© 2017, Éditions Rustica, Paris Dépôt légal : octobre 2017 www.rustica.fr
Guilhem Lesaffre
Merveilleux Oiseaux Les enchanteurs de nos jardins
Sommaire Avant-propos
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La communication chez les oiseaux Les émissions vocales des oiseaux
La communication animale Les oiseaux communiquent par la voix Des répertoires bien différents Que me criez-vous là ? Les différents types de cris
Comment les oiseaux chantent-ils ?
1 er mai
12 14 15 16 18 21 22
24
Une question d’anatomie, mais pas seulement Rentabilité Le point sur l’accent Un oiseau sait-il chanter d’emblée ?
25 26 27 28
Pourquoi les oiseaux chantent-ils ? 30 Défendre un territoire Attirer les femelles Chanter sans se faire entendre ! Des sons atypiques Les femelles aussi À deux c’est mieux Le cas des imitations Le choucas à la voix humaine
Quand les oiseaux chantent-ils ? 42
31 32 33 34 36 38 39 41
Le calendrier annuel Le concert matinal
43 44
Apprendre à reconnaître les chants d’oiseaux 46
La retranscription des cris et des chants Enregistrer les chants des oiseaux du jardin... et d’ailleurs ! L’apprentissage des chants d’oiseaux Écouter des émissions vocales d’oiseaux Quand l’oreille baisse De l’utilité des émissions vocales
47 49 50 53 54 56
Mésange charbonnière Moineau domestique Pic vert Pigeon ramier Pinson des arbres Pouillot fitis Pouillot véloce Roitelet huppé Rossignol philomèle Rougegorge familier Rougequeue à front blanc Rougequeue noir Serin cini Sittelle torchepot Torcol fourmilier Tourterelle turque
Les meilleurs oiseaux chanteurs Les chanteurs du jardin Accenteur mouchet Chardonneret élégant Chouette hulotte Étourneau sansonnet Fauvette babillarde Fauvette des jardins Fauvette mélanocéphale Geai des chênes Grive draine Grive musicienne Hypolaïs ictérine Hypolaïs polyglotte Linotte mélodieuse Loriot d’Europe Merle noir
58 60 61 62 63 64 65 66 67 68 70 71 72 73 74 76 77
78 79 80 82 83 84 86 87 88 89 90 92 93 94 95 96
Troglodyte mignon Verdier d’Europe
97 98
Les chants que l’on peut entendre depuis son jardin 100 Alouette des champs Alouette lulu Cochevis huppé Coucou gris Pipit des arbres Vanneau huppé
101 102 103 104 106 107
Quelques chanteurs originaux
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Butor étoilé Courlis cendré Martinet noir
109 110 111
Quand les oiseaux inspirent les musiciens Un passé riche en exemples
112
114
La musique de la Renaissance La musique baroque La musique de la période classique Alouette, coucou et rossignol
115 116 118 120
Les oiseaux enchantent encore et toujours !
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Alouette, coucou et rossignol, toujours et encore ! Vaughan Williams Béla Bartók Edward Elgar L’ambassadeur des oiseaux, Olivier Messiaen Les oiseaux ont la parole
123 124 126 126 127 133
Annexes
136
Carnet pratique Index
136 138
L
Avant-propos
es mammifères sont particulièrement sensibles aux odeurs et, très bien équipés pour en produire ou les percevoir, vivent dans un monde dont les repères sont avant tout olfactifs – ne serait-ce que parce que nombre d’entre eux vivent la nuit. Il suffit de promener son chien pour en être persuadé. Et nous-mêmes, en bons mammifères que nous sommes, est-ce que nous n’apprécions pas à leur juste valeur le bouquet d’un vin, le fumet d’un bon plat ou le caractère bien affirmé d’un fromage affiné ? Nous vérifions par réflexe la fraîcheur d’un aliment dont nous mettons en doute la qualité compte tenu de la longueur de son séjour au réfrigérateur. De même, nous testons en premier lieu par l’odorat un mets inconnu – plaisir des voyages ! Et que dire de la puissance évocatrice d’une odeur retrouvée après bien des années ? Les oiseaux, eux, comme l’a très justement fait remarquer l’ornithologue anglais Simon Barnes en les opposant aux mammifères, sont avant tout conditionnés par la vue et par l’ouïe. Peu d’oiseaux, en effet, disposent d’un odorat fonctionnel : c’est le cas de certains vautours américains et d’oiseaux de mer du groupe des albatros. Pour ce qui est de la vue, alors que bien des mammifères, pour les raisons évoquées à l’instant, portent des livrées sobres dans les bruns ou les gris, les oiseaux offrent à eux tous une incroyable palette de teintes, de couleurs et de nuances. Quant à l’ouïe, elle est pour eux un élément primordial pour la perception du monde environnant. Du coup, leurs émissions vocales occupent une place importante dans leur panoplie comportementale. Nous ne pouvons que nous en réjouir car c’est ce trait qui nous permet de profiter des chants d’oiseaux dont les poètes ont depuis bien longtemps chanté l’agrément. Guilhem Lesaffre
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AVANT PROPOS
LA COMMUNICATION
chez les oiseaux
LES ÉMISSIONS
vocales des oiseaux Chacun le sait, la communication et la transmission d’informations sont plus que jamais à l’ordre du jour dans nos sociétés modernes. À travers le monde animal, la communication est également, et depuis toujours, un phénomène fondamental.
La communication animale
L
es animaux doivent communiquer tour à tour pour se signaler, séduire, dominer ou avertir, entre autres fonctions. La transmission d’informations peut même être passive. C’est le cas des animaux dont les couleurs vives signalent la toxicité. Les grenouilles arboricoles des forêts tropicales d’Amérique du Sud portent ces fameuses couleurs dites « aposématiques » qui indiquent aux prédateurs qu’ils doivent les éviter absolument sous peine d’empoisonnement fatal ! Chez les oiseaux aussi, la communication peut être passive. Ainsi, les marques du plumage, notamment sur les ailes et/ou le croupion, d’un oiseau qui s’envole contribuent à le faire repérer. Il s’agit là d’un système à double tranchant. En cas de danger, ces signaux visuels contribuent certes à avertir le reste de la troupe de la nécessité de fuir mais ils attirent en même temps l’attention du prédateur incriminé… Autre exemple de communication passive, les couleurs et l’état du 15
plumage et des parties nues (bec et pattes) des mâles renseignent les femelles sur l’état physiologique de celui qui pourrait devenir leur partenaire pour la reproduction. Un « beau mâle » a plus de chances de séduire une femelle ! Pour ce qui est de la communication intentionnelle, elle se manifeste pour une part à travers les attitudes, le comportement. Ceci est tout particulièrement vrai à l’époque des parades lorsque les mâles se livrent à des démonstrations parfois tout à fait spectaculaires.
Se peut-il qu’un homme soit moins sage qu’un oiseau ? CONFUCIUS
Page 12 : troglodytes mignons. Ci-contre : de haut en bas, mésange noire et mésange charbonnière.
LES ÉMISSIONS VOCALES DES OISEAUX
Les oiseaux communiquent par la voix Les émissions vocales des oiseaux entrent dans le cadre de la communication active. L’oiseau qui crie ou chante a un message à délivrer (voir pages 30-40). Comme l’a joliment écrit Jacques Delamain, dont nous reparlerons bientôt, « L’oiseau n’est jamais tout à fait silencieux ; créature sociable, nerveuse, perpétuellement en alerte, qu’un coup d’aile emporte dans l’espace, il doit communiquer constamment avec ses semblables à travers l’étendue. » C’est sans doute le moment d’envisager la différence entre cris et chants, et cela n’est parfois pas évident du tout. Il n’est pas rare que le cri soit bref. Cela est logique si l’on considère que sa fonction est souvent d’avertir ou d’entrer en contact (dans les guides ornithologiques, on mentionne d’ailleurs le « cri de contact » des espèces), par exemple lors des migrations nocturnes. Dans
les deux cas, il ne faut pas attirer l’attention d’éventuels prédateurs. Le chant est en général plus développé bien que de nombreuses exceptions existent. Si l’alouette des champs enchaîne les sons en cascade durant plusieurs minutes parfois, le bruant zizi ou le roitelet à triple bandeau émettent une strophe d’à peine quelques secondes. Quant au pouillot véloce, il se contente d’émettre inlassablement sa petite suite dansante de quelques notes on ne peut plus simples – qui lui ont valu son nom anglais, chiffchaff, allemand, zilpzalp ou néerlandais, tjiftjaf ; en français, on l’appelait autrefois le « compteur d’écus », les notes scandées de son chant évoquant la chute de pièces dans un trésor ! Ci-dessous : merle noir. Ci-contre : rossignol
Pour le profane, le chant doit être mélodieux. Or, les oiseaux qui émettent d’agréables vocalises sont en réalité assez peu nombreux. Voyons un peu les chiffres. Il existe environ dix mille espèces d’oiseaux. En gros, la moitié d’entre eux sont des passereaux (comme le merle ou le rossignol, par exemple) et les autres sont aussi différents que les autruches, les manchots, les rapaces ou les canards. En théorie, les passereaux – justement appelés en anglais songbirds , oiseaux chanteurs – sont équipés pour chanter mieux que les oiseaux qui n’en sont pas (voir pages 24-29). Et pourtant, il faut bien avouer que le pépiement répétitif d’un moineau mâle près de son nid est moins agréable à entendre que le superbe hululement de la chouette hulotte ! Les choses sont donc, comme on l’a dit pour commencer, moins simples qu’il n’y paraît. Il faut juste retenir qu’il peut donc y avoir « chant », au sens ornithologique du terme, sans qu’il y ait la moindre valeur musicale. Ce qui nous apparaît
L’oiseau chante, même si la branche sur laquelle il est perché craque, parce qu’il sait qu’il a des ailes. JOSÉ SANTOS CHOCANO
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comme un simple cri peut être en réalité une manifestation assimilable à un chant, à vocation sexuelle, comme nous le verrons plus loin. Commençons par les nonpassereaux. Passons sur ceux qui n’émettent que peu ou pas de sons, si ce n’est des chuintements plus ou moins grinçants. D’autres se contentent de sons peu élaborés, comme les canards ou les faisans, pour ne citer qu’eux, mais on pourrait y ajouter le célèbre « cocorico » de notre emblème national ou le fameux « cou-cou » de l’oiseau du même nom. Et d’autres encore produisent des sons plus complexes ou en tout cas plus agréables à entendre. C’est, par exemple, le cas du courlis cendré et de ses longs sifflements modulés, ou celui du loriot et de ses jolies phrases flûtées. Et maintenant, les passereaux. Certains, à l’image du moineau, déjà évoqué, ou du roitelet huppé, sont de piètres artistes. D’autres sont de meilleurs chanteurs sans atteindre pour autant l’excellence, tels l’accenteur mouchet, l’un des hôtes attitrés des jardins. Et puis il y a les ténors. Le rossignol philomèle ou la gorgebleue à miroir en font partie. Au jardin, nous avons la chance de pouvoir entendre les superbes chants du merle noir, de la grive musicienne, du rougegorge familier ou de la fauvette à tête noire. LES ÉMISSIONS VOCALES DES OISEAUX
Des répertoires bien différents
C
oncernant les passereaux, on a cherché à déterminer l’étendue du répertoire en fonction de l’espèce. Cela a été fait en Amérique du Nord mais le principe et l’étonnant étalement des résultats obtenus peuvent aussi concerner les passereaux européens. Chez certaines des espèces étudiées le répertoire est, de façon plutôt surprenante, réduit à rien, comme chez le jaseur des cèdres qui ne chante pas à proprement parler mais peut toutefois émettre en chœur avec des congénères des sons en trilles. Le répertoire peut aussi ne comporter qu’un seul chant. Dans ce dernier cas, deux possibilités existent. Dans la première, chaque oiseau possède son propre chant, qui ne change pas de forme mais dont il peut toutefois faire varier la hauteur. Avec la seconde, les mâles d’un secteur déterminé adoptent le même chant (ce qui entraîne l’apparition de dialectes – voir page 27).
de trois à sept chants, l’un d’eux est répété plusieurs fois de suite avant que le chanteur ne passe à un autre, et ainsi de suite. Chez une espèce de sittelle disposant de dix chants différents, environ quatre sont destinés, de jour, à attirer et séduire une femelle, et environ six permettent, à l’aube et dans la journée, de rivaliser avec les voisins afin de conserver le territoire occupé. On peut ici glisser une remarque qui a son importance en ce qu’elle vient quelque peu relativiser la notion de simplicité associée à un répertoire ne comprenant qu’un petit nombre de chants. En effet, les spécialistes estiment très possible que des chants qui semblent identiques pour une oreille humaine ne le soient pas tout à fait pour celle d’un oiseau. La qualité même de la voix, différente d’un oiseau à l’autre, pourrait par exemple intervenir en ce domaine.
Autre configuration, à peine plus riche (même si elle l’est mathématiquement deux fois plus !), une même espèce peut avoir deux chants, l’un émis de jour, l’autre à l’aube ou, le cas échéant, de nuit. Pour une espèce disposant LES ÉMISSIONS VOCALES DES OISEAUX 18
Mais revenons à l’examen de la richesse des répertoires. On a observé que même si un mâle connaît plusieurs chants, il a tendance à en privilégier un (c’est d’ailleurs ce qui peut permettre d’individualiser et de reconnaître un oiseau, au jardin ou ailleurs, à condition que l’on soit attentif aux petits traits particuliers…). Une espèce de bruant possède de quatre à douze chants ; chaque mâle répète à de nombreuses reprises l’un de ces chants avant de passer au suivant ; il peut éventuellement avoir des chants en commun avec l’un de ses voisins. Chez le viréo à œil rouge (qui s’égare parfois en Europe lors de la migration automnale), le répertoire comprend de treize à cent dix-sept chants selon les individus. Chaque soliste fait se succéder divers chants avec une grande inventivité, et il faut attendre un moment avant de retrouver un chant déjà utilisé auparavant. Avec le moqueur polyglotte, on passe à un répertoire comprenant de cinquante-trois à cent cinquante chants dont chacun est répété plusieurs fois avant que l’oiseau ne passe au suivant ; les imitations sont nombreuses, comme le laisse supposer le qualificatif accompagnant le nom de l’oiseau, de la taille d’un merle. Sur la deuxième marche du podium se trouve un autre moqueur, le moqueur chat, un oiseau d’aspect 19
anodin, tout gris, mais qui peut produire au moins quatre cents chants différents ! Ce « juke-box vivant » ne répète pas chaque chant mais enchaîne vivement les éléments de son registre. Enfin, le champion appartient à la même famille que les précédents. Il s’agit du moqueur roux qui peut émettre jusqu’à plus de deux mille chants !
Ci-dessus : Viréo à œil rouge.
LES ÉMISSIONS VOCALES DES OISEAUX
Oiseaux chanteurs LES MEILLEURS
LES CHANTEURS
du jardin
Imagine-t-on un jardin sans oiseaux et, surtout, sans chants d’oiseaux ? Les poètes ne s’y sont pas trompés qui, depuis des siècles, célèbrent les virtuoses dont les mélodies agrémentent chaque retour du printemps. S’il se trouve parfois quelques grincheux pour déplorer que les oiseaux se mettent à s’époumoner un peu trop tôt, mettant ainsi à mal leur repos matinal, le sentiment général combine admiration et contentement !
Accenteur mouchet ORDRE : Passériformes • FAMILLE : Prunellidés • ESPÈCE : Prunella modularis
P
lumage paraissant sobre, habitudes plutôt discrètes et chant peu remarquable, tout semble avoir été étudié pour que personne ne le remarque. Comme d’autres oiseaux qui ont appris à fréquenter les jardins, l’accenteur mouchet y est bien moins craintif que dans son milieu forestier originel. Dans les jardins où il est régulier, l’accenteur est donc facile à observer, pour peu qu’on ne le confonde pas avec le moineau dont il n’a pas le bec épais. Le problème est qu’il aime se faufiler sous les buissons ou au milieu des massifs – d’où son joli nom vernaculaire de « traînebuisson ». Mais tôt ou tard, il finit par quitter son abri et se montre alors à découvert, sans toutefois s’éloigner trop de la sécurité qu’offre la végétation. Sa démarche est typique : pattes fléchies, ventre au ras du sol, par à-coups légèrement sautillants. Dès la fin de l’hiver, c’est l’un des premiers chanteurs à se manifester. Il se départit alors de sa
prudence habituelle en choisissant très souvent des postes de chant bien exposés. Schématiquement, il est susceptible d’être un hôte régulier des jardins de la plus grande partie de la France, sauf ceux du Midi où il peut n’être qu’un hôte hivernal.
Biométrie LONGUEUR : 14,5 cm ENVERGURE : 21 cm POIDS : 14 à 24 g LONGÉVITÉ : plus de 11 ans
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LES CHANTEURS DU JARDIN
Chardonneret élégant ORDRE : Passériformes • FAMILLE : Fringillidés • ESPÈCE : Carduelis carduelis
Q
ue l’on ne se méprenne pas ! une réelle menace. Malgré cela, Ce passereau doit son nom l’espèce semble se porter plutôt à ses vocalises. Il est souvent bien dans notre pays. un oiseau des jardins, encore qu’il sache vivre dans d’autres milieux mêlant arbres, arbustes, buissons et zones herbeuses plutôt rases. Biométrie Il y trouve les petites graines qu’il LONGUEUR : 11,5 ou 12,5 cm affectionne, et les insectes ou ENVERGURE : 23 cm POIDS : 13 à 19 g chenilles dont il nourrit ses jeunes. LONGÉVITÉ : 8 ans et demi Les perchoirs élevés sont mis à (maximum connu) contribution dès qu’il s’agit de chanter pour montrer que l’on est propriétaire des lieux. Posté bien en évidence au bout d’une branche dégagée ou au sommet d’un arbre ou d’un arbuste, il s’exprime en renversant un peu la tête en arrière, bec largement ouvert. On peut alors admirer sa tête joliment bigarrée qui permet de le reconnaître aisément. Il ne se lasse pas de répéter sa courte phrase à peu près immuable. Ce n’est pas un grand moment musical mais cela fait partie de l’ambiance sonore des lieux où il a choisi de vivre. J’ai ainsi plaisir à l’entendre dans mon jardin breton, où il s’est déjà reproduit. Comme il niche au La Madone au Chardonneret, huile sol, les chats représentent pour lui sur toile de Giambattista Tiepolo (1696-1770).
LES CHANTEURS DU JARDIN 62
Chouette hulotte ORDRE : Strigiformes • FAMILLE : Strigidés • ESPÈCE : Strix aluco
A
utant les feulements râpeux de l’effraie des clochers peuvent sembler inquiétants, surtout lorsque l’on ne s’y attend pas, autant l’appel de la chouette hulotte résonne mélodieusement. Il faut dire qu’il est mis en valeur par le silence du cadre nocturne. Par une nuit fraîche d’octobre, qu’il est agréable d’écouter le concert des chouettes hulottes rappelant de façon sonore la possession de leur territoire ! Chez la plus proche, en prêtant l’oreille, on peut même percevoir le détail des trémolos de la voix, tandis que seule la structure du hululement est perceptible chez les rivales plus éloignées. L’ensemble compose une ambiance merveilleusement évocatrice. Les illustrateurs sonores le savent bien, qui ne manquent pas une occasion d’utiliser ces hululements dans la bande-son des films ou des publicités. La chouette hulotte ne vient guère dans les jardins que pour y chasser mais peut, à l’occasion, adopter un nichoir dans ceux dont la superficie généreuse permet d’accueillir un bosquet de grands arbres. Durant la
journée, la présence d’une chouette hulotte cachée dans son repaire diurne est parfois révélée par l’agitation des petits oiseaux, pies et geais qui crient bruyamment autour d’elle jusqu’à ce que la chouette se décide à s’enfuir. Ses longues ailes se déploient alors et l’on peut constater que le vol des rapaces nocturnes est totalement silencieux…
Biométrie LONGUEUR : 37 à 46 cm ENVERGURE : 90 à 100 cm POIDS : 330 à 695 g LONGÉVITÉ : 22 ans
Dessin à l’aquarelle de Jacopo Ligozzi (vers 1550-1627).
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LES CHANTEURS DU JARDIN
Étourneau sansonnet ORDRE : Passériformes • FAMILLE : Sturnidés • ESPÈCE : Sturnus vulgaris
C
elui que l’on confond parfois avec le merle (voir page 77) n’est guère apprécié lorsqu’il s’en prend aux cerises. Et pourtant, cet insectivore vaut mieux que sa réputation. Plutôt méfiant en pleine campagne, l’étourneau des villes est devenu confiant, au point de se laisser observer de tout près sur les pelouses des espaces verts. Celui des jardins se montre plus ou moins audacieux selon le traitement qui lui est réservé par les propriétaires des lieux. Là où il se sait toléré, il opte pour une distance de fuite réduite. Quoi qu’il en soit, il est chaudement recommandé de prendre – ne seraitce qu’une fois – le temps de détailler le plumage de l’étourneau, que ce soit celui d’hiver, constellé de points blancs, ou la sombre tenue nuptiale, prodigue en superbes reflets métalliques. La forme même des plumes est intéressante, certaines étant en fer de lance. À noter, la base bleu pâle du bec contraste avec le jaune du reste des mandibules de l’oiseau, à l’apogée de la saison de nidification. Au printemps, il ne faut pas rater les LES CHANTEURS DU JARDIN 64
incroyables et sonores prestations du mâle, excellent imitateur de bribes de chants et de cris d’autres oiseaux, mais aussi de bruits divers.
Biométrie LONGUEUR : 17 à 21 cm ENVERGURE : 37 cm POIDS : 60 à 95 g LONGÉVITÉ : 22 ans
Portrait de dame à l’écureuil et l’étourneau, peinture de Hans Holbein le Jeune (1497-1543), vers 1527.
Fauvette babillarde ORDRE : Strigiformes • FAMILLE : Strigidés • ESPÈCE : Sylvia curruca
C
omme la fauvette des l’entend ainsi dans la bande-son de jardins (voir page 66), c’est nombreux films dès qu’il s’agit de un passereau des grosses souligner une ambiance bucolique. haies bien fournies, avec une préférence assez nette pour celles de prunelliers ou d’aubépines. Elle adore les parcourir avec application au printemps, à son retour de ses quartiers d’hiver africains. Là, parmi l’abondante floraison neigeuse parfumée, elle trouve les insectes et chenilles dont elle fait son ordinaire. C’est à cette époque que l’on a le plus de chances de la rencontrer dans les jardins, à condition qu’ils abritent haies fleuries et fourrés accueillants. Sinon, il faudra la rechercher dans le bocage et les secteurs riches en arbustes et buissons, y compris les jeunes plantations forestières. Son chant y retentit et, dans les régions où on l’entend – car cette fauvette n’est présente en France Biométrie qu’à l’est d’une ligne reliant le nord LONGUEUR : 12,5 cm de la Bretagne à la Côte d’Azur – il ENVERGURE : 19 cm est l’un des signaux annonciateurs POIDS : 12 g du retour du printemps. LONGÉVITÉ : près de 8 ans Curieusement, il a la faveur des illustrateurs sonores et on 65
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28/09/2017 18:04