sans une égratignure !
Les aventures rocambolesques et pleines de tendresse d’une famille pas comme les autres, qui, en vacances à Rome, égare ses valises, se perd à Saint-Pierre, et se venge sur les glaces. Paul Beaupère a passé son enfance à élever
des cochons d’Inde et des lapins. Plus doué pour parler aux chats ou aux enfants qu’aux adultes, c’est un illustrateur hors pair de vaches volantes et un fournisseur officiel d’approximations orthographiques.
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Saint-Arthur
sans une égratignure !
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avdeenlatfamille u r es Saint-Arthur sans une égratignure ! Paul Beaupère
Dans la même collection :
10 € France TTC www.mameeditions.com
COUV_fAMILLE-ST-ARTHUR_T3.indd Toutes les pages
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Illustration de couverture : Ariane Delrieu
Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sarah Malherbe, Sophie Cluzel Édition : Claire Renaud, Émeline Trembleau Direction artistique : Élisabeth Hebert Conception graphique : Séverine Roze Fabrication : Thierry Dubus, Florence Bellot Mise en pages : Text’Oh ! © Mame, 2015 Site : www.mameeditions.com ISBN : 978-2-7289-2018-1 Code MDS : 531 430 Tous droits réservés pour tous pays. « Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. »
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Chapitre 1
ence pas bien Ça ne comm !
Où l’on ne comprend pas tout de suite ce qui se passe, où l’on se dit que ça pourrait mal finir avant même que ça ait commencé, où l’on se demande si papa n’aurait pas mieux fait de rester à la maison. « Biiiiip-biiiiipppppp-bippppppp ! » La machine se met à sonner ! Une sonnerie stridente, une de ces sonneries qui vous font regretter de ne pas être sourd. Au-dessus de la machine, une lumière rouge commence à clignoter et à tourner sur elle-même, un peu comme le gyrophare d’une voiture de police. 7
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Alors, tous les yeux se tournent vers papa. Lui, seul sous le portique de détection, a l’air bien embêté… – Videz vos poches, ordonne le douanier avec l’air sympathique d’un pitbull qu’on réveille en lui marchant sur la queue sans lui apporter son petit déjeuner au lit. – C’est déjà fait, dit papa en montrant trois pièces et un trousseau de clés échoués dans une bassine en plastique. Le douanier soupire. Visiblement, papa commence à lui poser un problème. – Retirez votre ceinture ! – Déjà fait ! lui répond papa, trop heureux. Il a l’air béat du bon élève qui sait faire plaisir à son professeur. – Hum, s’étonne l’homme en uniforme. Hum, ce doit être votre pantalon. – Mon pantalon ? répète papa. Mon pantalon ferait sonner le détecteur de métaux ? Vous n’allez peut-être pas me croire, dit papa, demi-sourire aux lèvres et yeux plissés du farceur qui sait qu’il en a une bonne, mais j’ai laissé chez moi ma cotte de mailles, je n’ai qu’un malheureux vêtement de toile qui, je le crois, ne serait d’aucun secours dans un tournoi de chevalerie, mais jamais ne ferait sonner votre terrible engin ! 8
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L’homme de loi, le cerbère des frontières, celui qui nous protège des invasions et sait reconnaître la valise à double fond d’un seul coup d’œil, celui qui repère à coup sûr les fraudeurs, les passeurs et tous les méchants de la Terre, cet homme-là ne semble pas, en plus de tous ces dons, être doté de celui de l’humour… Il regarde papa avec l’air du prof qui a senti venir le zéro en dictée, la tête du tigre qui vient de renifler la chèvre qui lui servira de dîner. Il ressemble soudainement au crocodile qui voit s’avancer le nageur imprudent. Le douanier a dans l’œil l’étincelle qui dans le film annonce la tempête et fait comprendre au téléspectateur que le méchant est de sortie. – Enlevez votre pantalon ! ordonne l’homme en fermant les yeux, sur un ton qui aurait fait reculer Attila et tous ses Huns avec lui. – Pardon, s’étonne papa, que je quoi ? – … répond l’autorité soudain faite homme. – Bon, bon… Et papa s’exécute. C’est dans un caleçon orné de très jolies petites têtes de nounours et en essayant de garder le maximum de dignité qu’il repasse le portique. La sonnerie retentit de nouveau ! – Stop ! hurle le fonctionnaire zélé. Ne bougez plus ! 9
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Il a l’air de ne pas rire du tout… – Reculez ! Si ce n’est pas votre pantalon, c’est votre pull. Retirez votre pull, il doit y avoir quelque fermeture Éclair qui fait sonner la machine. Retirez-le et repassez, qu’on en finisse ! Papa semble inquiet. Tout autour de lui, l’aéroport tout entier s’est arrêté et des milliers de paires d’yeux sont braquées sur lui. Nous, avec maman, nous sommes passés sans problème et attendons de l’autre côté d’une vitre. Maman secoue la tête sans rien dire, mais je vois bien qu’elle se demande comment papa a encore pu réussir un truc pareil. C’est donc en chemise et caleçon que papa repasse pour la troisième fois le portique de sécurité… qui pour la troisième fois se met à sonner ! – Votre chemise ! – Quoi, ma chemise ? demande papa. – Retirez votre chemise ! crie le douanier. – Alors là, non ! Je refuse ! répond papa. Je garde ma chemise et ma dignité. C’est tout ce qu’il me reste, vous m’avez pris tout le reste ! Et on n’a jamais vu une chemise faire sonner un portique. – Vous avez raison, admet le douanier soudain plus calme. Ce ne peut pas être votre chemise, c’est vrai. On n’a 10
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jamais vu une chemise faire sonner un portique de détection… Vous avez mille fois raison. – Ah, vous voyez, dit papa en récupérant son pantalon, nous sommes d’accord ! – Mais alors, si ce n’est pas la chemise, si ce n’est pas le pantalon, si ce n’est pas le pull… Alors, dites-moi ce qui fait sonner ma machine ! – Je ne sais pas, moi, c’est vous le spécialiste, l’homme de l’art ! – Avez-vous une hanche en titane ? demande le douanier. – Non, répond papa. – Une rotule en acier peut-être ? – Pas plus ! – Des broches dans une jambe, des vis dans un bras, des plaques sur le crâne ? – Non, je suis désolé, je n’ai rien de tout cela, je ne suis malheureusement fait que de chair et d’os et je ne me suis jamais rien cassé. Le douanier s’assombrit de nouveau. Voilà qui ne semble pas l’arranger. Une rotule métallique et voilà que tout eût été expliqué, un tibia en tungstène et notre homme eût été rassuré. Il tourne autour de papa, l’air suspicieux.
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– Vous me mentez, monsieur, vous cachez quelque chose ! Cela ne se passera pas comme ça ! Je vais vous faire arrêter, je vais vous faire disséquer comme une grenouille de laboratoire, je vais vous faire découper en tranches, mais je vais trouver ce qui cloche chez vous et qui fait sonner mon appareil ! S’il le faut, je vous viderai comme un lapin, mais je trouverai ! – Écoutez, s’impatiente papa, j’ai un avion qui part dans un quart d’heure, ma famille est déjà de l’autre côté dans la salle d’embarquement, alors vous allez surtout être très gentil et me laisser passer pour que je puisse prendre mon vol ! Quand les gens sont très en colère, ils réagissent de plusieurs façons : madame Henriette, notre voisine, devient toute rouge ; monsieur Leduin, le prof de sport, lui, il a les oreilles qui se mettent à vibrer et il plisse son nez comme un petit cochon ; papa, il ferme les yeux et il respire comme s’il allait plonger pour traverser la Manche à la nage ; maman, elle penche la tête, elle se gratte l’oreille et elle hausse les épaules… Le douanier, lui, c’est encore autre chose. Ses yeux deviennent énormes et globuleux, comme s’ils cherchaient à sortir de sa tête ! Sa mâchoire se met à claquer comme un volet pas bien accroché un jour de 12
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tempête et, avec sa tête, il fait un petit mouvement d’avant en arrière qui le fait ressembler à une poule qui a avalé un ver de travers… – Allllllerrrrtttttttte ! crie le douanier tout en appuyant sur un gros bouton rouge près de sa machine. Allertttttttttte ! De tous les côtés arrivent alors d’autres douaniers comme lui, mais en beaucoup plus costauds. Il ne leur faut pas plus de dix secondes pour être à plat ventre sur papa. – On ne bouge plus, le prévient en grognant un gorille qui doit peser le poids de dix papas. – … répond papa qui ne peut plus respirer. C’est à ce moment-là qu’arrive celui qui doit être le chef. – Que se passe-t-il ? demande-t-il. Très énervé, la mâchoire encore claquante, le douanier de papa commence à s’expliquer. – C’est moi qui clac clac, ai demandé de clac clac l’aide, chef ! Clac clac, cet individu refuse de coopérer clac clac, il cache quelque chose qu’il clac clac refuse de me montrer, clac clac ! Il fait sonner le clac clac portique chaque fois qu’il clac clac passe et je… – Ce portique-là ? l’interrompt le chef en désignant l’appareil que papa a fait sonner trois fois de suite. – Oui, chef, clac clac, répond le douanier. 13
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– Mais, Michel ! Je l’ai dit ce matin à la réunion… Il ne fonctionne pas, ce portique, il sonne à chaque passage, il est déréglé. Il ne faut pas s’en servir, de celui-là ! Lâchez cet homme, ajoute le chef en se tournant vers le tas d’uniformes allongé sur papa pour le maintenir au sol. Un à un, les douaniers s’écartent de papa qui, après qu’ils se sont tous éloignés, reste au sol collé au carrelage comme un moustique sur un pare-brise de voiture un soir d’été… Le pauvre petit papa est tout violet. Derrière la vitre, maman commence à ne plus trouver ça drôle du tout, mais personne ne veut la laisser passer pour aller aider papa. – Je suis désolé de ce… cet incident, poursuit le chef tout en aidant papa à se remettre debout. Bien sûr, il n’est pas nécessaire de vous dire que mon équipe et moi-même vous présentons nos plus sincères excuses, continue-t-il en aidant papa à remettre son pull, son pantalon et ses chaussures. Et, pour que vous soyez assuré du fait que nous ferons tout pour que vous gardiez un excellent souvenir de votre passage dans nos services, permettez-moi de vous remettre ceci, dit-il en épinglant sur papa un badge aux couleurs des douanes. Et bon voyage ! conclut-il en donnant à papa une
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grande claque amicale dans le dos qui lui fait passer la frontière. Cinq minutes plus tard, nous sommes tous montés à bord. Papa a traversé l’avion en dernier, en retard. À son passage, les autres passagers chuchotent : « C’est lui, c’est le monsieur de tout à l’heure ! C’est le trafiquant, il paraît qu’il cachait des trucs louches dans sa valise ! Si ce n’est pas malheureux de faire ça avec ses propres enfants… » Papa n’a toujours rien dit depuis le moment où il a pu se relever. Il semble absent et totalement indifférent à ce qui se passe autour de lui. Avec Alex, nous sommes assis sur la rangée devant les parents et nous ne pouvons pas nous empêcher de nous retourner toutes les dix secondes. Papa reste muet, imperturbable sous le regard inquiet de maman. – Monsieur Saint-Arthur ? demande une hôtesse en se penchant vers papa. – Oui, c’est moi. – Le commandant de bord vous demande si vos enfants seraient contents d’assister au décollage et à l’atterrissage depuis la cabine. Bien sûr qu’on est contents, les hôtesses sont super gentilles et les pilotes aussi. Papa et maman ont droit à une 15
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coupe de champagne et eux aussi viennent faire un tour dans le cockpit. – Je sais ce qui vous est arrivé à l’aéroport, dit le commandant. C’est pour nous faire un peu pardonner ! – Ce n’est quand même pas croyable qu’il faille être un bandit pour avoir droit à du champagne dans les avions ! s’exclame une dame en passant devant papa au moment de descendre de l’avion. – Et encore, vous n’avez rien vu, madame, lui rétorque papa. La vraie surprise, c’est quand vous allez ouvrir votre valise ! Vous verrez alors ce que c’est qu’un bandit ! Un peu plus tard dans l’aéroport, nous recroisons la dame. Elle vient de récupérer sa valise et elle est penchée au-dessus de son mari qui regarde dedans avec précaution… Nos valises arrivent les unes après les autres et, bientôt, il n’y a plus aucun bagage sur le tapis roulant. – Et ma valise, dit papa, où est-elle ? – Nous sommes désolés, monsieur, lui répond une charmante hôtesse, mais votre valise a été malencontreusement égarée. Aux dernières nouvelles, elle aurait été embarquée 16
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sur un vol pour Honolulu, ou peut-être pour Kuala Lumpur, à moins, mais cela reste à vérifier, qu’elle ne soit restée à votre point de départ à Paris. En tout cas, comme vous pouvez le constater, nous maîtrisons parfaitement la situation et, dès que nous l’aurons retrouvée et récupérée, nous vous appellerons ! Voilà comment nous sommes arrivés à Rome après un voyage épique, voilà comment papa a commencé ses vacances sans valise ! – Ça promet !
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Chapitre 2
apeaux de roues Sur les ch
Où l’on comprend qui, où, quand, comment, pourquoi, et où ça aide à comprendre la suite. Où l’on découvre que l’on ne devrait pas se hâter de juger quand il faut se hâter tout court. Pour faire une bonne histoire, il faut commencer par le début. Alors, pour ceux qui n’auraient pas lu les deux premiers tomes de nos aventures, je vais résumer l’affaire en quelques mots. Je m’appelle Brune, j’ai 11 ans et je suis en sixième. C’est moi qui vous raconte cette histoire. Avec moi, il y a mes parents, Nicolas et Juliette, mon petit frère 19
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Alexandre, ou Alex, qui a 9 ans, et ma petite sœur Charlotte qui en a 7. Dans la famille, il y a aussi Basile et Aude, les jumeaux, ils ont débarqué il y a un an le soir de Noël ! Tout a commencé il y a quelques jours quand nous sommes arrivés pour les vacances de Noël chez nos grandsparents. Nous y venions passer les fêtes en famille et, surtout, assister au mariage d’oncle Stan et de tante Charlotte, la grande, pas ma sœur ! Oncle Stan, c’est le petit frère de maman. Le lendemain du mariage, c’était Noël. Cette année, comme cadeau, les parents nous ont fait une surprise : au lieu de nous offrir à chacun plein de petits trucs, ils nous emmènent à Rome en famille, tous, avec les jumeaux, c’est ça notre cadeau. Il a fallu commencer par faire les valises ! – Pas question de tout prendre, dit maman. Il faut voyager léger ! – Et mon doudou ? demande Charlotte. – OK pour le doudou ! – Et la robe que m’a offerte oncle Jérôme ? – OK pour la robe !
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Achevé d’imprimer en France par Soregraph en février 2015 N° d’édition : 15085 Dépôt légal : mars 2015
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