Cartes, chroniques du monde connu by Fleurus Editions

Anne Rooney

es cartes permettent de comprendre comment l’être humain perçoit le monde qui l’entoure et quelle place il y tient. Les cartographes ont toujours décrit leur environnement : en le gravant sur des défenses d’animaux, la roche ou le bois, en le peignant sur du papyrus, de la soie, des peaux de bêtes ou des écorces d’arbre ou même en en construisant des maquettes à l’aide de bâtons et de coquillages. Une carte peut aider à retrouver son chemin, servir à délimiter des propriétés ou pointer l’endroit d’une découverte. Elle peut être utilisée dans le cadre d’activités telles que l’agriculture, l’exploitation minière ou même être un outil politique. Dans ce livre, Anne Rooney vous présente des cartes dont certaines valent uniquement pour leur incroyable beauté et d’autres si étranges qu’elles captureront votre imagination.

ISBN : 978-2-36602-611-5

CHRONIQUES DU MONDE CONNU

CARTES

25 €

Anne Rooney

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sommaire introduction chapitrE 1

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Cette terre est la nôtre chapitrE 2

terre & mers chapitrE 3

exploration & expansion chapitrE 4

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Visions du monde chapitrE 5

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l’interprÉtation des Cartes indEx

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ChapITRE 1

CETTE TERRE EST LA NÔTRE Les cartes les plus anciennes décrivaient uniquement les régions habitées par les cartographes.

Le désir de représenter notre environnement, que ce soit pour la navigation ou pour délimiter des propriétés, remonte à des milliers d’années. Certains objets sont même si anciens qu’il est difficile d’affirmer qu’il s’agisse vraiment d’une carte : ces motifs géométriques et sinueux sont-ils une simple ornementation ou représentent-ils des rivières, des collines et des habitations ? Plus tard, les Hommes dessineront des plans de leur colonie et indiqueront les cours d’eau locaux, les côtes le long desquelles ils naviguaient et les lieux revêtant une importance spirituelle. À partir du xvie siècle, la fierté a poussé les citadins à dépeindre leur ville de façon détaillée afin d’en montrer la grandeur. À partir du xviiie siècle, les projets d’arpentage prirent de l’ampleur grâce aux nouvelles techniques et donnèrent lieu aux premières cartes nationales.

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CARTE SUR UNE DÉFENSE DE MAMMOUTH DE PAVLOV Les experts débattent encore pour déterminer si cette défense gravée est vraiment une carte. Si c’est le cas, il s’agit de la plus ancienne jamais découverte, car elle remonte au Paléolithique. Elle a été confectionnée il y a environ 25 000 ans dans la région de ce qui est désormais Pavlov, en République Tchèque. Ceux qui estiment qu’il s’agit bien d’une carte avancent comme argument qu’elle décrit les méandres de la rivière Dyje et les pics rocheux des monts Pavlov. Les arrêtes et crevasses de leurs pentes seraient d’ailleurs

clairement représentées. Un motif de cercle contenant un autre demi-cercle peut être interprété comme l’habitat de l’artiste. De plus, le dessin correspondrait avec la topographie de la région à cette époque.

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LA CARTE DE CASSINI La première carte complète et officielle de France fut initiée par César-François Cassini et achevée par son fils, Jean-Dominique, durant le xviiie siècle. Cassini, alors directeur de l’Observatoire de Paris, chronométra les éclipses des lunes de Jupiter à Paris et Brest afin d’établir avec certitude les longitudes de ces deux villes. Il fut le premier à envoyer des arpenteurs dans tout le pays pour effectuer des mesures de triangulation géodésique. Certains furent attaqués voire tués par des habitants trop méfiants, mais cela établit un standard pour les futurs projets de cartographie à grande échelle. Cassini établit ainsi que la France était en réalité 20 % plus petite que les précédentes estimations, une découverte bien embarrassante car le projet était empreint de fierté nationale et soutenu par le roi en personne. La Révolution française interrompit la réalisation de cette carte, mais les révolutionnaires s’emparèrent de ce qui avait été fait, la déclarèrent propriété de l’État et s’en servirent pour tracer de nouvelles frontières sur le territoire.

Les cartes adoptèrent alors un système standardisé de symboles pour les différents éléments, et ne présentèrent plus d’habitations ni autres bâtiments comme c’était le cas auparavant. Au contraire, elles avaient dorénavant pour but de décrire les éléments immuables du territoire (montagnes, rivières, etc., mais pas les marais ou les forêts), ainsi que le tracé des routes. L’équipe de Cassini parvint à atteindre cet objectif avec une étonnante précision, des comparaisons avec des images satellites modernes montrant peu d’erreurs. Publiées entre 1744 et 1793, les 182 plaques constituant la carte de Cassini formèrent ainsi le projet de cartographie le plus précis et détaillé jamais entrepris jusqu’alors.

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ChapITRE 2

TERRE have used & ‘&’ MERS À travers les âges, les cartes ont souvent servi à planifier ou consigner un voyage.

Un voyage peUt être considéré comme le fait de suivre un chemin sans réellement prêter attention aux éléments topographiques qui le jalonnent, alors qu’une carte est un moyen de coucher cette expérience sur papier, décrivant le chemin emprunté par une ligne reliant un point à un autre (comme sur les cartes par bandes de la page 78). Cependant, cela revient à privilégier le point de vue du voyageur et non la configuration du terrain. D’autres cartes ont une forme qui nous est plus familière, avec une représentation planimétrique du terrain, le chemin emprunté étant symbolisé par un trait droit ou sinueux, comme s’il était vu du dessus. Il est intéressant de noter que les G.P.S. sont en quelque sorte un retour aux anciennes cartes d’itinéraires et cartes par bandes. En effet, si la distance demeure une donnée importante, le temps passé à voyager (ou ce qu’il en reste pour parvenir au but) est souvent plus mis en avant. De nombreuses cartes privilégient désormais le temps de parcours plutôt que la distance séparant l’arrivée du départ.

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LA VOIE POUR ROSTAU, LE LIVRE DES DEUX CHEMINS Cette carte fut peinte à l’intérieur du sarcophage en bois d’un certain Gua, un médecin de Deir el-Bersha en Égypte au cours de la 12e dynastie (2040-1750 av. J.-C.). Elle fait partie du Livre des deux chemins, précurseur du Livre des morts, et décrit les deux voies

menant à Rostau, demeure d’Osiris et destination de tous les esprits des défunts. Ces deux chemins, l’un maritime (symbolisé par la ligne bleue à droite) et l’autre terrestre (la ligne noire à gauche) sont séparés par un lac de feu (la bande orange).

Terre & mers

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ChAPiTre 2

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LA CIRCUMNAVIGATION DE DRAKE PAR JODOCUS HONDIUS La Vera Totius Expeditionis Nauticae fut établie en 1595 par le cartographe flamand Jodocus Hondius. Elle chronique les expéditions autour du globe effectuées par Francis Drake en 1577 et 1579 et Thomas Cavendish en 1586-1588. Le monde est scindé en deux hémisphères ayant pour centre les océans Atlantique et Pacifique. La carte de Hondius se focalise sur les littoraux, laissant l’intérieur des terres vides selon la tradition des portulans (voir page 89). L’Australie n’est pas représentée puisqu’elle n’a pas encore été découverte par les Européens, et la région baptisée « Terra Australis » est vraisemblablement hypothétique, fondée sur la théorie selon laquelle il y aurait forcément une énorme masse de terre dans l’hémisphère sud. Les chemins empruntés par Drake et Cavendish sont tracés sur la carte, et le navire de Drake, le Golden Hind (en bas au centre) ainsi que le navigateur accostant en NouvelleAlbion, aujourd’hui la Californie (en haut à gauche), sont représentés dans les vignettes.

Terre & mers

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ChapITRE 3

Exploration & Expansion L’exploration est un voyage particulier.

Parfois, son objectif est Précis, comme lorsque Christophe Colomb chercha un passage vers l’Asie par l’ouest. Parfois, il s’agit simplement de découvrir ce qui se trouve ailleurs. D’une certaine manière, chaque voyage dont l’objectif est de cartographier une zone, connue ou inconnue, est un voyage d’exploration et de découverte. Mais il y a une différence de taille entre s’aventurer dans une contrée dont on ignore tout et explorer les coins et les recoins d’une côte sur laquelle on a vécu pendant des décennies. Les cartes pour explorateurs et colons avaient des buts précis : aider à naviguer vers de nouvelles terres, les inventorier, et se les approprier. Cet usage donnait alors à ces documents une dimension politique. Ils indiquaient non seulement ce qui se trouvait à un endroit donné, mais aussi à qui cela appartenait. Cartographier revenait parfois ainsi à revendiquer la propriété.

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LA CARTE DU VINLAND La carte du Vinland a été découverte en 1957 et présentée comme la preuve selon laquelle les Européens auraient navigué jusqu’en Amérique du Nord avant Christophe Colomb. Cette carte date du xve siècle et contient des annotations affirmant que les Européens s’y seraient arrêtés pour la première fois au xie siècle. Des analyses détaillées et des études académiques ont prouvé qu’elle est

vraisemblablement fausse : un produit chimique moderne a été trouvé dans l’une des encres, et la carte présente plus de similitudes avec la gravure réalisée en 1782 d’une carte produite en 1436 plutôt qu’avec l’originale. Cependant, cette carte a bien été réalisée sur du vélin dont la date de fabrication se situerait entre 1423 et 1445.

Exploration & expansion

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L’ATLAS DE MILLER L’atlas de Miller est l’une des plus grandes prouesses cartographiques du xvie siècle. Produit par trois cartographes portugais et un miniaturiste, il contient douze cartes couvrant l’Atlantique Nord, l’Europe du nord, les Açores, Madagascar, l’océan Indien, l’Indonésie, la mer de Chine, les Moluques, le Brésil et la Méditerranée. Les détails intérieurs illustrent à merveille ce que l’on savait

ChAPITRE 3

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des territoires récemment découverts. La carte représentant l’Inde et la péninsule arabique évoque les habitants et les animaux tels que décrits par les voyageurs. La carte du Brésil (ci-contre) montre une topographie plus détaillée et des informations plus pertinentes sur les habitants que les cartes plus anciennes.

Exploration & expansion

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ChapITRE 4

Visions du monde La carte du monde s’est étendue au fil des siècles, tandis que les hommes s’aventuraient de plus en plus loin.

Il y a bIen longtemps, les hommes ne connaissaient que les régions qu’ils pouvaient parcourir à pied ou par voies navigables, comme le montrent les cartes du monde les plus anciennes au centre desquelles se trouve le petit monde connu, entouré par d’autres régions inconnues relevant du fantasme. Pendant plus de 1 000 ans, la vision européenne dut son origine aux théories du géographe Ptolémée. Puis, à partir du xve siècle, de nouveaux territoires furent ajoutés au globe : d’abord l’Amérique, puis le sud de l’Afrique, l’Asie, les Îles du Pacifique et l’Australasie, puis enfin l’Antarctique. Le monde devint alors bien trop grand pour les modèles existants. Trois nouvelles catégories de cartes firent donc leur apparition : celles des hémisphères est et ouest, chacun représentés dans un cercle, des globes sous forme de cartes rectangulaires ou ovales, ou encore des segments géométriques collés sur une sphère. Le fait de représenter une sphère sur une surface plane entraîna inévitablement des distorsions. Le défi que cela représentait conduisit au développement de nouvelles projections afin de réduire ces déformations. Ce sont ces nouvelles visions qui définissent le monde tel que nous le percevons aujourd’hui.

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« Montagne » « Ville » Assyrie Marécage Canal « Ville » Babylone divisée par l’Euphrate 8 Océan (eau salée)

ImAgo mundI Cette carte, tracée sur une tablette d’argile babylonienne il y a 2 600 ans, est probablement la plus ancienne représentation non mythologique du monde. Elle place Babylone au centre d’un monde rond, entourée par une étendue d’eau qualifiée de fleuve « d’eau amère ».

Sept îles sont représentées dans la mer environnante. La carte semble montrer, au centre de la Terre, une montagne, plusieurs villes, des rivières et un marécage. Cette vision du monde des Babyloniens a peut-être influencé les cartes médiévales en TO (voir page 123).

Visions du monde

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ChAPITRE 4

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L’ERdAPFEL PAR mARTIn BEHAIm Le plus ancien globe ayant été retrouvé fut réalisé par l’allemand Martin Behaim en 1492, avant que les Européens ne découvrent l’Amérique. Il s’inspire de la géographie de Ptolémée, à laquelle de nouvelles découvertes furent ajoutées. En plus des informations topographiques, la surface est riche en détails tirés des récits de voyageurs (tel Marco Polo) et des écrits de grands encyclopédistes (comme Isidore de Séville). Il donne, sous forme d’annotations et d’illustrations, des précisions sur les territoires, les peuples, les animaux (légendaires et réels), les superstitions, les légendes et les ressources naturelles du globe. Un unique océan sépare l’Europe de l’Asie, et le Japon se trouve à seulement 2 400 km.

LE gLoBE SuR ŒuF d’AuTRuCHE Le plus vieux globe montrant le Nouveau Monde fut réalisé sur un œuf d’autruche en 1504. Il est composé des moitiés inférieures de deux œufs différents et a probablement servi de modèle pour le globe de Hunt-Lenox exposé à la New York Public Library, lui sculpté dans un alliage de cuivre et datant d’environ 1504-1506. C’est aussi la première carte sur laquelle figure la légende « Hic sunt dracones » (littéralement « ici sont des dragons »). Si l’Amérique du Sud y apparaît comme une masse continentale de taille appelée Mundus Novus (Nouveau Monde), l’Amérique du Nord est représentée par seulement deux petites îles.

Visions du monde

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Anne Rooney

ISBN : 978-2-36602-611-5

CHRONIQUES DU MONDE CONNU

CARTES

25 €

Anne Rooney

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