvelable qui bénéficie de subventions publiques.
102
Une cure de jouvence qui s’annonce coûteuse La crise de la trentaine se fait sentir pour le parc nucléaire français. Initialement, EDF avait estimé la durée de vie de ses centrales à quarante ans. En 2009, l’Autorité de sûreté nucléaire autorisait l’électricien à maintenir les centrales de 900 MW dix ans de plus. En 2019, six réacteurs fêteront leurs quarante ans. Trois ans plus tard, vingt-quatre tranches dépasseront cet âge. L’objectif pour EDF est donc d’obtenir une
rallonge de l’ASN afin de laisser ses centrales souffler cinquante, voire soixante bougies. Bien sûr, quand on sait que les réacteurs n’ont pas été conçus pour résister à un accident majeur, cette prolongation se fera au prix d’un lourd investissement : le « grand carénage », soit 900 millions d’euros par tranche, ce qui n’est pas loin de leur coût de construction. Dans ce laps de temps, l’électricien espère obtenir des retours sur ses EPR prototypes tout en prolongeant l’amortissement des centrales historiques. Seul problème : s’il est possible de changer la majorité des composants d’une centrale comme les générateurs de vapeur, les alternateurs ou la tuyauterie, certains éléments essentiels à la sécurité sont irremplaçables : c’est le cas de la cuve du réacteur et de l’enceinte de confinement. À cause de la corrosion, de l’irradiation et de la pression, ces éléments se fissurent. De ce fait, avec le temps, la probabilité augmente que le corium s’échappe de la cuve en cas d’accident grave. Suite à la visite décennale de Fessenheim, l’ASN a ainsi demandé à EDF de renforcer la fine dalle de béton (1 m) située dans le bâtiment réacteur. En tout état de cause, le rythme effréné de construction du parc nucléaire en 1980 se répercute sur notre politique énergétique actuelle et soulève des difficultés techniques et financières.
L’économie du nucléaire Les avantages du nucléaire sont avant tout de nature économique : prix de l’électricité parmi les plus compétitifs d’Europe (le tarif domestique en France est de 0,15 € le kWh alors qu’en Allemagne, il est de 0,27 € le kWh) et stabilité de ce prix par rapport au cours des matières premières. Il faut ensuite souligner les 125 000 emplois directs liés au nucléaire, sachant que le renouvelable crée pour l’instant peu d’emplois qualifiés du fait du retard pris par la France sur ces technologies. Enfin, comme le prévoyait le plan Messmer, les opérateurs du nucléaire français sont devenus des leaders mondiaux, exportant en moyenne pour 6 milliards d’euros par an. Aucun antinucléaire ne l’est pour des raisons économiques. Greenpeace, parmi d’autres ONG, s’est pourtant attaché à nuancer le poids de ces arguments : il apparaît ainsi que la politique du « tout électrique » a eu pour effet d’augmenter notre facture d’électricité, qui est aujourd’hui 30 % supérieure à celle des Allemands.
Par ailleurs, le prix n’intègre que partiellement les coûts de démantèlement et de stockage des déchets, comme l’a reconnu la Cour des comptes en 2012. En outre, l’amélioration de la sécurité justifiée par le vieillissement du parc et les accidents nucléaires augmente le coût de l’électricité (+ 21 % en quatre ans, de 49,6 à 59,70 € le MWh), et il n’est pas évident que le prix de l’énergie atomique reste compétitif à l’avenir. Enfin, en cas d’accident nucléaire, une part essentielle des coûts, estimés à plusieurs centaines de milliards d’euros, incombera à l’État mais surtout aux populations, les assurances ne couvrant pas ce type de dommage.
Accroître notre autonomie énergétique a un prix La part du nucléaire (78 %) dans la production électrique peut présenter un risque en termes de sécurité de l’approvisionnement électrique. Imaginons – sans tomber dans un scénario catastrophe – qu’un grave défaut de conception soit observé par l’ASN, la décision de fermer pour un temps les autres réacteurs portera atteinte au confort des usagers. La diversification du bouquet énergétique accroît de fait l’autonomie des décideurs, qui peuvent exploiter au mieux les différentes techniques tout en réduisant les effets d’irréversibilité engendrés par chacune de celle-ci. Principale ligne de fracture de la loi sur « la transition énergétique pour la croissance verte » qui sera votée en 2015 : le plafonnement de l’énergie nucléaire à la production actuelle (63,2 GW). L’inauguration de l’EPR de Flamanville prévue pour 2017 doit donc conduire à la fermeture de deux réacteurs de 900 MW, a priori ceux de Fessenheim, les plus vieux et les moins rentables. Parallèlement, la volonté de réduire la part du nucléaire à 50 % d’ici 2025 a été affirmée. De ce fait, l’État table moins sur l’efficacité énergétique – et donc la baisse de la consommation, comme le souhaitaient les ONG – que sur une augmentation de la production de l’électricité renouvelable. Elle représentera 32 % de notre production en 2030. EDF devra ainsi proposer un plan pluriannuel de l’énergie qui pourra être rejeté par le commissaire du gouvernement s’il est incompatible avec la trajectoire fixée. Reste l’épineuse question du financement de ces investissements : 10 milliards d’euros par le truchement de crédits d’impôts, de prêts et d’incitation fiscale. Les ONG jugent qu’il en faudrait deux fois plus.
Faut-il fermer Fessenheim ? Fukushima n’a pas eu l’effet escompté pour le mouvement antinucléaire français. Seule la centrale de Fessenheim est apparue médiatiquement comme particulièrement exposée aux risques. Plusieurs raisons à cela : les plans de construction de la centrale alsacienne ont sousestimé la sismicité de la région. D’autre part, la centrale est la plus ancienne centrale du parc. L’ASN, qui a pointé du doigt sa vulnérabilité en cas d’accident majeur, oblige EDF à de lourds investissements, notamment le renforcement de la dalle de l’enceinte de confinement, qui n’est aujourd’hui épaisse que de 1 m. François Hollande ayant annoncé sa fermeture, EDF entend recevoir des compensations financières – un rapport parlementaire évoque un coût de 5 milliards d’euros pour cette fermeture.
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À Rio de Janeiro, face à 94 chefs d’État et de gouvernements, le président français François Mitterrand ose mettre en avant « le rôle, ou la responsabilité des pays du Nord [qui] ont à s’interdire toute atteinte à l’environnement des pays du Sud. »
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Les sommets, de Rio à Paris, enjeux politiques et stratégies planétaires Les industries multinationales sont-elles capables de s’adapter à un green business qui concilierait croissance, respect de l’environnement et pays en développement ? Tous les dix ans, les maîtres du monde semblent répondre « oui ». Avec des arrière-pensées… Stockholm, 1972 : Green rus h d’avant-Rio… Dans la capitale suédoise, le slogan « Only one earth » (« Nous n’avons qu’une Terre ») s’efforce de traduire un basculement : même si l’on y évite soigneusement les thèses anticroissance, cette Terre unique recense ses plaies : bruit, déchets nucléaires, rejets urbains et industriels prennent le pas sur l’utilisation et le développement des ressources au fil des 109 recommandations du sommet. Les questions d’experts sont devenues des combats politiques. L’environnement n’est plus seulement affaire de « réglage optimal », au sens de la maîtrise d’une « machine complexe » qui ne relèverait que des scientifiques. Au Royaume-Uni, une certaine Margaret Thatcher s’empare de l’environnement, « l’un des principaux défis de la fin du xxe siècle », pour fermer des usines de charbon tout en construisant des routes. Du 5 au 16 juin 1972, sous la direction du Canadien Maurice Strong, 113 États et de nombreuses ONG marquent le tournant historique de la vision planétaire de l’environnement, qui devient, dix ans avant Rio, un « fil vert » : dans les médias et sur la scène politique. Les observateurs anglo-américains dénommeront green rush le phénomène qui se passe de traduction. En 1972, Stockholm joue les répétitions pour des sommets décennaux. C’est à l’issue de ce premier sommet qu’est créé le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), dont le siège est, à titre emblématique, fixé à Nairobi, au Kenya. Du reste, les États s’y retrouvent en 1982 pour le deuxième sommet de la Terre. Pour s’y dire quoi ? Pratiquement rien ! Le président américain Ronald Reagan, en pleine guerre froide, traite la réunion avec dédain. Au point que Nairobi est souvent passé sous silence lorsque l’on recense les sommets. Alors qu’elle s’est gonflée pendant une dizaine d’années, la « bulle verte » va curieusement finir par exploser au moment où s’ouvre le troisième sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, en 1992. Des manipulations de l’opi-
nion publique comme l’appel de Heildelberg (cf. encadré ci-dessous) y contribuent. Un puissant cabinet de relations publiques sera accusé – à juste titre – d’avoir suscité des associations de citoyens à l’insu desquels des firmes promeuvent leurs activités lucratives. Rio 1992 : 27 principes et des pl ans d’action, les Agendas 21 Même si le green rush reflue, l’opinion mondiale planétaire se montre désormais plus que jamais consciente du devenir incertain de la Terre. Rio a bien failli ne jamais exister puisque les dirigeants n’avaient pas prévu de nouveau sommet après l’échec de Nairobi. Malgré tout, l’ONU accouche de la Convention de Vienne sur la protection de la couche d’ozone en 1985, qu’entérinera le Protocole de Montréal en 1989 (cf. encadré page suivante). Avant Montréal, le troisième sommet de la Terre se tient à Rio de Janeiro du 4 au 14 juin 1992. Une centaine de gouvernants de la planète, les représentations de 182 États, mais aussi plus de 1 000 ONG (une première) sont là. Une véritable « foire associative » où les lobbys à L’ambigu appel l’œuvre élaborent 27 prinde Heildelberg cipes que de nombreux orgaEn apparence, le court texte rendu public nismes, conventions et confédepuis Heildelberg, en Allemagne, dans la rences avaient préparés : foulée du sommet de la Terre en 1992, signé en 1988, avec la création du par 264 scientifiques et universitaires dont Groupe d’experts intergou72 Nobel, semble des plus vertueux : il plaide vernemental sur l’évolution pour une « écologie scientifique » et des du climat (GIEC, 2 000 experts critères non moins scientifiques de contrôle de 60 pays) dont le premier et de préservation. Les « ennemis » de cette rapport préconisait la réducapproche sont les pseudo-scientifiques tion de 60 % des émissions tenants d’une écologie « irrationnelle ». de dioxyde de carbone et de Mais un an plus tard, on apprend que cette ; en 1987, avec le méthane. « écologie scientifique » a pour promoteurs Rapport Brundtland, officiell’industrie de l’amiante et celle du tabac : lement appelé « Notre avenir on a déjà montré que l’environnement est, à tous », qui a « inventé » le depuis son « invention », affaire de lobbys et de politiques… concept de « développement durable » (« répondre aux 111
vivre mieux consommer moins
Parallèlement à la condamnation des nuisances environnementales, les écologistes s’attachent à proposer des solutions alternatives au cadre de vie d’une société industrielle qui ne permet pas l’épanouissement des individus. La valorisation de l’autonomie, de la sobriété et de la solidarité vont de pair avec une remise en question d’un outil, d’un habitat, d’une ville et d’une consommation qui, mal conçus, englobent nos existences au point de nous isoler. Pour cette écologie de proposition, comportements individuels et logiques collectives devront s’associer pour faciliter la transition vers une société plus conviviale.
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Produits bio vendus sur un marchĂŠ Ă Obenheim, en France, le 5 mars 2011. 159
Ce livre se propose donc de redécouvrir sous un même volume le noyau dur des problématiques qui font l’écologie. Par une présentation synthétique de ces enjeux, il raconte pourquoi l’écologie est devenue une thématique si centrale dans nos sociétés contemporaines.
si on en parlait !
Devant ce foisonnement de discours et d’initiatives, il n’est pas toujours facile de percevoir la globalité des enjeux qui sont les nôtres. La tentation est grande de ne se soucier que du réchauffement climatique sans égard pour la gestion mondiale de la biodiversité ou de nos ressources en eau, de manger bio sans considération pour la pollution atmosphérique ou la réduction des déchets d’emballage.
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Cinquante ans déjà que l’écologie occupe le devant de la scène ! Les catastrophes environnementales, l’exploitation des ressources, les menaces pesant sur la biodiversité, les perturbations climatiques ou encore les risques pour la santé humaine des activités industrielles ont poussé un certain nombre de scientifiques, de politiques, de militants d’associatifs, d’ingénieurs et de syndicalistes à réagir.
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Dirigé par Ludovic Bertina
ISBN 978 2366025309 34,95€
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si on en parl ait !