CELTES ESPRITs
TRADITIONS • SYMBOLES • DIVINITÉS
Tá an leabhar seo tiomnaithe don An Mórrigan, an té a thug cead dom a bheith mar atá mé inniu. Go raibh ma agat.
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Préface par Phro Nesis
I. L'HISTOIRE CELTE
La civilisation celte : une grande diversité de cultures et de traditions
L’organisation de la société celte
Comprendre l’histoire des Celtes : la délicate question des sources
L’ogham, l’esprit des arbres
Les quatre trésors des Tuatha Dé Danann
II. LE MONDE CELTE
DE LA MYTHOLOGIE
CELTE
L’Abhartach
L’Anguipède
Les banshees, bean sí, bean sidh
Les brownies
Les changelings
dullahans
faunes
Le
« L’histoire est une suite d’accidents, pas toujours explicables, sur lesquels les témoins sont souvent rares ou presque muets, et que les historiens ont la tâche ingrate d’expliquer de leur mieux à leurs contemporains. »
Françoise Le Roux, Christian-Joseph Guyonvarc’h
Pour moi, il est important d’entamer un parcours spirituel en commençant par des recherches. Une énorme quantité de recherches. Avant de lire un livre de pratique magique, j’ai besoin de connaître les origines de cette pratique. Quand j’ai senti la présence de la Mórrigan (voir p. 105) à mes côtés il y a quelques années, je ne voulais pas entendre parler de relationner avec des divinités1. Mon éducation monothéiste judéochrétienne m’avait inculqué une vision de Dieu bien différente des divinités que j’ai découvertes au fil de mes recherches au sein des panthéons celtiques, et j’ai eu peur de reproduire des schémas de croyance que j’avais fuis pendant de nombreuses années. Alors, avant de répondre à cet appel, j’ai choisi de n’ouvrir que des livres d’histoire et des documents universitaires, pour comprendre les origines et la vision de ces populations celtiques, avant d’aborder la partie magique et spirituelle.
C’est ainsi que j’ai découvert l’histoire des civilisations celtiques, si proche de nous et pourtant si peu abordée dans nos livres d’histoire.
Alors, à votre tour de jeter un œil par le trou de la serrure, pour découvrir une partie2 de cette histoire fascinante.
UNE GRANDE DIVERSITÉ DE CULTURES ET DE TRADITIONS
Dire qu’aborder les civilisations celtes est une tâche compliquée est un euphémisme. Alors, le faire en quelques paragraphes est une tâche presque impossible. Les historien·ne·s elleux-mêmes n’arrivent pas à s’accorder sur les origines du terme « celte » et sur ce qu’il définit. J’ai pu lire dans mes recherches que « les Celtes n’existent pas ». Mais cette fausse idée s’est répandue en raison de la complexité de leur histoire et de la diversité de leurs sociétés. Les civilisations celtiques étaient caractérisées par une grande diversité de peuples, de langues, de cultures et de traditions. Pour cette raison, ces peuples ne peuvent être réunis et considérés comme un seul groupe ethnolinguistique et culturel.
Les Celtes étaient répartis sur une vaste zone géographique allant des rivages ensoleillés de la péninsule ibérique à l’Europe centrale et à l’Europe de l’Est.
Celles qu’on appelle les « six nations celtiques » sont la Bretagne, le pays de Galles, les Cornouailles, l’île de Man, l’Irlande, et l’Écosse.
1 Terme signifiant que l'on a une relation avec un esprit ou une divinité. Relationner, c'est honorer, communier, s'instruire et offrir.
2 Pour les plus curieux·ses, vous pourrez trouver dans la bibliographie des livres traitant de ce sujet bien plus en détail.
En Europe de l’Est, les Celtes étaient présents dans des régions telles que la Bohême (une partie de l’actuelle République tchèque), la Rhénanie et la Slovaquie, où des sites archéologiques, des artefacts issus de l’art celte et la présence de tumulus laissent apparaître leur empreinte.
En Espagne, les Celtes étaient présents dans la région nord-ouest de la péninsule, où ils ont fondé des colonies et des cités telles que Numance et Asturica Augusta. Leur présence a laissé une marque indélébile dans la culture et l’histoire de la région, influençant les langues, les coutumes et les croyances des populations locales. On trouve encore aujourd’hui des traces de l’influence celte dans l’architecture, mais aussi dans la musique, où la cornemuse, appelée gaïta, est un héritage ancien de cette culture, adapté à la culture espagnole.
En Europe centrale, les Celtes étaient bien établis en Gaule, mais aussi sur le plateau helvète et au nord de l’Italie.
Cependant, malgré leur présence à travers l’Europe, il peut être compliqué de parler ou de comprendre avec précision ce que sont les civilisations celtiques à cause du manque de sources écrites, en grande partie en raison de la tradition orale qui prévalait dans leurs sociétés.
Les Celtes étaient organisés en tribus ou en clans dirigés par des chefs ou des rois. La société celtique était souvent hiérarchisée, avec des guerriers, des druides et d'autres membres de la communauté. Les membres de la tribu étaient liés par des liens familiaux, des alliances politiques et des obligations sociales.
Dans leur société, la tradition orale était considérée comme essentielle. Les bardes, qui étaient des membres respectés de la société celtique, étaient chargés de mémoriser et de réciter les histoires épiques, les généalogies, les lois et les traditions celtiques. La transmission orale permettait également une interaction directe entre le conteur et son auditoire, favorisant ainsi un lien communautaire fort. Les liens unissant les membres de la communauté étaient un élément essentiel de leur mode de vie, qui contribuait à leur survie et à leur prospérité dans un monde souvent hostile et changeant.
L’agriculture et l’élevage étaient des activités économiques vitales pour les Celtes. Ils cultivaient une variété de cultures telles que le blé, l’orge, le seigle, les légumes et les fruits. L’élevage de bétail, principalement de bovins, de porcs et de moutons, était également répandu. Ces activités fournissaient de la nourriture, du textile et d’autres ressources essentielles à la vie quotidienne. Et c’est dans ce cadre-là que le principe de communauté était important, car de nombreuses activités économiques étaient menées de manière collective. Par exemple, les travaux agricoles, tels que les récoltes ou la construction de bâtiments communautaires, étaient souvent réalisés avec la participation de nombreux membres de la tribu. Cette coopération permettait d’accomplir des tâches plus importantes et de partager équitablement les ressources produites. La participation à des festivals, à des rituels religieux et à d’autres événements communautaires renforçait le sentiment d’appartenance à une culture et à une histoire partagées.
La communauté jouait également un rôle important dans la résolution des conflits internes. Les tribus celtes avaient souvent
des mécanismes de justice où les différends étaient réglés par des conseils de sages ou des chefs de tribu. Cette approche collective et le respect de l’organisation de la tribu permettaient de maintenir l’ordre et la cohésion sociale au sein de la communauté.
La majeure partie de ce que nous savons sur les Celtes provient de sources extérieures, telles que les écrits des historien·ne·s grec·que·s et romain·e·s, les découvertes archéologiques et les traditions orales transmises dans les régions celtiques.
En raison du manque de sources écrites directes, il existe différentes interprétations historiques et académiques des civilisations celtiques. Les historien·ne·s et les archéologues peuvent avoir des points de vue différents sur des aspects tels que l’organisation sociale, la religion, l’art et la technologie des Celtes, ce qui peut parfois conduire à des débats et à des controverses.
C’est pourquoi les textes fondateurs des mythologies celtiques comme les Mabinogion (voir p. 44) et la Táin Bó Cúailnge* (voir p. 70) sont importants, autant pour la compréhension de l’origine de leur cosmogonie que pour celle de la civilisation. Il est cependant nécessaire de ne pas perdre de vue la romantisation dont ces textes ont été victimes au fil des
siècles, mais de s’en servir comme repère, car on sait que les textes antiques ont été réécrits à de nombreuses reprises et adaptés à la vision chrétienne, ce qui peut en modifier l’essence même.
Par exemple, la présence dans le Lebor Gabála Érenn* des Milesiens*, les premiers hommes, issus d’Espagne, à s’être installés en Irlande, montre le lien entre ces deux terres. Ces textes offrent également des perspectives sur les relations sociales et politiques dans l’Antiquité celte. Ils décrivent les interactions entre les rois et les seigneurs, les alliances et les rivalités entre tribus, ainsi que les codes d’honneur et de conduite qui régissent la vie sociale. Ils sont un aperçu précieux de la culture, des croyances et des valeurs des anciens Celtes, et ils ont joué un rôle crucial dans la préservation et la transmission de leur identité culturelle à travers les âges.
Leurs thèmes et leurs motifs ont été repris et réinterprétés dans de nombreuses œuvres littéraires, artistiques et cinématographiques à travers les siècles.
Au cœur des cultures celtiques se trouvaient également leurs croyances païennes. Les Celtes vénéraient un panthéon de divinités qui étaient chacune associées à des attributs spécifiques et étaient honorées à travers des rituels, des prières et des offrandes visant à obtenir sa protection ou sa bénédiction.
Outre les divinités, les Celtes croyaient également aux esprits, tels que les fées, les lutins, les esprits des ancêtres et les héros mythiques. Ces esprits peuplaient un monde invisible parallèle au nôtre, et ils étaient souvent vénérés ou craints. Des rituels et des pratiques magiques étaient souvent utilisés pour interagir avec ces êtres surnaturels et pour obtenir leur assistance ou leur protection. Les Celtes croyaient que maintenir de bonnes relations avec les dieux et les esprits était essentiel pour assurer la prospérité, la santé et le bien-être de leur communauté. Le lien entre les cultures celtiques se retrouve dans ces divinités et ces esprits qu’elles honoraient. Car, sous divers noms, en fonction des territoires et des langues parlées, on retrouve des esprits avec des attributs souvent similaires, occupant les mêmes fonctions, et honorés sous des formes très proches.
Les croyances païennes celtiques imprégnaient également les cycles saisonniers et les célébrations qui rythmaient l’année. Les festivals tels que Samhain, Imbolg, Bealtaine et Lúnasa (voir p. 26) étaient célébrés avec des rituels, des feux de joie, des offrandes et des danses pour honorer les dieux et les esprits et marquer les transitions importantes de la vie agricole et saisonnière. Sous divers noms, on retrouve de telles célébrations dans toutes les cultures celtiques.
Les croyances païennes étaient au cœur de ces cultures, guidant les interactions des Celtes avec le monde naturel et surnaturel, et façonnant leur vision du monde et leur place au sein de celui-ci. Ces croyances ont laissé une empreinte durable sur l’histoire et la culture des peuples celtes.
MAJEURS DU MONDE CELTE
L’ouverture des routes commerciales dans le monde gallo-romain* a favorisé l’intégration des régions celtiques dans l’économie romaine. Les échanges commerciaux se sont développés, mais cela a également conduit à une dépendance accrue vis-à-vis de l’Empire romain, qui exerçait à cette époque un monopole commercial au niveau des échanges de marchandises entre les régions et les pays, et à une perte de contrôle sur les ressources locales. L’expansion du monde gallo-romain a entraîné une centralisation du pouvoir sous l’égide de l’Empire romain. Les anciennes structures politiques et sociales des sociétés celtiques ont été progressivement remplacées par l’administration romaine, ce qui a affaibli l’autonomie des tribus celtes et leur capacité à maintenir leur propre culture et identité.
Puis, l’arrivée du christianisme en Europe occidentale a provoqué une transformation culturelle majeure. Les missionnaires chrétiens ont œuvré pour convertir les populations celtes, remplaçant peu à peu les anciennes croyances païennes par la foi chrétienne. Cette conversion s’est accompagnée de l’abandon progressif des pratiques religieuses celtiques et de la suppression des lieux de culte païens.
Bien que les Celtes aient disparu en tant que groupe distinct dès la fin de l’Antiquité, leur héritage culturel survit dans les régions celtiques telles que l’Irlande, l’Écosse, le pays de Galles et la Bretagne.
L’exploration de l’histoire et de la culture celtes révèle la diversité des peuples, des langues et des traditions qui témoignent de la richesse de cette civilisation. Malgré les défis de la documentation limitée et des interprétations variées, les Celtes ont laissé un héritage durable dans les régions où ils ont prospéré.
Les légendes arthuriennes, centrées autour du roi Arthur et de ses chevaliers de la Table ronde, ont émergé à partir des récits oraux et des traditions celtiques, et même si ces légendes ont été largement inspirées par des influences romaines, françaises et chrétiennes au fil du temps, elles ont assuré la survivance du monde celte à travers elles.
Malgré ces transformations, les légendes arthuriennes ont préservé de nombreux éléments de l’identité celtique, comme le lien étroit avec la nature, les récits de magie et de féerie, et les valeurs de courage, d’honneur et de loyauté. Des personnages tels que Merlin et Morgane continuent de jouer des rôles importants dans les récits arthuriens, témoignant de leur héritage celtique.
C’est une preuve que la survivance du monde celte à travers les légendes arthuriennes témoigne de la richesse et de la résilience des cultures celtiques, qui a su s’adapter et se réinventer au fil du temps tout en préservant ses racines et son identité profondément ancrées dans les traditions et les mythes anciens.
« Mythe est le nom de tout ce qui n’existe et ne subsiste qu’ayant la parole pour cause. »
« Petite lettre sur les mythes », de Paul Valéry
Dans ce chapitre, vous découvrirez les définitions de termes forts de la mythologie celtique, mais aussi les lieux et les événements ayant
marqué l’histoire, ainsi que le nom de personnages qui, sans être des divinités, ont joué un rôle important dans ces légendes.
MYTHOLOGIE IRLANDAISE
Époux de la reine Medb (voir Medb p. 45).
Roi du Connacht*. C’est son différend avec la reine Medb au sujet du taureau Finnbhennach qui est à l’origine de la Táin Bó Cúailnge (La Razzia des vaches de Cooley). Il était réputé pour être un roi et un homme sans méchanceté, sans jalousie ni peur, et
c’est grâce à ces qualités que la reine Medb le choisit comme époux. C’est cependant sa jalousie qui précipita sa fin lorsqu’il demanda à son frère, Lugaid, de tuer Fergus, l’amant de sa femme, avec une lance. Celle-ci se vengea en le faisant tuer par Conall, héros d’Ulaidh (l’ancien nom de la région d’Ulster*).
MYTHOLOGIE GALLOISE
L’Annwvyn est le nom de l’Autre Monde dans la mythologie galloise. C’est un équivalent du Sidh (voir p. 65) irlandais, avec quelques différences cependant.
On le découvre dans une des branches des Mabinogion, dirigé par son roi Arawn, puis dans les légendes arthuriennes grâce à Gwyn ap Nudd, roi-fée psychopompe* et chef de la chasse sauvage*.
L’Annwvyn est décrit comme « un endroit merveilleux, où règne la félicité, un monde de plaisirs où la jeunesse est éternelle, où la maladie est absente et la nourriture est abondante ». Ce serait le royaume des âmes des défunts.
Il a d’ailleurs probablement inspiré la vision chrétienne du paradis, et c’est de là que serait originaire le Graal* des légendes arthuriennes.
L’Awen est un terme issu du mouvement druidique. C’est même l’un de ses fondements, car il signifie la transcendance par l’inspiration, la poésie. C’est le lien avec le divin que cherche chaque barde en empruntant la voie druidique. C’est aussi un mot qu’on retrouve souvent
à la fin des prières celtes, comparable au « Amen » chrétien. Il sert à ponctuer une prière, à appeler l’inspiration en s’adressant à une divinité ou un esprit.
MYTHOLOGIE IRLANDAISE
Roi des Fomoires (voir p. 43), c’est un géant cyclope. Il personnifie la puissance et la laideur des ténèbres. Il gardait son œil fermé pour se protéger d’une prophétie indiquant qu’il mourrait de la main de son petit-fils, mais il demanda à quatre de ses sbires de lui tenir la paupière ouverte pendant les combats de Cath Maighe Tuireadh (la bataille de Moytura) afin
de vaincre ses ennemis. Pendant la bataille, le dieu Lugh vint à lui et le charma de ses paroles. Balor demanda à le voir, et reçut dans l’œil une pierre lancée à la fronde par le dieu solaire. Son œil fut arraché et Balor projeté sur les Fomoires, tuant au passage des milliers de personnes, ce qui assura la victoire des Tuatha Dé Danann (voir p. 71).
MYTHOLOGIE IRLANDAISE
Le Cath Maighe Tuireadh est composé de deux textes racontant les deux batailles ayant construit la mythologie irlandaise. En effet, il raconte comment les Tuatha Dé Danann se sont battus contre les Fir Bolg, puis contre les Fomoires, alors qu’ils arpentaient encore la terre des mortels. Ces textes permettent de
découvrir chaque divinité de la mythologie irlandaise, ses pouvoirs, sa personnalité et la façon dont elle va gérer les conflits.
Le Cath Maighe Tuireadh est un texte fondateur des croyances du paganisme irlandais, car il permet d’appréhender la part divine mais aussi les fonctions de chaque dieu et déesse cité·e·s au sein de la mythologie irlandaise.
Chez les Celtes, au début du monde, l’année n’était divisée qu’en deux saisons : la saison sombre et la saison claire.
Puis, quand les populations sont devenues sédentaires, ont commencé à être célébrés le début des semis et le début des récoltes. Les célébrations, regroupant les hommes et les femmes, avaient lieu autour du feu, un élément sacré qui leur permettait autant de se réunir, de s’accorder un jour de pause dans leurs tâches habituelles que de remercier les divinités et les esprits qu’ils honoraient.
De nos jours, le néopaganisme* compte huit sabbats tout au long de l’année, inspirés par la wicca*. La « roue de l’année » telle qu’elle est fêtée aujourd’hui dans le néopaganisme, et même si elle a été largement modifiée, s’est construite autour des quatre festivals du feu du monde celte. Ces festivités portent différents noms en fonction du lieu où elles sont célébrées. Cependant, que ce soit le druidisme, le paganisme irlandais, gallois, écossais ou gaulois, ces célébrations correspondent à des périodes similaires et portent les mêmes intentions. Vous retrouverez ici les appellations irlandaises, galloises et gauloises.
Roue de l'année inspirée par la wicca .
SAMHAIN/CALAN GAEAF/SAMONIOS
31 octobre
La nuit de Samhain est réputée pour être une nuit magique entre toutes. C’est le passage de la saison claire à la saison sombre. C’est le début de la nouvelle année celte. C’est le moment des dernières récoltes. C’est un temps pour se réunir en nombre avant de s’abriter du froid et de l’obscurité de l’hiver. C’est un moment fait pour honorer l’Autre Monde, celui des défunts, mais aussi celui des esprits.
Les célébrations, en fonction du lieu, peuvent durer une nuit, trois jours, ou parfois une semaine. C’est l’occasion de se rassembler pour des banquets autour des feux, de visiter foires et marchés, mais c’est aussi un temps dédié aux rituels druidiques. C’est aussi le moment de nettoyer le foyer de la maison, en éteignant l’ancienne flamme pour en allumer une nouvelle à partir du feu sacré des druides afin d’amorcer cette nouvelle année.
Samhain est la célébration qui est restée la plus ancrée dans notre époque. Comme toutes les célébrations païennes, Samhain a été christianisée et est devenue ensuite « All Hallows’ Eve », la nuit de tous les saints. Appelée « Halloween » depuis la diaspora irlandaise en Amérique, cette fête symbolise autant les enfants déguisés, faisant la quête des bonbons, et creusant des citrouilles, que le Nouvel An des sorcières, une soirée dédiée aux rituels pour honorer les divinités sombres ou les esprits du Sidh. C’est aussi un moment consacré au souvenir des défunts. De nombreuses activités ont lieu, que ce soit des événements profanes, comme des concerts, des soirées déguisées, ou des projections de films, mais aussi des événements païens, comme des festivals du feu dans les pays anglo-saxons, des retraites ou des soirées de partage dans des lieux dédiés.
IMBOLG/GWYL FAIR
1er ou 2 février
Imbolg est le symbole du retour du printemps. Célébré majoritairement en Irlande, en Écosse, et sur l’île de Man, c’est une fête solaire, quand les premières fleurs commencent à sortir de terre, et surtout, c’est la période de l’agnelage, qui annonce que la dure période de l’hiver touche à sa fin, permettant de profiter des bienfaits des premières traites des brebis. Se nourrir pendant la période hivernale repose sur les aliments mis de côté avant
Samhain, mais l’arrivée du mois de février permet de profiter des premiers légumes de printemps, du fromage et du lait.
C’est aussi le début du ménage de printemps. Le froid est moins mordant, on peut aérer les logements, enlever la poussière de l’hiver, trier, jeter, mais aussi purifier le foyer, grâce à l’eau principalement, et c’est également le moment de fabriquer son eau lustrale, une eau dédiée à la purification.
Cette fête est fortement liée à la déesse Brigit (voir p. 84). Elle était honorée ce jour-là autant pour purifier que pour guérir, ou pour son rôle de déesse de la forge, parfait pour ce festival du feu, pour appeler l’inspiration.
Aujourd’hui, à la même date, on fête la Chandeleur. Ce n’est pas sans raison ! Les crêpes sont un symbole fort de ce festival, car leur forme ronde et jaune est un hommage au retour du soleil.
Vous pouvez aussi consommer des produits laitiers de brebis ce jour-là, comme du fromage frais.
Si vous souhaitez vous mettre dans l’état d’esprit de nos ancêtres qui retrouvaient avec joie la douceur du printemps, ouvrez vos fenêtres, nettoyez, triez, rangez… En général, je commence à trier ma maison à partir de ce moment et jusqu’au jour du printemps. J’en profite pour faire des dons aux associations de tout ce que je ne veux plus après cet hiver : livres, jouets, vêtements…
Pour honorer Brigit chez vous, apprenez à tresser des croix de Brigit, ce symbole à quatre branches qui représente la protection de la déesse si on l’accroche à l’entrée de sa maison au moment de cette célébration. Vous pouvez aussi fabriquer des bridéog, des petites poupées tressées en feuilles de maïs, ainsi que leur petit lit, pour symboliser l’hospitalité que vous offrez au sein de votre foyer.
Enfin, c’est le moment d’allumer un feu. En allumant des bougies pour symboliser le retour de la lumière, un feu dans un chaudron, ou votre cheminée si vous êtes chanceux·ses, pour symboliser la purification.
Les Irlandais vénéraient tellement la déesse Brigit que l’arrivée du catholicisme n’a pas réussi à réfréner son culte. Les catholiques en ont donc fait une sainte chrétienne, sainte Brigitte, qui est toujours autant aimée et honorée à ce jour. L’année 2023 a marqué la toute première année où le 1er février est devenu officiellement un jour férié, le "Saint Brigid's Day", le premier dédié à une femme.
Désormais, en Irlande, les quatre festivals du feu sont donc officiellement tous des jours fériés.
Dans la nuit du 30 avril au 1er mai À l’opposé de Samhain sur le calendrier, Bealtaine marque la fin de la saison sombre et le début de la saison claire. C’est une fête solaire, et le feu y a toute son importance. Chez les Gaulois, elle est liée au dieu Bélénos, dieu brillant. En Irlande, elle symbolise l’arrivée des Tuatha Dé Danann sur l’île. D’ailleurs, Bealtaine est le nom du mois de mai encore à ce jour en gaélique irlandais.
Bealtaine est, tout comme Samhain, une période propice à l’ouverture sur l’« Autre Monde ». C’était donc un moment où le peuple en profitait pour faire des offrandes aux peuples féeriques afin de s’assurer d’être dans leurs bonnes grâces pour l’année à venir. Comme encore aujourd’hui, certaines personnes préféraient pratiquer cette
célébration au rythme de la nature plutôt qu’à une date imposée, et c’est la floraison de l’aubépine qui annonçait le début des festivités. De grands feux étaient allumés par les druides et servaient à la purification. On faisait passer le bétail entre deux feux pour le protéger des maladies en ce début de période agraire, car c’était le moment où on menait les bêtes au pâturage et où commençaient les semis. On se servait également de ces feux pour rallumer les foyers avec une flamme nouvelle après avoir éteint celle qui avait duré tout l’hiver.
Bealtaine est également fortement liée à l’union, à l’amour, à l’engagement, aux promesses, mais surtout à la reproduction, ce qui donne souvent à cette célébration une dimension sexuelle.
Bealtaine est un festival du feu, donc, encore une fois, si vous en avez l’opportunité, n’hésitez pas à en allumer un. Les températures commencent à être plus clémentes, il est temps de prévoir braseros et barbecues dans le jardin.
Même si c’est une tradition arrivée bien plus tardivement, et davantage associée à la célébration wiccane, le mât de mai est une image emblématique de Bealtaine. Vous pouvez en construire un dans votre jardin, ce qui égayera cette journée et cette soirée, avec les danses qui s’organiseront naturellement autour, ou en faire des plus petits pour les déposer sur vos autels ou les planter dans vos jardinières. Vous pouvez sinon opter pour la version traditionnelle en décorant un arbuste, appelé « buisson de mai », avec des rubans, des fleurs et des objets peints de couleurs chatoyantes.
Histoire, folklore et traditions, divinités et esprits, pratiques spirituelles...
Tournez les pages de cet ouvrage comme vous pousseriez la porte des mondes celtes. Partez à la rencontre des druides, des oghams et autres festivals du feu. L’autrice vous invite à parcourir les vertes plaines de Bretagne et d’Irlande, en compagnie des fées, korrigans et leprechauns. Cheminez en ces terres de légendes dans les pas de Dana, Lugh, Cernunnos ou encore la Mórrigan...
Et si vous partiez à l’aventure, découvrir la magie des mythologies celtes ?
L’AUTRICE
Alexandra est spécialisée en aromathérapie magique et créatrice d’outils sorciers. Passionnée d’histoire de la sorcellerie, elle est pratiquante du paganisme irlandais. Retrouvez-la sur son Instagram : @chaudron.et.compagnie