S N O V U SA LES
OISEAUX ! Les 10 actions pour (ré)agir ! Danièle Boone Préfacé par Allain Bougrain Dubourg
S N O V U SA LES
OISEAUX ! Les 10 actions pour (ré)agir ! Danièle Boone Préfacé par Allain Bougrain Dubourg
© 2019, Rustica Éditions, Paris Dépôt légal : janvier 2019 ISBN : 978-2-8153-1299-8 N° d’éditeur : RU0033 (R19058) www.rustica.fr
SOMMAIRE Préface d’Allain Bougrain Dubourg Sauvons les oiseaux !
10 actions pour (ré)agir
5 6
19
1•Accueillez les oiseaux
21
2•Préservez les haies
26
3•Offrez un gîte aux oiseaux
30
4•Offrez le couvert aux oiseaux
34
5•Donnez de l’eau en toute saison
39
6•Rendez les chats inoffensifs
44
7•Faites de votre maison un refuge
48
8•Déjouez les pièges à oiseaux
51
9•Dites non aux pesticides
55
10•Ensemble pour mieux protéger
59
Les bonnes adresses
62
Pour Emma et Martin
<< Ne doutez jamais qu'un petit groupe de citoyens engagés et imaginatifs puisse changer le monde. Car il en a toujours été ainsi. >> Margaret Mead, anthropologue américaine, 1901-1978
PRÉFACE « Un pigeon, c’est plus con qu’un dauphin, d’accord… mais ça vole », ainsi s’exprimait Michel Audiard dans Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Cette réplique truculente résume finalement le peu de crédit qui fut accordé à l’intelligence des oiseaux. Pendant longtemps, le cerveau du peuple des airs ne pesait guère face à celui des mammifères. Les progrès de l’éthologie ont démontré que, tout au contraire, la « cervelle d’oiseau » ou la « tête de linotte » offrait un potentiel de mémorisation sur le long terme, l’usage des outils ou même la reconnaissance des visages... Les capacités cognitives des oiseaux nous étonnent chaque jour davantage, même les volailles de la basse-cour n’échappent pas à ce constat. Pour autant, les oiseaux savent-ils que le glas sonne pour eux ? Je ne me risquerai pas à l’anthropomorphisme, mais on constate tout de même que, pour certaines espèces, le déclin des populations les conduit à abandonner l’idée de futur. Ils refusent d’envisager la reproduction. C’est ainsi que le dernier pigeon migrateur américain est mort en 1914 au zoo de Cincinnati alors que, quelques années plus tôt, il restait encore des milliers d’oiseaux propres à cette espèce. « Nous ne sommes plus assez nombreux », ont-ils considéré en cessant de se reproduire... Si la perception de la finitude des espèces reste discutable, il paraît évident que le titre Les Oiseaux se cachent pour mourir (série TV avec Richard Chamberlain) correspond bien à la manière dont les passereaux s’estompent pudiquement du paysage. Que de témoignages reçus par la LPO pour regretter les incessants ballets aériens d’autrefois, les voltiges autour des mangeoires ou les nidifications en tous genres ! C’est pour offrir une résilience aux oiseaux que Danièle Boone, en collaboration avec la LPO, nous donne les clefs de l’action. Historienne d’art de formation, elle a développé sa passion pour la nature en parcourant la planète. Ses capacités émotionnelles la guident dans une recherche pragmatique de solutions tout au long de cet ouvrage qui peut nous aider à inverser la tendance. Si chacun d’entre nous s’inspire de ses conseils judicieux, ce ne seront pas seulement les oiseaux qui en bénéficieront, mais toute la biodiversité car ce qui est bon pour l’oiseau l’est pour le reste du vivant. Allain Bougrain Dubourg Président de la LPO
SAUVONS LES
OISEAUX ! Chaque printemps, le chœur des oiseaux amoureux résonne, harmonieux et gai, tandis que le tambourinage des pics bat la mesure. Les phrases flûtées du rossignol jaillissent même la nuit. Chaque année, c’est le même émerveillement. Les chants d’oiseaux ne se démodent jamais. Mais, chaque année, cette musique se fait plus discrète. Serait-il possible qu’un jour elle s’arrête ? Serait-il possible que le « printemps silencieux » de Rachel Carson devienne une réalité ? Il faut se rendre à l’évidence : c’est terrifiant, mais c’est désormais le scénario le plus probable. Les oiseaux, c’est aussi la beauté, la grâce et la légèreté. Et si nous perdions tout cela ? Leur inquiétante disparition nous alerte sur la folie et l’inconscience de notre monde. Homo sapiens a joué les apprentis sorciers et nous pourrions bien nous retrouver seuls au monde. Pas longtemps, car les oiseaux et tout le vivant participent à la bonne santé de la planète et sont indispensables à notre survie. Ils sont les travailleurs de l’ombre, ceux qui ne demandent pas de salaire, et qui pourtant s’activent pour nous. Ceux qui ont tenu un oiseau blessé dans leurs mains, un petit corps effrayé qui palpite et qui s’abandonne d’un coup comme s’il savait qu’on était là pour le soigner, pour le sauver, connaissent aussi la joie d’ouvrir leurs mains pour redonner la liberté à un oiseau guéri. Aujourd’hui, c’est toute l’avifaune qui est malade de nous. Réagissons face à la lenteur des décisions politiques et ne nous résignons pas à attendre en vain de ces 6
dernières les réponses urgentes et les changements majeurs nécessaires pour enrayer cette catastrophe annoncée. Sauvons les oiseaux doit être un cri de ralliement et retroussons nos manches au quotidien dès maintenant !
un état des lieux alarmant Le nombre des oiseaux dans le monde ne cesse de diminuer. Le rapport du comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), rendu public en septembre 2016, est sans appel. Entre 2008 et 2016, la mise à jour de sa liste rouge des oiseaux nicheurs (c’est-à-dire des espères menacées) montre que la situation s’est aggravée pour 48 des 284 espèces recensées en France. C’est grâce aux comptages standardisés au fil des ans, comme ceux du programme STOC (Suivi temporel des oiseaux communs) mis en place par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), que l’on peut établir aujourd’hui des tendances à long terme. Des comptages similaires existent dans d’autres pays comme l’Angleterre, pays précurseur qui suit les effectifs d’oiseaux depuis les années 1960. On peut ainsi comparer le nombre d’oiseaux d’une année sur l’autre. Le challenge pour les scientifiques est de démêler les effets ponctuels des effets à long terme ; certaines variations pouvant être simplement dues à des fluctuations météorologiques. Mais en s’appuyant sur les observations des scientifiques et des ornithologues amateurs avec les programmes de sciences participatives, les chiffres parlent. Partout dans le monde, le constat est le même : le nombre d’oiseaux ne cesse de chuter. La diminution est progressive mais alarmante : plus du tiers des oiseaux ont disparu en vingt-cinq ans, avec une accélération ces dernières années. 7
Où sont passées les hirondelles ? Voir la première hirondelle de l’année, c’est comme une bouffée de bonheur, l’annonce du printemps. Deux espèces, l’hirondelle de fenêtre et l’hirondelle rustique, s’installent tout près de nous. Leur capital sympathie est immense et universellement partagé. Pourtant, où sont passées les hirondelles ? C’est désormais une question qui se répète comme un écho à travers toute la France. Le plus médiocre des observateurs ne peut ignorer cette diminution vertigineuse des effectifs. Moins 27 % d’hirondelles de fenêtre et moins 34 % d’hirondelles rustiques en vingt-cinq ans. À l’échelle de l’Europe, ces dernières accuseraient même une perte de plus de la moitié des populations. Le recul du monde paysan, avec ses bâtisses traditionnelles, y est pour beaucoup. Moins d’agriculteurs, moins de fermes et moins de granges propices à leur accueil. Quant aux résidences secondaires, les fenêtres se ferment et le souci de propreté l’emporte chez ceux-là même qui s’étonnent de ne plus voir d’hirondelles. L’hirondelle, toutes espèces confondues, est un oiseau désormais intégralement protégé.
Les oiseaux champêtres décimés Dans les champs, les oiseaux communs semblent se volatiliser les uns après les autres, les perdrix grises, les fauvettes grisettes, les bruants ortolans, les alouettes (l’espèce pourtant la plus répandue !). Deux études, l’une réalisée par le MNHN et l’autre par le CNRS de Chizé (79), rendues publiques en mars 2018, aboutissent à la même conclusion. La première, menée à l’échelle nationale depuis 2001 grâce à un programme de sciences participatives porté par le MNHN, 8
met en évidence la mauvaise santé des oiseaux des milieux agricoles dont le déclin s’est accéléré ces deux dernières années. La seconde étude a été menée à une échelle locale par le CNRS de Chizé dans une zone « atelier » entièrement agricole située dans les Deux-Sèvres, où un programme de suivi intensif de la faune et de la flore a été initié dès 1993. Au départ, l’équipe de chercheurs suivait plus particulièrement les oiseaux les plus fragilisés des plaines céréalières, comme l’outarde canepetière ou le busard cendré. À partir de 1995, le suivi par des ornithologues chevronnés concerne tous les oiseaux.Le constat est véritablement alarmant : tous les oiseaux du milieu agricole régressent à la même vitesse, même les espèces les plus répandues. Certaines sont plus touchées que d’autres : 50 % des alouettes des champs et 68 % des pipits farlouses ont d’ores et déjà disparu. Quant à la perdrix grise, elle a enregistré un déclin absolument spectaculaire de 90 % ! Pourtant ces dernières, classées « petit gibier », continuent à être tirées ! En Suisse, on a même réussi l’exploit de faire disparaître la perdrix grise à l’état sauvage : elle s’est définitivement éteinte dans les années 2000. Et l’alouette des champs est toujours chassée sous prétexte de chasse traditionnelle. Irresponsabilité des chasseurs qui, pourtant, s’autoproclament « premiers écologistes de France » !
Les pratiques agricoles pointées du doigt Ces deux études mettent en évidence la corrélation entre la chute des populations d’oiseaux et les pratiques agricoles intensives, même si elles ne démontrent pas scientifiquement ce lien de causalité. Pourtant, force est de constater que les espèces généralistes adaptables, comme le pigeon ramier, le 9
merle noir, la mésange charbonnière ou le pinson des arbres ne déclinent pas à l’échelle nationale alors que leurs populations baissent nettement lorsqu’elles fréquentent les zones agricoles privées d’habitats variés de bonne qualité. Par ailleurs, cette disparition des oiseaux communs est concomitante avec l’intensification des pratiques agricoles depuis vingt-cinq ans, et plus particulièrement depuis 2009, avec la fin des jachères imposées par la politique agricole commune, l’attractivité économique des systèmes céréaliers spécialisés étant valorisée par rapport à la moindre rentabilité des surfaces en herbe et de la polyculture-élevage et l’augmentation globale des pesticides malgré les plans Écophyto 1 et maintenant 2. Ces derniers entraînent en effet la disparition des insectes, la principale source de nourriture des oiseaux en période de reproduction. Malgré les lanceurs d’alerte, comme Rachel Carson, qui a mis en garde sur les effets des pesticides sur la faune notamment dans son fameux «Printemps silencieux» dès 1962, les surfaces dédiées aux grandes cultures ne cessent d’augmenter en France, détruisant par là même les milieux favorables aux oiseaux. Avec la disparition des haies et la diminution des prairies, les paysages deviennent de plus en plus homogènes : des champs de maïs et de blé à perte de vue et, malheureusement, toujours massivement arrosés de pesticides. En effet, si les causes sont multifactorielles, le rôle des pesticides semble prépondérant. Une étude révélée en février 2018 par l’Office de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a démontré l’intoxication directe des oiseaux via la consommation de graines traitées par les néonicotinoïdes, dont l’usage en France vient enfin d’être interdit en agriculture au 1er septembre 2018. Mais la menace est aussi indirecte avec l’effondrement des populations d’insectes. Une étude allemande d’octobre 2017 a en effet révélé que près de 80 % des insectes ont disparu outre-Rhin depuis 1989. 10
Les granivores vont particulièrement mal Les chardonnerets élégants fréquentent les zones ouvertes, avec des friches, des prairies sèches et des jachères. Grâce à leur bec conique et pointu, ils extraient les graines de plantes (comme les pissenlits et les chardons), ou prélèvent les semences des bouleaux, platanes et conifères. Les « sages » qui évaluent la situation des oiseaux de France pour établir la fameuse « liste rouge des espèces menacées » l’ont fait glisser en 2016 dans la catégorie des oiseaux vulnérables. Idem pour le verdier et le serin cini. Tous ces passereaux, qui ont en commun d’être granivores, ont vu leur nombre diminuer en même temps que la disparition des surfaces en jachère. À cela s’ajoute pour le chardonneret, le braconnage, avec probablement des milliers d’oiseaux capturés chaque année qui finissent dans des cages comme oiseaux de compagnie et, pour le verdier, une épidémie de trichomonose qui semble faire des ravages.
En ville, les piafs en péril Les oiseaux des champs sont en danger, mais qu’en est-il des oiseaux des milieux urbains ? Les moineaux, avec leur côté culotté, sont si familiers qu’ils n’hésitent pas à venir chaparder des morceaux du gâteau que nous sommes en train de déguster en terrasse ! Ils se précipitent sur la moindre nourriture, bataillant sans complexe avec plus gros qu’eux, un pigeon par exemple, et, le nombre aidant, ce sont les moineaux qui l’emportent. Dans les gares parisiennes, ils attendent les trains afin de récupérer les insectes écrasés sur la locomotive. On en a même vu voler devant l’œil électronique des caméras des supermarchés pour déclencher l’ouverture des portes ! Et pourtant, malgré cet opportunisme qui devrait garantir une bonne santé à l’espèce, la baisse des populations de moineaux à Paris 11
est de 73 % sur treize ans, avec une accélération ces dernières années selon l’étude menée par le Centre ornithologique d’Îlede-France (CORIF) et rendue publique en septembre 2017. Le phénomène est le même dans toutes les grandes villes. Londres a perdu la quasi-totalité de ses moineaux. Les scientifiques n’ont pas la réponse à cette hécatombe mais plusieurs hypothèses sont évoquées. La disparition des lieux de nidification en est une. En effet, le moineau fait son nid dans un trou. Il aime les bâtiments un peu déglingués : des tuyaux ou la boîte des stores déroulants peuvent rapidement devenir de vraies HLM à pierrots. Une autre hypothèse serait la perte d’une nourriture de qualité au moment de la croissance des jeunes. L’apport de protéines de bonne qualité est crucial pour leur développement et leur chance de survie. Il est possible qu’en ville, les oiseaux ne trouvent plus les insectes nécessaires. Du coup, les moineaux substituent aux insectes qu’ils ne trouvent plus, la nourriture disponible, souvent les déchets des humains (restes de sandwich, etc.). Une autre équipe du CNRS de Chizé travaille sur l’impact de l’urbanisation sur les moineaux, mésanges charbonnières et merles noirs. Ils ont notamment mené une étude comparative entre les moineaux des villes et ceux des champs. Les résultats sont assez sidérants. Les moineaux des villes sont plus petits, moins gros mais… plus gras ! Ces données suggèrent que les moineaux des villes ont une nourriture trop grasse. De là à dire que les moineaux souffrent de la malbouffe des humains, il n’y a qu’un pas qui a été allègrement franchi à l’annonce des résultats en 2015. Ce qui est certain, c’est que les moineaux des villes pondent moins d’œufs, le succès d’éclosion est plus faible et la croissance des poussins est moins rapide. En conclusion, ils ne réussissent plus à élever assez de jeunes susceptibles de devenir ensuite adultes pour renouveler la population. 12
La preuve par le son Les passereaux représentent plus de la moitié des oiseaux de la planète, avec plus de 5 000 espèces. Ils sont surtout connus pour être des oiseaux chanteurs : chant d’approche, chant de contact, chant de séduction… Depuis plusieurs décennies, beaucoup d’observateurs s’inquiètent de la disparition de ces oiseaux chanteurs. Du fait de leur petite taille et de leur courte durée de vie, ils sont de très bons indicateurs de l’état de l’environnement : lorsque les passereaux ne vont pas bien, les autres oiseaux ne se portent pas mieux. Depuis quelques années, les scientifiques écoutent la nature d’une autre oreille. En plus de concentrer leurs efforts sur une espèce particulière comme ils le faisaient précédemment, ce qui relève de la bioacoustique, ils auscultent maintenant l’ensemble des sons émanant des environnements naturels. Plusieurs chercheurs du MNHN contribuent ainsi à alimenter une sonothèque, qui deviendra de plus en plus intéressante au fil des ans. Le déploiement d’observatoires sonores sur de grands espaces et de longues périodes sur plusieurs années permettra de traiter des questions fondamentales en écologie, comme l’influence du climat ou du bruit anthropique sur la faune sauvage. En effet, cette écologie des paysages sonores vise à fournir un retour d’informations instantané sur l’interaction des hommes avec leur environnement vivant, à travers les diverses formes d’expression collective des animaux, notamment les chœurs d’oiseaux. Le travail du musicien Bernie Krause est révélateur. Il a découvert les sons de la nature presque par hasard, suite à une commande, voilà presque 50 ans. Totalement fasciné, il a décidé de poursuivre ces prises de son en direct de la nature. Il a ainsi constitué une collection unique pendant presque cinquante ans. Plus de la moitié des sons enregistrés proviennent de sites 13
aujourd’hui tellement endommagés par diverses sortes d’interventions humaines qu’ils sont devenus quasiment silencieux. Dans l’exposition consacrée à Bernie Krause à la Fondation Cartier en 2017, le public pouvait écouter trois enregistrements datant de 2004, 2009 et 2014, sélectionnés parmi une série d’enregistrements réalisés chaque année au même endroit, à la même heure, selon un protocole bien établi. On entend nettement une réduction de la densité des chants de 2004 à 2009, suivie d’une quasi-absence de densité et de diversité en 2014. Le musicien est également retourné dans un endroit jadis éminemment vivant dix-huit ans après et, là encore, le constat est consternant. Dans le même temps, le bruit humain s’est terriblement amplifié. L’éco-acoustique est donc un outil assez extraordinaire pour mesurer la disparition des oiseaux. « Les sons de la nature qui définissent le domaine de l’écologie des paysages sonores sont les voix que nous devons écouter avec attention. Car, selon Bernie Krause, elles oscillent dans un équilibre fragile, entre création et destruction, et c’est à nos risques et périls que nous les faisons taire. »1 Selon lui, 50 % des sons de la nature ont disparu en 50 ans, ce qui suggère que 50 % des animaux, toutes catégories confondues, auraient disparu.
Les effets du réchauffement climatique Ces paysages sonores, enregistrés dans les mêmes conditions sur un même lieu d’une année sur l’autre, permettent également de constater, au fil des ans, des différences dans les combinaisons des espèces qui cohabitent. Elles sont en grande partie 1
Bernie Krause, Chansons animales et cacophonie humaine, Actes Sud, 2016.
14
dues au réchauffement climatique. Ce dernier influence en effet les aires de distribution des espèces, perturbant la composition des écosystèmes et les interactions des espèces entre elles. La migration vers le nord d’espèces autrefois méditerranéennes comme le guêpier d’Europe, désormais nicheur jusqu’en Belgique, est une réponse des animaux à ces changements climatiques. Les espèces qui vivent dans les régions plus fraîches remontent aussi. Ainsi, les mésanges boréales, encore très présentes en Île-de-France il y a vingt ans, sont rarissimes aujourd’hui. L’enveloppe thermique d’une espèce animale est la température moyenne sur l’ensemble de son aire de répartition. Si le réchauffement se poursuit, les déplacements en latitude comme en altitude ayant des limites, les oiseaux dont l’enveloppe thermique est froide risquent d’être pénalisés et de disparaître. Le réchauffement climatique agit plus généralement sur les cycles de nutrition et de vie des organismes : la floraison des plantes, la date de migration des oiseaux, la durée d’activité des insectes… Il induit également une avance notable des périodes de reproduction. Les déplacements n’étant pas forcément synchronisés pour toutes les espèces, notamment les insectes, les oiseaux peuvent naître en décalage par rapport à leurs ressources alimentaires. Ce phénomène affaiblit les chances d’une bonne reproduction, donc la pérennité des espèces concernées.
Des maladies émergentes Cet été, des dizaines de merles sont morts terrassés par le virus Usutu. Originaire d’Afrique, ce virus a fait son apparition en Europe en 2001. Transmis par la piqûre de moustique du genre culex, parmi les moustiques les plus communs chez nous, il attaque le système nerveux des oiseaux et provoque 15
leur mort. Beaucoup d’espèces d’oiseaux peuvent être infectées par ce virus. Pour les merles, les moineaux et les rapaces nocturnes, la maladie qu’il entraîne peut être mortelle. Les individus atteints bougent peu ou semblent désorientés et meurent en quelques jours. En 2016, dans certaines communes allemandes, le virus a décimé près de 90 % des merles. Ainsi, des maladies nouvelles apparaissent, causées par un agent infectieux – virus, bactéries, parasites – jusque-là inconnu localement ou qui évolue : changement d’hôte, de vecteur, de pathogénicité ou de souche. Ces maladies dites « émergentes » ou « ré-émergentes » affectent l’ensemble du monde vivant. En agissant sur les conditions de température et d’humidité des milieux naturels, le changement climatique modifie les dynamiques de transmission des agents pathogènes qui y vivent. Il intervient également sur l’aire de répartition, l’abondance, le comportement, les cycles biologiques de ces microbes ou des espèces hôtes associées, changeant les équilibres entre pathogènes, vecteurs ou réservoirs. Depuis plusieurs années, médecins, vétérinaires et épidémiologistes annoncent un développement de ces maladies émergentes. Initialement présents dans des environnements peu peuplés ou peu modifiés, les virus peuvent faire des ravages lorsqu’ils sortent de ces « cachettes » à la faveur d’aménagements et de transports longues distances. Le changement climatique n’est toutefois pas le seul responsable de l’émergence de ces nouvelles maladies. Le contact de l’homme et des animaux avec de nouveaux espaces naturels, lors des déforestations, favorisent l’émergence de nouveaux agents infectieux. Le transport aérien, et de manière générale la hausse des déplacements internationaux d’hommes et de produits, accélèrent aussi grandement ceux des micro-organismes. Ils peuvent ensuite s’épanouir dans leur nouvel environnement si le climat leur est propice. La croissance démographique, la 16
ENGAGEONS-NOUS MAINTENANT ! • Le nombre des oiseaux de proximité ne cesse de chuter. • La diminution est alarmante : plus d’1/3 des oiseaux ont disparu en 25 ans ! • Il est urgent d’agir et de s’engager pour les protéger !
7,95 € TTC
www.rustica.fr
MDS : RU0033
Danièle Boone se fait le porte-voix d’un mouvement de révolte et d’exaspération face à cette situation de crise et à cette atonie. Avec le soutien de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), elle nous propose des solutions concrètes et positives pour que chacun puisse agir efficacement au quotidien !