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25/04/2016 14:50
Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sarah Malherbe Édition : Charlotte Walckenaer Direction artistique : Élisabeth Hebert, assistée d’Amélie Hosteing Infographies : Corédoc Illustrations : Sébastien Chebret Fabrication : Thierry Dubus, Florence Bellot © Mame-Edifa, Paris, 2010 Site : www.mameeditions.com ISBN Mame : 978-2-7289-1352-7 ISBN Edifa : 978-2-9163-5067-7 MDS : 535 119 Tous droits réservés pour tous pays.
INTRODUCTION
L’Amour s’apprend… … oui, même l’Amour ! « L’impréparation au mariage est la meilleure préparation au divorce. » Ce n’est pas du luxe en amour de posséder un certain bagage de connaissances et un apprentissage de la communication : « Le smic du parfait futur marié ! » Il y a des constantes du cœur humain à connaître, même si tous les hommes et toutes les femmes ne sont pas sortis du même moule, même si chaque couple est unique au monde.
Il faut surtout réaliser l’ajustement, l’adaptation à l’autre qui est différent. Adaptation qui demande inévitablement du temps et de l’effort.
L’Amour se construit Rien n’est fait au départ : tout commence, tout est possible. Entre l’homme et la femme, trois ponts sont à construire : • pont du cœur ; • pont du corps ; • pont de l’esprit. Or ces trois ponts ne sont qu’ébauchés avant le mariage. L’Amour se construit les yeux fixés sur le but à atteindre : • aimer l’autre pour lui et non seulement pour ce qu’il apporte ; • n’être qu’un en restant deux ; • avec l’autre, s’ouvrir aux autres. « Donner le meilleur et de la façon la meilleure, en sorte que l’autre soit amené à donner aussi le meilleur de lui-même » (Dr Assaily). 7
LE DÉPASSEMENT DE LA DIFFÉRENCE
AU COMMENCEMENT IL Y A LA DIFFÉRENCE Tout couple qui se fonde, rencontre – incontournable – la différence. L’autre n’est pas moi ! L’autre est autre ! À tout instant, dans ma relation avec lui, je bute sur son altérité parfois pour m’en réjouir, parfois pour en souffrir. Inévitablement, le couple est confronté à rencontrer la différence.
La différence individuelle Chaque individu est unique au monde. Chacun possède ses originalités, ses particularités, son tempérament lent ou vif, réservé ou expansif, agressif ou soumis, pessimiste ou optimiste, enjoué ou taciturne, égocentrique ou altruiste. Chacun est marqué par son vécu original, par son histoire personnelle, par ses expériences singulières, par ses réussites ou ses échecs.
La différence familiale Chaque couple reste profondément marqué par ses origines familiales, par l’éducation reçue. Il y a des familles où l’on est du soir, et des familles où l’on est du matin ! Comment se retrouver ? Il y a des familles où l’on embrasse aisément, d’autres où l’on semble répugner au moindre câlin. Ce qui ne manque pas de poser une difficulté dans le couple issu de deux familles aux manières de vivre opposées. De plus, il est rare que les conjoints aient occupé la même place dans la fratrie ; l’un était l’aîné de quatre, l’autre, fils unique ; l’un était le petit dernier de cinq, choyé et chouchouté, et l’autre, le deuxième, quelque peu laissé pour compte. 12
La différence sociale Il peut exister entre les membres du couple une différence de milieu social. Par exemple, il n’est pas aussi facile qu’elle le pensait à une jeune fille d’origine bourgeoise de vivre ensuite la vie d’un couple dont les ressources ne dépassent pas le smic. L’attitude de chacun, par rapport à l’argent, la religion, le syndicalisme, le tiers-monde, le gouvernement, l’Église, etc., est fortement marquée par son appartenance à un milieu social. À cette différence sociale, on peut ajouter la différence de niveau intellectuel. Il n’est pas toujours évident pour une personne cultivée de vivre avec un conjoint aux capacités de dialogue limitées. Il n’est pas toujours évident pour une personne moins cultivée d’accepter, sans complexe d’infériorité, un décalage social ou intellectuel.
La différence sexuée Qui dit sexualité dit existence de deux sexes séparés, le sexe masculin, le sexe féminin (le mot « sexualité » ne vient-il pas du latin secare, qui signifie « séparer » ?). Certes la différence sur le plan physique, corporel, est évidente, malgré les étonnantes possibilités de la médecine hormonale et de la chirurgie moderne. En revanche, l’unanimité ne se fait pas sur les différences psychologiques entre les sexes. Ces prétendues différences ne sont-elles pas en effet de pures et simples divergences 13
culturelles, donc variables et évolutives selon les temps et les lieux ? Autrefois, on affirmait fortement ces différences, mais c’était surtout le fait des hommes, qui entendaient ainsi se dire supérieurs ! Puis, dans les années 70, la vague féministe a déferlé : la différence des sexes a été gommée. On connaissait bien la position de Simone de Beauvoir : « Si la femme est inférieure à l’homme, c’est que dans le passé elle a été colonisée par lui. Rendons-lui la liberté, il n’y aura plus de différence du tout. » Et voilà qu’aujourd’hui c’est le retour du balancier : John Gray écrit un best-seller en affirmant que « les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus » ! En réalité, il semble raisonnable de reconnaître et de souligner ce qu’il y a de semblable chez l’homme et chez la femme : les mêmes capacités intellectuelles, les mêmes possibilités d’assumer certains rôles (par exemple de réussir dans des métiers analogues). Mais on doit en même temps reconnaître une certaine spécificité de chaque sexe : la femme moderne ne rêve plus d’être identique à l’homme, mais d’être pleinement ellemême. Cette spécificité n’est pas facile à préciser et à cerner parce qu’elle est immergée dans une culture et relativisée par d’autres variables (comme l’éducation, le milieu social, le vécu de chacun). 14
Ce qui permet d’affirmer l’existence de cette spécificité, c’est le fait que : • l’homme et la femme n’« habitent » pas le même corps ; • leurs hormones sont différentes ; • leurs cerveaux ont une organisation différente comme le montrent les travaux de neurophysiologues (importance de l’hémisphère gauche chez la femme, de l’hémisphère droit chez l’homme) ; • ce sont toujours les femmes qui portent et allaitent les enfants ; • la sexualité n’est pas vécue de la même façon par l’homme et par la femme. On affirme avec force que, sur la balance de la valeur et de la dignité, l’homme et la femme sont égaux.
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DES MODES D’AIMER DIFFÉRENTS Les multiples différences (individuelles, familiales, sociales, sexuelles) entraînent dans le couple des façons d’aimer qui varient d’un conjoint à l’autre.
Le contentieux « affectif-charnel » Il y a des couples où l’un des conjoints aime de cœur plus que de corps, tandis que l’autre aime de corps plus que de cœur.
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La dominance de l’affectif Chez l’un existe plutôt une dominance de l’affectif. On a tendance à penser que cette dominance se rencontre plutôt chez la femme, alors qu’elle est peut-être plus importante chez l’homme, comme le prouve l’existence de nombreux hommes poètes, musiciens… donc riches d’une grande sensibilité. Mais cette sensibilité ne s’exprime pas toujours dans la relation interpersonnelle, alors que la femme ne craint pas de montrer sa tendresse à ses proches. Être aimé, cajolé, câliné, voilà l’essentiel pour ce type de conjoint. La tendresse leur apparaît comme la valeur première, et grande est leur déception quand celle-ci ne leur est pas manifestée. Leur cœur est troublé avant leur corps. Céline, servante de bar, est plus émue par la tendre poignée de mains de Jean, qu’elle aime, que par les gestes déplacés de tous les assoiffés du comptoir. Il faut avoir vu courir à un rendez-vous, impatiente, radieuse et transfigurée, une jeune fille amoureuse pour comprendre l’importance du cœur dans certaines vies. Dans ce cas, les gestes charnels ne sont acceptés qu’avec l’être aimé : « Me donner à quelqu’un que je n’aimerais pas, ce n’est pas possible… »
La dominance du charnel Chez l’autre existe plutôt une dominance de la dimension charnelle. 17
Là encore, la tendance est de croire que c’est l’homme qui est avant tout charnel, alors qu’en fait, la femme a des possibilités de sensualité bien supérieures à la majorité des hommes, car sa sensualité, quand elle a été éveillée, s’accompagne de la joie de se donner, du plaisir de rendre heureux et peut-être de donner la vie. L’homme est regardé comme plus charnel, parce que son corps vibre souvent avant et plus que son cœur : l’aspect physique et séduisant de l’autre compte énormément pour lui. Et l’amour ne prend son sens que s’il s’exprime dans des gestes charnels. Un beau corps, une belle silhouette peuvent le troubler profondément.
Côté corps et côté cœur On devine les conséquences de cette différence dans la façon d’aimer : chacun soupçonne l’autre de ne pas aimer, puisqu’il n’aime pas de la même façon que lui. « Mon mari ne m’aime pas, il n’aime que mon corps ! » Attention au jour où il n’aimera plus votre corps ! « Ma femme ne m’aime pas, elle se donne sans vraie joie. » Ce n’est pas évident : elle peut aimer beaucoup de cœur sans que le corps ait encore parlé. Dans les couples où l’un est affamé de tendresse et l’autre de gestes sexuels, chacun souffre profondément de n’être pas aimé
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comme il le souhaiterait. Et la tentation est grande de chercher ailleurs la satisfaction d’une exigence jugée essentielle. Pour le Sentimental, il y a un danger côté cœur : ainsi Marie a fini par tomber amoureuse de l’ami de son mari, parce qu’avec lui, « si intelligent et si bon, elle pouvait discuter ». Pour le Charnel, le danger se trouve côté corps. Combien de jeunes gens ont fini par épouser la fille avec qui ils sortaient, disaient-ils, « pour s’amuser » ? Combien d’hommes mariés se sont laissé séduire par une femme jolie et charnelle, à laquelle ils n’auraient pas prêté attention sans l’attrait physique ? De ces réactions différentes peuvent naître des malentendus dans un jeune couple : les longs tête-à-tête dans les voitures troublent profondément le corps de Pierre, tandis que Laure, qui est heureuse « comme ça », se sent parfaitement maîtresse d’un corps qui n’a pas encore parlé. Elle lui impose, inconsciemment, le supplice de Tantale.
Objectivité et affectivité Le jugement chez le conjoint sentimental est fortement influencé par le cœur : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas », dit Pascal. Essayez par exemple de convaincre cette jeune fille qui tient absolument à épouser un garçon qui s’adonne à la boisson : « Je l’aime, répond-elle, c’est tout… J’aime mieux être malheureuse
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avec quelqu’un que j’aime qu’heureuse avec quelqu’un que je n’aime pas. » Les affectifs ont souvent la morale de leur cœur : « Je ne fais pas de mal, dit Noémie, amoureuse du mari de la voisine, puisque je l’aime et qu’il m’aime. » Les affectifs mettraient volontiers en pièces les principes dès qu’ils ne coïncident plus avec ce qu’ils vivent. Tandis que les raisonneurs, au contraire, gardent les principes : même s’ils s’assoient dessus à l’occasion, il en faut au moins pour les autres. Regardez ce couple qui arrange son appartement : « Il faut mettre le lit ici, l’armoire contre ce mur, ça fera joli », dit l’un, alors que l’autre fait remarquer : « On pourra à peine ouvrir la porte de l’armoire. » Les types d’arguments ne se ressemblent pas forcément. On comprend dès lors qu’un mari froid, discuteur, raisonneur et objectif a parfois du mal à accepter les intuitions affectives et rapides de sa femme. Il est déconcerté quand elle lui dit : « Ton copain Philippe a beau t’avoir prêté 1 500 i, moi, il ne me revient pas… il ne me plaît pas ! » Remarquons que cette approche des sentimentaux par le cœur n’est pas pour autant dépourvue d’objectivité : ne passet-on pas à côté de l’essentiel quand on refuse de faire entrer le sentiment dans le commerce ou à la guerre ? Lequel est le plus objectif ? Christian qui morigène son fils parce qu’il a rapporté un mauvais carnet de notes, ou Jocelyne
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qui défend l’enfant parce qu’elle « sent » qu’il passe actuellement dans une phase de croissance ? Heureux les couples qui savent unir le « flair », le sens aigu et intuitif de l’un, à la réflexion étayée, argumentée de l’autre. Heureux les couples où chacun essaie de se convaincre de la valeur des arguments (raisonnables ou sentimentaux) de l’autre.
S’adresser au cœur Face à un conjoint plus sentimental que charnel, il est bon de parler à son cœur. Des attentions délicates, des paroles affectueuses et des marques de tendresse s’imposent absolument. Il importe de combler ce cœur qui a soif de douceurs et de câlins… Il convient aussi que les preuves d’amour s’adressent d’abord au cœur. Un mari qui achète à sa femme une machine à laver la vaisselle ne doit pas oublier que la façon de donner vaut plus que ce que l’on donne. Il ajoutera un bouquet de fleurs et un écriteau : « Bonne fête, je t’aime. » S’il agit ainsi, chaque matin, en voyant sa machine, sa femme aura l’impression qu’il lui redit : « Je t’aime. » Il est bon de « sentimentaliser » les cadeaux en les « emballant » de tendresse.
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Pour montrer son amour, le baiser a une place essentielle : « Baiser du départ, Baiser du retour, Baisers du soir, tendres et passionnés, Langage aux mille nuances qui jamais ne tarit » (Ancelle). Il est également important que le conjoint moins sentimental n’associe pas toujours tendresse et vie sexuelle : si la tendresse est inévitablement suivie de gestes sexuels, elle risque de devenir suspecte pour le Sentimental qui la jugera fausse et intéressée. Enfin, dans le domaine du charnel, la demande s’adressera d’abord au cœur. Attention, pour beaucoup de femmes, « la porte du corps, c’est le cœur » ! Pour obtenir un corps, il faut frapper au cœur.
Savoir parler au corps
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Face au conjoint plus charnel que sentimental, les preuves d’amour doivent impérativement se « matérialiser », se « corporaliser », notamment par des gestes. Les cadeaux doivent être plus concrets : une boîte à outils, ou un gadget pour sa voiture « adorée », comble plus certains maris qu’un bouquet de fleurs ou l’inévitable cravate à la mode. Il convient aussi de combler les désirs corporels de ce type de conjoint. En prenant plaisir à le (la) rendre heureux (se) à ce niveau. En prenant, souvent par les gestes charnels, des initiatives qui seront d’autant plus appréciées qu’elles n’auront pas été quémandées. Il convient enfin de ne pas déconsidérer cette dimension charnelle ; les réalités charnelles ne sont pas sans valeur et rien ne prouve qu’une évolution du couple n’amènera pas chez les conjoints une inversion des dominantes. Et combien de femmes qui reprochent à leur mari de ne penser qu’à « ça » oublient que souvent le mari recherche le cœur, par-delà le corps, même si le corps est sollicité le premier : « Si tu savais, femme, que lorsque j’ai faim de toi ma faim dépasse infiniment ton corps. »
Un contentieux enrichissant En définitive, le conjoint sentimental, par des gestes bien charnels, signes de son amour, éveillera chez l’autre la tendresse qui sommeille souvent derrière une carapace de pudeur. Tandis que l’autre, par d’affectueuses délicatesses, fera naître chez son vis-à-vis les feux du désir physique. 23
Le besoin de tendresse et le besoin charnel peuvent se révéler ainsi merveilleusement complémentaires.
Le décalage Il y a des couples où l’un réagit avec un temps de retard sur l’autre. Il arrive en effet que l’un des conjoints, que ce soit dans le domaine du travail, dans le domaine de la réflexion, dans le domaine affectif, se comporte un peu comme les vieilles locomotives d’antan : lentes à se mouvoir, très lancées par la suite, très lentes à revenir au calme, à l’arrêt.
Un conjoint lent à émouvoir Marc a fait sa déclaration à Zoé qui ne s’y attendait en rien : « Non ! a-t-elle pensé, il est bien trop petit ! » Les semaines ont passé. Un jour, elle s’est dit : « Il est petit, mais il m’a choisie, ça prouve qu’il a du goût ! » Et un matin, elle s’est réveillée amoureuse : « Dans le fond : la taille, c’est secondaire ! » Amélie a proposé à son mari une idée qui n’entre pas dans ses synthèses, dans ses tiroirs. « C’est stupide ! » s’est-il contenté de lui dire. Or, huit jours après, il avait intégré cette idée dans une nouvelle synthèse, et Amélie ne fut pas peu surprise de l’entendre dire : « Tu sais, j’ai une idée ! » 24
Claire a demandé à Serge de lui monter une étagère. Or non seulement il ne l’entreprendra que l’année suivante, mais au moment de s’y mettre il a tourné en rond, cherchant outils et mode d’emploi, jusqu’au moment où Claire, excédée, lui a dit : « Donne-moi ton marteau et tes clous, je vais te montrer comment on monte une étagère ! » Nicolas, en partant au travail, a fait à Marie une réflexion, apparemment anodine. À peine a-t-il tourné le coin de la rue qu’il l’a oubliée, tandis qu’à 10 heures Marie se dit : « C’est une méchanceté qu’il m’a dite ! » À midi, elle en est sûre, et quand il rentre, elle lui fait la tête. Nicolas ne comprend pas : « Qu’est-ce qu’elle a encore ? » Et comme elle lui fait remarquer que c’est sa réflexion du matin, Nicolas lui répond : « Ce que tu es rancunière ! » « Ce soir, chérie, dit un matin Olivier à sa femme, je t’emmène au cinéma. » « Au cinéma ? On voit bien que ce n’est pas toi qui auras la vaisselle et les gosses sur le dos ! » « Bon, ça va, on n’ira pas au cinéma… Après tout, j’ai la télé ! » Et le soir, madame se présente en tenue de sortie : « Alors, tu es prêt ? »
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Hubert, un marin en permission, se réjouit de retrouver Isabelle, sa promise. Fou de joie, il saute du train en marche. Il s’est bien gardé de la prévenir pour lui faire la surprise. Il fait de l’auto-stop pour aller plus vite : il se réjouit à la pensée de l’accueil qu’elle va lui réserver. Or, Isabelle reste là, interdite, éberluée ! « C’est toi ? Pourquoi ne m’as-tu pas prévenue ? » Isabelle ne réalise pas… Le lendemain, Isabelle commence à se faire à cette présence délicieuse. Mais c’est quand il partira qu’elle réalisera pleinement ! Elle pleure tandis que lui, joyeux, retrouve ses copains : « Plus vite parti, plus vite revenu ! » « Il est parti sans une larme ! » pense Isabelle. M’a-t-il déjà oubliée ? »
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Et le lendemain elle lui enverra une longue lettre pour lui dire tout ce qu’elle n’a pas su lui dire ! Hubert, de son côté, n’a pas écrit : « Je viens de la voir ! » se dit-il. Il est facile de se représenter dès lors la courbe des émotions amoureuses d’Isabelle et d’Hubert : le samedi et le dimanche de permission, la courbe est au plus haut pour Hubert, tandis que, lentement, Isabelle, qui se fait à l’idée, s’enflamme. Le lundi, émotion minima chez Hubert, maxima chez Isabelle, qui n’oublie pas si vite. Du jeudi au samedi suivant, Hubert, qui espère une permission, s’enflamme de nouveau, tandis qu’Isabelle, qui s’est habituée progressivement à son absence, est retombée au point le plus bas, ne voulant pas espérer pour ne pas être déçue. Étienne pourrait lui aussi écrire sa courbe émotionnelle sur vingt années de vie avec Nathalie. Dans la période fréquentation et mariage, son émotion amoureuse était intense : il découvrait la femme, la fascination de l’approche sexuelle. Nathalie s’enflammait plus lentement, mais sûrement. Puis bien vite (chez certains, c’est le lendemain de la lune de miel), Étienne s’est investi dans son travail, dans ses occupations multiples et dans ses loisirs (il aimait la chasse). Nathalie avait alors envie de lui crier : « Tu n’es plus comme avant ! » Et elle l’aimait d’autant plus qu’elle le sentait partir… Et puis vers 40-45 ans (les hommes font parfois à cet âge une crise d’adolescence), Étienne, plus amoureux que jamais et lassé de ses préoccupations professionnelles, retourne vers sa petite femme. Mais, pendant ce temps, Nathalie, fatiguée d’aimer follement sans ressentir la même réciprocité, s’est
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donnée totalement à ses enfants et à une tâche extérieure. « Tu n’es plus comme avant ! » lui a dit alors Étienne. N’est-ce pas là un problème fréquent dans les couples : un décalage dans le temps des moments où l’on est très amoureux ?
Tenir compte du facteur temps Pour qu’un couple fonctionne harmonieusement, il convient que l’un ne tienne pas trop compte de la réaction première de l’autre. Un proverbe dit : « On obtient tout d’une femme quand on sait y mettre le temps. » C’est vrai aussi d’un homme. Et que l’autre respecte le temps d’évolution de l’un. Il importe de lui donner le temps de se faire à l’idée proposée. Combien 28
de femmes ont épousé celui dont elles avaient dit au départ : « Surtout pas celui-là ! » « Quand je désire que nous allions passer un dimanche chez mes parents, disait un mari finaud, j’ai bien soin de l’annoncer quinze jours à l’avance ! » Dans un domaine plus intime, la femme a souvent besoin d’un temps plus long de préparation. Et tout excès de précipitation, notamment pour la nuit de noces, est mal ressenti : « Une femme est un être qui se prépare. »
Le cadeau qui plaît le plus à madame C’est le cadeau bien présenté, affectueusement présenté : l’emballage, ça compte ! C’est le cadeau « que l’on annonce, sans l’annoncer, tout en l’annonçant ». Ce n’est pas forcément le cadeau le plus cher ou le plus volumineux. C’est surtout le cadeau « qu’elle aimerait que son mari devine qu’elle désire ! »
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Un conjoint lent à revenir au calme Un soir, en dînant, Paul a fait une remarque désobligeante à sa femme : « Ta soupe, tu sais, pas terrible… Ma mère, elle, y mettait toujours des lardons. » Petite dispute et le soir, dans le lit conjugal, chacun de faire le gros dos. Paul s’est très vite endormi. Virginie, elle, ne peut pas dormir : elle rumine ce qu’il a dit : « Pour qu’il me parle encore de sa mère, il a bien fallu qu’il y soit allé dans l’aprèsmidi… et elle lui aura monté la tête. » Elle ressasse tandis que lui ne se contente pas de dormir, mais ronfle du sommeil du juste, ce qui exaspère Vitginie davantage encore. Alors, elle toussote, elle pleurniche pour essayer de le réveiller. Mais un tremblement de terre ne le réveillerait pas ! Et Virginie finit par s’endormir sur le matin, lasse d’attendre : « Les hommes, ça n’a pas de cœur, ils peuvent dormir quand vous ne dormez pas ! » Laisser sa femme s’endormir sur une rancœur est indigne d’un bon mari. Attention, le mari ne peut pas se tromper : quand il y a eu dispute, le mari, le soir, a toujours tort ! Il faut que madame puisse dormir. Louis répare la voiture. Il est 12 h 30. Trois fois déjà, Isabelle l’a appelé pour le repas. « J’arrive, crie-t-il, j’ai fini ! » Or, il a encore le moteur à remonter. Combien d’hommes sont plutôt longs à se mettre au travail, mais incapables ensuite de s’interrompre ? Notamment lorsqu’ils sont devant l’ordinateur ! Une veuve disait : « Quand j’ai perdu mon mari, je me croyais forte, je me disais que je saurais faire face. En fait, au 30
début, c’était possible, je ne réalisais pas ce qui m’arrivait… Je m’imaginais qu’il était en voyage, qu’il allait revenir. Un an déjà a passé, et maintenant je sais que c’est bien fini : ma souffrance est immense, je craque… et les amis ne sont plus là pour me soutenir ! » Pauline n’a jamais pu oublier un adultère de son mari. 20 ans après, elle continue encore de temps en temps à faire des allusions désagréables à ce sujet.
Il faut du temps pour oublier Il ne faut pas croire que celui qui a été touché dans son affectivité tourne la page rapidement. Combien de femmes sont incapables d’oublier la dispute avec la belle-mère, une faiblesse du mari, la perte d’un enfant, un premier amour, un avortement, etc. On n’oublie pas facilement certains gestes du conjoint : il y a des gifles qui restent marquées… dans le cœur. Attention, seules les difficultés passées qui sont exprimées, dialoguées et accueillies par l’autre peuvent sortir de la mémoire. On ne guérit que lorsque l’on a parlé et que l’on s’est senti pleinement compris. Dans le domaine sexuel également, il n’est pas rare que l’homme s’endorme rapidement après l’acte conjugal, tandis que l’épouse met plus de temps à revenir à l’apaisement. Un effort d’accompagnement de l’épouse par le mari peut augmenter singulièrement l’amour dans le couple. 31
Dans les « grosses disputes », il est important de compter sur le temps et sur l’humour. Il est bon de remettre parfois la dispute au lendemain, les explications à chaud n’étant pas toujours souhaitables. « La nuit porte conseil » : il n’est pas impossible que l’un se fasse à l’idée de l’autre pendant la nuit !
Le compartimentage Il y a des couples où l’un des conjoints accorde à l’autre la place première, centrale, permanente, tandis que l’autre a un cœur plus partagé, plus compartimenté. On comprend alors la tension et la souffrance de tels couples : « Tu n’as que ton travail dans la tête… tu me trompes avec tes dossiers, disait Sabine à son mari, tandis que moi je suis assez bête pour ne vivre que pour toi. » 32
TABLE DES MATIÈRES Introduction................................................................. 7 L’Amour s’apprend…..................................................... 7 L’Amour se construit...................................................... 8 LE DÉPASSEMENT DE LA DIFFÉRENCE............. 11 AU COMMENCEMENT IL Y A LA DIFFÉRENCE
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La différence individuelle............................................... 12 La différence familiale.................................................... 13 La différence sociale....................................................... 14 La différence sexuée........................................................ 14 DES MODES D’AIMER DIFFÉRENTS...................... 17 Le contentieux « affectif-charnel ».................................. 17 La dominance de l’affectif.......................................... 18 La dominance du charnel.......................................... 18 Côté corps et côté cœur............................................. 19 Objectivité et affectivité.................................................. 20 S’adresser au cœur..................................................... 22 Savoir parler au corps................................................. 23 Un contentieux enrichissant...................................... 24 Le décalage..................................................................... 24 Un conjoint lent à émouvoir...................................... 25 Tenir compte du facteur temps.................................. 28 Un conjoint lent à revenir au calme........................... 30 Il faut du temps pour oublier..................................... 31 163
Le compartimentage....................................................... 32 Le cœur sans compartiments..................................... 33 Le cœur compartimenté............................................ 34 Le cœur souhaitable................................................... 36 La parole attendue.......................................................... 38 Ceux qui sont avides d’une parole.............................. 39 Ceux qui ont du mal à parler..................................... 41 L’importance du dialogue.......................................... 41 Ce centre d’intérêt différent, appelé « détail »................. 43 Le détail ou l’essentiel ?.............................................. 44 Un rien peut être source de beaucoup de joie............. 45 Un rien peut faire souffrir.......................................... 46 Une conception différente des rôles................................ 47 Une demande différente dans le domaine sexuel............. 52 Le grave problème du mal-aimé...................................... 53 Portrait du mal-aimé.................................................. 54 Portrait du très-aimé.................................................. 55 Pour dépasser ces différences........................................... 57 LES QUALITÉS SOUHAITÉES.................................. 59 Ce que la femme attend de son mari.............................. 59 La stabilité................................................................. 59 La douceur................................................................ 60 La loquacité............................................................... 61 L’attention à sa présence............................................ 61 La compétence amoureuse......................................... 62 L’élégance.................................................................. 62 Une qualité particulière............................................. 62 Ce que le mari attend de sa femme................................. 62 164
Le charme physique................................................... 62 La valeur morale........................................................ 63 La transparence.......................................................... 64 L’accueil.................................................................... 64 La compétence ménagère........................................... 65 La présence discrète................................................... 65 La fantaisie................................................................ 66 LES RÉALITÉS DU CORPS....................................... 71 L’HARMONIE CHARNELLE..................................... 72 Le climat favorable......................................................... 72 L’amour physique n’est pas technique........................ 72 L’amour physique n’est ni un acte dégradant ni un acte « sale »....................................................... 73 L’amour physique n’est pas le paradis sur terre........... 73 L’amour physique, ce n’est pas un plaisir pris en passant........................................................... 74 Un peu d’anatomie......................................................... 75 Les organes de la femme............................................ 75 Les organes de l’homme............................................. 76 L’acte sexuel................................................................... 77 Les préludes............................................................... 77 L’étreinte................................................................... 79 Le postlude................................................................ 81 Autres formes de rencontre........................................ 82 Les difficultés sexuelles................................................... 82 Chez l’homme........................................................... 83 Chez la femme........................................................... 83 165
LA RÉGULATION DES NAISSANCES...................... 86 Le service de la vie.......................................................... 86 Les possibilités naturelles................................................ 87 Le cycle féminin........................................................ 87 Les tests de connaissance du cycle féminin................. 90 Les méthodes contraceptives........................................... 93 L’acte interrompu...................................................... 93 Le préservatif............................................................. 94 Les spermicides.......................................................... 94 Les pilules.................................................................. 94 Les méthodes après fécondation..................................... 95 Les stérilets................................................................ 95 La pilule contragestive............................................... 95 L’avortement.............................................................. 96 Les méthodes de stérilisation.......................................... 97 Les ligatures des trompes ou des déférents.................. 97 LA PLÉNITUDE DE L’AMOUR................................ 99 VERS L’AMOUR ADULTE.......................................... 100 Premier stade : l’amour de soi......................................... 100 Deuxième stade : l’amour de l’autre pour soi.................. 100 Troisième stade : l’amour de l’autre pour lui................... 101 Quatrième stade : avec l’autre, aimer les autres............... 103 L’appel de l’enfant..................................................... 103 L’ouverture aux autres............................................... 106 LE DÉSIR ET LE DON................................................ 109 Aimer, c’est désirer + donner.......................................... 109 166
Aimer, c’est désirer..................................................... 109 Que donner ?................................................................. 112 LA COMMUNAUTÉ CONJUGALE........................... 115 Qu’est-ce qu’une communauté ?..................................... 115 Une communauté n’est pas une addition................... 115 La communauté, c’est la construction du nous.......... 115 La communauté n’est pas un contrat juridique.......... 116 La communauté est une foi en l’autre, un pari sur l’amour, une mystique............................. 116 La communauté exige aussi la générosité................... 117 La communauté, ce n’est pas tout faire ensemble....... 118 La communauté, c’est tout faire en fonction de l’autre................................................. 118 La communauté n’est pas une fusion......................... 118 La communauté, c’est ne faire qu’un en étant deux.... 119 Les conditions de la communauté.................................. 121 Être quelqu’un........................................................... 121 Se réjouir d’être différents.......................................... 121 Accepter l’inévitable imperfection.............................. 122 Accepter les nécessaires conflits.................................. 126 Remettre périodiquement en question la distribution des rôles dans le couple....................... 126 Communiquer........................................................... 126 Rompre avec le passé................................................. 129 POUR OU CONTRE LE MARIAGE ?........................ 131 Si le mariage dont on parle, c’est.................................... 131 Mais si le mariage envisagé, c’est..................................... 132 167
Ce que peut apporter le mariage..................................... 133 La cohabitation.............................................................. 134 Le pacs........................................................................... 136 Le mariage doit être dépoussiéré..................................... 137 LES ÂGES DE L’AMOUR............................................ 138 Approche et fiançailles.................................................... 138 La première année de mariage........................................ 139 Première crise................................................................. 139 La première vitesse de croisière....................................... 140 Deuxième crise............................................................... 141 La deuxième vitesse de croisière...................................... 142 Troisième crise................................................................ 142 La dernière étape............................................................ 143 Conclusion..................................................................... 143 LES FAUX PAS DE L’AMOUR.................................... 144 L’égoïsme....................................................................... 144 L’égoïsme masculin................................................... 144 L’égoïsme féminin..................................................... 144 La jalousie...................................................................... 144 Si vous avez un conjoint jaloux :................................ 145 Si vous êtes jaloux (se) :............................................. 145 L’adultère....................................................................... 146 Causes....................................................................... 146 Prévention................................................................. 146 Remèdes.................................................................... 147 L’insatisfaction............................................................... 147
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L’AMOUR CHRÉTIEN............................................... 149 Derrière tout amour… une mystérieuse présence........... 149 Un vaste projet pour le monde....................................... 151 Les noces éternelles......................................................... 152 L’amour humain, signe des noces éternelles.................... 153 Le mariage religieux, le sacrement des noces éternelles.... 155 À la découverte de Dieu................................................. 159 En route vers Dieu......................................................... 161
Compositeur et graveur : IGS Achevé d’imprimer en juin 2016 par Publikum en Serbie N° d’édition : 16170 Dépôt légal : avril 2010
9 782916 350677
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