Chère campagne de mon enfance - années 1960

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CHÈRE

CAMPAGNE DE MON

ENFANCE

E CR DENIS

OLLE-

GHI TERZA


SOMMAIRE • 5 •

LE TRAVAIL À LA FERME ET AUX CHAMPS

• 9 •

LES MÉTIERS

• 13 • LA VIE AU VILLAGE

• 17 •

LES FÊTES ET CÉRÉMONIES

• 21 •

LES TRANSPORTS

• 25 • L’ÉCOLE

• 29 • LA VIE À LA FERME

• 35 • LES JEUX ET JOUETS

• 39 •

LES VÊTEMENTS ET COIFFURES

• 45 •

LES LOISIRS ET LA CULTURE

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LE TRAVAIL À LA FERME ET AUX CHAMPS La mécanisation des travaux des champs – arrivée massive du tracteur, des javeleuses, moissonneusesbatteuses et faneuses – révolutionne les méthodes de culture ancestrales et soulage les bras, mais réduit aussi le besoin de main-d’œuvre. Et quand les lois agricoles, votées au début des années 1960, essaient de faire disparaître les exploitations trop petites, jugées non viables, ceux qui ne peuvent s’adapter ou qui manquent de moyens financiers pour investir et s’agrandir sont poussés à l’exode. Seuls quelques agriculteurs résistent tant bien que mal jusqu’à la fin de la décennie.


Le transport du foin à dos d’homme Dans les zones escarpées de montagne où l’utilisation de chariot ou de brouette est impossible, le transport du foin se fait à dos d’homme. Un ustensile en bois et corde, constitué d’un cadre, repose sur les épaules du montagnard quand la charge de foin est sanglée. En tirant sur les filins, un triangle en bois vient compresser le monticule d’herbe réalisé. Pour placer cette charge de 50 à 60 kg de fourrage sur les épaules, il faut, à contre-pente, exécuter un véritable tour de force, dont seuls les anciens montagnards sont capables. La tête enfouie sous le ballot, le fermier a très peu de visibilité pour diriger ses pieds. Néanmoins, c’est avec ce fardeau qu’il grimpe à l’échelle menant à la grange. Enfin, détendant le cordage, il renverse le foin.

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La transhumance En mai, les troupeaux transhument vers les alpages. Veaux, vaches, boucs, béliers, brebis, ânes et chevaux quittent leur habitat en plaine pour les fermes d’altitude. Des cochons à engraisser avec des produits issus de la fabrication du fromage font aussi partie du voyage. Dans les Vosges et les Pyrénées, les vaches à traire peuplent l’essentiel du pacage et de l’estive, ces pâturages de haute

montagne à l’herbe drue de qualité supérieure. Ce n’est qu’en octobre que les agriculteurs et leurs troupeaux rentrent au village. Ramener le bétail éparpillé dans les prairies escarpées jusqu’à l’étable exige des transhumants organisation, vivacité et endurance, les bestiaux n’étant pas toujours prêts à renoncer à la liberté et à l’air frais des herbages.


LES MÉTIERS Dès 1960, l’exode rural s’accentue et le nombre de paysans chute. Les plus modestes, ne pouvant survivre à la mutation des campagnes, cèdent la place à de gros propriétaires, qui s’approprient peu à peu les terres abandonnées, et à quelques entreprises industrielles. Les artisans tentent tant bien que mal de survivre à la désagrégation de la société villageoise traditionnelle, mais à la fin des années 1960, beaucoup mettent la clé sous la porte.

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La secrétaire Les petites entreprises s’installent à la campagne et lui donnent progressivement un nouveau visage. Pour les femmes, attirées par un métier moderne, celui de secrétaire répond à leurs attentes. Postuler à un emploi exige de connaître la sténographie pour prendre des notes rapides à l’oral et la dactylographie pour transcrire par écrit ce qui est dicté. Mains au-dessus du clavier de leur machine à écrire Japy, les dactylos doivent taper rapidement sans regarder leurs doigts et sans faire de fautes d’orthographe ni intervertir les caractères ou écrire des mots en trop. Les meilleures d’entre elles s’affrontent une fois par an au cours de championnats régionaux de vitesse dactylographique. En 1963, le record est de 66 mots, soit 496 caractères, à la minute.

Le bûcheron Le code forestier donne la possibilité au maire de chaque commune de partager les taillis et la petite futaie entre les habitants, afin qu’ils puissent se chauffer à moindre coût. Si les quelques paysans encore en activité se transforment en bûcherons occasionnels pour améliorer leur quotidien, le métier est désormais assuré par des professionnels. À l’automne et pendant tout l’hiver, ils interviennent en forêt. Avant de couper les arbres à la tronçonneuse, ils préparent l’entaille à la hache, répétant ainsi les mêmes gestes qu’autrefois.

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LA VIE AU VILLAGE La transformation sociale et culturelle des campagnes s’accélère. La voiture, accessible au plus grand nombre, entraîne la mutation des populations vers la ville. Les jeunes surtout désertent leurs villages, attirés par le confort et les distractions des cités. Entre marchés locaux, bistrots, lieux de culte et réunions entre femmes, les anciens conservent toutefois un reste de liens communautaires qui sauvegarde la vie locale.

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Les marchés aux bestiaux Le marché aux volailles tient une place prépondérante dans les régions d’élevage. Une fois par semaine, les fermières des environs se rendent au bourg où se tient l’événement, chargées de leur cargaison de poules vivantes. Les volatiles, aux pattes entravées, sont déposés à même le sol, ce qui permet aux visiteurs de les observer et de les palper avant de faire leur choix. Les gallinacés sont destinés à garnir les poulaillers ou à être cuisinés. Pour rentabiliser le déplacement, les producteurs fermiers profitent aussi de cette journée pour vendre des œufs, du beurre et de la crème. Les transactions sont immédiates, payables en espèces, ce qui induit un passage obligatoire au Crédit Agricole, la banque des agriculteurs.


L’ÉCOLE L’équipement et les accessoires scolaires évoluent. Les élèves bénéficient de nouveaux matériaux et de technologies révolutionnaires qui leur procurent du confort et leur facilitent le travail. La multiplicité des couleurs reflète l’air du temps et rend l’atmosphère plus ludique. Cependant l’école reste un espace où le sérieux et la discipline se maintiennent. Les écarts de conduite et les manques d’application ne sont pas tolérés.

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Le bureau d’écolier

Les cahiers Avant que les exercices et les leçons ne s’enchaînent, la journée de classe commence par l’inscription de la date du jour dans le cahier journal. Les sujets de mathématiques s’inspirent de la vie à la campagne : calculer le volume de lait, le poids de la viande, la surface d’un champ, le périmètre de la cuisine… Additions et multiplications se font de tête. L’écolier note les résultats dans son cahier de brouillon avant de les recopier au propre dans son cahier du jour. Une présentation mal soignée et il est sûr de perdre quelques points. En fonction des matières, on utilise des cahiers différents. Pour ne pas les abîmer, on les recouvre de protège-cahiers en plastique souple. Il en existe de toutes les couleurs.

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Avec leur plateau en pin et leurs pieds en tube, les nouvelles tables d’écolier sont moins lourdes que les anciens pupitres en chêne fabriqués d’un bloc. Cela permet de les déplacer aisément au gré des besoins de chaque enseignant. Elles gagnent aussi en confort : chaque élève a maintenant sa propre chaise et ne doit plus se contorsionner pour s’asseoir. Bien que le plateau ait perdu son inclinaison, il est toujours équipé d’un encrier – on continue d’écrire à la plume jusqu’au milieu de la décennie –, d’une rainure pour retenir les crayons, même si ceux-ci restent le plus souvent dans la trousse qui remplace dorénavant le plumier, et d’un casier de rangement.


LA VIE À LA FERME Électroménager, ustensiles de cuisine, moyens de cuisson, univers musical, les nouveautés vont galopantes. Peu à peu, les campagnes se dotent des mêmes technologies que les villes. Les gens veulent vivre mieux, croient au progrès. La décoration mute vers des univers fantaisistes et colorés, transformant peu à peu les intérieurs ruraux. Le mode de vie des villageois s’améliore sans toutefois que soient reniées les traditions, dont les anciens restent les garants.

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Les nouveaux ustensiles

Le respect des traditions La modernité entre dans les maisons, mais on ne renonce pas pour autant aux usages. Grand-mère est encore là pour transmettre à ses petits-enfants les recettes d’antan. L’ancienne bassine à confiture, léchée pendant des années par les flammes de la grosse cuisinière, est toujours en service avec sa belle patine noire de fumée. Les verrines sans couvercle à recouvrir de Cellophane continuent de se remplir de fruits juteux cuits juste à point. Mais, en même temps, d’autres gourmandises font fureur : le baba, formé dans un moule à savarin, n’est savoureux que gorgé de rhum et couvert de crème Chantilly et de fruits confits. Un régal pour toute la famille !

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Les villageoises qui ont suivi la présentation du Salon des arts ménagers de Paris à la télévision ont parfois attendu des mois avant de s’équiper. Rivaliser avec les citadines oblige à faire des économies, à se rendre au bourg le plus proche et à choisir le plus utile pour ne pas grever le budget familial. Le batteur électrique, le robot à tout faire sont bien tentants, mais la cafetière italienne l’est peut-être encore plus. Avec son système à piston, elle permet de faire du vrai café. Le moka change de la chicorée consommée depuis tant d’années. De plus, moudre les grains est désormais un jeu d’enfant grâce aux tout nouveaux moulins électriques.


LES VÊTEMENTS ET COIFFURES Même s’ils ne sont pas toujours du dernier cri, les vêtements portés à la campagne changent de style au gré de la publicité diffusée dans les magazines. Les personnes âgées ne tiennent guère compte de la mode et privilégient l’aspect pratique et le confort. Les adolescents, plus concernés, plongent volontiers le nez dans les catalogues de vente par correspondance. Les prix semblent plus raisonnables que dans les grands magasins et l’échange, si nécessaire, est facile.

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Le poncho La mode parfois tient à peu de chose ! À la télévision et sur les ondes d’Europe n°1 et de Radio Luxembourg, El condor pasa passe en boucle. Tout le monde a en tête ce morceau de musique interprété à la flûte de Pan par Los Incas, dont le style, bonnet péruvien et poncho coloré, s’impose dans la mémoire collective. Au cinéma, Clint Eastwood, héros du film Pour une poignée de dollars, western spaghetti de Sergio Leone, porte presque la même tenue, mais dans des teintes plus sombres et avec un Stetson à la place du couvre-chef sud-américain. Ces deux grands succès lancent la vogue du poncho, que toutes les filles conserveront dans leur garde-robe pendant des années.

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Les collants et chaussettes Au fur et à mesure que les jupes raccourcissent, il devient de plus en plus difficile de porter un porte-jarretelles et des bas. Au milieu des années 1960, les femmes et les jeunes filles choisissent les tout nouveaux produits de lingerie vantés par la publicité. Chouchou du public féminin, l’entreprise française Dim, qui a misé sur la vente d’accessoires pratiques et peu chers, lance ses premiers collants sur le marché. Que ce soit en ville ou à la campagne, pas une femme ne résiste à l’engouement. Puis viennent les chaussettes fines en polyamide qui séduisent les adolescentes et les petites filles.


CHÈRE

CAMPAGNE DE MON

ENFANCE EN ALLÉGEANT LE TRAVAIL DU PAYSAN, L’ARRIVÉE MASSIVE DES TRACTEURS ET MOISSONNEUSES-BATTEUSES POUSSE VERS LES CITÉS CEUX DONT LES BRAS SONT DEVENUS INUTILES. AVEC L’APPARITION DE NOUVELLES TECHNOLOGIES ET LA GÉNÉRALISATION DE L’ÉLECTROMÉNAGER, LE CONFORT CITADIN ENTRE PETIT À PETIT DANS LES FOYERS. boulan e de la p , p x a u h c ia t i s’é bes é aux aud qu h h t c c n r e a in m m a fle du du p e, le sif vivre in les cris a L’odeur , r e o g f a e l e r u vil à la fêt e souvenirs à gerie d d enfants t aphies, s n r e a g d t o u s t e o A h ir p r … e s t 0 e 2 l inu rs de 1 hive. cotte-m u trave cuments d’arc a de la co ir r v o écou ltes et d ou à d bjets cu o , s é it public

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